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"Les pensées derrière la chute" explore de manière saisissante la santé mentale des jeunes, révélant des pensées longtemps gardées secrètes. Avec des mots soigneusement choisis, cet ouvrage montre qu’il est possible de surmonter ces défis et de mener une vie pleine d’émotions. Il brise les tabous et vous invite à une réflexion profonde sur la réalité quotidienne, vous tenant en haleine jusqu’à la dernière ligne.
À PROPOS DE L'AUTRICE
Pour
Maëva Paul, l’écriture est un moyen crucial d’extérioriser ses pensées et ses émotions. À travers ses mots, elle exprime des sentiments profonds et partage avec vous son univers intérieur.
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Seitenzahl: 155
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Maëva Paul
Les pensées derrière la chute
Roman
© Lys Bleu Éditions – Maëva Paul
ISBN : 979-10-422-4230-5
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
À défaut de parler aux humains, je parle à mon téléphone.
Des pensées qui s’enchaînent
J’ai 17 ans et mes émotions difficiles à maîtriser, enfin, je trouve. Ça fait une heure que je pleure sans m’arrêter, et sans même vraiment savoir pourquoi. Ça faisait quelques jours que je pensais être à court de larmes, que je ne pleurerai plus même si parfois j’en aurai bien envie. Et là, je suis incapable de m’arrêter, la preuve qu’elles étaient toujours là, qu’elles ne m’avaient pas quittée.
Même écrire ce que je ressens de la sorte me coûte en énergie, en émotion, et ne me rassure pas le moins du monde. J’ai sans cesse peur qu’on tombe sur ces notes, et qu’on les lise. Pour moi, ça serait comme me trahir, me poignarder par-derrière, car c’est tellement personnel, ça ne regarde que moi et moi seule. Bien que même moi j’éprouve des difficultés à me retrouver face à ces pensées, parce que cela signifie les assumer et les regarder en face. Ces pensées, tout le monde veut sans cesse les connaître, pour mieux me connaître, disent-ils. Mais la réalité c’est que je ne me connais pas vraiment non plus, car j’enfouis sans cesse ces émotions un peu plus profondément, pour être sûre qu’elles ne soient pas apparentes, pour ne pas risquer qu’on les découvre.
Finalement, j’étais enfin parvenue à apaiser mes pensées et je commençais à m’endormir d’épuisement quand la voix de ma mère me parvint d’en bas. Autoritaire et agressive, me donnant encore un ordre de plus même si quelque peu inutile, me rappelant uniquement son manque de confiance en moi. Énervée, mes larmes firent de nouveau surface sans raison apparente. Assise au-dessus des escaliers, je voyais le soleil se coucher derrière la fenêtre et moi j’étais là, abandonnée à mes larmes. Et pourtant j’aurais tellement aimé m’arrêter de pleurer, pouvoir retourner m’allonger et trouver un sommeil profond, calmer ma respiration et faire disparaître ces nausées. Mais j’avais perdu le contrôle.
***
J’étais d’humeur maussade ce soir. Pourtant ça avait été une bonne journée, mais probablement trop fatigante. Avec ce confinement, on a tous perdu l’habitude de sortir autant, ça en devient forcément plus fatigant.
J’avais fait des courses pour faire à manger et quelques magasins pour trouver des cadeaux d’anniversaire pour mes parents. Et, comme à mon habitude, tout ça, je l’avais fait à vélo, ce qui ne me déplaît pas le moins du monde. Sur mon vélo, je me sens vraiment bien, surtout après plusieurs mois enfermée avec mes parents. Là, je retrouvais enfin la liberté d’aller où bon me semblait quand j’en ressentais l’envie. Même la sensation de vitesse était encore plus agréable qu’avant, comme si je retrouvais une partie de moi-même que j’avais dû mettre de côté et que j’avais eu tant de mal à faire patienter.
Bref, la journée se termine et j’arrive finalement dans ma chambre, les yeux et les muscles fatigués, de quoi laisser mon esprit vagabonder et mon humeur n’en faire qu’à sa tête. Mais bon, il suffira sûrement d’un bouquin et d’une bonne nuit de sommeil pour que demain tout aille mieux. En tout cas, je m’en convaincs.
Un peu plus d’une demi-heure avait passé et comme souvent, rien que l’entendre me donner ses ordres et me dire gentiment de me coucher suffisait à m’énerver, comme si je ne pouvais pas en décider par moi-même. Ça avait suffi à me déconcentrer et me mettre de mauvaise humeur, surtout que j’allais devoir continuer ma lecture dans une quasi-obscurité pour qu’elle ne repère pas que je ne dormais pas. L’inconvénient des combles c’est que la moindre lumière ou le moindre bruit et tout le monde savait ce que vous faisiez. Autant dire que l’intimité n’était pas vraiment présente.
Je détestais qu’elle me dicte ma conduite de la sorte, surtout sur des bricoles de ce genre que j’étais largement capable de gérer moi-même. D’autant plus que déjà fatiguée, je voulais juste me détendre un peu pour m’endormir plus facilement. Et alors que je m’endormais, l’entendre me demander de dormir m’avait agacé. Maintenant, c’était foutu.
Ainsi, pensive, je savais d’ores et déjà qu’il me serait impossible de me reconcentrer dans ma lecture. Cet ordre qui me rappelait sa présence avait suffi à me sortir de ma bulle de confort et ainsi me rappeler à la réalité. J’espérais tout de même que je parviendrais à m’endormir rapidement, car bien que mon corps fût loin d’être en forme, mon cerveau, lui, tournait encore à plein régime. Je n’avais qu’une envie : serrer mon doudou très fort et dormir.
***
J’ai vu sourire, sur photo de famille – Biographie, Columbine.
Je ne sais pas si vous connaissez le groupe Columbine, en général, soit les gens adorent soit ils détestent. Pour ma part, j’adore, dans chacun de leurs textes, je ressens quelque chose, ils sont si réalistes. La phrase juste au-dessus, par exemple, me touche à chaque fois que je l’entends, elle est si simple, mais incroyable en même temps. Parce que ça paraît tellement évident de voir un sourire sur une photo de famille, mais la réalité est parfois beaucoup plus compliquée.
J’étais justement en train de trier d’anciennes photos et voir tous ces sourires me touche au plus profond de moi. Je vois le bonheur dans les petits yeux d’enfants, ces petits yeux pétillants de bonheur d’une petite fille qui ne cessait de s’amuser. Voir cela fait surgir en moi énormément d’émotions, mais c’est assez compliqué à expliquer et à retranscrire avec des mots. C’est un peu comme si je me rendais compte de tous ces gens qui m’entouraient enfant et qui, maintenant, ne sont plus réellement à mes côtés. Tout cela me rappelle cet état d’esprit insouciant que j’avais étant enfant et surtout je perçois la joie dans mes yeux à chaque instant. Tout ça me rend un peu nostalgique, voir tout le monde sourire ensemble de cette manière, voir tous ces moments heureux partagés dont je n’ai même pas de réels souvenirs excepté les photos que je vois. Ces photos sont pour moi un moyen de me souvenir que oui, « j’ai vu sourire, sur photos de famille », oui j’ai vu tous ces gens sourire tous ensemble même si aujourd’hui, tous vivent une vie chacun de leur côté tels des inconnus. Tout cela me paraît plus superficiel maintenant que j’ai conscience de la réalité qu’ont été ces histoires. Mais au moins, je sais qu’un jour, ils ont souri tous ensemble.
***
Les beaux jours commencent petit à petit à s’installer, j’ai pris mon premier petit déjeuner dehors avec papa, il a mis la cafetière dehors pour éviter de réveiller maman en faisant du bruit à l’intérieur. Je rigole en le voyant me rejoindre au jardin avec ses dosettes de café tout en me disant que je vais pouvoir en prendre un sans m’inquiéter que maman ne le remarque. Un moment plein de simplicité, mais surtout un moment joyeux. Quoi de mieux qu’un réveil au jardin juste avec papa. D’ailleurs, j’ai dormi avec son t-shirt cette nuit, c’était vraiment agréable. Et ce qui l’est encore plus, c’est de me réveiller avec et descendre comme ça, flottant dans son t-shirt trop grand pour moi. Lui aussi rigole en me voyant arriver dans cette tenue et je le vois sourire, je suis fière de moi. Comme quoi parfois un réveil matinal n’est pas plus mal, surtout si on peut en profiter tranquillement de la sorte. Et puis le café achèvera de me réveiller.
Papa a mis la musique, moi je danse sur la terrasse et me laisse aller. Je m’amuse et l’amuse lui aussi. J’adore pouvoir profiter ainsi sans même avoir à me poser de questions. Cette matinée commence bien. Je me fais couler un café et reviens m’installer à côté de lui.
Maman est arrivée avant que je n’aie le temps de prendre un deuxième café, mais j’étais déjà contente d’en avoir eu un. Je me servis donc un bol de céréales et m’arrêtais de parler, regardant notre petite bulle à nous deux s’envoler. On ne s’attendait pas à la voir se réveiller aussi tôt, mais apparemment du bruit dans la rue l’avait dérangé, nous informa-t-elle à peine descendue. Quelques minutes plus tard, je rentrais à l’intérieur et partais prendre ma douche avant d’aller faire mes devoirs, du moins c’est ce que je prétendais aller faire même si ça n’était probablement pas la vérité.
Il est 21 heures passées et ma bonne humeur ne m’a pas vraiment quitté, je suis comme sur un nuage. J’ai passé l’après-midi avec Sarah, ça faisait plus de deux mois que l’on ne s’était pas vues, à ce moment-là on ne faisait que nager ensemble au lycée et pour passer le BNSSA. Nous n’avions absolument aucune idée de tous ces sentiments que nous allions développer.
Notre balade à vélo avait commencé sous la pluie, mais on a quand même pédalé une vingtaine de kilomètres le long du canal pour arriver jusqu’à Lille. Puis nous nous sommes installées au parc pour faire un petit goûter et surtout rester là tranquillement, à discuter et se taquiner pendant un bon moment. Nous avions commencé à parler pendant le confinement, petit à petit nous nous étions beaucoup rapprochées et nous avions fini par discuter par messages quasiment en continu, tous les jours, en continuant chaque matin la conversation de la veille. Donc aujourd’hui, c’était la première fois que l’on se voyait depuis tout ça. J’ai passé un moment vraiment agréable, si seulement il pouvait y en avoir plus.
Je rentrais à la maison vers 20 heures et montais dans ma chambre regarder un film, afin de rester un peu plus longtemps dans ma bulle.
***
Je suis vraiment désolée, papa, mais je n’arrive plus à supporter maman. C’est trop difficile pour moi. Et pour te dire la vérité, je n’ai absolument aucune idée de la raison qui a pu provoquer ça. Je ne sais pas non plus si c’est légitime ou si comme je ne cesse de me le répéter je ne devrais pas penser ce genre de chose, je devrais peut-être même en avoir honte.
Je ne comprends pas pourquoi, mais encore une fois je me retrouve en larmes dans mon lit, et pourtant elle n’a pas dit grand-chose. Elle a simplement voulu donner ses ordres de manière polie, comme si c’était une simple éventualité, et je trouve que c’est encore pire comme ça. Ça me donne juste encore plus envie de donner des coups partout, de frapper de toutes mes forces dans les murs et dans tous ces objets qui m’entourent, de leur transmettre toute ma haine.
J’aimerais vraiment savoir pourquoi ça me met dans cet état-là. Pourquoi j’éprouve autant de difficultés à la supporter, mais surtout, comment faire pour arrêter tout ça. Si seulement je n’étais jamais venue au monde, ça aurait été tellement plus simple. Vous auriez eu moins de problèmes, et je n’aurais pas eu à essayer si fort de plaire à maman, à souffrir autant de vouloir être la fille parfaite qu’elle désirait. Surtout que cette étape je l’ai totalement loupée, je ne le suis pas, je n’ai rien de cette enfant modèle dont elle rêvait. Mais même si ça ne lui convient pas c’est moi, je suis comme ça et je ne peux rien y changer.
Alors je vais continuer de me vider de mes larmes ici, face à mon écran et assise sur mon lit. Et me montrer d’un jour meilleur face à vous, face à tous ses gens que je côtoie au quotidien. Je vais montrer que je vais bien, même si dans le fond j’ai l’impression d’être complètement brisée.
Demain, c’est ton anniversaire papa, j’espère que tes cadeaux te plairont. Je t’aime, merci d’être là avec moi.
À Sarah
« Hey, coucou toi, je suis désolée si je ne te parle pas ce soir. C’est juste qu’il y a des jours où je n’arrive tout simplement pas à cacher cette facette de moi. Et je ne veux pas que tu voies ça, que tu voies cette partie de moi qui a quelques difficultés, je ne veux pas que tu aies à discuter avec cette partie de moi qui est sans cesse un peu triste. Alors ce soir, je vais rester dans ma chambre, même si je sais que tu m’auras envoyé des dizaines de messages parce que chaque soir tu fais ça, que ce soit parce que je ne t’ai pas dit bonne nuit ou parce que tu me commentes l’intégralité de ton épisode des Peaky Blinders. Mais je ne te répondrais pas ce soir, je le ferais demain matin, prétendant que tout allait bien ce soir. J’espère que tu ne m’en voudras pas. J’aurais bien voulu que tu oublies aussi, mais je sais très bien que c’est impossible, je n’y crois pas. Alors, juste pardonne-moi. »
***
Il y a une question qui me trotte dans la tête depuis quelques heures, est-ce que vous pensez que quand quelqu’un dit que sa porte vous est ouverte, il le pense vraiment ou alors il le dit simplement parce qu’il ne sait que vous ne viendrez jamais ? Mon docteur m’a dit ça un jour et je ressens comme un soudain besoin de lui parler, alors que la dernière fois j’avais tout fait pour lui en dire le moins possible, elle m’avait d’ailleurs envoyée chez un psychiatre, car justement je refusais catégoriquement de lui faire confiance. Mais je repense à cette phrase et cela me donne envie de débarquer et de tout lui lâcher avant de repartir comme je suis arrivée. Évidemment pas à cette heure-ci, mais en fait, je me demande si en me disant cela elle ne se doutait pas que je ne viendrais jamais la voir. Mais malgré tout, je ne sais pas pourquoi, mais je persiste à croire qu’elle pourrait me comprendre. Après tout, je me suis toujours demandé comment elle avait pu si bien me cerner alors qu’elle ne m’avait vue qu’une fois, comment elle avait pu si bien voir ce qui n’allait pas quand personne d’autre n’est capable de le voir. Alors forcément, je me dis qu’elle pourrait refaire ce truc-là, qu’elle pourrait relire en moi comme elle l’avait fait, et que peut-être ça m’aiderait. Mais la vérité c’est que je suis incapable de demander de l’aide, et tout ça parce que je suis même incapable d’avouer en avoir besoin.
J’ai toujours eu l’impression d’exagérer, un peu comme si je me sentais coupable d’aller mal parfois sans y trouver de raisons que je jugeais valables. Mais quand je repense à la façon dont elle m’a cernée ce jour-là, dont elle s’est inquiétée, et à tout ce qu’elle a su voir en moi, je me dis que peut-être lui parler pourrait m’aider. Parce que cela signifie peut-être qu’elle me comprend et qu’avec son aide je pourrais en faire de même, comprendre ce qui ne va pas chez moi et l’accepter. Mais évidemment, je suis complètement incapable de faire cela, d’aller vers quelqu’un et de dire : « D’accord, j’ai peut-être un problème, on en parle ? » Et encore moins à un adulte. C’est vraiment le genre de conversations que je suis incapable de lancer. Donc tout ça je l’écris en espérant que ça puisse m’aider à l’avouer, à mettre certaines choses au clair dans ma tête, et peut-être même à me débarrasser de ces pensées qui m’empêchent de dormir.
***
Lettre à ma meilleure amie
En ce moment, j’ai l’impression qu’on se parle plus trop toutes les deux et qu’il y a comme quelque chose de bizarre. Et j’ai besoin de t’en parler parce que ça me touche beaucoup, j’ai besoin de savoir si toi aussi tu ressens cela ou si je m’imagine simplement des choses. Donc aujourd’hui, je vais t’envoyer un petit (gros) message, mais pour ça j’ai besoin de le préparer ici avant.
« Coucou toi.