Les voiles de la rumeur - Céline Pichot - E-Book

Les voiles de la rumeur E-Book

Céline Pichot

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Beschreibung

Marion Castille vous ouvre les pages de son journal intime pour partager sa vie passée en Bretagne dans la magnifique baie du Mont-Saint-Michel. À travers ses écrits, elle raconte comment elle s’est accrochée aux petits instants de bonheur pour surmonter les épreuves difficiles de sa vie. Une histoire émouvante et inspirante, où la beauté des moments simples illumine les jours sombres.

À PROPOS DE L'AUTRICE

Pour Céline Pichot, la littérature permet de retracer une trajectoire en ramenant à la vie les vestiges du passé. Dans "Les voiles de la rumeur", elle vous invite à revivre, comme en miroir, le récit captivant de sa propre famille.

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Couverture

Page de titre

Céline Pichot

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les voiles de la rumeur

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Copyright

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

© Lys Bleu Éditions – Céline Pichot

ISBN : 979-10-422-4170-4

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pour mon fils, Florent

Les voiles de la rumeur

 

 

 

 

 

Je m’appelle Marion Castille, je suis née en Bretagne dans la Baie du Mont-Saint-Michel, en septembre 1953.

Je me souviens des beaux moments passés dans mon village Breton, au chemin des Fontaines, à La Gouesnière, près de Saint-Malo. Le petit village de mon enfance. Mes grands-parents possédaient là une ferme comme on en trouvait partout en France dans les années 1950, avec une dizaine de vaches de race Normande que ma grand-mère Louise trayait à la main, elle leur donnait des prénoms de fleurs (Marguerite, jonquille, lilas, pâquerette…). Il lui suffisait de donner l’ordre à son chien Sultan, un border collie très intelligent et obéissant d’aller les chercher et il courait comme le vent, pour les ramener à l’étable, et ma grand-mère les appelait « Ata Ata Vient ». Elle avait aussi une petite basse-cour et des lapins dont j’adorais m’occuper.

 

Nous aidions à ramasser les betteraves fourragères pour nourrir les vaches. Nous piquions les petites bottes de foin et de paille deux par deux, pour qu’elles sèchent, ramassions les pommes de terre, qui nourrissaient la famille, les poules, et les cochons. Mes grands-parents ne faisaient pas de différence : leurs six enfants avaient droit à leur sac de pommes de terre.

Nous ramassions également les pommes à couteau et à cidre. Mon grand-père François faisait un cidre doux, exceptionnel. On s’en régalait.

Chaque année, ils tuaient un cochon et un veau, qu’ils partageaient entre tous, et aussi des poulets, des canards et des dindes. Il fallait manger. Cela faisait mal au cœur, mais il fallait tuer les animaux et c’est ainsi que j’ai appris à tuer, plumer et vider, poules et lapins.

 

Mon grand-père avait un tracteur, qu’il était allé chercher à Rennes, et du petit matériel pour exploiter leurs dix hectares de terre. Ils n’ont jamais cherché le profit, les grandes superficies et les systèmes de quotas laitiers. Ils voulaient juste avoir de quoi nourrir leur famille ! Je veux dire qu’ils étaient heureux et je leur suis reconnaissante de m’avoir appris l’amour et le respect de la terre.

 

 

 

 

 

Mon père était ouvrier. Il travaillait à l’usine Probiomer, fondée par monsieur Théophile Lognoné, qui était horloger de métier et avait découvert les propriétés du calcium organique vivant, présent dans le sable coquillier de la baie du mont Saint-Michel et des îles du Ponant, pour fertiliser des sols et améliorer la recherche en nutrition et santé.

Ma mère était ménagère. La vie était dure, mais dans ces années d’après-guerre, l’arrivée de l’électricité, de l’eau courante dans les maisons et l’électroménager, facilitaient tout de même la vie des femmes.

La plupart des enfants de la famille étaient montés travailler à Paris. Ma tante Henriette fabriquait des petites bobines de cuivre pour les radios, devant les fenêtres de son petit appartement à Montfermeil. Son mari, Noël, travaillait à l’usine de stylos Bic à Montreuil. Ils venaient déposer leurs fils, Michel et Gilles, tous les étés à la ferme, pour y passer toutes les vacances. J’étais chargée de veiller sur eux, et ce n’était pas une mince affaire. Ils faisaient les quatre cents coups. Ils se battaient jusqu’au sang. Mon grand-père sortait son grand fouet, le faisait claquer pour essayer de leur faire peur. Mais on finissait par tenter de le faire claquer aussi. Il avait trouvé le moyen de les occuper.

Lorsqu’arrivait la période des récoltes, on grimpait tous dans la remorque pour remplir les seaux de blé, que les oncles montaient dans le grenier de la grange. Je me souviens de l’odeur et de la chaleur sous nos pieds nus, c’était agréable. Et le verre de cidre que l’on se passait ensuite au « cu du tonnait », comme disait mon grand-père. Comme tout cela me manque !

On allait aussi à la pêche à l’anguille dans les biais, et on y restait jusqu’à la nuit, avec mes cousins et mon frère Pierre. On était dévoré par les moustiques, à cause de nos lampes de poche et de nos casse-croûtes. C’était quand même le paradis.

Le temps de la jeunesse est passé très vite.

 

 

 

 

 

Je suis allée travailler. Faire des ménages comme ma mère.

Puis, ma sœur Julienne a organisé une rencontre avec une ancienne copine d’école, Françoise, et son frère Paul Le Félon. Tout est allé très vite. C’était à un bal du 14 juillet, dans le bourg de Saint-Benoît-des-Ondes. Le destin ou pas ? Ma vie allait prendre un tournant.

 

À 20 ans, on a envie de vivre sa vie, c’est pourquoi je me suis installée avec Paul, ce qui, bien sûr, devait aboutir au mariage. Tout allait bien.

Ma relation avec sa famille, des agriculteurs, paraissait à peu près correcte jusqu’au moment où nous avons décidé de nous marier. Nous sommes allés voir sa mère, lui dire que nous voulions faire un mariage simple, la cérémonie l’après-midi, un repas le soir, pour que ça ne nous coûte pas trop cher !

— Pas question, nous répond Denise sur un ton désagréable. J’ai toujours dit que si mes enfants se marient, ce sera repas midi et soir.

Nous avons donc obéi pour lui faire plaisir. Elle était contente de tout commander, avec ses deux filles. Paul me disait qu’elle pleurait parce que je ne faisais pas ce qu’elle voulait. Je me suis vite aperçu que ce qui ne plaisait pas, c’était surtout que mes parents n’étaient pas agriculteurs et que je n’avais pas de terres. Ils étaient très vieux jeu. J’avais beau travailler, ça ne leur suffisait pas.

Je suis tombée enceinte durant l’année des préparatifs, alors que je pensais tout laisser tomber, car elles étaient insupportables. Je suis donc obligée d’aller annoncer la grossesse à ses parents.

— Il va falloir annuler le mariage, me dit Denise, méchamment.

Je réponds que non, stupéfaite de ses réactions de plus en plus agressives à mon égard.

 

 

 

 

 

Je faisais beaucoup de concessions dans la relation avec Paul, acceptant qu’il passe toutes ses soirées à la ferme de ses parents alors que nous avions pris un logement ensemble. J’allais voir mes grands-parents quand il s’absentait.

Paul avait fait des études d’agriculture, mais ses parents lui avaient dit qu’il n’y aurait pas de place pour lui dans leur ferme, qu’il fallait qu’il trouve du travail ailleurs. Il était donc devenu facteur, mais il espérait reprendre la terre de ses parents quand ils partiraient en retraite, pour cultiver des céréales. Je savais que c’était son rêve.

Moi, je me contentais de mon travail, avec de bons employeurs qui ne me faisaient jamais de réflexions désagréables. Et puis, j’avais le désir d’avoir des enfants et une vie paisible.