Lettres de suicide missives et épitaphes inconnues - Fabiansé d’Houssay - E-Book

Lettres de suicide missives et épitaphes inconnues E-Book

Fabiansé d’Houssay

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Beschreibung

Bienvenue dans un univers d’humour noir et d’ironie corrosive, où les lettres et les épitaphes s’allient pour former un roman empreint de ténèbres et d’émotions vives. Entre les montagnes austères et les salons parisiens huppés, cet ouvrage parcourt avec cynisme le nihilisme et la commercialisation des passions humaines. À travers une écriture audacieuse et une approche linguistique unique, il offre une réflexion sur le comportement suicidaire et les diverses façons dont les personnages expriment leurs pensées.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Auteur de précédents ouvrages tels que "Les prosopopées indécachetables", publié en 2016 aux éditions Persée, ou encore "Contes pour le brouillard" paru en 2024 aux éditions Le Lys Bleu, Fabiansé d’Houssay a déjà conquis de nombreux lecteurs. À travers son style sombre et intense, il nous invite à une exploration captivante où passé et présent se mêlent pour créer une expérience littéraire à la fois saisissante et rafraîchissante.

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Fabiansé d’Houssay

Lettres de suicide missives

et épitaphes inconnues

Roman

© Lys Bleu Éditions – Fabiansé d’Houssay

ISBN : 979-10-422-3404-1

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

À la poétesse de dix-huit ans, fraîchement défunte,

L’éternelle Laure El Masry

… Comme quand, ma chère morte, un livre naît en nous juste pour une personne unique, et sur lequel l’on se met à travailler avec acharnement ; quand il naît, comme ça, sur un coup d’obscure intelligence – et l’on perçoit immédiatement que c’est monumentalement grand ! – au cœur tempétueux d’un février tumultueusement pluvieux et, surtout, froid.

Que sent ton cadavre au-dedans du tombeau, sous la pluie ? Ton cercueil te protège-t-il du froid ? Ton corps, y a-t-il froid ? Dis, dis, dis…

Préface

Chers lecteurs et « lectrices » avertis,

L’auteur de ce travail funèbre tient à préciser un point exploré d’importance grave : Il n’a rien à voir avec ces lettres et épitaphes, il les a juste trouvées au fond d’une caverne faite de pénombres d’à moitié, ténébreusement peintes.

M’adonnant à mon zèle spéléologique, une de mes promenades égarées conduisit, sans le vouloir, ma spéléologie vers une grotte montagneuse et enneigée dans les dédales de laquelle mon corps s’engouffra aussi loin qu’il l’eût pu. Qu’y vis-je ? Hier encore ? Je fis la découverte d’un vieux coffre en bois, touché d’un début de pestilence qu’ait marquée une certaine fétidité ancienne, marquée de symboles archaïques. Je sursautai. Je m’emparai de l’objet, et eus l’audace de l’ouvrir. Dedans, je tombai sur ces lettres et épitaphes, que je me mis à feuilleter comme un automate épris de cendres séraphiques ! Eût-ce été une trouvaille mystique ? Démoniaque ? Et pourquoi moi ? Quelles ne furent pas mes surprises, quelque froid que je voulusse paraître, et quelque ait été la maîtrise dont j’eusse désiré que mon être se dotât ?! Mon corps tremblait ; j’étais seul, et solitaire. Je quittai la caverne profonde et humide, et sortis vers la lumière. Dès le soir même, je me décidai à faire éditer ces missives étranges et inédites, ces épitaphes inconnues et inquiétantes, toutes enroulées dans un seul paquet et attachées par le truchement d’un fil en tissu représentant le haut travail d’une noble broderie, a fortiori cousue par des mains gracieuses et féminines !

Fut-ce là l’œuvre d’un seul Être, ou celle de plusieurs personnes dont un fantôme commun aurait assemblé les mots pour en faire ce monument funèbre et jamais vu dans l’histoire de la triste humanité ? Si c’était là l’œuvre d’une personne unique qui, au lieu de laisser une lettre de suicide, aurait, comme legs à une humanité qui n’ait rien compris, laissé tout un livre composé de choses de la mort, dans ce paquet étrange, pour préparer à merveille son départ, eh ! bien ce serait donc quelque chose de grand qui cause une profonde surprise ahurie, et il s’agit bien là d’un coup de génie ! Les aurait-il laissées pour qu’un jour quelqu’un comme moi, qui sache leur valeur, vienne à les découvrir ?! Mon malheur donc, à son infortune aucune chance ne serait un jour trouvée ? Il ne me manquait que de faire cette découverte, afin d’ajouter plus d’assombrissement à ma déjà native mélancolie, lugubrement accompagnatrice de mes heures les plus esseulées ? Qu’est-ce ? Qu’est-ce ? Aurais-je trouvé ces lettres, ou ce sont ces épitaphes et ces lettres qui m’auraient trouvé ? Qui m’eussent fait les trouver pour leur faire trouver une destinée qui serait la leur, éternelle, à travers une action d’immortalisation due à tous ces êtres qui auraient rédigé ces missives, ou auraient fait graver ces épitaphes fourvoyées ? Ce que je sais, c’est que sur le moment je fus comme foudroyé par cette découverte funèbre, que néanmoins je n’irais pas jusqu’à me permettre de la qualifier de funeste ni de macabre ; elle a plutôt quelque chose d’illuminant, de splendidement stupéfiant.

Je les reproduirai ici, dans ce recueil, fidèlement, en hommage à la mémoire de leurs auteurs, bien que la plupart parmi eux en soient méconnus, voire anonymes. Toute cette tristesse émouvante, toute cette mort poignante, nous donneraient plutôt un profond désir de respect et d’amour vis-à-vis de ces suicidés et de ces défunts qui eussent laissé leurs épitaphes respectives, ou qui les auraient fait faire avant de trépasser. Périr est naturel, mais ces documents funèbres nous inviteraient plutôt à vivre, à avoir le désir de vivre grâce effectivement à tout cet art de la mort ; ils nous donnent comme un avant-goût de ce qui aura été l’existence post mortem d’outre-tombe, ce qui en fait d’eux une œuvre posthume qui répondrait, soit tantôt à nos prières sages qui ressemblent à certaines des leurs, soit tantôt à nos vociférations parfois blasphématoires qui aussi auraient ressemblé aux leurs, poudroyant auprès des oreilles sourdes et vides des dieux ! Manqué-je de cet ancien paquet de lettres de suicide missives et d’épitaphes inconnues afin de parfaire le parachèvement de ma destinée littéraire ? Qu’en sais-je ?

C’eût été Satan par les mains duquel ces textes eussent été ici mis sur mon chemin, ou ç’aurait été Dieu qui m’y les eût mis pour qu’ils fussent rencontrés par mon itinéraire hugolien et dantesque, si le choix de ce sort n’avait pas été tiré par les doigts de ma dextre et de mon métacarpe senestre ? N’eût-ce point été Méphistophélès ? N’aurait-ce pas été le Christ ? Ou bien un djinn ? Ou bien un doux esprit gothique ? Ô Musique gothique des symboles et des énigmes, qui ? Mais qui ? Et pourquoi si énigmatiquement ? Et pourquoi sur le trajet d’un triangle spéléologique ? Comprenne qui pourra ; quant à moi, je ne comprends plus rien. J’éditerai seulement ces mortuaires documents de la mort, la mort étant l’ultime et suprême philosophie vers laquelle depuis toujours notre entendement se fût dirigé, et le reste est littérature. Ces missives et épitaphes valent la peine d’être publiées, et de paraître à la lumière du jour obscur. Recevez-les, et faites-en ce qui bon vous semblerait, et jugez-en. Je les distribuerais au monde entier, aux quatre coins de la terre, si l’occasion m’en était donnée, si la gloire de la mort m’en était fournie, si une chance, qui ne soit point posthume, m’en était accordée ! – Accordée par les cercles, moins malheureux pour une fois, des « hautes sources » que n’aient pas outragées, ne serait-ce que cette fois unique, les vaines ambitions de la futilité d’aucuns qui n’aient pas eu à se penser, quels qu’en eussent semblé les désirs contraires aux leurs, ou bien de certains des leurs !! Et force, force est d’y voir !

Enfin, chers lectrices et lecteurs, dans ces épitaphes et missives funéraires, vous allez voir de tous les genres et styles, de toutes tailles et sortes de mesures, allant des plus populaires aux plus aristocratiques ; en les parcourant à la hâte, j’en ai vu une d’un prolétaire miséreux comme une d’un roi arrogant ! Il me semble aussi, que l’une des importances des siennes, pour ce recueil, c’est que les modèles de lettres de suicidé(e)s et les modèles d’épitaphes, qui se trouvent à l’intérieur qui est le sien, pourraient servir, à des candidats aux suicides ou à la mort, eux-mêmes, de modèles futurs, pour ceux qui auront désiré passer à l’acte ou qui se seraient sentis être proches de succomber à La Faucheuse, comme par ailleurs d’autres ouvrages offrent des modèles qui puissent servir pour des épithalames ou autres baptêmes ! En d’autres termes, un certain qui veut se donner la mort et qui est perdu entre les mots qu’il veut laisser derrière lui en guise de note d’adieu, pourrait s’inspirer d’un de ces modèles afin d’écrire la sienne propre ! Ou encore, quelqu’un qui se sait aller mourir bientôt pourrait utiliser l’une de ces nombreuses épitaphes qui sont à l’intérieur de cet ouvrage inédit, afin de la faire graver sur sa pierre tombale de manière post mortem ! Ce n’est pas cynique de dire cela : avoir trouvé ces pièces au fond de la grotte caverneuse, après le travail d’une spéléologie fatale, a aussi, parmi ses multiples missions, eu celle-là dont la question vient d’être évoquée dans les lignes qui précédèrent celles-ci ! Ce n’est non plus pas une invitation générale à s’offrir la mort ou à se la faire offrir (par étranglement ou pendaison ou empoisonnement ou noyade ou saut d’une hauteur ou par balle ou sous un train, etc.), mais bien au contraire, c’est un message de vie et de respect devant la mort.

J’ignore ce qu’aura été votre réaction à la lecture de ces lettres missives et épitaphes, ou de quelle espèce elle ne sera pas, quand vous en aurez fait la découverte et je me demande si votre ébahissement ne se dissipera pas ou s’il saura faire disparaître ses effets, mais, quant à moi, je peux vous attester, haut et fort, affirmation succédant à maintes heures d’étrange inquiétude, que le sentiment troublant qui dépeignît celle qui fut la mienne – ou du moins qui l’eût semblé bel et bien être dans son tremblement –, était, – et se traduirait le mieux par ce mot représentatif : – le Vertige.

Février 2018,

Fabiansé d’Houssay

entre la Grotte et le Ciel

Note de l’auteur

J’ai laissé les choses dans l’ordre dans lequel je les aurais trouvées, en respectant les catégories respectives comme la personne, qui les aurait inhumées, les eût organisées et dont l’esprit les aurait conçues selon un certain désordre qui réponde à son caractère anonyme. J’ai également gardé les fautes d’orthographe telles quelles, par respect des personnes décédées selon leur niveau de culture, sauf quelques-unes qui, si flagrantes et intolérables, ne pouvaient demeurer aussi fautives à moins qu’elles participassent à un divers effet de style mystérieux ; sauf celles-ci donc, j’ai tout gardé dans l’état même où je l’ai trouvé.

I

Partie première

Endolorissement

I

Épitaphe première

Il faut avoir visité la laure

Pour savoir y puiser l’or de l’or ;

Enfants, je vous laisse mon recueil

Au-dedans de mon triste cercueil.

Sachez que là gît votre vieux, Tombe

De cosmos, car je suis ce qui tombe.

Norbert N.

(1923-2001)

II

Épitaphe seconde

Ohé ! ohé ! matelot !

N’allez pas me chercher des fleurs,

Faites-en plutôt des nectars pour mon prochain nouveau whisky !

Ohé ! j’y boirai avec le diable sans cesse dorénavant.

Un ivrogne qui était mon papa,

(…-1977)

III

Épitaphe troisième

Quand ça casse, ça casse,

Et ça repart, carcasse…

Femme, il aurait voulu voir sa fille naissante…

Anonyme

IV

Épitaphe quatrième

Chien qui n’est pas monstrueux, pourquoi m’avoir quittée ? Qui serais-je sans toi désormais ? Il me reste le poison.1

V

Épitaphe cinquième

Quel est celui que la mort ne fit pas se déchausser devant les marches de l’adieu ?

Il n’est pas de tête qui ne se décompose, Dieu ou Néant : ci-gît, monsieur Adam Lebeste.

VI