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Rose nous plonge dans le cauchemar de la violence conjugale à travers ce témoignage bouleversant. Elle raconte sa rencontre avec Jules, un homme charismatique qui devient son bourreau impitoyable. Elle retrace, sans filtre, chaque étape de sa descente aux enfers, de la manipulation initiale à l’escalade de la violence, jusqu’à ses tentatives désespérées de fuite. C’est aussi une histoire de résilience : elle trouve la force de se libérer, de porter plainte et de commencer sa guérison. C’est enfin un hommage à toutes les femmes maltraitées, portant un message d’espoir : il est possible d’en sortir et de se reconstruire.
À PROPOS DE L'AUTRICE
Après avoir passé un tiers de sa vie sous la coupe d’un homme violent,
Rose Teixeira a trouvé la force de se reconstruire. Son récit, honnête et vulnérable, témoigne de sa détermination et de son courage face à l’adversité. Refusant d’être définie par l’enfer qu’elle a vécu, elle est en quête d’une constante croissance personnelle et espère que son histoire aidera ceux qui sont confrontés à des défis similaires.
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Seitenzahl: 236
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Rose Teixeira
Libre et vivante
© Lys Bleu Éditions – Rose Teixeira
ISBN : 979-10-422-3966-4
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
À mon fils,
Dans les ténèbres de ma vie, tu as été ma lumière, tu es l’étoile qui guide mes pas. Ta présence m’a donné la force de me battre et de ne jamais abandonner. Ma capacité à surmonter l’adversité, je la dois à l’amour indéfectible qui nous lie. J’espère que tu ne ressentiras jamais le besoin de lire ces pages, cette histoire est la mienne. Prends le temps de peser le pour et le contre avant de tourner la prochaine page.
Je t’aime jusqu’au bout de l’univers.
Ta maman
Je voulais commencer cette préface en me présentant, en donnant mon prénom, mon origine, mon statut social, mon âge et je me suis dit que finalement peu importe ces informations. Je suis Amanda, Sophie, Carine, Stéphanie, Rélia… car malheureusement ce que j’ai vécu est monnaie courante de nos jours.
En 2019 en France :
84 % des morts au sein du couple sont des femmes. Parmi les femmes tuées par leur conjoint, 41 % étaient victimes de violences antérieures de la part de leur compagnon. Par ailleurs, parmi les 21 femmes ayant tué leur partenaire, 11 d’entre elles avaient déjà été victimes de violences de la part de leur partenaire, soit 52 % d’entre-elles.
Source : « Étude nationale sur les morts violentes au sein du couple. Année 2019 », ministère de l’Intérieur, Délégation aux victimes.
En moyenne, c’est une femme qui meurt tous les deux jours sous les coups de son conjoint en France.
Vous devez vous dire que je vais refaire un de ces livres de psy qui tente d’expliquer les violences conjugales et de les analyser. Un de ces livres qui diabolise l’homme violent, et vous dit de partir à tout prix !
Pas du tout !
Ce n’est pas ce que j’ai fait. Comment pourrais-je me permettre de juger celles qui restent alors que je suis restée ?
Cependant, si vous vous reconnaissez dans mon histoire ou si vous reconnaissez un proche, c’est qu’il y a des problèmes à résoudre, et je comprends toutes les difficultés pour les avoir vécues.
Ferais-je les choses autrement ? J’aimerais sûrement. Est-ce que j’y arriverais et en aurais les moyens sans connaître le parcours que j’ai connu ? Je n’en suis pas sûre. Je sais que ce sont les circonstances (la pandémie), qui m’ont permis de m’extirper de cette violence.
Aujourd’hui, je vais raconter mon histoire. Celle que plusieurs ne comprennent pas, celle que l’on me reproche parfois, souvent même. Celle qui fait pitié à certains, et donne de la colère à d’autres. Je la raconterai sans filtre, en parlant également de mes fautes et des raisons qui me poussaient à faire certains choix, même si celles-ci n’étaient pas de bonnes raisons.
Je raconterai comment j’en suis arrivée là, ce qui a été positif, ce en quoi j’ai cru, ce que je faisais exprès de ne pas voir.
Est-ce que tout ce qui sera écrit ici sera la vérité ? Je ne peux répondre à cette question, mais je serai honnête.
Ce qui sera écrit, ce sont les sentiments que j’ai ressentis, les coups que j’ai pris, les « raisons » pour lesquelles je les subissais et les « raisons », d’après lui, pour lesquelles il me les donnait.
Pourquoi j’écris ce livre ?
L’idée de ce livre germe parce que j’essaie de trouver une solution pour que mon fils exprime ce qu’il ressent après mon dépôt de plainte, car il est atteint d’un stress post-traumatique. Bébé le commence avec moi. Il décide des chapitres, il fait des enregistrements de ce qu’il veut écrire dans ce livre. Quelques semaines plus tard, Bébé en parle à son père qui lui dira qu’il portera plainte si on fait ça, et il me dit qu’il veut arrêter. Ce qu’il fait, je ne veux pas le forcer.
Je décide quelques mois après de reprendre cette idée. D’abord pour tenter de fermer un chapitre douloureux de ma vie. Il y a plusieurs années que je suis sortie des violences et pourtant j’en pleure encore, et j’en fais encore des cauchemars. J’espère que poser ici ce que j’ai vécu m’aidera à regarder ces évènements après sans affect en admettant que c’est une partie de ma vie, mais en ayant plus aussi mal, plus autant de colère et plus autant de culpabilité.
La deuxième raison qui me pousse à écrire ce livre, c’est pour essayer d’apporter ma pierre à la lutte contre les violences et à la compréhension des victimes. J’espère aider à faire un pas de plus vers la suppression des tabous sur le sujet, et essayer de faire comprendre que tout n’est pas si simple.
Au fil de mon écriture grandira l’envie d’aider ces femmes, ces enfants qui sont dans ce cadre impossible et je le terminerai avec la certitude que je veux suivre ce chemin, pour les bonnes raisons cette fois.
J’espère qu’après cette lecture, ceux qui ont connaissance de personnes dans ce cas-là comprendront et seront plus à même de les aider ! Qu’ils se rendront compte qu’il n’est pas si simple de partir, qu’il n’est pas si simple de claquer la porte ! Il est beaucoup plus facile de le dire quand on ne le vit pas. De l’extérieur, il est aisé de conseiller et de juger, certains prétexteront que tout est là pour nous protéger (justice, association, famille…). Mais c’est loin d’être vrai, ce qui existe est loin d’être suffisant !
Vous pourrez voir au travers de mon histoire que ce n’est pas parce qu’on demande de l’aide qu’on la reçoit !Même s’il existe des dispositifs pour nous protéger, ils sont la plupart du temps inconnus des personnes qui sont censées nous aider, quand celles-ci sont disposées à le faire, ce qui n’est pas toujours le cas non plus.
Au moment où je commence à écrire, je viens juste de franchir la porte du commissariat pour déposer plainte cette fois-ci. Quasiment 11 ans après le début de notre relation. Cela fait maintenant plusieurs années que j’essaie de terminer cette écriture, sans y parvenir.
S’il est entre vos mains, c’est que maintenant j’ai réussi !
Aujourd’hui, je ne sais plus comment me définir. Ce qui m’a défini durant les 10 années qui ont précédé mon dépôt de plainte, c’était mon rôle de mère et mon travail.
Il y a maintenant quelques années que je ne sais plus qui je suis réellement ni ce que j’ai envie d’être, mais je continue d’avancer et d’essayer de le découvrir.
Pour commencer, je suis une femme qui sourit tout le temps, même quand intérieurement elle pleure parce que tout va mal. Celle qui écoute les problèmes de tout le monde, mais ne parle jamais des siens pour éviter de subir le regard des autres. Celle qui avait décidé qu’elle ne voulait pas affronter les regards de pitié des gens et qui ne voulait pas être jugée parce qu’elle l’a été trop de fois sans qu’on prenne la peine de la comprendre. Je suis une femme brillante, oui mes chevilles se portent très bien ! Je pense que je peux réussir tout ce que j’entreprends. Au moment où j’écris, j’ai une belle carrière avec déjà beaucoup de réussite à mon actif.
Je suis beaucoup trop empathique, j’ai du mal à dire non, trop émotive, bordélique et j’ai l’habitude de porter sur mes épaules le poids du monde. Est-ce que c’est parce que je fais exprès de le prendre ? Ou est-ce que c’est parce que ma vie est digne d’une série indienne, comme le dirait un ami, avec un lot démesuré d’épreuves à surmonter ?
Et enfin, je suis aussi une victime de violences conjugales. J’ai toujours fui et refusé de m’appliquer ce nom de victime. Pourtant, c’est également ce que je suis, et j’ai enfin décidé de l’accepter. Et oui, je le mets au présent parce qu’encore aujourd’hui, je subis les conséquences psychologiques de ce que j’ai traversé par le passé.
De 2011 à 2020, j’ai été victime de violences conjugales de la part de mon ancien compagnon avec qui je suis restée neuf ans et eu un enfant, ces violences ont continué après notre séparation en 2019.
J’ai pu lire beaucoup de livres sur le sujet. Je sais qu’il y a plusieurs types de violences conjugales.
En ce qui me concerne, j’ai pu expérimenter la manipulation, le chantage, le harcèlement moral, ces violences qu’on appelle celles sans coup, et aussi la séquestration, les violences physiques et sexuelles. J’ai certainement oublié quelques adjectifs qualifiant les violences subies, je vous laisserai compléter cette liste en lisant mon histoire.
Durant toutes ces années, je me suis donné tout un tas de raisons pour ne pas franchir le seuil de la porte. Ou quand je l’ai fait, pour revenir ou accepter qu’il revienne et laisser cette violence se réinstaller, parfois progressivement, parfois sans transition.
Mon bébé (qui a 9 ans au moment où je commence ce livre et est un ado aujourd’hui) a longtemps été la raison que je mettais en avant au moment où je me résignais.
Je me sentais intérieurement fière et forte de supporter tout ça pour lui. J’avais l’impression d’être une bonne mère, une superhéroïne. Celle qui donne sa vie ou plutôt qui sacrifie son bonheur et son bien-être au profit de celui de son enfant.
La première leçon que j’ai apprise de façon brutale :
Non, ce n’était pas mieux pour mon enfant de ne pas savoir (ou plutôt de me persuader qu’il ne savait pas).
Non ce n’était pas mieux qu’il ait un foyer composé de papa et maman où papa crie sur maman et la frappe.
Cette leçon, je l’ai apprise au travers de mots prononcés par mon fils le jour où j’ai dit stop. Ce sont ses mots qui m’ont fait réaliser que je faisais complètement fausse route et qui m’ont convaincue qu’il ne fallait plus que cela arrive.
Ses mots m’ont donné la force de porter plainte contre Jules mon ancien compagnon (à l’époque, nous étions déjà séparés depuis plus d’un an et habitions séparément sans que cela ait arrêté les violences). Suite à une énième violence, mon fils s’est interposé, il a dit ce qu’il pensait, il a dit qu’il savait et qu’il n’en pouvait plus. Il a pleuré à ne plus pouvoir en respirer.
À ce moment-là, je n’ai plus eu LA raison de rester, et la fierté que je ressentais auparavant a disparu pour laisser place à la culpabilité.
Mon avocate : « Un père qui bat la mère n’est pas un bon père ! »
Mon boss : « C’est la fin de l’impunité. »
Avant d’arriver à ce qu’il s’est passé, commençons par qui j’étais avant.
Bien que je rencontre Jules très jeune, il ne marque pas le début de ma vie de femme.
La première commence quand j’ai 14 ans, je rencontre un homme de 19 ans, je suis une jeune adolescente qui n’est pas intéressée par les garçons de son âge, ils sont trop immatures.
Je dédicace ce passage à mes parents :
Cette période a été difficile à gérer pour eux, leur fille de 14 ans avec un homme majeur, qui passait ses week-ends en vadrouille. Est-ce qu’ils ont bien fait de laisser faire ? Est-ce qu’ils avaient le choix ? Je pense qu’ils ont fait du mieux qu’ils pouvaient au vu de la situation et de mon caractère, je ne leur laissais pas vraiment d’autres choix.
Cet homme, Roméo, me drague, il a le permis, une voiture, il est mignon et a du charme. Je craque, il devient mon petit ami, j’aspirais à une vie d’adulte et c’est ce que je trouve auprès de lui.
Je reste tout de même une adolescente. Notre histoire se déroule autour de soirées entre jeunes. Les premiers mois, nous sortons avec des amis et nous nous retrouvons le week-end, je découvre la vie avec un petit ami, le sexe et l’amour avec un grand A, nous nous voyons tous les week-ends et pendant les vacances scolaires.
Quelques mois plus tard, il arrête ses études, il commence à travailler à l’usine, il prend un appartement dans le village où je vis et deux semaines après il n’y avait plus d’affaires à moi chez mes parents.
À 14 ans, je deviens « une femme » (enfin presque, je suis toujours au lycée et dois toujours faire signer mes résultats par mes parents).
Je m’occupe des repas, je gère les comptes, je fais le ménage, il s’occupe des travaux et ramène de l’argent à la maison, à ce moment-là, je vis l’expérience d’une « épouse traditionnelle ».
Cette histoire dure trois ans, elle est certainement la plus belle histoire d’amour que j’ai connue.
Il y avait la confiance, il était un véritable compagnon, pas un boulet que je devais traîner comme j’en aurais le sentiment avec Jules.
Notre histoire se termine brutalement un samedi soir. On se dispute, il m’agrippe le bras, le lendemain, j’ai un bleu sur le bras, je prépare mon sac, attends qu’il rentre et je m’en vais quand il arrive.
Longtemps, je me suis posé la question : était-ce la seule raison qui m’a poussée à partir ? L’histoire arrivait peut-être aussi à son terme. Était-ce juste l’élément déclencheur.
Peut-être que tout n’allait pas si bien, peut-être que je voulais vivre mon adolescence.
Peut-être que j’idéalise cette relation parce qu’elle était la première et la seule que je puisse mettre en comparaison avec celle que j’ai vécue avec Jules !
Revenons sur ce bleu, ce jour-là, j’ai dit non, je savais que c’était de la violence et qu’un homme qui est violent une fois recommencera. Quand j’en parlerai avec lui 15 ans plus tard, il me dira qu’il ne s’en souvient pas, que le souvenir qu’il a, lui, c’est de s’être énervé et d’avoir cassé une poubelle.
Il n’y a donc jamais eu de deuxième coup, je n’en laisserai pas l’opportunité et l’histoire se termine.
J’ai presque 17 ans quand je retourne chez mes parents.
Quelques semaines passent, et j’ai ce sentiment qui ne me lâche pas d’être en prison. Pourtant, mes parents font partie de ces parents confiants et laxistes, qui autorisent absolument tout.
Je sors en boîte de nuit sans restriction, je n’ai pas de couvre-feu ni d’obligations, je continue d’aller au lycée, même si ça ne m’intéresse pas. Le problème n’est pas mes résultats, je suis intelligente, je m’en sors sans trop d’efforts quand je ne sèche pas les cours (malheureusement, je sèche bien trop souvent).
Retourner chez mes parents est quelque chose de difficile que je vis mal. J’aimais mon indépendance, faire la cuisine, partir sur un coup de tête au restaurant, inviter des amis, avoir mes moments de solitude…
Quelques mois plus tard, je mets ce problème sur mes études, je m’y ennuie, c’est pour cela que ça ne va pas, je feins d’être malade pendant deux semaines et après deux semaines de vacances scolaires à travailler dans le magasin de mon père, je décide d’arrêter mes études, et de le rejoindre pour travailler.
Le travail me plaît et je le fais bien ! Ça fait déjà quelques années que je travaille avec mon père pendant mes vacances. Peu de temps après avoir arrêté mes études, j’ai un contrat en poche, l’étape d’après arrive très vite, je prends mon propre appartement à 17 ans. Un petit studio de 20 m2 à 200 mètres de chez mes parents et 40 mètres du magasin où je travaillais.
Ma vie à ce moment-là est faite d’insouciance, de sorties, de rencontres. À cette époque, Tinder n’existait pas, les rencontres se faisaient au bar ou en boîte de nuit (c’était l’époque où tu matchais avec quelqu’un en croisant son regard).
J’ai eu quelques histoires plus ou moins sérieuses qui duraient généralement entre 1 semaine et 2 mois. C’est une période où je me sentais maître de ce que je faisais, je ne rendais de compte à personne. Une période où, dès qu’un détail me chagrinait chez la ou les personnes, amis, petits amis, amants que je fréquentais, j’arrêtais de les voir. Je n’avais aucune obligation. C’est aussi certainement pour cette raison que mes relations ne duraient jamais plus de quelques mois. Il n’y avait jamais de seconde chance, pas d’engueulade inutile, je n’étais pas pressée de trouver l’amour, j’avais mon cercle d’amis qui incluait mon petit frère et j’aimais ma liberté. Avec un peu de recul, c’est aussi possible que, parfois, je sois passée à côté de belles histoires à cause de détails insignifiants.
Ce n’est pas grave parce qu’à cette époque, j’étais une femme épanouie personnellement et professionnellement !
Rapidement au travail, je prends la gestion de la boutique et je m’en sortais très bien malgré mon jeune âge. J’étais insouciante, mais pas au travail. Je travaillais beaucoup et même si je me couchais à 4 h du matin, à 8 h, j’étais au travail. Il m’arrivait souvent de rester jusqu’à 21 h pour finir les réparations d’ordinateur, faire les dépannages chez les clients, ou même d’aller travailler le dimanche pour finir le travail laissé en suspens.
J’ai toujours aimé ce sentiment que procure la réussite, montré que je suis capable de faire des exploits. J’aimais aussi que les gens soient en admiration devant moi (bien sûr, il faut peut-être ajouter la vanité à mes traits de caractère, ou peut-être juste la fierté).
J’étais fière de moi, j’avais à peine 18 ans, je gérais un magasin d’informatique, j’étais autonome, j’étais compétente et quand je n’avais pas une compétence, je m’acharnais jusqu’à ce qu’elle me soit acquise. Durant ces quelques années, j’ai appris l’informatique (hardware, software, réseaux, etc.) j’ai également dû apprendre ce que je gérais, la comptabilité, les fiches de paies, les déclarations URSSAF, TVA, le marketing, etc. J’acquiers bien plus de compétences en travaillant qu’au lycée où je fumais des joints pour me détendre avant un contrôle qui était là pour s’assurer que je savais en quelle année avait démarré la Seconde Guerre mondiale.
Je n’étais pas une ado pommée qui a arrêté ses études pour ne rien faire !
Mon ex-Jules m’a dit, peu de temps avant mon dépôt de plainte, « Tu n’es qu’une cas-soc » mais non, je n’ai jamais, ou presque, arrêter de travailler ou d’apprendre.
J’ai dans toute ma vie professionnelle de 17 à 31 ans eu quatre arrêts maladie (dont un qui est un congé maternité et un accident de travail). Il faudra en ajouter deux de plus pour dépression après mon dépôt de plainte.
Au bout de deux ans et demi de travail, le magasin de mon père rencontrait des difficultés financières. On a pris la décision de me licencier, ce qui me donnait l’opportunité d’aller faire une formation pour obtenir un diplôme (il paraît que c’est important dans la vie). J’ai tout de même continué à épauler mon père dans son magasin.
C’est au sein de cette formation que je rencontrerai la personne qui sera mon bourreau toutes ces années, JULES.
Octobre 2009
Je rentre en formation, il s’agit surtout de valider mes acquis, donc j’arrive en formation plus tard que les autres. Je débarque dans une « classe » où tout le monde se connaît depuis plusieurs semaines.
Lorsque j’entre dans la pièce, la première chose évidente est la minorité à laquelle j’appartiens. Je savais avant de passer le pas de la porte que je serai forcément la cible des regards. Sur une vingtaine de personnes, nous n’étions que trois femmes, une femme de 60 ans en reconversion, une fille de 30 ans et moi (ce qui n’est pas choquant, quand on choisit le secteur informatique).
Lorsque je passe la porte, tout le monde se hâte pour se présenter. Ils attendaient ma venue, les formateurs leur en avaient parlé. Je savais très bien que j’allais me faire remarquer, mais ça ne me dérange pas. Le nombre d’amies femmes que j’ai se compte sur les doigts d’une main. J’ai l’habitude d’être entourée par des hommes ; d’ailleurs, je préfère le monde masculin, et attirer l’attention n’était pas quelque chose qui me dérangeait avant.
Quelques minutes seulement après mon arrivée, les autres étudiants commencent à me parler de l’Italien, me rapportant qu’il allait passer la porte avec sa veste en cuir et que je ne pourrai pas y couper qu’il me draguerait…
Quelques heures plus tard (très en retard), l’Italien entre dans la salle, avec un K-way bleu et rouge qui appartenait à sa mère, pas une veste en cuir ! Plus tard, il m’expliquera qu’il l’avait fait exprès. Quand il fait son entrée, tout le monde le remarque et lui parle, il est charismatique, tout le monde lui sourit et le regarde comme s’ils l’admiraient.
La première chose que je remarque chez lui, c’est qu’il est beau, il dégage une assurance incroyable, il est charmeur. Le premier jour aux pauses cigarette (qu’on prenait très souvent) on discute, mais très peu. Il est intrigant et irritant à la fois, il se vante de ses PCF (plans cul fixes). Cependant, au début, quand il me parle, je le trouve arrogant, un peu trop sûr de lui, avec une bonne dose de « je raconte n’importe quoi ». Ses histoires sont cousues de fil blanc et tiennent à peine la route.
Ce premier jour, il ne me drague pas vraiment, mais il passe son temps à me regarder.
Les premiers jours, je rentre chez moi le soir. Le lieu de la formation se trouvait à un peu moins d’une heure de route de chez moi. J’avais demandé une chambre pour ne pas avoir à faire les allers-retours surtout que nous approchions de l’hiver, mais elle ne serait disponible que le jeudi.
Je fais les voyages lundi, mardi et mercredi, j’apprends à mieux connaître Jules, l’homme à la veste en cuir. Il n’avait mis son K-way que le premier jour, les jours suivants, il est venu en formation avec sa veste en cuir et son jean délavé.
Jeudi, en fin de journée, je prends possession de ma chambre. Elle est petite, avec un petit lit, mais c’est un endroit pour dormir, ce n’est pas grave, et si je n’ai pas envie de rester, je peux toujours retourner dans mon appartement. Ce que j’ignore à ce moment-là, c’est que je ne passerai jamais la nuit dans cette chambre.
Ce soir-là, un des garçons de la formation qui dormait également dans les dortoirs du centre de formation vient me proposer de boire un verre dans sa chambre avec quelques amis, Jules était là aussi.
On boit quelques vodkas Red Bull et on finit par tous sortir en boîte de nuit.
Sur la piste de danse, Jules se rapproche vraiment de moi. Le jeu de la drague s’ouvre et on se rapproche autour d’une musique, celle de Francky Vincent « Tu veux mon zizi » qui deviendra notre musique. On rigole, on se colle, je le repousse, le laisse revenir. On danse jusqu’à la fermeture de la discothèque.
Dans mes souvenirs, il n’y a que lui et moi à danser, on partage quelques danses avec les deux autres personnes qui nous accompagnent, mais ils avaient certainement tout comme moi le sentiment qu’ils étaient de trop.
À 5 heures du matin, la boîte de nuit ferme ses portes. Jules propose nous raccompagne et propose qu’on aille jouer à la console chez lui, les autres refusent après que Jules leur lance un petit regard quand je dis oui. J’étais plutôt contente qu’ils disent non, j’avais aussi envie de me retrouver seule avec lui et pas uniquement pour jouer à la console.
Nous jouons à Mario Kart, il me laisse gagner et on finira par s’embrasser, en essayant de se déstabiliser l’un l’autre pour gagner la partie.
Le premier baiser est intense, et c’est le début de notre relation.
Ce jour-là, on ne dort pas de la nuit ! On passe le reste de la nuit à s’embrasser sur le canapé, on glisse plusieurs fois du canapé et nous retrouvons au sol à nous embrasser. Cette nuit est intense, nous échangeons de passionnés baisers. Le lendemain matin, nous devons retourner en formation, ce que nous faisons. C’est lui qui me ramène, je n’avais pas pris ma voiture. Sur le parking, je lui dis que je préfère que ça reste entre nous pour le moment, je sors de la voiture et lui demande d’attendre un peu avant de rejoindre la classe, il attend 5 minutes et nous rejoint. Bien sûr, les personnes qui étaient avec nous ce soir-là ne sont pas dupes, et nous regardent avec un sourire moqueur.
Nous étions vendredi, la formation se terminait à midi. Jules me demande de le rejoindre chez lui. Je prends ma voiture et le suis, nous restons quelques heures chez lui. Je rencontre son colocataire Emmanuel, qui par la suite deviendra mon chevalier blanc, un de ses amis, Paul. Je rencontre également Samantha, la copine de Paul qui deviendra ma meilleure amie pour finalement s’éloigner parce qu’elle fait partie de ceux qui ne comprennent pas.
Au bout de quelques heures, nous partons tous les deux chez-moi.
Cette première nuit chez moi fut épique.
Mon petit frère n’était pas très content que j’aie une relation avec un autre homme. En effet, il y avait très peu de temps que j’avais quitté son meilleur ami. Ce n’était pas un homme, c’était un ado dans sa tête, qui sautait tout ce qui bougeait. On se fréquentait depuis un petit moment, enfin, on couchait ensemble est le terme le plus correct. C’était surtout parce que c’était le seul mec qui me plaisait physiquement dans notre petite bande d’amis et que j’étais la seule femme. Comme beaucoup, nous n’aimions pas finir nos soirées seuls, on avait donc l’habitude de finir la nuit ensemble.
Le premier soir où je ramène Jules chez moi, mon frère s’énerve, après avoir bu quelques verres, il pense que c’est la faute de Jules si j’ai quitté son « meilleur ami ». Il veut se battre avec. Mon frère s’énerve et commence à courir après Jules qui s’enfuit. Jules était à deux doigts de demander à ses amis de venir le chercher, parce qu’il n’avait pas sa voiture, ce qui aurait certainement été mieux pour moi.
Je finis par retrouver Jules et nous passons la nuit chez mes parents, on se dit que les choses se régleraient le lendemain. Ce qui fut le cas. Une amie qui était là ce soir-là a expliqué à mon frère que son « meilleur ami » était un salop et qu’il me trompait et qu’il n’avait pas trompé que moi, puisqu’il avait aussi fait ça avec une fille avec qui mon frère sortait à ce moment-là. Le lendemain matin, mon frère me demande de venir avec Jules et il s’excuse auprès de lui.
On passe ensuite une journée et une nuit exceptionnelle. Cette troisième nuit marque le début de notre histoire d’amour. Avant de haïr cet homme, j’ai commencé par l’aimer. Le dimanche matin, après avoir passé seulement 3 jours et 3 nuits ensemble, il me dit qu’il m’aime (enfin il me dit « I love you », parce qu’il est trop tôt pour le dire en français). Je ne me rappelle pas la première fois où je lui ai dit « je t’aime ». Peut-être que mon esprit a volontairement occulté ce moment.