Lunari - Tome 1 - Chloé Venily - E-Book

Lunari - Tome 1 E-Book

Chloé Venily

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Beschreibung

Au sein d’un monde où la liberté dépend de la chute d’un tyran, une jeune femme se demande jusqu’où elle devra aller pour ne pas sombrer dans les ténèbres. Elle devra trouver, grâce à son éveil tant attendu, la force de protéger ceux qu’elle aime et de découvrir la vérité sur ses origines et leurs conséquences avant qu’il ne soit définitivement trop tard.

À PROPOS DE L'AUTRICE

Chloé Venily se réconforte perpétuellement dans les écrits qui lui permettent de s’identifier à des personnages et de trouver du courage pour affronter la vie quotidienne. Avec ce roman, elle souhaite vous offrir un monde imaginaire où l’espoir est le fil ténu qui sépare la lumière de l’obscurité.

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Chloé Venily

Lunari

Tome I

L’éveil

Roman

© Lys Bleu Éditions – Chloé Venily

ISBN : 979-10-422-4598-6

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Chapitre 1

La nuit était là, proche de moi et en même temps si loin, mais à vrai dire, impossible de me rappeler si c’est la nuit ou le jour qui est en train de se lever. Ça fait tellement longtemps que je n’ai pas vu le monde extérieur que je n’en ai plus la moindre idée. Pas facile de vivre dans une chambre où il n’y a aucune fenêtre. La seule lumière que j’ai, c’est une lampe accrochée au plafond, et encore, elle marche une fois sur deux.

Cet endroit où je vis avec pour lit un drap et quelques brindilles. Bon, c’est vrai que ce n’est pas très confortable, mais on s’y habitue avec le temps. Ils disent que c’est la seule façon qu’ils ont de garder un contrôle sur nous et surtout sur notre esprit afin qu’on ne se rebelle pas. Certains ont essayé, mais ils ont toujours été rattrapés, emmenés, et après les avoir entendus hurler à la mort, on ne les a plus jamais revus, alors oui, plus personne ne veut se rebeller. Le mieux, c’est de rester dans sa chambre comme moi : il n’y a jamais de problème, mais pour ça, il faut être, comme ils disent, un « Lunari », je n’ai jamais su ce que ça voulait dire pour autant.

Ce que je sais, c’est qu’avant, j’avais le droit de manger avec d’autres personnes et de sortir prendre l’air, même si ce n’était que pendant une heure et une fois par semaine. Maintenant, je n’ai plus ça. On croit qu’on touche le fond et hop, on s’aperçoit qu’en fait, on ne l’avait pas encore touché. Je ne sors plus du tout de ma chambre sauf pour faire une « visite médicale », enfin ça, c’est ce qu’ils disent, car une visite médicale qui se fait tous les deux jours et qui dure trois heures afin de faire tous les tests, je n’appelle pas ça une visite, mais plutôt être un cobaye.

Oh et puis, ce n’est pas comme si j’avais autre chose à faire de mes journées, comme regarder mon mur ou essayer de voir si ma fabuleuse lampe va s’allumer ou non. Mais bon, aujourd’hui, ce n’est un jour pas comme les autres. J’ai entendu dire que certains Lunari allaient avoir la majorité. Je ne sais pas à quoi ils font allusion, mais on m’a dit que je pourrais y assister.

La porte grinça et je vis un homme me regarder et sourire. Ses habits noirs se fondaient parfaitement dans la pénombre de ma chambre. Il s’avança vers moi et je fus surprise que ces chaussures ne fissent aucun bruit lorsqu’il marcha sur les brindilles. Sa main se tendit dans ma direction et je la lui pris. Cet homme, c’est Ricky, mais moi, je l’appelle Rick ou Riri pour l’embêter. Faut savoir tuer le temps. Rick m’emmena dans le couloir et vit que rien n’était allumé. Il m’entraîna derrière lui et, sans m’en rendre compte, je me mis à descendre des marches. Quand j’eus compris qu’on était en train de descendre, mes yeux virent une petite ouverture dans le mur et je ne pus m’empêcher d’avancer vers celle-ci. Jour, il faisait jour, la lumière m’aveugla un court moment, puis j’aperçus ce paysage qui m’avait tant manqué, le ciel bleu avec ses nuages de toutes les formes. Cette herbe qui danse sous nos pieds lorsque le vent la caresse. Je pus au loin voir un cours d’eau, mais il disparut soudainement de mon champ de vision. Rick m’avait tiré par le bras, et je me retrouvais encore à descendre des marches qui m’emmenaient je ne sais où. Au bout d’un moment, on se retrouva devant une porte.

Il l’ouvrit et m’y fit entrer, lui resta derrière moi et referma derrière lui. Cette pièce était grande, je remarquais qu’il y avait des tables avec plein de nourritures, des fenêtres ouvertes. Bon y avait des barreaux, mais ce n’est pas grave : on pouvait sentir l’air venir caresser notre peau et jouer avec nos cheveux, et on pouvait sentir les odeurs qui venaient à nous, des odeurs de fleurs, et surtout de liberté.

D’autres personnes se trouvaient dans la pièce, d’autres Lunari avec chacun son « garde du corps ». Ils étaient ahuries de voir ce qui les entourait, et ça me rassura de savoir que je n’étais pas la seule à être hypnotisée par ce dont on m’avait privé pendant tout ce temps. Seulement, je ne pus m’empêcher d’observer également des personnes qui étaient tout le contraire de moi en ce moment. Leur regard était vide comme si la mort était là et qu’ils attendaient juste leur châtiment. Puis, un homme entra par une petite porte à l’autre bout de la pièce, il portait un tee-shirt rouge avec un jean bleu marine et des chaussures ressemblantes à des tongs… C’était assez bizarre sur lui, mais dans cet endroit, rien ne nous étonne plus, alors bon, pourquoi pas.

— Merci beaucoup d’être venu pour fêter la majorité de certains d’entre vous. Je me présente, je suis le directeur de cet institut. Et nous reparlerons de tout une fois après avoir mangé.

Tous s’avancèrent vers l’espèce de buffet, mais lorsque je voulus avancer, quelque chose m’en empêcha. Je le reconnus tout de suite, et je n’aimais pas ça, car ça ne présageait rien de bon pour la suite des évènements. Mon instinct, je lui faisais plus confiance qu’à n’importe qui se trouvant dans cette pièce.

Les autres étaient tous en train de se régaler, j’avoue que ces odeurs enivrantes étaient dures à supporter, mais je me refusais à y toucher et vis que je n’étais pas la seule dans cet état. Un petit groupe d’une vingtaine de personnes refusait également de s’approcher de cette table.

Un des Lunari qui revenait de la table vint me voir et me regarda longuement de la tête au pied, puis se remit à marcher vers la table. Je le vis prendre une cuisse de poulet et l’engloutir comme si sa vie en dépendait. Quelque chose clochait, ce n’était pas normal, je n’arrivais cependant pas à mettre le doigt dessus. Je cherchais inconsciemment Rick, l’ayant vu ramener d’autres personnes. Il devait être dans le coin, et là ce fut le déclic. Je m’aperçus qu’à part les Lunari, il n’y avait plus personne. De plus, quand ils eurent fini de manger ce qu’il y avait sur la table, ils commencèrent à s’énerver et à paniquer comme si la faim et le fait de manger étaient la seule chose capable de les contenir.

Je reculai vers la porte d’où je venais et vis qu’elle était fermée. Je réfléchis un instant et compris que la majorité consistait à nous évaluer, ce n’était qu’un jeu pour les autres. Je sentis une présence dans mon dos et éprouvai ce que l’on ressent parfois : la peur. Instinctivement, je pris le premier objet qui était à côté de moi, en l’occurrence une chaise, et l’abattis sur la tête de la personne de derrière et continuai ainsi jusqu’à ce que son corps ne bouge plus. Je venais de tuer quelqu’un et pourtant, au fond de moi, au lieu d’être tétanisée ou horrifiée, je me sentis soulagée comme si c’était une question de vie ou de mort.

D’autres commencèrent à se diriger vers nous, ils ne s’attardaient pas à nous regarder non, ils attaquèrent simplement et purement tout ce qui était à leur porté et qui n’avait pas mangé. Tout le monde commença à s’armer avec les moyens du bord ; des chaises principalement et ce qui l’en restait après qu’elles avaient été cassées. Nous les repoussions, mais à chaque fois il revenait à la charge. Un homme était acculé contre un des murs. Il arriva à en tenir deux hors de sa portée, mais un troisième se faufila derrière lui et le fit saigner comme s’il était un porc. Lui arrachant à mains nues la gorge.

C’était littéralement une guerre, ces gens n’étaient plus des Lunari, ils étaient obsédés par l’idée de manger comme pour satisfaire une envie bestiale, mais qui ne s’éteint jamais. Ces êtres ne se tuaient pas facilement, même un coup en plein cœur ne suffisait pas, il fallait littéralement leur fracasser le crâne, ce qui n’était pas chose aisée.

Il fallait non seulement une sacrée force pour faire ça, mais également répéter le geste plusieurs fois. Le crâne ne se fissure et ne s’ouvre pas aussi facilement qu’on pourrait le croire. Le sang giclait dans tous les sens, mais ils continuaient sans cesse de revenir à la charge. Quand je disais qu’il fallait leur fracasser le crâne, ce n’était pas un euphémisme, il fallait littéralement exploser leur tête jusqu’à rependre leur cervelle au sol. Et même avec ça, je n’étais toujours pas rassurée.

La pièce devenait de plus en plus rouge de sang. Je me reculai derrière quelques autres Lunari et attendis un peu afin de récupérer un peu d’énergie. Je scrutai la pièce afin de trouver une sortie, une échappatoire et je le vis… le balcon. Le directeur et des gardes se trouvaient là, nous regardant mourir et tuer. Tandis qu’eux buvaient tranquillement leurs boissons et mangeaient sans se poser de question.

Avant que je ne réagisse, je vis un jeune garçon avoir la même idée que moi. Il se faufila entre les combats et sauta. Il arriva à grimper sur le balcon devant le regard d’un directeur dégoûté. L’enfant se retourna vers nous pour nous montrer la marche à suivre, mais avant même qu’il ait pu faire quoi que ce soit, sa tête tomba du balcon et roula au sol.

Nous n’avions rien entendu, un garde que je reconnus se tenait derrière lui une lame à la main : Riri. Il avait fait cela sans aucune once de tristesse ou de remords. Il mit son pied sur le corps inerte du garçon et le poussa hors du balcon. Le corps roula légèrement avant de toucher les jambes d’un des monstres. Celui-ci s’arrêta, regarda le corps et se rua dessus pour le dévorer.

Je me redressai et je me fis alors une promesse. Jamais je ne mourrais de cette façon, je refusais catégoriquement de mourir lors d’un combat si je ne le voulais. J’irais jusqu’à vendre mon âme au diable, mais je ne tomberais pas. Je ferais tout ce qu’il faut à l’avenir pour survivre et devenir plus fort afin de sortir de cet enfer. Et une fois libre, je me vengerai de ces monstres à cause de qui je venais de tuer et de perdre toute foi en ceux qui soi-disant étaient nos guides.

Chapitre 2

Au bout d’un moment, ils furent tous morts. Sur la vingtaine qu’on était à ne pas avoir mangé, seulement dix ont survécu. Exténués, affamés, blessés, et les esprits perdus. Je remarquai que tous les yeux des survivants étaient tous les mêmes vides… Vide d’émotion, vide de vie sans rien comprendre de ce qui venait de se passer.

— Magnifique, bravo à tous ceux qui sont encore là.

On se retourna tous et on vit alors le directeur sourire aux lèvres nous applaudir pour notre combat. Il fit signe à ses hommes de nous ramener dans nos chambres et que dès demain notre apprentissage commencerait.

Rick me prit par le bras, me releva d’un coup et m’entraîna hors de la pièce aussi vite qu’il le pouvait. Je vis dans son regard de la tristesse, il s’arrêta devant la cellule, ouvrit la porte, me fit entrer :

— Écoute, normalement je devrais te féliciter de ton exploit, mais c’est faux, ce que tu as fait est horrible. On ne devrait pas pouvoir tuer les gens comme ça aussi facilement.
— Facilement, tu te trompes, Riri. Je n’ai pris aucun plaisir à tuer ces gens. Mais je ne vais pas accepter de mourir aussi facilement. En plus, tu n’es pas le mieux placé pour me dire ça, j’ai vu ce que tu as fait sur le balcon.
— Je pensais que tu voulais mourir, tu ne parles jamais très longtemps. Tu ne dis rien sur ce que tu ressens. Quant à l’enfant à qui j’ai coupé la tête, je… tu ne pourrais pas comprendre, mais je n’avais pas le choix.

Je baissai les yeux et je lâchai un juron. Riri me regarda et vit alors mon bras, celui-ci tenait à moitié à mon épaule et les lacérations présentes étaient si profondes qu’on pouvait voir mon os par endroit. Il grimaça et, sans rien dire de plus, il referma la porte de la cellule, me plongeant à nouveau dans le noir.

Je l’entendis s’éloigner et je souris. M’approchant du fond de la chambre, je replaçai le bras et je demandai simplement à la lune de me pardonner ma faiblesse et si ma mère pouvait me guérir. Une douce lueur entoura mon bras et je le vis se guérir, les chairs, les tissus et les nerfs tout se remis en place comme si rien n’avait eu lieu.

Une fois terminé, je commençai à nouveau à tourner en rond jusqu’à ce que j’entende les bruits de pas dans le couloir. Je m’assis face à la porte et attendis patiemment. Lorsqu’elle s’ouvrit, je vis Rick avec un plateau-repas. Oh, merveilleux, ces plateaux repas, si… délicieux à condition qu’on soit des cochons, et encore, je pense que même les cochons ont de la meilleure nourriture. Ce soir, je pus constater que c’était de la soupe pour changer, mais à ma grande surprise, il y avait un dessert, ce qu’il n’y a jamais eu encore.

Je levai ma tête et j’interrogeai Riri du regard. Celui-ci ne dit rien, il s’avança, posa le plateau et fit balader son regard jusqu’à mon bras, et là je vis cette expression dans ses yeux qui s’écarquillèrent en voyant que mon bras était tout simplement guéri.

— Non, pas toi, ce n’est pas possible.
— Quoi donc, Riri ? Que je puisse avoir une pomme en dessert ?
— Ton bras, tes blessures…
— Haaa ça, Riri c’est un secret.

Il secoua la tête dépitée et je l’entendis râler. Sachant que Riri ne râle pas, il ne contredit jamais personne et fait ce qu’on lui dit comme un bon et fidèle chien. Alors je fus extrêmement surprise quand celui-ci me saisit par le bras après avoir repris ses esprits et m’entraîna à toute vitesse dans le couloir.

C’est la première fois que je le vis ainsi, inquiet et en même temps rassuré, un mélange très étrange à observer sur son visage. On continua de courir aussi vite qu’on le pouvait jusqu’à arriver devant la porte des tortures. La chambre où tous ceux qui y vont hurlent et ne reviennent pas. Mais étrangement, je n’avais pas peur, je me trouvais paisible et calme.

Riri ouvrit la salle, il faisait sombre à l’intérieur. Je ne voyais rien, il m’y poussa dedans et s’y engouffra à son tour, se dépêchant de refermer derrière lui. Il n’alluma pas la salle et m’entraîna jusqu’à ce que je sente quelque chose de froid.

— Ne t’inquiète pas, c’est par là qu’on jette les corps, mais c’est aussi un des rares moyens de sortir d’ici sans que personne ne pose des questions.
— Euh, d’accord, mais je fais quoi une fois que j’arrive dans la fosse commune ?
— Tu attends que je vienne te chercher, et surtout, tu essayes de rester en vie, car il y a des charognards dans la fosse.
— Riri tu vas m’expliquer ce qui se passe et pourquoi d’un coup tu veux me faire sortir ?
— On n’a pas le temps là tout de suite, je t’expliquerai tout une fois en lieu sûr et loin d’ici. Sache juste que ça fait des années que j’attendais quelqu’un comme toi.

Il ouvrit la porte menant à la fosse et je m’y engouffrai sans poser plus de questions. C’est vrai, ce n’était ni le lieu ni le moment, mais je pouvais compter sur Riri, je le pressentais. Je glissai le long de la paroi métallique jusqu’à tomber dans le vide. Mon atterrissage ne fut pas douloureux et, en y regardant de plus près, je vis que ma chute avait été amortie par des cadavres.

Je levais les yeux aux ciels et vis les étoiles, la nuit battait son plein, mais l’odeur et la vision de la fosse me faisait oublier ce que j’avais vu à travers le mur. L’odeur en décomposition était insoutenable. Tout en descendant de la pile de corps, je me rendis compte que certains d’entre eux ne m’étaient pas inconnus, je les avais vus lors de la bataille.

Cependant, je continuais ma descente sans rien dire. Arrivée en bas, je vis que mes pieds s’enlisaient dans le sol et, si Riri ne m’avait pas menti, se défendre contre des charognards dans ces conditions n’allait pas du tout m’aider. Je me dirigeais donc vers un sol plus dur, et sur le chemin, j’essayais de trouver une arme pour me défendre. Mais rien ne pouvait s’en apparenter de près comme de loin.

Déçue, je continuais mon chemin et sentis un rebord. Je commençais à sauter pour atteindre le haut afin de m’y hisser quand j’entendis des grognements sortir d’une des piles de cadavres. Les corps tombèrent et un Charognard en sortit avec un bras dans la bouche.

Ces créatures ne ressemblaient pas à des charognards comme des hyènes, non, ils étaient gros. Ils n’avaient que des pattes à l’avant leur permettant de se déplacer pour aller plus vite. Leur corps rampait sur le sol, le plus souvent tels les serpents. La lumière de la lune pouvait nous montrer un dos couvert de piquants et une queue leur servant de balancier. La tête était plutôt petite, petite dent et surtout pas d’yeux.

Ils étaient plus effrayants à voir que plutôt dangereux à première vue. Un autre charognard arriva et voulut piquer un morceau à son semblable, ils commencèrent à se mordre s’enroulant l’un autour de l’autre comme des serpents.

Je les regardais fasciner, mais mon instinct me dit de ne pas m’enfuir et de rester immobile le plus longtemps possible. Un cri s’éleva et je vis un autre Lunari portant un médaillon autour du cou qui avait survécu courir dans ma direction affolée.

Soudain, les deux charognards cessèrent de se battre et se dandinèrent pour approcher du coureur. Ils lui sautèrent dessus, mais celui-ci les esquiva, un des charognards recommença sa tentative et le Lunari esquiva avant de le frapper avec une barre en métal. Le charognard rugit de douleur et du sang vola dans l’air.

Un autre cri retentit et cette fois, c’était l’homme, le sang du charognard sur sa peau commença à le brûler tel de l’acide. Sa peau commençait à fondre. Le deuxième charognard s’avança et, tel le caméléon, une longue langue vint lécher le Lunari. Celui-ci s’immobilisa et tomba au sol, il était paralysé. Je pus voir son visage, ses yeux me fixaient terrifiés, des larmes perlèrent le long de ses joues, mais même si je voulais faire quelque chose, je ne pouvais rien faire sans mourir aussi.

Je savais que je n’étais pas de taille face à ces créatures, alors je restai figée sur place. Je voyais la scène sans rien dire, sans bouger, les charognards ne me voyaient pas comme s’ils ne détectaient que deux choses, l’odeur du sang, le bruit. Les deux charognards commencèrent à le dévorer vivant, et je me retins de ne pas vomir devant cette scène.

Je sentis avant de voir la chaleur, l’aube commençait à se lever, les deux monstres le sentirent aussi et partirent le plus rapidement possible se cacher dans des piles de cadavres, laissant les restes de leur repas devant moi. Comprenant qu’ils ne devaient pas aimer la lumière, je bougeai mes membres endoloris par leur immobilité de plusieurs heures.

Je m’avançai vers le reste du Lunari, m’accroupis et observai avec tristesse le corps. Il avait dû tellement souffrir. Dans mon for intérieur, même si c’est horrible à penser ou à dire, j’étais heureuse qu’il ait été paralysé, je n’aurais pas pu supporter d’entendre ses cris pendant que les charognards le dévoraient.

Respirant un bon coup, je me redressai et m’approchai à nouveau du rebord. Prenant un peu d’élan, je sautai et réussi à m’agripper au rebord. Le plus dur fut de remonter le reste de mon corps. À force de me balancer dans le vide, je réussis à prendre appui contre le reste de la paroi pour me hisser.

Une fois en haut, je m’allongeai en prenant plaisir à réchauffer mon corps et mon visage par les rayons doux du soleil. Une légère brise passa, me rafraîchissant au même moment. Je me sentais bien, détendue, il n’y avait aucun mur autour de moi, pas de sensation d’oppression, je me sentais littéralement libre. Je ne sais combien de temps je me prélassais comme ça au soleil, mais je me mis à râler lorsqu’une ombre passa et me cacha la chaleur du soleil sur le visage.

— Heureux de voir que tu es toujours en vie. Maintenant, il faudrait se lever, on a du chemin à faire pour se mettre en sécurité. Au fait, il devrait y en avoir un autre comme toi, tu l’as vue ?

Sans ouvrir les yeux, je reconnus cette voix. Celle de Rick.

— … Oui, et je crois que vu son état, il ne pourra rien faire d’autre que rester là.
— Non, mais ce n’est pas vrai, je lui avais dit de ne rien tenter, c’est si dur que ça d’écouter les gens. Pfff, tant pis, on va faire autrement. Alors si la princesse a fini de se faire bronzer au soleil, on devrait y aller, on a de la route.

Un sourire se dessina sur mes lèvres, et après un soupir, je me redressai et me relevai. Puis, sans dire un mot, je le suivis.

Le voyage était long, chaud, et très silencieux. Aucun de nous ne parla, profitant du calme. J’appréciai d’autant plus ce silence qui me permettait de pouvoir écouter tous les bruits de la nature. Le paysage était splendide, une étendue verte à perte de vue devant moi, le bruit de l’eau se faisait entendre, ce qui nous faisait penser qu’un cours d’eau devait se trouver à proximité.

Derrière moi, je vis pour la dernière fois un paysage asséché, triste, aride où on pouvait voir au loin un bâtiment, ce maudit bâtiment où j’ai dû vivre pendant des années. Mais maintenant, c’est fini, je suis libre et pleine d’espoir pour ce que l’avenir me réserve.

Nous avons marché pendant des jours, longeant la rivière pour toujours avoir de l’eau à disposition. Nous ne mangions presque pas, quelques baies que nous trouvions. Afin de rester le plus discrets possible, nous ne chassions pas afin de ne pas avoir à allumer de feu de camp, la fumée pouvant permettre de nous localiser. Nous ne faisions que des pauses de quelques heures avant de reprendre la marche.

Je ne sais pas où Riri m’emmenait, mais il avançait sans poser de question, un jour où le crépuscule commençait à pointer le bout de son nez. J’aperçus au loin la fumée provenant d’une petite chaumière. Je pensais qu’on allait la contourner comme on l’avait si bien fait à chaque fois, mais cette fois-ci Rick s’y dirigea d’un air décidé.

Il toqua à la porte en bois. On attendit quelques minutes, la porte s’ouvrit, laissant apparaître une vieille femme. Ses cheveux gris glissaient le long de son cou, légèrement bouclé. Ses yeux verts étaient perçants, l’impression qu’elle pouvait lire tout de nous d’un simple regard. Elle dégageait une aura de zénitude très relaxante. Elle nous fit entrer dans sa demeure et nous proposa un repas qu’aucun de nous ne refusa.

Ce fut la première fois que je mangeai un vrai repas et surtout que je ne mangeai pas seule. Le repas se fit dans le calme, la vieille dame et Riri discutèrent et je ne fis que les écouter. À aucun moment la dame ne posa de question sur où on venait et où nous allions. Quand le dîner fut terminé, celle-ci nous proposa des chambres pour dormir. J’étais excitée à l’idée de voir à quoi ressemblait une vraie chambre, sachant que je n’avais connu que des brindilles de pailles et un drap. Mais il en fut autrement, Rick déclina gentiment l’offre disant que nous étions attendus ailleurs.

La gentille dame n’insista pas, elle nous donna quelques vivres pour notre voyage sans demander quoi que ce soit en retour. Une fois les adieux finis, nous reprîmes la route, le clair de lune éclairant notre chemin. Toujours dans le silence, nous continuons à avancer. C’est vers l’aube que Rick me dit que l’on était enfin arrivé.

Chapitre 3

J’observais le nouvel endroit et je vis une forêt à perte de vue s’étendre devant moi. Je regardais Riri, perplexe. Mais n’osa prononcer le moindre mot. On avança jusqu’à l’orée du bois.

— Sortez ! Je l’ai trouvé, dit Rick.

Devant ma curiosité qui essaye de trouver à qui Riri pouvait bien parler, deux hommes cachés derrière des arbres sortirent. Ils s’avancèrent, me regardèrent et nous firent signe de les suivre. Au fur et à mesure qu’on avançait dans la forêt, je sentis de nouvelles odeurs provenant de toutes ces plantes qui m’entouraient.

Plus on s’enfonçait dans la forêt, plus j’apprenais de nouvelles choses sur ce qui m’entourait. Au cœur de cette immense forêt se trouvait une grande clairière baignée dans la lumière du soleil, un lac à proximité. Et dans cette clairière, une maison en pierre, les hommes nous accompagnant partirent en courant en direction des arbres et se mirent à les grimper si aisément. Ils grimpèrent et là nous vîmes alors des tas d’habitations situées dans les branches des arbres, des passerelles reliées à ces différentes maisons.

— Ne t’inquiète pas, respire, on est enfin arrivé à destination. Ici, tu seras en sécurité et surtout, on va pouvoir tout t’expliquer.

Je hochai la tête et avançai tranquillement vers la demeure. À ma grande surprise lorsqu’on arriva au seuil de celle-ci, une personne familière sortit de la chaumière, un grand sourire aux lèvres. La vieille femme. Je me demandais comment elle avait réussi à être plus rapide que nous, mais je me gardai de demander.

Celle-ci regarda Rick et lui demanda si j’étais seule. Il répondit que les autres étaient soit morts dans l’épreuve, soit tués par les charognards, ou pire, ils n’avaient pas pu sortir du bâtiment et allaient donc servir de repas. Mes yeux s’écartèrent en entendant la dernière phrase.

— De repas ? Comment ça on sert de repas ?
— Eh bien, la vérité est que les gens comme toi qui ont la possibilité d’avoir des dons sont, après l’épreuve, formés pour devenir des guerriers, des tueurs, mais que ceux qui échouent à cet entraînement deviennent alors la nourriture bouillie que tu manges depuis le début, expliqua Rick.
— Ces ignobles personnes pensent que manger un Lunari transmettra leur don à ceux qui les mangent. On devient ce que l’on mange, répondit la vieille femme.

Je les regardais, choquée, ils le disaient si calmement, mais je ne pouvais me retenir et je partis derrière un buisson vomir mes tripes en revoyant la bouillie qu’on nous servait tous les jours.

Riri vint me tapoter le dos, en disant que c’était une mauvaise blague, on ne nous les servait pas en bouillis, mais effectivement, il servait de nourriture aux monstres que les dirigeants de cette structure dirigeaient.

— Quand tu dis les monstres, tu parles des charognards ?
— Les charognards ne sont que des monstres ratés de leur expérience scientifique. Les vrais monstres sont bien plus horribles, non physiquement, mais par leur armement pour le combat… de vraies bêtes assoiffées de sang qui ne ressentent pas la douleur. Et leurs cavaliers, leurs maîtres sont les Lunari qui ont réussi toutes les épreuves. Tu vois, les Lunari infectés que tu as vus pendant l’épreuve, s’ils répondent correctement aux ordres, ils auront un remède leur permettant de devenir les véritables monstres dont je te parle. Ceux qui échouent sont abandonnés dans la décharge et se transforment petit à petit en charognard.
— Mais pourquoi m’avoir sauvé, pourquoi pas les autres et pourquoi vous ne faites rien ?

Riri me regarda tristement et expliqua qu’il n’était pas un Lunari à part entière, il n’était qu’un sang-mêlé, il servait donc d’espion pour les Lunari survivants. Sa tâche est de découvrir les autres Lunari et d’essayer d’en sauver le plus possible, mais je suis sur tous ceux qu’il a libérés la première à avoir survécu aux charognards.

La vieille dame expliqua également que ce n’est pas qu’il ne pouvait rien faire, mais avec le temps, beaucoup de Lunari ont été tués et ceux qui ont survécu ont été faits esclaves et ne servent maintenant qu’à la reproduction. Tous les enfants avec qui j’étais sont leurs descendants, les femmes sont gardées quand elles ont fini les épreuves pour la reproduction et les hommes sont des chiens bien obéissants.

Pour éviter la consanguinité, les maîtres prennent les femmes, mais comme il n’y a plus de sang pur, il devient de plus en plus rare d’avoir des Lunari et donc le reste des enfants devient de simples esclaves.

— J’ai également cru comprendre que chaque Lunari est unique et possède un don qui lui est propre ?
— C’est exact, le don lors de son éveil peut être physique, psychologique ou même psychique, répondit la vieille dame.
— Mais lors de la majorité ?
— Lors de cette soi-disant cérémonie, on vous donne de la nourriture, des attentions particulières peuvent être données comme un meilleur repas, de nouveaux vêtements, mais lorsque vous arrivez dans la grande salle, toute la nourriture est contaminée. Je ne sais pas par quoi, mais dès qu’une personne en mange, celle-ci change. Elle ne pense qu’à tuer : il n’y a plus de contrôle, le seul moyen, c’est de les tuer, dit tristement Rick. Enfin, si à la fin certains arrivent à avoir un minimum de contrôle sur leur envie, on les fait devenir, comme je te l’ai dit, des monstres plus évolués.

Il expliqua également qu’on ne pouvait pas savoir qui est un Lunari ou non, donc à partir d’un certain âge, on considère tous les enfants comme de potentiels Lunari et donc chacun passe la majorité. Les enfants réussissant l’épreuve de la majorité en vie sont considérés comme de potentiel Lunari, tout ça sert en fait de tri.

Une fois la majorité faite, les cours de formation aux combats, aux stratégies et à chaque épreuve suivante, on peut mourir. Si tu arrives au bout des épreuves, tu deviens comme moi un gardien. Mais il arrive que pendant les épreuves, certains enfants sous une grande pression développent leur don, on parle alors de l’éveil. Ces enfants sont des Lunari, on les sépare alors des autres enfants et, en fonction de leur don, ils sont entraînés. Lors de l’éveil, l’enfant Lunari prend possession de ses dons et il arrive que des caractéristiques physiques apparaissent sur son corps, mais surtout, l’éveil permet à un enfant Lunari de devenir adulte.

Un enfant Lunari peut rester des siècles sous une apparence enfantine avant d’accéder à son éveil. Pour éviter le long processus, le directeur a découvert qu’une énorme pression peut entraîner un éveil forcé et c’est ce qu’il recherche au final afin de trouver les Lunari. À l’institut, certains Lunari sont comme Rick, des sang-mêlés, et d’autres sont des sang-pur plus puissants et plus difficiles à contrôler, mais le fait qu’il nous conditionne depuis notre enfance nous empêche à l’éveil de vouloir nous rebeller.

Les sang-pur n’avaient pas non plus les mêmes privilèges que les sang-mêlé. Considérés comme des êtres supérieurs au sein de notre espèce, ils avaient le droit de faire ce qu’ils voulaient de leur camarade sang-mêlé. Cependant, chez les sang-pur existait également une caste comme toutes les communautés. Les humains nous considèrent comme de vulgaires animaux, ils les distinguent de la sorte :

1) Les alphas : les plus forts de leur race, capables de créer une domination sur l’esprit des autres Lunari, aussi dominants qu’ils soient. Leur don est également plus complexe. Les femelles sont extrêmement rares et gardées précieusement pour la reproduction dans des structures particulières. Les alphas peuvent dégager une odeur appelée phéromone que seuls les omégas ressentent pour les attirer et les faire rentrer en chaleur. Si on dit que les omégas ont des chaleurs, on dit aussi que les alphas ont des cycles de rut pour leur reproduction. Quand leur cycle commence et qu’ils ont terminé, ils s’endorment pour 3 jours de repos, on appelle ça « la stase ».
2) Les bêtas : ls peuvent être aussi bien dominants que soumis. Ce sont les plus communs de notre espèce, les dominants ayant un contrôle seulement sur les soumis. Les degrés de dominance varient bien sûr pour chaque individu et peu importe la caste à laquelle il est rattaché. Les soumis, quant à eux, obéissent aux ordres. Les femelles sont gardées là aussi pour la reproduction, mais à la différence des alphas qui ne se reproduisent qu’entre eux, les bêtas auront plusieurs partenaires, la seule condition est que le mâle soit un dominant. Les mâles dominants seront gardés pour être des soldats comme chez les alphas, tandis que les mâles soumis seront des gardiens ou des esclaves en fonction du don qu’ils auront.
3) Les omégas : Ceux-là sont une caste un peu particulière, ils servent principalement à faire évacuer la tension qu’il peut y avoir entre dominants. Il arrive également qu’ils servent de souffre-douleur aux autres, car leurs dons sont considérés comme les plus inutiles, car ils ont pour la plupart des dons de soutien pour renforcer la défense physique. Les femelles de cette caste serviront comme pour les bêtas. Les omégas possèdent également un cycle de chaleur comme les animaux. C’est dans ce rare moment que les omégas approchent les alphas, car il y a plus de chance de concevoir un Lunari de sang pur et alpha.
— Hum, donc Riri est un soumis. Hahaha, je ne l’aurais pas cru, mais si tu es un gardien…
— Tais-toi, je ne suis pas soumis. Je suis un sang-mêlé bêta dominant qui, pour les besoins de notre cause, se fait passer pour un soumis. J’ai plus de liberté ainsi. Donc écoute le reste.

Attention, il existe quelques exceptions parmi les plus faibles qui les rendent pour le coup indispensables : il s’agit des rares Lunari qui ont le don de guérison. Tous les Lunari peuvent guérir de leur blessure sauf mortelle, bien sûr, mais ces guérisons peuvent prendre énormément de temps. Cependant, les Lunari qui sont capables du don de guérison peuvent soigner les blessures des autres Lunari, chaque être a sa propre technique pour ce faire, mais on voit une guérison immédiate, les blessures se soignent entre cinq et trente minutes environ.

Il y a une contrepartie pour le guérisseur, l’énergie qu’il devra utiliser étant très varié en fonction des utilisateurs et de leur caste, celui-ci peut mettre entre deux heures et huit heures avant de récupérer entièrement et de pouvoir être à nouveau capable de soigner quelqu’un.

— OK, je vois un peu comment ça fonctionne, mais comment ça se fait que les alphas s’endorment après ?
— Tout ce que je sais, c’est qu’ils s’endorment après avoir bais… Tu sais quoi, tu es encore trop jeune pour comprendre ça.
— Riri… Tu peux le dire le mot : c’est baiser ! J’étais enfermé dans une cellule, pas dans un couvent. Mais ça n’explique pas pourquoi pendant trois jours.
— C’est parce qu’ils font ça pendant une semaine, répondit la vieille dame.
— Sérieux ?! Ce n’est pas possible, leur partenaire, il est…
— Stop, tu es une gosse, on ne va pas parler de ça avec toi. Maintenant, écoute plutôt le reste de l’histoire.

Rick continua ainsi toute l’après-midi et une grande partie de la soirée à expliquer tout ce qu’il pouvait nous dire sur ce lieu maudit : sa structure, sa composition, les rondes… Je restais ainsi dans mes pensées sans rien dire pendant que les autres parlaient de stratégies à adopter afin de détruire cet endroit et de sauver le plus de monde possible.

J’appris également au cours de la soirée que les gens vivant ici s’appelaient des sylvestres, ce peuple vénérait la nature. Ils n’étaient pas des combattants, mais des pacifistes qui n’hésitent jamais à aider autrui. Il y avait une condition à laquelle personne ne cédait, se battre. Il était interdit de se battre dans cette forêt, car si un sylvestre était blessé, la forêt elle-même tuerait tous ceux qui ne sont pas du peuple sylvestre, qu’ils soient ami ou ennemi de base.

Rick décréta qu’il était tard et que nous devrions tous aller dormir, car demain une longue journée nous attendait ainsi que d’autres explications. Une jeune Sylvestre m’emmena jusqu’à une chambre de la maison, et silencieusement repartit, me laissant seule. La chambre était comme je l’avais toujours rêvé, un vrai lit avec un sommier en bois, un petit matelas rembourré de paille qui le rendait moelleux et non désagréable, une couverture en peau de bête pour avoir chaud. Je m’allongeai sur le lit fatigué de la marche et de toutes ses informations.

Je tournai la tête et vis, sur une petite table en bois près du lit, un pot de fleurs. Celle-ci sentait bon et leur odeur apaisait mon corps et mon esprit endolori par tout ce qui m’était arrivé jusque-là. Je cherchai du regard comment éteindre la lumière, mais je ne vis rien, pas de lampe et pas de bougies, alors comment cette chambre pouvait-elle être éclairée ?

Je cherchais en regardant partout et là j’observai, au plafond, de petites lucioles agglutinées les unes aux autres formées comme un lustre, une douce lumière. Je me rallongeai dans le lit et je vis les lucioles baisser leur lumière comme si elles sentaient mon besoin de sommeil. Elles s’éteignirent sans que j’aie à dire ou à faire quoi que ce soit. Et lorsque mes paupières se fermèrent, je me laissai aller dans les bras de Morphée.

Chapitre 4

Tout était noir autour de moi, puis ça commença à s’éclairer et je vis alors un visage. Celui d’une belle femme, ses cheveux bruns cachant une partie de son visage. Son corps tremblait, sa peau hâlée avait des zones couvertes de bleues. Ses yeux noirs étaient intenses, mais il n’y avait ni peur ni inquiétude, elle savait où elle était et se sentait plutôt résigner. Ses mains et ses pieds ligotés lui faisaient mal, mais il ne montra pas sa douleur.