Ma Rose - Rose Noire - E-Book

Ma Rose E-Book

Rose Noire

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Beschreibung

"Ma Rose" retranscrit le parcours personnel de l’auteur, abordant à la fois son homosexualité et sa surdité sous la forme d’un essai. Il interroge la société contemporaine et l’éducation, qu’elle soit parentale, institutionnelle, culturelle ou médiatique. L’ouvrage traite également de nombreux sujets essentiels dans la vie d’une personne malentendante et homosexuelle, tels que l’errance médicale, le harcèlement, le coming out.




À PROPOS DE L'AUTEUR

Fasciné par les histoires depuis son enfance, Rose Noire a toujours cherché à allier fantaisie et beauté. Sa passion pour les œuvres de Baudelaire et Rimbaud l’a conduit à exprimer le sublime à travers la nature, les émotions et les questions sociétales. Convaincu que la poésie est un art qui capture un instant dans le temps ou interroge l’éternité, il a créé La "Rose Noire" pour symboliser le deuil d’un monde sans art.

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Rose Noire

Ma Rose

© Lys Bleu Éditions – Rose Noire

ISBN : 979-10-422-4138-4

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Prologue

Je suis vieux, j’ai dix-huit ans. Enfin, vieux ou non, on a toujours des histoires à raconter même lorsqu’elles passent par un silence. En parlant de silence, connaissez-vous l’expression « le monde du silence » pour désigner le monde des sourds ? Si vous ne le saviez pas, des insolents nomment le monde des sourds « monde du silence ».

Je suis malentendant. Je n’entends pas bien, mais pas assez mal pour être qualifié de « sourd profond ». Et pourtant, je suis sourd ! Êtes-vous entendant ? Si vous entendez très bien, je vais vous appeler les « entendants profonds ». Dans la communauté des sourds, certains vous appellent comme ça pour rigoler, humour de sourd. Du haut de mes 18 ans, je n’ai jamais vécu dans le « monde du silence ». J’ai suivi un parcours scolaire comme la majorité des enfants, entouré d’entendants. Je n’ai jamais eu d’amis sourds avant mon année de première au lycée. Avec mes appareils auditifs, mon audition est équivalente à celle d’un entendant donc on peut considérer ce handicap comme un handicap invisible. Néanmoins, je fournis des efforts constants pour entendre et, pour tout comprendre, je lis sur les lèvres.

J’ai entamé la rédaction de cet ouvrage en 2021, en pleine crise du Covid. Je devrais écrire « de la Covid »… mais les conventions ne me conviennent pas. Parfois, elles sont laides, donc je les embellis. Et puis, au masculin, c’est mieux. Après tout, le Covid est un virus semblable aux hommes : on ne s’en débarrasse qu’après avoir souffert, on y est attaché sans savoir comment et lorsqu’on ne s’en débarrasse pas, on finit avec. Oui, je n’aime pas les hommes bien qu’ils m’attirent plus que les femmes. Voici l’autre aspect dont je vais parler dans ce livre : mon amour pour les hommes alors que j’en suis un.

Je vais vous raconter deux parallèles de ma vie. Je le ferai à travers le silence de la littérature puisqu’il me demande moins d’effort que de le faire à l’oral. Ainsi, je dépeindrai mon parcours de sourd et d’homosexuel.

J’écris sans mesurer mes mots, je balance des vérités générales qui sont à réfléchir, pas à prendre pour vérité absolue. Certains ont la fâcheuse manie de ne jurer que par les auteurs en empruntant leurs mots pour servir leurs idées personnelles. Beaucoup d’hommes politiques le font, mais le font mal. Je ne sers personne par mon vécu, je le réfléchis.

Heureusement, malgré beaucoup de tares dans la société actuelle, certains écoutent les revendications de la communauté LGBT ou de la communauté des sourds. Je parle de communauté, car les hommes ont toujours besoin de marquer les différences de chacun et de se regrouper par communautés de différences. Les Blancs sont communautaires, les Noirs le sont, les religieux le sont, les Asiatiques le sont également et la liste est encore longue, ainsi, il existe même des communautés par territoires. Le terme de communauté que j’utilise, dès le début, est sciemment employé. Je ne parle pas de communautés exclusives comme des sectes, mais de groupes d’appartenance qui permettent à des personnes de reconnaître en quelqu’un d’autre un alter ego. Si certains seront rigoureux sur le terme qui semble fractionner un plus grand groupe comme une nation, je parlerai d’autant plus de communauté à différentes échelles. En prenant l’exemple de la communauté française et ceux qui se revendiquaient « vrais Français », nous voyons une tendance à exiger un devoir d’intégration, de mimétisme à ce cercle communautaire pour des personnes qui ne viennent pas directement de la France et qui n’adoptent pas les mêmes mœurs communautaires. Finalement, il y a des communautés à grandes échelles comme celles que l’on retrouve à l’échelle nationale, puis de plus petites par groupe d’appartenance politique, religieuse, ethnique et j’en passe. En résumé, l’humain est un animal social qui a besoin de vivre en communauté et il est obligé de s’y conformer pour se reconnaître en autrui. Il s’agit du principe de rassemblement de personnes autour d’un même mythe pour former une configuration sociale.

Ce livre est le développement d’une expérience personnelle ainsi que d’une pensée critique à l’égard de la société occidentale. Il permet de comprendre, partiellement seulement, ce que peuvent ressentir certaines personnes LGBT ou encore certaines personnes sourdes.

En premier lieu, je développerai des idées à propos de l’éducation qui me semble être majoritairement à l’origine des stigmatisations et des violences. Ensuite, je raconterai mon parcours pour savoir comment j’ai pris conscience de mon homosexualité et comment j’ai su que j’étais sourd. Puis, je détaillerai quels ont été les difficultés ou les obstacles que j’ai rencontrés. Enfin, je partagerai mon regard sur la société dans laquelle nous sommes à travers divers angles d’approche, en m’intéressant par exemple aux médias ou à la religion.

Le savoir-vivre

Il y a quelque temps, au moment où j’écris, les thérapies de conversion étaient autorisées en France et on torturait des personnes pour qu’elles soient à l’image souhaitée par la famille.

Je l’écris dans un silence haut et fort, on naît pour vivre notre vie, pas celle que veulent les autres ! Je m’adresse à ceux qui souhaitent être parents cette fois-ci. Ne faites pas d’enfants si c’est pour les détruire après. Un enfant n’est pas un jouet que l’on façonne à notre guise, et ce, depuis la naissance. Le voir grandir, l’éduquer, lui donner de l’amour ne vous donne aucun droit sur son libre arbitre ni même sur ce qu’il est et veut devenir. C’est votre devoir et votre responsabilité de lui donner ce dont il a besoin.

Il y a environ un mois, lorsque j’ai commencé ce livre, des personnes de ma famille me disaient de ne pas mettre de vernis à ongles ni de bagues parce que je suis un garçon. Pourtant, lorsque l’on regarde l’utilité de ces produits, le vernis sert à vernir des ongles et les bagues à accessoiriser les doigts, pas seulement ceux des filles. De même, on se sert du maquillage dans de nombreuses cultures du monde pour s’embellir et, par le passé en France, les nobles et le roi se maquillaient.

Ne laissez donc personne vous dire ce que vous avez à faire de vous-même car, dès lors, vous pouvez intégrer qu’il est « normal » de faire ci pour des garçons, « normal » de faire ça pour des filles. En intégrant ces idées, vous vous enfermez dans des cases qui sont les origines de la stigmatisation dont je parle. Maintenant, si je pousse ma réflexion plus loin, remplacez « il est normal pour une fille de faire ça » par « il est normal pour un Noir de faire ci, il est normal pour un Asiatique de faire ça ». Il y a des connotations qui, à mon sens, paraissent dangereuses au niveau de la stigmatisation ou des amalgames que l’on peut faire avec. Si on essaie, cela donne : « La place de la femme, c’est à la cuisine » qui devient « La place du Noir, c’est à la cuisine ». Je crois, sans exagérer, que ces phrases posent un problème éthique grave.

Évidemment, il existe des règles correspondant à ce qu’on appelle le « savoir-vivre ». N’interprétez pas mal ce que j’écris, nous ne pouvons pas nous permettre de tout faire. Il y a des limites morales et légales à ne pas dépasser. Cependant, tant que vous ne faites de mal à personne, vous pouvez faire ce que vous voulez. Du moins, c’est ce que je pense être la liberté fondamentale et qui est légitime. Qu’est-ce que le savoir-vivre finalement ? Il reprend un ensemble de règles qui nous permettent de vivre en société en nous privant des actions immorales ou des actions pouvant entraver la liberté des autres.

Quand j’étais petit, on me disait toujours ce que je devais faire ou ne pas faire en public. La politesse, c’est du savoir-vivre. Nos libertés sont contraintes par le vivre-ensemble qui nous apporte en retour la sphère affective et sociale dont l’être humain semble nécessiter. La politesse et le respect des goûts de chacun doivent aller de pair. Dans certaines éducations, le savoir-vivre ne s’accorde pas avec le respect de ces goûts personnels.

Je me rappelle une sortie durant laquelle j’ai eu peur d’un punk avec une crête bleue, des piercings de partout et plein de tatouages. Cela était lié à certains aspects de mon éducation qui me faisaient appliquer des stéréotypes sur cet individu. Maintenant que j’ai réfléchi et pris du recul sur cette éducation, j’ai des amis tatoués, aux cheveux colorés ou avec des piercings. Pourquoi ai-je craint cet homme pas plus dangereux qu’un agneau ? Parce que j’ai été mal éduqué en ayant reçu tout un tas d’idées, d’opinions, de stéréotypes et de préjugés qui ne sont pas fidèles au réel.

Sachez, chers parents qui lisent ces lignes, que la peur de l’inconnu est normale, c’est peut-être même dans nos gènes, comme une réaction primaire pour se protéger. Cependant, vous pouvez choisir de rester à l’état primitif ou d’évoluer. On a bien appris à dompter le feu, pourquoi pas nos peurs de l’autre ? Apprenez à vos enfants à aimer, c’est une force qui dépasse toutes les peurs et toutes les haines.

La catégorisation de tenues ou d’attitudes à avoir selon son sexe a créé des limites et des barrières en société qui stigmatisent souvent les personnes qui les franchissent. Pourtant, chacun est censé être libre de pouvoir mettre ce qu’il veut, tant que cela ne vient pas obstruer la liberté d’autrui. Comme disait John Stuart Mill, inspiré des philosophes des lumières : « Notre liberté s’arrête là où celle des autres commence. »

Les personnes qui imposent aux autres ce qu’ils ont à faire de leurs corps et qui utilisent leur « liberté d’expression » dépassent le stade de liberté d’expression et la transforment en oppression ou autoritarisme infondé. Ce sont des individus qui ne maîtrisent pas le savoir-vivre et qui rendent le lien social fragile.

Les esprits nébuleux

J’ai souvent entendu dire que si des homosexuels se faisaient agresser c’est parce qu’ils « provoquent » dans leur façon de s’habiller. Lorsque j’avais 15 ans, j’ai subi une agression homophobe. Contre toute attente, je n’avais ni vernis, ni bague, ni maquillage quand j’ai connu mon agresseur. Figurez-vous donc que vos enfants ne seront protégés de rien si vous les empêchez de vivre. Laissez-les en paix.

Personnellement, depuis que je suis maquillé, que mes ongles sont vernis, que mes doigts sont ornés de bagues et que je porte une boucle d’oreille, je n’ai pas subi d’autre agression physique. L’argument selon lequel on n’attire les violences que si on « provoque » ne tient pas la route. C’est du même degré d’idiotie que les personnes qui pensent que la tenue de la fille justifie qu’elle se soit fait violer.

En revanche, il existe bien des endroits où s’assumer et s’afficher peut devenir dangereux, car ils regroupent certaines personnes dont l’esprit est mal éduqué et qui entraînent diverses violences. Je ne me baladerai pas avec du vernis dans les quartiers où beaucoup d’homosexuels se sont fait agresser. Je ne conseillerais pas non plus à une fille de sortir dans la rue quand il n’y a personne et qu’il fait nuit. Il y a des êtres, soit très mal éduqués, soit détraqués qui rôdent dehors. Je parle d’êtres, car j’ai du mal à comprendre leur humanité. Je précise dehors pour ceux qui n’ont aucun problème chez eux. Néanmoins, il serait absurde de nier que le problème ne puisse pas venir de la famille. Certains peuvent se sentir en danger chez eux, et leur maison n’est pas un foyer chaleureux où tous ont reçu une éducation qui permet l’harmonie.

Bien sûr, l’éducation ne fait pas tout. Chacun a son histoire, ses déviances, ses défauts, ses pulsions malsaines. On peut discerner ce qui tient de l’éducation et ce qui tient des failles que nos histoires ont pu créer. Certains dérivent malgré eux dans des troubles psychiatriques, d’autres dans des dépendances à l’alcool qui les font changer. Je ne cite que deux raisons parmi tant d’autres qui font qu’ils deviennent des personnes pouvant potentiellement être dangereuses pour les autres, sans que la famille y soit pour quelque chose.

Lorsque l’éducation est bancale, c’est souvent à cause d’un tabou. Là où on ne pose pas les mots et où règne le silence, là où il y a une absence de sens, ici, il y aura des désordres. Ne rien expliquer aux enfants, c’est trahir la relation de confiance entre un parent et sa progéniture. Certains acceptent plus facilement les violences du silence que d’autres, mais cela n’empêche pas que cela reste une violence que je condamne.

Dans l’éducation, la sexualité ne devrait pas être un sujet tabou. Les enfants ou adolescents ont tendance à se poser des questions ; vous-même, souvenez-vous de vos jeunes années. Ils vont donc s’intéresser à ces sujets, tôt ou tard, mais s’informer n’est pas toujours facile et on peut ne pas tout savoir sur des aspects, pourtant essentiels, de la sexualité. Le rôle des parents et de prévenir sur ces choses-là.

Bien évidemment, il y a différentes formes d’éducation. Il n’existe pas un seul modèle qui soit le modèle unique d’excellence. Après tout, s’il y avait un guide tout fait pour être des parents parfaits, cela se saurait. En revanche, paradoxalement, nous savons quelles missions les parents ont à accomplir a minima. Donner de l’amour à leur enfant, le loger, le nourrir, l’occuper, l’éduquer aux règles sociales font partie de ces missions que doit respecter un parent. Nous savons aussi définir, à partir de ces missions, ce qu’est un parent ignoble.

Par ailleurs, quelqu’un de moins bien éduqué peut très bien se comporter dans la mesure où il aura réfléchi sur son éducation et en aura compris les failles ou les tares. Il n’existe pas de fatalité, simplement des influences plus fortes que d’autres.

Le rôle de l’éducation est donc d’améliorer la vie de l’enfant, de promouvoir son autonomie, de lui faire découvrir ses goûts, ses points faibles, ses forces et de lui donner suffisamment d’amour pour que son estime de lui-même grandisse de façon saine. Son rôle est également de prévenir, de communiquer sur tous les actes potentiellement dangereux pour l’enfant ou pour les autres quand les actes mortifères viennent de ce dernier . Il faut lui apprendre à ne pas se bagarrer avec autrui, à respecter les autres, à ne pas céder à certaines émotions très violentes qui peuvent finir par détruire. C’est de ça dont il faut prémunir les enfants, pas de la diversité des goûts ou de l’originalité de chacun. La vie est une suffisamment rude épreuve pour avoir des règles contraignantes supplémentaires qui engendrent la peur ou la haine. Entre la peur et la haine, je le dis, il n’y a qu’une fine frontière. La mission de l’éducation est de privilégier l’amour à la peur et de permettre un monde plus harmonieux.

Violences homophobes

Pour en revenir à moi et donner un exemple de ce que peut donner une mauvaise éducation, je vais vous parler de l’agression homophobe que j’ai mentionnée précédemment.

Mon agresseur était un magnifique garçon de 17 ans qui venait d’Andorre. J’étais en Irlande durant l’été de seconde à première, à l’occasion d’un séjour linguistique. Toute la première semaine s’était passée à merveille : ma famille d’accueil était géniale, les personnes du groupe l’étaient aussi, tout comme ce beau brun. J’avais des cours d’anglais tous les matins à 9 h. Le mardi de la deuxième semaine, ce matin-là, ce rapace m’attendait en me bloquant le passage dans les escaliers. Il avait un regard à la fois triste, dégoûté et haineux, mais il souriait, content de m’embêter. Je suis du genre à avoir du répondant et je ne me laisse jamais faire. Je l’ai donc bousculé dans les escaliers, mais il s’est rattrapé à la rampe, m’a bondi dessus, m’a pris par le cou, m’a soulevé et plaqué contre le mur derrière moi avec un regard fielleux que je n’oublierai jamais et que je revois encore. Je l’ai regardé droit dans les yeux, avec mon regard le plus glacial possible, pour ne pas perdre contenance et lui ai répété trois fois « lâche-moi ». Une jeune fille de 13 ans, qui assistait à la scène, s’est mise à crier son nom pour qu’il arrête. Il m’a insulté de « sale pédé » en me lâchant. Sa serre d’aigle à mon cou est une sensation qui m’a pétrifié, mais je n’ai rien laissé paraître et j’ai essayé de rassurer tous ceux qui ont été mis au courant.

Chers parents, éduquez vos enfants pour qu’ils n’agressent pas, voire ne harcèlent pas, leurs camarades. Voyez-vous, s’il ne m’avait pas lâché, je me serai battu pour me défendre et, costaud comme il était, on aurait eu l’un de nous deux à l’hôpital, ou possiblement les deux…

Cette anecdote est importante à retenir parce que ce n’est pas la seule histoire qui met en avant certains problèmes ou blessures que l’on peut rencontrer exclusivement lorsqu’on est homosexuel. Aucun hétéro ne va se faire insulter de « sale pédé », ni même se faire étrangler contre un mur pour son orientation sexuelle. Avant de développer les autres difficultés liées à mon homosexualité, comme je l’ai énoncé dans le prologue, reprenons dans l’ordre chronologique.

Comment ai-je su que j’étais homosexuel ? Quand m’en suis-je rendu compte ? Et, y avait-il des choses de mon enfance qui laissaient paraître un préambule ?

Les signes avant-coureurs

Ce qu’il faut savoir, c’est que je n’ai jamais été un enfant stable, en partie à cause de mon audition. Sur ce point, j’y reviendrai plus tard. Lorsque j’étais petit, je regardais beaucoup de dessins animés. À 4 ans, je me souviens avoir été fan de Popeye. Mais, à 4 ans, j’étais attiré par un géant à deux têtes que Popeye avait vaincu à coup de poing après avoir mangé des épinards. Je me souviens de ce détail, car j’étais mal à l’aise, j’avais envie d’aller aux toilettes et j’étais dans un cinéma qui repassait les vieux dessins animés. Je n’en ai parlé à personne. C’est normal, mes attirances, ça me regarde. Mais, ce géant avait eu une puissance d’attraction sur moi par, je ne sais quelle diablerie.

Lorsque j’ai vu Aladin pour la deuxième fois avec mes appareils, j’ai enfin compris l’histoire, puisqu’avant, je ne faisais que regarder des images et imaginer des scénarios avec. Je voulais qu’Aladin m’emmène sur son tapis. Je voulais des câlins de sa part au milieu des nuages et écouter sa belle voix grave me chanter des chansons d’amour.

Là sont les signes qui, pour moi, révélaient mon désir pour les hommes lorsque je fouille dans ma mémoire. Ce qui est amusant, c’est qu’on me demandait toujours « Es-tu amoureux d’une fille ? » et je répondais que j’étais amoureux de ma meilleure amie. En réalité, je ne l’aimais pas, je l’admirais. Pendant longtemps, elle était comme un phare dans la nuit pour moi.

Avant, je ne connaissais la notion d’homosexualité que parce que ma mère avait des amis homosexuels. Ils étaient adorables avec moi, mais, en parallèle, je ne m’associais pas à l’homosexualité, car je ne connaissais que leur image, que cette représentation. Je parlerai des difficultés de représentation plus tard dans le livre lorsque j’aborderai la partie sur toutes les difficultés. Je parlerai du moment où j’ai mis des mots sur ce ressenti dans mon prochain chapitre.

La prise de conscience

J’ai véritablement pris conscience de mon homosexualité en 6ᵉ. Vous savez les hormones, la découverte de sa sexualité, de ses désirs… Je l’ai vite compris lorsque dans les vestiaires des garçons, j’en fixais un et j’avais extrêmement chaud dès qu’il se déshabillait.