Mal de mère - Marie-Françoise Rabin - E-Book

Mal de mère E-Book

Marie-Françoise Rabin

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Beschreibung

Immersion dans la complexité des relations mère-fille

Marie est née un après-midi pluvieux, le cordon ombilical autour du cou. La peur passée, elle sera délivrée d’un coup de ciseau qui lui laissera une marque indélébile sur la peau. Sa mère, Christiane, ne désirait pas cet enfant, prisonnière d’un mariage ennuyeux, et déjà maman d’une fille à qui elle donnait tout son amour. Leur relation sera pourtant fusionnelle, bien qu’orageuse.

Christiane s’emporte facilement, jette tout ce qui passe à sa portée, et en veut à la famille qu’elle a construite d’être la cause de son malheur. A côté, Marie grandit, étudie, trouve un travail, se marie… La vie entrecoupée de drames et d’instants de joie, elle connaîtra l’adoption, le deuil, la violence, le divorce… mais aussi l’inscription sur un site de rencontre, preuve que les temps changent.

Découvrez le témoignage bouleversant d’une famille presque ordinaire, où les femmes se battent jusqu’au bout pour accéder à une seule chose : le bonheur.

EXTRAIT

Sa mère ne travaillait pas. Quand Christiane s’était mariée, elle était restée à la maison puis s’était occupée de ses enfants à plein temps. Sa grand-mère paternelle habitait près de Paimpol et la famille allait souvent la voir quand son père rentrait de ses longs voyages : travaillant sur un pétrolier, il s’absentait à peu près six mois pour revenir trois mois à la maison. Quand il partait, Marie avait l’impression qu’il n’allait jamais revenir et quand il était là, il restait indifférent. Jamais il ne regardait les carnets scolaires, ne demandait à ses enfants comment s’était passée la journée. Marie voyait son père désœuvré, ne prenant aucune décision ni aucun avis concernant la vie quotidienne. Il s’en allait alors toute la journée se promener dans Paris ou ailleurs, rendait visite aux collègues travaillant dans les bureaux de sa compagnie maritime. Il revenait le soir content de sa journée mais reprenait bien vite son masque d’indifférence, muet et statique, ailleurs…
Sa mère restait seul maître à bord du vaisseau familial. Christiane et Yves ne s’entendaient déjà plus.

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Marie-FrançoiseRabin

Mal de mère

à ma mère que je ne cesserai jamais d’aimer.

Le vent soufflait très fort mais il faisait doux. Ce temps qui marquait l’enfance de Marie. Souvent, une bruine venait l’accompagner et, malgré la faible densité des gouttes d’eau, les promeneurs se retrouvaient trempés en rentrant chez eux. Et puis, il y avait ces senteurs marines qui remplissaient leurs narines de contentement. En fermant leurs yeux, ils entendaient presque le bruit des vagues et le chant des mouettes qui venaient les bercer.

Brest était au bout du bout du monde, à mille lieues de la France, bien protégé par cette Bretagne qui se voulait indépendante et maculait de goudron les panneaux de signalisation écrits en français. Alan Stivell était chanté dans les Fest-Noz et adulé par cette jeunesse fière d’appartenir à une caste.

La dernière guerre avait défiguré cette ville et sa reconstruction s’était réalisée en damiers tristes et sévères : lignes bien droites, angles parfaits entre les rues horizontales et verticales si l’on plaquait son plan sur le mur. Sa rade était militaire et la Jeanne en avait fait son royaume vénéré par les soldats et la population qui ne rataient pour rien au monde son départ et son arrivée de tour du monde.

Son vélo bleu trainait à ses pieds et ses genoux ressemblaient à deux gros cratères couverts de Mercurochrome. Ses écorchures n’avaient jamais le temps de cicatriser avant la chute suivante. C’était ainsi, elle était maladroite. Sa mère disait parfois qu’elle ressemblait à un garçon manqué mais elle ne savait pas si c’était un compliment ou un pique qu’elle lui envoyait négligemment. Bientôt elle aurait 7 ans. On lui avait dit que c’était l’âge de raison mais elle ne savait pas trop ce que cela impliquait.

Elle avait fini de faire du vélo pour aujourd’hui et elle se contentait de regarder ses copains de jeu avec envie.

Il faut dire que la cour du Stella qui jouxtait la salle des fêtes, ancien cinéma de quartier, était l’endroit idéal pour ses tours et détours. Ses compagnons et elle y restaient parfois l’après-midi entier du jeudi et la rue résonnait de leurs cris d’enfants. Ils la consolaient de sa tristesse et de son ennui. Ce quartier paraissait si figé, si gris et comme il lui était bon de rire sur son vélo, fidèle compagnon. Quelquefois, elle jouait dans le jardin de sa maison et invitait ses voisins à pédaler en rond. Jamais ils n’avaient mal au cœur, occupés à compter afin que nul ne soit pénalisé. Ils commençaient par zéro qui comptait pour un tour. Les subtilités du calcul ne leur avaient pas encore dicté ses lois et jamais elles ne le feraient pour elle.

Son frère et sa sœur continuaient de crier et de pédaler le plus vite possible. Il y avait un préau avec une marche sur un côté de la cour et il fallait arriver à voler le plus loin possible après avoir décollé sur cette fameuse marche qui rétrécissait au fur et à mesure que les enfants grandissaient.

Marie aimait sa maison au numéro 8 de la rue Claude-Goasdoué. Sa famille venait d’y emménager à Brest alors qu’elle habitait auparavant un appartement à Saint-Brieuc. Elle avait quitté son ancienne chambre à regret mais appréciait que sa sœur la partage à nouveau avec elle. Sa présence la rassurait. Mais Armelle n’était pas de cet avis et lui reprochait de ne pas avoir de coin à elle seule. Marie voulait tant lui ressembler. Armelle était aussi blonde et jolie qu’elle brune et commune. Leur mère l’avait prise pour confidente et, alors que les deux sœurs n’avaient que 20 mois d’écart, l’aînée traitait sa cadette de « petite » à chaque occasion.

En face de la maison, vivait une famille de six enfants, trois garçons et trois filles, dont des jumelles de son âge. Michelle et Jeannette se ressemblaient tant qu’au début, Marie avait cru qu’elles ne formaient qu’une et ne comprenait pas pourquoi l’une paraissait ne pas savoir ce qu’elle avait confié à l’autre la fois précédente. Rosa était l’aînée et avait le même âge qu’Armelle. Elles jouaient souvent avec Marie-Line, la voisine de la maison d’à côté qui passait sa tête dans le jardin. Elle avait un frère adulte déjà et comptait sur ses amies pour occuper ses longs week-ends solitaires. Marie ne s’intéressait guère aux trois garçons d’en face. Ils étaient plus petits et Denis, le dernier, avait une petite voix et se précipitait dans les jupes de sa mère dès que quelqu’un l’embêtait. Il n’avait même pas le droit de s’envoler sur la marche du Stella. Quand les garçons allaient chez le coiffeur, ils revenaient quasiment rasés. C’était soi-disant pour faire des économies… Avec Michelle et Jeannette, il fallait faire attention à leurs jouets et partager les bonbons.

La maman d’en face recouvrait ses habits d’une blouse et tenait un torchon à la main. Lorsque Marie allait dans cette maison, les enfants devaient s’asseoir dans la cuisine pour qu’ils apprennent à recoudre un bouton. Quelle drôle d’idée ! Et il ne fallait pas rigoler car les travaux d’aiguille étaient inspectés scrupuleusement. Gare à ceux dont les boutons étaient emberlificotés dans le fil !

Comme Marie était née en début d’année, elle avait redoublé la grande section de maternelle à Saint-Brieuc. Les instituteurs avaient alors essayé de la mettre en CP mais, comme c’était le clown de la classe, ils avaient préféré la remettre en maternelle.

Quand elle pensait à l’école, la nausée lui venait. Elle avait HORREUR de ça ! Il faut dire qu’elle n’arrivait pas à apprendre à lire et à écrire. Les autres élèves de sa classe y parvenaient plus ou moins sauf elle. Quand la maîtresse la faisait lire, elle se mettait à transpirer, à perdre à l’avance ses moyens. Rougissant, elle passait un temps infini à essayer de déchiffrer les lettres qui s’assemblaient d’une façon incompréhensible pour faire un son différent. Après avoir ânonné, elle restait plusieurs secondes qui lui paraissaient des heures sur la moindre petite ponctuation qui la sauvait momentanément. Les élèves se mettaient alors à rigoler et la maîtresse à s’énerver, se résigner puis passer à l’enfant suivant, à son immense soulagement.

Pour la dictée, c’était pareil. Comment pouvait-on se souvenir de ces mots qui avaient des orthographes si différentes ? Là aussi, elle perdait ses moyens.

Un jour, la vengeance avait sonné. Sachant qu’en rentrant dans sa classe, le premier geste de l’institutrice était de prendre une craie dans une boîte située près du tableau, Marie y avait glissé subrepticement une araignée en plastique. Juste après la cloche, un horrible cri avait réveillé l’école entière ce matin-là. Mais la coupable fut très vite démasquée et punie de façon mémorable, ce qui ne la changea guère car elle était habituée aux gifles de cette redoutable enseignante qui était également la directrice de l’école.

À la maison non plus, ce n’était pas drôle au moment des devoirs. Sa mère restait des heures à essayer de la faire lire quelques mots, sans plus de succès. « Comment fait la vache ? », « Meuh ! » Elle lui montrait alors la lettre « M ». Mais cela ne faisait aucun écho ; puis, elle s’énervait et finissait par lui donner une claque qui ne lui faisait pas très mal mais la remplissait de honte.

Armelle n’avait pas de mal à lire ni à écrire. Quand leur mère lui demandait de faire la lecture, les mots glissaient de sa bouche et l’histoire avait un sens. C’était magique. Ne relisant sa dictée qu’une fois, elle rapportait de très bonnes notes. Quant à son frère Jules, il était encore à la maternelle mais se débrouillait déjà pas mal.

Auparavant, à Saint-Brieuc, tout allait bien. L’école maternelle de Marie était très jolie et les maîtresses n’étaient pas si sévères. Elle pouvait rigoler en classe. Sa mère l’avait inscrite à un cours de gym et elle adorait ça. Les barres parallèles étaient ses préférées. Marie n’avait pas peur de voler dans les airs avec la prof qui la tenait fermement. Armelle n’était pas très gaillarde pour la gym. Alors, elle avait l’impression d’être un peu son égale.

Quand les cours étaient terminés, c’était souvent Madame Van den Bruck qui venait chercher les enfants à l’école. Puis elle restait un peu et apprenait à Marie à dessiner des fleurs, des oiseaux, en préparant le repas. Un jour, elle l’avait emmenée dans un magasin pour faire les courses et lui avait dit de l’attendre au même endroit. Mais ne la voyant pas revenir, Marie s’était mise à pleurer et un membre du personnel l’avait ramenée à l’accueil. Madame Van den Bruck était alors arrivée avec ses cabas et sa forte corpulence en slalomant entre les rayons pour venir la rejoindre l’air inquiet. Cette attention avait beaucoup touché Marie, peu habituée à ces marques d’affection.

Marie aimait beaucoup le chemin qui menait de la maison à l’école maternelle. Quand sa mère venait la chercher, elle prenait la voiture et raccompagnait en même temps une camarade de classe. Leur chien Love trônait sur la banquette arrière. Lors d’un trajet, Julie, qui avait très peur des chiens et plus particulièrement de celui-là, fut prise de terreur et ouvrit la portière. Marie tomba alors lourdement sur la chaussée pendant que la voiture roulait. Ce fut les yeux affolés de sa mère courant vers elle en laissant la voiture et ses occupants au milieu du pont qui lui firent réaliser le danger et non la chute trop rapide. Mais elle était saine et sauve et l’attention qu’on lui avait alors portée valait bien quelques bleus sur sa cuisse.

Sa mère ne travaillait pas. Quand Christiane s’était mariée, elle était restée à la maison puis s’était occupée de ses enfants à plein temps. Sa grand-mère paternelle habitait près de Paimpol et la famille allait souvent la voir quand son père rentrait de ses longs voyages : travaillant sur un pétrolier, il s’absentait à peu près six mois pour revenir trois mois à la maison. Quand il partait, Marie avait l’impression qu’il n’allait jamais revenir et quand il était là, il restait indifférent. Jamais il ne regardait les carnets scolaires, ne demandait à ses enfants comment s’était passée la journée. Marie voyait son père désœuvré, ne prenant aucune décision ni aucun avis concernant la vie quotidienne. Il s’en allait alors toute la journée se promener dans Paris ou ailleurs, rendait visite aux collègues travaillant dans les bureaux de sa compagnie maritime. Il revenait le soir content de sa journée mais reprenait bien vite son masque d’indifférence, muet et statique, ailleurs…

Sa mère restait seul maître à bord du vaisseau familial. Christiane et Yves ne s’entendaient déjà plus.

Christiane n’aimait pas aller voir sa belle-mère. Pourtant, Marie adorait sa maison imposante. Elle y jouait souvent en compagnie de ses cousins et cousines dans les champs environnants. Un univers entier s’ouvrait alors avec des poules, des canards, les prairies, et plein de recoins. Christiane la laissait jouer mais il ne fallait pas se salir. Marie n’y arrivait jamais. Les yeux de sa mère devenaient alors réprobateurs ce qui n’augurait rien de bon vu que celle-ci avait déjà passé une mauvaise journée dans une maison où elle n’était pas non plus la bienvenue.

Un après-midi d’été, Marie et Armelle jouaient près de l’abreuvoir dans le jardin. Des papillons voletaient autour d’elles que chacune essayait d’attraper, sans grand succès. Leurs jolies robes du dimanche confectionnées par leur grand-mère leur donnaient des airs de petites filles modèles. Des cris les avaient alors alertés et, se rapprochant de la porte d’entrée, elles ont entendu Christiane et grand-mère Anna se disputer violemment. Sans rien y comprendre, leur mère leur a intimé l’ordre de rejoindre la voiture et a démarré très vite. Très en colère, Christiane a annoncé qu’elles ne reviendraient plus jamais. Marie fut alors très triste car elle aimait beaucoup rester quelques jours seule avec son aïeule dans la grande maison. Celle-ci lui faisait des tartines avec du beurre salé et du sucre en poudre. C’était délicieux. Le soir, elle prenait une brique brûlante dans le poêle et la glissait dans le lit, recouverte de papier journal. Elles s’endormaient alors et les grands goélands empaillés, qui restaient sagement accrochés aux murs pendant la journée, déployaient leurs ailes et faisaient frissonner Marie de terreur délicieuse.

La mer l’avait ensorcelé. Il n’était pas vraiment responsable, digne descendant d’une lignée interminable de marins. La Bretagne l’avait forgé, sculpté, façonné et cette grande étendue sauvage l’avait happé pour ne plus le lâcher.

Yves était l’héritier de cette attirance divine qui autrefois arrachait les hommes de cette terre sauvage vers d’autres horizons où ils trouvaient de quoi nourrir leur famille. Ils étaient des pêcheurs au long cours, matelots ivres de tempêtes aux vagues gigantesques ou d’horizons lointains rectilignes qu’il fallait dompter et atteindre pour subsister.

À sa naissance, sa mère avait constaté de rares cheveux roux sur sa tête chauve et avait eu peur de moins l’aimer. Mais, ce doute était vite passé et le petit Vonvon était devenu le grand monarque d’un royaume breton des Côtes d’Armor, appelé alors Côtes du Nord.

Et c’est naturellement, que Vonvon se dirigea vers une école d’ingénieur de la marine marchande dont il sortit brillamment pour embrasser la maîtresse Mer et ne plus jamais la quitter.

La Shell lui offrit ses pétroliers et il fit son royaume des machines dont il était le mécanicien en chef, l’équivalent du commandant sur le pont.

La vie était dorée, les ports du monde entier s’offraient à lui : le Golf persique, le Japon, les États-Unis, le Mexique… Il partait le cœur battant de son coin de Bretagne, prenait le train, puis l’avion et rejoignait son pétrolier pour enfin quitter la terre ferme.

Alors, la magie s’était opérée et le jeune Vonvon était devenu un fier marin. Qu’importe son absence pour six mois loin des siens. Il n’en avait que faire. Seuls comptaient cette mer aimée, ses horizons infinis, ce piédestal que lui offrait son métier.

Lorsqu’il revenait de voyage pour trois mois, l’ennui arrivait très vite et les beaux paysages accidentés de la côte paimpolaise le laissaient indifférent. Certes, il était toujours autant choyé. Sa mère et ses sœurs le couvaient de leur bienveillante tendresse. Mais rien n’y faisait. Il comptait les jours, tournait en rond, s’égayant parfois d’un moteur de bateau à réparer, ou accompagnant son beau-frère pour une journée de pêche sur son petit navire.

Dès sa naissance, il était promis à une lointaine cousine afin de sauvegarder et d’étendre le patrimoine durement acquis de ses aïeux. Sa voie était tracée, seul garçon d’une fratrie de quatre.

Par un été chaud et tranquille, une jeune-fille vint passer des vacances avec sa mère dans un champ loué par sa famille. Le jeune Vonvon en tomba fou amoureux. Il faut dire que Christiane était jolie. Elle avait un petit côté exotique que lui donnaient ses longs cheveux bruns frisés et sa peau mate.

Très vite, elle fut admise dans la bande de jeunes gens du village et participa aux grandes balades sur la plage et aux soirées. Yves y prit goût également, motivé par cette douce présence qui le mettait en émoi.

Christiane, elle, n’était pas spécialement attirée par ce jeune homme un peu pataud. Venant de Paris, elle trouvait amusant de participer aux jeux de ces paysans mais n’y voyait là qu’un agrément de vacances. Ayant connu les privations de la guerre, elle était subjuguée par les victuailles que ces gens avaient à disposition.

Elle eut alors un choix difficile : prendre au sérieux cette aventure de vacances ou retourner dans son monde urbain…

Elle avait 20 ans, était libre comme le vent et adorait sa vie parisienne et son nouveau travail d’agent de bureau. Bien qu’un peu réservée, elle suscitait la sympathie autour d’elle et se faisait beaucoup d’amis.

Mais Ida, sa mère, était usée par la guerre et ses privations. Elle voyait en ce jeune homme une opportunité pour sa fille de mener une vie confortable et sans souci matériel. Aussi, l’avait-elle encouragée à fréquenter ce beau parti. Christiane était flattée par cet amour si démesuré et ressentait de l’affection pour Yves, peut-être même un peu d’amour. Elle se laissa embarquer dans cette vie qu’elle croyait sans nuage.

Quand il était sur son pétrolier, Yves lui envoyait de longues lettres lui décrivant ses découvertes dans les pays lointains. Elle se laissait bercer par son romantisme et oubliait la tristesse de ses journées identiques. La solitude occupait son quotidien loin de lui et elle retournait souvent voir sa mère. Celle-ci l’encourageait à continuer cette idylle car elle savait que sa fille aurait alors une vie sans problème financier.

Anna était furieuse que son seul fils ait la faiblesse de ses sentiments. Comment pouvait-il lui désobéir, lui, celui qui portait le Nom et le transmettrait aux générations futures ?