MANIPULABLE - Éric Dupriez - E-Book

MANIPULABLE E-Book

Éric Dupriez

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Beschreibung

Une mère psychologiquement fragile et manipulatrice, un père poussé au suicide par des criminels ! La vie n'était pas simple dans le foyer pour Éric et ses cinq frères. Après le décès de leur mère, emportée par la maladie en 2006, leur père tente de remonter la pente et d'enfin penser à lui ! C'était sans compter sur internet et ses arnaqueurs professionnels.
​L'auteur vous raconte son histoire, ses doutes et surtout son combat face aux procédures de la justice.
Par ce témoignage, il vous livre son message, simple et poignant.


À PROPOS DE L'AUTEUR


Éric Dupriez, auteur belge né en janvier 1967, est marié et papa de deux enfants.
Mécanicien du génie civil puis pompier-mécanicien, plongeur et musicien occasionnel, il fait ses premiers pas en tant qu’auteur avec son livre "Manipulable".
Diagnostiqué dyslexique à l'âge de 7 ans, il aura donc fallu à l'auteur le drame de son père pour avoir le déclic d'écrire afin de livrer son message simple et poignant autour de la cybercriminalité dont ce dernier a été victime.
Le prochain livre d'Éric est en cours d'écriture et sera une fiction cette fois.








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MANIPULABLE

 

Témoignage

 

Éric DUPRIEZ

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Toute reproduction, adaptation et traduction, intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l'auteur ou ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Ces représentations ou reproductions, par quelque procédé que ce soit, constitueraient donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

 

Tous droits réservés.

© Avec l’aide des Éditions Colas-Créations asbl– Liège/Belgique, 2022

www.colascreations.be

ISBN : 978-2-9602555-1-5

Couverture : © Philippe Sombreval

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« La cybercriminalité

n'est pas une légende.

Restons vigilants

et protégeons nos familles. »

 

Éric Dupriez

Auteur

 

Avant-propos

 

 

Le but de ce livre est de dénoncer la cybercriminalité dont mon père a été victime.

Ce n’est pas tant son histoire que j’ai voulu écrire, c’est surtout le cheminement qui a mené un homme aussi intelligent vers le suicide.

 

Ce récit est issu de mon ressenti personnel, il n’implique pas celui de mes frères qui ont peut-être une perception autre que la mienne.

Les prénoms et les lieux ont été volontairement modifiés afin de respecter la vie privée de chacun.

 

« À ce moment-là…

mes frères et moi étions persuadés

de pouvoir gérer LE problème… »

 

Éric Dupriez

Auteur

 

 

1 Le jour du drame

 

 

Le 3 décembre 2017.

En cette période de ma vie, je suis plutôt heureux et dynamique. J’ai trouvé dans la plongée un exutoire idéal aux tracas du quotidien alors qu’un problème de taille touche de près mon propre père.

Je me réveille relativement tôt malgré ma merveilleuse sortie d’hier avec le club. Comme tous les jours, je prends un petit déjeuner copieux, prêt à passer une journée active entre les indispensables courses que nous n’avons pas pu faire le samedi, le tri des photos et vidéos de la plongée et mon envie intarissable de bouger et de faire du sport. Les photos ne sont pas terribles et je me rabats sur le visionnage de mes vidéos qui s’avèrent beaucoup plus intéressantes, mais il y a là aussi une sélection importante à faire. Ainsi se déroule la matinée.

Cet après-midi, ma femme et moi irons faire nos achats à Maisières. Ensuite, j’irai marcher ou courir un peu et au soir, j’irai voir mon père, comme d’habitude.

À 12 heures 16, je reçois un appel. C’est mon frère Marc. Je perçois une grande nervosité alors qu’il n’a encore prononcé que mon prénom. Un tremblement incontrôlé dans sa voix et le souffle rapide de sa respiration le trahissent.

— Éric ! Papa s’est pendu !

— Quoi !

En moins de deux secondes, des centaines d’images et de pensées diverses défilent dans ma tête, embrouillant mon esprit. Un stade entre le « Ce n’est pas possible ! » et le « C’est bien Marc qui m’annonce un drame ? »

Finalement, la raison reprend le dessus et m'ordonne de réagir.

— Appelle le 112, j’arrive tout de suite !

Je raccroche et, pendant un court instant, je me demande si j’ai bien entendu ce que mon frère m’a dit. M’a-t-il bien téléphoné ? Ai-je bien compris ses mots ? Ne suis-je tout simplement pas encore sorti de mon sommeil ? Un cauchemar d’un réalisme saisissant vient-il troubler ma quiétude du moment ? Eh bien non ! Je suis bel et bien éveillé.

Cette situation réelle et affreuse allait bouleverser ma vie ou plutôt nos vies, à mes cinq frères et moi, ainsi qu’aux familles attenantes.

Je le dis à ma femme qui a pour seule réponse celle que j’ai donnée à mon frère en premier :

— Quoi !

Je lui demande alors de téléphoner à notre fille, pour qu’elle fasse les courses avec elle, car je ne pense pas que j’en aurai le temps. Je m’apprête en vitesse.

Mon sport pour cette journée aura été un sprint jusqu’au garage où je laisse ma voiture.

Je mets moins de quinze minutes pour arriver chez mon père. Dans ce court instant, je trouve le temps de contacter un autre de mes frères, Ludovic, qui à mon annonce, me répond ce « Quoi ! » qui semble être le mot de prédilection en de pareilles circonstances.

Moins de quinze minutes, quand j’y repense. Il m’aura fallu certainement transgresser des règles élémentaires de circulation. Moi qui, d’habitude, essaie de les respecter au maximum. En mon for intérieur, je savais que c’était déjà trop tard mais je gardais un espoir.

Voilà, j’y suis. Le SMUR est déjà là mais pas d’ambulance. C’est mauvais signe mais elle va peut-être seulement arriver… Je sors de la voiture et la ferme machinalement, comme un robot qui a une tâche à accomplir et qui la termine parce qu’il est programmé. Je me précipite dans la maison. Le médecin est en bas des escaliers avec son infirmière et mon frère est en pleurs.

— C’est fini ? demandé-je.

— Oui, je le crains. Nous avons annulé l’ambulance, répond le médecin. Voulez-vous le voir ?

— Oui.

Je monte dans la pièce où mon père a décidé de se pendre, dans la chambre la plus éloignée du couloir de l’étage. Il est là, étendu par terre. C’est Marc qui a coupé la corde à peine quelques minutes plus tôt, sous les recommandations du 112. C’est bien lui, même si son visage est gris et froid. À la place de son sourire, il y a le masque de la souffrance. Ce n’est pas celui d’un homme apaisé par la mort. Alors, je lui crie :

— Pourquoi tu as fait ça ? Il y avait d’autres solutions !

Depuis le début du mois de novembre, mes cinq frères et moi faisions le maximum avant le drame pour sortir mon père d’une arnaque par internet. La cybercriminalité.

Ce phénomène s’était bel et bien introduit au sein de notre famille, même si c’était pour nous improbable, voire inconcevable.

Le médecin demeure avec nous. Marc est en pleurs et mes autres frères arrivent chacun à leur tour. Moi, je ne peux pas tenir en place : tantôt je sors, tantôt je rentre. Je prends les initiatives avec le personnel du SMUR, puis avec la police et enfin avec les pompes funèbres pour ne pas rester à rien faire. Surtout, ne pas rester à rien faire !

Il me revient beaucoup d’images de cette après-midi si particulière, mais j’éprouve des difficultés à les remettre chronologiquement dans ma tête. Je ne sais plus dans quel ordre mes frères sont arrivés. Était-ce Pierre en premier ? Ludovic ? Je me souviens avoir dit à ce dernier figé à l’entrée de la chambre les larmes aux yeux :

— Tu n'es pas obligé de le voir, il vaut mieux garder une bonne image de lui.

La police arrive. Le SMUR quitte les lieux. Les agents récoltent les renseignements nécessaires pour établir leur PV d'audition et m’expliquent qu'une psychologue de la police de l'aide aux victimes va arriver. La police scientifique, également descendue sur place, procède aux relevés des indices. Après son passage, le Parquet décide d'appeler un médecin légiste. La conclusion de ce dernier aboutit bien à un suicide par pendaison. Mais il ne pouvait pas en être autrement, c'était évident.

La psychologue du service d'assistance aux victimes arrive. Sa présence est bénéfique, surtout à l'arrivée de mon plus jeune frère, car il ne veut pas rentrer dans la maison. Elle finit par le convaincre, mais il part dans une crise de colère et de rage, tape dans les murs et se cogne la tête sur les carreaux. Il faut un certain temps pour le calmer et lui permettre ainsi de s'exprimer.

La psychologue nous aura d’ailleurs permis de nous exprimer, chacun à sa façon.

— Autant de frères et autant de manières différentes de réagir, me dit-elle.

Pierre et sa compagne, ainsi que Ludovic, s’occupent de Marc, vraiment très choqué. Il demande d’ailleurs lui-même de contacter son psychiatre afin d'être hospitalisé.

Marc était déjà soigné pour des problèmes psychologiques avant ce drame. Il se battait pour s'en sortir et trouver une situation lui donnant une certaine stabilité dans la vie. Équipé d'un Master en infographie, il avait été employé durant dix ans dans des entreprises ayant fait faillite les unes après les autres. Il passait son temps libre à étudier des programmescomplexes dédiés aux images virtuelles et à l'audiovisuel. Mais à force de salaires impayés, de tracas administratifs et de Tribunaux du travail, il avait perdu l'espoir d'évoluer dans son domaine. Il avait tenté d'autres études dans des secteurs plus porteurs, avec beaucoup de difficultés. Il était parvenu à obtenir un nouveau contrat, à temps partiel cette fois. Un pas qu'il avait à peine osé franchir après une longue période d'inactivité. Mais voilà ! La pendaison de notre père avait compromis à nouveau tous ses efforts.

Marc est auditionné par la police. Ensuite, Pierre et sa compagne le conduisent à l’hôpital afin de rencontrer son psychiatre pour la meilleure prise en charge possible dans ces circonstances.

Je pourrais encore et encore détailler cette journée. Beaucoup d'images me reviennent, mais je ne parviens pas à les ranger dans une chronologie correcte.

La journée se passe, bien que les heures semblent interminables.Mes frères quittent peu à peu les lieux. Ils ont encore pratiquement tous des enfants en bas âge. Les miens étant adultes, je suis le plus disponible pour attendre qu'on puisse « enfin » évacuer le corps de mon père. Je reste donc seul avec la police en attendant les pompes funèbres.