Moi C., 50 années de violence. Sauvé. Debout. - Chris Dehnlofe - E-Book

Moi C., 50 années de violence. Sauvé. Debout. E-Book

Chris Dehnlofe

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Beschreibung

Les poings et les hurlements du père. Six ans, les coups. Le sang coule et l’urine de la peur inonde le pantalon ; les plaies, les bleus et la ceinture zèbre la peau ; le stress, la frousse et la brutalité rendent fou. Plus tard, sa stérilité, la prostitution, sa déchéance et la violence qu’il retourne contre son épouse, ses fils, sa famille qu’il brise. Menteur, violent, manipulateur, pervers, prenant plaisir à la souffrance des plus fragiles…Et un matin de printemps, 50 ans, seul, détruit, malade, dépressif, la fracassante rencontre au coin d’une rue, la rencontre qui change tout.

L’auteur Chris Dehnlofe nous donne à voir sans concession ni précaution, l’intimité d’un récit de vie d’une rare dureté et le témoignage de son extraordinaire conversion chrétienne qui transforme violence en amour, espérance et pardon et ouvre à un avenir vers l’autre.

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DEHNLOFEChris

Moi C., 50 années de violence. Sauvé. Debout.

à I que j’ai mal aimée, à mes fils B, N et V que j’aime.à mes petits-enfants inconnus.

Avertissement

Pour ne pas peiner ou choquer des proches, pour les protéger ainsi que moi-même, j’ai choisi de falsifier les lieux, les initiales des prénoms et les dates qui sont donc faux, le reste est issu d’un honnête et précautionneux travail de mémoire et d’analyses.

Même si j’ai fait un effort dans le choix de mots, d’expressions, certains passages, certaines descriptions pourront peut-être heurter la pudeur, la sensibilité. Pour partager avec le lecteur mon incroyable et merveilleuse transformation, ma folle et radicale renaissance en un homme renouvelé par l’immérité salut trouvé en Christ, il m’a fallu entrouvrir suffisamment ma porte pour donner à voir et à comprendre sans concession, ma misère, ma crasse, ma perversion, tout ce glauque de moi qui fut moi.

Introduction

Vraisemblablement n’ai-je pas su prendre, à l’occasion de l’exercice de rédaction, assez de recul par rapport à mon histoire, dont l’écriture dense et intime fut souvent compliquée et douloureuse, car elle scrute des plaies parfois à peine cicatrisées, du vivant réconcilié mais toujours souffrant. C’est pourquoi, bien que le récit qui va suivre n’est ni trop complexe ni d’une finesse le rendant difficilement accessible, même si l’expression écrite relève du langage courant, le manque de distance entre l’observateur et l’observé, le rédacteur et son sujet, requièrent pour éviter d’égarer le lecteur de bien poser, dès le début, ce que n’est pas et ce qu’est ce livre.

Cet ouvrage n’est pas un essai de psychologie ni une thérapie par l’écriture1 : mon objectif n’a pas été de faire l’économie d’une psychothérapie, en voulant me soigner du mal, de la souffrance et de la destruction que j’ai répandus autour de moi. Je n’ai pas non plus couché sur le papier des éléments puisés dans l’enfance, dans le passé, dans le but de soulager ma conscience ou de chercher à identifier mes responsabilités ou celles qui m’échappent et encore moins à accuser l’un ou l’autre en me défaussant ou en réglant des comptes. Il ne s’agit pas non plus d’une autobiographie même si la connotation autobiographique est évidente et voulue, ma personne n’a pas d’importance particulière, mais le récit de mon parcours de vie peut être utile à d’autres.

Cet ouvrage est un témoignage. Le mien, celui d’un homme qui pendant plus de vingt ansa mené une double vie, vautré dans la luxure de la prostitution, menteur, orgueilleux, violent avec sa famille — jusqu’à la détruire — et soi-même. Un homme cependant sauvé par Jésus qui a daigné enfoncer profondément sa main dans la boue pour me chercher dans les ténèbres, me pardonner et me faire renaître dans la lumière de sa Bonne Nouvelle en dépit de mes péchés les plus sordides et des souffrances que j’ai semées autour de moi. Aujourd’hui je m’aime comme je suis, je me préfère comme je suis. Ce que Jésus a pu faire pour le misérable que je fus, il peut le faire pour d’autres ; mon objectif, l’objectif de ce livre, est de faire connaître, à travers mon témoignage, la puissance et la miséricorde de Dieu, à tous ceux qui sont dans la difficulté, dans le doute, à tous ceux qui ont abandonné l’idée de pouvoir sortir du mal, de l’addiction au péché et qui n’arrivent même plus à imaginer qu’il puisse y avoir un salut, et a fortiori en Christ dont ils ignorent tout ou qu’ils ont perdu devue.

On me dira et j’en conviens, qu’on peut trouver bon nombre de témoignages, magnifiques et impressionnants d’ailleurs — parfois un peu romancés ! —, de criminels endurcis, de membres de gangs, touchés, frappés par la foi pour lesquels Dieu a réalisé l’extraordinaire en les arrachant au mal, en les faisant renaître radicalement différents puis porteurs du message d’amour de Jésus d’abord auprès de leurs anciens congénères et ensuite à travers le monde grâce à des conférences, des livres, des séminaires. Des témoignages inspirants qui attirent à Dieu. Alors, pourquoi publier un témoignage supplémentaire qui lui n’a rien d’épique, rien de comparable en intensité, car moi je n’ai, aux yeux de la société en tout cas, commis aucun crime, ni même un délit. Je ne suis pas le NickyCruz bis !

En y regardant de pas trop près, je pourrais ressembler à un bon petit père de famille, à un salarié convenablement intégré, un homme presque banal. Cependant mon témoignage n’est pas ordinaire, car la violence, ma stérilité et ses conséquences délétères m’ont singularisé ; bien qu’inhabituel, mon parcours de vie est aussi, et paradoxalement, le produit d’une misère courante, d’une violence au quotidien à bas bruit, d’un orgueil et d’un mensonge si largement communs, de relations adultérines quasiment devenues la norme, de faiblesses de tous les jours et de facultés majoritairement partagées comme tromper, faire souffrir, briser, blesser. C’est pourquoi, même si mon histoire n’a ni le charisme ni l’éclat de celle de l’ex-gangster Cruz devenu chrétien, le principal intérêt de sa diffusion publique c’est que Monsieur tout le monde pourra y retrouver un peu de soi-même, voire partager une partie de mon récit et j’espère venir ainsi à l’idée, et si possible à la conviction, que le salut que m’apporta le Christ lui est aussi destiné et que l’urgence, dès la fin de la lecture des prochaines lignes, et si possible bien avant, est de faire ou de refaire connaissance avec Jésus en se donnant àlui.

J’ai consacré les quatre premiers Chapitres au descriptif de ma chute dans les abysses du mal avant de partager ma merveilleuse rencontre avec Christ puis de finir au sixième et dernier Chapitre par aujourd’hui et demain. Ce déséquilibre volontaire du récit, en termes de Chapitres et de volume de texte, est à l’image de mon existence, une courte durée en Christ et un temps bien plus long éloigné de lui et rebelle. Il y avait en effet nécessité de décrire minutieusement et sans raccourci, mon processus d’effondrement dans le péché, l’intimité que j’entretins avec le mal ainsi que les douleurs et les dégâts que tout cela occasionna, non pas pour mesurer ni comprendre la grandeur de la grâce que me fit Dieu en me récupérant dans l’état où j’étais puis en me sauvant, car c’est hors de notre portée, mais juste pour laisser entr’apercevoir et faire briller cette lumière d’espérance à ceux qui sont toujours dans le froid et à l’ombre, sans Christ.

Pour éviter une chronologie fastidieuse, le livre est organisé en thématiques par Chapitre. Parce que dans mon histoire, causes et conséquences s’entremêlent, régulièrement des sujets apparaissent dans des Chapitres, juste évoqués, mais traités et approfondis ailleurs. C’est la moins mauvaise organisation de rédaction trouvée et j’espère que le lecteur ne m’en tiendra pas trop rigueur.

1 Dieu m’a changé en profondeur, en cassant tout, le dedans et la coquille, puis en reconstruisant tout, pas seulement différemment mais quasiment à l’inverse ; Dieu a donné du sens à ma vie, m’a offert une foi, une espérance, un aujourd’hui et un avenir, des valeurs et des principes nouveaux.

Chapitre 1 : La violencesubie

« Sinon l’enfance, qu’y avait-il alors qu’il n’y a plus ? Plaines ! Pentes ! Il y avait plus d’ordre ! Et tout n’était que règnes et confins de lueurs. Et l’ombre et la lumière alors étaient plus près d’être une même chose… Je parle d’une estime… Aux lisières le fruit pouvait choir sans que la joie pourrît au rebord de nos lèvres. /... / Sinon l’enfance, qu’y avait-il alors qu’il n’y a plus ?... » (Éloges — Saint-John Perse)

J’ai tenu à débuter mon témoignage en relatant les violences que j’ai subies, de tout jeune enfant à l’âge adulte. Elles constituent, j’en suis convaincu, la cause racine des souffrances et des violences que j’ai infligées à ma famille — en particulier à mon épouse, mes fils et mes parents — et à moi-même. Elles ont aussi formé le terreau favorable au développement puis à l’affermissement du couple que j’ai fidèlement entretenu avec le mal et le péché pendant un peu plus de vingt ans. En même temps, les violences que j’ai subies ont porté en elles le germe de ma rencontre avec Christ après des années de ténèbres. J’ai bien conscience qu’une telle affirmation est surprenante, voire déstabilisante et j’ignore pour quelle raison Dieu a permis ou voulu que j’emprunte ce chemin tortueux pour le rejoindre, avec tant de dégâts collatéraux ; je comprendrai un jour. Je ne fais pas la promotion d’un tel cheminement ! Bien qu’in fine l’important soit d’être à Christ, ce n’est pas moi qui dirais me réjouir de mon parcours de souffrances, de mon mariage brisé, de mes fils désemparés, de ma famille éclatée pour finalement devenir chrétien. Pour moi ce fut et c’est ainsi. Je l’accepte.

Fin des années 1960, petite enfance mosellane dans un vieux quartier d’Uckange. Chez mes grands-parents maternels. Chaque jour ressemble au précédent, ou presque ; le quotidien est bien réglé, calme, sans surprise, traditionnel, rassurant surtout. Une vie bientôt passée, qu’on lit sur les photographies noir et blanc aux murs ou encore dans les bibelots ici et là. Un de ces appartements modestes des ensembles HLM ouvriers, bien rangé, chaud, comme une prolongation maternelle. De la cuisine au salon, le flot musical du patois. Des grands-parents, là depuis toujours, et là pour toujours, pour moi, comme ils sont et à jamais seront, pense le petit garçon. La douceur et la bonté de ma grand-mère, mère meurtrie d’enfants morts trop tôt, m’ont à jamais marqué : toujours plus tard, j’ai recherché cette douceur ; la retrouvant trop rarement et jamais avec une telle plénitude. Aujourd’hui encore, c’est un bonheur de repenser à ce nid mosellan, ce havre de paix, dont je fus le centre. J’y fus heureux, sans réserve, sans restriction. Tous les ingrédients y étaient réunis, pour bien lancer dans la vie un jeune garçon d’autant plus que mes premiers mois — j’y viendrai plus tard dans le récit — furent entre vie et mort. Si quelqu’un avait eu besoin de cet écrin de quiétude et de sécurité, ce fut bienmoi.

Six ans, les coups.

Régulièrement, jusqu’à l’âge de dix-sept ans. Dans mes souvenirs, ce qui me revient d’abord, c’est la peur. La peur de mon père. La peur des coups qui arrivent n’importe quand, principalement pour des motifs scolaires mais aussi pour des bêtises banales. Peu de moment de sérénité, presque un qui-vive permanent. Les souvenirs, ce sont aussi le goût du sang qui coule du nez ou de la bouche, les lunettes cassées invariablement apportées à l’opticien, la chaleur de l’urine qui mouille le pantalon, terrorisé avant d’être frappé, puis qui refroidit et pue honteusement. La ceinture que mon père déroule si lestement de son pantalon pour cogner. Sa transpiration, son odeur, ses yeux, sa mâchoire qui se serre et quelques spasmes nerveux autour de ses lèvres annonçant le coup quand il s’emporte contre moi pendant des devoirs. Il ne faut pas tenter de lui échapper mais venir recevoir la correction, comme un dû que vient chercher la victime, consentante faute d’autre issue. Parfois il nous prévient, on sait qu’en rentrant à la maison on recevra une raclée, à cause de ceci ou de cela : alors c’est l’attente peureuse, au point qu’on souhaite que la punition arrive au plus tôt, pour en finir.

Six ans fut une frontière. Un passage, un versement du monde cotonneux et lent des grands-parents à quelque chose de plus farouche, de la mousse au granit, de la tiède clairière sous une lumière tamisée, aux grands bois noirs du Hunerstkopf aux troncs rugueux et aux branches tailladées. Mon entrée à l’école élémentaire et la manière dont mon père s’y prit pour atteindre les objectifs de la réussite scolaire que mes parents nourrissaient honorablement pour moi expliquent certainement ce chavirement d’un monde dans l’autre, le second dévorant soudainement le premier.

L’être humain est extraordinaire, il sait parfois s’adapter, voire s’habituer, à des situations ou à des traitements difficiles. Une dizaine d’années durant, je m’étais habitué à la violence paternelle et à l’insécurité ambiante, comme une norme familiale. Cette routine était cependant bousculée par une forme plus pernicieuse de violence, bien plus compliquée à installer dans nos habitudes : l’instabilité de mon père — aujourd’hui il serait qualifié de bipolaire. En quelques minutes, alors qu’il pouvait être aimable, rieur, serviable, disponible, il devenait tyrannique avec tous, une petite contrariété pouvait être à l’origine du basculement. Cela nous soumettait à une tension, un stress permanents, celui du couperet pouvant choir sur nous à tout instant. Recevoir des coups est douloureux, parfois humiliant, mais à force on sait à quoi s’attendre, on sait ce qu’on va endurer, ressentir, pendant et après, on finit non pas par maîtriser le processus mais par le connaître sous ses différents angles, ça aide ! Ne pas savoir quand, d’où et pourquoi tombera la mitraille mais être persuadé que la violence est potentiellement toute proche, génère une souffrance plus sourde et une inquiétude qui noue les tripes. Je me souviens aussi des cris de ma sœur ; moins docile et plus courageuse que moi, ses cris mêlaient protestations et douleur et l’entendre, moi à l’abri dans ma chambre, me partageait sa souffrance parce que je savais exactement ce qu’elle subissait, un stress communicatif augmenté par mon incapacité à l’aider. Je crois que pour elle tout cela ne prit fin qu’à ses vingt et un ans mais c’est un sujet qui lui appartient strictement : je ne dirai rien deplus.

La violence est aussi verbale, morale et psychologique, celle d’une éducation anti-altruiste, basée sur la compétition scolaire et dans le travail, sur le mépris de son prochain : le dogme est « les autres on s’en fout ». Tout n’est que force, imposition, brutalité et s’il le faut écrasement de l’autre pour parvenir à son but. Alors que mes parents vont à l’église chaque dimanche et sont des paroissiens actifs, je ne suis pas loin de penser que ce sont des principes antichrétiens que m’enseigna mon père. Cette violence est dans les mots, les intonations, l’intention derrière le verbe mais aussi dans la capacité qu’a cette parole dure d’imprégner un enfant. Entre six et dix ans, la parole des parents a force de loi : si elle décrit l’univers extérieur comme un monde d’antagonismes dans lequel la compétition est la voie pour progresser quitte à laisser autrui au bord du chemin ou même à le piétiner pour avancer, c’est que ce monde est ainsi fait et que c’est comme cela qu’il faut y vivre. J’attendrai l’âge de dix-sept ans pour contester cette vision du monde mais elle laissera en moi un sillon si profond, qu’adulte je la reproduirai et en appliquerai les principes dans ma vie et autour de moi avec son lot de violences, de péchés, de désastres. L’amour du Christ, à partir de ma conversion, aidera à combler et à cicatriser ce sillon de douleurs et m’amènera à pardonner aupère.