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Cet ouvrage émouvant offre un récit intime, celui d’une mère,
Lucille Donce. Elle partage le témoignage poignant de son fils Raphaël, né à 24 + 3 semaines, pesant seulement 675 grammes. À travers ces pages empreintes d’amour, l’auteure raconte les premiers mois de vie de son enfant : ses défis, ses moments difficiles mais aussi ses victoires. C’est une démonstration d’espoir pour les futurs parents, ceux qui ont vécu la prématurité et une reconnaissance envers les équipes médicales. C’est également un hommage indélébile à l’accouchement de Raphaël à découvrir sans retenue.
À PROPOS DE L'AUTRICE
Lucille Donce se lance dans l’écriture avec son premier ouvrage, relatant la naissance prématurée de son fils, Raphaël, et leur parcours difficile. Profondément marquée par cette expérience, l’auteure souhaite partager son témoignage d’espoir avec tous les parents confrontés à la prématurité. Après son engagement dans une association pour les parents d’enfants prématurés, elle a naturellement décidé de transcrire le cheminement de Raphaël pour en laisser une trace indélébile.
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Seitenzahl: 115
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Lucille Donce
Mon bébé plume
Témoignage
© Lys Bleu Éditions – Lucille Donce
ISBN : 979-10-422-3720-2
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L. 122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L. 122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivante du Code de la propriété intellectuelle.
À tous les parents d’enfants prématurés,
À ceux qui le seront un jour,
À ceux qui chercheront des réponses,
À nos enfants,
À nos guerriers,
À toi, mon fils.
On m’a dit, il y a quelques jours, qu’il n’y avait pas d’âge pour commencer à écrire, que l’expérience et la pratique ne valaient pas les mots du cœur. Peut-être que 3 ans, 125 jours, 2 heures et 56 minutes plus tard, il est temps pour moi, de te parler de la plus belle mais aussi la plus terrifiante période de ma vie. Et là, tu te dis comment cette période peut-être belle et terrifiante à la fois ? Il est temps pour moi de coucher sur le papier, ces 3 dernières années, mes craintes, mes peines, mes joies… Bienvenue dans mon aventure : devenir mère d’un enfant différent.
Je me vois encore, en fermant la porte de mon bureau, ce mardi 14 janvier 2020. Je sens encore cette sensation qui part du bas de mon ventre et remonte dans mon cœur. Je sens cette différence, que je n’avais encore jamais perçue. Et j’entends cette petite voix dans ma tête « T’es enceinte ». Il est 18 h, et je me rappelle que je calcule dans ma tête sur le trajet du retour, j’essaie de me raisonner, je ne peux pas me fier à cette petite voix, et pourtant cette fois, c’est différent, je le sais. Je fais le tour des pharmacies, des magasins pour trouver THE test de grossesse, celui qui coûte super cher mais qui est super fiable, celui dont toutes les publicités vantent le mérite. Il est 19 h quand j’arrive à trouver ce que je cherche, je rentre à la maison. Je suis seule, enfin presque à l’exception d’Izis, ton père est parti au football et je suis attendue pour manger chez les Mich-Mich à 19 h 30.
La maison est calme et sombre. Je me souviens de ce lourd silence. Je m’entends encore me dire à voix haute : « Non mais t’es sérieuse, un test de grossesse, en fin de journée juste parce que tu entends cette voix ! Tu vas encore être déçue, tu sais. ». Ça fait une heure maintenant que j’attends ce moment fatidique et le voilà. Je m’enferme dans les toilettes, prête à faire ce test, et prête à pleurer face à cette nouvelle déception. Je sens déjà les larmes monter, comment ai-je pu imaginer que tu étais enfin là au creux de mon ventre ? Je me prépare pour sortir, je jette l’emballage et pose le test dans le couloir le temps de me préparer. En plus de cette déception qui arrive, imagine si je suis en retard pour l’apéro, ta grand-mère va râler. Je suis prête, je regarde le test avant de passer la porte et le temps s’arrête. Je laisse tomber mon sac et je me retrouve de nouveau dans cette maison noire et silencieuse mais cette fois-ci, c’est une chaleur réconfortante qui me remplit le cœur.
Il est là, ce moment tant attendu, 3 minutes plus tard, le test affiche « Enceinte 1 – 2 semaines ». Tu imagines ma réaction ? J’ai pleuré, de joie cette fois assise par terre dans le couloir avec mon chien dans les bras. C’est là, à cet instant, qu’a débuté la plus belle aventure de ma vie. Et c’est cette petite voix, qui m’a guidée tout au long de ma grossesse, je savais avant même qu’on me l’annonce que tu étais un petit garçon, je savais que tu arriverais plus tôt que prévu et surtout je savais que je t’aimerais plus que ma propre vie, dès le premier instant. C’est aussi cette petite voix aujourd’hui qui me pousse à entamer ce dont je craignais de faire depuis tout ce temps, prendre le risque de rouvrir mes blessures pour coucher sur le papier les premiers instants de ta vie, mon bébé plume.
Nous sommes en 2020, le monde traverse l’une de ces plus grandes épidémies, le « Covid-19 ». Et nous, nous sommes là avec ton père, prêt à t’attendre pendant 9 mois. On se questionne sur le monde dans lequel tu vas naître. Le 17 mars 2020, nous sommes devant la télévision quand le président annonce la mise en place du confinement. Pour notre sécurité, on ne peut plus sortir, plus aller travailler, la France entière est paralysée. Je panique, je me demande comment je vais faire.
Arrêter de travailler ? Je ne sais pas faire.
Ne plus voir ma famille pendant quelques semaines ? Je ne sais pas faire.
Si tu regardes bien les dates, nous sommes à quelques jours de l’anniversaire de ta marraine, et tu sais bien que pour moi, ce jour est sacré, tout comme celui de ta naissance qui viendra bientôt. Même si toi, mon amour, tu triches un peu, tu as deux dates d’anniversaire et ça, ce n’est pas commun.
Je te passe les deux mois de confinement qui sont passés, à une lenteur extrême pour moi et pourtant, 3 ans, 125 jours, 2 heures et 56 minutes plus tard je chéris ce temps privilégié passé à tes côtés. Ces deux mois qui m’ont permis de prendre du temps pour moi, pour toi. Sans ce temps « à l’arrêt », serais-tu là aujourd’hui ? J’ai maudit ce confinement qui me mettait à rude épreuve et pourtant, c’est peut-être lui, qui t’a permis de rester au chaud le temps nécessaire. Je te passe ces mois de confinement où j’ai pleuré et harcelé ton père pour ne manger que des Pringles et des mister freeze, où j’ai eu cette lubie, comme beaucoup de Français, de modifier mon intérieur. Dieu Merci, ou pas pour mon porte-monnaie, le monde tournait à vitesse réduite mais les services de drive à vitesse grand V. J’ai changé le mobilier du salon, entre deux mister freeze, j’ai obligé ton père à refaire le grillage du jardin entre deux boîtes de Pringles, nous avons repeint ta chambre à la manière des Donce, rapidement et approximativement. Tu comprendras en grandissant à quel point ton père est un homme merveilleusement maladroit, à qui il arrive les histoires et les bourdes les plus drôles…
Le temps passe, mon ventre devient rond mais trop peu à mon goût, j’entame mon 4e mois de grossesse, plus que 5 mois loin de toi, et pourtant… Nous sommes autorisés à reprendre le travail, avec des masques, la mise en place de gestes barrières qui bientôt, deviendront une obsession pour moi et rendront fou ton père et tes grands-parents. Mais je cherche avant tout à me protéger, pour te protéger de ce virus encore méconnu qui est pourtant bien réel dans notre quotidien.
Alors oui, je deviens « parano » comme aimait le dire Baptiste, ton parrain, je me lave les mains un nombre de fois incalculable par jour, à tel point que j’ai des cassures sur les doigts tellement ma peau est sèche, et selon les dires de ta marraine, je deviens « folle à lier ». Je change de vêtement dès que j’arrive à la maison, j’oblige ton père à changer les siens, je désinfecte tout ce que je touche. Le produit anti-Covid devient mon meilleur ami. D’ailleurs, il est toujours dans mon sac, mais je ne l’utilise plus. Je soigne aussi mon besoin excessif de me désinfecter les mains, toi aussi d’ailleurs les trois premières années de ta vie, tu as subi mon toc de désinfection. Malgré tout, nous reprenons notre routine, jusqu’au 19 juin, deuxième chapitre de notre aventure.
La nuit a été mouvementée sans que je puisse l’expliquer, j’ai beaucoup bougé, j’ai eu des douleurs dans le dos, je me suis levée un million de fois, faire pipi, même si ça, tu l’as bien compris, ce n’est pas l’excuse de ma grossesse mais bien de ma vessie, beaucoup trop petite. Izis a fait les cent pas dans l’escalier, il a pleuré, est monté, descendu pour finir par s’endormir sur le haut de l’escalier, à côté de notre porte. Ce bruit de griffe permanent dans l’escalier a fait de ma nuit un calvaire. Et pourtant, aujourd’hui, avec le recul. N’est-ce pas sa façon de me dire que quelque chose n’allait pas ? Avait-il senti, avant tout le monde, que cette journée allait changer nos vies ?
Nous sommes vendredi, dernier jour de la semaine, le 19 juin. Cette date, je ne pourrai jamais l’oublier, cette journée va faire basculer mon rêve de grossesse en enfer. Vais-je pouvoir te rencontrer ? Te tenir dans mes bras ? Toi, mon petit bébé que je sens bouger depuis quelques jours. Quels vont être tes premiers instants ? Seront-ils les derniers ? Aurai-je la chance de te dire un jour, à quel point je t’aime déjà ?
Il est bientôt 16 h quand je sens que quelque chose ne va pas, cette petite voix encore, qui me dit « Quitte le travail, ferme tout et rentre vite s’il te plaît ». Je quitte le travail, j’ai des douleurs de plus en plus fortes, des pertes de sang inexpliquées et plus le temps passe, plus j’ai mal. Pour me rassurer, je mets notre chanson « n’attrape pas froid » de Lynda Lemay, cette chanson sera notre lien pendant les deux prochaines années, et j’espère qu’aujourd’hui encore, elle te rappelle la force de mon amour pour toi. À l’heure où j’écris ce texte, tu viens de fêter tes 3 ans d’âge corrigé, ton second anniversaire de l’année. Et parfois le soir, tu me demandes encore de te chanter le début de cette chanson, pendant le dernier câlin avant la nuit. Je suis seule dans cette voiture, mais je te sens déjà bien présent. Ton père est au travail et je ne veux pas l’inquiéter, alors j’appelle celle qui depuis toujours est mon pilier, ta grand-mère. J’essaie de ne pas paniquer mais j’ai besoin de la prévenir et de lui parler. Et comme toujours, j’ai pu compter sur tes grands-parents. Mais ça, tu dois t’en douter, vu comment ils sont aujourd’hui avec toi, les meilleurs grands-parents au monde et bien sûr, avec ton petit sourire et tes yeux malicieux tu en profites pour faire tout ce que tu veux d’eux.
Il est presque 17 h quand j’arrive à l’hôpital, j’espère être reçue rapidement, qu’on puisse me dire « Pas de panique Madame, tout va bien, un peu de repos et tout ira bien ». Malheureusement, ce ne sera pas le cas. Il est presque 19 h quand je suis enfin reçue en consultation, tout de suite, on te regarde, toi, mon petit cœur. Tu bouges bien, ton cœur bat correctement, tu vas bien. Mais ça, je le savais puisque je n’ai pas cessé de te sentir bouger pendant ces deux heures d’attente. Un peu comme si tu voulais me rassurer, tu me donnes des petits coups, comme pour me dire « Je suis là maman, je vais bien ». Le problème vient de moi, visiblement. Plus la consultation avance, plus l’interne en face de moi devient pâle, elle ignore mes questions tout en essayant de me rassurer jusqu’à cette première phrase « Je vais appeler ma responsable Madame, je ne peux pas vous expliquer ».
Tu le ressens ce moment intense de panique ? Qu’est-ce qui se passe ? Est-ce que je suis en train de perdre ce petit bébé ? Est-ce que c’est grave ? Ton père est sorti du travail, Mamie l’a prévenu, il m’attend en angoissant sur le parking de l’hôpital. Tu sais à quel point les hôpitaux l’angoissent, et pourtant avec toi, ce n’est que le début. Si tu savais, mon amour, à quel point il a fait face à ses angoisses pour toi. Chaque jour, il était présent, même lorsque c’était trop dur pour lui, il a patienté de nombreuses heures dans les couloirs de tous ces hôpitaux, il a fait de la route sans compter pour chaque déplacement, il a dormi de nombreuses heures à tes côtés dans ces chambres qui respiraient l’odeur de l’hôpital…