Mon fils, ce petit guerrier - Anaëlle Guiné - E-Book

Mon fils, ce petit guerrier E-Book

Anaëlle Guiné

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Beschreibung

La prématurité peut toucher toutes les familles, il est essentiel de ne pas se sentir seul...

Ses études terminées, une jeune femme rencontre l’amour et se marie. Le couple s’apprête à avoir un enfant mais l’heureuse nouvelle de la future naissance se transforme en un chemin vers l’inconnu : la grossesse est à haut risque, le bébé naîtra prématurément.
L’auteur, sous la forme d’une lettre écrite à son fils Mathieu, livre un témoignage passionnant, plein d’émotion, sur un sujet qui touche de plus en plus de familles : la prématurité. Vivant, concret, bien documenté, le récit nous fait découvrir le combat pour la vie d‘un « petit guerrier », les affres des futurs parents, leur courageuse odyssée. Avec délicatesse et un sens du suspense avéré, il explore le vécu d’une famille pas tout à fait comme les autres. Il se révèle aussi une mine de conseils et de renseignements pour ceux qui traversent cette épreuve ou sont intéressés par le sujet, véritable enjeu de société.

Un témoignage bouleversant et émouvant à mettre dans les mains de tous !


À PROPOS DE L'AUTEURE


Anaëlle GUINÉ, diplômée de Kedge Business School à Bordeaux, est passionnée par la musique, la danse et les voyages. Sensible et pugnace, tournée vers les autres, elle aime partager ses expériences. Elle est aujourd’hui maman de deux enfants.
Ce livre est son premier.

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Anaëlle GUINÉ

Mon fils, ce petit guerrier

Lettre à mon enfant, né prématuré

À mes enfants,

À la Maternité de l’Hôpital Louis-Mourier APHP

Aux parents d’enfants nés prématurés

Préface1

Combattre la prématurité est quelque chose de quotidien pour nous, gynécologues-obstétriciens, sages-femmes, pédiatres. Je suis toujours très fier que, dans ce contexte particulier de grossesse à risque, voire à très haut risque, les équipes avec lesquelles j’ai travaillé aient toujours fait preuve d’une grande humanité. Au-delà des gestes techniques, avant ou après les naissances, les rapports humains restent notre priorité. Même, et surtout, quand le deuil est au bout du chemin. C’est ce que décrit parfaitement du point de vue de la mère Anaëlle GUINÉ dans ce magnifique texte.

Ce livre est fondamental pour tout soignant qui prend en charge les couples ou les nouveau-nés. Nous devons savoir quelles épreuves traversent les familles pour mieux les accompagner et progresser. Seul un parent qui a été hospitalisé des jours durant avant la naissance, qui est rentré à la maison sans son bébé, qui, à toute heure, s’est rendu dans les unités de soins pour aider son enfant à se battre pour survivre, pouvait faire ce récit. Ce n’est pas écrit dans nos livres de médecine.

Ce livre est fondamental pour les futurs parents confrontés aux questions de la prématurité et pour ceux qui la vivent. Il complète les informations reçues au cours des prises en charge sans les remplacer. Il constitue une aide précieuse.

Ce n’est pas un roman. C’est une tranche de vie.

Merci.

Professeur Olivier PICONE

PU-PH, Gynécologue Obstétricien à l’hôpital Louis-Mourier APHP, Colombes

Préface2

Cette lettre s’adresse à mon fils, Mathieu, ce « petit guerrier » pour qu’il sache, lorsqu’il sera plus grand, à quel point, face à une situation défavorable qu’il ne maîtrisait pas, il s’est battu, jour après jour, pour grandir dans le ventre de sa maman.

Que de victoires se traduisant, au fur et à mesure des échographies, par la révélation de quelques dizaines de grammes en plus – 449 grammes le jour où nous avons compris « qu’il pouvait y avoir un problème », 1,560 kilogramme à sa naissance ! Et que de victoires encore dans l’acquisition de l’autonomie alimentaire, depuis les nutriments donnés par sonde ombilicale jusqu’au lait tété au sein maternel, en passant par le cathéter veineux ! Et enfin que de nouvelles victoires à la crèche puis à l’école pour être un petit garçon « comme les autres », rampant, marchant, courant, et, aujourd’hui, caracolant sur un poney !

Cette lettre est aussi destinée aux parents qui ont à emprunter le parcours de la prématurité pour, en toute modestie et sincérité, raconter la façon dont il peut être vécu de l’intérieur. Avec ses moments difficiles et ses grandes joies, ses hauts et ses bas en quelque sorte. Le terme de prématurité inquiète légitimement et quand le diagnostic du risque d’une naissance prématurée tombe, cette nouvelle secoue violemment, laissant les parents, pas forcément informés et en tout cas non préparés, abasourdis. Les compétences des médecins et du personnel médical, leur écoute et leur bienveillance, la prise en charge de haut niveau existant en France, suscitent bien sûr une grande confiance et apportent un réel réconfort, mais elles n’enlèvent rien à la subjectivité de l’expérience. Celle-ci s’avère source de multiples questionnements, de culpabilisation, de doutes, se greffant sur le grand bonheur que constitue la grossesse et l’accompagnant d’angoisses récurrentes.

Par ce récit, je souhaite témoigner du fait que s’il existe autant de vécus d’un tel parcours que de parents aux histoires différentes, ne jamais perdre espoir en la force de son enfant est un guide précieux pour affronter une traversée, parfois un voyage au long cours, mouvementé.

Comment l’histoire a commencé

C’est à l’automne 2010, plus précisément un samedi du mois d’octobre, que j’ai rencontré ton papa pour la première fois. Nous étions tous deux membres d’une association de jeunes étudiants dans la ville de Rennes. Il était vice-président cette année-là et son rôle consistait à animer l’association et en particulier à accueillir les nouveaux arrivants, dont j’étais, en les aidant à s’orienter et à s’intégrer dans la société rennaise.

Visiblement ton papa prit son rôle très à cœur et je fus bien encadrée. Fin 2011, sans vivre ensemble – Papa résidait à Rennes et moi chez ma sœur à Colombes –, il était évident que nous formions un couple, décidé à parcourir de concert un bout de chemin…

J’étais arrivée en septembre 2010 à Guichen, petite ville à quelque vingt kilomètres de Rennes, pour effectuer mon stage de fin d’études. Six mois plus tard, mon attestation de stage en poche et mon mémoire d’études terminé, je me suis rendue chez Mamie Antoinette, ma tante paternelle, la jeune sœur de mon père, à la fois pour me reposer et pour chercher du travail. Elle habitait en région parisienne, un bel appartement à Nogent-sur-Marne. Je me souviens de mon séjour chez elle comme si c’était hier. Dans ce bel appartement, tout était bien agencé et décoré aux couleurs de l’amour et de la douceur de cœur d’une maman. Je trouvais une solution à toutes mes difficultés chaque fois que je passais du temps avec elle. Elle a toujours su me conseiller, me comprendre et m’orienter dans lavie.

Après plusieurs années d’études universitaires, en possession de mon diplôme de fin de cycle, je me sentais prête à entrer dans la vie professionnelle. Je voulais m’épanouir dans un métier et puis, il fallait bien anticiper sur tous les plans, professionnel, financier, matériel, pour qu’un jour tu aies un joli toit sur la tête et tout le nécessaire pour t’accueillir dans ce monde imparfait, rempli d’épreuves à surmonter, mais également plein de richesses, de bonheur et d’espoir.

Quelques mois après avoir commencé mes recherches d’emploi, j’ai « décroché » un CDI, recrutée en qualité d’ingénieur supply chain par un cabinet de conseil de la grande couronne. Avec ton papa, qui travaillait lui aussi près de Paris, nous nous sommes retrouvés avec des projets plein la tête. Tout allait bien dans nos vies, la vie professionnelle, celle de notre couple. Cependant, le rythme de cette vie nous obligeait à différer un projet sur lequel nous avions tous deux un accord total : fonder une famille, selon les conceptions traditionnelles et les coutumes de notre pays d’origine, le Cameroun. À la manièrede…

Ton papa m’a toujours dit pendant notre relation : « Pas d’enfants avant le mariage ! ». Cela me convenait, me plaisait et me rassurait. Alors, suivant tout naturellement le cours des choses, nous nous sommes mariés en décembre 2014 dans la ville de Douala au Cameroun.

Sous un soleil de plomb, nous attendions devant la mairie de l’arrondissement de Douala 1er. Je portais un bel ensemble cousu par une styliste de la capitale dans des tons chatoyants, verts, orange et dorés. Comme une princesse qui attend le prince charmant, j’ai attendu ton papa dans une Mercedes de classe CLS louée pour la circonstance. Il y avait beaucoup de monde dans la cour de la mairie, tous plus élégants, chics et rayonnants les uns que les autres.

Nous nous sommes dit « oui » devant le maire et le lendemain devant Dieu. Quand tu seras plus grand, tu auras l’occasion de regarder et de comprendre, dans les vidéos et les photos de notre mariage, la joie qui a animé nos cœurs ce jour-là.

Après avoir bien profité de la vie à deux – sorties au cinéma, au restaurant, en voyage, en famille et entre amis –, nous avons ressenti le besoin d’agrandir notre famille, de passer de deux à trois. De laisser notre empreinte sur cette terre, d’élever nos enfants, de leur transmettre les leçons de nos expériences. En fait, pour faire simple, nous voulions un « mini-nous » ! Rien de plus normal et banal, me diras-tu !

C’est ainsi que Papa et moi avons cessé de réfléchir et nous sommes lancés à ta rencontre !

De l’importance du prix d’un test de grossesse dans l’annonce d’une merveilleuse nouvelle

Tu es arrivé très rapidement. J’ai su que j’étais enceinte le 5 septembre 2015. J’avoue que, spontanément, cela m’a perturbée, car à cette période je voulais changer de travail et passais régulièrement des entretiens d’embauche. Et il faut savoir que hélas, dans ce même monde où tu naîtras quelques mois plus tard, une femme enceinte n’est pas exactement compatible avec une embauche en CDI (il y a certainement des exceptions, mais elles sont rares…).

J’étais à la fois heureuse de savoir qu’un petit être grandissait en moi, mais aussi un peu soucieuse de devoir interrompre mes recherches d’un nouveau travail, de les repousser à un futur lointain, pour me concentrer sur ma grossesse.

J’avais toujours rêvé du jour où je vivrais cette expérience de femme enceinte, de future maman. Cela me semblait magique et mystérieux. Comment une si petite graine peut-elle devenir un bébé quelques mois plus tard ? L’idée de materner m’a toujours plu, depuis que je suis petite fille, car là-bas, au Cameroun, j’ai grandi dans une vaste maison auprès de six frères et sœurs. On m’appelait « Petite maman poule » ; il faut dire que j’aimais, sans y être obligée le moins du monde, m’occuper de mes frères cadets. Il m’arrivait même d’écourter mes sorties avec mes amies au centre-ville pour rentrer plus tôt à la maison.

Cela me faisait plaisir de tenir un rang important auprès de mes petits frères, de surveiller leur bain, préparer leur dîner. Ce dîner, je ne le faisais pas aussi bien que ma mère, Mamie Jeannette, c’est elle le cordon-bleu de la famille. Mais j’adorais ces moments et prenais mon rôle très à cœur. Tu vois comme j’ai été formée à bonne école !

J’avais acheté deux tests de grossesse de deux marques différentes, l’un à un euro, l’autre à plus de huit euros. Petit cours de biologie : mes règles ayant depuis toujours montré une précision digne de l’horlogerie suisse, j’étais très surprise de leur retard d’une semaine. On disait « les Anglais » quand j’étais petite et non « les règles » comme s’il était honteux de désigner par son nom ce phénomène, lot de la moitié de l’humanité… Tu vas me dire que ce retard n’avait sans doute rien de surprenant, car Papa et Maman avaient bien dû faire quelque chose qui l’expliquerait ? Oui, tout à fait, mon fils. J’étais surprise, c’est juste, mais pas véritablement étonnée.

Alors, un samedi de bonne heure, vers 7 heures, je me suis réveillée avec pour ferme intention de faire un test de grossesse. Le suspense sur le retard des « Anglais » n’avait que trop duré. C’est ainsi que je suis allée dans la salle de bain et ai fait le premier test de grossesse, celui qui avait coûté un euro. Le résultat était positif avec une croix de couleur bleue qui s’affichait, mais toute pâle, pas significative… enfin, c’est ce que je croyais.

Mon cœur a fait un grand boum. J’ai tout de suite douté de mon intellect. J’avais l’impression de ne pas avoir bien interprété le résultat, j’étais en pleine confusion. J’ai inspiré à fond et suis repartie me coucher. Je me suis dit que j’allais refaire le même exercice deux heures plus tard ; cette fois avec l’autre test de grossesse qui a coûté un peu plus cher. Étant un peu crédule, j’ai subitement pensé que, compte tenu du prix, ce test devait être beaucoup plus fiable. Quelle idée, n’est-ce pas ?!!!

J’ai essayé de me rendormir, mais je me tournais et me retournais dans mon lit, toutes sortes de questions me venant à l’esprit : et si c’était vrai ? Et si je n’étais pas prête ? Pas réellement prête ? Bref, j’ai remué tout cela pendant une bonne heure avant de réveiller ton papa. Je n’en pouvais plus. Je lui ai raconté toute l’histoire et le résultat du premier test.

Nous n’avons pas attendu plus longtemps. La seule hâte de ton papa était d’avoir tout de suite la confirmation que c’était bien vrai, c’était bien ça ! J’ai couru à la salle de bain pour faire le second test : le résultat était sans appel. J’étais bel et bien enceinte de toi, mon bout de chou. La joie de ton papa, ses sauts et cris dans l’appartement ont tout de suite effacé mes craintes des minutes précédentes. Elles ont fait place à la joie, la jubilation, l’amour et la sérénité pour entamer ce beau parcours. Nous nous sommes embrassés et avons mangé et bu à ta santé. Je te rassure, j’ai pris de l’eau et Papa du jus d’orange, question d’être solidaire !

Ça y est ! J’ai pu avoir rapidement un rendez-vous avec mon médecin généraliste à La Garenne-Colombes et il m’a prescrit plusieurs examens, y compris le test de diagnostic de grossesse : l’hormoneHCG*.

De retour de chez mon médecin avec les résultats, le diagnostic de grossesse confirmé par la prise de sang, le bilan sanguin effectué, je me réjouis, car tout est parfait ! Aucune carence en vitamines ou en fer, aucune anomalie, tous mes vaccins à jour ! Tout était en ordre. Le médecin nous a conseillé de nous rapprocher d’un gynécologue-obstétricien afin de suivre la grossesse de plus près tous les mois. D’après les calculs et mon taux d’hormones HCG dans le sang, tu devais naître le 24 mai2016.

Quand paraît l’obstétricien...

Aussitôt dit, aussitôt fait, nous avons pris notre premier rendez-vous avec un obstétricien réputé qui exerçait dans une ville voisine de Colombes où nous habitions.

Ton papa était là, présent à cette première visite, comme à toutes les visites prénatales qui se succéderont. Ce praticien, le Docteur Tim, avait un échographe dans son cabinet. Je me suis allongée et, après quelques explications et le fameux gel froid sur mon ventre, j’ai vu un petit point noir et entendu ton cœur battre. Quel bonheur, mon Dieu !!! J’étais heureuse, comblée et déjà amoureuse de toi. La visite s’est bien déroulée et, sur les conseils bienveillants du Docteur Tim, nous sommes rentrés ce soir-là fiers, joyeux, sereins et surtout munis de la date de visite du second mois. Elle était fixée au 10 octobre à 18 h 30 ; tous nos rendez-vous étaient pris en fin de journée, car Papa comme moi travaillions très loin de notre maison et du cabinet du bon Docteur Tim. Il nous fallait choisir des horaires en conséquence afin de ne pas empiéter sur nos journées de travail et de ne pas être obligés de poser des congés à chaque rendez-vous.

J’ai continué ma petite vie tranquille tout en suivant à la lettre les conseils prodigués à toutes les femmes enceintes. Je ne manquais aucun repas et mangeais équilibré. Beaucoup de fruits et de légumes que je prenais soin de bien laver et tremper quelques minutes dans du vinaigre blanc pour éliminer tout risque de bactéries.

Ma grossesse se déroulait bien. Hormis la fatigue en fin de journée, j’étais en forme, pas encore de nausées, pas de mauvaise humeur, mais des envies de plats cuisinés d’origine camerounaise, que je n’avais plus mangés pour certains depuis cinq ans, pour d’autres depuis dix ans. Des plats succulents de ma maman qui me rappelaient mon enfance à Douala. Heureusement, ton cher papa était à mes côtés pour aller chercher dans les magasins spécialisés de Paris les ingrédients exotiques nécessaires. Mamie Marie, ma tante, venait aussi régulièrement à la maison me préparer ces petits plats que je conservais au congélateur pour les déguster dès que l’envie m’en prenait.

Le 10 octobre, nous avons fait la deuxième visite et tu allais bien. Tu avais encore grandi, tu mesurais environ trois centimètres et avais la taille d’une petite cerise. Docteur Tim a rédigé une ordonnance pour faire l’échographie du premier trimestre.

De belles rencontres avectoi

J’ai appelé quelques centres d’échographie voisins et, coup de chance, nous avons pu obtenir un rendez-vous assez rapidement. La première échographie, dite de datation*, était prévue le 7 novembre. Nous avions hâte de te découvrir au grand jour. Comme un enfant qui compte le nombre de nuits restant avant le jour de la première rentrée des classes, je décomptais chaque journée qui s’achevait en ornant d’une croix rouge notre calendrier dans la cuisine.

Enfin est arrivé le jour tant attendu. En avance, ton Papa et moi avons patienté dans la salle d’attente et, un quart d’heure environ après notre arrivée, une dame, à l’aspect très doux, est venue nous chercher.

Pendant l’examen, tu nous es apparu encore plus grand et plus gros que la première fois. La dame qui nous avait si gentiment accueillis était aussi celle qui pratiquait l’échographie. De face et de profil, elle a examiné la fréquence de ton cœur et pris différentes mesures. Ce n’était pas évident, car tu bougeais beaucoup et cela semblait avoir le don d’agacer l’échographe. Elle ne cessait de s’exclamer : « Oh, mais que ce bébé est remuant ; il bouge tant que je ne peux pas bien faire mon travail ! Oh la la ! Il va être très actif plus tard », etc., etc. Quel manque de tact, pensions-nous sans rien dire. Je me suis contentée de lui faire remarquer que je ne pouvais pas faire grand-chose pour l’aider…

L’examen tirait à sa fin lorsque nous avons demandé quel était le sexe du bébé. « C’est une fille ! » a-t-elle alors affirmé. Toute contente, je lui ai demandé comment elle pouvait, à ce stade, en être sûre. « Je le sais par expérience » renchérit-elle, « j’en suis sûre ».

Nous sommes sortis de ce cabinet avec des avis partagés. Contents de t’avoir vu, mais pas vraiment ravis de ces commentaires bavards et indiscrets…

Finalement, de cette mauvaise expérience est sorti un bien : je n’ai décidé que plus tard de faire suivre ma grossesse par l’hôpital, mais je n’ai pas tardé à m’inscrire à la maternité de l’hôpital de Colombes, hôpital Louis-Mourier de l’APHP*, où nous pensions que tu naîtrais.

Pendant ce rendez-vous « d’inscription », une sage-femme a fait un premier bilan de mon parcours depuis le début de la grossesse et nous avons ensuite planifié ensemble les dates des prochaines visites prénatales et des échographies obligatoires. J’en ai alors profité pour demander d’un ton innocent s’il ne me serait pas possible de faire à l’hôpital la seconde échographie. Qui ne risque rien n’a rien est en effet l’une des devises de ta mère. Je redoutais bien sûr une réponse négative, mais en aucun cas je n’imaginais revenir chez la dame bavarde qui te trouvait trop remuant. Quel plaisir m’a causé le « oui » un peu étonné de mon interlocutrice ! Nous avions maintenant rendez-vous le 11 janvier pour une échographie morphologique*, la seconde des trois échographies obligatoires, une par trimestre, que comporte le suivi de la grossesse.

Parallèlement, je continuais d’aller voir le Docteur Tim, à proximité de Colombes. Ce praticien libéral avait une excellente réputation qui me rassurait. Son cabinet était bien évidemment comble et ce jour-là, le médecin avait pris du retard. Nous attendions depuis environ vingt minutes lorsque, enfin, ce fut notre tour. C’était la visite du quatrième mois. Nous avions les résultats de la première échographie, qu’il consulta avant de me poser diverses questions sur mon état de santé en général, mon hygiène de vie. Il prit ma tension artérielle qui était normale et je suis montée sur la balance pour vérifier mon poids. Le poids est la hantise de nombreuses femmes enceintes, j’avais déjà pris deux kilos et je t’avoue que ça me faisait plaisir de découvrir que j’avais encore de la marge en termes de poids avant la fin de la grossesse.

Le docteur Tim m’a fait m’allonger sur le divan pour s’assurer que tout allait bien et me permettre de te voir. Voilà pourquoi c’était si important pour moi d’avoir un « gynécologue de ville », avec ce matériel performant. C’était la garantie de te rencontrer, te voir grandir à chaque rendez-vous. Je n’aurais pas voulu manquer ces moments.

Une fois allongée, le médecin a pris le temps de t’ausculter dans mon ventre. J’avais assez de liquide amniotique et pas de problème apparent.

–Voudriez-vous savoir si c’est une fille ou un garçon ? nous a-t-il demandé. Nous le savions déjà, par la première échographie, mais spontanément avons répondu « Oui, bien sûr ».

–C’est un garçon ! dit haut et fort le docteur Tim. Je bondis du divan :

–Comment est-ce possible ? m’exclamai-je, on nous avait dit que c’était une fille !