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Après une décennie passée dans le secteur de l’aide à la personne,
Lolita Ribe a subi une grave blessure au dos, mettant en lumière la question de son surpoids. Confrontée à des complications médicales, notamment une impossibilité d’être opérée en raison des risques importants de paralysie, un professeur de l’hôpital de Poitiers lui a suggéré la chirurgie de l’estomac pour soulager ses problèmes de santé. Après des années d’hésitation, elle a finalement décidé de surmonter ses peurs avec le soutien de ses proches. Son récit autobiographique offre un aperçu de sa vie et peut être une source de réflexion pour ceux qui envisagent une intervention chirurgicale similaire, soulignant les défis et les changements radicaux que cela implique.
À PROPOS DE L'AUTRICE
Lolita Ribe, particulièrement attirée par le réalisme et la psychologie humaine, a trouvé dans son propre parcours médical une source d’inspiration pour partager son expérience. Elle a choisi de documenter son cheminement, désireuse de comprendre et de transmettre les aspects psychologiques de l’épreuve qu’elle a traversée.
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Lolita Ribe
Mon histoire, ma sleeve,
mon nouveau départ
© Lys Bleu Éditions – Lolita Ribe
ISBN : 979-10-422-3270-2
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122- 5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122- 4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335- 2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Je vous livre en ces pages la façon dont j’ai vécu le parcours complet qui mène à la chirurgie de l’estomac nommée « Sleeve ».
J’ai hésité durant des années.
Après mon accident de travail, le professeur spécialiste du dos que j’ai consulté qui m’a dit que je n’étais pas opérable, car il y avait 99 % de risques que je termine paralysée, qu’il fallait que je perde beaucoup de poids pour limiter l’usure des disques et diminuer mes douleurs (j’ai une hernie discale au niveau des lombaires, un tassement de vertèbres et un morceau de disque cassé qui s’est posé sur ma moelle épinière).
Je lui avais répondu que je n’arrivais pas à descendre en dessous de 90 kg, c’est là qu’il m’avait dit qu’il existe différentes chirurgies de l’estomac pour aider les personnes qui doivent perdre beaucoup de poids. Je ne le savais pas à ce moment-là, et cette idée me faisait très peur.
Les années sont passées, mes douleurs sont toujours aussi présentes et désormais, je vis avec un homme qui n’aime pas les femmes rondes, il dit qu’il m’aime pour mon fort caractère.
Je commence à repenser à cette histoire de chirurgie de l’estomac. Ça m’aiderait pour soulager mes douleurs dorsales et peut-être à améliorer ma relation de couple si j’arrive à lui plaire physiquement.
J’ai fait beaucoup de recherches et je me suis aperçue qu’il y a de nombreuses informations, bonnes comme mauvaises, on ne sait pas trop quoi en penser. C’est la raison pour laquelle j’ai choisi d’écrire chaque étape du processus.
Je commence mon récit en vous retraçant les grandes lignes de ma vie pour que vous puissiez comprendre mon caractère, l’état d’esprit dans lequel j’étais et comprendre qui je suis. C’est un témoigne simple et fidèle à ma réalité, je n’ai rien édulcoré par souci de transparence pour que vous puissiez avoir une vraie idée sur moi, sur l’opération et ses conséquences.
J’espère que mon témoignage vous aidera à voir plus clair, à prendre votre décision si vous hésitez à subir cette opération. Ce n’est pas à moi de vous dire si vous devez ou non vous faire opérer, je partage simplement avec vous mes ressentis, ça n’engage que moi.
Je vous souhaite une bonne lecture et une belle vie.
C’est l’année 1986, le contexte n’est pas fameux il y a eu une catastrophe à la centrale nucléaire de Tchernobyl, l’énorme artiste Daniel Balavoine est décédé dans le désert malien et le génialissime Coluche décéda le 19 juin, le jour où j’ai eu la chance de voir le jour.
Il faisait beau, les médecins avaient estimé que j’étais trop grosse pour le bassin de ma mère et avaient décidé de pratiquer une césarienne.
Ce matin à 8 h 30, Jean-Pierre, mon père, n’ayant pas le droit d’assister à l’intervention, attend plus ou moins patiemment dans les couloirs. En se dirigeant vers un énième couloir, il arrive devant la nurserie de l’hôpital où une aide-soignante slalome entre des berceaux de plastique transparent. Voyant l’heure tourner, il tape doucement sur la paroi vitrée de la nurserie pour attirer l’attention de l’aide-soignante. Dès qu’elle approche, il lui demande :
Il avait de la chance, une seule césarienne était prévue ce matin-là.
Il regarde les berceaux, des filles et des garçons aux joues roses, certains avec des cheveux et d’autres non. Ce sont des enfants de taille moyenne, voire petit…
Après quelques minutes, le gynécologue arriva et annonça ma naissance à mon père et le conduisit à la chambre de ma mère.
Dès son arrivée, ma mère lui demanda :
Ma mère acquiesça ; et voici mon père partant pour la mairie pour déclarer officiellement ma naissance.
Après une semaine d’hospitalisation, nous voici à la maison. Papa avait terminé les aménagements de la chambre de ma grande sœur pour me faire une place.
Ma grande sœur n’a qu’un an et demi, elle est brune comme moi et un peu ronde. Elle marche depuis 6 mois déjà. Elle aime être assise tranquillement avec un livre. Elle adore les poupons et du coup je deviens son « joujou » dès que notre mère n’est plus aux alentours.
Elle me donne le biberon vide qu’elle prend puis remet sur le lavabo, elle essaie de m’habiller avec ses vêtements de poupée, elle essaie de me faire marcher…
Tout se passe à merveille.
Mes oncles et tantes viennent voir leur nièce et tous ont la même réflexion :
Tous les membres de ma famille me trouvent jolie ! Je souris, souris, et souris encore !
Je grandis tranquillement avec ma grande sœur. À l’âge de 18 mois, je parviens à lever mes fesses et commence à marcher pour explorer mon petit monde.
Nos jeux furent interrompus par une petite sœur. Un petit poupon blond aux joues roses et rebondies, mais moins rondouillarde que ses grandes sœurs.
Et voilà, nous sommes désormais cinq dans cette toute petite maison qui ne compte que 2 chambres. Papa avait contracté un emprunt, de quoi faire construire une maison avec 3 chambres et surtout un jardin pour que nous puissions jouer, dans une petite ville 15 km plus loin. Nous y emménageons quelques mois après la naissance de ma petite sœur.
Une nouvelle vie, je partage désormais ma chambre seulement avec ma grande sœur.
Comme nous aimons y jouer, ma petite sœur a une chambre à elle pour pouvoir se reposer.
Mon père voulait tout le temps nous faire plaisir, un soir il est revenu avec un « tape-cul », il était resté au travail le soir à la débauche pour pouvoir nous le fabriquer « en cachette ». Il avait pris une planche de chêne, et avait soudé un support qui puisse faire tourner la planche en plus d’aller de haut en bas. Il y avait passé du temps pour qu’il soit suffisamment sécuritaire et peint.
Nous sommes ravies, nous avons pu en faire dès le soir même. Nous étions très fières, et pour cause, nous étions les seules à en avoir un qui tourne !
Les années passent, nous grandissons dans les années 90, super époque, nous jouons avec nos game-boy, et nos pogs. Nous regardons des séries télévisées comme « Hartley cœurs à vif », « Parker Lewis », « La petite maison dans la prairie », « Le magicien », « Robocop », « Flash », « Highlander »… et nos dessins animés « Tintin », « Les malheurs de Sophie », « Les 4 filles du docteur March », « Denver le dernier dinosaure »… et les soirées avec les parents devant « Benny Hill » ou « Mr Been » avant que ne sonne l’heure d’aller au lit. Ah, toute une époque que mes enfants ne connaîtront pas.
Une chose nous mettait d’accord, les parties de Mario 64, sur la Nintendo 64 ! Au moins un jeu où nous gagnions alternativement et où nous avions 4 manettes ! Du coup, nous pouvions jouer ensemble, sans trop de dispute et où papa pouvait participer !
Mais la vie de 3 filles avec une mère pas très patiente peut être compliquée.
Des disputes pour des jouets, savoir quelle cassette vidéo on va regarder, se crêper le chignon car la petite dernière est mauvaise perdante aux jeux de société, des bavardages une fois couchées… Autant de raisons qu’il en fallait à ma mère pour faire tomber les baffes ou les coups de martinet.
Mon père ne supportait pas le martinet, il disait que nous n’étions pas des chiens, et pour l’avoir subi avant nous, il lui paraissait intolérable que ma mère l’utilise. Aussi un soir, lorsqu’il se remémorait une punition impliquant un martinet, il nous dit qu’il avait coupé les lanières après que ma grand-mère soit couchée. Mais ce fut une mauvaise idée, car par la suite, elle le frappa avec le manche.
Je saute alors sur l’occasion pour lui dire que maman en avait un et lui montrer la marque sur ma cuisse. Il se leva et alla dans le salon où elle se trouvait et l’engueula comme jamais je ne l’avais entendu. Elle voulut répondre, bégaya, et il frappa alors le mur à côté en lui disant qu’il était hors de question que ses filles soient battues comme il l’avait été !
Nous avons eu quelques semaines calmes suite à cet événement. Mais c’est comme si ma mère nous en voulait de quelque chose. Je ne la comprenais pas.
Voici le mois de septembre ; c’est le moment pour moi d’aller à l’école primaire. J’ai bien grandi, mais j’ai continué à m’arrondir. Je rentre en classe de CP.
Certaines leçons sont difficiles, longues, j’ai du mal à tout retenir et quand vient le moment d’aller voir maman dans la cuisine pour lui réciter les leçons, ce n’est pas rose.
Les baffes tombent, les unes après les autres ; parfois deux en même temps, ce qui n’aide pas à réfléchir.
Ce soir, je bloque sur une leçon que je ne comprends pas. Je tente de dire à ma mère que je n’ai rien compris, mais elle n’a pas l’air de m’entendre. Au bout de quatre ou cinq baffes, elle conclut la séance d’un « tu verras ça ce soir avec ton père ». Qu’est-ce que je déteste quand elle me dit ça ! Quand papa rentre le soir, il est fatigué et n’a pas envie qu’on l’assène de questions. Enfin je retourne dans ma chambre et termine mes autres devoirs.
Ça y est, il est 18 h 20, papa arrive. Maman m’appelle et me dit de venir avec mon cahier.
Ils sont dans la cuisine, j’approche doucement, méfiante, et j’entends ma mère dire à mon père :
— Tu te rends compte, elle ne veut pas faire ses devoirs ! J’ai beau la fâcher, elle ne veut rien entendre !
Il se tourne vers moi et me dit calmement :
Après 20 minutes, j’ai compris et appris ma leçon avec papa, un grand soulagement s’empare de moi.
Je suis jalouse de ma grande sœur qui apprend ses leçons en même temps que la maîtresse la lui dit alors que je peux passer des heures sur les miennes ! et le plus souvent avec les baffes de nôtre mère.
Un jour que ma grande sœur était partie chez une copine pour la journée et qu’elle m’avait interdit de toucher à son vélo, j’ai voulu en faire un tour pendant que ma mère discutait avec ma tante et mon oncle. Le vélo, qui était beaucoup trop haut pour moi, commençait à vaciller de droite à gauche sans que je parvienne à le maintenir droit tant j’essayais de me tenir, car j’avais du mal à joindre les pédales. Ce qui devait arriver arriva bien évidemment ! Je tombe en me heurtant au pilier du portail des voisins. La pédale du vélo est dans mon genou, je ne peux pas crier, car ma mère se fâcherait ! Que faire ? Je n’ai pas beaucoup de choix, je dois la retirer moi-même. Je peine durant plusieurs minutes et finis par y parvenir. Je rentre en boitant avec le vélo qui n’a rien et le range. Je vais à la maison, là ma mère me voit et commence à m’engueuler, elle dit qu’elle en a assez de m’emmener chez le médecin me faire recoudre et que je devrais me soigner seule ! Mon oncle va dans la salle de bain chercher de l’alcool à 70°. Il me fait asseoir dans le fauteuil et me nettoie la plaie doucement. Il dit que c’est profond et que ça mérite des points.
Ensuite, il part. Il revient 20 minutes plus tard avec un paquet de « carambar » et dit qu’il n’est que pour moi, car je ne me suis pas plainte ! Je le remercie et lui souris pendant que ma mère me fusille du regard.
Mon maître d’école me trouve souriante et gentille ; il est satisfait de mes résultats.
Je joue avec les garçons de ma classe durant les récréations, a priori je n’ai pas l’air assez bien pour jouer avec les autres filles. À l’inverse de moi, elles aiment porter des robes, discuter et jouer avec leurs Barbies. Elles aiment se faire belles, moi par contre je préfère jouer au foot ou à la marelle et apprendre de nouvelles choses. Je suis curieuse et m’intéresse à beaucoup de choses, excepté moi-même.
Les années passent, je suis ronde, mais toujours heureuse, je ne vois pas de mal à ne pas être comme les autres filles, excepté lorsqu’elles font des soirées pyjama où elles ne veulent pas que je vienne.
Arrive le CM 2, c’est le mois de novembre, une visite médicale pour l’ensemble des élèves est organisée. J’attends mon tour avec impatience, curieuse de savoir ce qu’il s’y passe.
Ça y est, la porte s’ouvre, c’est à mon tour. J’entre dans la salle où nous regardons les cassettes vidéo pour découvrir l’anglais. J’aime cette salle, même si elle n’a pas de décoration sur les murs et juste un gros rideau, nous y passons toujours de bons moments. Sur les cassettes sont enregistrées des chansons pour apprendre les couleurs en anglais ou encore à compter…
Une dame en blouse blanche se présente comme infirmière scolaire et me demande l’autorisation que mes parents ont signée pour qu’elle puisse me faire les mesures et tests.
Après la lui avoir donnée, elle me désigne un mètre accroché sur le mur devant lequel elle me demande de me placer :
— Très bien, tu mesures 1 m 60, tu es très grande, dis-moi ! me dit-elle d’une petite voix avec un sourire. Nous allons désormais te peser : 80 kg ! Là par contre ça ne va pas, elle sort une demi-lune en carton avec différentes couleurs et des choses inscrites dessus. Tu vois, tu es « en surpoids », tu ne devrais pas dépasser les 63 kg ! Tu vas devoir faire des efforts avant d’avoir des problèmes de santé.
Son sourire a disparu, elle a l’air d’avoir pitié de moi.
Je ne réponds pas, comme ça a l’air d’être une bêtise, je baisse la tête et regarde mes pieds.
Je ne comprends pas où est le problème, j’ai un plus gros ventre que les autres filles, mais je suis plus forte qu’elles, et puis je suis plus grande de deux têtes ça devrait compter !
Le soir arrivé, je donne le papier de l’infirmière scolaire à mes parents. Papa le lit et dit :
Cela fait maintenant 3 semaines que j’ai vu l’infirmière scolaire et me voilà dans la Bx avec maman, sur la route pour rencontrer une diététicienne. Ma mère me dit que c’est une dame qui va m’apprendre à bien manger. Je me dis qu’il vaudrait mieux qu’elle prenne des cours pour être une bonne mère, mais ne dis mot et souris gentiment.
Nous arrivons au pied d’un grand immeuble gris. Je déteste ! je n’aime pas cette grande ville froide et pleine de monde.
Nous entrons dans le hall, puis dans l’ascenseur. Tout est gris c’est d’un déprimant !
Et voilà, une porte gris foncé avec une pancarte « Diététicienne ». Ma mère frappe. Une dame assez âgée, petite et maigre, nous fait entrer.
Elle nous fait asseoir, elle me demande si je sais pourquoi je suis là.
J’ai l’impression qu’elle se moque de moi et me ferme petit à petit.
Elle me redemande, ma mère me met alors un coup de coude assez fort alors je répète tel un perroquet ce qu’elle m’avait dit dans la voiture.
La diététicienne se mit à sourire, elle me dit que c’est une bonne réponse. Elle continue en me disant que je ne peux pas rester comme ça, car je vais continuer à grossir et rapidement devenir obèse. Elle sort des tableaux, parle de statistiques, d’Américains… je n’écoute pas la moitié de ce qu’elle me dit, son regard de dédain me met hors de moi !
Je ne suis pas contre le fait de perdre mon ventre j’en serais moins complexée quand on va à la piscine avec l’école, mais je me dis que j’ai le droit d’être traitée comme une petite fille normale, ce regard n’a pas lieu d’être ! Mon médecin de famille avait dit plusieurs fois à ma mère qu’il fallait faire attention à ce que je mange, car je continuais de grossir plus vite que je ne grandissais ; mais LUI ne me regardait pas comme ça ! Il me regardait comme l’enfant que j’étais, sans porter de regard accusateur.
Elle me fait un « cours » sur les familles d’aliments alors que je les ai étudiées en biologie, je sais déjà ce qu’elle me raconte, mais c’est comme si elle ignorait que ce n’était pas moi qui cuisinait, qui faisait les courses ou encore sortait les gâteaux du placard pour les petits déjeuners et goûters ! Ma mère gérait tout ce qui concernait la nourriture. Il n’y avait pas d’écart possible puisque, dans la journée, elle était ou dans la cuisine ou dans le salon juste à côté. Même quand on se servait à boire elle regardait !
Enfin je regardais ce que cette dame me montrait et acquiesçais poliment. À la fin du rendez-vous elle me dit que nous allons devoir peser tout ce que je mange et le noter pour qu’elle le contrôle dans un mois. Je devrais boire aussi 3 litres d’eau par jour.
Le lundi suivant à l’école j’avais donc une bouteille d’eau puisque je devais la boire dans la matinée. Ma mère avait mis un mot à mon maître pour qu’il surveille que je ne la vide pas, mais bien que je la boive. Les autres élèves m’ont demandé si j’étais malade. Et voilà, ma petite vie tranquille se préparait à devenir problématique !
Comment quelques kilos superflus pouvaient régenter ma vie ? Et pourtant, mon quotidien s’articulait autour d’eux, ma mère ne me parlait plus que régime, calories, grosseur…
Elle était encore moins patiente. Je commençais à me détacher d’elle puisqu’elle ne me voyait plus comme sa fille, mais sa chose à modeler !
Un jour, elle me demanda de peser mes aliments, ce que je refusais, répondant que c’est elle qui le voulait donc autant qu’elle le fasse.
Après deux baffes, elle alla chercher mon père. Une fois dans la cuisine, elle lui dit que je ne veux pas peser mes aliments, en oubliant de parler des baffes, bien entendu. Il me regarda avec mes joues rouges ; et lui répondit qu’elle pouvait le faire elle-même, que vu qu’elle est mère au foyer, ça fait partie de son boulot et que je mangerais ce qu’elle me donnera !
Nous avons tout suivi ! Les pesées, les interdictions de certains aliments, les obligations d’autres aliments, les 3 litres d’eau par jour ! Et non, je n’ai perdu que quelques kilos et mon sourire habituel.
Ma mère passait plus de temps à me mettre des baffes qu’autre chose.
Au bout de quelques mois, je parlais à mon père de l’acharnement de ma mère, il me répondit qu’elle était en surpoids plus jeune et qu’il fallait que je comprenne qu’elle ne voulait pas que je reste comme ça, que c’était pour mon bien.
Cela n’empêcha pas les ressentiments.
Cette situation perdura et la diététicienne n’y changea rien. Toujours le même protocole, les mêmes obligations alors qu’il n’y avait pas de réel changement.
Je crois que plus elle s’acharne à peser mes aliments, à m’en mettre plein la tête parce que je suis grosse et plus je m’en fous d’être grosse ! Je commence à la détester, elle ne m’aide pas, elle me rabaisse et m’humilie ! Le problème c’est que la nourriture est un refuge, pour certains d’entre nous, plus ça va mal et plus on mange (l’inverse existe aussi, ma meilleure amie ne peut pas manger dès qu’elle est contrariée), comme si remplir notre estomac allait vider notre esprit de ses problèmes.
Je continue de grandir, et voilà j’ai désormais 14 ans, je mesure 1m65 et je pèse désormais 105 kg.
Je suis au collège, les relations sociales ne sont pas au beau fixe.
Ma grande sœur fait partie du groupe « des intellos », c’est la première de sa classe, comme ça l’a toujours été, elle s’est affinée en grandissant et a une taille que l’on peut qualifier de « normale ».
Je ne suis pas dans les premiers de ma classe, j’ai toujours autant de mal à apprendre mes leçons, je m’en tire avec une moyenne générale satisfaisante de 13/20.
Mes vraies difficultés étaient en course de fond, ou en relais, je m’en sortais dans les autres sports. Mes camarades de classe se moquaient de mes rondeurs régulièrement et les 3e en faisaient autant. Les « croche-pattes » étaient monnaie courante pour faire tomber « bibendum » ou autre surnom pourri et humiliant.
Ma mère nous emmenait le matin, mais le soir nous devions rentrer à pied, pour « nous apprendre la vie », comme elle disait. Le vendredi tantôt ma grande sœur débauchait plus tôt, du coup je rentrais seule.
Un vendredi je rentrais à la maison en coupant par le champ de foire comme d’habitude lorsque 5 élèves sont sortis des toilettes publiques et ont commencé à m’insulter. Je n’ai rien dit et passais mon chemin, mais ils m’ont poussée plusieurs fois jusqu’à ce que je sois dans l’entrée des toilettes, là les insultes étaient plus dures, je leur ai dit que je ne leur avais rien fait, qu’ils pouvaient me laisser, et qu’à 5 contre un c’est plutôt facile. Rien n’y a fait, les coups ont continué à pleuvoir, toujours plus forts, je finis à terre et prends des coups de pied dans le ventre. J’en peux plus, pourquoi moi ? Je ne les connais que très peu, de loin ! C’est affreux, les secondes me semblent être des heures, vont-ils me laisser en vie ?
Au bout d’un moment, un homme arrive et crie, je ne comprends pas bien ce qu’il dit, j’entends qu’il les engueule, ils partent avant qu’il ne soit arrivé jusqu’à moi.
Il m’aide à me relever et à me nettoyer avec un mouchoir qu’il mouille.
Il me demande qui c’est, pourquoi ils m’ont fait ça.
Je ne réponds pas, il insiste et me dit qu’il faut aller porter plainte.
Je lui dis que je ne les connais pas et que du coup il est inutile d’aller voir les gendarmes. Je le remercie et pars. Il me crie qu’il serait mieux d’aller voir les gendarmes.
J’arrive à la maison. Ma mère me dit d’aller faire mes devoirs dans ma chambre, car elle cuisine ; ce que je fais. Ma grande y est, entrain de relire ses leçons. Elle sort le nez de son cahier et en me voyant me dit que j’ai vraiment une sale tête, elle me demande ce qu’il s’est passé.
Je lui réponds que je suis tombée dans la descente du chemin blanc. Elle me dit que ce n’est pas possible. Je lui réponds que si. Elle les connaît, je ne veux pas qu’elle ait d’histoires !
Plus tard pendant le repas mon père me demande ce qu’il s’est passé. Je lui donne la même version qu’à ma sœur, je vois bien qu’il ne me croit pas, mais n’en rajoute pas.
Au moment d’aller se coucher, je vais lui faire un bisou de bonne nuit, il me dit à l’oreille que je peux tout lui dire et qu’il peut s’occuper des gamins qui m’ont fait ça. Je lui souris, lui fais un signe de tête et pars me coucher. Nous n’en avons jamais reparlé.
Je rencontre la fille d’une copine de ma mère, elle a un caractère difficile et n’a que très peu d’amis. Ma mère me dit que nous pourrions nous entendre.
En effet, le contact passe bien, elle est marrante et je recommence à rire et à m’amuser. Elle est plus âgée que moi, quand nous sortons ensemble et allons dans le centre-ville, elle me présente à ses amis, que des hommes ! Tous majeurs, fumeurs et buveurs de bière. Je me sens un peu perdue au début, mais comme je suis assez grande, ils ne me rejettent pas, ne me demandent pas mon âge. Quand l’un d’eux me propose une cigarette, je refuse poliment ; ils me proposent une bière, je l’accepte, tous ces regards sur moi, je n’ai pas l’habitude et veux me fondre dans la masse. Je suis étonnée du goût, j’apprécie cette boisson.
Ces sorties deviennent assez fréquentes, tous les samedis ! Je suis heureuse le samedi, j’ai l’impression d’avoir des amis même si ce sont ceux de ma nouvelle amie.
Un soir, elle demande à mon père si je pouvais aller dormir chez elle ; elle habite à 10 minutes à pieds. Cela fait plusieurs mois déjà que nous sommes amies et que ça se passe bien.
Mon père accepta.
Nous sommes donc allées chez elle, sa mère était ravie de me voir. Elle est plus petite que moi, mais plus large que moi. Elle semble fatiguée de la vie, du caractère de sa fille. Elle me dit que je suis une fille sérieuse qui pourrait aider la sienne à revenir dans le droit chemin.
C’était une entrée en matière assez spéciale, quoi répondre ? Je ne pouvais pas lui dire que sa fille ne m’écouterait pas ; je lui ai donc souri gentiment.
Après le repas, nous avons eu le droit de sortir nous promener. Ma copine nous a conduites jusque chez un ami à elle que j’avais vu une fois déjà. Il y avait plusieurs hommes, de jeunes adultes, entrain de boire du whisky et de la bière en fumant des joints. Je dis bonjour globalement d’un signe de la main comme ma copine. Ils nous invitent à nous asseoir avec eux et nous servent une bière. Tout le monde discute, bois et fume excepté moi.
Il y en a un qui s’approche de moi et s’étonne que je ne fume pas, je lui réponds que la fumée me dérange. Il met sa cigarette de l’autre côté et entame la discussion en me demandant si je suis du coin, ce que je fais, ce que j’aime… des banalités, mais il est très gentil avec moi. Je suis contente, quelqu’un me montre de l’intérêt.
Je m’excuse et demande où sont les toilettes, il me les indique et discute avec ma copine quand je me lève.
À ma sortie des toilettes, il est là, dans ce couloir avec du carrelage marron foncé sur les murs. Je m’excuse et passe devant lui pour rejoindre les autres. Il m’attrape la main droite et me dit d’attendre. Je lui dis que je vais me rasseoir à la même place et que je l’y attendrais. Il me serre le poignet et dit :
Il m’a attrapé la main gauche, je le regarde bouche bée. Qu’est-ce qu’il se passe ? Il serre de plus en plus fort. Il mesure presque 2 mètres, je suis certaine qu’il fait plus de 100 kg.
Il passe mes deux poignets dans sa main gauche et les lève au-dessus de ma tête.
Je lui demande alors ce qu’il veut.
Je lui dis que je suis mineure.
Il me répond que je suis assez grande, que ça va aller !
Il commence à défaire les boutons de mon chemisier et à me caresser la poitrine.
Je lui dis que je ne veux pas, je pleure, mais il a l’air de s’en moquer ; je commence à crier, mais la musique dans le salon est trop forte, personne ne m’entend !
Il me serre les joues d’une main et me redit que ça va bien se passer.
Il me caresse la poitrine et m’embrasse dans le cou. Sa barbe de quelques jours me griffe le visage. Il serre son bassin contre moi. Je sens un truc dur contre mon bassin. Il descend sa main au niveau de ma ceinture, me défait le bouton de mon jean, et là j’ai un flash :
Mon père nous a dit plusieurs fois lors de soirées arrosées avec ses amis que si un homme nous tient, nous tripote ou que l’on pense qu’il veut nous violer il faut réagir en donnant un coup de pied dans « le service 3 pièces », même si l’homme est costaud il lâchera, c’est très sensible.
J’essaie alors de bouger les pieds, mais ses pieds et ses jambes m’en empêchent, par contre je parviens à lever mon genou et lui en mets un grand coup.