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Un comptable trop curieux voit sa vie chamboulée lorsqu’il découvre le butin d’un hold-up enterré en forêt lors de son jogging. Décidé à garder ce trésor, il se retrouve mêlé à des situations violentes, obligé de défendre sa nouvelle fortune. Entre son travail et sa famille, il doit constamment échapper à un gang impitoyable et aux gendarmes déterminés à élucider son rôle. En plein cœur d’une spirale de danger et de suspense, il doit naviguer entre menaces et secrets pour survivre.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Max James Balland utilise son expérience de coureur et son cadre d’entraînement habituel comme toile de fond pour écrire ses œuvres. À travers "Mortal Footing", il montre que chaque être humain porte en lui le meilleur et le pire, et qu’un simple imprévu peut bouleverser une vie bien ordonnée, révélant une personnalité insoupçonnée.
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Seitenzahl: 188
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Max James Balland
Mortal footing
Roman
© Lys Bleu Éditions – Max James Balland
ISBN : 979-10-422-3888-9
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Le footing, le running ou peu importe le terme employé pour nommer la pratique de la course à pied, est souvent cité comme un exercice excellent pour la santé et la forme physique.
Ce récit montre que parfois cette passion, alliée à la curiosité, peut exposer le pratiquant à de graves conséquences et à d’insoupçonnés dangers lorsque ses chemins d’entraînement croisent ceux de dangereux malfaiteurs.
Les faits sont relatés tels qu’ils ont été vécus en respectant leur chronologie et en essayant de faire ressentir l’atmosphère qui a régné lors de ces évènements.
En ce dimanche matin d’avril, la journée a parfaitement commencé.
Un réveil à 7 h, suivi d’un petit déjeuner constitué d’un café et d’un verre de jus d’orange avec sa pulpe. Toujours un petit déjeuner léger avant de partir à l’entraînement.
Aussi longtemps que je me souvienne, j’ai toujours aimé courir et je profite toujours du week-end pour effectuer une sortie longue. Environ deux heures de footing en forêt. Pour y aller, seulement sept ou huit minutes de voiture depuis la maison.
Le reste de la semaine, je profite de l’heure du déjeuner pour m’entraîner, sur un tapis de course, à la salle de sport qui n’est située qu’à deux rues de mon bureau.
Ce sont les vacances de printemps et ma femme est partie hier dans les Alpes, avec les enfants, pour les deux semaines de vacances scolaires. Je vais en profiter pour peaufiner mon entraînement et faire deux sorties longues ce week-end, au lieu d’une seule.
Hier, j’en ai déjà effectué une première, de 25 kilomètres à un rythme tranquille, et ce matin je vais essayer d’en effectuer une identique.
Dans quelques semaines, c’est le marathon de Paris et je dois faire le maximum pour être prêt.
Après avoir traversé le centre-ville, j’emprunte une petite route ombragée sur environ deux kilomètres avant d’accéder à l’allée centrale qui s’enfonce vers le cœur de la forêt.
À quelques centaines de mètres, un petit parking est aménagé pour les visiteurs. C’est là que je laisse toujours mon véhicule.
Une allée goudronnée, interdite à la circulation des véhicules à moteur, fait le tour de la forêt sur près de onze kilomètres. Ce circuit est le terrain de jeu habituel des joggeurs et des cyclistes. Elle constitue l’une de mes unités de mesure pour définir le programme de mes entraînements.
Je me gare, range mes clés de voiture dans la poche de mon cuissard, attrape ma gourde et active mon chrono.
Il est déjà 7 h 55.
Le jour est maintenant levé, mais l’air est frais. De bonnes odeurs d’humus et de pins sylvestres emplissent l’air. Décidément, c’est une belle journée qui s’annonce.
Je passe la barrière en bois qui interdit toute circulation et démarre tranquillement mon échauffement. Je respire profondément sur chaque foulée et cherche à trouver mon rythme de course.
Autour de moi aucun bruit, seulement celui de mes semelles sur le goudron et celui du léger vent dans les arbres.
Je parcours ce chemin depuis de nombreuses années sans jamais m’en lasser. Au fil des saisons, le panorama n’est jamais le même et le plaisir de me fondre dans ce décor est toujours aussi intense.
On trouve une assez belle diversité d’essences. Une majorité de chênes, parfois centenaires, mais aussi des châtaigniers, des charmes, des bouleaux et différents résineux issus de la replantation après la tempête de 2001.
Je suis parti depuis peu et parcouru seulement quelques centaines de mètres quand mon attention est attirée par quelque chose qui me semble avoir bougé, sur la gauche, à l’entrée d’un chemin transversal où un important tas de bois est entreposé. Il est constitué de troncs fraîchement coupés et en attente d’enlèvement.
Je m’arrête, mets mon chrono sur pause, tends l’oreille et scrute alentour pour identifier l’origine de ce mouvement. Peut-être un chevreuil ou un sanglier. En début de journée, lorsque la forêt n’est pas encore parcourue par les visiteurs, il n’est pas rare de voir de grands animaux qui vont ou reviennent de boire dans l’une des nombreuses mares présentes dans le secteur.
Lorsque mes yeux se sont habitués à l’environnement, je balaie lentement et méthodiquement du regard l’alignement d’arbres et je parviens à identifier deux silhouettes qui s’affairent près d’un taillis.
En partie caché par le tas de bois, je m’avance lentement et avec précaution dans le chemin. Après quelques mètres, la clarté émise par le lever du soleil me permet de distinguer plus clairement deux hommes. L’un est plutôt grand et blond avec des cheveux courts et l’autre plus petit est brun et de type asiatique.
De loin, je perçois seulement qu’ils s’affairent, penchés en avant, mais aucun bruit ne me parvient. Je reste à distance, figé et n’ose plus bouger de peur d’être vu. Mes pensées s’affolent. Que font-ils de si bonne heure au milieu de la forêt ? Suis-je en danger si je suis découvert ? Que dois-je faire ?
Le plus grand semble être en train de creuser ou d’enterrer quelque chose.
J’ai le cœur qui tape dans ma poitrine et je sens le sang battre dans mes tempes.
Je m’efforce de contrôler ma respiration et surtout de rester silencieux pour ne pas attirer leur attention.
J’ai complètement oublié l’entraînement, le temps me semble arrêté. Plus rien n’existe en dehors de ces ombres s’affairant dans ce sous-bois toujours embrumé.
Je suis là depuis combien de temps ? Combien de temps cela va-t-il encore durer ?
Un léger vent frais, que je ne sentais pas lorsque j’ai débuté mon footing, me fait maintenant frissonner. Je commence à avoir froid en short et T-shirt.
Le plus grand est maintenant dans la lumière et je distingue dans ses mains une courte pelle, semblable aux pelles militaires pliables. Celles souvent utilisées par les équipages du Dakar pour leur désensablement dans les dunes.
Il est de profil et discute avec le deuxième homme. Malgré l’air frais, il semble avoir chaud et transpirer. Il s’essuie le front avec le dos de la main.
Il est vêtu d’un blouson en tissu marron et d’un pantalon bleu foncé, probablement un jean.
Leur besogne se poursuit encore un moment qui me semble être une éternité, bien qu’elle n’ait certainement pas duré plus de quelques minutes.
Le grand tend la pelle au deuxième homme qui s’en saisit et s’éloigne en direction d’un gros arbre couché à quelques mètres de là. Certainement un chêne abattu par les derniers coups de vent du mois de novembre dernier.
Je le vois se pencher et glisser la pelle sous le tronc puis rejoindre le plus grand.
Ils s’échangent quelques mots puis regardent un instant autour d’eux comme pour s’imprégner du lieu et s’assurer qu’ils sont bien seuls. Rien que le silence.
Rassurés, ils repartent tranquillement à travers le sous-bois, mais dans ma direction. Je reste derrière les troncs, accroupi. Ils passent à quelques mètres de moi et je les entends parler sans comprendre ce qu’ils disent. Je perçois seulement qu’ils parlent avec des accents.
J’attends quelques secondes avant de me relever pour les voir s’éloigner en direction du parking où je suis justement garé. Ils évitent le chemin et continuent de progresser toujours dans le sous-bois.
Lorsqu’ils sont suffisamment loin, je me décide à les suivre tout en maintenant la distance.
Sur le parking, j’aperçois deux autres voitures en plus de la mienne. Ils montent dans l’une de couleur grise qui me semble être une Mercedes. Elle était effectivement là lorsque je me suis garé. Maintenant, je m’en souviens. Elle était stationnée près d’une autre barrière interdisant l’accès à une allée secondaire, mais je ne m’y étais pas intéressé. Je n’y avais pas vraiment prêté attention.
Je ne peux lire clairement la plaque, mais je distingue des chiffres de couleur rouge indiquant qu’il s’agit d’une plaque belge.
La voiture démarre et roule en direction de la sortie.
Le bruit du moteur diminue rapidement et je reste seul, silencieux, encore plus stressé qu’auparavant.
Personne, pas de bruit et le soleil qui commence à se montrer. Je regarde ma montre. Elle est toujours sur pose. Il est 8 h 25.
Ma motivation d’entraînement a disparu. Je me prépare à rentrer chez moi, je me dirige vers ma voiture.
Mais que faisaient ces hommes ? Qu’étaient-ils en train de dissimuler ?
La seule façon de le savoir est d’aller regarder. J’hésite encore un instant, me poste au milieu de l’allée, le regard perdu au loin.
Personne !
Je me ravise. Je veux savoir.
Après avoir opéré un demi-tour, je me remets à trottiner. Mes jambes sont lourdes et engourdies par mon arrêt prolongé dans la fraîcheur du petit matin.
J’accélère sensiblement mon rythme et arrive rapidement dans la clairière où s’affairaient les deux hommes.
Je jette un coup d’œil autour de moi. Toujours seul !
Devant moi, le gros chêne couché. Je me dirige vers lui pour y chercher la pelle. Je ne la trouve pas immédiatement. Je sais qu’elle est là, mais où exactement ?
Pour tenter de la repérer, je me mets à genoux et regarde en dessous.
Ça y est, je la vois, elle est un peu sur la gauche, bien coincée, entre la terre et le tronc.
C’est bien une pelle pliable comme je l’avais vue.
À peine en main je recommence à stresser.
Pour quelles raisons autres que la curiosité suis-je là ?
Que vais-je faire et surtout trouver ?
Et s’il s’agissait de criminels ?
Et si je trouvais un corps, que faire ensuite ?
Comment expliquer mon attitude ?
Et si ces possibles assassins apprenaient qui je suis ?
Je ne suis plus certain de la conduite à suivre, mais la curiosité prend le dessus et je décide d’avoir le fin mot de cette histoire.
Je visse la pelle pour la rendre fonctionnelle et me coince les gants dans le pas de vis. Je n’ai pas pensé à ôter mes gants de soie noire que je porte aussi bien en course que lors de mes entraînements. Ils me protègent du froid et me servent à éponger la sueur sur mon visage, m’essuyer la bouche aussi bien que le nez.
Je repère facilement à quelques mètres, l’endroit qui a été creusé. Bien que des feuilles aient été étalées pour homogénéiser la surface avec le sol environnant, je distingue parfaitement le terreau humide qui a été réparti au sol et tranche avec l’environnement sec. Sans doute la quantité de trop, équivalente au volume qui a été enterré.
J’écarte à mon tour le tapis de feuilles et enfonce une première fois la pelle. Elle pénètre très facilement le sol. Je renouvelle l’opération deux, cinq, dix fois avant de sentir quelque chose de dur à seulement quelques centimètres de profondeur.
Là, je m’arrête et je sens à nouveau le sang qui me monte à la tête. Le stress et la peur m’envahissent encore une fois.
Je gratte la surface avec le tranchant de la pelle pour enlever la légère couche de terre restante jusqu’à faire apparaître la toile noire d’un sac dont je ne vois pas encore les extrémités. Je continue sur toute la longueur et découvre un grand sac, du genre sac de sport, fermé par une fermeture éclair.
Je brosse le dessus avec la main pour éliminer la terre restante. Je prends une longue inspiration et fais glisser lentement la fermeture. J’aperçois immédiatement, en regardant dans l’ouverture, que le sac est rempli de billets. Je reste figé.
Ils sont de toutes valeurs et s’étalent sur toute la longueur.
Le sac est toujours emprisonné et je dois enlever la terre qui le maintient encore sur les côtés. Je dois en enlever sur environ soixante centimètres pour parvenir à le dégager. Une fois terminé, encore un problème, je peine à le soulever. Arc-bouté avec une jambe de part et d’autre, je parviens à le hisser hors du trou. Il est énorme et très lourd. Je l’ouvre à nouveau et plonge la main pour évaluer le contenu. Une fortune. Des coupures de 50 €, de 100 € aussi bien que de 20 € en vrac sur le dessus et qui recouvrent des liasses constituées.
Je le referme et me demande ce que je vais faire.
En tournant la tête, mes yeux se posent sur le fond du trou. J’en distingue un second qui affleure. Là, c’est trop. Que faire ? Je ne réfléchis plus. Je comprends soudain ce que ressentent les chercheurs d’or ou les découvreurs de trésors.
Alors que je recommence à creuser, je perçois du bruit et des voix qui proviennent du chemin.
Pourvu que ce ne soit pas les deux hommes qui reviennent.
Je pousse la pelle dans le trou, tire le sac de toutes mes forces à l’abri d’un buisson et me jette à plat ventre immobile à son côté. Et j’attends.
Le bruit se rapproche et je vois passer sur le chemin deux jeunes en VTT. Un jeune gars et une jeune fille qui pédalent tranquillement tout en discutant.
Je me relève doucement et les vois s’éloigner. Je tends l’oreille, attends quelques secondes et me remets au travail pour extraire le deuxième sac.
Je creuse avec frénésie jusqu’à parvenir à le sortir en suivant la même méthode que précédemment. Il est un peu moins grand que le premier, mais me semble presque aussi lourd.
Je l’ouvre toujours avec fébrilité. Même contenu. Des billets, encore des billets.
Maintenant que faire ? Je ne peux pas les emmener dans l’instant. Ils sont trop lourds, ma voiture est trop loin et je ne veux croiser personne et surtout pas les deux hommes.
Après une courte réflexion, je décide de les déplacer, de trouver une autre cachette et de revenir ultérieurement les récupérer.
Mais où les enterrer ?
À quelques dizaines de mètres, de l’autre côté du chemin, se trouve une mare de belle dimension et encore bien pleine en cette saison. En fin d’été, elle est souvent à sec. Elle est adossée à une butte de terre, vestige des tranchées de la Grande Guerre et qui, comble de l’ironie, n’ont jamais servi malgré le travail demandé.
Cette zone accidentée n’étant que peu praticable à cause de ses accès pentus, peu de promeneurs s’y aventurent, sauf peut-être à la saison des champignons.
Je me dis qu’il est peu probable que les deux hommes trouvent l’endroit surtout s’ils reviennent lorsqu’il ne fait pas complètement jour. La forêt est grande. Autant chercher une aiguille dans une botte de foin.
Je ressens maintenant un sentiment de propriété.
Ce sont mes sacs. Mon trésor.
Autre avantage, la route nationale qui borde la forêt n’est qu’à quelques centaines de mètres et peut être rejointe, à travers bois, sans passer par les allées. Une facilité pour la future récupération.
Je vérifie encore une fois que je suis bien seul, prends le plus petit sac par ses anses et le transporte, non sans peine, derrière la butte.
Je retourne chercher le plus grand. Il est vraiment plus lourd et plus volumineux. Je suis forcé de le poser à plusieurs reprises, à cause de sa taille et de son poids, mais j’achève la traversée et le dépose près du premier, bien à l’abri des regards.
C’est certain, du chemin, on ne voit rien !
Je les abandonne pour aller combler le trou resté béant. Avec la pelle, je racle le sol tout autour et m’aide de mes pieds pour y déverser tout ce que je peux. J’égalise au mieux la surface sans pour autant réussir à le combler totalement. On dirait qu’il manque de la terre.
Aucune importance. J’ai fini.
L’inquiétude a pratiquement disparu. J’ai le sentiment du travail bien fait. Je ne pense plus qu’à une chose, enterrer les sacs et partir.
J’aurai tout le temps ensuite pour réfléchir calmement et m’organiser.
Je retourne auprès des sacs. Non ! De mes sacs et j’identifie l’endroit qui me semble le plus adapté pour les enfouir.
Je commence le terrassement. La terre est meuble et la pelle s’enfonce assez facilement. Plutôt que de creuser trop profondément, je décide d’élargir le périmètre du trou pour y loger les sacs côte à côte.
L’opération ne me prend que quelques minutes. Je dépose les sacs et me mets à les recouvrir de ce terreau qui exhale une très agréable odeur.
Au moment où ils sont presque recouverts, je me ravise. Fais glisser la fermeture du plus grand sac, plonge la main à l’intérieur, écarte mes doigts, saisis environ quatre ou cinq centimètres d’épaisseur et en retire plusieurs liasses ainsi qu’une grosse poignée de billets que j’enfourne prestement par le col de mon T-shirt en prenant soin de rentrer le bas du maillot dans mon cuissard pour m’assurer d’un espace parfaitement clos.
Aucune idée de ce que j’ai pris. Je sens seulement le froid du papier contre ma peau et vois une proéminence au niveau de mon estomac.
Je finis de combler le trou, étale un tapis de feuilles pour effacer toute trace de mon passage et regarde une dernière fois autour de moi pour trouver un endroit où entreposer la pelle. Je décide de m’éloigner un peu pour dissocier les caches.
Entre un beau châtaignier et deux bouleaux aux troncs blancs écaillés, légèrement en contre bas, près de la mare, une grosse souche creuse et vermoulue fait l’affaire. J’y glisse la pelle.
Voilà, c’est fait.
Je ramasse ma gourde, bois quelques gorgées et regagne l’allée tout en vérifiant que je suis bien seul. Je me retourne une dernière fois pour bien mémoriser l’endroit.
Mes genoux, mes bras, mon T-shirt et mes chaussures sont maculés de terre, quant à mes gants ils sont sales et fichus. Les bouts des doigts sont percés. Je les enlève et les gardes roulés en boule dans une main et dans l’autre ma gourde.
Je me remets à trottiner, un bras courbé sur le ventre pour éviter le mouvement des billets. Du moins, j’essaie. Mes jambes sont lourdes et les genoux endoloris d’être resté accroupi.
Machinalement, je regarde ma montre, il est déjà 9 h 10 et je me sens fébrile et épuisé.
En me rapprochant du parking, je croise un groupe de randonneurs équipés de leurs bâtons et qui marchent en direction d’une allée à l’opposé de celle d’où je viens. Des enfants jouent au ballon près d’une table de pique-nique où sont installés leurs parents.
Au loin, on perçoit le bruit des voitures qui circulent sur la nationale toute proche.
Je regagne ma voiture, reste quelques secondes, immobile au volant avant de démarrer et reprendre l’allée centrale. Je fuis réellement les lieux et n’aie plus qu’un souci, me fondre dans la circulation. Me sentir anonyme et protégé.
Après un petit kilomètre, je prends la première route à gauche et me gare dès que je peux.
Là, je respire profondément et décompresse, je regarde autour de moi. Personne.
Je ne réalise pas vraiment ce qui vient de se passer ni ce que je viens de faire, seule la masse humide et tiède sur ma peau continue d’exciter ma curiosité.
Je décide d’examiner la nature de mon prélèvement.
Les billets sont chauds et légèrement mouillés par la sueur. Je les sorts et les pose sur le siège près de moi : 4 liasses de 50 €, 3 liasses de 20 €, 2 liasses de 100 € et quelques autres en vrac. Je vérifie une des liasses, il y a 20 billets.
Je fais un rapide calcul et suis abasourdi de constater qu’une seule poignée puisse contenir presque 10 000 €. Alors combien contiennent les sacs ?
Je les réunis en tas et les place dans la boîte à gants puis redémarre en direction de chez moi.
Arrivé en vue du grand carrefour, situé à l’entrée de la ville, j’aperçois plusieurs voitures arrêtées.
C’est un contrôle routier.
Deux véhicules de gendarmerie sont placés de part et d’autre de la route pour effectuer le filtrage.
Les gendarmes portent des gilets pare-balles et des fusils d’assaut.
Je ralentis, ils m’ordonnent.
— Arrêtez-vous !
J’obtempère et coupe le moteur.
— D’où venez-vous ?
— Je viens de terminer mon entraînement d’un peu plus d’une heure en forêt.
— Ouvrez votre coffre.
Je descends et m’exécute.
Le gendarme regarde dans le coffre puis jette un œil sur le siège arrière.
N’ayant visiblement rien vu, et constatant ma tenue, ils se détendent et me demandent.
Je réponds que non, que je courrais.
Durant le contrôle, je n’ai eu aucune crainte ou nervosité particulière sachant que je n’avais rien dans mon coffre ni dans l’habitacle.
En repartant, je réalise que j’ai eu énormément de chance. Qu’ils auraient pu me demander d’ouvrir la boîte à gants. Au moment du contrôle, j’avais totalement oublié que j’y avais rangé les billets. Apparemment, leur recherche portait sur quelque chose de plus volumineux.
Je comprends maintenant pourquoi ces individus ont pris le soin d’enterrer leur butin.
Le méfait a dû être commis dans les environs, leur signalement lancé et les recherches sont en cours pour les retrouver.
Ils devaient redouter d’être interpellés, ou, comme cela vient de m’arriver, d’être contrôlés à un barrage.
Cependant, le fait qu’ils aient choisi cette forêt et cet endroit particulier me laisse à penser qu’ils doivent bien connaître les environs.
Je rentre, prends une douche et me prépare un café. Je peux enfin me détendre.
Je vais sur internet et commence à rechercher les évènements pouvant être en rapport avec mon affaire et qui auraient eu lieu très récemment, voire hier ou cette nuit.
Rien ! Aucun élément.
Alors que je suis plongé dans mes recherches, le téléphone sonne.
C’est ma femme !
Encore quelques banalités et nous raccrochons après s’être promis de se rappeler demain.
Impossible pour moi de lui narrer l’incroyable histoire dans laquelle je viens de m’impliquer, ni de l’inquiéter, ni de la mêler à cela et de gâcher ses vacances et celles des enfants.
Je me replonge dans mes recherches, mais sans découverte particulière.