Onde de choc - Madeleine Correia - E-Book

Onde de choc E-Book

Madeleine Correia

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Beschreibung

Une tragédie frappe une famille d’oligarques dans leur villa de Nice, ne laissant que leur fille Svetlana comme survivante. Protégée par Alain Carrey de la DGSI, elle est emmenée dans un lieu sécurisé. Cependant, les agents russes du FSB, implacables dans leur quête, kidnappent son fiancé Thomas Legrand, espérant ainsi découvrir sa cachette. En pleine fuite, Svetlana et Alain luttent pour se soustraire à leurs poursuivants, tandis qu’une romance inattendue éclot entre eux. Que deviendra leur idylle naissante dans cette course effrénée ? Thomas Legrand pourra-t-il échapper à ses ravisseurs ?

À PROPOS DE L'AUTRICE

Madeleine Correia a été plusieurs fois récompensée après avoir participé à plusieurs concours littéraires. Pour l’un de ses ouvrages, "Le prisonnier de Kaboul", elle a remporté une médaille d’argent lors d’un concours artistique et littéraire ardennais à Charleville. Son inspiration lui vient de sujets d’actualité, laissant ensuite libre cours à son imagination pour développer des thèmes variés.

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Couverture

Page de titre

Madeleine Correia

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Onde de choc

Roman

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Copyright

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

© Lys Bleu Éditions – Madeleine Correia

ISBN : 979-10-422-4402-6

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

 

Onde de choc

 

 

 

 

 

Alain Carrey quitta le 84 rue de Villers à Levallois-Perret, siège de la DGSI (Direction générale de la sécurité intérieure), récupéra sa Mustang blanche de 1979. IL ouvrit la portière jeta le dossier que son supérieur lui avait remis sur le siège du passager avant s’installa au volant et mis le contact. Le moteur ronronna.

De carrure athlétique, Alain Carrey avait 52 ans des cheveux châtain foncé qui grisonnaient à peine aux tempes et des yeux couleur océan, ce qui souvent déconcertait les gens. À cause de ce regard à la couleur indéfinie, ses collègues le surnommaient le « Caméléon ». Cela l’amusait plus que cela ne le vexait.

Depuis quelque temps, que ce soit en Russie, en Espagne, et même en France, des Oligarques tombaient comme des mouches. Maquillés en suicide, ceux-ci étaient assassinés ainsi que leurs familles. Le Kremlin était l’instigateur de ces meurtres. Or toute la famille Orlov qui était passée à l’Occident depuis plusieurs années et critiquait ouvertement l’invasion des Russes en Ukraine avait été elle aussi décimée. Et c’était la survivante que la DGSI lui avait demandé de protéger. Naturalisée depuis quelques mois, elle était donc une citoyenne française et sous protection de l’état.

Si Svetlana avait échappé au massacre de sa famille, c’est qu’elle était absente ce jour-là. Mais il ne faisait aucun doute qu’elle restait une cible.

D’après ce qu’il avait appris sur elle, elle avait vingt-deux ans, née en Russie dans la région de Saint-Pétersbourg. Elle avait deux frères plus âgés qu’elle et deux sœurs plus jeunes. Tous étaient morts et c’est la jeune femme qui avait découvert le drame. Choquée, elle avait dû être hospitalisée. Des policiers montaient la garde à tour de rôle devant la porte de sa chambre nuit et jour, craignant qu’on attente à sa vie. Il se rendait donc à Nice, lieu du drame pour récupérer la jeune femme et la mener à Paris dans un lieu sûr où il devrait assurer sa sécurité. Avant qu’il ne passe rue de Villers, on lui avait recommandé de prendre un léger bagage, car il devait partir sur le champ. Par réflexe professionnel, il jetait de fréquents regards dans le rétroviseur. De nombreuses voitures le suivaient, mais il ne détecta aucun mouvement suspect. Il était peu probable que les hommes du Kremlin soient déjà au courant. À moins d’un traître parmi les agents de sa section, il valait mieux ne faire confiance à personne.

La Mustang tenait bien la route. Il s’arrêta très peu, uniquement lorsque la nécessité se faisait sentir. En ce mois de mai, la température était déjà très élevée. À hauteur de Lyon, elle affichait déjà trente-deux degrés. Sa voiture de modèle ancien ne possédait pas la climatisation et même avec toutes les fenêtres ouvertes l’air était étouffant. Alain Carrey commençait sérieusement à transpirer. Quand il arriva à Nice, il était trop tard pour qu’il se rende à l’hôpital, d’ailleurs cela ne servirait à rien, il avait besoin d’une nuit de repos avant de reprendre la route. Il rejoignit donc l’hôtel où son supérieur lui avait réservé une chambre. Après une douche bienfaisante, et une légère collation qu’il fit monter, il étudia le dossier de Svetlana Orlov. On le lui avait décrit dans les grandes lignes et il apprit que la jeune femme était fiancée. Ce dernier était né à Nice en 1995, s’appelait Thomas Legrand et était ingénieur dans le bâtiment.

L’existence du jeune homme n’était pas une bonne nouvelle pour Alain Carrey. Il craignait que celui-ci lui mette les bâtons dans les roues et compromette sa mission. Il devait ramener la jeune femme à Paris et assurer sa protection pendant un temps indéterminé. Il fallait que les deux jeunes gens cessent tout contact pendant un certain temps, mais il se doutait bien que ceux-ci ne lui faciliteraient pas la tâche.

Le lendemain matin, il se rendit à l’hôpital. La responsable de l’accueil avait été prévenue de son arrivée et dès qu’il montra son insigne, elle lui indiqua l’étage et le numéro de la chambre de la jeune femme. À pas rapides, il se dirigea vers l’ascenseur et appuya sur le bouton d’appel. La porte s’ouvrit et il s’engouffra dans la cabine. La chambre se trouvait au troisième étage. Il faillit se perdre, mais finalement repéra le policier en faction devant une porte. Ce dernier ne connaissait pas Alain Carrey, mais il attendait sa venue. Alain Carrey lui présenta sa carte. Le policier s’effaça pour le laisser entrer. Alain Carrey frappa un léger coup et sans attendre de réponse il poussa la porte.

Les persiennes étaient baissées et plongeaient la pièce dans une semi-pénombre. L’homme referma la porte et scruta les lieux. Assise dans un fauteuil près de la fenêtre, la jeune femme téléphonait.

Alain se raidit et s’avança.

— À qui téléphonez-vous ? demanda-t-il abruptement

Ne l’ayant pas entendu entrer, la jeune femme tressaillit et ses grands yeux de velours noirs s’élargirent de surprise. Elle devina aussitôt que l’inconnu était l’officier de la DGSI qui devait assurer sa protection.

— Excusez-moi, fit Alain Carrey, prenant conscience de son attitude quelque peu brusque. Vous ne devriez pas téléphoner.
— Et pourquoi ça ?
— Ceux qui cherchent à vous éliminer pourraient vous localiser… Qui est-ce ? ajouta-t-il avec en désignant d’un mouvement du menton son portable.
— Mon fiancé.
— Alors, dites-lui que c’est la dernière fois que vous lui parlez et que vous resterez un certain temps sans vous voir.
— Vous ne pouvez nous demander ça ? protesta la jeune femme.
— Il le faudra pourtant. Allez ! Faites ce que je vous demande et dites-lui que vous le ne le rappellerez pas avant un certain temps.

Comme la jeune femme hésitait.

— Faites ce que je vous dis, insista Alain Carrey et après vous me donnerez votre portable.

Devinant qu’il ne céderait pas, Svetlana soupira.

Quand elle eut terminé, Alain Carrey tendit la main pour qu’elle lui remette son téléphone.

Elle hésita quelques secondes avant de s’exécuter.

— Vous êtes prête ? demanda l’officier.
— Oui comme vous pouvez le constater, je n’ai que ce que j’ai sur moi.
— Alors, allons-y, fit-il en la prenant par le bras.
— Et je suppose que vous refuserez que je passe chez moi pour prendre quelques vêtements.
— Vous supposez bien, répliqua Alain Carrey sur un ton sec. La police a posé des scellés et personne ne peut y accéder.

Le visage de la jeune femme s’assombrit soudain et une grande tristesse balaya son regard sombre.

— Vous allez être tout le temps comme ça ? demanda-t-elle.

Ne comprenant pas ce à quoi elle faisait allusion, Alain Carrey fronça les sourcils

— Que voulez-vous dire ?
— Votre façon de parler. Depuis que vous êtes arrivé, vous vous montrez agressif. Je n’ai pas demandé à ce que l’on me protège. Et si cette mission vous déplaît, pourquoi l’avoir accepté ?

Alain Carrey observait la jeune femme. De longs cheveux noirs tombaient en vagues souples autour d’un visage ovale à la pâleur mate. Il fut alors frappé par l’immense détresse qu’il décelait dans ses yeux sombres.

Excusez-moi, fit-il pour la seconde fois. Mais ne faites pas attention à ma façon de m’exprimer. J’exerce un métier où je dois toujours être sur mes gardes. Alors ça se ressent dans mes paroles. Mais ce n’est pas contre vous.

À son tour, Svetlana détailla son compagnon. Il était très grand et musclé, sans une once d’embonpoint malgré la cinquantaine, d’épais cheveux châtain foncé à peine grisonnant aux tempes, et des yeux dont elle n’arrivait pas à définir la couleur. Un mélange de bleu, vert et gris. Elle le trouvait très séduisant et un certain trouble l’envahit. Après tout elle aurait pu tomber sur quelqu’un de moins attirant.

Le regard sombre de Svetlana qui le sondait le mit mal à l’aise.

— Venez, fit-il et tenez-vous derrière moi.

Il ouvrit la porte. Le policier était toujours en faction.

— Tout va bien ? demanda Alain Carrey.
— Oui vous pouvez y aller.

Alain saisit la jeune femme par le coude et d’un pas rapide, ils parcoururent le couloir jusqu’à l’ascenseur. Arrivés dans le hall, des éclats de voix attirèrent leur attention. Alain s’arrêta net, retenant fermement Svetlana par un bras.

— Non monsieur, vous ne pouvez pas y aller. On a pour consigne de ne laisser personne approcher Mlle Orlov.

— Mais je suis son fiancé, tout de même ! J’ai bien le droit de la voir !

— C’est Thomas, murmura la jeune femme en reconnaissant le jeune homme.

Elle fit un mouvement pour se dégager de la poigne de son compagnon, mais ce dernier resserra son étreinte.

— Non, attendez, fit Alain en jetant un regard circulaire.

À cette heure matinale, il n’y avait pas grand monde. Mais mieux valait être prudent.

La personne à l’accueil les aperçut et Thomas qui vociférait toujours suivit son regard. En apercevant Svetlana, il se précipita vers le couple.

D’une brusque secousse, la jeune femme se libéra et se retrouva dans ses bras. Les deux jeunes gens échangèrent un long baiser sous l’œil inquiet d’Alain Carrey. Il préférait ne pas s’attarder.

— Tu peux m’expliquer ce qui se passe ? demanda Thomas. Pourquoi on ne doit plus se téléphoner ni nous voir ;

Il jeta un regard interrogatif.

— Vous êtes ?

Svetlana allait répondre, mais Alain intervint.

— Je me présente Alain Carrey, je suis officier de la DGSI et j’ai pour mission d’assurer la protection de votre fiancée.

Thomas ouvrit de grands yeux étonnés.

— Je ne comprends pas.

— Vous êtes tout de même au courant que toute sa famille s’est fait massacrer ?

— Comment ça massacrer ? répéta le jeune homme incrédule. Je croyais qu’il s’agissait d’un suicide, que Sergei Orlov s’était donné la mort après avoir tué les siens.

— C’est ce qu’on veut nous faire croire. Mais vous ne trouvez pas ça étrange que des familles d’Oligarques ont attenté à leurs vies ainsi qu’à celle de leurs familles en un laps de temps aussi court ?

Comprenant enfin, Thomas Legrand devenu soudain pâle capta le regard de la jeune femme.

— Votre fiancée a eu beaucoup de chance ce jour-là, elle était avec vous ce qui lui a sauvé la vie. Mais ce n’est pas pour autant qu’ils ne cherchent pas à l’éliminer.

— Mon Dieu ! Vous pensez vraiment que ces gens tueraient Svetlana ?

— C’est probable… Quoique nous ne sommes sûrs de rien. Mais si Vladimir Poutine a ordonné le meurtre de sa famille, je ne vois aucune raison pour qu’ils n’achèvent pas le travail.

Thomas pressa de nouveau la jeune femme.

— J’ignorais tout ça, murmura-t-il. C’est affreux.

Ils avaient assez tardé. Alain Carrey saisit Svetlana par le bras.

Mais les deux jeunes gens avaient du mal à se séparer.

Énervé, Alain les écarta et se glissa entre les deux.

— Et où l’emmenez-vous ? demanda Thomas.
— Mieux vaut que vous ne sachiez pas.

Thomas tressaillit.

— Pourquoi ? Je ne dirai rien à personne.

— C’est ce que vous croyez. Mais si on vous cuisine un peu, vous lâcherez le morceau.

Le sous-entendu d’Alain Carrey fit pâlir le jeune homme.

— Comment ça si on me cuisine ? Vous pensez que je risque d’être contacté par ces gens ?

— Je ne sais pas… Peut-être ignorent-ils votre existence.

— Vous voulez dire que Thomas pourrait être en danger lui aussi ? demanda Svetlana, inquiète.

— Je n’irai pas jusque-là. Mais je préfère être prudent.

— Il pourrait venir avec nous ?

Alain Carrey secoua la tête.

— Non c’est impossible. Ma mission est de vous protéger et non de protéger vos amis.

Alain Carrey jeta un regard circulaire autour d’eux. Le hall se remplissait de monde. Il saisit la jeune femme par le bras.

— Allons-y, fit-il d’un ton péremptoire, nous avons assez perdu de temps.

Mais Svetlana s’accrochait au jeune homme pour un dernier baiser.

Alain Carrey qui la maintenait toujours par le bras l’en arracha brutalement.

— Vous me faites mal, protesta la jeune femme en tentant de se dégager de la poigne ferme.
— Je suis désolé, s’excusa Alain. Mais il nous faut partir.
— Ce n’est pas une raison pour la brutaliser, s’insurgea Thomas.

Le jeune homme jeta un regard autour de lui.

— Vous ne croyez tout de même pas que quelqu’un oserait s’en prendre à Svetlana au milieu de ces gens ?
— Détrompez-vous., ça n’arrête pas des gens déterminés.

Les deux jeunes gens jetèrent un regard autour d’eux.

— Sortez le premier, fit Alain Carrey à Thomas. Je veux m’assurer que personne ne vous suit.
— Je croyais que c’était après Svetlana qu’on en voulait.

Alain Carrey hocha la tête.

— Mais si nous sommes observés et qu’on vous a vu avec nous, ils peuvent penser que vous savez où nous allons.

— Vous commencez à m’inquiéter, fit Thomas. Et pourquoi ce n’est pas vous qu’ils suivraient ? C’est vous leur objectif et non moi.

— Ils ne sont sûrement pas seuls. Et moi je suis un professionnel. Ils savent très bien que je peux déjouer leurs plans.

— Et si on me suit ? Comment le saurais-je ? demanda Thomas. Et comment me défendre ?

— Rassurez-vous. Si je détecte le moindre mouvement suspect, Svetlana vous enverra un message sur votre portable, et vous reviendrez vers nous.

— Vous ne pensez pas que pour Thomas cela serait mieux qu’il reste avec nous ? suggéra la jeune femme.

Alain Carrey secoua la tête.

— Je vous l’ai dit. Ma mission consiste à vous protéger. Si je juge que votre fiancé court un danger, j’interviendrai. Allez-y maintenant, ne vous retournez pas et restez le plus naturel possible.
— Thomas Legrand s’éloigna sous le regard inquiet d’Alain et de Svetlana. Le regard de ce dernier fit rapidement le tour de la salle d’attente, mais ne remarqua rien d’anormal. Des gens attendaient patiemment sur les bancs le long des murs, d’autres s’adressaient à l’accueil, quelques-uns s’engouffraient à l’intérieur des ascenseurs.
— Alain Carrey entoura d’un bras les épaules de la jeune femme.

Surprise, celle-ci eut un léger mouvement de recul, mais l’agent resserra son étreinte

— Que faites-vous ? protesta-t-elle.

— Calmez-vous. Si on nous prend pour un couple, on nous remarquera moins.

Alain regarda encore une fois autour de lui.

— Ils sont certainement au courant de votre hospitalisation. Mais je pense qu’ils attendent le moment opportun pour se manifester.
— Vous me donnez la chair de poule. Et je ne vois pas ce que ma mort leur apportera.
— Rien, sans doute. Mais votre famille ne se rangeait pas aux idées de Vladimir Poutine et vous étiez considéré comme des dissidents. Tous ceux qui s’opposent à lui sont écartés ou éliminés. C’est ce qui est arrivé récemment à des généraux. Et pourtant c’étaient des proches de Poutine.

Restant vigilant, Alain Carrey et sa compagne arrivèrent près de la Mustang. Il ouvrit la portière côté passager à la jeune femme qui s’installa, puis ayant fermé la porte, il contourna la voiture et s’installa au volant.

— Où allons-nous ? demanda Svetlana Orlov.
— À Paris, chez moi.
— Chez vous ?
— Oui. C’est le seul endroit sûr.

Alain Carrey mettait le contact et le moteur ronronna. Svetlana jeta un regard à ce dernier. Il lui présentait un profil régulier et séduisant. À son avis, il devait avoir la cinquantaine, mais il gardait une allure jeune. Elle détailla l’arrête fine du nez, les lèvres ni trop minces ni trop pulpeuses, le menton volontaire.

Se sentant observé, Alain tourna la tête vers elle. Surprise, Svetlana rougit violemment et détourna le regard.

— Ça va ? demanda ce dernier.
— Oui, souffla la jeune femme.

Elle remarqua qu’il ne portait pas d’alliance, mais cela ne voulait rien dire. Souvent les hommes ne les portaient pas. Elle se demanda s’il était marié, mais bien sûr elle n’oserait pas lui poser la question. Cependant, après un court instant de silence, elle demanda :

— Vous m’avez dit que vous m’emmeniez chez vous. Nous allons vivre ensemble ?

— Oui, répondit Alain.

Il tourna un instant la tête et lui sourit.

Une légère rougeur colora de nouveau le visage de Svetlana. Bien qu’approchant la cinquantaine, elle le trouvait très séduisant. Elle aimait Thomas et lui aussi était beau, mais la maturité de l’homme assis à ses côtés le rendait bien différent. Elle ne le connaissait que depuis quelques heures, mais auprès de ce dernier elle éprouvait un sentiment de bien-être qu’elle ne ressentait pas avec Thomas. Pourtant, elle savait sa vie menacée et elle aurait dû avoir peur. Mais la présence d’Alain Carrey la rassurait. Avec lui elle était certaine qu’elle ne craignait rien.

— Ça vous dérange que nous vivions sous le même toit ? s’enquit-il. N’attendant pas sa réponse, il ajouta. Si c’est le cas, vous n’avez rien à craindre de moi. Je n’ai pas l’intention de profiter de la situation.
— Alain Carrey tourna un instant la tête vers Svetlana.
— — Ma mission est de vous protéger et non de vous séduire. J’espère que vous êtes rassurée ?
— — Oui, souffla la jeune femme, le feu aux joues. Je n’ai jamais pensé que… enfin vous voyez.

Alain Carrey sourit, amusé.

— Oui, je comprends très bien. Et puis ajouta-t-il d’une voix où perçait une légère ironie, je suis trop vieux pour vous. Vous pourriez être ma fille.

Svetlana tourna la tête vers lui, ne cachant pas sa surprise, car jamais il lui était venu à l’esprit qu’elle pourrait être sa fille ni qu’elle le trouvait trop vieux. Elle ne s’expliquait pas pourquoi elle se sentait autant déçue qu’il la considère comme telle. Et Thomas, elle l’avait presque oublié.

— Vous avez des enfants ? demanda-t-elle sans prendre conscience de son indiscrétion.
— Trois… Un garçon et deux filles.

Alors, pensa-t-elle, il est marié. Une grande déception qu’elle ne s’expliquait pas l’envahit.

— Je croyais que vous viviez seul.
— C’est le cas… Je suis divorcé et mes enfants vivent avec leur mère.

Pourquoi cette petite étincelle d’espoir qui lui vrilla soudain le cœur ?

Alain lui jeta un regard en coin.

— Vous préfériez le contraire ? demanda-t-il.
— Non… Non, répondit la jeune femme un peu trop vivement. Enfin, je ne sais pas, ajouta-t-elle confuse de s’être trahie.
— Alors, ironisa Alain Carrey avec un sourire amusé. De vous retrouver seul avec moi ne vous fait plus peur ?

Décidément cet homme avait le don de la mettre mal à l’aise.

— De toute façon, murmura-t-elle. Ai-je le choix ? Si je vous demande de me ramener chez moi, le ferez-vous ?
— Bien sûr que non. Si je le faisais, je désobéirais à ma hiérarchie et je serais sanctionné.
— À ce point ? s’étonna Svetlana, stupéfaite.
— Oui. Je suis un officier du gouvernement et j’ai prêté serment. Je ne peux trahir celui-ci.
— Vous pourriez dire que je vous ai faussé compagnie ?

Alain Carrey jeta un regard en biais à sa compagne.

— J’espère que vous n’avez pas l’intention de faire une bêtise ? De toute façon, vous ne réussiriez pas. Je vous en empêcherais.
— Ne vous inquiétez pas. Je préfère rester en vie et surtout je ne voudrais pas vous porter préjudice.
— Svetlana était sincère. Certes, elle n’avait aucune envie de mourir et c’est ce qui risquait de lui arriver si elle se soustrayait à la protection d’Alain Carrey, mais aussi elle ne voulait pas lui compliquer la vie ni le mettre en porte à faux avec ses supérieurs. Elle devinait que c’était quelqu’un de bien… et de bon, et elle pouvait lui faire confiance.

Alors qu’il avait le regard fixé sur la route, Svetlana l’observa de nouveau. Décidément elle le trouvait séduisant et elle se sentait attirée par lui. Troublée, elle s’imaginait qu’il la prenait dans ses bras, que sa bouche prenait la sienne et elle sentit le désir monter en elle. Je suis folle, complètement folle, pensa-t-elle affolée, en détournant son attention de son compagnon. Elle soupira intérieurement. S’il lui faisait cet effet là à chaque fois qu’elle croiserait son regard, elle craignait qu’il ne devine ce qu’elle ressentait pour lui. Était-ce le coup de foudre ? C’en avait tout l’air. Et Thomas dans tout ça ? Elle ressentit un élan de tendresse, mais aussitôt supplanté par Alain Carrey.

— Ça va ? demanda ce dernier s’étonnant du silence de la jeune femme.
— Oui, ça va.

Alain Carrey jeta un regard à celle-ci. Son beau visage au délicat ovale exprimait une profonde mélancolie. La pitié l’envahit. Dans un geste de réconfort, sa main lâcha le volant pour se poser sur celle de Svetlana.

Ne s’y attendant pas, la jeune femme tressaillit, rencontra le regard plein de compassion de son compagnon et rougit.

Devinant sa gêne, Alain Carrey retira sa main.

— Tout ira bien, affirma-t-il.

Après quelques kilomètres où le silence s’était installé entre eux deux, Alain Carrey déclara.

— Il y a une aire de repos, nous nous arrêterons.

Alors que ce dernier mettait le clignotant pour s’engager sur la voie de droite qui menait à l’aire de repos, il braqua brusquement le volant, reprit l’autoroute et poussa sa Mustang au maximum. Son visage était crispé et il jetait de fréquents regards dans le rétroviseur.

Surprise, Svetlana se cramponna à la portière.

— Que se passe-t-il ? demanda-t-elle, le cœur battant à se rompre, comprenant qu’il se passait quelque chose d’anormal.

— Je crois que nous sommes suivis.

— Comment pouvez-vous le savoir ? s’étonna la jeune femme. Il y a plein de voitures derrière nous.

— Mon expérience. Depuis notre départ de Nice, une Volkswagen blanche nous file le train. Il y a toujours une ou deux voitures entre elle et nous, mais au contraire des autres, elle ne cherche pas à nous doubler. Ce qui me laisse supposer qu’elle nous suit.

À la description de la voiture, Svetlana tressaillit.

— Vous dites une Volkswagen blanche ?

— Oui.

Tout en maintenant sa vitesse, Alain Carrey tourna légèrement la tête vers la jeune femme.

— Ne me dites pas que c’est votre petit ami qui nous suit.
— Je ne saurais l’affirmer. Mais Thomas possède une Volkswagen. Cela pourrait être lui.
— Nous allons le savoir tout de suite.
— Que comptez-vous faire ? demanda Svetlana inquiète.
— Nous allons nous arrêter à la prochaine aire de repos. Si ce n’est pas votre fiancé et que c’est un agent du FSB, on sera fixé. Mais ne vous inquiétez pas, il ne tentera rien contre vous. Il y a trop de monde. Et n’oubliez pas, ajouta l’homme, je suis là pour vous protéger. Et tant que vous resterez auprès de moi, vous ne risquez rien.

Quelques minutes plus tard, Alain Carrey s’engageait sur la voie qui menait à l’aire de repos. Il jeta un regard dans le rétroviseur. Deux voitures qui le suivaient le séparaient de la Volkswagen. Il chercha une place sur le parking et se gara. Il attendit un peu, tout en guettant dans le rétroviseur. La Volkswagen évita de passer près d’eux et se gara à l’autre extrémité.

— Venez, fit Alain Carrey à la jeune femme.
— Qu’avez-vous l’intention de faire ?
— Lui secouer les puces à votre petit copain, et lui demander de retourner d’où il vient. Son entêtement risque de vous mettre en danger, mais lui aussi.

L’homme contourna la voiture pour ouvrir la portière à sa compagne. Elle apprécia le geste élégant et elle en fut émue.

Après avoir fermé sa voiture à clef, Alain et Svetlana se dirigèrent vers la Volkswagen.

— C’est Thomas, murmura cette dernière en reconnaissant le jeune homme.

Alain Carrey ouvrit brusquement la portière.

— Sortez de là ! intima-t-il sèchement.

Comme Thomas Legrand hésitait, Alain se pencha par-dessus ce dernier, déboucla sa ceinture et l’emparant par le revers de sa chemise l’extirpa sans ménagement de l’habitacle.

— Vous pouvez m’expliquer ce que vous faites là ?
— Lâchez-moi, protesta vivement Thomas, je n’ai aucun compte à vous rendre.
— Oh, que si ! rétorqua Alain. Je suis un agent du gouvernement et j’ai l’obligation de m’interposer si quelqu’un met en danger la vie de la personne que je protège.
— Mais je ne menace en rien Svetlana ! s’insurgea le jeune homme.
— Détrompez-vous. Votre inconscience met en danger votre fiancée. Qui vous dit que vous n’avez pas été suivi ? C’est plus simple pour ceux qui lui en veulent. Au contraire de moi, ils savent que vous ne vous méfierez pas et cela leur serait facile grâce à vous pour remonter jusqu’à nous.
— Ne lui en voulez pas trop, murmura Svetlana, qui tenta de défendre le jeune homme. Il ne savait pas.
— Mais il n’ignore pas que des agents la recherchent pour lui faire subir le même sort que sa famille. Rien que ça, il aurait dû y réfléchir avant de se lancer à nos trousses et de vous faire prendre des risques.
— Je suis désolé, murmura Thomas. Je ne m’imaginais pas que la situation était aussi grave.
— Elle l’est, rétorqua sèchement Alain Carrey. À présent vous allez me faire le plaisir de remonter dans votre voiture et de retourner à Nice…
— Qu’est-ce que vous attendez ? ajouta-t-il impatient.
— Oui oui. J’y vais, fit Thomas en s’engouffrant dans la voiture.

Thomas était un superbe jeune homme à l’allure sportive. D’épais cheveux bruns et bouclés encadraient un visage aux traits réguliers hâlés par le soleil.

Il lança un regard noir à l’agent avant de mettre le contact. IL lui paierait cher de l’avoir humilié devant Svetlana.

— Vous auriez pu être moins dur, reprocha la jeune femme à l’adresse de son compagnon.

Elle éprouvait de la peine pour Thomas et un élan de tendresse l’inonda. Thomas l’aimait et s’il les avait suivis, c’était parce qu’il ne supportait sans doute pas d’être séparé d’elle.

Il n’avait pas mesuré la gravité de la situation.

— C’est la seule façon de lui faire entendre raison, rétorqua Alain Carrey abruptement. Dès le début, j’ai annoncé la couleur. Vous deviez cesser tout contact et il n’en a pas tenu compte, au risque de compromettre ma mission.

La tristesse envahit Svetlana en regardant s’éloigner la Volkswagen. Des larmes brouillèrent sa vue. Quand reverrait-elle le jeune homme ? Jusqu’à présent, il avait été le seul homme de sa vie et elle l’aimait. Sa tendresse lui manquait déjà.

Devinant l’émotion de la jeune femme, Alain passa un bras autour de ses épaules pour l’entraîner vers la cafétéria.

— Venez, fit-il doucement. Nous avons encore une longue route à faire. IL faut nous restaurer un peu.

Encore sous le coup de l’émotion, et un peu en colère contre Alain Carrey, Svetlana se dégagea brusquement.

— Je n’ai pas faim. Et vous avez été odieux avec Thomas.

— Je m’excuse. Mais c’est pour son bien que j’ai agi ainsi. Vous savez, nous n’avons pas à faire à des enfants de chœur. Vous avez vu ce qu’ils ont fait à votre famille ? Vous voulez qu’ils fassent la même chose à votre fiancé ? Venez. Nous ne pouvons nous éterniser ici.

On ne sait jamais. S’ils ont suivi Thomas, ils peuvent bien être là à nous observer.

Les paroles de l’agent ramenèrent la jeune femme à la réalité. Elle jeta un regard effrayé autour d’elle.

— Vous croyez qu’eux aussi nous ont suivis ?

Alain Carrey jeta un regard circulaire. Des gens allaient et venaient sans se soucier d’eux.

Des familles pique-niquaient sur des tables ou dans l’herbe. Son œil d’expert nota rien de suspect.

— Non. Je ne pense pas, sinon je l’aurais remarqué, comme j’ai remarqué votre petit ami.

Comme la jeune femme ne semblait toujours pas rassurée, l’homme lui fit face et posa ses mains sur ses épaules.

— N’ayez aucune crainte, Svetlana, fit-il avec douceur. N’oubliez pas que je suis là pour vous protéger et je suis expert en ce genre de mission. Il n’est jamais rien arrivé aux personnes que l’on me confiait. Du doigt il releva le menton de la jeune femme et son regard couleur d’Océan plongea dans le sien.

Svetlana se noya dans leur douceur et une vive émotion lui fit monter le rouge aux joues.

Tout ce qu’elle avait subi ces derniers jours refaisait surface. La mort brutale des siens, la menace qui pesait sur elle, et la séparation forcée avec thomas fit que le barrage de ses émotions se rompit et elle éclata en sanglots.

Alain Carrey fut touché par le désespoir de la jeune femme et sans réfléchir, il l’attira contre lui.

Ce n’était pas la première fois qu’il se confrontait à ce genre de situation, mais la fragilité de cette dernière l’émouvait plus que cela n’aurait dû être. Il sentait son jeune corps s’abandonner contre le sien et malgré cette maîtrise qu’il possédait en toute occasion, il sentit le désir lui mordre le bas ventre. Il voulut écarter la jeune femme, mais celle-ci sanglotait toujours et se cramponnait à lui. Il tenta de la calmer en caressant sa longue chevelure soyeuse. Bizarrement, il ne trouvait pas de mot pour la rassurer.

Pour la première fois, depuis bien longtemps, il ne savait plus quand, une femme l’avait ému. Cependant son professionnalisme reprit le dessus. Il jeta un regard circulaire. Rien ne semblait anormal. Il ne fallait pas qu’ils s’attardent de trop.

— Venez Svetlana. Il nous faut partir.

Un bras passé autour de ses épaules, il l’entraîna à sa suite. Après s’être restaurés rapidement, ils reprirent la route.

Bouillonnant de colère, Thomas Legrand manœuvra pour sortir du parking. Il roula quelques mètres, puis sans aucune raison précise il s’arrêta. IL prit soin d’être hors de vue d’Alain Carrey et de la jeune femme. L’homme l’avait tout de même inquiété et avant de sortir de la voiture, il jeta un regard dans le rétroviseur pour s’assurer qu’il n’avait pas été suivi. Il haussa les épaules. Si on l’avait suivi, depuis Nice, on ne s’intéresserait pas à lui puisqu’il les avait conduits tout droit à Svetlana. IL frémit à la pensée du danger que sa fiancée courrait. Certes il n’était pas stupide et il comprenait très bien l’attitude d’Alain Carrey, mais il s’était adressé à lui comme à un gamin, et ce devant sa fiancée. En plus, il éprouvait une certaine aversion pour ce dernier. Il ne se l’expliquait pas. Pourtant il était là pour protéger Svetlana.

Il sortit de la voiture, fit quelques pas et se faufila derrière un gros poids lourd en stationnement. D’où il était, il pouvait voir le couple sans être vu. Il les espionna quelques minutes puis ce qu’il vit le, fit frémir tout à la fois de colère et de jalousie envers cet Alain Carrey, puis le chagrin le submergea quand il vit Svetlana se blottir dans ses bras. D’où il était, il ne pouvait voir que la jeune femme pleurait.

Comment peut-elle me faire ça ? pensa le jeune homme, bouleversé. Et lui ? Quel beau salaud ! Comment peut-il profiter de sa faiblesse ? Secouée par la mort des siens, elle était vulnérable.

Quand le couple bougea, Thomas resta quelques instants immobile, indécis. S’il les suivait, l’œil averti de l’agent le repérerait vite. Mais il n’avait pas envie de rentrer à Nice. Pas après ce qu’il venait de voir. IL ne laisserait pas Alain Carrey détruire leur amour, et c’était ce qu’il ferait s’il n’intervenait pas. Comment ? Il n’en avait aucune idée. IL n’avait aucun plan. Mais cela ne l’inquiétait pas. Pour l’instant, il filerait la Mustang. S’imaginant qu’il l’avait écouté, Alain Carrey se méfierait moins d’une Volkswagen blanche.

Le silence régnait dans l’habitacle de la Mustang, seulement troublé par le ronronnement régulier du moteur. Les mâchoires crispées, Alain Carrey fixait la route. De temps en temps, il jetait un regard dans le rétroviseur tous ses sens en alerte. Il n’oubliait pas sa mission. Cependant, il avait du mal à chasser la sensation qu’il avait ressentie quand Svetlana s’était abandonnée dans ses bras en pleurs. La chaleur de son jeune corps contre le sien et ce frémissement occasionné par ses sanglots. Qu’est-ce qu’il lui arrivait ? Elle était fiancée à ce Thomas et en plus elle pouvait être sa fille. Il fallait qu’il se reprenne. Seulement la présence à ses côtés de la jeune femme le troublait. Dans ses conditions, sa mission ne serait pas aisée. Il fallait qu’il fasse abstraction de ses sentiments s’il ne voulait pas commettre d’erreur et assurer la protection de la jeune femme dont il était responsable. Il lui jeta un regard. Celle-ci fixait la route. Depuis leur départ, elle demeurait silencieuse et son visage exprimait une grande tristesse. S’ils n’avaient pas des tueurs à leurs trousses, Alain Carrey se serait arrêté et l’aurait attirée dans ses bras pour la consoler, même si elle ne partageait pas ses sentiments. Peut-être se serait-elle blottie contre lui pour chercher du réconfort comme tout à l’heure ?

— Ça va ? demanda-t-il.

La jeune femme tressaillit et lui jeta un regard éperdu.

Comme elle ne répondait pas, il ajouta : « Ne vous inquiétez pas. Vous êtes en sécurité avec moi. Je ne laisserai personne vous faire du mal ».

À condition, pensa-t-il, que mes sentiments ne prennent le dessus.

Svetlana ne s’inquiétait pas. Elle se sentait en sécurité avec cet homme. Seulement, il la troublait quand elle croisait son regard à la couleur indéfinissable. Et que dire quand elle s’était jetée dans ses bras sans l’avoir prémédité ? La douceur, mais aussi la force de son étreinte, son corps musclé dont elle sentait la chaleur à travers ses vêtements légers. Elle ne cessait d’y penser et devant cette force qui l’attirait vers lui elle se sentait désemparée. Pouvait-elle l’aimer ? Mais cela ne faisait que quelques heures qu’ils se connaissaient. Comment était-ce possible ? Au fond d’elle-même, elle devinait que c’était plus profond de ce qu’elle ressentait pour Thomas. Mais Thomas était jeune comme elle, insouciant, alors qu’Alain Carrey par sa maturité et son charisme la séduisait beaucoup plus. Et que dire de l’homme ? Sans être beau, il possédait un charme qu’il lui faisait tourner la tête. Mais n’était-ce que sur elle ? Il ne devait pas laisser les femmes insensibles. Après le drame qu’elle venait de vivre, et son hospitalisation où personne même Thomas n’avait pas le droit de lui rendre visite, Alain Carrey avait été son premier contact, bien que leur première entrevue ne s’était pas vraiment bien passée.

Thomas remonta dans sa voiture, alla se garer hors de vue de la Mustang et attendit que le couple sorte de l’aire de repos pour reprendre l’autoroute. Il laissa quelques voitures avant de s’engager à son tour. Il espérait ne pas être repéré tout de suite par Alain Carrey. Celui-ci était sans doute loin de s’imaginer qu’il le suivait, mais sa profession l’obligeait à rester vigilant et il ne mettrait pas longtemps à s’apercevoir de sa présence.