Pérégrinations intemporelles de l’âme - Armin Kadlec - E-Book

Pérégrinations intemporelles de l’âme E-Book

Armin Kadlec

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Beschreibung

"Pérégrinations intemporelles de l’âme" dévoile, à travers de courtes histoires de la vie quotidienne, des personnages authentiques et sincères, des récits simples et des réflexions nées de la contemplation. L’ouvrage met en lumière un amour omniprésent sous toutes ses formes, ainsi que les voyages intérieurs, les interrogations face à l’absurde ; des écrits, des contes métaphoriques, parfois mélancoliques, parfois drôles.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Armin Kadlec a été, dès son jeune âge, inspiré par la beauté du monde et les réflexions existentielles. Son besoin d’écrire naît du surréalisme de la vie quotidienne, enrichi par la tranquillité de la nature. Montagnes, lacs, petites rivières et paysages pittoresques nourrissent son inspiration.

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Couverture

Page de titre

Armin Kadlec

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pérégrinations intemporelles

de l’âme

Nouvelles

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Copyright

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

© Lys Bleu Éditions – Armin Kadlec

ISBN : 979-10-422-4334-0

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122- 5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122- 4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335- 2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Au gré du vent

 

 

 

Augré du vent, au gré des vagues, au gré des nuages, l’inspiration nous quitte puis nous revient. Les rencontres parfois éphémères avec les éléments donnent une lueur d’espoir, bien furtive, à l’âme du voyageur en quête de la vérité absolue.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Aller au bout de ce petit chemin

 

 

 

Aller au bout de ce petit chemin qui nous attire… une irrésistible fascination, un évident désir de le poursuivre. Faut-il une raison, faut-il une destination, faut-il une logique ?

Engageons-nous sur ce chemin sinuant dans la forêt, dans la montagne, le long d’un petit torrent ; peu de promeneurs s’y aventurent, il est semé d’embûches pour les réalistes, les pragmatiques. Mais ces embûches sont des chimères quand le marcheur s’évade et s’enivre face à la beauté, la féerie du parcours de l’imagination.

Suivre ce petit chemin, c’est s’exalter de la lumière qui se faufile entre les arbres, c’est écouter l’agitation de l’eau ruisselant entre les rochers, c’est humer les parfums se dégageant des feuillages, c’est épouser ces guides que sont le silence, la solitude et le goût d’aventure !

Ce petit chemin ne mènera sûrement ni vers la gloire ni vers la richesse, peut-être qu’il se perdra avec le temps et la distance dans la montagne. Mais il vaut le coup, simplement pour un moment de bonheur, un moment d’insouciance.

De tous les chemins que la vie peut nous proposer, c’est celui que les grands rêveurs ont envie d’emprunter, car peu importe la raison, peu importe la destination, peu importe la logique, peu importe les conséquences, il mènera toujours quelque part, pour le méditatif et le contemplatif.

 

 

 

 

 

Brouillard

 

 

 

Le pèlerin poursuivait son chemin dans un épais brouillard. Hier, le soleil brillait, il marchait d’un bon pas, admirait les magnifiques vues sur les sommets enneigés de la montagne, écoutait le grondement de la rivière en contrebas, admirait les couleurs jaunes et ocres des dernières feuilles sur les arbres. Il était convaincu de son voyage, l’esprit et l’âme en paix, et il chantait dans la douceur de ce premier jour d’hiver.

Aujourd’hui il angoissait. Pourquoi ce voyage ? Avait-il été raisonnable ou était-il en train de fuir ? Ce besoin de marcher, de grimper des sommets, de communier avec la nature sauvage lui permettait d’oublier, de se faire pardonner, de pardonner lui-même, de comprendre, de chercher, de trouver une paix intérieure. Il n’était pas particulièrement croyant et selon lui toute quête, toute aventure, tout voyage sont certes mystiques et existentiels, mais le pèlerinage ne reste souvent qu’un prétexte, un alibi. Qui n’a jamais cherché une vérité ailleurs que dans le quotidien de la vie ? Mais ce brouillard l’effrayait, tel un avertissement à ses certitudes de la veille. Arriverait-il jamais à atteindre une harmonie, une quiétude durable, ou faudra-t-il combattre toute sa vie ses tourments, ses égarements, ses anxiétés ? Aujourd’hui le chemin semblait se perdre dans une nébuleuse, dans un monde silencieux, une obscure voie sans issue.

Lorsqu’il arriva à une intersection, il commença à s’alarmer. Quel chemin prendre ? Rien ne semblait plus le guider. Il ne voyait plus les sommets enneigés, le soleil avait disparu, et seul le grondement de la rivière le rassurait. Puis, lentement, tel un nouveau signe, un présage, le brouillard devint moins dense. Le soleil du soir perce d’un rayon timide, éclaire un calvaire, indique la route à suivre.

Le pèlerin pouvait à nouveau reprendre sa route, sa quête, une quête qu’il devait affronter seul.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le glas sonne

 

 

 

Le glas sonne. Puis vint le silence, interrompu quelques instants par le croassement d’un corbeau dans un ciel bien gris. Un calme éphémère, inquiétant, prélude au néant existentiel de celui qui fut. Bientôt jeté en terre, le défunt n’existera plus. Les souvenirs s’estomperont au fil des saisons, des années. L’éternité prendra alors tout son sens, aussi absurde que ce nom bientôt oublié, gravé sur cette petite croix en bois. Le corbeau s’envola, emporté par le vent.

Puis rien, plus rien…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Clef

 

 

 

En ouvrant le tiroir de ce meuble de lit, dans cette vieille demeure que je venais d’acquérir, je découvris une grosse clef. Cette clef était étonnante par sa taille, mais également par son travail de ciselage. Elle avait la forme d’une croix, ou plutôt d’un calvaire, de petits éléments religieux ornaient l’anneau, et la boucle, en y regardant de près, était décorée de visages de femmes aux cheveux longs. Le panneton semblait représenter un labyrinthe, mais je me trompais peut-être. J’étais intrigué, me demandait quelle porte elle pouvait bien ouvrir. En la prenant dans la main, une sensation bizarre m’envahit, comme si cette clef m’était familière et que je l’avais déjà utilisée. Je la caressai de la boucle jusqu’au panneton. Une étrange perception, insaisissable impression, pénétra tout mon corps. Je frissonnai.

Je la rangeai, perturbé, et me couchai. Mais le sommeil ne vint pas. Dans le noir, je visualisais tous les pourtours de cette clef, tout me semblait connu, comme si je m’en étais déjà servi des centaines de fois. Quand enfin je m’endormis, je fis des rêves tourmentés. La clef y était omniprésente, j’ouvrais une énorme porte, mais jamais je ne pouvais passer, jamais je ne voyais ce qu’il y avait de l’autre côté. Puis subitement la clef se transformait en une envoûtante et sensuelle femme drapée d’un grand drap. Elle essayait de me dire quelque chose, mais ces paroles se perdaient dans une musique étrange, pourtant familière. Elle avait un sourire à la fois malicieux et triste. Puis, lentement, comme si elle m’invitait, elle disparaissait dans un long couloir sombre.

Le matin je me réveillai perturbé par les visions de la nuit. Quelles étaient leurs significations ? Il devait y avoir un sens à cette clef dans ma table de nuit. Je décidai de l’emmener chez un spécialiste serrurier afin qu’il me donne au moins une estimation de son origine et de sa date. Ce dernier l’examina longuement. Quand enfin il avait fini de la tourner dans tous les sens, de l’inspecter à travers un lorgnon, il me fixa. Je voyais des gouttes de sueur perler sur son front. Il avait l’air nerveux. Il posa la clef sur sa table. « Je n’en ai jamais vu des comme ça ! bredouilla-t-il. Elle doit bien dater de 200 ans et ouvre sûrement une porte majestueuse, un château, une église… » Puis il me tourna le dos pour aller dans l’arrière de sa boutique. Je lui demandais s’il connaissait la signification de tous les ornements. « Sûrement l’œuvre de quelqu’un qui y tenait beaucoup ! » me hurla-t-il de la pièce où il semblait s’être réfugié. Laissé sur ma faim, je voulais absolument connaître la vérité et trouver la porte qu’elle était destinée à ouvrir. Je me suis mis en tête de faire des recherches plus approfondies.

J’essayai de ne pas y penser tout le temps, mais la clef m’obsédait. Dans mes délires, je me posais les questions les plus folles. Je me mis à étudier toutes les significations d’une clef.

« Dans un premier sens, le sens propre, la clef est un symbole d’ouverture. Elle permet d’ouvrir ce qui est fermé, ce qui est caché ou de pousser une porte qui n’aurait pas de poignée. La clef peut donc, par extension, symboliser une “connaissance” et l’accès à celle-ci. Elle désigne dans ce sens ce qui permet de comprendre, d’interpréter. Elle a une valeur de réponse. Elle permet de découvrir une vérité et nous ouvre les yeux et l’esprit. La “clef des songes” peut nous aider à interpréter les messages envoyés par notre subconscient. »

Toute la symbolique me laissa perplexe. Cette découverte pourrait avoir de multiples significations, et cette clef, j’en étais maintenant persuadé, avait été mise sur mon chemin pour une raison. Je croyais aux signes, au destin, à la providence, et je savais qu’il y avait, outre toute explication logique, d’autres interprétations qui révèlent de l’irrationnel, mais issues de notre subconscient. D’ailleurs, l’expression « la clé des songes » m’interpella.

Mais mes interrogations restèrent sans réponse ce soir-là. Plus les journées passaient, plus je m’enfermais dans l’obsession de découvrir la vérité sur cette clef. Plus rien ne comptait, du matin au soir j’y réfléchissais, je la tournais des centaines de fois dans mes mains, la brandissant vers le soleil, vers le ciel, espérant avoir une réponse. Chaque nuit, les mêmes rêves venaient me hanter : j’enclenche cette clef, elle ouvre une porte, puis plus rien, et la femme apparaît, elle veut me dire quelque chose, mais je ne la comprends pas…

Après une énième nuit agitée, hagard, je décidai d’aller voir le curé du village, peut-être pouvait-il m’aider. Le serrurier spécialiste avait bien parlé d’une église ! Humblement, je franchis la porte du petit édifice roman de mon village. J’avais toujours été impressionné par la sérénité qui régnait en ces lieux cultes. Athée par conviction, je ne pus cependant ressentir une certaine émotion devant cette dévotion chrétienne. Le curé m’accueillit avec paternalisme et me demanda si je voulais me confesser. Je me souvins alors avec amusement la dernière fois que je m’étais retrouvé enfermé dans un confessionnal : l’église avait dû être évacuée. Ceci remontait à bien loin, mais j’en eus encore des frissons. Après que j’eusse décliné son offre, le curé me demanda comment pouvait-il m’aider. Je lui expliquai la découverte de la clef et ma conviction qu’elle n’avait pas été mise sur mon chemin par hasard. Il fut très intéressé et voulut la voir. Je la sortis de ma poche et lui tendis. Il l’observa attentivement puis murmura en latin : « Key Ad Somnia ! » Il m’expliqua ensuite que cette clef était une interprétation à la fois de mes rêves, mais aussi d’une vérité que je devais connaître et affronter afin d’être libéré de mes peurs, mes angoisses. Elle devait ouvrir une porte, et c’était à moi de la trouver ! « N’oublie pas, mon fils, me dit-il quand je me levai pour partir, ce n’est pas parce que vous avez la clef que vous trouverez forcément la porte ! Celle-ci a été mise sur votre chemin afin de vous guider. À vous de chercher la réponse et le chemin. » Je pris congé, mes doigts crispés sur la clef dans ma poche.

Je commençai à comprendre. Cette clef était là pour que je découvre la vérité, une vérité dont je me cachais, mais qui me libérerait. La clef des songes était également la clef de la liberté. J’essayai ce jour-là de réfléchir à tout ce qui m’emprisonnait. Subitement tout semblait s’éclaircir : Je me rappelai ces années passées à chercher à fuir, pour finalement me retrouver à nouveau prisonnier. Cette clef avait été mise sur mon chemin pour m’aider à trouver la réponse. Cette nuit-là, dans mes rêves, j’enclenchais le panneton dans la serrure d’une majestueuse porte d’une tour, seul vestige d’un château. Je me réveillais en sursaut. Oui ! C’est ça : Le château de la Faye !

Ce château moyenâgeux en ruine et abandonné était perché en haut de la montagne. Pour y accéder, il fallait suivre un petit cours d’eau, puis emprunter un vieux pont. Le sentier qui, il y a bien longtemps, devait être suffisamment large pour qu’un carrosse circule, traversait une forêt de hêtres grandioses et cheminait à flanc de montagne. Je l’avais emprunté des centaines de fois, émerveillé à chaque fois par la beauté de ce voyage à travers le temps et la montagne. Le château n’était plus qu’un amas de grosses pierres et seules deux tours pointaient encore vers le ciel. L’endroit était magnifique, la vue sur les montagnes extraordinaire. Je me dirigeai fébrilement vers une des deux tours, celle qui était la mieux conservée, des travaux de restauration ayant d’ailleurs été faits il y a peu. Il y avait effectivement une énorme porte, mais qui semblait fermée depuis bien longtemps, des ronces envahissaient l’accès.

Enfin j’allais découvrir pourquoi cette clef avait été mise sur mon chemin. Je dus débroussailler avant d’accéder à la serrure. Je sortis la clef de ma poche, une sensation étrange m’envahit. Je regardai derrière moi, m’attendant à voir surgir des guerriers sur leurs destriers. Non, non, je ne vis pas à cette époque lointaine, tout ceci n’était que pure imagination. Pourquoi alors j’avais cette sensation de déjà-vu ? J’enclenchai la clef : le panneton s’ajustait parfaitement au trou de la serrure. J’étais ému. « Je suis déjà entré ici », songeais-je. Je tournai la clef, forçant un peu sur l’anneau. Je poussai l’énorme porte qui s’ouvrit avec un crissement. Là, devant moi, un escalier qui descendait.

Mon engouement était à son comble. J’allais enfin découvrir la vérité. Allais-je être libéré ? Ces angoisses allaient-elles enfin disparaître ? Je descendis chaque marche avec ce sentiment si étrange de connaître parfaitement le lieu. Arrivé en bas, une crypte. Je n’étais pas confiant sur ce que j’allais découvrir. J’éclairai la pièce avec ma lampe et aperçus un sépulcre au milieu. Il était tout simple, en forme de sarcophage en granit. Je vis une écriture gravée. Je m’approchai, tremblotant. L’écriture était en latin. Je vis mon nom. Je commençai à paniquer et me retenais de partir en courant. Mais je n’avais pas vécu tout cela pour ne pas connaître la vérité. Quelle était cette histoire de fou ? À côté de mon nom, je vis un autre nom, le nom d’une femme. Mais je ne la connaissais pas. Pourquoi étais-je enterré dans cette crypte avec une inconnue ?

Je fixai ces deux noms quand j’entendis une musique étrange, comme dans mes rêves. Une femme semblait sortir de la pénombre d’une galerie, drapée de blanc. Elle me souriait et me dit : « Tu dois libérer ces deux personnes dans ce sépulcre. En les libérant, ton nom disparaîtra et tu revivras, tel que tu l’as toujours voulu… » Elle disparut. Je tremblais en soulevant le couvercle du sépulcre. Qu’allais-je découvrir, à part des ossements ?

Mais la tombe était vide. Seule s’y trouvait une petite boîte contenant un bout de papier noirci où il était écrit : « Libère-nous, libère notre histoire. Tu fuis la vérité. Tu fuis ta vie. Tu refuses cette damnation qui condamna il y a bien longtemps les amants du château. Libère-nous, et alors tu auras la paix de l’âme. » Maintenant, je savais que cette clef devait me mener ici, c’était écrit, c’était évident. Pourquoi m’étais-je torturé si longtemps ? Je devais libérer ces amants du passé, c’était mon devoir.

Je brûlai le bout de papier et mon nom disparut du sépulcre. Serais-je maintenant libre ? Je quittai le château. J’étais vidé, je jetai la clef au fond d’un vieux puits. Tout ceci n’a jamais existé, tout ceci n’est que chimères, me dis-je. Je descendis lentement à la rivière et, telle une ablution, m’aspergeai l’eau glaciale sur le visage. La vie devait continuer.

 

 

 

 

 

Coupable

 

 

 

Coupable ! Le verdict est tombé. Le jury a délibéré et condamne à l’unanimité l’accusé. Coupable de vaines promesses, coupable de procrastination, coupable de fuir… coupable de… Le mot coupable répété des centaines de fois résonna dans la salle du tribunal tel le glas de l’église annonçant la mort d’un villageois et fit frémir tout le public.

Le jury semblait impassible devant le déchaînement de violence que procurait ce mot que le juge martelait à l’accusé. Quand enfin le juge se tut, que le calme et un silence pesant envahit la salle du tribunal, l’accusé put donner son dernier mot sous le regard accablant du jury et de pitié des spectateurs : « J’ai fait ce que j’ai pu avec mes moyens, monsieur le juge. Ma culpabilité ne fait pas de doute, mais ma souffrance est mon châtiment éternel. »

Le juge regarda par la fenêtre. Il vit un milan tournoyer dans le ciel et, subitement, se sentit las, vide. De quel droit pouvait-il juger, finalement. N’était-ce pas la prérogative seule du tout puissant ? Le jury valait-il mieux que l’homme qu’ils condamnaient ? Il regarda l’accusé. Un grand coup de marteau : acquitté !

Le public hurla de joie, jetant en l’air des pétales de fleurs, et les membres du jury se défilèrent sous les huées. L’accusé sourit tristement. Il était libre, mais prisonnier de ses doutes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Nuit