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"Pouvoirs et préjugés" est un recueil de nouvelles qui s’inspire d’anecdotes et des moments de vie de notre société contemporaine. Chaque thème exploré est présenté sous deux perspectives complémentaires. En pointant le côté enfermant des stéréotypes, qu’ils soient féminins, masculins ou autres, le lecteur prendra peut-être un peu de hauteur, et pourra faire ses propres choix.
À PROPOS DE L'AUTRICE
Sensible à la thématique de l’équité,
Oriane Marcon a fait du combat des stéréotypes un objectif. Le présent recueil de nouvelles vise à questionner des situations souvent banalisées, acceptées ou subies.
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Seitenzahl: 44
Oriane Marcon
Pouvoirs et préjugés
Nouvelles
© Lys Bleu Éditions – Oriane Marcon
ISBN : 979-10-422-0224-8
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Si je pouvais entendre, j’écouterais ?
Combien de temps nous faudra-t-il pour comprendre que la plupart de nos malheurs, nos souffrances, nous les créons artificiellement ?
Quand viendra le temps d’une éducation à la tolérance assez efficace, pour ne pas créer des adultes en perpétuel jugement ? Un monde sans « normes » dominantes est-il possible ?
Par ces différentes histoires, tirées de la vie réelle, j’ai voulu montrer comment les stéréotypes, les masculinités ou féminités hégémoniques, les rapports de force, genrés ou sexués, sont toujours, à terme, source d’exclusion, de souffrances, et parfois de drames humains… quel que soit l’individu concerné.
Pourquoi ces questions nous font-elles réagir si vivement ? Est-ce que ce sont réellement les individus qui osent et ont le courage de sortir du « droit chemin » qui nous dérangent, ou plutôt les questions qu’ils font naître en nous, ces questions que nous refusons parfois de nous poser, de peur d’une réponse inconvenable, en dehors de l’acceptable… Le pouvoir de la « norme dominante » ne reposerait-il pas principalement sur la peur et la difficulté que chacun éprouve pour en sortir… ?
Recto n° 1 – Livia et les autres
« Ce serait dommage d’être une fille avec plein de cicatrices… »
« Moto-Auto » c’est un peu le magazine « culte » des toilettes de mon enfance. Des records et des manches de championnats à n’en plus finir, parsemés de détails techniques incompréhensibles pour qui n’est pas spécialiste des moteurs quatre temps et des terrains de motocross. Mais qu’importe, le suspens réside davantage pour la petite fille de huit ans que je suis, dans l’endroit où se trouvera la pin-up ou l’umbrella girl mensuelle !
« Elle sert à quoi la dame ? Pourquoi elle a un maillot de bain sur la piste ? »
« Demande à ton père ! »
Bon, nous voilà bien avancés… Néanmoins, c’est souvent une des rares femmes présentes dans le magazine, où sont donc les pilotes féminines ? Rien, personne au rendez-vous… Et puis un jour apparaît le nom de Livia Lancelot. Rien qu’au nom, on aurait pu se douter d’un destin inhabituel me direz-vous ! Eh bien oui, cette jeune pilote semble n’avoir que faire de son appartenance au sexe féminin, ce qui l’intéresse c’est le motocross, ça tombe bien, on est là pour en parler.
Après avoir lu cet article, la porte des possibles s’entrouvre, miracle, on peut donc être une fille, avoir des cheveux, et préférer le guidon au parapluie… Il n’en faut pas plus pour que la petite idée fasse son chemin… si c’est possible pour elle… pourquoi pas… pourquoi pas pour moi ?!
Logique de raisonnement établie, motivation au compteur et starter activé, je m’avance vers mon père.
« Du coup je me disais, peut-être que je pourrais vraiment faire de la moto ? »
« Comment ça “vraiment” ? »
« Bah comme toi quoi… »
« … »
« Comme Livia Lancelot ! »
« Ah… oui bah tu sais, à moto, y a beaucoup de chutes et de blessures ! »
« Bah oui, je sais… et alors ? »
« Mmmh ce n’est pas pareil, c’est embêtant quand on est une fille ! »
« Euh… je ne comprends pas… pourquoi tu dis ça ? »
« Ce serait dommage d’être une fille avec plein de cicatrices… »
« Ah… »
NB : « En 2014, près d’une personne sur deux adhère à l’idée selon laquelle « certains sports conviennent mieux aux filles qu’aux garçons » (Burricand et Grobon, 2015) cités dans le rapport INSEE de 2017. Ces représentations sexuées des différents sports (féminins, masculins ou neutres) ont été montrées dans différentes études : Fontayne et al 2002, cités dans la thèse de M. Plaza 2016 par exemple.
Médiatiquement, environ 80 % de l’espace sportif est occupé par les hommes en 2020.
(Source : podcast d’Anne Cécile Genre, Les sportives inventent-elles une nouvelle féminité ? 26 février 2020)
Verso n° 1 – Le petit baigneur
Un pluvieux matin de décembre, bien humide qui ne donne d’autre envie que de rester au coin du feu. Colin joue avec sa sœur, Lina, pendant que leurs parents, qui les surveillent du coin de l’œil, s’affairent à préparer le repas de famille du 24. C’est l’effervescence chaotique, la table déborde de choses et d’autres, mais l’atmosphère est à la fête et aux retrouvailles chaleureuses qui s’annoncent.
Soudain, on toque à la porte. Ce sont les grands-parents qui arrivent. Les enfants, alertés par le bruit de la porte qui claque, se lèvent précipitamment et se jettent dans leurs bras, manquant, de peu, de renverser le sapin fraîchement décoré.