Quand la cocasserie s’invite au voyage - Delphine Mercenier - E-Book

Quand la cocasserie s’invite au voyage E-Book

Delphine Mercenier

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Beschreibung

Imaginez-vous au cœur d’une tempête maritime ou face aux mitraillettes des forces de l’ordre… Devant ces situations, deux options s’offrent à vous : pleurer de désarroi ou rire. Pourtant, dédramatiser pour laisser place à l’optimisme et à l’humour se révèle le choix idéal. Entre désespoir et hilarité, plongez au cœur de ce récit de voyage où l’imprévu règne en maître. Loin d’être un guide touristique, cet ouvrage vous convie à l’exploration des mésaventures du voyage, où la capacité à relativiser est mise en avant.

À PROPOS DE L'AUTRICE

Depuis son enfance, Delphine Mercenier explore le monde, initiée par sa famille et ses proches. Son parcours l’a conduite à enseigner l’histoire et la géographie pendant plus d’une décennie. À travers ses récits, elle promeut la découverte de l’autre et le vivre-ensemble.

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Delphine Mercenier

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Quand la cocasserie

s’invite au voyage

Nouvelles

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

© Lys Bleu Éditions – Delphine Mercenier

ISBN : 979-10-422-3008-1

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

 

 

 

 

 

 

Bonjour les forces de l’ordre

Jordanie en 1997

 

 

 

Entre six ou huit militaires s’animent. Ils sautent de leur camionnette étatique et s’empressent d’encercler notre voiture de location. Leurs armes sont ainsi pointées contre mon père, ma mère, ma grand-mère et moi-même. Nous sommes en 1997, le long du Jourdain formant la frontière israélo-jordanienne.

 

Comment nous sommes-nous retrouvés dans une telle situation ? Voici le récit de cette rencontre inopinée…

 

Pella, ancienne cité de la Décapole et dont les premières traces humaines datent de 6000 ACN, côtoie aujourd’hui le village de Tabaqat Fahil. Le guide touristique vante la beauté et l’intérêt archéologique de ces pierres historiques. Nous quittons Amman, notre lieu de résidence pour quatre jours afin de vérifier ces dires. Carte en main, le trajet nous mène le long de ce fleuve biblique qui, depuis la nuit des temps, est source de conflits. Ainsi, divers contrôles ponctuent notre itinéraire. Nous nous arrêtons donc obligeamment à chaque poste de vigilance. Sans aucune difficulté, nous les franchissons. Quelques kilomètres seulement restent à être parcourus avant d’atteindre notre destination. Une dernière vérification de nos identités est requise avant de poursuivre notre route. C’est là que tout se complique !

 

À l’approche de cette ultime infrastructure militaire, mon père tend, sans aucune compréhension de ses passagères, à appuyer sur l’accélérateur, laissant apparaître sur le compteur les 90 km/h. Nous dépassons ainsi la patrouille à vive allure. Malgré leur ceinture de sécurité, chaque voyageur a vu sa tête s’approcher dangereusement du toit de la voiture lors du passage du dos d’âne. Ma mère hurle à son mari d’appuyer au plus vite sur le frein. Il ne comprend pas ce souhait urgent de vouloir s’arrêter. Il poursuit sa route. Ma grand-mère et moi-même, nous nous retournons sans comprendre le pourquoi de ce scabreux comportement. Apparaissent alors dans notre champ de vision des militaires mettant en place rapidement toutes les manœuvres apprises lors de leurs entraînements. Deux d’entre eux tirent derrière nous un ruban clouté mettant à mal toute voiture qui se hasarderait à passer. Un autre soldat prend le volant d’un véhicule guerrier emmenant avec lui deux ou trois de ses camarades. Tous sont prêts à entamer une course poursuite comme un policier poursuivrait un criminel dans tout bon film policier. Mon père voit enfin les défenseurs de la patrie jordanienne le talonner. Ahuri, il s’immobilise. Ma mère vocifère toujours contre lui. Elle cesse quand elle voit ces hommes en uniforme approcher. Nous sommes accusés de fuite. Le conducteur commence à saisir le pourquoi de toute cette agitation belliqueuse.

Les armes sont pointées vers nous, vers d’hypothétiques fugitifs. Un contrôle pointu de nos identités est réalisé. Un d’entre eux (le chef ?) fait sortir mon père. Il tente de comprendre la cause de cette escampette. Les passagères aimeraient bien le savoir aussi ! Un mélange de sentiments contradictoires apparaît. L’incompréhension, la colère et la peur nous envahissent. Le coffre est passé au peigne fin. Le chauffeur tente d’expliquer par des gestes qu’il n’a pas vu le poste de supervision. Pourtant, il s’agit d’une imposante fondation visible à plusieurs mètres à la ronde. Un panneau de signalisation, lui aussi colossal, impose un ralentissement, voire l’arrêt complet pour tout véhicule. 50 km/h est la limite autorisée ! Le soldat paraît sceptique. Ses yeux parcourent l’habitacle. Les trois générations qui y sont présentes fixent un point droit devant elle. Pendant quelques minutes, il psychote tout en regardant sa proie belge qui semble inoffensive pour l’État jordanien. Il donne l’ordre à ses hommes de reculer et de baisser leurs armes. C’est notre taux d’adrénaline qui décroît. Un appel à l’aide à l’ambassade belge ne sera pas nécessaire ! Ils repartent tous, fusil sur l’épaule, vers leur poste de supervision, certainement ravis de cette fin de mission.

Nous, c’est dans le silence que nous continuons notre itinéraire. De longues minutes de calme qui traduisent la consternation des passagères et la désolation du chauffeur. Cette ambiance post- arrestation et post-libération s’atténue lorsque nous découvrons les splendeurs de Pella. Le guide touristique ne s’y est pas trompé ! Nous prenons le temps d’explorer le site dans tous les moindres recoins. Quand soudain, ma grand-mère demande à trouver urgemment des toilettes, son ventre gargouillant puissamment.

 

Je m’exécute. Ce sont des latrines publiques peu hygiéniques, dont les portes ferment à peu près. Elles font tout de même l’affaire. Je me transforme, pour quelques minutes, en gardienne de cabinet.

 

Cette tâche accomplie, nous partons rejoindre les parents. Mon père demande des nouvelles sur l’état de santé de sa belle-mère. Cette dernière explique les symptômes et les faits. Il en déduit que la tourista l’a atteinte. Un médicament pourrait reconstituer très vite sa flore intestinale, voire calmer les douleurs.

 

Malgré cette petite contrariété entérique, nous entamons le chemin du retour. Carte en main, le trajet nous mène de nouveau le long de ce fleuve biblique qui, depuis la nuit des temps, est source de conflits. À l’approche de cette première infrastructure militaire, mon père tend, au grand soulagement de ses passagères, à appuyer sur le frein, laissant apparaître sur le compteur les 20 km/h. Nous passons ainsi la patrouille à basse allure. Les militaires reconnaissent les fuyards du pays de Manneken Pis. Ils nous offrent un sourire et un salut et nous souhaitent ainsi un bon voyage. Ils nous font fi de tout contrôle.

 

Le trajet se poursuit dans la bonne humeur. Nous oublions vite cette intervention martiale fortuite. Ma mère-grand voit ses douleurs abdominales disparaître subitement. Les paysages désertiques défilent sous nos yeux et nous laissent tous rêveurs.

 

Soudain, ma mère hurle à son mari d’appuyer au plus vite sur le frein. Il ne comprend pas ce souhait urgent de vouloir s’arrêter. Il s’immobilise net. Le long d’une grand-route, un militaire agite la main. Encore un contrôle ? Aucune imposante fondation visible faisant office de poste de supervision n’est visible à plusieurs mètres à la ronde. Aucun panneau de signalisation n’impose un ralentissement, voire l’arrêt complet pour tout véhicule. 70 ou 90 km/h est la limite autorisée. A-t-elle vu une ombre ? Est-elle toujours sous le choc de cette expérience vécue ? Nous sommes sur le bord de la voie, tous interloqués par cette requête instantanée et prêts à repartir. Quelques secondes plus tard, une des portières s’ouvre. Étonnamment, ce soldat ne nous demande pas nos passeports. Sa paume levée manifestait son désir de trouver un transport pour rentrer chez lui. Maintenant qu’il a la tête et un pied à l’intérieur de la voiture, il est difficile de lui refuser sa sollicitation. De plus, pour nous, l’uniforme est toujours, à cet instant, source d’inquiétude. Mieux vaut obéir ! Et puis, plus rien ne peut nous arriver avec un militaire présent à nos côtés !

 

Il nous guide jusque dans son village, jusqu’à sa maison. Il descend, content de revoir les siens. Il nous invite à passer la fin d’après-midi et la soirée avec sa famille, ses amis et ses voisins. Tous sont conviés. Nous partageons un repas digne d’un jour de fête. Ma mère, voyant notre éphémère passager sans son déguisement militaire, se sent maintenant rassurée. Quant à ma grand-mère, il n’est pas nécessaire qu’elle avale un quelconque antibiotique. C’est le stress lié à cette situation soldatesque vécue qui fut à l’origine des maux de ventre.

 

Nous sommes maintenant sereins. Nous sommes plongés au cœur de la culture jordanienne, au cœur d’un village certainement méconnu par n’importe quel globe-trotter aguerri. C’est la distraction du chauffeur qui nous a menés à vivre cette merveilleuse expérience ! Nous ne le remercierons jamais assez.

 

 

 

 

 

L’heure avant l’heure

États-Unis, Floride en 1999

 

 

 

Les portes de l’avion se ferment.

— Mesdames et Messieurs, bienvenue à bord du vol Tampa-Boston. Veillez, s’il vous plaît, à remonter votre tablette, à mettre votre ceinture et à éteindre tous les appareils électroniques. Soyez attentifs aux consignes de sécurité qui vont vous être présentées dans quelques instants. Bon vol !