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Shana, fille du désert, se retrouve exilée dans le Limousin à cause d’un sortilège qui l’a éloignée de sa famille. Confrontée à cet univers inconnu, elle doit puiser dans la magie pour retrouver la confiance en elle et envisager un retour chez elle. Pourra-t-elle déjouer les plans du mage qui l’a bannie ? Sera-t-elle capable de s’adapter à ce nouvel environnement ? Explorez le Limousin, ses légendes et ses trésors cachés en suivant Shana dans sa quête palpitante.
À PROPOS DE L'AUTRICE
Dès son plus jeune âge,
Lady Flower a voyagé au-delà des frontières. Elle a pu constater la force des cultures côtoyées, différentes de la sienne. Elle en a capté la résilience, mais aussi les dérives humaines et les injustices.
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Seitenzahl: 83
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Lady Flower
Renaissance en Limousin
Roman
© Lys Bleu Éditions – Lady Flower
ISBN : 979-10-422-4562-7
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À ma famille, toujours présente
Carte du Limousin
Le chaos est rempli d’espoir parce qu’il annonce une renaissance.
Coline Serreau
Je marche déjà depuis plusieurs heures sur une lande recouverte de bruyères. Mes pieds déchirent des bandes de brouillard, vestiges de cette nuit humide où je me suis éveillée, nue, au milieu de nulle part. Je ne sais plus qui je suis ni d’où je viens. Un martèlement sourd cogne dans ma tête. Ma bouche, sèche, cherche un ruisseau où une eau claire et limpide pourrait me désaltérer.
Mais, nul besoin de jouer une scène de survie en milieu hostile. Un hameau, visible de loin, me servira de point de repère. Je décroche un drap suspendu au fond d’un jardin ouvert sur la rue. Personne ne m’a vue. Il faut dire que le jour se lève à peine. Je n’ai pas froid ; j’en déduis que nous sommes en été ou peut-être début septembre.
J’avance dans les ruelles sombres d’un bourg. Le clapotis de l’eau qui tombe du robinet ouvert d’une fontaine me guide vers ce havre de fraîcheur qui va me faire du bien. Cette sensation de papier rêche qui gratte le fond de ma gorge va enfin disparaître !
Habillée ou dirai-je plutôt enroulée dans cette toge dérobée à la va-vite, je reste, hébétée, assise sur un banc, à regarder dans le vide. Un vieillard passe à côté de moi, signe que les villageois commencent à s’éveiller. Le soleil réussit à traverser l’épais feuillage des tilleuls qui entourent la place. Et des camionnettes affluent de tous les côtés. Un marché se met doucement en place sous mes yeux, mais personne ne réagit à ma présence. Quelle sensation bizarre de se sentir en connexion avec les éléments, mais une étrangère parmi les hommes !
Je commence à me poser des questions. Serai-je devenue transparente ? Invisible ? Mon état est-il le résultat d’une quelconque sorcellerie ?
Je cherche une fenêtre de maison dépourvue de volets et m’en approche, réticente. Je me plaque, le dos contre le mur, ayant peur d’être aperçue par les occupants. J’inspire un bon coup et viens me planter devant la vitre. Stupéfaite, je constate que je n’ai pas de reflet ! Je serai donc impossible à distinguer. Le drap dans lequel je me mélange les pieds depuis tout à l’heure me semble soudain inutile. Je le déroule et le laisse en tas sur le trottoir étroit. Un voisin, passant par-là, ramasse le bout de tissu et vient le présenter à la maîtresse de maison qui soutient ne pas reconnaître l’objet. Il s’ensuit une dispute matinale que je laisse derrière moi.
Je dois absolument trouver ce qui m’est arrivé ! Je décide de retourner sur la lande où je me suis éveillée ce matin pour y déceler des indices. Il me faut remonter le temps, essayer de casser l’enchantement dont je dois être la victime.
Je reprends le chemin emprunté cette nuit. Je retrouve sans peine les traces que mes pas ont laissées dans la terre humide. Je respire à pleins poumons pour m’enivrer de cette nature qui me réconforte. Le bruit des moteurs, le cri des commerçants en train de s’installer et de pester contre un parasol qui ne s’ouvre pas sont autant d’agressions que je cherche à fuir.
J’arrête ma progression quand le soleil atteint le zénith non pas parce que j’ai trop chaud, mais en raison de mon estomac qui se manifeste. J’ai faim et je ne peux pas ignorer cette sensation de crampe qui me tiraille. Mes yeux se posent sur un buisson de myrtilles bien mûres. Leur couleur violacée fait monter une vague de salive dans ma bouche. Je m’assieds au milieu de ce garde-manger improvisé et entame un repas frugal, mais savoureux.
Je profite de cette pause pour regarder autour de moi et observer la lande qui me devient familière. Je tends l’oreille, car il me semble avoir entendu un bruissement de feuilles. La sensation d’être seule au monde vient de s’envoler. Je cherche des yeux ce qui a pu interrompre mon repas. Des éclats, comme le scintillement d’un diamant, naissent autour de moi. Je crois d’abord avoir affaire à une illusion d’optique, mais rien ne semble pouvoir renvoyer la lumière de cette façon.
J’agite la main et me relève d’un bond. Je m’agace de ce phénomène qui m’effraie. Quel insecte, quel animal me tourne ainsi autour ? Que me veut-il ? Le jus des myrtilles a dû l’attirer. Si ce sont des fourmis volantes ou des petites guêpes, je dois faire attention à ne pas en avaler une.
Je respire profondément pour calmer mes nerfs. Je reviens m’asseoir sur le tapis de mousse qui m’a accueillie plus tôt. Je plisse les yeux pour adapter ma vision et je commence à distinguer l’animal responsable de cette pluie de paillettes qui m’enveloppe à présent. Animal ou humain, je ne sais pas trop comment qualifier cet être volant qui me taquine.
« Hey, Shana, ça y est, tu me vois ? Tu as mis du temps avant de réaliser que je te surveille ! » dit cette petite fée dont les ailes translucides battent comme celles d’un colibri. Elle virevolte en laissant derrière elle un nuage étincelant. Elle me parle inlassablement alors que je reste muette. Je n’ose pas me relever, pétrifiée et surprise. Au bout de quelques minutes, après avoir observé son manège, j’arrive enfin à la questionner : « Que me veux-tu ? Je suis totalement perdue et tu viens ajouter du mystère à mon existence ! »
Elle se positionne devant mes yeux, vole sur place et croise les bras pour prendre un air sérieux. « Je m’appelle Isadora et j’ai pour mission de te guider », me dit-elle. Me guider ? N’importe quoi ! Je n’ai pas besoin d’être guidée ou amenée quelque part. Je souhaite juste retrouver mon apparence et ma mémoire. Je tends un doigt inquisiteur vers elle et adopte une attitude de défense : « Retourne avec les tiens ! Ne viens pas m’embêter ! Je ne sais même plus qui je suis et tu prétends pouvoir m’aider ! Quelle ironie ! » Je me relève, tourne les talons et entame une nouvelle progression vers… où, déjà ? Je ne sais pas où aller !
Désespérée, je me laisse choir en pleurant. Isadora recommence une danse frénétique devant moi et cherche à m’indiquer un chemin qui mène sous la frondaison d’arbres que je n’avais pas encore remarqués. Avec leurs branches qui forment une voûte, ils semblent m’attendre. J’y cours me protéger de la pluie qui vient d’apparaître. Elle martèle le sol avec force et fait rouler les pierres. Le sol de granite s’assombrit. Le gris de la roche semble ne plus faire qu’un avec le ciel. Les éléments se sont déchaînés sans prévenir. Et ma petite accompagnatrice a déjà trouvé refuge sous une belle feuille de marronnier.
À la limite du bosquet, j’admire la force avec laquelle l’eau et le vent ont modifié le paysage. Des branches arrachées s’accumulent sur le sol. Des arbustes sont malmenés avec violence. Un peu plus loin, un tourbillon de poussière devient une tornade. La nuit a remplacé le jour. Et la chute des températures a fait apparaître des frissons à la surface de ma peau.
Soudain, tout s’arrête comme si un magicien avait activé sa baguette. Le calme est revenu. Et toute la forêt est silencieuse. Isadora a cessé de battre des ailes. Je peux enfin admirer son minuscule corps gracile. Elle porte une robe faite de morceaux de feuilles et des boucles dorées tombent en cascade sur ses frêles épaules. Elle est adorable et je me prends d’affection pour elle. Mes observations m’ont détournée de la lande. Je n’ai pas vu arriver le mur de sable qui se dresse à présent devant ma cachette. Une nouvelle tempête s’annonce et j’ai la sensation qu’elle m’est destinée.
« Shana, recule ! me murmure Isadora. Tu vas te faire engloutir. Ne reste pas à découvert. » J’aimerais bien bouger, mais je n’y arrive pas. Je suis comme pétrifiée, transformée en statue. Mon cœur bat à tout rompre, mais il semble n’être plus que l’ultime partie de mon corps encore en mouvement. Je voudrais crier, me détourner, mais une force maléfique me retient. Je ressens comme une poigne invisible s’emparer de moi. Je recule d’un pas et suis automatiquement attirée vers les éléments déchaînés. J’essaie à plusieurs reprises de reculer vers la forêt si réconfortante. Mais rien n’y fait. Je suis inlassablement rattrapée par la tempête.
Une patte puis une tête de cheval se dessinent à la surface du sable. Progressivement, des cavaliers apparaissent et viennent se poster devant moi. Je me questionne. Comment une simple fille comme moi peut-elle attirer un tel équipage ? Je ne vais pas tarder à avoir toutes les réponses aux questions qui tournent dans ma tête depuis ce matin quand j’ai vu une silhouette imposante me dominer. Deux autres destriers restent en retrait, mais surveillent les alentours. Leur tête fait des va-et-vient de gauche à droite, cherchant la misérable créature qui oserait bouger le petit doigt ou une oreille.