Erhalten Sie Zugang zu diesem und mehr als 300000 Büchern ab EUR 5,99 monatlich.
Kandy, jeune femme de vingt ans, incarne la beauté et l’intelligence, mais également une touchante naïveté. Issue d’un foyer empreint de malice, elle se heurte brutalement à la cruauté du monde extérieur. Soumise à une éducation rigide et dangereuse, elle traverse de nombreuses épreuves qui la laissent malade et désabusée face à l’hypocrisie et à l’égoïsme des adultes. Déterminée à se reconstruire, elle entreprend un projet de vie ambitieux. Parviendra-t-elle à surmonter sa mystérieuse maladie et à atteindre son rêve ?
À PROPOS DE L'AUTRICE
Nathalie Ketchabia a d’abord confié ses rêves, ses joies et ses peines à son journal intime. De ces écrits personnels est né son premier roman, Rose épine, une œuvre qui témoigne de son talent exceptionnel pour transmuter les émotions en récits.
Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:
Seitenzahl: 203
Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:
Nathalie Ketchabia
Rose épine
Roman
© Lys Bleu Éditions – Nathalie Ketchabia
ISBN : 979-10-422-4338-8
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Cet ouvrage n’est qu’un triomphe de l’Éducation au sens profond du terme sur l’avoir dans tout ce qu’il peut constituer de mouvant, d’instable et de léger ; c’est une victoire de la discipline et de la patience sur l’adversité.
Ce roman est l’aboutissement d’un rêve d’enfant fait au cours d’une nuit en plein sommeil ; et dont la rêveuse, une Camerounaise que je suis, n’y avait fait aucun cas.
Pourtant, le rêve, particulier en lui-même, parce que non récurrent comme il se devrait, devint si fortement résonnant et ancré dans le tréfonds de l’âme de son auteure et resurgit cependant de façon persistante dans son esprit et dans ses pensées. Bien qu’elle le balayât à plusieurs reprises de sa mémoire.
Car, se retrouver dans un songe dans une bibliothèque assez fournie de livres, au milieu de laquelle on se retrouvait en présence d’un homme imaginaire, un inconnu de race, ne pouvait être pour l’auteure qu’un unique cauchemar vague et passager.
Pour elle, issue de cette classe sociale humble, habitant, dans ce quartier à l’époque encore enclavé ; à son train-train de vie quotidienne de ses résidents ordinaires ; bien que situé dans la capitale économique de son pays.
Le songe était en déphasage du contexte de vie de son auteure, et très éloigné de sa réalité existentielle. C’est que, à cet âge, dans ce milieu timide de vie familiale, l’auteure refusait même de penser à la vérité de son rêve dès qu’elle atteignit l’âge de la raison.
Heureusement, durant ses périodes d’adversités accompagnées de solitudes de toutes sortes, déjà à cet âge adulte ; mais aussi à cette période spéciale faite de douleurs d’enfantements, l’auteure replongea dans ses méditations et réflexions sur la destinée humaine et de ces « pourquoi ? »
De ces « comment » multiples ; du fond de sa modeste chambre à coucher, au sein de cette concession à famille nombreuse et élargie, d’un père gendarme de profession, et d’une mère exerçant du petit commerce, l’auteure usera de détermination tout au long de son cursus universitaire afin de faire de son rêve une vérité.
Sortir de la médiocrité, briser les clichés et les stéréotypes de ces familles habituées à cette qualité de vie, de survie, où les parents, aujourd’hui décédés pour la majorité, avaient laissé derrière eux leurs progénitures à qui ils n’avaient ménagé pourtant aucun effort pour leur procurer tant bien que mal, une éducation semi-traditionnelle ancestrale, semi-moderne chrétienne.
Pour l’auteure Nathalie Ketchabia, il s’agit à travers son roman Rose épine de vivre la vérité de sa vie terrestre à elle toute seule ; dans ses lignées maternelle et paternelle. Tout comme l’on naît et sort seul des entrailles de ses parents à quelques exceptions près ; on quitte aussi ce monde pour ce voyage sans retour tout aussi seul qu’on y est venu.
L’auteure veut révéler sa « Vraie Identité » ; celle chrétienne ; prélude à une vie en abondance et servir d’exemple à toutes ces destinées à l’ombre des vies inassouvies de sa collection à venir.
Il était cinq heures et trente minutes du matin lorsque la correspondance en provenance de Munich après escale à l’aéroport Roissy Charles de Gaulle atterrit sur la ville d’Ekiéssé. Personne des miens n’était venu m’accueillir. J’évitai autant que faire se peut de bousculer certains passagers arrivés du même vol que moi ; dans leurs allées et venues entre ces multiples compartiments de l’intérieur qui étaient pleins de bagages de tous genres. L’extérieur quant à lui devenait cet espace où la joie des retrouvailles de toutes ces familles et relations venues recevoir un des leurs était manifeste. Ces autres passagers arrivés normalement, mais fatigués et stressés, étaient plus préoccupés dans leur majorité à récupérer leurs effets de voyage. Il fallait de plus compter sur ses émotions fortes avec cette station debout que l’on devait effectuer avec toute son attention. Il faut retrouver son bagage parmi ses nombreux colis venant de la soute et qui sont repartis en file indienne sur ces tapis roulants qui tournaient devant soi, selon la provenance de l’avion. À ceci s’ajoutaient ensuite les formalités de police et de douane à remplir avant l’entrée en possession de tous ses effets.
J’étais exemptée de toutes ces formalités en tout cas ; je n’avais plus de passeport avec moi, toutes mes pièces officielles m’ayant été retirées dès mon arrivée à Munich par mon Blanc. C’est maintenant que je sus que mon amoureux était d’origine arabe. Cette conversation qu’eurent les agents de police d’immigration dans le véhicule qui me conduisait à l’aéroport mettait à nue toute la vérité. Je ne soupçonnais pas que ce geste délicat de mon hôte dont j’étais l’invitée découlait de son vice caché au-dedans de sa petite personne. Or, il n’était rien d’une quelconque sécurité de sa part à mon endroit ; ses motivations étaient toutes autres et je ne le savais pas.
Cette carte officielle internationale d’immigration que j’avais reçue de cette organisation non gouvernementale « Retour volontaire de clandestins » demeurait avec moi. Elle justifiait des cas tels que le mien auprès de ces officiers de police de l’aéroport d’Ekiessé, constituant pour ainsi dire ma seule pièce d’identité. Ils me cédaient alors le passage à chaque guichet de contrôle, ne prenant plus la peine de me la demander ; déjà que mon accoutrement était une réponse ; car, c’était celui remis à ces personnes en situation d’irrégularités en pays étrangers. Ces sans-papiers que la police d’immigration traquait facilement dans leur refuge durant cette saison de climat défavorable. C’était la période d’hiver léger où les déplacements des clandestins étaient réduits ; ce qui facilitait le travail de rafle pour rapatriement des agents de police.
C’est que, les immigrés illégaux moins nomades, à cause du mauvais temps, trouvaient mieux de rester au chaud dans leurs cachettes. Là, ils étaient alors aisément pris aux filets de la police qui connaissaient bien chacune de leurs tanières. Dès lors, ils émettaient une moindre résistance exprimant par là qu’ils acceptaient volontiers le sort qui était le leur, à savoir le rapatriement volontaire.
Et pourtant au départ, je ne faisais pas partie de cette catégorie d’occupants étrangers à Munich. J’avais suivi la démarche officielle normale pour mon voyage depuis la ville d’Ekiessé jusqu’à Munich. Je pouvais lire les impressions sur leur visage et les sentiments qui s’y dégageaient. La seule femme policière du groupe, en service à mon arrivée à l’aéroport d’Ekiessé, que je lorgnais du coin de l’œil me dévisageait spécialement d’un regard inquisiteur. Non ! Non ! Non ! Je refusais cela ! Pas d’interrogatoires à cet instant-ci. Je ne voulais aucun questionnement de qui que ce soit. Pas même cette expression de « courage ma fille », que cet agent de douane dont je n’avais même pas regardé en face me lançait en chuchotant. « Pas de questions s’il vous plaît ! », me le disais-je à moi-même dans ma pensée ; je ne cessais de me le répéter à moi-même. « De grâce pas maintenant Seigneur ! » continuais-je de me le répéter dans mon cœur.
J’avais hâte de rejoindre ce que j’avais appelé hier notre « vieille bicoque » familiale ; que j’avais tant méprisée et regardée de haut dans mon air de moquerie ; la veille de mon départ. C’est au retour de mon périple que je pris conscience de ce que notre case familiale où il y faisait bon vivre était en fait un joyau ; que nous avaient offert mes parents. Ah ! Pauvre parent ! Ce père et ma mère que j’avais négligés, mais que je découvrais dès à présent leur valeur et leur dignité. Leur présence et leur chaleur parentales me manquaient énormément. Pauvre de moi ! Pitié, Seigneur ! Miséricorde !
Notre concession avec ses larges fenêtres par endroits était construite sur un espace d’environ trois cents mètres carrés. Elle était bâtie d’un style semi-moderne faite conjointement de lattes solides d’une espèce de bois de qualité soigneusement choisie et des parpaings crépissent. Elle était fermée par une clôture pourvue d’une grande porte en fer métallique, à hauteur d’environ deux mètres. Ce qui nous mettait à l’abri des regards indiscrets. Nous avions le privilège de disposer dans notre cour de devant d’un puits d’eau creusé dans le sol ; et d’une installation d’eau potable de la société nationale des eaux de Galmoa qui alimentait toute la maison.
J’avais néanmoins rempli ce formulaire type de déclaration de mes quelques effets personnels que j’avais reçu de cette organisation bienfaitrice non gouvernementale ; en plus de mes euros que je gardais sur moi. L’agent qui me présenta ce formulaire à mon arrivée à l’aéroport n’y avait jeté qu’un coup d’œil distrait de contrôle ; de même qu’à tous mes effets. Il était plus pressé d’y apposer l’inscription « R.A.S. ». Il me recommanda juste de signer en bas de page sur cette « déclaration de douane » qu’il avait posée devant moi à ce guichet de contrôle d’arrivants. Puis, il reprit le document et me demanda d’avancer.
Traquée une nuit en plein sommeil par la police d’immigration de Munich, sous un tunnel où plusieurs immigrés clandestins passaient leurs nuits, j’avais été conduite au commissariat. Là, j’avais fait la rencontre d’une vieille policière prénommée Trudi. C’est d’elle que j’avais reçu vingt euros comme subside, au moment où j’y quittais pour entrer dans leur véhicule de service pour l’aéroport. Elle m’avait l’air très remontée et ne cessait tout au long du trajet de lancer à ses collègues des interjections. Elle jetait çà et là des regards au-dehors à travers les vitres sombres de leur véhicule de police. On aurait dit qu’elle reniflait dans la rue, cherchant à dénicher un de ces immigrés victimes de ces réseaux arabes de trafics de fausses agences de voyage ; afin de venir à leur rescousse. Trudi s’adressant à ses collègues leur dit :
Elle secouait son bras du côté de la portière fermée du véhicule. Son collègue, Hans, le chauffeur au volant à ses côtés, avait immédiatement repris la conversation d’un ton sarcastique en disant :
Elle fit un détour de corps, de son siège avant où elle était assise en cabine, pour me jeter un regard à l’arrière du véhicule où je me trouvais, entre deux des leurs et elle me dit :
Puis, se retournant, elle reprit cette position normale qui sied à tous les passagers à bord en cabine de tout véhicule. Son autre collègue, un de mes voisins de siège arrière, Ziggy, renchérit comme pour apporter plus de clarté aux propos de Trudi, en y ajoutant :
Trudi, l’unique femme de ce groupe de quatre agents de police, reprit la conversation en y introduisant quelques souvenirs de leurs cours de formations internes. Sûrement, elle voulait replonger ses collègues et elle dans le passé où tous étaient encore des élèves policiers assis sur ces bancs d’école, aux pieds de leurs supérieurs hiérarchiques de qui ils tiraient de leurs expériences anciennes ; en plus de celle acquise personnellement sur le terrain.
Reinhold, pour sa première fois, était intervenu en arguant avec sarcasme :
— Quoi ? Sapristi ! Je culbute là ! Oh ! Ces corridors de nationalité ! Hi-han ! Qu’est-ce que tu me racontes là mon vieux ! Ce n’est pas vrai ça ! Je rêve ou quoi ! C’est politique tout ça ! Question de géopolitique ou quoi ! Souci de sécurité et paix entre l’Arabie Saoudite et l’Allemagne ! s’exclame Hans, étonné par cette nouvelle que venait de leur annoncer Reinhold.
D’une de ses mains, il frappa le volant de la voiture d’un coup de poing.
De là où j’étais assise derrière ce véhicule de police, je n’arrivais pas à comprendre ce qui m’arrivait. Ma mine, après six mois que j’avais quitté mon pays natal, n’était plus que l’expression de la douleur vive que je ressentais au fond de mon âme endolorie et brouillée. Nous étions enfin arrivés à l’aéroport, j’étais descendue du véhicule pour continuer mon reste de trajet toute seule, après avoir reçu toutes les directives de Trudi. Nous nous étions séparés sur cette phrase dont elle m’avait parlé dans ses gestes de haussements d’épaules :
Ses autres collègues policiers m’avaient dit chacun leur au revoir, par un geste de l’une de leurs mains, pendant que leur véhicule démarrait en trombe. Ils m’avaient laissé là, à l’entrée principale du grand hall de l’aéroport de Munich, où j’étais tenue debout seule face à mon destin. Ce destin attrayant que j’avais compromis à cause de cette incartade que j’avais entreprise sur internet. Malgré les multiples mises en garde de mon papa qui très souvent ne cessait de me faire entendre raison ; rien n’y avait été fait.
C’était cette question que m’avait posée mon papa sur le chemin du retour pour la maison ; ce jour où nous étions allés rendre visite à son couturier chez qui il devait récupérer son boubou. Il avait tout au long du trajet sur lequel il était le seul interlocuteur stipulé que :
C’est alors que je pensai à mon père ; à ses propos prévenants qu’il tint avec moi, dès lors que le secret de mon voyage lui fut dévoilé. Pauvre défunte grand-mère Lucie, qui se retournerait sûrement dans sa tombe, à cause de moi. Elle qui aimait me dire que j’étais la princesse de la famille Zimthé. Miséricorde, Seigneur ! Pauvre papa !
Cette nuit suivante, la troisième à la belle étoile, et qui fut ma dernière, dans cette ville de Munich, où notre refuge reçu la visite inopinée des agents de police anti-immigration, pour traquer tous les clandestins. Certains des nôtres, prompts et agiles, plus aguerris et éveillés, réussirent à prendre la fuite. Pendant ce temps, quelques autres et moi, ignorants des stratagèmes de ces policiers, nous étions arrêtés en plein sommeil, puis embarqués au sein de leurs véhicules pour le commissariat.
Ce fut là-bas que toutes les formalités administratives furent entreprises. L’assistance de cette organisation non gouvernementale, qui facilita les procédures de retour au pays, nous offrit un cadre approprié, dans cette brigade. Nous pouvions, enfin proprement, prendre un bain et recevoir un kit de vêtements chauds et légers pour rechanges, en plus de la nourriture. La suite de la nuit jusqu’au petit matin ici fut couci-couça ; sous cette atmosphère de Munich, où le temps fut relativement changeant, frappé d’instabilités climatiques, entraînant différents types de saisons variantes et pleines d’alternances de courtes durées.
Tels que : le froid, la chaleur, le vent, le brouillard, la neige, et les orages.
Je n’eus pas le temps de dire au revoir à mes trois nouveaux amis hippies, rencontrés au jardin public. Ces deux Nigériens et cet Arabe du nom d’Abdel. C’est ce dernier qui nous invita ce jour de notre séparation brusque dans la nuit, à prendre part en cette journée-là en sa compagnie, au « souk hot ». Cette fête juive des tabernacles qui commémorait le séjour des Hébreux dans le désert. La cérémonie avait eu lieu dans un espace ouvert au public de Munich. Des opuscules, racontant brièvement l’histoire sur Israël et le peuple hébreux, furent partagés à tous les participants.
Nous avions mangé et bu comme menus et rafraîchissants, rien que des mets et boissons traditionnels du terroir de ces peuples. Suivis des esquisses des pas de danse, au rythme des instruments de musiques traditionnels juifs, que nous avions effectués tous en chœur. La majorité des chants furent fredonnés par les jeunes et certains octogénaires résidants, ayant maintenant la nationalité allemande ; nostalgiques du bon vieux temps. C’est bien à une heure avancée de la nuit que fatigués, nous avions regagné notre abri où, certains de nous étions pris dans les filets de la police.
Mon esprit, au-dedans de moi, suscitait des questionnements et des interrogations auxquelles je n’arrivais pas à répondre. Mon désir le plus ardent était de me retrouver dans cet avion qui devait me conduire au bercail. Les larmes dégoulinaient de mes yeux vers mes joues ; je prie la peine de les essuyer furtivement et simultanément, avec ma paume de la main et son revers rapidement. Au fur et à mesure que j’avançais dans l’enceinte du grand hall d’enregistrement, vers la salle d’embarquement de Munich, des regards indus se retournaient sur moi à mon passage. Eu égard à ce vêtement atypique que je portais sur mon corps, on aurait dit ces puces invisibles d’identifications, plantées au fond de mon être ; mais, comme visibles à l’œil nu.
Dans ce vol qui me ramenait vers Galmoa, ce pays d’Afrique donc j’étais originaire, j’y étais emportée par un sommeil profond. J’avais dormi, les poings fermés, jusqu’à l’atterrissage du vol sur le tarmac de l’aéroport d’Ekiessé. Cette curiosité à l’allée que j’avais éprouvée, d’admirer à travers le hublot le paysage nuageux du ciel, et le vide en dessous de l’avion en plein vol, m’avait quitté tout le long de ce trajet du retour au pays. J’avais été réveillé par les tapotements répétés à mon épaule de cette hôtesse d’accompagnement de mineur, déléguée pour le petit enfant qui était mon voisin de siège. Car, même l’agilité du bambin n’avait pas pu me sortir de mon sommeil durant tout le temps que mis le vol. Ni même les bruits et remue-ménage de tous ces passagers, qui tiraient leurs légers bagages à main, hors des compartiments aménagés au-dessus de la carlingue.
Tout comme moi, la tenue que portait chacun de ces deux personnages « particuliers », qui avaient fait leur voyage près de moi, était spécifiée par rapport à celui des autres passagers à bord. Je l’avais remarqué au moment de prendre place à ce siège vide encore, que j’avais choisi d’occuper. Ce mineur d’environ sept ans, qui voyageait seul, était l’objet de toute l’attention de cette dame-hôtesse, dont la casquette portait le cycle en abréviation dans la langue anglaise : « U.M ». Sur sa chemise blanche, il se trouvait à chaque côté, une poche cousue. Au-devant de chacune des deux poches toutes brodées à leurs abords, de fils de couleurs qui étaient l’une et l’autre des couleurs étalées sur l’appareil. On pouvait aussi y lire : « mineur non accompagné », en caractère plus fin et de taille de la police plus réduite, dans sa traduction française.
Le petit garçon portait un bavoir à son cou ; et là aussi, le sigle « U.M. » dans sa forme abrégée que dans celle expressive, y était inscrit ; de même que le logo de cette entreprise nationale publique de l’aviation civile. Il en était de même que sur cette pochette « U.M. », qui affichait les mêmes couleurs que celles de la tenue portée par l’hôtesse, et avec laquelle l’enfant jouait dans ses mains. Par inadvertance, le bambin dans sa maladresse fit vider la sacoche de son contenu. Je m’empressai alors de les ramasser, et de les ranger en leur lieu et place, tout en y jetant un coup d’œil curieux pour m’apercevoir qu’en fait, la pochette n’était constituée que des pièces officielles de voyage du mineur.
D’ailleurs, toutes ces couleurs arborées par les hôtesses d’avions spécifiaient sur le type de l’équipage en service et son aéroplane en ligne ; de même que le pays d’origine.
Enfin, nous étions à destination ; l’avion déjà sur le tarmac s’était vidé presque de tous ses passagers. Je pouvais le savoir à travers ce nombre réduit de passagers encore dans la carlingue. Finalement, j’étais de retour au pays, pillée et dépouillée dans l’âme, dans l’esprit, et dans mon corps. Ces regards des autres étaient déjà largement lourds pour moi, pour que je puisse encore donner une réponse à tous ceux qui, par courtoisie ou humanité, voulaient savoir s’ils pouvaient m’apporter une quelconque aide.
Je croyais encore à la présence dans ce monde pourri des humains honnêtes et sensibles. Ces hommes intègres et dignes ; pleins de valeurs et de loyauté ; même si je n’avais pas eu cette chance d’en rencontrer. Ou alors, en avais-je déjà rencontré ; mais, je n’avais pas su en faire la différence, afin de saisir ce bonheur au point qu’il me fila d’entre les mains ? Peut-être, parce que je fus trop prétentieuse ; trop matérialiste et égoïste ; trop ambitieuse ; et, ignorante des réalités surtout spirituelles révélées et véridiques de la vie. Je n’avais pas su faire la part des choses ; parce que trop superficielle, trop naïve comme toute jeune fille rêveuse de mon âge.
Mais, qu’avait-il de mal à rêver d’un si bel avenir ?
Dans le hall passagers où les bagages arrivants étaient attendus depuis la soute sur des tapis roulants, je passai directement pour la grande porte de sortie qui donnait à l’extérieur au grand air. J’évitais avec peine ses bagagistes, surtout ceux qui empilaient assez de colis sur leur chariot ; ils n’hésitaient pas alors à vous bousculer de derrière.