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Rose, une petite fille joyeuse, mais confrontée à des défis quotidiens, lutte avec des tâches simples comme s’habiller et vivre en collectivité, tout en étant submergée par des émotions intenses et des perceptions uniques. Entourée de sa famille et de ses amis de l’enfance à l’adolescence, elle dévoile les réalités de l’hypersensibilité et les épreuves journalières avec sincérité. Rose et sa sensibilité à fleur de peau, tout en proposant une nouvelle perspective sur la réactivité émotionnelle aiguë, fournit des conseils pratiques pour tous. Un premier ouvrage prometteur qui en annonce d’autres à venir.
À PROPOS DE L'AUTRICE
Alice Guillebastres, dotée d’une hypersensibilité exceptionnelle, a longtemps tenté de se conformer aux autres avant de choisir de s’accepter et de se comprendre. Sa profonde empathie ainsi que ses dons de clairaudience et de clairvoyance lui permettent de se connecter à son entourage et aux mondes invisibles. Elle a écrit l’ouvrage qu’elle aurait voulu lire lorsqu’elle était enfant.
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Alice Guillebastres
Rose et sa sensibilité
à fleur de peau
Roman
© Lys Bleu Éditions – Alice Guillebastres
ISBN : 979-10-422-4378-4
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122- 5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122- 4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335- 2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
À toutes celles et ceux
qui se sentent en décalé
dans ce monde d’aujourd’hui
Comprendre qui on est, alors que nous avons l’impression d’être toujours soumis(e) à notre environnement, aux humeurs des autres, et que notre seul moyen de survie dans ce monde, où tout est fort, où tout va vite, est la mise en application du principe de la cocotte-minute, où on essaie de tout bloquer, c’est tout simplement invivable !
Tout comme cette phrase longue à rallonge !
Pour survivre dans cette société occidentale, j’ai dû me rendre à l’évidence qu’agir comme une cocotte-minute et exploser régulièrement est très loin d’être la meilleure chose à faire, pour ma santé physique et mentale.
Sauter d’une maladie à une autre, jusqu’à un burn-out, alors enceinte, a été le départ d’une découverte de mon vrai moi.
C’est là que j’ai découvert le terme d’hypersensibilité. J’ai compris que je perçois mes sensations de façon exponentielle par rapport à la plupart des autres personnes.
J’ai ainsi décidé d’exploiter mes propres ressources. Je me suis formée de manière consciente à la thérapie de l’ancienne Égypte avec les soins de l’aura, ainsi qu’aux thérapies quantiques modernes, expliquées par la physique quantique aujourd’hui et le monde de l’épigénétique.
Grâce à cela, j’ai pu déterminer et mettre des mots sur ce qui pouvait me perturber, agir sur moi, mon bien-être et mon équilibre intérieur.
Cela fut une révélation et une véritable renaissance. Après avoir touché le fond, je vous avoue que cela fait un bien fou !
Alors, oui, je suis encore parfois submergée par mes émotions et j’ai, parfois, des maladies longues.
Mais je n’explose plus tous les mois, je ne me réveille plus avec la boule au ventre, ma santé physique est nettement meilleure et ma santé psychique m’a permis de développer mon sixième sens en toute sérénité.
Aujourd’hui, j’accompagne les personnes à donner du sens à leur vie. C’est ma mission de vie. J’agis selon trois axes où l’Humanité est au centre de mes actions : le quotidien, la santé bien-être, et la spiritualité.
J’ai créé le livre que j’aurais voulu lire petite.
Savoir qu’autre chose est possible et que je ne suis pas la seule à vivre des choses inexpliquées et bizarres m’aurait allégée et apaisée profondément.
J’ai attendu mes trente-cinq ans passer pour savoir que ce que je refoulais, car je le croyais irréel, et qui l’est toujours pour mes parents par exemple, était en fait des mondes invisibles tout à fait perceptibles.
Dans ce livre, il y a du Alice partout. C’est une autobiographie romancée où les lieux, les personnages, et leurs aventures sont imaginés à partir de mon vécu. Je trouve que c’est tellement mieux de lire une belle histoire, plutôt que de feuilleter un manuel de Guide au bien-être énergétique pour les hypersensibles. Vous n’êtes pas d’accord avec moi ?
Cette histoire se déroule en Écosse, mais j’aurais pu choisir la France, mon pays natal, comme cela aurait pu se situer aussi, au Japon, avec qui j’ai des affinités.
Rose aurait pu être nommée Alice, mais j’ai choisi d’apparaître sous ma forme d’aujourd’hui, la plus proche.
Rose est ainsi comme mon moi-petite, ou ma fille, ou tous les enfants avec une sensibilité à fleur de peau, catégorisées d’hyper’ : hyper-sensibles, hyper-empathes, hyper-émotifs, hyper-intuitifs, hyper-connectés. Comme de haut potentiel intellectuel, émotionnel, d’ultra sensible… etc.
Quoi qu’il en soit, j’ai voulu cette histoire réelle, au présent, avec des détails de ce monde.
Nous sommes et nous nous sentons tous, tout simplement et principalement terriens. Les appartenances aux groupes nationaux ne sont pas innées chez nous, mais acquises avec l’éducation.
Notre hypersensibilité nous relie à l’univers.
C’est l’application de mes conseils et mes astuces qui va guider et accompagner Rose, dans ce roman, à grandir et à avancer dans la vie. Elle sera de plus en plus heureuse au fur et à mesure de ses expériences de vie.
Chaque chapitre aborde un thème particulier, qui me tient à cœur de vous transmettre le plus rapidement possible. Nous retrouvons notre héroïne, sa famille et ses amies, à différentes étapes de sa vie, afin de pouvoir bénéficier de ses leçons de vie.
Nous pouvons tous tirer les leçons nécessaires de chaque chapitre afin de pouvoir évoluer.
Certains sujets ne vous parleront peut-être pas aujourd’hui, mais dans quelques années, cela sera différent.
À chaque lecture, votre vision et votre perception des expériences vous entraîneront un peu plus loin.
Notre chemin de vie et d’évolution est propre à chacun.
J’étais, il y a des années, comme la maman de Rose. Ce roman fait office d’observatoire de relations. Il ne juge en rien les actes ou les non-actes. Il montre certaines conséquences possibles, sous l’angle d’une grande et forte sensibilité exacerbée à fleur de peau.
Nous devrions tous réussir à tirer l’enseignement nécessaire à une qualité de vie meilleure.
Nous arriverons enfin à pouvoir vivre enfin ensemble, les uns avec les autres !
Je vous souhaite une belle et bonne lecture à toutes et à tous !
Voici l’histoire de Rose, une petite fille de 5 ans, tout du moins au début du livre. Elle vit et elle grandit en Écosse. C’est un pays d’îles plus ou moins grandes, vers le nord-ouest du continent européen. L’océan Atlantique, la mer du Nord et la mer d’Irlande entourent le pays. C’est vraiment un lieu exceptionnel : trois zones maritimes différentes et une terre ! Seule une frontière d’une centaine de kilomètres avec l’Angleterre est présente au sud. La nature y est omniprésente.
La période de narration est celle du début du XXIe siècle. Au moment où les hommes inventent de plus en plus de machines pour faire les choses à leur place, voir même jusqu’à réfléchir et même à écrire des livres, les imposants ordinateurs ont évolué en tablette tactile, puis en micro et nanoprocesseurs. C’est-à-dire qu’il y a 100 000 nano-trucs juste dans 1 mm, comme dans la taille de cette lettre « o », comparé à un engin initial de l’ordre du mètre. L’intelligence artificielle s’étend peu à peu. Au début pour aider le quotidien. Puis, elle reste présente à tout instant. Grâce à la technologie, les droits individuels de propriété privés sont bafoués, mais terriblement acceptés par la majorité des populations. C’est soi-disant pour notre bien.
Avec cela, l’humanité est tiraillée entre les coutumes et l’innovation évolutive.
L’argent paraît être le maître d’un monde de fou où règne l’incapacité grandissante des dirigeants à établir la paix et la prospérité dans le monde. Fait qui me paraît essentiel pour vivre : la paix.
Concrètement, il y a autant de personnes qui ne voient que leur propre personne, comme s’ils ont la tête dans un bocal, que d’humains qui cherchent à se reconnecter à la Terre, à la réalité vraie, matérielle et physique du sol et de ses composants.
La vie fictive, sur écran, avec des casques à réalité virtuelle et autres tend à se développer. Dans toutes les salles d’attente, chacun est désormais branché sur son téléphone, coupé des autres autour de soi. Si vous engagez la conversation avec votre voisin, vous paraissez arrivés de Mars ou de Pluton !
C’est une période triste où règne la loi du plus fort et du plus riche, à tous les niveaux de la société : de l’école, à la santé, à la télévision, à la politique. Tout le monde est jugé à sa capacité à générer de l’argent et surtout des revenus imposables par les états. La normalité quasi mondiale veut que les hommes se croient forts grâce à la taille de leur coffre-fort et à l’épaisseur de leur porte-monnaie, bien sûr virtualisé.
Cette déconnexion de l’état réel de la planète pousse cette humanité vers un gouffre toujours plus grand où des hommes envisagent déjà la vie sur d’autres planètes !
Ici, sur Terre, ils sont coupés d’elle. Ils n’écoutent rien d’autre qu’eux et ils se moquent de ce que veut Dame Nature. Ils agissent comme s’ils vivaient dans une maison, posée sur la terre, mais sans jamais en sortir. Ils ont créé leur lumière artificielle !
La Terre nommée Gaïa, qui est celle qui nous nourrit, celle qui survient à nos besoins et celle aussi qui nous (sup) porte, commence pourtant à montrer des signes de faiblesses et des sursauts de colère.
Ces hommes ne font pas cas ni des séismes, ni des tornades ni des coups de chaleurs incendiaires y compris dans des zones polaires ni des inondations dévastatrices, etc. Les origines décrites de ces cataclysmes sont toutes aussi farfelues que de dire que les enfants poussent dans des choux.
Cette entrée en matière est simplement peinte ici dans le but de poser le contraste nature-artifice que l’on retrouvera entre la fille et ses parents, et elle ne sera pas développée ultérieurement.
Et il est l’heure maintenant de retrouver Rose.
C’est une petite fille à part, qui essaie souvent de se cacher derrière une forte et puissante carapace invisible.
Elle voit et elle perçoit les choses beaucoup plus intensément que les autres enfants et les personnes de son entourage.
De plus, elle a comme une ancienne sagesse incarnée en elle, depuis sa naissance. Des aberrations de fonctionnement lui apparaissent évidentes, comme la surconsommation.
Elle a des difficultés à s’adapter et à trouver sa place dans ce monde perturbé, à ses yeux.
Rose est un beau prénom. Ses parents l’ont choisi pour avoir une petite fille magnifique et belle, comme la fleur aux couleurs pastel et ses pétales doux.
Cependant, lors de ses premières années de vie, l’harmonie de la fillette ne saute pas aux yeux. Elle évoque davantage les épines de cette plante.
C’est seulement quand elle va jouer dans le jardin qu’elle se sent bien, libre et heureuse. Elle joue avec des tiges de bois, d’arbustes ou des lianes de saule pleureur. Elle reste aussi des heures à observer le ciel et à respirer l’air du grand large, quand le vent l’apporte jusqu’à ses narines.
En présence des autres, son énergie est introvertie. Son aura ne se dirige pas vers les autres, mais au contraire se referme sur elle-même, comme un oursin ou un hérisson attaqué.
Ainsi, Rose, inconsciemment, repousse les autres enfants et même les adultes. L’inverse du parfum de la fleur qui attire à elle les nez curieux.
Seuls les animaux viennent la voir instinctivement. Je crois qu’ils perçoivent son grand cœur d’innocent, malgré ses signaux de détresse internes explosifs.
C’est à l’opposé de la volonté de ses parents, qui souhaitent avoir une petite fille modèle, bien sous tout rapport. Ses parents sont Iris et Peter.
Ils vivent tous ensemble dans une petite maison familiale avec un grand jardin où il y a un gros arbre. C’est un vieux saule pleureur. Sa grand-mère paternelle l’a toujours connu. C’était sa maison, avant. Maintenant veuve, elle habite un appartement avec vue sur le port.
Leur village se situe proche de la côte et d’une grande forêt ancienne et mystérieuse. Ils sont comme en campagne, à la mer !
Nous allons suivre ses péripéties par moments captés ici et là. Et vous verrez qu’elle va bien grandir !
Comme tous les matins, Rose doit s’habiller pour partir à l’école. Et là, comme tous les jours, c’est la crise, à la maison.
— Non, je ne veux pas m’habiller !
— Non, je veux mettre mes habits à moi.
— Non, je ne veux pas que tu me forces !
Rose aimerait pouvoir choisir ses vêtements. C’est son rêve : pouvoir mettre de beaux habits dans lesquels elle se sente super bien. Elle ne comprend pas pourquoi c’est si difficile. Elle ne veut pas être une super héroïne, avec des super capes, et tout et tout. Elle veut juste être elle, et être juste bien dans sa peau et ses vêtements. Du haut de ses quatre ans, c’est déjà très difficile.
Pour Penny, une camarade de classe, cela a l’air facile. C’est une petite fille qui porte toujours des jupes avec des collants de couleur assortis, et ses petits gilets ont de très beaux boutons. Elle a aussi de belles barrettes brillantes dans les cheveux, qui eux sont tous bien tirés en arrière, dont aucune boucle ne s’échappe, même en fin de journée.
Rose rêve de réussir cet exploit. Elle en rêve, ce serait vraiment chouette pour elle.
Mais elle, quand elle enfile sa jupe bleu marine, c’est comme si elle ne pouvait plus respirer. Elle a l’impression de faire de la plongée sans tuba. Même sa maman ne comprend pas.
— Mais non, Rose, elle ne te serre pas cette jupe, tout va bien. Tu vas t’y habituer.
Mais non, Rose n’y arrive pas.
Rien que de penser à la (re) porter, elle se sent déjà mal.
Ses entrailles se changent en chaîne métallique. Elle devient lourde, constipée. Son envie de rire à chaque instant de la vie s’éteint. C’est comme une bougie qu’on essaie d’étouffer en la privant d’oxygène.
Rose, qui est petite fille très sensible, active et elle se transforme alors en mode robot.
Elle se coupe de ses émotions et de ses ressentis, pour réussir à passer la journée. Vous imaginez ?
Cela paraît certes parfait pour des parents qui veulent des enfants modèles, qui écoutent et appliquent toutes leurs consignes, pour être dans les règles bien-séantes de la société.
Mais je ne crois pas que ce soit là l’objectif de parents consciencieux et envieux d’accompagner leur enfant à grandir et à évoluer. Iris et Peter ne savent pas comment faire. Ils n’ont tout simplement pas d’outils pour aider leur fille. Ils sont désemparés. Ils font face à une nouveauté pour eux, impensable à l’époque de leurs parents. Ne serait-ce pas caprice, leur suggère-t-on ? Par d’autres personnes inempathiques.
C’est vrai qu’il n’y a pas d’école pour être parent. Et chacun choisit, en général, d’avoir des enfants. Cependant, le degré d’accompagnement et de compréhension envers ses enfants reste très personnel et variable même au sein d’une même famille. Les parents cherchent des solutions et des réponses, ou pas.
Cela me fait penser que c’est une des raisons pour lesquelles le règlement de l’école de Rose a changé. Il faut que vous sachiez que l’individualisation de chaque enfant est l’un des combats de la directrice de l’école du village, madame Perkins.
Cette dernière se rappelle très bien le jour où elle a reçu l’électrochoc, avec un grand L, à ce sujet.
La petite sœur d’un de ses élèves, présente pour le spectacle de fin d’année, voulait monter sur les genoux de sa mère pour mieux y voir. Celle-ci, occupée à filmer avec son téléphone dernière génération, lui donna sa sucette en ajoutant :
— Tiens, prends ta suçou et tais-toi. Je suis occupée.
Bouche bée, la directrice qui supervisait l’organisation générale prit conscience des efforts de communication de la petite fille. Elle vit le résultat obtenu et son cerveau se mit en ébullition.
Elle s’aperçut du comportement habituel et courant de la situation : le téléphone portable avant tout, ensuite soi, et enfin ses enfants.
Je ne citerai pas le nom de cette famille, par souci d’anonymat, mais sachez qu’il y a beaucoup beaucoup d’autres comme elle.
Je suppose même que vous déjà dû être témoin de scènes identiques. N’est-ce pas ?
Madame Perkins mit rapidement en corrélation la psychologie de l’enfant créée ainsi, suite à ces comportements répétés au sein de la famille, avec les difficultés des instituteurs à faire participer certains enfants, même plus âgés en classe.
En y repensant, la pauvre petite s’est retrouvée comme bâillonnée !
Si tel avait été les cas, le résultat final aurait été le même.
Il y a tellement d’enfants qui l’ont toute la journée lorsqu’ils sont chez eux, qu’ils ne font ensuite plus d’effort pour s’exprimer, à l’école tout du moins. C’est ce qu’elle observe. Ainsi, madame Perkins prend comme hypothèse que cela doit être identique à la maison et à l’école : la sucette en bouche toute la journée.
Les très jeunes enfants ont l’habitude d’avoir un gros truc dans la bouche qui les empêche de communiquer, hormis par grognements ou gémissements.
Est-ce que vous arrivez, vous, à comprendre ce que dit un enfant avec une tétine dans la bouche ? Sans décodeur spécial, c’est vraiment très compliqué. Seule les mamans impliqués y arrivent plus facilement !
Parfois, un appui extérieur peut être impactant. C’est là que la directrice va intervenir.
Pour cette femme qui a choisi comme mission de vie le développement et l’épanouissement des enfants, elle décide immédiatement de prendre les choses en main à son niveau.
Il est désormais interdit d’utiliser la sucette-tétine dans l’établissement, y compris pour les visiteurs, même de courte durée.
Depuis, à l’école de Rose, les sucettes-tétines sont strictement prohibées, sauf exception faite pour la sieste où elles sont tolérées, et bien rangées dans le sac à dos d’ici là.
Ne pouvant pratiquer l’éducation des parents à guider et à expliquer la vie à leurs enfants, la directrice espère qu’avec cette décision, certains se poseront des questions. Voire à elle-même, elle en serait ravie. Les parents font de leur mieux pour élever leurs enfants, et elle pour les éduquer.
Pour elle, un enfant n’est pas un singe avec lequel on vit, ni un humanoïde qui perd son identité, à vouloir faire plaisir à ses parents.
Avec cette prise de décision, la directrice d’école sent qu’elle a rempli son devoir. Elle en est fière.
Mais, voulez-vous savoir ce qui lui fait hérisser les poils tout droit, à madame Perkins ?
C’est le fait de voir des bébés et des enfants placés devant un écran, dans le seul but de les faire patienter.
Alors qu’il y a besoin d’attendre quelques minutes, où que ce soit, les enfants sont noyés dans les écrans.
Cela fonctionne si bien, que cela les déconnecte de leur environnement et l’attente paraît ainsi courte.
Mais, il faut bien le dire, et l’écrire ici : c’est la solution de facilité pour ceux qui ne veulent pas s’en occuper.
Fini les jeux de devinettes, les chansonnettes à mimer, les petites histoires à raconter, la recherche d’astuces pour trouver une occupation. Les tablettes et compagnie déchargent cette corvée des responsables d’enfants.
Et les gamins deviennent passifs et immobiles. Un rêve de tranquillité !
Par contre, attention au retour sur terre ! Effet boomerang garanti ! Crises de nerf, caprices, enfants déconnectés, excités, colériques et super réactifs !
Mais revenons à Rose et à sa jupe tortionnaire.
Elle a essayé de s’y habituer à cette jupe bleue. Elle a fait d’ÉNORMES efforts.
Elle a même essayé, en s’imaginant porter sa jupe préférée. Mais non, malgré ses efforts, elle s’y sent toujours mal dedans. Rien que de la voir installée sur le bout de son lit, prête à être enfilée, elle se sent immensément triste.
Sa maman pense bien faire en lui préparant ses vêtements la veille. Cela simplifie l’organisation du matin et au moins, elle est sûre que Rose portera un ensemble coordonné. Efficacité et esthétique sont les maîtres mots d’Iris, comme sa mère avant elle, d’ailleurs.
Une fois, un samedi matin, au réveil, la petite fille a eu l’idée saugrenue de transformer cette horrible jupe. Elle l’a colorié et elle y a fait de très beaux dessins dessus. Mais, en plus du fait que cela n’ait pas fonctionné, elle s’est terriblement fait gronder. Sa mère avait hurlé :
— On ne dessine pas sur ses vêtements, Rose ! On ne dessine pas sur ses vêtements, peu importe les raisons !
Rose, toute penaude avait acquiescé, mais elle était malheureuse. Elle avait voulu bien faire.
Ensuite, elle a eu encore plus de difficultés à mettre cette foutue jupe bleue. De plus, en tant que femme moderne, sa mère a appliqué un super détachant, pour un rendu final impeccable. La jupe était comme neuve, sans aucune tâche ! Un vrai rêve pour elle ! Un cauchemar pour sa fille.
C’est vraiment malheureux qu’elles n’arrivent pas à s’entendre. Il faudrait, pour cela, qu’elles commencent par s’écouter et à se parler. Mais c’est difficile pour Iris d’envisager une raison valable à ces agissements. Elle reste focalisée, sur ce qu’elle a reçu par son éducation, c’est-à-dire l’esthétique et la bienséance. Elle souhaite transmettre cela à sa fille, à son tour.
De son côté Rose, elle, essaie de survivre, avec sa sensibilité à fleur de peau.
Heureusement, ces perturbations sensitives ne sont pas toujours présentes. Cela ne le lui fait pas avec tous ses vêtements.
Par exemple, lorsque la petite fille met sa jupe rose clair avec les pois blancs de différentes tailles, elle se sent si légère, qu’elle est comme ces ballons gonflés qu’on tient par une ficelle fine. Son humeur est joyeuse, chantante et pleine de sourires. Rose adore vivre des journées comme celles-là. Si elle pouvait, elle la garderait tous les jours, sans jamais la mettre à laver.
C’est pareil avec son chemisier blanc à bordure de dentelles. Elle n’a pas le droit de le mettre tous les jours, car il est prévu pour les grandes occasions. Mais il y a peu de jours de baptême, de mariage et de fêtes d’anniversaire dans l’année.
Alors, Rose, elle, elle le met dès qu’elle le peut. Avec huit ans maintenant, elle prend certaines décisions toute seule. Dès lors, elle le porte, souvent sous un pull ou un gilet, en cachette dans sa chambre. Ouille ! Une fois, sa mère a failli s’en apercevoir.
— Rose, tu as mis ton beau chemisier blanc ?
— Non, maman. C’en est un autre qui lui ressemble, avait-elle répondu en gardant son sérieux du mieux possible. On les confond toujours avec celui tout blanc, avait-elle assuré.
Elle ne sait pas si sa mère l’avait cru. Mais elle n’attendit pas de le savoir. La fillette se dépêcha de rejoindre sa chambre et elle l’avait ensuite rapidement quitté. Par la suite, elle avait fait nettement beaucoup beaucoup plus attention.
Quelle horreur ! Rien que de penser à ne plus pouvoir le porter quand elle le voulait !
Elle est sûre que sa mère l’aurait rangé tout en haut de son étagère, pour ne pas qu’il soit taché. Malheureusement, il aurait été surtout inaccessible pour elle.
De manière générale, ses parents n’ont pas fait le rapprochement entre les différents vêtements et l’attitude de leur fille. C’est compréhensible, car c’est inconnu et inédit pour eux cette situation. Ils croient en ce qu’ils voient et ce qu’ils connaissent. Et personne, ne leur a expliqué que ce que ressent Rose, est tout à fait possible avec une forte hypersensibilité. Pour eux, ce sont des caprices particuliers, ils le catégorisent comme inventifs et imaginaires. C’est en général ce que nous faisons tous, jusqu’à ce qu’une personne nous dévoile un nouveau monde possible. Ah bon, cela existe ? C’est possible ?
Pour Rose et ses habits, nous pourrions croire aussi que c’est le choix des couleurs, qui jouent sur le bien-être de Rose, comme le fait la chromathérapie, mais ce serait trop réducteur. Les motifs aussi et les signes apposés sur les pulls ou t-shirts influencent et modifient l’énergie vibratoire du vêtement. C’est la puissance des symboles et des mots, que nous ne développerons pas cette fois-ci.
Ici, pour cette fille avec une sensibilité à fleur de peau, c’est la matière utilisée qui agit sur elle.
Quand ces pantalons ou ses jupes tiennent avec un élastique à la taille, Rose se sent comme faisant partie d’un ressort : tenaillée par quelque chose d’invisible, bien plus grand que le centimètre de tissu, qui entoure son corps. C’est difficile à décrire, et je vais essayer de vous expliquer. Cela la prend depuis la poitrine jusqu’aux genoux. C’est bien au-delà du contact simple autour de la taille. Rose se sent comme ressortisée, si je puis dire.
Elle préfère largement quand le tissu se pose juste sur les hanches, et sous son petit ventre rondouillé, avec une ceinture parfaitement adaptée pour elle.
C’est compliqué à choisir en magasin, mais avec l’âge, elle arrive à imposer ses préférences et ses choix, petit à petit, à sa mère.
Par contre, certaines matières de vêtements sont affreuses à porter, pour elle.
Une fois, alors qu’elle est adolescente ; nous faisons un aparté quelques années plus tard ; Rose prend les chaussettes courtes de son père. Les siennes sont introuvables pour le moment, et ne m’en demandez pas plus, certaines choses sont ainsi avec les enfants, même grands. Donc, elle enfile les chaussettes de sport de son père, met ses supers bottines et sort retrouver ses amis. Au fil des heures, elle sent une colère intérieure grandir. Elle s’interroge :
— Mais qu’est-ce qui se passe en moi ? On dirait que je viens de me faire engueuler par mon père. Je suis si énervée que… j’ai l’impression de bouillir de l’intérieur ?
Avec l’âge, elle a peu à peu acquis un système de détection à fleur de peau. Elle réussit à anticiper et à analyser ses changements d’humeur et de tensions physiques, plus ou moins rapidement.
Au fil de la journée, ses amis lui trouvent une humeur exécrable. Elle répond du tac au tac, sans filtre pour ses pensées. Certains se vexent et partent. D’autres restent, tout en étant sur leurs gardes. Ils placent une distance de sécurité entre eux, que Rose perçoit immédiatement.
Elle essaie de refouler cette boule d’énergie envahissant son ventre.
Si sa mamie lui demandait de dessiner ce qu’il y en a, en elle, comme quand elle était petite, elle colorierait un dragon rouge qui crache du feu par intermittence par ses épaules et ses deux bras, lorsqu’elle veut prendre ou donner quelque chose. Il est si grand qu’il dort dans son bassin et occupe tout l’intérieur de sa cavité abdominale, jusqu’à sa gorge, qui crache parfois du feu aussi !