Roxane et Lucienne - Josy Wood - E-Book

Roxane et Lucienne E-Book

Josy Wood

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Beschreibung

"Roxane et Lucienne", c’est l’histoire d’une improbable amitié entre une trentenaire célibataire et une personne âgée en maison de retraite. Elles tissent un lien profond, démontrant que le hasard réserve parfois de belles surprises.




À PROPOS DE L'AUTRICE

Josy Wood considère l’écriture comme une évasion réconfortante. À travers son livre "Roxane et Lucienne", elle vise à rompre notre quotidien dans l’espoir de nous apporter un peu de bonheur.

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Josy Wood

Roxane et Lucienne

Roman

© Lys Bleu Éditions – Josy Wood

ISBN : 979-10-422-2298-7

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Chapitre I

« Roxane, 33 ans, sans enfant.

Un chat – Myrtille – absolument adorable, quoique très glouton, et qui a la fâcheuse habitude de prendre toute la place dans mon lit. Si tu n’es pas allergique aux poils de chat et que tu n’as pas besoin de beaucoup d’espace pour dormir, n’hésite pas à me contacter ! »

Je relis ce que je viens d’écrire dans le champ « biographie » de mon tout nouveau profil sur un site de rencontres sur Internet. Quelle horreur, j’ai l’air d’une vieille célibataire aigrie qui ne vit que pour son chat. Et cette allusion à venir dormir dans mon lit, d’entrée de jeu ? Non, définitivement, je ne peux pas assumer que ma vie de célibataire endurcie soit résumée par ces quelques lignes déprimantes.

J’efface tout, et je me creuse la cervelle.

Delphine, ma collègue de travail, me l’a pourtant assuré : les sites de rencontres sur Internet sont la méthode efficace aujourd’hui pour rencontrer quelqu’un.

— Sûrement la plus belle invention du XXIe siècle ! m’a-t-elle répété ce matin encore, en buvant son café.

Je travaille dans une agence de voyages pour un grand tour opérateur, et entre Delphine et moi, qui partageons le même bureau, les discussions tournent régulièrement autour du nombre impressionnant de demandes de rendez-vous qu’elle reçoit via Internet. Alors, malgré mes réticences initiales, j’ai décidé de sauter le pas à mon tour.

Et me voilà depuis près d’une heure à fixer bêtement la page « Renseignements » du site, attendant qu’elle se remplisse toute seule. J’ai volontairement sauté le champ « photo de profil » pour le moment, pressentant que cela serait une épreuve bien trop difficile pour un lundi soir. Mais je pensais mieux m’en sortir avec le champ « Biographie » : je devrai quand même réussir à écrire trois lignes de description sur ma vie qui ne donnent pas directement envie à toute la gent masculine de s’enfuir !

Après encore vingt bonnes minutes de réflexion intense, je finis par arrêter mon choix sur ces quelques phrases :

« Roxane, 33 ans, sans enfant.

J’aime le scrapbooking et la pâtisserie, surtout les tartes aux fruits ! Je me considère plutôt comme drôle et facile à vivre, mais très maladroite.

Alors si tu ne crains pas d’être empoisonné par l’une de mes réalisations, n’hésite pas à me contacter.

PS : J’espère que tu n’es pas allergique aux poils de chat ! »

Je conserve volontairement cette allusion à Myrtille. Après tout, il occupe une place importante dans ma vie ! De plus, quelle catastrophe ce serait, si mon âme sœur se mettait à gonfler comme un ballon à notre tout premier rendez-vous chez moi, à cause de son allergie ? J’aurai alors un choix cornélien à faire entre Myrtille, mon confident de toujours, et ma très naissante histoire d’amour avec un homme magnifique, mais qui ne peut pas se retrouver dans la même pièce que mon chat. Non, définitivement, cela ne peut pas arriver. Mieux vaut les prévenir d’entrée de jeu (les étant bien entendu les multiples prétendants qui vont se presser de m’écrire dès demain, trop impatients de me rencontrer).

Je décide aussi d’ajouter un défaut dans ma description ; je trouve que cela fait plus naturel, moins « fausse annonce », et de toute façon, il ne faut généralement pas très longtemps aux personnes qui me rencontrent pour s’apercevoir de ma maladresse !

Avec une légère boule au ventre, je clique enfin sur « Publier » – le champ « photo de profil » restant vide pour l’instant. Cela m’évitera peut-être d’être contactée par des hommes qui ne s’intéresseraient qu’à mon physique. La beauté intérieure doit passer avant tout, n’est-ce pas ?

Chapitre II

La sonnerie de mon réveil me sort d’un sommeil agité, où je rêve d’immenses tartes aux fruits alignées les unes derrière les autres, attendant désespérément des invités qui n’arrivent jamais. Un jeune homme extrêmement mignon finit enfin par se présenter devant la table, regarde mes pâtisseries d’un air suspicieux, porte son choix sur un fraisier magnifique orné d’un glaçage brillant au sucre, mais au moment de le goûter, Myrtille se jette sur le bel inconnu et lui lacère le visage avec ses griffes.

À croire que mes tentatives d’hier soir pour m’inscrire sur le site de rencontres ont trotté dans ma tête toute la nuit…

À peine sortie du lit, Myrtille me tourne déjà autour en poussant des petits cris aigus pour que je lui remplisse sa gamelle :

— Tu as déjà fini toutes celles que je t’ai données hier soir ? Tu sais que le vétérinaire t’a mis au régime, Myrtille, tu n’as le droit aux croquettes qu’une fois par jour ! je lui lance avec de gros yeux.

Myrtille, lui, ne semble pas impressionné par mes remontrances, et se dirige droit vers le placard de la cuisine dans lequel je range ses chères croquettes.

En passant devant mon téléphone posé sur la table basse, je jette un œil aux notifications qui s’affichent sur l’écran. Non ! Pas possible ! Un email m’informe que j’ai reçu un message dans la nuit d’un certain Clem_du_78, intéressé par le profil que j’ai créé hier sur le site de rencontres ! Ma conscience me rappelle aussitôt : ça ne peut pas être si facile, il y a forcément un loup. Alors que Myrtille miaule de plus belle, je me fige sur place et prends une grande inspiration. Je sens mon cœur qui s’emballe au moment de cliquer sur le bouton « Voir ma messagerie », et je lis, tremblante :

« Bonjour Roxane, je serai ravi d’en apprendre plus sur le scrat booking, c’est un nouveau sport ? En tous cas, je ne suis pas allergique aux chats, donc si tu veux qu’on se rencontre dans la semaine autour d’un verre (ou d’un gâteau 😉), fais-moi signe ! »

J’hallucine devant mon téléphone, les yeux grands ouverts comme deux soucoupes : à part son ignorance totale pour ce qu’est le scrapbooking (qu’il a d’ailleurs mal orthographié !), ce premier contact semble charmant, drôle, et, comble du bonheur, il n’est pas allergique aux poils de chat !

Je clique sur sa photo de profil pour l’agrandir. Mama Mia ! Je suis au bord de l’évanouissement et dois me rattraper au canapé pour ne pas tomber : le mec est carrément canon ! De beaux cheveux bruns en bataille, des yeux clairs, et surtout un sourire à vous faire tomber par terre. Je suis sidérée par la beauté naturelle de cet homme et le charme qui émane de cette photo.

Minute papillon : cette tête légèrement penchée sur le côté comme pour m’inviter à boire un café, ce regard envoûtant… tout chez cet homme me rappelle vaguement quelque chose. Ces yeux verts perçants, captivants, cette assurance… mais oui !

Quelques clics sur Internet confirment mes soupçons, et envoient valser mon enthousiasme : c’est la photo du mannequin de la pub du nouveau parfum qu’on voit partout en ce moment ! Il me nargue tous les matins à mon arrêt de bus.

Pff, ce Clem_du_78 n’est vraiment pas allé chercher bien loin, il a dû taper « photo de profil de beau goss » sur Google image, et prendre la première à coup sûr.

Je jette mon téléphone sur le canapé, folle de rage envers cet usurpateur. Je m’en veux d’avoir été aussi naïve : évidemment qu’un dieu grec pareil ne passe pas ses nuits à la recherche de profils de femmes qui vantent le scrapbooking sur des sites de rencontres ! Oh non, ce mannequin-là doit plutôt avoir du mal à retenir la horde de jeunes femmes célibataires (ou pas d’ailleurs !) qui défile sur le pas de sa porte tous les jours.

Les miaulements de Myrtille me ramènent sur terre : il s’énerve contre la porte du placard de la cuisine, à grands coups de griffe et de tête. Il va bientôt ameuter tout le voisinage : il est grand temps que je mette fin à cette cacophonie. Enjambant mon chat, je récupère le sachet de croquettes dans le placard et me dirige rapidement vers sa gamelle. Ce glouton ne me laisse même pas le temps de la lui remplir correctement et se jette littéralement sur les premières qui s’échappent du paquet, retapissant le sol de la cuisine au passage. Ma maladresse légendaire, aidée par un Myrtille plus qu’impatient, en rajoute une couche puisque j’en renverse une bonne partie à côté de la gamelle.

Résultats des courses, il est 8 h 30 du matin, j’ai été contactée par un charlatan qui se fait passer pour un mannequin sur un site de rencontres, je suis bonne pour passer l’aspirateur dans toute ma pièce de vie, et je suis en retard pour le travail.

Chapitre III

Après une matinée au bureau qui n’en finit plus, entre les emails urgents à traiter, les relances de ma boss pour finaliser mes réservations, et Delphine qui continue de vanter les progrès de la technologie pour rencontrer des célibataires, en nous détaillant tous ses déboires, je me lève enfin de ma chaise pour retrouver Vincent pour le déjeuner.

Vincent est pour moi ce que l’on pourrait qualifier d’un meilleur ami + confident + conseiller matrimonial. Il connaît tout sur tout de ma vie depuis plus de 18 ans que l’on s’est rencontrés, en dernière année de lycée. Ses parents venaient de se séparer et il débarquait dans la région, j’étais timide et je manquais de confiance en moi à cause de mes rondeurs. Entre nous, le coup de foudre amical a été immédiat. Nous avons passé l’année de terminale collés l’un à l’autre, à nous soutenir, enfermés dans notre bulle protectrice, seuls face au reste du monde.

Aujourd’hui encore, il a toujours le mot juste pour me remonter le moral, et surtout il est, tout comme moi, toujours célibataire à 30 ans passés. Pas comme mes copines de fac ou d’ailleurs, qui, voyant arriver la troisième dizaine, se sont toutes empressées de se marier et de pondre des marmots à tout va. Non pas que je sois contre les enfants ni contre le mariage d’ailleurs, mais lorsque vous êtes une célibataire endurcie comme moi, le fossé se creuse rapidement avec ce genre de copines ; vous finissez par les voir seulement quelques fois par an, pour des anniversaires ou autres fêtes stupides du samedi après-midi, où la myriade de bambins de vos ex-copains court dans tous les sens et piaille joyeusement, pendant que les parents tentent vainement de tenir un semblant de conversation.

Bref, tout cela pour dire que Vincent ne fait pas partie de cette catégorie-là, et que je suis bien contente d’avoir encore quelqu’un à qui parler de mes tracas de trentenaire célibataire sans enfant.

Un coup d’œil dans le miroir de l’entrée de l’agence, juste avant de partir, confirme mes soupçons : ma chevelure rousse peignée à la va-vite ce matin n’a pas résisté à l’humidité du jour. Je soupire en rassemblant ma tignasse récalcitrante en une queue de cheval basse, à l’aide d’un élastique vert émeraude qui tranche bien avec ma couleur de cheveux et mon teint pâle. Pas de surprise de ce côté-là, j’ai bien hérité de l’attirail complet qui va avec la chevelure rousse : un teint très clair, presque blanc, de multiples taches de rousseur, et une capacité incroyable à brûler instantanément au premier rayon de soleil. Heureusement que j’ai aussi récupéré de ma mère mon visage rond, mon petit nez légèrement en trompette, et mes deux jolies fossettes qui égaient mon attitude !

Je cesse de m’observer et file en vitesse pour éviter de faire attendre mon meilleur ami ; le mois de novembre est déjà bien entamé, et je regrette de ne pas avoir pris mon caban imperméable pour me protéger du crachin glacial qui tombe sur la capitale.

Vincent et moi, on déjeune ensemble tous les mardis midi, le plus souvent à la petite brasserie située à mi-chemin entre mon travail et le sien. Ils y servent tout un panel de plats à la mode, catégorisés « healthy » ou « vegan » pour la plupart, genre poke bowl, falafels, soupes détox et autres salades composées en tous genres. Personnellement, j’aime assez bien leur « pita à la crétoise ».

Lorsque j’arrive au restaurant, Vincent m’y attend déjà et nous a réservé ma table préférée, à l’intérieur dans l’angle du fond, avec la vue sur la fontaine de la place :

— Alors, comment va ma beauté aujourd’hui ?

Il ne me laisse même pas le temps de répondre et enchaîne directement :

— Pas terrible à ce que je vois ! Ma vieille, tu as un teint blafard, ce n’est pas croyable ; tu ne m’écoutes donc jamais quand je te dis de ne pas mettre ce chemisier blanc avec ce caraco crème ?

Ah oui, chose importante à savoir sur Vincent : il est conseiller en image. Et il a le chic pour vous faire savoir tout ce qu’il pense sur votre tenue, sur votre maquillage, ou sur à peu près tout ce qui touche de près ou de loin à votre look. Une déformation professionnelle, mais pas seulement : c’est sa façon à lui d’analyser les gens qu’il rencontre. En tous cas, j’aime son honnêteté, et il faut bien avouer que je devrai suivre ses conseils plus souvent.

— Merci pour le compliment, moi aussi ça me fait plaisir de te voir !

— N’empêche que j’ai l’impression que ça ne va pas fort pour toi aujourd’hui, je me trompe ?

Je me lance alors dans le récit de mes péripéties de la veille, lorsque j’ai voulu créer mon profil sur un célèbre site de rencontres, et j’enchaîne en lui racontant ma désillusion de ce matin devant le message de mon premier prétendant, qui s’est avéré être un véritable imposteur.

— Non, mais tu t’attendais à quoi, sérieusement ?

Vincent me dévisage comme si j’avais des cornes. Il poursuit :

— Les vrais mecs ne se rencontrent pas sur Internet…

Il marque une pause, visiblement en train d’analyser ce qu’il est en train de dire, et poursuit :

— Enfin, pas ceux que tu recherches en tous cas.

Je n’ose pas trop imaginer ce qu’il entend par là, mais il a raison, bien évidemment. Je ne sais pas pourquoi je m’étais mis en tête que ce serait plus facile derrière un écran. Au contraire, maintenant que j’y pense, on ne peut pas dire que Delphine ait trouvé le prince charmant, depuis qu’elle utilise des sites de rencontres. Elle rencontre des hommes, ça oui, mais ses histoires ne durent jamais bien longtemps. Est-ce vraiment ce à quoi j’aspire aujourd’hui ? Certainement pas, non.

— Écoute, j’ai voulu tenter l’expérience. C’est vrai après tout, il y en a bien pour qui cela a fonctionné, alors au lieu de me morfondre toute seule dans mon coin, j’essaie de trouver des solutions ! Ma nouvelle résolution pour le début d’année prochaine sera « à bas le célibat ! ».

Vincent analyse ce que je viens de dire en me dévisageant. Je ne comprends pas qu’il ne soit pas plus enthousiaste face à ma prise d’initiative, sachant que c’est le premier à utiliser ce genre de sites pour draguer des hommes. Pourquoi ne pourrais-je pas moi aussi tenter ma chance sur Internet ?

Nous mangeons en silence nos salades gréco-thaï, quand il semble soudain frappé d’une révélation :

— Je sais ce qu’il te faut ! Tu devrais m’accompagner à la salle de sport !

Euh, ai-je bien entendu ? Du sport ? Devant mon air dubitatif, il enchaîne :

— Mais si, ce serait super ! D’abord parce que tu ferais plein de rencontres à la salle, et puis surtout, parce que ça t’aidera à te sentir mieux, à avoir plus confiance en toi. Et comme tu le sais, la confiance est essentielle pour son image, et une bonne image est importante pour rencontrer l’âme sœur. Bref, qu’est-ce que tu perds à essayer de toute façon ?

Je cogite à toute vitesse dans ma tête. À part 1 – du temps pour perfectionner mes recettes de gâteaux, 2 – des litres d’eau et 3 – le peu d’amour propre qu’il me reste, je n’ai plus grand-chose à perdre effectivement. Mais tout de même, son raisonnement ne me semble pas très convaincant. Dois-je lui rappeler que la dernière fois que j’ai fait du sport, il avait presque fallu me porter sur les derniers kilomètres de notre randonnée, tellement mes jambes et mes pieds pleins d’ampoules me faisaient souffrir ? Sans parler des courbatures le lendemain, du fait que je n’ai plus une seule tenue de sport ni une seule paire de baskets qui soit à ma taille, et que je n’ai jamais mis les pieds dans une salle de sport de ma vie. Non, définitivement, je ne vois pas en quoi le sport peut régler mon problème de célibat. D’autant plus qu’on ne parle pas de yoga ou de Pilates, où j’aurai au moins pu essayer de me détendre et de m’étirer en douceur. Non, Vincent fait bien référence à une grande pièce de plusieurs centaines de mètres carrés où des hommes et des femmes taillés comme des statues grecques soulèvent des kilos de fonte en suant à grosses gouttes. Tout cela sur fond de musique « boum boum » soi-disant motivante.

Mouais.

Je fais part de mes doutes à Vincent, qui reste tout à fait persuadé de son idée :

— Le sport, c’est bon pour la santé, c’est bon pour la peau, pour raffermir ses muscles, pour se sentir belle. Et les gens qui fréquentent les salles de sport ne sont pas tous des bodybuilders surentraînés, tu verras ! Viens avec moi samedi, juste pour un essai. Si cela ne te plaît pas, tant pis, je n’insisterai pas.

Je regarde son air encourageant. Après tout, un peu d’exercice ne me ferait pas de mal.

— Bon, je ne te promets rien, mais je vais y réfléchir.

— Super ! Allez, je dois filer, j’ai une réunion de crise cette après-midi : un de mes acteurs a été pris en photo en flagrant délit en train d’embrasser une autre femme que la sienne. Il va faire la une des magazines people dès demain, et il faut absolument que j’empêche ça.

Vincent a toujours des histoires incroyables sur des personnalités célèbres. Mais j’ai beau avoir essayé par tous les moyens de lui tirer les vers du nez pour savoir pour qui il travaille, c’est peine perdue : il ne révèle jamais les noms de ses clients, secret professionnel !

Je le regarde s’éloigner en songeant à sa proposition, et plonge mon nez dans la carte des desserts. Hmm, j’hésite, tiramisu passion ou sorbet à la cerise ?

Chapitre IV