Skhan - Tribulations d’un artiste engagé et underground - Ismail Woolfenden - E-Book

Skhan - Tribulations d’un artiste engagé et underground E-Book

Ismail Woolfenden

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Beschreibung

"Skhan - Tribulations d’un artiste engagé et underground" est un témoignage biographique relatif aux 40 ans de carrière d’un musicien français connu de l’underground et des milieux indépendants du second millénaire. Il dévoile les arcanes de l’industrie musicale, les coulisses du métier et des concerts, le tout agrémenté de nombreuses anecdotes fascinantes tirées de son journal de bord. Il s’agit ainsi d’un guide riche en enseignements et en expériences, destiné à tout artiste aspirant à devenir professionnel et plus largement à un public désireux de connaître l’envers du décor.




À PROPOS DE L'AUTEUR

Ismail Woolfenden est un artiste aux talents multiples. En tant que scénariste, acteur, danseur et musicien, il a contribué à la création de nombreuses œuvres artistiques. Son parcours atypique a nourri son inspiration, donnant naissance à des écrits variés, allant des scénarii aux chansons, en passant par des poèmes et des mémoires.

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Ismail Woolfenden

Skhan

Tribulations d’un artiste engagé

et underground

La bascule du nouveau millénaire :

de la musique à l’industrie musicale

Essai

© Lys Bleu Éditions – Ismail Woolfenden

ISBN : 979-10-422-1986-4

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

À mon fils Cengiz,

À mes proches,

À feu ma maman, Catherine Marie Geneviève Vasseur.

Préambule

Nous sommes en avril 2022…

Pendant plus d’une décennie, j’ai souhaité écrire ce que vous découvrirez dans cet ouvrage achevé fin 2023.

Mais je me trouvais quelque peu confronté à un dilemme. Tout d’abord, depuis une dizaine d’années, mes premiers essais m’apparaissaient trop amers et sombres. Mes expériences douloureuses étaient encore trop fraîches et j’avais du mal à m’en extraire n’ayant pas encore fait les deuils incontournables qui permettent la prise de distance, le recul et la résilience.

Ensuite, j’avais en tête d’écrire un chapitre qui se serait intitulé « Journal de bord d’un capitaine de tournées de concerts », mais la longue liste de concerts, jusqu’à 5 par semaine, aurait été fastidieuse à outrance et pas toujours captivante non plus pour le profane.

De plus, mon idée de départ m’obligeait à écrire une partie totalement autobiographique afin que le lecteur puisse comprendre les tenants et les aboutissants de ces tournées. Cependant, cela aurait été incomplet et trop épars ou, alors, bien trop long, lourd et même hors sujet puisque mon but initial est d’ouvrir les coulisses d’un pan de ma profession de musicien dans ce document.

Bref, j’écrivais des morceaux de-ci de-là, parfois de plusieurs dizaines de pages, mais je n’étais jamais satisfait de la direction que cela prenait.

Jusqu’à ce jour de 2021, où un éditeur m’offrit un contrat d’édition pour mon précédent ouvrage « Poésies nomades et autres histoires » que je lui avais soumis.

Comme par enchantement, je trouvais enfin l’angle d’approche pour celui-ci et cela amena une fluidité dans mon travail d’écriture et mon récit.

Cet angle m’apparut tandis que je pensais aux quelques interventions pédagogiques que je fis pour partager mes savoirs dans le cadre des formations de management d’artistes.

J’étais ainsi intervenu de temps en temps au CIFAP (organisme de formations) ou pour des associations qui désiraient proposer ce type d’atelier pour les musiciens et autres artistes.

En fait, l’ironie de la situation est qu’ayant fait, dans ma carrière de « self-made-man », tout ce qu’il ne faut pas, j’étais à même de bien illustrer ce monde, ses fonctionnements et protocoles et quelques de ses coulisses.

Et surtout, il m’apparut évident que je suis de la génération de ceux qui ont connu cette période charnière : trop tard pour bénéficier du monde d’avant, avec la place suffisante pour tous et la souplesse de ses modes de fonctionnement, et trop tôt pour bénéficier du monde d’après, avec toutes ses technologies et sa grille de procédure en dehors desquelles on ne peut rien faire ou presque, à moins d’être rentier ou Spartiate !

Ainsi, sous le prétexte de dévoiler les coulisses de ma carrière professionnelle durant ce passage du monde du second millénaire au troisième, je suis tour à tour obligé d’éclairer certains aspects de ma biographie pour une bonne compréhension des faits, ou encore de raconter mille et une anecdotes qui permettent de bien appréhender les situations parfois complexes et bien souvent rocambolesques.

De plus, je ne voulais pas tomber dans le règlement de compte revanchard bien que certaines mésaventures que je relate ici puissent à tort donner cette impression.

Il n’en est rien, car je suis en paix avec tout ce passé parfois douloureux et même très blessant. Mais seulement, je me devais, pour un partage authentique, de préserver une certaine qualité émotionnelle usant par conséquent parfois d’écrits antérieurs afin d’être bien immergé dans le contexte et ainsi restituer au mieux mon ressenti de l’époque.

C’est pour cela que la traversée de certains moments se fera avec recul et détachement et pour d’autres avec un peu plus de turbulences.

Quoi qu’il en soit, ce récit a plusieurs buts :

– Divertir le lecteur tout en lui faisant découvrir un univers qui échappe à ceux qui ne fraient pas avec la sphère musicale,

– Informer le lecteur éventuellement désireux de devenir artiste professionnel et lui apporter, via mon expérience, quelques clés en répondant notamment à des questions qui me furent souvent posées en stage de management d’artiste,

– Raconter un peu de ma vie qui, et je dis cela avec un total détachement, a été si particulière, atypique, voire romanesque, selon un ami que j’apprécie,

– Et puis aussi me délester de certains poids en raison de vécus qui m’ont parfois sidéré tant dans le négatif que dans le positif. Il s’agit d’un besoin de partager une partie de mes expériences en espérant que cela pourra être utile maintenant ou pour les générations futures c’est-à-dire pour mes enfants au moins.

Pendant dix années, tandis que je partageais de temps en temps certains détails de mes projets, mes interlocuteurs m’affirmèrent être plus qu’intéressés par la lecture et la découverte de ce récit hybride et j’avoue que c’est en partie grâce à cela que je me suis accroché, attendant patiemment ce déclic tant espéré.

Bien sûr tout cela n’est pas exhaustif, et j’ai dû tailler dans le vif pour ne raconter que ce qui me semblait le plus important, intéressant ou émouvant. J’ai laissé de côté tout ce qui me semblait trop compliqué à expliquer, rébarbatif ou pas assez représentatif de ce que mes collègues et moi avions pu traverser.

J’ai bien évidemment tronqué et modifié certains noms, notamment de personnes avec lesquelles on pourrait croire que je règle mes comptes. Je n’ai aucune volonté de revanche ni d’humiliation vis-à-vis de ceux qui m’auraient abusé ou blessé. Je suis en paix et je leur pardonne, non pas parce qu’ils méritent mon pardon, mais parce que je mérite la paix et la sérénité maintenant que j’ai (largement) dépassé le demi-siècle ! De plus, il est évident que ceux qui ont entravé ma route m’ont certes empêché d’avancer, mais ils ont finalement eux aussi beaucoup perdu, en temps, en argent, en reconnaissance, en amitié, etc. De plus, ils sont probablement responsables de la perte de tout ce que j’avais à offrir, à eux comme au public (à l’exception de mes proches) et je n’aimerais pas être à leur place.

Une chère amie aime répéter qu’on ne peut obliger les gens à comprendre, car cela relève du libre arbitre et que c’est par l’expérimentation que l’on intègre réellement les données. Je ne peux toutefois m’empêcher d’espérer que ce recueil d’informations et d’expériences concrètes, effectivement vécues et intégrées, puisse servir à beaucoup d’autres.

Je vous souhaite bonne lecture donc, et la bienvenue dans mon univers passé, présent et peut-être à venir…

Une introduction capitale et incontournable :

Pour mieux appréhender le récit ci-après, il me faut livrer la base, autobiographique, qui est à l’origine de ma carrière artistique.

J’ai toujours ressenti quelque chose de profond, de lumineux, d’admirable pour la musique qui m’a sauvé la vie d’une certaine manière. Elle était, durant mon enfance très difficile, la seule chose qui me donnait envie de continuer à vivre sur cette planète qui me stupéfiait et me sidérait tant tout m’y apparaissait complètement fou et malade !

Ainsi dès l’âge de trois ans, je décrétai qu’une fois adulte, je serai chanteur. Je chantais tout le temps que ce soit pour me protéger des « monstres qui vivent dans le noir » si on m’envoyait dans le jardin la nuit, pour me tenir compagnie pendant mes longues périodes de solitude ou par plaisir de créer des mélodies qui me venaient toutes seules dans la tête, mon cœur et mes tripes et dont la vibration sonore était comme des caresses.

Arrivé à l’âge de 14 ans, j’en étais au même point si ce n’est que je commençais à gratouiller guitare, oud, saz et guimbarde en sus de perpétuellement chanter et écrire des textes.

Je devins donc chanteur dans un groupe de reggae constitué d’un batteur, d’un guitariste et d’un bassiste. Nous créâmes un répertoire original puis vint mon premier concert : j’avais 15 ans et demi.

Sous l’emprise d’un immense trac à l’idée de jouer dans le lycée de mes camarades devant trois cents personnes entre les élèves et les parents présents, j’invitais mes deux meilleurs amis à faire les chœurs et ainsi me sentir plus fort sur le devant de la scène, Augusto Luango et Rufus Mbassila que je cite dans les remerciements !

Nous eûmes un gros succès et fûmes très émus d’accueillir tous ces gens, adultes comme jeunes, qui venaient nous féliciter à la fin du show…

Ce fut une révélation, un déclencheur, et il n’en fallait pas davantage pour que dès lors, je n’eusse plus que l’obsession de ne faire que cela dans ma vie…

Chapitre 1

Le paysage et le disque

Fin des années 1990, début des années 2000, on assiste à un virage de taille dans le domaine de la culture et surtout de la musique.

Si dans les années antérieures, il y avait une liberté certaine pour un groupe de musique, ou pour les organisateurs de concerts, tout devint progressivement rigide en quelques années à peine.

En effet, en tant que groupe ou artiste solo, spécialement dans le free-lance et l’underground, il était encore facile de frapper à des portes et donner quelques coups de téléphone pour trouver où se produire.

Si le courant passait avec, par exemple, le « vendeur de bières/producteur de concerts » ou le directeur de petit théâtre qui possédait son établissement avec une petite scène hebdomadaire ou mensuelle, il suffisait de lui procurer une cassette (et même pas toujours !) pour faire sa pub dans son bar. Quelques tracts bricolés voire une affiche ou deux, tout se passait à la parole et de la main à la main. Le jour J, le groupe jouait, son public était présent et même s’il ne l’était pas, celui du bar et celui des gens qui sortaient beaucoup plus que maintenant suffisaient amplement.

À la fin du concert, le barman producteur honorait le contrat verbal et remettait au chef de groupe la somme convenue et tout allait bien d’autant que cette somme était bien plus substantielle que de nos jours. Ainsi, il n’était pas rare que le patron donne jusqu’à 4000 francs. (La somme de 2000 francs, bien plus rare, représentait les « pauvres Thénardier ») !

Il faut préciser que, si la somme de 4000 francs ne représente que 609 € aujourd’hui, le SMIC était alors de 5500 francs environ (soit 837 € !)

Et il n’était pas rare, comme en témoignent mes carnets de bord de capitaine de tournées, que l’on fasse jusqu’à 4 ou même 5 dates par semaine ! Donc, même à 5 musiciens sur les (petites) scènes et avec les rentrées annexes (vente de cassettes, droits d’auteur, nouveaux élèves de musique, rencontres pour d’autres dates et projets, etc.) il était tout à fait viable d’être musicien à Paris et dans les grandes villes où, dès qu’un établissement désirait se lancer, il lui suffisait d’investir dans la venue de musiciens.

En tout cas, nous vivions comme cela selon notre choix, là où d’autres préféraient des salles plus prestigieuses, mais qui imposaient des barèmes « dangereux » pour les artistes en se dédouanant de toute prise de risque. (Par exemple, les artistes étaient payés sur les entrées avec minimum requis ; le musicien prenait alors tous les risques tandis que l’établissement, lui, n’avait que les bénéfices !) Ceux-là, nous les boycottions ; enfants de la rue et des cités, nous voulions du cash, et tout de suite ! Quant aux membres du groupe, certains conservaient l’argent « au noir » en liquide là où d’autres se débrouillaient pour se déclarer en cachets d’intermittent. Certes ils « perdaient » un peu de cash, mais les charges sociales intermittentes étaient alors 50 % moins onéreuses qu’aujourd’hui à tel point que certains autofinançaient parfois la totalité de leurs 507 heures qui permettaient d’accéder à un réseau très fermé puisque les offres d’emplois intermittentes n’étaient accessibles qu’aux… intermittents !

Je me souviens d’ailleurs d’une conversation épique avec une agente de l’ANPE (pôle emploi/France Travail) : ayant trouvé une dizaine d’annonces me correspondant, de guitariste, bassiste ou comédien, je me rends au guichet où elle me demande mon code adhérent ! Lui expliquant que je n’en ai pas, mais que je veux travailler, raison de ma présence en ces lieux, elle m’apprend qu’en tant que non-adhérent, je n’ai pas droit à l’accès aux offres d’emploi artiste ou technicien intermittent !

Je ne pus m’empêcher de m’emporter et de rétorquer : « Mais alors, on fait comment pour obtenir le régime intermittent si on ne peut pas postuler aux offres ! » Absurde n’est-ce pas !

Plusieurs années après, cela devint accessible à tous et c’est aussi heureux qu’évident de mon point de vue ! Comme si les annonces d’intérim n’étaient réservées qu’aux intérimaires !

Bref, tandis que les musiciens se débrouillaient ainsi, les vendeurs de bières, eux, se débrouillaient aussi avec tout ce liquide (bière et argent !) et je ne veux même pas savoir leurs arrangements en ce qui concerne la fiscalité ! Ce que je sais, c’est qu’une bonne soirée pour le gérant était le triple de ce qu’il allait donner au groupe ! Le double était déjà honorable d’autant que la pub générée leur rapportait sur du long terme ! J’en veux pour preuve une rhumerie de La Rochelle où nous avons joué au moins 20 fois entre 1999 et 2003 qui fut fort étonné d’une visite en 2003, et pour cause ! : le patron nous avait donné quelques centaines d’euros pour financer un CD (Skhan Live 2001) en échange de son logo au dos de celui-ci. (Il pouvait ainsi défiscaliser son don comme frais de pub et tout le monde était gagnant, ce que j’apprécie particulièrement !) Par ailleurs, j’allais tous les ans en Nouvelle-Calédonie–Kanaky donner des interviews, des concerts et surtout rester aux côtés de ma famille de longs mois. Or, un beau jour, un couple de Calédoniens vint consommer dans cette rhumerie désireux de découvrir ce lieu mythique où se produisait Skhan ! À la plus grande surprise du patron !

C’est vraiment vers la fin des années 90, conjointement avec l’arrivée du CD que toute cette organisation parallèle et hors de contrôle du système, il faut bien l’avouer, devient de plus en plus difficile.

Plusieurs axes sont à prendre en compte. Le premier, et le plus important, est une volonté gouvernementale de professionnalisation des artistes (entendez là, plus de facilité de contrôle et de recettes à récupérer !) qui engendre une obligation légale de structure. C’est-à-dire que nous ne pourrons plus avoir de contrats verbaux et devrons posséder une association ou toute forme de structure procurant un numéro SIRET. Sans cela, nous ne pouvons facturer et les lieux ne veulent alors plus engager les artistes de la main à la main.

Il y a une loi en France qui autorise les associations de fait, donc sans numéro SIRET. Mais le hic est que personne ne connaît les lois ni ne veut se fatiguer à les connaître, nous ne sommes pas suffisamment calés ni n’avons le temps d’être partout pour gérer cela en sus et donc bien que ce soit officiellement légal, c’est impossible pour nous de l’appliquer ! En passant, une autre loi oblige les tenanciers à reverser un pourcentage de leur vente de boissons ce qui est logique puisque c’est grâce au public des artistes qu’il y a tant de consommations, mais je n’ai pas besoin de vous dire qu’elle n’est jamais appliquée et que nous ne le réclamerons jamais, car ce serait signer la fin des engagements. Un suicide en fait !

Par conséquent, du jour au lendemain, bien que nous fassions parfois plus de 10 métiers à la fois (de musicien à producteur de cassettes en passant par graphiste, ingénieur du son, etc.), nous voilà obligés de devenir gérants d’une structure et secrétaires ! Alors certes, une association ouvre aussi des droits à subventions, mais encore faut-il le savoir et surtout, avoir le temps et la capacité de passer des semaines à monter des dossiers compliqués et coûteux !

En plus du caractère coûteux, j’ajoute que s’ensuivit la nécessité de créer des biographies, plaquettes de présentation du groupe/artiste ! Là où avant un simple résumé tapé à la machine, une affichette photocopiée et une vague photo suffisaient, il fallait maintenant se vendre à la plaquette et les plus succinctes étaient jetées à la poubelle sans même être étudiées !

De même pour la musique ! Auparavant, la cassette au son plus qu’aléatoire enregistrée sur un mini poste posé sur un tabouret au milieu de la salle de répétition suffisait, mais ensuite, il fallait un CD présentable de préférence ! Bref, nous avons été obligés de passer de « saltimbanques et simplicité » à « snobinards et complications » ! Infâme !

Je ne vous cache pas avoir fait des contrats pendant presque 8 ans avec en lieu et place du numéro SIRET la mention « en cours » ! Je n’en reviens pas que cela ait tenu si longtemps, mais je n’avais absolument aucune envie de me casser les pieds avec leur bureaucratie administrative ; quant aux factures, celles-ci écrites à la main suffisaient bien ! Et puis trouver des personnes qui accepteraient de devenir secrétaires et présidents devant se taper des heures quotidiennes de paperasses tenait aussi du sacerdoce. Et encore une fois, les associations « de fait » sont légales !

Il y eut, pendant quelques années encore, des lieux tels que la péniche Makara amarrée quai de la gare qui payait aux entrées et qui était une des seules salles où l’on acceptait ce système. Il arrivait très souvent que l’on gagne alors bien plus que dans des lieux payés en fixe ! En effet, cette péniche bien placée était un haut lieu du reggae et son organisateur ne savait pas compter pour la jauge qui limite les entrées. Je me souviendrai toujours de la fois où il vint me voir, paniqué, en m’expliquant qu’il y avait déjà 220 personnes dans le public, ce qui correspondait à environ le double de sa jauge au moins et qu’il ne pouvait faire rentrer les 80 qui attendaient dehors, car cela représentait une prise de risque pour le bateau qui aurait pu chavirer ! Non seulement, nous étions bien payés, mais pas de paperasse non plus, une bonne poignée de main et tout va bien quand on est entre gens d’honneur et de conscience !

Gestionnaires de droits

Entre le salaire honorable (surtout avec le cumul de dates ; il nous est même arrivé quelquefois d’effectuer deux concerts le même jour, un l’après-midi et un le soir dans deux endroits de la région parisienne) et la vente de cassettes puis de disques, un musicien pouvait à l’époque ne gagner sa vie que sur les concerts et les disques.

Dès les années 2000, tout s’inversa. En effet, entre les cachets divisés, et la soi-disant « crise » du CD, le paysage musical prit un tour bien étrange…

Un fait très important à connaître pour bien comprendre notre système financier est que, en termes de chiffres, le français consommait en moyenne 25 € de CD par an, donc très loin derrière l’allemand, le japonais et l’américain qui restent aujourd’hui les trois premiers marchés dans le domaine de l’industrie musicale (N. B. j’ai appris cela en 2013 et cela a dû évoluer un peu depuis.)

Or, la téléphonie qui fait partie de cette industrie où tout est imbriqué quand ce ne sont pas les mêmes, vend des abonnements mensuels pour pouvoir accéder à de la musique dont nous ne sommes plus propriétaires, mais locataires puisque les titres ne sont plus sur un support que nous possédons.

Ces abonnements, par exemple de 10 € par mois, représentent donc 120 € par an ! Soit 5 fois plus que lorsque le français de référence cité ci-dessus consommait de la musique ! Ahah, mais c’est que tout est bien prévu et bien pensé pour vous prendre toujours davantage d’argent !

Et pour nous, en termes de droits ou même de vente cela change tout puisque là où nous vendions un titre en téléchargement 1 € sur lequel 0,6 € nous était imparti après commission du vendeur-agrégateur (l’agrégateur prit la suite du distributeur : Believe fut longtemps le premier en France, qui gère les ventes numériques en ligne des productions en France et dans le monde), ce même titre deviendra ensuite du streaming qui nous rapporte à peine un demi-centime d’euro par écoute ! Idem en matière de droits : une écoute rapporte 10 % d’un centime d’euro !

Je ne vous cache pas que cela entraîna une chute vertigineuse des droits et des gains ! Mais comme je dis toujours : je préfère gagner quelques centaines d’euros par an plutôt que de me faire voler 5000 Cds comme nous le verrons par la suite.

Auparavant, nombreux étaient les musiciens qui ne se souciaient absolument pas des notions de droit, voire les fuyaient ! Je veux parler des droits d’auteurs (SACEM) ou des droits voisins/d’interprètes (SPEDIDAM, ADAMI) ; or, avec le Nouveau Monde, les concerts et ventes de disques allaient devenir juste des supports promotionnels et l’artiste-musicien, un gestionnaire de droits !

C’est-à-dire que les sommes les plus attractives étant distribuées par les droits, surtout dans l’audiovisuel et la musique à l’image, nombreux furent ceux qui se bousculèrent aux portes des créateurs de films en tout genre ! Et je peux le comprendre, car qui pourrait imaginer les sommes pharaoniques que touche un auteur qui fait le générique d’un JT ou la musique d’émissions telles que « Des chiffres et des lettres » par exemple !

Déjà lorsque l’on sait qu’un passage radio « Grandes Ondes » d’un titre rapporte 200 € de SACEM, 2 € pour une bande FM et 0,20 € pour une radio locale si elle fait bien sa déclaration, je vous laisse imaginer pour une TV nationale à heure de grande écoute !

Ce qu’il faut bien savoir est que la France reste une terre de particularité pour le droit.

Aux USA par exemple, le droit moral peut se vendre ce qui est impossible en France où, si vous avez créé quoique ce soit, même si vous vendez les droits d’exploitation, ce sera toujours vous l’inventeur, l’origine de cette création ; tandis qu’aux USA, même cela peut se vendre et ainsi, quelques billets plus tard, le véritable créateur originel sombre dans l’oubli et l’anonymat le plus total au profit de celui qui a acheté le droit moral et devient le « seul » inventeur de cette chose.

Si en France la SACEM (Société des Auteurs, Compositeurs et Éditeurs de Musique) représente une très grande majorité des artistes sociétaires, aux USA par exemple, il existe une pluralité de sociétés de droits et il faut trier pour savoir à laquelle adhérer…

La SACEM, à partir du moment où vous en êtes sociétaire, perçoit de tous les organismes en relation avec la musique diffusée (Radio, télés, mais aussi supermarchés, magasins, salles d’attente en musique, bars, caf’conc’, théâtres, fabricants de supports CD-DVD-K7-clés USB-DD, plates-formes numériques telles que YouTube ou Odysee entre autres, téléphonie et ses accueils musicaux, compagnies aériennes, etc...) des sommes représentant plusieurs milliards d’euros chaque année. Elle en garde un pourcentage d’environ 17 % et redistribue le reste aux ayants droit. Lorsqu’il est impossible de retrouver ces derniers, les sommes sont redistribuées aux sociétaires au prorata de leur importance. Ce qui a engendré la fameuse légende des musiciens qui se disaient entre eux : « Si tu ne te déclares pas SACEM, c’est comme si tu donnais tes gains à Johnny Hallyday… » Ce qui en soi n’est pas faux puisqu’il était, paix à son âme, l’un des plus importants sociétaires par les gains qu’il générait.

À partir du moment où l’on a compris ce mode de fonctionnement, on comprend aussi les modes de fonctionnement des organismes de droits voisins, d’interprètes et de producteurs…

Il est utile de savoir par exemple, que les derniers chiffres que j’avais lus il y a une dizaine d’années concernant les « Victoires de la musique », représentaient quelques 150 000 € de subventions rien que de la SCPP (Société Civile des Producteurs Phonographiques).

La boucle est alors bouclée, car la structure subventionne un événement qui génère énormément de droits de par sa diffusion dans de multiples directions, arrosant les artistes et les créateurs, les techniciens et tous les corps de métiers autour du spectacle, intermittents du spectacle ou non, et pas seulement, via les recettes indirectes (taxes, chambres d’hôtel, restaurants…), les droits qu’elle récupère qui dépassent largement les investissements…

Nous n’avions jamais imaginé tel système dans notre naïveté d’adolescents juste désireux de vivre en faisant des disques et des concerts, métier fabuleux pour ceux qui adorent le voyage et le contact humain fait de rencontres et d’aventures.

Mais poursuivons…

Gestionnaire de droits, car il faut bien comprendre que si vous êtes, par exemple, auteur-compositeur-interprète et que vous produisez via votre structure, vos disques, clips, etc., vous percevez alors :

– Du droit d’auteur-compositeur (SACEM)

– Du droit d’interprète (SPEDIDAM ou ADAMI)

– Du droit de producteur (SPPF ou SCPP) et j’en passe, car il y a aussi des droits pour les films, documentaires, etc.

De plus, une fois dans ce circuit, vous avez une myriade de subventions possibles, à condition de bien remplir les cases et d’aimer la paperasserie administrative, ses lenteurs et ses formats rigides, ce qui vous permet, via votre structure, de gérer la trésorerie et de salarier en qualité d’intermittents du spectacle les collègues du groupe.

Tout cela est bien évidemment chapeauté par le système qui connaît par conséquent vos faits et gestes et peut venir vous contrôler ! Ainsi, un camarade tourneur de Paris m’expliquait qu’à chaque tournée d’un de ses groupes, il y avait un road-manager uniquement là pour suivre la tournée avec une mallette… Une mallette de quoi ? Une mallette remplie de 4 documents par musiciens (contrats d’embauche, DUE, doc URSSAF, et bulletin de salaire), car pour chaque papier manquant, l’amende est de 150 € ! Cela donne envie de tourner, de telles menaces !

C’est ainsi que les musiciens dits « à l’arrache » et festoyant au jour le jour sont devenus, et bien souvent insidieusement, des industriels, des fonctionnaires de la musique, vivant de leurs subventions, droits et indemnités de pôle emploi spectacle. Les plus organisés montèrent donc de vraies structures, ce qui leur permit d’intégrer toute cette industrie prospère, mais jalousement réservée avec une difficulté encore plus accrue d’accéder aux TV, presse, festivals, scène nationale… Les autres virent l’underground s’amenuiser comme peau de chagrin, mais surtout ne plus devenir viable avec les cachets réduits ou disparus pour un chapeau ou une paie aux entrées qui s’ajoutait à la chute vertigineuse des ventes de disques, puis même des téléchargements au profit du streaming (droit quasi inexistant représentant 0,001 € par écoute !)…

Ceux qui, comme moi, la tête dans le guidon et absolument inconscients de ce qui se tramait, puisque trop underground, n’avaient pas suivi toutes ces mutations entrèrent dans une période cruciale !

En effet, si dans le second millénaire il était possible, sans être facile, d’effectuer des séries de mini tournées à hauteur de 3-4 concerts par semaine et même parfois plus encore, les possibilités s’amenuisèrent drastiquement au fur et à mesure des années 2000.

Car tout se mit à fonctionner en réseau fermé ! Les artistes produits par les grosses boîtes prenaient toutes les places des festivals qui, eux, jouaient le jeu puisqu’une tête d’affiche draine davantage de public qu’un artiste inconnu ou méconnu. Et quand une boîte de prod vous arrose, comment lui dire non ?

Idem pour la presse : quand une boîte de prod vous fait vivre avec l’achat d’espaces publicitaires, comment lui refuser des articles défendant ses poulains ? D’ailleurs, puisque l’on parle de poulain, j’ai connu un aîné qui avait eu son heure de gloire dans le rock au point de se voir signer un contrat par un producteur. Ils débouchèrent le champagne un peu vite ; la signature engendra leur mise au placard afin de ne pas faire de l’ombre au poulain principal de la boîte ! Le groupe de mon ami splitta. Comment pourrait-il en être autrement, lorsqu’on vous brise les reins et les doigts tout en vous coupant l’herbe sous le pied ? Le pire est que c’est une attaque qui concerne directement le public qui pourrait choisir autrement, et librement, si on lui en donnait la possibilité…

Beaucoup de mes comparses, simples musiciens avec leur instrument (guitariste, batteur, claviériste) ne purent s’adapter à la nouvelle donne et continuèrent leur pratique en dilettante, en supplément pour améliorer leurs fins de mois, et reprirent une activité professionnelle pour laquelle ils avaient déjà diplômes et études en bagages.

D’autres devinrent des mercenaires jouant dans 10 groupes à la fois pour survivre avec souvent le RMI (RSA) en sécurité pour les mois creux !

D’autres encore, suivirent une formation sur le tard pour vivre d’une seconde passion ou se la créer !

Pour ma part, sans diplôme et « Bac-2 », je fus sauvé par certaines compétences et autres stratégies avec un soupçon de coups de chance !

En vrac, je me reconstruisis un groupe où se mélangeaient les machines à sons et deux ou trois musiciens, moi y compris, formule plus légère qui générait moins de frais de route, et en divisant le nombre de musiciens sur scène par 2, nous pouvions également avoir une division des salaires par 2 !

Par conséquent, je repartis pour une tournée de 6 mois « comme au bon vieux temps » qui, grâce à mon association fraîchement mise aux normes administratives, enfin, me fournissait des cachets d’intermittent.

Je suis aussi pluri-instrumentiste et donc cela m’ouvrit plus d’options soit de concerts, soit de groupes, dans lesquels intervenir en qualité de remplaçant par exemple, ce que je n’aurais pu faire si je n’avais joué que d’un seul instrument.

Quand trouver des concerts devint un véritable sacerdoce, j’eus la chance, malgré le fait de n’avoir aucun CV (ayant fait toutes ces années « au noir ») ni lettre de motivation (ce qui me semblait ridicule ; si je suis là devant le patron, c’est que je suis motivé !) ni la connaissance du métier, d’être engagé en qualité de technicien-plateau pour la scène nationale d’une ville moyenne de Nouvelle-Aquitaine, en Poitou-Charentes.

Tout cela, ajouté au fait que j’étais sociétaire SACEM ainsi que SPEDIDAM, tandis que mon association percevait du droit de production, me permit de passer la transition relativement correctement, et matériellement parlant, mais très en colère psychologiquement !

Et ce partage entre les deux casquettes de technicien et musicien m’apporta beaucoup de repos ainsi que l’intermittence du spectacle et son régime qui vous indemnise, Assedic, vous octroyant une allocation par jour non travaillé.

Je parle de repos, car, après des années sur la route et sur la brèche, un peu de sédentarité, un salaire minimum et déclaré pour des horaires du type 8h-15h et 20h-minuit, pour faire du sport de surcroît, me semblaient quasiment des vacances !

Avec le respect en plus : des croissants le matin et souvent les repas de midi offerts ! Sans oublier les droits du syndicat FNAS qui offraient des chèques vacances, livres, disques et spectacles qui me permettaient d’emmener femme et enfants au cinéma pour 2 € par personne !

Mon inscription à la SACEM

Si je m’étais inscrit à la SACEM, dès 1995, c’est que, l’année précédente, je m’étais fait spolier (voir chapitre 9 : « Paria ma cuisse »), abuser et exploiter par un groupe désireux de faire du Reggae et dans lequel j’étais entré discrètement comme clavier avant d’en devenir, à la demande des leaders, chanteur-guitariste.

Comme j’avais déjà de nombreux morceaux en qualité d’auteur-compositeur-interprète, j’enregistrai alors gratuitement une cassette 10 titres pour eux dont 9 des miens. La cassette sortit et je pus lire sur celle-ci la mention « PAI ».

Lorsque je compris, quelques jours plus tard, que cela signifiait « Propriétaire actuellement inconnu », je réalisais que, croyant économiser quelques bouts de chandelles, les leaders et producteurs du projet ne m’avaient pas déclaré à la SDRM (= SACEM : Société de Droits de Reproduction Mécanique) ainsi n’importe qui à n’importe quel moment pouvait me voler les morceaux en les déclarant à son nom !

Mon sang ne fit qu’un tour, et je me revois écrivant jour et nuit durant quelques jours les partitions à la main (à l’époque, les claviers informatiques qui les écrivaient pour vous coûtaient très chers !), c’est-à-dire partie d’instrument par partie d’instrument pour protéger du plagiat mes chansons et autres lignes de basse, de claviers ou de guitares…

Comme quoi, même d’une malversation, peut émerger du positif !

Ceci étant, ce devait être mon karma, mais ce genre de spoliations revint souvent dans ma vie, me sidérant ! Comment des nantis, ayant un emploi et donc un salaire fixe, propriétaires de leur logement bien souvent, pouvaient me faire travailler en m’obligeant à m’ajuster sur leur emploi du temps au détriment du mien et des miens, ne me laissant que les modestes sommes récoltées lors des concerts qui me revenaient, puis m’utiliser toujours bénévolement pour obtenir des fruits de leurs objectifs ?

Fallait-il que je sois vraiment obnubilé par ma femme, mes enfants et la survie quotidienne pour ne jamais prendre de recul et anticiper ces mécréances...

Se battre pour ses droits

Ce qui est terrible est que cela me prive en tant qu’auteur-compositeur, non seulement de quelques dizaines d’€ à chaque concert (sur 100 concerts dans l’année cela commence à faire une somme surtout qu’un festival vaut dix caf’conc’ !), mais aussi de mes droits d’interprètes puisque les deux organismes communiquent entre eux !

Il y a ceux aussi qui disent déclarer puis, après vérification, on s’aperçoit que non !

J’eus ainsi maille à partir avec une radio locale du Poitou ; pendant un an, il n’y avait pas une semaine sans que plusieurs de mes morceaux ne passent sur leur antenne et je le savais, soit par des connaissances qui m’en faisaient part, dans la rue par exemple, ou par d’autres qui carrément m’appelaient au téléphone, ravis de m’en informer. Sans oublier que je les entendais souvent moi-même sur les ondes !

Lorsque les relevés de droits arrivèrent, je fus étonné de ne jamais voir mes titres mentionnés pour cette radio.

Un appel à la SACEM me le confirma, elle prit le dossier en main et en quelques jours c’était régularisé.

Ce que je trouve infect dans ce genre de situation, qui reste relativement fréquente, est que souvent ces petites radios locales sont censées faire vivre la culture de leur comté et perçoivent de grosses aides de la région et/ou du département donc pourquoi ne pas faire leur job ? Et on peut vite penser que cette omission est faite sciemment…

D’autant plus que, vraiment, la grande majorité paie déjà l’organisme de droits, donc ne pas déclarer un artiste c’est non seulement le spolier d’un bien, mais en plus, c’est donner ce bien aux autres sociétaires ! Car on est sociétaire SACEM, et les sommes que la société de droits ne sait à qui attribuer repartent dans le pot commun ! Pire encore, depuis le 3e millénaire, tout droit non réclamé dans les deux ans, alors qu’auparavant c’était ad vitam aeternam, est perdu à tout jamais.

Ce changement est dû au fisc qui ne voulait plus des réajustements rétroactifs… et tant pis pour les artistes !

Et puisqu’on parle des impôts, j’ai un fait qui me choque à leur transmettre :

Supposons que je galère pendant trente ans, et qu’enfin un film au cinéma utilise ma musique, cartonne au box-office et que je gagne 1 million d’€, j’aimerais que l’on m’explique pourquoi je serais taxé, et trop copieusement, sur ce million sans tenir compte des trente ans de galère et d’investissements qui m’ont permis de l’obtenir ?

Mais revenons à l’industrie musicale

À la fin du second millénaire donc :

– Il était aisé de trouver des dates de concerts,

– Assez accessibles étaient la presse et la radio pour se diffuser, et faire sa publicité,

– Peu ou prou de paperasse et d’administratif,

– On pouvait trouver des festivals ouverts à tous qui nous engageaient.

Ainsi, je me rappelle avoir envoyé à cette époque une trentaine de CD et avoir au moins 8 ou 10 retours de festivals, et comme ceux-ci paient bien…

Par contre, un exemple autour de 2007

– Quasiment pas de dates de concerts (une douzaine dans l’année !) malgré une surenchère d’appels téléphoniques et de postulats.

– Radio et presse se fermèrent comme des huîtres privilégiant les producteurs conséquents (qui avaient réussi à éliminer les bancs de petits poissons !)

– Subitement, nous avons eu l’obligation de plusieurs heures de paperasse par semaine (les fameuses déclarations d’embauche, réalisations de devis, de contrats, réalisations d’affiche et de flyers, promotion, etc., etc.).

– Quant aux festivals, crise oblige, ils n’engageaient plus que des têtes d’affiche, des gens connus arrivés là grâce à leur producteur qui prenait tout l’espace et cette année-là, j’ai envoyé 40 CD et n’ai eu absolument aucun retour ! Perte sèche mais pas pour la poste !

Il faut dire aussi que nous entrions en plein dans l’ère du corporatisme. Donc pas de « copains », pas de famille pour monter votre propre structure, pas de frères de jeunesse disponibles pour ce faire non plus, pas un nom de famille célèbre qui vous rend « bankable », et en plus pas d’ici ? Compliqué, très compliqué ! Et pire encore si vous sortez franchement du cadre !

Cela faisait 8 ans déjà que j’étais en colère de tous ces changements et de tous ces grippe-sous. (Des artistes égocentrés en passant par les Thénardier qui pinaillent pour un repas aux « j’me la pète » qui des festivals, qui de la presse-radio, qui des prods, qui ne nous laissent ni espace d’expression, ni respect, ni aucune chance en fait !)

Alors je décide de faire une formation sur un mois, de management d’artistes et bien m’en prit, car elle me sauva d’une certaine manière : grâce à elle, je pus enfin comprendre les changements énormes que nous venions d’essuyer dont certains que j’expose ici !

Revenons d’ailleurs sur cette fameuse et soi-disant « crise » du disque :

Disques, enregistrements et Format « Reggae »

Il faut bien comprendre, ainsi qu’on me l’a appris pendant cette formation de management, qu’en réalité le disque a toujours été en crise !

En effet, le marché est assez maigre, surtout en France d’ailleurs où la moyenne de vente de CD par habitant dans le début des années 2000 est de 2,5 par an ! Cela est très peu au regard des ventes aux Usa, en Allemagne ou encore au Japon où c’est facilement 10 fois plus comme je le mentionnais précédemment.