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"Sordides intentions" dévoile le calvaire vécu par
Sara Catherine depuis son adolescence. Elle se retrouve en effet forcée de protéger sa mère des multiples tentatives de meurtre orchestrées par ses trois beaux-pères, Christophe, Fabien et David. Malgré leurs différentes méthodes, leur objectif reste inchangé : mettre fin à sa vie. Nonobstant les épreuves et l’effleurement de la mort, sa mère peine à accepter cette réalité impensable. Son désir le plus ardent est simplement d’être aimée et de ne jamais être abandonnée. Pour cela, elle est prête à tout sacrifier.
À PROPOS DE L'AUTRICE
Évoquer ses propres épreuves n’est pas toujours aisé. Parfois, la vérité peut être douloureuse, mais elle est indispensable pour avancer.
Sara Catherine aspire à ce que son récit aide à surmonter l’adversité.
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Seitenzahl: 109
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Sara Catherine
Sordides intentions
© Lys Bleu Éditions – Sara Catherine
ISBN : 979-10-422-2942-9
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Histoire inspirée de faits réels
Les parents ont le devoir de protéger leurs enfants, mais dans mon cas il me faut protéger ma mère.
On dit que les blessures du passé guérissent généralement avec le temps. C’est parfois vrai. Mais c’est déjà avouer qu’il existe des souvenirs qui sont difficiles à oublier. Et dans mon cas, ils n’ont pas disparu. Il reste de mon enfance, mon adolescence comme une longue et pénible souffrance qui a façonné le reste de mon existence. Alors, parce que le moment est, me semble-t-il, arrivé, le courage aussi de surmonter la douleur de ces instants de mon passé, j’ai décidé de porter par écrit mon histoire…
Alors que je suis âgée de 11 ans et que nous vivons à Lyon depuis un an, ma mère m’envoie récupérer chez son amant les lettres d’amour enflammées qu’elle lui a écrites. Il menace de les envoyer à mon père qui pourrait s’en servir contre elle au tribunal.
Sans rien dire à ma mère, j’ai supplié ma meilleure amie afin qu’elle m’aide dans ma mission. Elle accepte de faire le guet dehors pendant que je m’applique à exécuter ma tâche.
Il fait nuit et en possession du double des clés, je m’introduis dans l’habitation de cet homme pendant son absence. À ce même moment, ma mère s’occupe de le tenir à l’écart de son appartement.
Je repense à ce que ma mère m’a dit :
— Elles sont rangées dans un classeur vert sur une étagère près de la fenêtre. N’allume surtout pas la lumière.
Dans la pénombre, je m’avance en direction de l’étagère. Je le distingue rapidement. Je le saisis et une fois en main, je m’étonne qu’il soit si lourd. Il ne contient que les lettres écrites par ma mère et en le feuilletant j’en ai le vertige. Toutes ces phrases d’amour pour un homme qui m’est totalement inconnu et qu’elle ne connaît que depuis peu. Je ne pensais pas ma mère aussi romantique. Je ne l’ai jamais entendu dire un mot doux pour mon père et j’avoue qu’elle n’a pas eu trop de tendresse pour mon frère et moi. Pas de compliment, pas d’encouragement, ni d’embrassade et encore moins d’écoute.
Je veux qu’elle soit fière de moi, je lui ai donc obéi comme une gentille fille. Pourtant, je m’interroge sur mon entrée par effraction dans l’appartement de cet homme. Comment ma mère a-t-elle pu me demander ça ? Ne pouvait-elle pas s’en charger elle-même ?
Cette première expérience n’est qu’un avant-goût d’une suite bien plus sombre. Malgré mon jeune âge, l’image que je me fais des hommes est déjà désastreuse. Je pense avoir été confrontée au pire d’entre eux, mon père ! Personne ne peut souhaiter un père tel que lui.
Il nous bat, mon frère et moi, pour un rien. Tel un alcoolique, alors qu’il ne l’est pas, il se défoule avec le martinet, sa ceinture, ses poings et ses mots grossiers. Lorsqu’il prononce mon prénom, je sens mon corps se raidir, mon cœur se serrer et mon attention se démultiplier. Il m’est impossible de prédire comment il va agir avec moi. La tonalité de sa voix ou sa manière de m’appeler me donne une petite idée sur ce qui m’attend. Sa voix porte dans toute la maison et jusqu’au-dehors. Mon prénom n’est composé que de deux syllabes et il prend toujours un malin plaisir à bien les distinguer quand il hurle « SA RAAAA ». En sa présence, je perds mon sourire et ma joie de vivre. Je déteste son regard posé sur moi. Je suis l’exutoire de sa colère alors que je n’en suis même pas la cause. Trop jeune pour comprendre ses agissements et me rebeller, je me laisse frapper, et cela sans rien dire. Je ne ressens aucune affection pour lui, si bien que tout mon être le rejette. C’est une brute sadique.
Un jour, alors que je suis âgée de 8 ans, il m’envoie chercher un outil dans le garage. Je ne suis pas certaine de réussir à le trouver. Bien évidemment, il ne me demande pas un outil commun, tels un tournevis, un marteau, une pince… Je me retrouve devant la table à outil et les regarde tous un par un. Les minutes passent, il y en a tellement. Je sais qu’il ne faut pas que je sois lente. Il ne supporte pas l’attente et cela me vaudra de recevoir des coups bien plus fort.
Finalement, je prends un outil au hasard en espérant que ce soit le bon. Arrivée devant lui, je lui remets. Il ne me dit rien et se contente de sourire. Je suis apeurée et il en est satisfait. J’espère au plus profond de moi-même avoir trouvé le bon outil. J’attends ma sentence avec résignation, mais à ma grande surprise, il me laisse partir sans me rouer de coups et sans me hurler dessus. Cette demande n’était qu’un test de soumission.
Mon père a trouvé un nouveau jouet : une cloche de vache. Il adore la faire sonner pour nous appeler lorsque nous sortons, mon frère et moi, jouer non loin de la maison. Près de la rivière et de l’ancien chemin de fer, nous apprécions le calme et le cadre naturel. C’est une bouffée d’air frais que de ne pas le voir. Nous sommes à 10 min à pied de la maison et la cloche est bien trop petite pour émettre un son qui porterait jusqu’à nous. Il l’a pourtant bien secoué pendant plusieurs minutes, mais nous n’avons rien entendu. À notre retour, nous sommes gravement frappés pour ne pas être rentrés au son de cette cloche qui aurait dû être au cou d’une vache, et non pas entre les mains de mon père.
Je passe mon enfance jusqu’à l’âge de 10 ans à Meilleray. Nos voisins disent à qui veut l’entendre que mon père va finir par nous tuer, mon frère et moi. C’est la maison de l’horreur dans un village perdu en proximité de la banlieue parisienne. Il y a peu d’enfants dans ce village reculé et les résidents ont déjà une opinion très claire sur l’état psychologique de mon père. À force de l’entendre crier à tout va, il n’a aucun ami et personne ne lui adresse la parole.
Un évènement inattendu me redonne de l’espoir. Ma mère a pris la décision de quitter mon père et demande le divorce. Elle en a mis du temps ! Il s’en est pris à elle pour la première fois après 11 ans de vie commune. La gifle qu’il lui a mise a été tellement violente que le corps de ma mère a été propulsé au fond du salon. De ses 1m64, elle est toute menue. Elle ne fait pas le poids contre mon père qui mesure 1m83 et dont la corpulence est imposante. Elle vient de prendre conscience que ce n’est qu’un début et qu’il pourrait très facilement la tuer. De peu, dans sa chute, sa tête a frôlé le mur. Elle ne se sent plus en sécurité à présent.
J’aurais aimé qu’il lui donne la gifle bien plus tôt. Cela nous aurait évité d’être détruits psychologiquement et physiquement par ce sadique. Tant qu’elle ne subissait pas, elle ne réagissait pas. Mon frère et moi prenions des coups bien plus forts depuis plusieurs années et elle n’avait pas pris la décision de le quitter pour notre bien-être. Où étaient son empathie et son amour pour nous ? Elle ne pouvait pas ignorer que nous étions maltraités !
Après toutes ces années d’horreur, il nous faut à présent le fuir, car il menace de nous tuer si nous ne restons pas près de lui.
Avec empressement et sans qu’il le sache, nous déménageons ma mère, mon frère et moi en Corse afin de nous protéger. Cet éloignement met immédiatement une distance entre lui et nous. Mon grand-père d’origine corse est également devenu un obstacle à ses mauvaises intentions.
La Corse étant réputée pour avoir des hommes armés prêts à en découdre, mon père sait qu’il risque sa vie s’il vient s’en prendre à nous. Je m’étonne qu’il n’en ait pas le courage. Il sait pourtant effrayer les gens, surtout les femmes et les enfants. Je comprends à cet instant, qu’il ne s’en prend qu’à plus faible que lui et que face à un homme déterminé il devient inoffensif.
Quelque temps après notre arrivée en Corse, ma mère me demande si j’approuve son choix de divorcer. Je m’étonne qu’elle me pose cette question. Ai-je mon mot à dire ? N’est-elle pas convaincue de son choix ? Souhaite-t-elle retourner avec lui ?
Elle ne m’a jamais demandé comment je vivais jusque-là, mes sentiments, ma souffrance… Cela lui a toujours été égal. Pourquoi ne serais-je pas d’accord avec cette décision ? Je lui avoue que j’avais pour projet de fuguer et que je suis à présent soulagée qu’il ne puisse plus s’en prendre à moi.
Je ne veux plus le revoir. Je ne supporte plus de recevoir des coups pour rien. J’avais sans arrêt des bleus sur le corps, certains faisaient la taille de mon poing. Je me suis souvent étonnée qu’ils puissent être aussi grands. Ne les a-t-elle jamais vus ? Porte-t-elle des œillères ? Est-elle aveugle ?
Je rentre en 6e dans un collège à 15 minutes de notre nouvelle habitation. C’est un nouveau départ qui me semble être bien plus heureux.
J’ai l’occasion de faire connaissance avec mon grand-père. Je ne l’ai vu que quelques fois lorsque je passais mes vacances d’été en Corse, ce qui était très rare. C’est un étranger à mes yeux et on ne peut pas dire que ma mère le connaisse, elle aussi. Il ne s’est plus occupé d’elle à partir de l’âge de 6 ans. Il a jeté femme et enfants pour refaire sa vie avec sa maîtresse avec qui il finit par se marier et avoir deux filles. Tourné complètement vers ce nouveau foyer, il ne versa même pas la dérisoire pension alimentaire qui avait été ordonnée par la justice. À cette époque, il n’existait pas les aides dont les mères de foyer isolées peuvent bénéficier. Très jeune, ma mère devait voler dans les supermarchés pour se nourrir. Cela a duré plusieurs années. Ce n’étaient pas des bonbons, mais de la viande et d’autres denrées alimentaires nécessaires pour vivre. Les mesures de sécurité n’étant pas aussi élaborées que maintenant elle eut la chance de ne pas se faire arrêter.
Ma mère a toujours cherché l’amour de son père. De retour en Corse, elle pensait qu’elle serait enfin considérée du fait qu’elle n’est plus une enfant, mais son mépris est toujours présent. Il la traite d’incapable et la rabaisse moralement par des propos dégradants. En sa présence, elle n’est plus une femme, mais une petite fille qui a perdu tous ses moyens. Elle est humiliée par son père qui lui reproche de devoir élever seule 2 enfants dans une certaine précarité. Il lui rappelle quotidiennement qu’elle a raté sa vie en n’ayant pas fait les bons choix. Au lieu de la soutenir, il l’enfonce un peu plus chaque jour et semble prendre plaisir à le faire.
Il adore parler de lui. Le pronom personnel « je » est à toutes les phrases. Ces discours ressemblent à une pièce de théâtre dont il est le seul narrateur. Chacune de ses paroles le valorise. Il faut juste l’écouter en silence et être en admiration. Il ne m’impressionne pas et cela n’a aucun effet sur moi. Je suis vaccinée par mon père qui a agi de la même manière pendant plusieurs années.
Pendant l’absence de ma mère, je me suis disputée avec mon frère. Ce n’est pas fréquent, mais la promiscuité de notre habitation nous met sur les nerfs, nous n’avons pas de chambre et nous ne savons pas communiquer. Nous avons été éduqués dans une telle cruauté qu’on ne sait pas régler nos différends, autrement qu’en se criant dessus ou en se frappant.