Sur le fil - Ania Slawinska - E-Book

Sur le fil E-Book

Ania Slawinska

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Beschreibung

Une invitation, un mariage et voilà Barbara repartie chez ses amis de Pologne, ignorant ce qui l’attend. Entre les retrouvailles avec un ancien amour et les attentes des mariés pour leur grande cérémonie, Barbara est confrontée à un choix crucial : se venger, jouer les sauveurs, ou bien tourner la page pour suivre son propre chemin.

À PROPOS DE L'AUTRICE

Après avoir mûri cette histoire dans son esprit pendant plusieurs mois, Ania Slawinska a finalement décidé de la mettre sur papier. Elle évite tout mélodrame ou histoire sentimentale clichée, en optant pour un récit simple dont le dénouement est laissé à la discrétion du lecteur.

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Couverture

Page de titre

Ania Slawinska

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sur le fil

Encore un peu d’avenir

Roman

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Copyright

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

© Lys Bleu Éditions – Ania Slawinska

ISBN : 979-10-422-2362-5

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122- 5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122- 4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335- 2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

 

Sur le fil Encore un peu d’avenir

 

 

 

 

 

Assise à son bureau, Barbara lisait son courrier : peu de choses intéressantes, beaucoup de publicité sauf une enveloppe portant le cachet postal de la Pologne. Étonnant, les vœux de la nouvelle année étaient déjà passés !

Elle ouvrit donc l’enveloppe et surprise : l’annonce du remariage de Simon avec une certaine Ursula.

Bref, une invitation au mariage civil. Lui qui s’était séparé de Marianne après plusieurs années d’une union plus ou moins chaotique.

Alors quelle chance il avait retrouvé chaussure à son pied.

La noce avait lieu au mois de mai.

Eh bien, elle ira. Non pas chez eux, mais à l’hôtel puisqu’à présent Barbara en avait les moyens et qu’elle désirait rester libre de ses mouvements.

Elle ressortit la photo vieille de vingt ans : Simon et Marianne, Gregor et Olga et enfin Pawel, cet homme qui l’a fait tellement souffrir. Elle la petite Polonaise vivant en France et qui avait de quoi payer les sorties et la vodka.

 

Les deux couples se sont séparés et cela ne l’émut pas. Aucune émotion, aucun trouble chez elle, mais plutôt une certaine indifférence et une pointe de curiosité pour cette nouvelle union.

Mais pourquoi l’inviter ? Elle qui ne fut pas présente à la première union !

Peut-être pour donner un coup de pouce pécuniaire ? Mais Barbara ne voulait plus rien donner. Elle avait assez déboursé pour les autres.

Quelques jours plus tard, Barbara envoya une courte réponse :

« Je serai là »

Elle prépara son voyage et prit plaisir à choisir sa toilette pour cette cérémonie. Les paroles de Mira résonnaient encore :

« Tu viens de France, tu dois être très élégante. »

« Ne t’en fais pas Mira, je le serai. »

 

Barbara partit en autocar : le moyen de transport qu’elle préférait. Elle aimait voir la route défiler devant elle et voir le paysage. Elle pouvait lire ou se reposer et réfléchir.

« Stone, le monde est stone. Je cherche le soleil au milieu de la nuit. »

La jeune femme cherchait toujours son soleil.

Elle partit donc un jeudi pour la route de nuit, un peu clandestinement. Il lui semblait si simple ce voyage : pas de frontières, pas de passeport et visas. C’est à peine si la carte d’identité est consultée.

Le véhicule entra en Allemagne. Ce pays qu’elle avait si souvent traversé au temps où cet état était coupé en deux et qui coupait l’Europe en deux. À présent, on traversait le pays d’une seule traite. Barbara profita d’un arrêt obligatoire pour se dégourdir les jambes et fumer une cigarette. Une impression étrange de ce voyage sans frontières, sans conditionnement donc rien qui le pigmente. Il n’y a pas d’électrochoc. Seul le paysage se modifie dans l’ex-Allemagne de l’Est. Le nombre impressionnant d’éoliennes a remplacé les miradors. Il reste quelques traces de l’ancien régime que l’on essaie d’effacer pour laisser place au nouveau qui fera apparaître un démon de notre civilisation : le chômage ! Ces Allemands qui croyaient être intégrés dans le système capitaliste le sont, mais du mauvais côté.

Barbara soupira en pensant à cela. Avait-elle tort de voir tout en noir ? Pour arriver à la lumière, il y a toujours un long tunnel sombre à traverser.

La route ne lui paraissait plus ce long ruban sans fin que l’on traversait en ligne droite.

 

La nuit, la jeune femme somnolait : plus de frontières, plus cette tension qui empêchait de se reposer.

Quand elle ouvrit les yeux, il faisait jour. L’un des deux chauffeurs qui conduisait la salua d’un signe de tête par le rétroviseur et s’adressant en polonais :

— On va bientôt s’arrêter, juste après la frontière. Votre destination ?
— Kalisz.

 

À la frontière polonaise, il y eut une bonne heure d’attente. La file de voitures s’allongeait considérablement, à croire que tous ces gens rentraient en Pologne pour le mois de Marie !

Là, les douaniers vérifiaient les papiers d’identité. Après quoi, chaque véhicule passait lentement de l’autre côté.

« Bonjour la Pologne. »

 

L’autocar s’immobilisa sur une aire de repos. La cafétéria ne désemplissait pas. Barbara se rendit au sous-sol pour se rafraîchir et se coiffer.

Miroir, quel visage me donnes-tu aujourd’hui ? Celui de la sérénité, se dit-elle.

Quand elle vit le panneau « Kalisz », son cœur se mit à battre plus fort. Cette ville, bien qu’elle ne soit pas le berceau de sa famille, elle avait un attachement particulier. Bref, elle aimait cette ville : elle s’y sentait bien.

Mais l’autoroute toute neuve la rappela à la réalité : la vie avait continué sans elle.

 

Barbara se retrouva seule sur le quai de la gare routière de Kalisz. Il était quatorze heures, le soleil brillait, le temps était printanier.

Personne pour l’attendre, car elle n’avait prévenu personne. Elle prit ses bagages et héla un taxi. En moins de dix minutes, elle se présenta à l’hôtel. La réservation de la chambre avec vue sur la rue, car elle désirait voir l’agitation de cette ville. Barbara commanda un repas froid puis déballa ses vêtements. Elle prit un grand soin de sa toilette réservée à la noce.

« Il faut être élégante en toute circonstance », disait et répétait Mira.

Elle se sentait heureuse de se retrouver là dans cette ville. Seule, elle n’avait besoin de personne même si quelquefois cette solitude lui pesait. C’est alors que les larmes vinrent en pensant que d’autres avaient la chance d’être ensemble.

« Serai-je la seule célibataire ? »

Il était environ dix-sept heures quand la jeune femme sortit de l’hôtel pour une promenade. Ses pas la conduisirent jusqu’au « barbary » ou ce qui en restait. Ce bâtiment qui abritait un temps un dancing.

Les lunettes de soleil sur le nez pour ne pas être éventuellement reconnu, Barbara songeuse fixait le local. Les souvenirs qu’elle gardait et qui ne la quittèrent pas devinrent plus réels. Elle se revoyait franchir la porte que Pawel avait galamment ouverte pour elle et Marianne tandis que Simon fermait la marche. Elle entendit à nouveau la musique et là les larmes furent plus fortes que sa volonté.

Que faire contre les souvenirs qui ne veulent pas vous quitter ? H

Supporter ou mourir !

Elle remonta la rue principale puis tourna à droite et s’arrêta devant une HLM là où vécurent Simon et Marianne. Cette dernière y demeurait toujours.

Barbara observa un moment ce qui se passait autour d’elle : l’agitation de la population, le flot de voitures devenu plus dense. La ville avait un peu changé. Lentement elle rebroussa chemin et rentra à l’hôtel. La fatigue du voyage commençait à peser et demain sera une journée très éprouvante.

 

— Où se trouve ce restaurant ? demanda-t-elle à la réception de l’hôtel en tendant le faire-part.
— Il se trouve juste à côté du théâtre.
— C’est celui au bout du pont ?
— Exactement madame !

Barbara prit un taxi et en moins de dix minutes se trouva devant le « Palais des mariages ».

Les invités arrivèrent : des personnes plus ou moins sophistiquées. La famille Turek avait beaucoup d’amis et de connaissances. Dans leur monde, elle se croyait obligée d’inviter le plus grand nombre. Et soudain, elle le vit : Pawel ! Il sortait d’une voiture suivi d’une femme qui devait à coup sûr d’être son épouse et de ses parents. Une vague de mélancolie la submergea.

La future mariée apparut dans une robe qui n’était pas du goût de Barbara. Trop de dentelles et de rubans : elle n’avait plus vingt ans pour ce genre de toilette.

Qui lui avait conseillé ce genre de toilette ? Peut-être bien Mira ! Qu’en pensait Simon ? Il est vrai que lui ne sait pas s’habiller.

Barbara détailla la mariée Ursula de son prénom. Plus grande que Marianne et un peu plus mince, elle jetait des regards circulaires sur les invités. Mira et Joseph descendirent de la voiture conduite par Simon.

Mira, drapée dans un ensemble aux reflets or portant bijoux, brillait de tous ses feux. Elle se voulait très grande dame. Hélas, un peu moins de bijoux et un peu plus d’humilité et elle n’aurait rien perdu de son charisme. Mais non, cette dame se plaçait sur un piédestal. Il fallait qu’elle soit vue et admirée : elle était la mère du marié. À ses côtés, Joseph faisait figure de « Prince Consort ». Quant à Simon, il se trouvait sûr de lui sans un regard en arrière. Un caractère identique à celui de son grand ami Pawel.

Tous entrèrent dans la salle des mariages et Barbara leur emboîta le pas sans se faire remarquer. Elle se glissa derrière les invités au dernier rang et enleva ses lunettes de soleil.

Pawel et son épouse se tenaient près des futurs mariés. Était-il le témoin officiel de cette union ? Bien sûr, comment pouvait-il en être autrement ? Simon avait été le témoin de leur brève aventure.

 

Mira buvait les paroles de l’officiant civil. Elle avait le même regard, la même expression qu’il y a vingt ans quand elle désirait marier Barbara à ce Marek. Sur le côté : trois musiciens qui escorteront les nouveaux époux jusqu’au salon d’honneur pour la collation et les félicitations d’usage.

Barbara suivit avec un certain intérêt cette cérémonie. Elle aurait pu en avoir une de ce genre et en plus une cérémonie religieuse si Pawel ne s’était pas conduit comme un goujat. La mariée telle une poupée de collection versait quelques larmes de joie et sa belle-mère l’imita. Quant à Joseph, il se retourna machinalement et aperçut Barbara. Il lui sourit et fit un petit signe de la main. Voilà, elle sortait de son anonymat. Joseph glissa quelques mots à l’oreille de son épouse et cette dernière se retourna aussi.

Au fond de la salle, la jeune femme semblait seule, triste, mais surtout guère à sa place. Perdue au milieu d’une assemblée de fêtards, elle regardait tous ces gens. Était-ce les mêmes qu’il y a vingt ans lors du premier mariage de Simon ? Sans doute, n’allaient-ils pas rater une si belle occasion pour s’amuser.

À présent, ils signent les registres.

Ah oui à présent Simon doit aide et assistance à sa nouvelle épouse, mais jusqu’à quand ? Et que devenait l’ancienne ? Rien, elle aussi, avait fini d’exister. Tout comme Barbara, toutes deux larguées par des hommes qui leur avaient promis un amour éternel.

Pas d’amour, pas d’époux, rien que d’amers souvenirs.

Pendant cette courte cérémonie, son voisin lui jetait de brefs regards.

La trouvait-il jolie ? Agréable à regarder ? Où pensait-il exercer son charme sur elle ?

« Il ne va pas avoir le coup de foudre pour moi j’espère ! »

La cérémonie prit fin. Les musiciens se mirent à jouer et les nouveaux mariés les suivirent jusqu’au salon. À tour de rôle on félicitait le couple ainsi que les parents. Mira n’aurait pas manqué de se tenir à leurs côtés. Elle donnait l’impression de chaperonner ces deux grands enfants. Arriva le tour de Barbara. Elle tendit la main aux parents d’Ursula : le père la lui baisa et la mère la serra. Ursula eut un mouvement d’élan vers elle qui fut coupé net quand Barbara présenta sa main au lieu de sa joue.

Simon intervint :

— C’est Barbara.
— C’est ta nouvelle épouse, répondit-elle. Et l’autre a été remerciée. Bonne chance, dit-elle en s’adressant à la jeune mariée. J’espère que vous savez ce que vous faites.

Cette remarque déstabilisa Ursula. Simon gardait son visage impassible.

— À toi que peut-on souhaiter ?
— Beaucoup de bonheur c’est ce qu’on dit d’habitude.
— Sais-tu ce que c’est ? Alors tant mieux, mais il ne faut pas le gaspiller.

Mira les observait. Barbara se planta devant elle :

— Bonjour.
— Pourquoi n’es-tu pas venue chez nous ? Nous t’attendions avec impatience.
— Je ne voulais pas vous encombrer et puis je ne fais que passer.
— Mais viens à la maison, renchérit Joseph. Tu ne vas pas gaspiller ton argent à l’hôtel.
— Ça va, dit-elle avec un léger sourire et elle s’éloigna.

 

Chacun prit un verre de vodka et trinqua au bonheur des nouveaux époux. Barbara s’écarta un peu, elle voyait Simon très à l’aise et souriant. Avait-elle été trop dure ? Peut-être, mais elle avait le cœur trop lourd.

Les musiciens jouaient, les plateaux d’alcool et de pâtisseries circulaient et tandis qu’elle observait tout ce monde, quelqu’un s’approcha d’elle, le monsieur de tout à l’heure :

— Une amie de la mariée ?
— Non, du marié et de ses parents, précisa-t-elle. Je viens de France.
— Ah ! C’est donc vous l’écrivain.
— Je vois qu’ils ont parlé de moi. À qui ai-je l’honneur ?
— Je travaille avec Simon. À vrai dire, je suis son supérieur Victor Palka.
— Bien !
— Simon m’a appris que…
— Que je suis célibataire et heureuse de l’être.

Simon s’approcha d’eux :

— Ton verre est vide Barbara.
— Merci, mais cela me suffit. Je sais : je buvais plus, mais il y a une éternité.

Elle déposa son verre sur un plateau, prit une cigarette et se détourna pour l’allumer.

—