Erhalten Sie Zugang zu diesem und mehr als 300000 Büchern ab EUR 5,99 monatlich.
"Un amour peut en cacher un autre" présente l’histoire d’Idriss, déchiré entre deux passions, l’une qui s’éteint et l’alternative qui semble éternelle. Il se questionne sur sa vie et ses sentiments, mais finit par se laisser emporter par un attachement sincère.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Fort de ses études en art et en littérature,
Arthur Nizot explore la complexité des émotions humaines et leurs conséquences. "Un amour peut en cacher un autre" est le fruit de cette profonde exploration.
Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:
Seitenzahl: 209
Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:
Arthur Nizot
Un amour peut en cacher un autre
Roman
© Lys Bleu Éditions –Arthur Nizot
ISBN : 979-10-422-1964-2
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
C’était le premier jour du reste de ma vie. C’était ce qu’on m’avait dit. Crédule, je n’avais qu’acquiescer lorsque ma mère m’avait murmuré ces mots à la fin d’une conversation. Elle faisait la vaisselle dans la cuisine lorsque je passais pour sortir une dernière fois pour aller au travail. Elle avait rigolé quand j’avais soupiré en lui disant que je l’espérais. Deux tours de clef pour ouvrir la porte, un geste un peu brusque pour qu’elle se claque derrière moi et deux tours de clef pour la refermer. J’entendais encore marmonner ma mère qui devait sûrement se dire que c’était une étape. Quitter son travail, c’était ça la marque sur le calendrier du jour. J’avais pris la décision quelques mois plus tôt. J’arrêtais de travailler et j’essayais de trouver ce que je voulais faire de ma vie en repartant de zéro.
Comme toute bonne décision importante j’en avais parlé à toute ma famille où s’entremêlait les « T’as raison, t’es jeune » et les « Mais tu fais ça pour faire quoi ? ». Justement, c’était ça l’idée : je ne voulais rien faire. Pas d’horizon en vue, juste une mer, vaste et bleue, infinie. Je ressentais dès les premiers avis qu’ils considéraient ce choix comme une mini crise d’adolescence dédiée à fumer et boire sur des plages. Une caricature grosse comme le monde qui devait appartenir à leur époque. Ils voyaient en moi le jeune qui n’a pas encore pu profiter de sa jeunesse pour perdre des années là où eux avaient trouvé un travail et ne l’avaient jamais quitté. Les seconds étaient inquiets. Inquiets sur ce que j’allais devenir et sur ce qui allait m’attendre ou me rester à mon retour dans la « vraie vie ». Parce qu’une escapade c’est bien, mais à quel prix. La vie était un chemin de fer bien tracé qu’il ne fallait pas perdre de vue : avancer tout droit et faire en sorte de bien anticiper les futurs virages pour ne jamais quitter la route des yeux. Parce que quand on quitte la route des yeux, on en sort et quand on en sort, on ne s’en sort plus.
J’avais pris ce package d’avis et je l’avais rangé loin dans un coin de ma tête pour le ressortir quand je n’irai pas bien. Pour me dire que j’ai entendu l’avis de grandes personnes et que je ne suis pas si perdu : il faut juste écouter ce qu’on me dit. Je me dirai que la vie, ils la connaissent et savent de quoi ils parlent. Que peut-être je devrais m’y adapter et que c’était comme ça. Mais je n’en avais pas envie, pas maintenant. Je veux encore un peu batailler avant d’accepter mon sort. Autant essayer de le définir avant de s’apitoyer dessus.
J’avais dit lors d’un dîner avec mon patron que je voulais arrêter les études. Que je voulais essayer de changer de voie pour être sûr de ce que je voulais. Que j’avais des envies d’ailleurs et que je ne voulais plus attendre avant d’avoir des regrets ou de dépérir petit à petit dans une vie qui me rend malheureux. Il n’avait pas trop insisté, comme si mes années d’études et de travail chez lui n’étaient qu’une banalité et que la vie était faite de va-et-vient. C’est comme ça. Il m’avait dit qu’il serait toujours là si j’ai besoin de retrouver du boulot et que je ne devais rien lâcher. Que le temps perdu n’en était pas vraiment et que chaque expérience était bonne à prendre pour avancer. Que j’y verrais plus clair quand j’aurais essayé. Encore des phrases d’adulte bien-pensantes tout ça. Je suis encore un enfant lorsque j’entends des discours comme le sien. À force de l’avoir écouté, j’ai grandi. Je suis un adulte lorsque ce discours, je l’ignore. Alors, est-ce que je me considère comme l’un ou comme l’autre ? Aucune idée et c’est bien mieux comme ça, je garde le choix d’aller vers deux endroits différents. Laissez-moi du côté enfantin que je profite du monde comme il est, pur et sans frontière plutôt qu’avec des enjeux qui me sont étrangers pour le moment. Avec du recul, j’ai mal vécu ce moment. Me faire oublier en quelques secondes tandis que j’avais grandi de plusieurs années dans ma tête. J’étais lâché dans les airs avec un sac sans savoir s’il y avait un parachute dedans et on me disait que j’allais apprendre. Je n’avais pas confiance en moi. Me faire oublier si vite, c’était difficile à accepter et ça ne permet pas d’augmenter cette confiance déjà moindre. J’ai pris ce que j’avais à prendre de ces quelques phrases. Il avait mis la musique à fond dans son énorme 4x4 comme pour dire que cette conversation se suffisait à elle-même. Peut-être que nous n’étions tous les deux pas doués pour les aurevoirs. Les fenêtres ouvertes en grand pour que l’air vienne ajouter un sentiment de liberté et il me disait quelques phrases par ci par là sur les timings dans une vie : que chacun a son heure à un moment, que la sienne était aujourd’hui et que la mienne viendrait un jour, mais qu’il ne faut pas griller les étapes. On s’était serré la main comme si nous venions de conclure une affaire. Cela faisait trois ans que je ne lui avais pas serré la main. À mon arrivée dans l’entreprise et à mon départ : la boucle est bouclée. J’étais sorti de la voiture, le sourire aux lèvres, soulagé de terminer une histoire sur une bonne note pour une fois. Je titubais légèrement, sûrement la fatigue ou bien les deux bouteilles de vin que nous avions bues en mangeant dans un de ces toits-terrasses de Paris. Il avait bien souri quand il était venu me proposer un travail à temps partiel pour gérer une de ses branches dans l’entreprise. J’avais craqué et surtout, j’avais envie d’avoir des revenus réguliers en attendant de savoir ce que je voulais vraiment. Je n’avais plus aucun contrat, j’étais une sorte de consultant, je n’avais pas d’horaires précis, mais il savait que je n’allais pas m’investir toute la semaine pour lui. J’avais depuis peu eu une occasion de récupérer un café et toute sa gestion pendant quelques mois et j’avais accepté. En quittant mon ancien contrat très cadré, j’avais récupéré une autre vie. Maintenant, je veux trouver la mienne. La réflexion commence.
Je réfléchissais depuis quelques mois à l’après. Que vais-je devenir dans ma vie ? Qu’est-ce que j’aimerais accomplir ? Lorsqu’on se pose ce genre de questions, on se met à remonter très loin, au plus près de ce que l’on ressent. Moi, le grand penseur, qui remet toujours tout en doute et en question pour un rien, je devais me mettre à penser. Je devais surtout tirer une réponse de ma pensée. Alors dans ces cas-là, on se frotte à soi-même. On essaye de repartir du départ. Je me suis dressé une liste de ce que j’aimais faire. Depuis tout petit, j’adore écrire. A contrario, je n’ai jamais été friand de lecture. J’ai commencé par me faire lire des centaines d’histoires sur le monde par mes grands-parents. J’ai continué en étant le plus attentif en cours de français. On apprenait comment parler, comment faire avancer les mots, comment les manier. On apprenait qu’en les mettant les uns après les autres on obtenait des sonorités différentes. Des petits bouts de vies qui se mélangent et donnent une histoire complète lorsque le poing s’abat sur cette journée que nous venons de vivre. Nous avons commencé à devoir apprendre des poésies. Elles nous suivent de notre plus jeune âge jusqu’au baccalauréat. Elles nous font bien vivre une bonne dizaine d’années de français. J’ai toujours aimé les vers qui avançaient petit à petit. Avec du sens ou bien sans. Voulant aller vers un horizon déjà connu ou voulant nous troubler. J’ai toujours aimé les livres. J’ai commencé à recopier. À apprendre comment faire. Alors je me suis mis à écrire des poèmes. Au début, ils étaient très enfantins. Plus mon âge reculait, plus ils s’amélioraient. Que ce soit en construction ou bien dans le vocabulaire utilisé. J’ai tout de même toujours conservé un fil conducteur : mon côté fleur bleue. Dans mes poèmes, j’illustrais les romances que j’imaginais dans ma tête chaque nuit. Je faisais vivre mes fantasmes et mes envies d’amour. Je mettais tout l’amour et tous les mots que j’aimerais prononcer envers quelqu’un. J’y ai mis tous mes silences, toute ma patience avant de vivre ce que j’avais en tête. J’ai toujours été un petit garçon amoureux. Mes poèmes ont grandi avec moi. J’ai commencé à assouplir les vers en prose. Les poèmes en prose sont devenus des textes. Les textes sont devenus des chapitres et j’ai commencé à gribouiller un semblant d’histoire. J’ai vécu ma propre vie à travers mes écrits. Ils ont toujours été mon exutoire et mon recul sur la vie et sur moi-même. Je suis même allé jusqu’à éditer deux livres d’essais sur ma propre vie, mes pensées ou même des textes dont j’étais plutôt satisfait. J’ai toujours été seul dans cette aventure même si je partageais quelques fois mes textes pour les faire lire. C’est mon monde à moi. L’endroit où je me sens bien seul. L’endroit où je me regarde droit dans les yeux et où mes pensées et sentiments les plus purs sont exprimés et étudiés de manière brute. Cela m’a toujours aidé à y voir clair. Les paroles s’en vont, les écrits restent. J’ai toujours eu des marque-pages de mon évolution et de ce que je devenais.
Il y a toujours cette envie d’aller vers les gens. J’adore la fête et les endroits de vie. J’adore les cafés et les bars. Non pas les bars-tabacs, mais les endroits chaleureux où l’on retrouve des gens ou bien soi-même au sein de plantes, de bois, de marbre, de fumée de cigarette, de feu de cheminée ou tout autre décor. Un endroit où il fait bon vivre. Avec les autres ou seul. J’ai toujours aimé être au contact de vie. De gens qui vivent, qui parlent, qui rigolent. Vous arrivez dans cet endroit et quelqu’un vous y accueille avec un sourire, vous vous sentez à l’aise. Le temps y passe, mais nous ne le subissons pas. J’aime accueillir des gens, j’aime organiser des choses avec plein de monde. J’adore faire découvrir. J’aime faire vivre. J’ai toujours eu dans ma tête l’envie d’ouvrir un salon pour qui veut. J’aime aussi la bière et j’ai toujours eu la passion de goûter des bières de toute sorte et de chaque endroit où je vais. Sans vouloir le recopier, j’ai entamé une collection de bouteilles de bière comme Jacques Chirac. Même si je ne peux rivaliser sur l’espace entre le Palais de l’Élysée et ma chambre dans l’appartement de ma mère en banlieue sud de Paris. Je crée ma collection petit à petit. J’ai toute une vie devant moi pour en être au stade de notre ancien président. J’ai commencé à me renseigner. J’ai appelé des gérants de caves à bières, j’ai rencontré des gérants de bars. J’ai contacté des locaux disponibles pour voir comment cela s’implantait. Je me heurte à une réalité certaine dans tous les discours : l’expérience dans le domaine. Chaque personne que j’ai rencontrée venait de la restauration. La plupart ont dix années de travail en salle ou en gestion de restaurants ou d’hôtels. Je pense que je snobe beaucoup le métier. Dans ma tête, l’amour du produit que tu vends et la pratique viennent en faisant. J’ai toujours pensé que j’arriverais et que je m’améliorerais sur le tas. Évidemment, ma réflexion n’est pas la bonne. Le regard est toujours meilleur lorsqu’on sait quoi analyser et comment prendre les problèmes qui nous arrivent. Ce projet m’a toujours donné très envie et je sais que je m’y frotterai un jour. Je me vois bien animant cet endroit de vie où j’accueillerai tout type de personne. Les travailleurs du matin, les étudiants venant se libérer du poids d’une journée chargée, les réunions de bureaux ou les travaux de groupes. Les gens voulant se ressourcer ou ceux voulant étudier pour les partiels de fin d’années. La famille venant boire un verre sur la balade du dimanche. Les amis venant remettre à niveau leur connaissance de la vie de l’autre. Les derniers potins à se raconter entre amis, les derniers amours tombés en ruines et les amours naissant d’un regard, d’un message ou d’un sourire. J’ai envie d’être au milieu de ce brouhaha de paroles en l’air, de paroles qui ne resteront pas. J’en ai plus qu’envie, j’en ai besoin. J’ai besoin de gens autour de moi. Je ne sais pas qui : je suis tout seul. Il me semble que mon envie n’est pas d’utiliser une franchise ou un modèle déjà prémâché, mais de sortir de terre un nouveau projet, quelque chose de neuf. Quelque chose qui me ressemble et qui ressemble à ce que j’ai en tête. J’y vois tous mes amis, j’y vois toute ma famille, j’y vois ma future femme.
Il y a quelques mois, nous étions sur les bords de seine. Sur les quais de Saint-Michel exactement. En plein Paris, le soleil avait décidé de nous accompagner jusqu’à l’heure de se coucher. J’avais acheté une bouteille de vin blanc et deux bières, des tomates cerises cœur de pigeon. J’avais trouvé aussi des sortes de chips au paprika faites en maïs. Un nouveau genre comme on en fait beaucoup aujourd’hui. C’est un nouveau style de ne plus manger de viandes. Non pas plus mal, il y a des enjeux environnementaux qui deviennent plus importants que nos volontés. Nous avons un compte à rebours au-dessus de nos têtes et cela passe par la nourriture en premier lieu. Là où il y a plus de variétés de régimes que de variétés de pommes, chaque chose que nous changeons dans notre alimentation nous fait changer de personne. Dans un respect de cette nouvelle alimentation, j’avais pris le soin de prendre des bières bio, en va de même pour le vin et les tomates bio, mais entourées de plastique (apparemment recyclé). J’étais passé au monop’ à la sortie de la gare de RER et j’avais pris la direction des quais. Elle m’y attendait. Quelques marches à descendre et j’aperçois sa silhouette. Les cheveux dans le vent, les lunettes de soleil pour tenir cette chevelure brune. Je vois en premier sa main tenant une cigarette à moitié consumée. Elle lève sa main pour prendre une bouffée, je remonte et vois ses yeux dirigés sur la péniche qui passe devant elle. Ses jambes sont croisées, son jean noir lui va à merveille, il remonte jusqu’au moment où il laisse s’échapper un débardeur noir. Il y a des voiles noirs sur les côtés, laissant apparaître le tatouage qu’elle a sur le côté de la poitrine. Assez pour deviner sa forme, trop peu pour le découvrir entièrement. Un secret bien gardé. Le soleil vient lui donner un teint de peau si beau. Elle est toute blanche en hiver, mais bronze si vite en été. Elle était revenue de déplacement professionnel en Espagne et j’ai vite vu, sans même lui avoir dit bonjour qu’elle avait pris le soin de se familiariser avec les bars et restaurants de la ville. Son bronzage était trop fort pour qu’elle l’ait perfectionné sur le chemin entre les musées, les expositions de la ville et l’hôtel. Je tombais amoureux à chaque fois que je la regardais. Je m’approchais d’elle en sortant de ma pochette d’ordinateur, un papier et un stylo. J’arrivais derrière elle en lui tapotant l’épaule.
Elle se retourne après avoir sursauté. Je vois la peur dans le geste de recul qu’elle a. Elle voit finalement que c’est moi, et se met à rigoler.
Elle écarquille les yeux et affiche un énorme sourire en attendant que je réponde. Elle attendait que je dise un prénom qu’elle allait pouvoir incendier.
Elle me jette mon bout de papier dessus en faisant mine de se retourner et de bouder. Je m’empresse de lui sauter dessus en lui faisant un énorme câlin et un bisou sur la joue.
Je sors du sac une bouteille de Petit Chablis, son vin blanc préféré. Je lui tends l’étiquette.
Je sors les tomates cerises et les chips au paprika. Je sais qu’elles les adorent.
Ça m’était totalement sorti de la tête. Nous en avions parlé il y a des années et on avait continué la fin de nos études, puis avions commencé à travailler dans la foulée. Je pensais que cette idée était remise à plus tard. Moi, dans ma vie, mes créneaux prévus de voyage étaient bien plus tard et ce n’était même pas dans mon esprit. J’avais jamais trop envisagé de faire le tour de monde. Je voulais voyager partout, mais pas d’un coup. Je voulais avancer dans mon milieu professionnel. C’était une autre option. Est-ce que tout mettre en pause pour s’accorder du temps ailleurs, se nourrir de ce que le monde peut nous offrir, est-ce que ça ne pourrait pas être ça la solution ? Je n’ai aucune obligation sur mon travail, mais je sais que mes créneaux arrivent. Je le sens.
Interlude
Jeune vague
Jeune vague se lance
Elle court, son départ est pris
Aspiration sur aspiration elle dépasse
Jeune vague veut devenir Tsunami
Jeune vague se rate et d’un coup glisse
Jeune vague n’avait pas vu les rochers
Jeune vague trépasse
Ma bouche est sèche. Je la ferme doucement sans ouvrir les yeux. Je sens ma gorge qui avait eu le temps de s’assécher dans son intégralité. Cette sensation désagréable qui fait disparaître la sensation d’une langue dans sa bouche. J’étais sur le dos comme une tortue qui se retrouvait échouée sur une plage. Le soleil venant chatouiller le dessous de son corps. Les lumières m’éblouissent, je mets quelques instants avant de réaliser ou je suis. À côté de moi la table en verre du salon d’Axel. Son canapé s’est avachi sous mon poids. Je vois mes clefs, mes écouteurs et mon téléphone sur la table, rien d’inquiétant n’a pu m’arriver. Pour le moment, tenter de se retourner est très ambitieux. Je récupère mon corps en essayant de bouger chaque membre un à un. Mes jambes sont lourdes, je n’ai pas de mal à les retrouver, à les sentir. Je balance mes mains jusqu’à mon visage. Je ne les sens plus. Mes mains ferment mes yeux et j’inspire un grand coup.
Je me hisse d’un coup debout. Tout se met à tourner, je me rassois sans trop le vouloir. Je repasse mes mains sur mon visage pour prendre le temps de laisser le monde finir de tourner autour de moi. Je ferme les yeux le temps de respirer. Des nausées arrivent dans la foulée. Je sens le goût de la bière remonter jusqu’à ma bouche et je fais une grimace de dégoût. En quelques secondes, je ressens tout l’alcool que j’ai pu boire hier dans toute sa diversité. Le mélange n’est pas plaisant à revivre. Je me force à me concentrer sur autre chose. Idriss ne vomit pas. Idriss ne vomit pas. Cette fâcheuse manie à me rendre plus mal que je ne le suis vraiment lorsque je perds le contrôle ne m’aide pas dans ces moments-là. On y ajoute le fait que je sois émétophobe sur les bords et on arrive face à un lendemain de soirée très difficile à vivre. Mes battements de cœur baissent et reviennent à la normale. J’entends du bruit en haut. J’arrive à distinguer deux pas assez légers marcher en haut de la maison. Une porte se claque, une douche s’allume.