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Élise, jeune femme jusqu’alors passive et candide, voit sa vie basculer à la suite d’un événement imprévu. D’une posture dominée, elle s’affirme en une figure dominante ; de réservée, elle se mue en stratège déterminée, élaborant un plan implacable pour déjouer les manipulateurs. Bien qu’excentrique, elle reste profondément attachée à la justice. Élise vit une expérience qui bouleverse son existence grâce à une proposition de son amie Margot. Elle développe alors discrètement une expertise redoutable, aidant les victimes à retrouver leur confiance perdue. Élise s’impose un engagement quotidien : mettre son pouvoir d’agir au service des autres. Mais cette transformation sera-t-elle suffisante pour qu’elle atteigne enfin la sérénité tant espérée ?
À PROPOS DE L'AUTEUR
Michel Decodin est un travailleur social qui a consacré toute sa carrière à aider les personnes en difficulté. Son expérience lui a permis de découvrir les compétences souvent enfouies de ceux qui pensent ne plus en avoir. Il s’engage à travers cet ouvrage à redonner du pouvoir d’agir à ses interlocuteurs, les encourageant ainsi à devenir les auteurs de leur propre vie.
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Seitenzahl: 180
Michel Decodin
Une fois par jour
Roman
© Lys Bleu Éditions – Michel Decodin
ISBN : 979-10-422-4738-6
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122- 5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122- 4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335- 2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
À Pascale, Étienne, Caroline,
Et tous ceux que j’ai rencontrés et qui aujourd’hui me permettent de le faire « Une fois par jour ».
Rien n’est figé, tout est mouvement dans un sens comme dans l’autre… Choisit l’autre, car ce n’est jamais la même eau qui coule dans la même rivière !
Michel Decodin
À toi lectrice et lecteur…
À charge pour toi de le faire Une fois par jour pour changer de trajectoire !
Michel Decodin
À la naissance d’un nouveau-né, il arrive quelquefois que les parents craignent une rivalité ou une jalousie dans la fratrie. Les miens n’ont jamais aimé les conflits, ils les ont toujours évités. C’est pourquoi ils décidèrent de ne pas avoir d’autre enfant. Enfant unique, j’ai grandi sans confident, ni frère, ni sœur, juste des parents aimants, travailleurs et sans relief social, mais heureux et tout comme moi pour le sans relief.
Élise est de celles dont on apprécie la compagnie, bonne publique, aux répliques parfois salaces, elle n’en demeure pas moins prude, presque inaccessible, ce qui fait d’elle une jeune femme respectée par ses amis. Il n’est pas rare que des inconnus lorgnent sur ses formes qui attirent des convoitises, mais elle ne se rend jamais compte des tentatives de séduction qui faute de réponse ou de réactivité s’évaporent et conditionnent son célibat.
Mes parents ne voulaient que mon bien, alors je reste fidèle à ce qu’ils m’ont transmis, pas d’artifice, discrète et néanmoins curieuse. J’ai toujours été désignée comme une enfant sage c’est pourquoi je le reste. J’aime la fantaisie des autres, mais je n’ose ne serait-ce que m’initier à la plaisanterie. Rire est ce qui m’enchante le plus. Je ris d’un rien et un rien me fait rire. Je consomme l’humour à tout va sans être capable d’en faire.
Ne dit-on pas que celui qui sait faire rire se rend maître du cœur d’autrui ? La plupart de mes flirts ont connu leur début par cette capacité à me rendre naïvement complice de petits malins qui s’apercevaient de ce point faible, sauf ceux qui rient jaune d’avoir trop fumé, ceux-là je les évite, car trop sûrs d’eux et de leurs blagues apprises par cœur pour impressionner n’importe quel quidam.
Élise est naturelle, simple, naïve de tout. Ses parents, sa famille et ses amis la qualifient d’assertive. Franche et sans vocabulaire agressif, elle n’éprouve nullement le besoin de se justifier. Elle culpabilise de ce qu’elle ne parvient pas à surmonter. Sans carapace, elle dégage une sensibilité qui peut la desservir et la rendre fragile, donc vulnérable, donc attaquable.
Elle n’ignore pas la cruauté du monde dans lequel elle vit, mais comme elle n’était pas née quand les premières injustices ont vu le jour, elle ne se sent ni coupable ni concernée. Elle informe ou plutôt reste informée de fait, car aujourd’hui tout est information, manipulation et sujet à discussion. Elle n’écoute pas, elle entend. Elle ne regarde pas, elle voit.
Élise s’étonne que les échanges portent souvent lors de sorties amicales ou familiales, sur des sujets dont on ne maîtrise pas les tenants et aboutissants. Comme si parler des autres ou de ce qui se passe à 10 000 kilomètres de chez soi permet d’éviter d’évoquer nos véritables préoccupations ou aversions sans être jugés. Le plus difficile est de pouvoir rester soi-même, sans influence ni soumission. Elle trouve dommage que les gens parlent peu d’eux-mêmes au point de se résigner. Le problème est que ce manque de naturel contamine, cela provoque parfois l’ennui et une solitude qui lui laisse à penser que l’on est souvent seul ensemble.
Élise ne cherche pas à ressembler à qui ou à quoi que ce soit. Elle est comme qui dirait transparente. Ce n’est pas qu’elle recherche l’invisibilité, mais elle aime bien sa tranquillité quoique parfois bousculée par une douce franchise qui laisse peu de place au mensonge. C’est bien pour cela qu’elle est sollicitée par ses amis. Bien qu’elle ne sache pas cuisiner, elle met souvent les pieds dans le plat. Dans le doute, ils savent à quoi s’en tenir dès qu’ils lui demandent un avis sur leur choix de vie ou leurs états d’âme.
Cette capacité à dire lui vaut autant de remerciements que de remarques désagréables de ceux qui cherchent une approbation alors qu’ils sont en plein doute de tout et surtout, sur tout.
Encore un héritage familial qui lui vaut bien des déboires. Elle aimerait savoir mentir sans médire, ne serait-ce que pour se rendre intéressante et attirer le regard de celui ou celle avec qui elle aimerait partager davantage d’intimité.
Élise est une femme qui observe, scrute et traduit les avancées et les mutations de notre raison d’être. De qui sommes-nous dépendants ? De notre volonté, certainement pas, de notre genèse, des autres, de ce qui nous entoure et fait écho, certainement.
Elle semble convaincue que la singularité résulte de luttes permanentes contre ce qui nous influence.
Son ennemi… l’invisibilité de ce qui influence ses états d’âme, sa façon d’être ou d’agir.
Son allié… sa discrétion de par sa capacité à déclencher ce qui chez elle est indiscernable, secret et mystérieux. Sa crainte est bien celle d’être téléguidée, telles les thèses du docteur Freud par un inconscient déclencheur de l’émergence de pulsions incontrôlables.
Elle apprécie les surprises, sauf celles qui malmènent.
C’est une dame parmi d’autres, normale où les seuls reliefs apparents sont ceux d’une poitrine généreuse, sans excès juste élancée au point de pouvoir déclencher un torticolis chez ceux qui, d’un regard soi-disant furtif ne parviennent pas à en détacher leurs yeux inquisiteurs.
Sa devise est celle d’Alphonse Allais : quand il suffit d’un rien on n’a pas besoin de grand-chose… poète humoriste qui avait décrié avec succès que la rime d’un vers se devait de commencer par le début de la phrase. C’est ainsi qu’il créa douze vers à pied sans boire une goutte d’alcool ne restant ivre que de son écriture.
C’est une jeune femme qui est et sera sans aucun doute bercée toute sa vie par des promesses non tenues. L’égalité des chances hommes femmes, celle des rémunérations, celle des droits à la retraite qui vous embrouillent sur les trimestres validés ou cotisés.
Ces inégalités mercantiles qui lui font se poser des questions existentielles comme le prix de sa coupe de cheveux trois plus cher que celle d’un homme pour une prestation identique. Même shampoing, mêmes ciseaux, même professionnel, mais pas le même prix. Que penser des parfums et autres produits cosmétiques. Les crèmes de jour, de nuit qui vous leurrent sur le ralentissement des stigmates du temps. Là encore inégalité sur les rides. Elles sont à cacher pour les femmes, mais valorisées chez les hommes qui ne se privent pas de poursuivre leur vie amoureuse auprès de petites jeunettes tels des prédateurs pédophiles protégés par la juste majorité de celles qui pourraient être leur fille.
C’est connu et reconnu, les femmes sont un vecteur économique indéniable. Ce n’est pas qu’elles gagnent davantage bien au contraire, mais c’est que leurs besoins sont exponentiels pour plaire aux mâles dominants.
On se fait faire les ongles, les cils, de fait on dépense pour refléter une féminité imposée et nécessaire à la reconnaissance dans une société qui condamne l’excès de pilosité féminine et valorise celle des hommes désignés comme tout puissant parce que poilus. Heureusement que la féminité des hommes se répand chez les vendeurs d’espoir pour les bonnes poires que nous sommes. Bien que célibataire, je fais croire à la caissière que je suis en couple en accaparant des produits esthétiques, crèmes et rasoirs, aussi efficaces et moins coûteux provenant des rayons homo sapiens. Même l’appellation Droits de l’Homme est affligeante puisqu’elle englobe les femmes sans les nommer et qui pourtant sont, malgré elles, les premières responsables de leur venue sur terre ; et tout cela à cause d’une pomme mangée en catimini par Ève qui aurait mieux fait de lui claquer sa pomme d’Adam au lieu de la bouffer. La pomme.
Élise est aussi confrontée aux promesses de rendez-vous charnelles non suivis d’effets et qui la laissent perplexe sur ce qu’elle induit dans ses intentions. Serait-ce une jeune personne qui fait peur ? Séduisante, au charme discret, mais irrésistible. Un ton de voix assuré et mis en valeur par un regard bleuté légèrement bridé. Des échanges qui vous laissent à croire que vous êtes important et trop tardivement rencontré. Honnête, elle n’en reste pas moins naïve. Son engagement relationnel est sans faille, sa fidélité reconnue. Sa fragilité n’apparaît pas au premier abord ; c’est ce qui effraie au point de détourner des amants qu’elle aurait parfois aimé fidéliser. Non-stratège, elle est trop parfaite pour paraître honnête et qui malgré elle sème le doute et atomise toute velléité sensuelle.
Élise est perçue comme une personne aimable. Il faut dire qu’elle fait sienne cette devise qui est de rendre service au moins une fois par jour sans pour autant le faire savoir, et ce en toute discrétion. Ce qui n’est pas donné est perdu est une de ses devises. Elle prend plaisir à recevoir ne serait-ce qu’un regard de gratitude, voire un sourire, ou un simple merci.
Parfois, sa quiétude laisse passer des questions d’ordre philosophique et de fait sans réponses. Elle qualifie l’une d’elles de coriace : pourquoi vivons-nous dans une société qui entretient le doute sur tout ?
Il suffit de se rendre dans certaines librairies, de regarder les étals de livres, les coups de cœur pour se rendre compte des tendances. Depuis nombre d’années, les ouvrages écrits pour vous permettre de retrouver confiance en soi pullulent. Le problème est que plus vous en lisez plus vous perdez pied. Elle est de celles qui pour se rassurer en achètent au moins un par semaine. Elle doute de ses doutes et ne parvient pas à trouver la sortie du rond-point indiquant la direction de la confiance, du bonheur, du tout va bien, rechercher à tout va.
Son trublion et néanmoins amie Margot a eu la bonne idée de l’entraîner dans un de ces séminaires censés vous laver de toutes vos hésitations. C’est en lui présentant la brochure digne d’un catalogue de vacances « All inclusive » qu’elle est parvenue à la convaincre. Le titre de ce séminaire au sein d’une station balnéaire renommée et non moins coûteuse était « L’Origine de votre prénom ».
Déjà là elle était dans le doute sur la question. Il ne s’agissait pas de se confronter aux informations du Net pas si nettes que ça, mais de savoir par qui et pour quelle raison elle se prénommait Élise.
Elle se questionne encore aujourd’hui sur cette subordination puisqu’avant de pouvoir dire quoique ce soit, elle allait devoir tel un fardeau supporter d’être nommée et appelée, affublée d’un mot qui va la désigner durant toute son existence.
Savoir qui a choisi de la nommer est une véritable chasse au trésor. L’art de se poser des questions pas si inutiles que cela.
Cette quête d’origine lui apparut tout d’abord loufoque, fantasque, sans intérêt, mais comme elle n’avait rien d’autre à faire que d’y penser. Elle s’est prise au jeu des devinettes et ainsi panser sa nonchalance.
L’idée de ce colloque de plusieurs jours était de réfléchir à sa genèse aidée de suppositions avec pour seul appui ses ressentis, ses impressions et bien évidemment ses nombreuses incertitudes.
Elle a buté, hésité, douté, pour au final se souvenir que le choix de son prénom aura été celui de son oncle qui lors d’une communication téléphonique avec sa mère a dit pourquoi pas le titre d’une des œuvres de Van Beethoven connue quarante années après sa mort : « Lettre à Élise » ?
Déjà, je comprenais que mon histoire commençait bizarrement puisque mon prénom était basé bien que n’étant pas sourde, sur un malentendu. La traduction allemande aurait été mal faite. Il s’agissait en fait de Thérèse l’amour de Beethoven et non d’Élise.
L’animateur de notre séminaire plutôt sûr de lui avait le don de transformer les stagiaires en explorateur.
Poser vous les bonnes questions, utiliser le comment plutôt que le pourquoi et chercher ce que vous pensez ne pas pouvoir trouver, etc., etc.
Bien que physiquement potable, je ne m’imaginais pas avec cet homme qui aurait mis des heures en passant par des chemins de traverse à trouver mes zones de certitudes de plaisir. Parce que j’hésite, j’aime à fréquenter des personnes décisionnaires. Elles sont en général téméraires, audacieuses, rassurantes et courageuses, bref loin de ce que je suis en réalité. Il avait cligné des yeux en entendant mon prénom. Il ne semblait pas correspondre à ce que je dévoilais de ma personnalité.
En fait, j’étais tout le contraire de son origine, loin du caractère et spécificité de mon prénom. L’origine du prénom de mon amie Margot, que notre gourou croyait être ma compagne, correspondait davantage à ce qu’elle était.
Il faut que je vous parle de mon amie Margot. Nous faisons chacune preuve de sororité pour l’une comme pour l’autre. Margot préfère de loin l’adelphité qu’elle trouve plus humaniste, plus globale dans les relations humaines.
Margot est fidèle en amitié, sensuelle, affective, volontaire, empathique, elle aime à dire que « qui n’a pas de Margot dans son entourage a raté sa vie ».
Elle tente le tout pour le tout et se plaît à dire que le risque est celui de ne pas en prendre. C’est cela qui fait que nos différences ne nous divisent pas, mais multiplient les occasions pour se rencontrer, nous rassemblent pour rire, s’amuser, danser et surtout discuter de tout et de rien, sans oublier les commérages, notre activité préférée. Nous sommes de vraies mégères. Non pas ces lépidoptères fragiles dont l’artifice des couleurs ne sert qu’à se protéger des prédateurs, mais bien deux femmes moqueuses de la lignée d’Érinyes, divinité persécutrice.
Erreur de casting quand j’ai découvert les qualificatifs de mon prénom Élise. Paraît qu’il signifie : Dieu est serment ou encore Dieu est plénitude.
Je devrais être une extravertie alors que je me referme comme une huître à la moindre approche. Je devrais sans effort me faire remarquer grâce à mon aisance sociale.
Ben voyons, moi qui suis casanière, souvent seule même entourée. Pour me faire remarquer, je me fais démarquer du fait de ma discrétion légendaire.
Paraît qu’en général l’aplomb des personnes portant ce prénom fascine, que les « Élise » osent tout.
Deuxième erreur de casting que je dis ! Quand je pense qu’il me faut des heures, voire des jours pour pouvoir décider de mon temps et lieu de vacances. Je suis de celles qui procrastinent et qui culpabilisent de ne pas avoir su choisir ou décider.
Je serais soi-disant indépendante et active. Que nenni, il m’a fallu plus de trois années pour quitter le giron familial alors que mes revenus me permettaient largement de quoi louer ou acheter un duplex avec terrasse.
J’aurais soif de découvertes ? Soif certainement et découvertes de temps à autre après avoir bu plus que de raison par des mains habiles et combien vicieuses.
Les Élise fuiraient la routine. Pour moi déborder de la ligne blanche et de mes nombreux repères c’est digne d’un safari que j’aimerais réaliser, mais le simple fait de devoir vivre une aventure sur internet pour une demande de passeport m’épuise et me donne des bouffées de chaleur.
Paraît que je m’épanouis dans l’exercice de mon métier ? Mais franchement qui peut s’épanouir et ne pas s’évanouir en tant que secrétaire médicale à la lecture de comptes rendus aussi gores qu’un film d’horreur sur les dentistes.
L’apothéose fut de découvrir que pour créer une descendance, il me faudrait rencontrer un compagnon, un chéri, un amant, un poisson combattant, aussi féroce que sa beauté fatale pour qu’il puisse rivaliser avec mon soi-disant tempérament de Betta splenders animal ardent et combatif.
Rien de tout ce qui est dit, écrit sur l’origine de mon prénom ne correspond à ce que je suis, cherchez l’erreur. Notre gourou semble avoir saisi l’embrouille sans pour autant comprendre ce qui ne corrobore pas entre ce que je présente spontanément et ma véritable personnalité.
J’allais dans ce séminaire de surprise en surprise. Deux raisons m’ont motivée pour que je m’astreigne à poursuivre la quête du Graal dans ce forum sur l’estime de soi et lever les hésitations pour la non décisionnaire que je suis. La première c’est le All-Inclusive de tout ce que vous désirez sur le moment. Boire, manger, se rafraîchir au bar, déguster les plats de crudités que vous adorez pendant deux jours et détester les cinq restants puisqu’ils reviennent aussi vite qu’un Boomerang australien en faisant vous rendre aux toilettes tel un kangourou pressé de se soulager.
La deuxième raison est la première explication du Gourou sur les croyances qui n’en sont pas, les habitudes qu’il faut perdre, les mythes qu’il faut rejeter, les évidences qu’il faut inverser afin de peaufiner sa lucidité et sa capacité à tordre le cou aux idées reçues. Il s’est appuyé sur un exemple ô combien imparable et incontestable.
Celui concernant l’éducation reçue de nos parents, des adultes en général, des institutions qui tuent toute spontanéité.
Il nous a surpris en nous demandant de réfléchir à la raison pour laquelle on nous oblige à nous laver les mains après nous être rendus aux toilettes et non l’inverse. J’en reste stupéfaite, étonnamment stupéfaite et comme qui dirait Conan Doyle apocryphe malgré lui de l’expression : « élémentaire mon cher Watson » dans les épisodes de Sherlock Holmes, j’en reste bouche bée. Comment peut-on inculquer des sottises aussi grotesques et faire fi de sa propre hygiène ? C’est désormais une certitude avant de me soulager et d’approcher mon intimité, je m’imposerai un lavage des mains souillées de microbes et autres saletés ramassées le plus souvent sur les poignées de portes du bureau ou celles des caddies de supermarché bien malgré moi.
Et puis m’interroger sur l’origine de mon prénom, qui ne correspond en aucune façon à ce que je suis, m’intrigue au point que je décidais de rester.
D’après Mister Colombo alias notre Gourou l’une des causes les plus courantes de notre oxymore de la personnalité a pris naissance à l’écoute des contes entendus malgré nous étant enfant donc vulnérable.
Ainsi je comprends peu à peu pourquoi ma mémoire me fait défaut. J’ai oublié avoir entendu l’histoire traumatisante d’Hansel et Gretel racontée par mes parents à tour de rôle.
Une sorcière cannibale qui attire ses proies avec des bonbons tels les pédophiles en soutane ou pas de notre époque. L’amnésie dont se targuent les psychiatres provoquées par l’histoire du petit poucet ou tout le monde se rappelle des cailloux semés pour retrouver son chemin accompagné de ses frères et sœurs qui ont failli être « bouffés » tout cru par l’ogre aidé de sa complice de femme.
Que dire des frères Grimm dans l’histoire du chaperon rouge sauvé par un chasseur en ouvrant le ventre du méchant loup qui n’avait qu’un besoin légitime, celui de manger afin de ne pas mourir de faim et qui depuis traîne une réputation d’espèce qu’il faut éliminer.
L’animateur en avait dans sa besace de gourou. Il nous a relaté jusqu’où nous pourrions aller pour se venger d’une injustice tel le joueur de flûte qui par une mélodie enchanteresse finit par enfermer à vie dans une grotte les 130 enfants d’un village de montagne. C’est une des premières injustices à laquelle je suis confrontée. Ce berger parvient à débarrasser les villageois d’une invasion de rats et se voit malgré cette bonne action contraint de fuir.
J’ai énormément pleuré quand on m’a raconté une seule fois du fait de mon état de tristesse l’histoire de « la petite fille aux allumettes » qui retrouve sa grand-mère au paradis après avoir enduré le froid et le regard indifférent des passants.
Et celle de peau d’Âne qui de justesse parvient à fuir les intentions pédophiles de son père. Et toutes ces histoires oubliées, mais qui font partie de mon patrimoine génétique et qui ont d’après Mister gourou forgé ma personnalité en contradiction avec les caractéristiques de mon prénom.
Me voilà bien avancée d’avoir pour partie élucidée les origines de mes replis sur soi, de mon incapacité à prendre une décision et de mon sacerdoce à devoir toujours être polie, gentille et serviable, ce qui jusqu’à présent ne me dérangeait pourtant pas. C’est toujours la même chose, on vous décrit, on vous trouve des imperfections, on vous expose les défauts qui pourtant font votre charme et on vous plante sans vous soutenir dans le comment changer pour vous améliorer.
Notre gourou a terminé son stage par, dit-il, une évidence. Il faut arrêter de penser à panser nos atermoiements et autres tergiversations, nos troubles de névrosés, On ne peut penser que pour et par soi-même.
Le meilleur projet est celui de ne pas en avoir ni pour soi et surtout pas pour les autres, afin de se laisser guider par notre instinct lui-même guidé par la capacité à croire en une chose que la raison ne peut expliquer.
Bref un retour au primitif, aux besoins primaires tel un animal qui ne survit que grâce à la résolution de problèmes dont la solution et la réponse se trouvent dans la question posée et l’expérience accumulée.