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La quiétude et la gaieté d’un retour de vacances sont soudainement bouleversées par une nouvelle aussi surprenante qu’inopinée. Les événements exceptionnels vécus par les personnages questionnent l’impact des rencontres fortuites sur l’avenir. Une histoire inachevée vient explorer la contingence et montrer comment l’imprévisible peut transformer un épisode de la vie de manière inattendue.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Anas Boutchich, fruit de nombreuses expériences professionnelles et sociales, a été accompagné par la littérature tout au long de son parcours académique. Il signe ici une œuvre littéraire inspirée des spécificités surprenantes de la vie et des relations humaines.
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Seitenzahl: 45
Anas Boutchich
Une histoire inachevée
Nouvelles
© Lys Bleu Éditions – Anas Boutchich
ISBN : 979-10-422-4062-2
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Je disais que le monde est absurde et j’allais trop vite. Ce monde en lui-même n’est pas raisonnable, c’est tout ce qu’on peut en dire. Mais ce qui est absurde, c’est la confrontation de cet irrationnel et de ce désir éperdu de clarté dont l’appel résonne au plus profond de l’homme. L’absurde dépend autant de l’homme que du monde. Il est pour le moment leur seul lien. Il les scelle l’un à l’autre comme la haine seule peut river les êtres.
Albert Camus, Le Mythe de Sisyphe
Quand un homme ne peut croire ce qu’il trouve absurde, ce n’est pas sa faute, c’est celle de sa raison.
Jean-Jacques Rousseau,
Lettre à M. d’Alembert sur les spectacles
De l’absurde, on ne connaît que des évènements.
Il est frappant à quel point l’absurde s’immisce dans la vie, sans bruit ni écho, manie certaines choses sans que l’on ne s’en rende compte. On ne s’aperçoit que rarement de sa présence et souvent, on s’en aperçoit tard, et parfois, trop tard.
Certains le résumeraient dans des phrases comme « c’est la vie », « c’est ainsi » ou encore « c’est le destin ».
Pour ma part, je n’ai jamais été rassasié par ces phrases. Je n’ai jamais eu la modeste volonté de me contenter de dire une phrase et puis tourner le dos. L’absurde me fascine autant qu’il me dérange. Son ombre hante les pics de certains épisodes de ma vie. Parfois, j’ai l’impression de le frôler, mais souvent, il m’échappe.
De l’absurde, je ne garde que quelques souvenirs. De l’absurde, je ne connais que l’amertume de ce qu’il produit.
L’histoire suivante est un pur produit d’un absurde que je n’ai pas vu venir et qui est parti avant que je ne m’aperçoive de sa présence.
L’absurde nous échappe. On ne peut jamais le contrôler. Il est là et il le sera toujours, mais on ne pourra jamais l’apprivoiser.
Comprendre est incompatible avec l’absurde. C’est pour cela qu’il ne faut jamais essayer.
C’était vers treize heures
Une valise ouverte, des affaires sorties et éparpillées partout, d’autres reposaient encore dans la valise. Les volets étaient toujours fermés. Une poussière rentrée de je ne sais où couvrait les meubles. L’appartement ressemblait à une demeure post apocalypse. Il était comme un chantier que seul le courage pouvait remettre en ordre.
C’était l’un de ces premiers jours d’août où la chaleur par ennui cède quelque temps aux orages. Il pleuvait à l’extérieur et cela annihilait les résidus des sensations d’exaltation qui persistait encore après un séjour en Andalousie duquel il rentra la veille. Comme aurait dit Kundera, il n’est rien de plus beau que l’instant qui précède le voyage, l’instant où l’horizon de demain vient nous rendre visite et nous dire ses promesses, car le lendemain d’un voyage est un cauchemar.
L’appartement était devenu un univers à part, quelque chose qu’il devait appréhender de nouveau. Il songea d’abord à rétablir l’ordre dans ce monde devenu sauvage. Puis, démotivé par la grisaille, il s’immobilisa sur le canapé.
Ce jour-là allait être une sorte de membrane qui sépare deux espace-temps différents. Ce jour-là allait être d’une pesanteur abyssale.
Depuis le canapé, son regard fut vague comme ces regards qui disent que les perspectives se sont épuisées. Le soleil de l’Andalousie et la chaleur de ses humains lui apparurent si lointains. La beauté de la fille de Séville qu’il avait rencontré durant le séjour ne pouvait dessiner qu’un léger sourire sur son visage en guise de souvenir que la mémoire cédera le jour venu. Désormais, il avait la grisaille devant ses yeux et les gouttes de cette pluie qui voulaient diluer le minuscule enthousiasme qu’il avait ramené.
Des murs et des meubles. Certaines choses que l’on voit clairement et tant d’autres que l’œil néglige. De la matière et de l’énergie. Des êtres sans âme. Des créations condamnées à exister sans savoir ce qu’est la vie. Il balayait par son regard ce tas de choses quand son téléphone signala deux notifications. Il ne s’empressa pas de voir de quoi il s’agissait, car tout avait peu d’importance en ce jour d’acclimatation.
Initier les travaux ou rester allongé fut un dilemme qui a duré quelque temps. L’absence de perspective est un poison qui tue, mais subrepticement. Et le pire, c’est ça.
Il fallut un tonnerre pour qu’il se lève. C’était de ces tonnerres qui rappellent les choses que l’on n’espère jamais voir. Et comme l’humain obéit toujours à la faiblesse de son instinct, il se leva pour commencer enfin la journée.