Une nouvelle vie - Oriane Chobriat - E-Book

Une nouvelle vie E-Book

Oriane Chobriat

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Beschreibung

Être une jeune femme, ce n’est pas toujours simple. Il faut parfois se perdre avant de se trouver. Cet ouvrage explore les péripéties de la vie d’une jeune new-yorkaise qui peine à trouver un sens à son existence. Elle sera confrontée à diverses expériences qui viendront bouleverser son univers. Vivez avec elle cette magnifique aventure !




À PROPOS DE L'AUTRICE

Oriane Chobriat se plaît à découvrir de nouvelles histoires dans des récits qu’elle dévore régulièrement. À présent, elle laisse son imagination s’exprimer en livrant ce roman qui, selon elle, est porteur d’une morale à laquelle tout le monde pourra s’identifier.

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Oriane Chobriat

Une nouvelle vie

Roman

© Lys Bleu Éditions – Oriane Chobriat

ISBN : 979-10-422-2082-2

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122 - 5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122 - 4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335 - 2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Chapitre 1

Je croise son regard, un simple regard et toute votre vie peut basculer du jour au lendemain. Il est grand, cheveux bruns, yeux marron, tout ce que j’aime. Il me semble qu’il a un tatouage sur son épaule si musclé, une sorte d’aigle, je n’en suis pas certaine, ce regard a duré environ 30 secondes, c’est si peu dans une vie, quand on y pense. Je me souviens de son sourire, ses dents blanches, avec un sourire si désirable. Mais où en est ma vie pour qu’elle se résume à un simple regard dans un simple métro ?

Pour être honnête, ma vie n’a rien d’exceptionnel, elle est comme on peut bien le dire « banale ». Je suis une femme indépendante, vivant seule dans un petit appartement à New York, au premier étage sans ascenseur avec un petit balcon donnant vu sur un parc où de nombreux enfants s’amusent et rigolent dans l’après-midi. J’aime beaucoup cet endroit. Le soir j’en profite pour me boire un chocolat chaud sur mon petit balcon tout en regardant les étoiles. Dans la vie, je suis psychologue dans un cabinet à seulement 5 minutes à pied de chez moi. C’est peut-être pour cela que ma vie reste banale, je passe des journées entières à écouter les problèmes des autres sans me soucier des miens. Il y a seulement 2 mois, j’ai perdu mon père dans un accident de voiture. Il rentrait des courses quand un camion lui est rentré dedans, sur le pont de Brooklyn. Le chauffeur était ivre, mon père n’a pas eu le temps de freiner, le chauffeur s’en est sorti, mais pas mon père. Suite à cela, ma mère fait une dépression, où je dois m’occuper d’elle durant de nombreuses heures. Je n’ai pas le temps pour mes petits problèmes, qui ne préoccupe personne. Je n’ai pas d’homme dans ma vie, en même temps comment avoir un homme dans sa vie, quand sa propre vie n’est déjà pas stable. Alors oui ma vie se résume à un simple regard dans un simple métro, mais en même temps est-ce si grave ?

Ce matin-là, après avoir mangé un bon petit déjeuner, des œufs brouillés avec du bacon et un morceau de pain. Je prends une bonne douche chaude et m’habille de façon élégante. Je porte une chemise blanche et une jupe moulante noire. Je mets mes talons préférés, ils sont noirs, pointus. Il est temps d’y aller, je me rends à mon cabinet comme tous les matins, où j’écoute ces nombreuses personnes qui se sentent vides. Je n’arrête pas de penser à ce regard, je me demande comment se serait passé les choses si j’avais rencontré cet homme plus tôt, serions-nous devenus amis ? Amant ? Fiancé ? Je ne le saurais jamais.

Une fois le dernier patient terminé, je ferme la porte à clé et m’assis dans ce fauteuil en regardant la montagne qui se trouvait au loin. Je vois une colombe, se posant sur le rebord de ma fenêtre tenant une lettre. J’ouvre ma fenêtre et récupère cette dernière « Aujourd’hui Alexia c’est ton jour de chance, j’ai pu voir que ta vie en ce moment était un désastre, je peux t’aider à changer les choses, mais il va falloir m’aider, voici un flacon qui contient une potion très rare, que seule moi-même connais. Il faut que tu en prennes soin. Cette potion va te permettre de changer de vie, autant de fois que tu veux tant qu’il te reste de la potion. Attention à partir du moment où il n’y aura plus de gouttes de cette potion dans ce flacon, ta vie restera comme tu l’auras choisie, il n’y aura plus de retour en arrière et je ne pourrai plus rien pour toi. Pour cela il te suffit de boire quelques gouttes et de décrire la vie que tu aurais aimé, avec les personnes que tu souhaites tout en fermant les yeux. Après cela ton vœu sera automatiquement exaucé, et tu devras faire face à une nouvelle vie, à toi de voir ce que tu aimerais avoir, et surtout qui aimerais-tu avoir. Bonne chance. »

Je reste bouche bée, que faire ? En étais-je réellement capable ? N’était-ce pas une blague ? Je me rassois aussitôt sur le canapé et je regarde ce minuscule flacon, en réfléchissant à la vie que j’aimerais. Ne sachant pas me décider, je le mets dans ma poche, prends mon sac et sors de mon cabinet. Une fois dehors, je prends une grande bouffée d’air frais, je respire enfin. L’air est humide, frais. Je m’arrête devant la poste, dépose mon colis et continue mon chemin. J’arrive au bout de la rue quand mon téléphone sonne. Mince, je n’ai pas le temps de répondre que l’appel est déjà terminé. C’était ma mère, j’espère qu’elle n’a pas de problème. Je tente de l’appeler environ 2 fois, mais elle ne répond pas. Je me décide de ce fait, à faire demi-tour et à changer de direction. Je traverse un petit quartier fleuri, où j’adore venir me promener afin d’arriver à l’appartement de ma mère. Une fois devant chez elle, je sonne, aucune réponse, je me permets de ce fait, d’entrer dans la résidence grâce à une clé qu’elle m’avait donnée il y a longtemps. Je toque à la porte, elle finit par arriver quelques minutes plus tard.

— Maman, c’est pas trop tôt ? dis-je d’un ton énervé.

Je suppose que ma maman a compris mon humeur et mon agacement, car elle m’invite de suite à prendre un thé avec elle.

— Pourquoi m’as-tu appelé ? Je me suis inquiétée pour toi, je t’ai rappelé, je suis tombée à chaque fois sur ta messagerie.

— Je n’avais plus de batterie.

— N’as-tu pas un chargeur ?

Je fronce les sourcils.

— En réalité j’avais envie que tu viennes me tenir compagnie, je me sens si seule.

Et voilà, ça recommence, je n’en peux plus. Je ne sais plus quoi faire. Il faut qu’elle comprenne que je ne suis pas une baby-sitter. Je sais que c’est ma mère et que je lui dois tout, mais elle me prend ma vie.

— Maman tu ne peux pas m’appeler et me faire paniquer juste, car tu te sens seule. J’ai une vie aussi, je ne peux pas être à ta disposition. Je suis passée hier, je ne peux pas passer tous les jours, je travaille.

— Je sais ma chérie, mais comme je me dis que tu n’as personne dans ta vie toi aussi tu dois te sentir seule. On pourrait se tenir compagnie, j’ai même une meilleure idée, pourquoi ne viens-tu pas habiter à la maison ? Il y a de la place pour nous deux ici.

Je reste figée, elle vient réellement de me proposer d’habiter chez elle alors que je vais avoir 26 ans, que j’habite seule depuis des années ! Oui je crois bien que c’est ce qu’elle est en train de faire. Je n’en reviens pas.

Comment lui répondre que c’est hors de question sans la blesser ?

— Maman, ce n’est pas parce que je n’ai pas d’homme dans ma vie, d’ailleurs je n’en veux absolument pas, que je me sens seule. Au contraire, j’aime ma liberté, j’aime mon indépendance. Je ne peux pas vivre avec toi. Je peux par contre essayer de trouver quelqu’un qui passera te voir une fois par jour si tu veux comme une auxiliaire de vie par exemple.

Je reconnais avoir légèrement menti quand je dis que je ne veux pas d’homme dans ma vie, je ne trouve personne, c’est différent.

— C’est hors de question, je ne veux pas d’une inconnue chez moi, tu n’as pas honte de me proposer cela, je suis ta mère quand même.

Ne sachant pas quoi répondre, j’acquiesce et change de sujet afin qu’elle se calme. On parle durant deux bonnes heures de tout et de rien, du travail, de l’appartement… Une fois le soleil couché, je l’embrasse et quitte la résidence en direction de chez moi. Durant le trajet je croise de jolie famille, qui rigole, s’embrasse, se câline. Pourquoi pas moi ? C’est la question qui tourne tous les jours dans ma tête. Les couples se tiennent la main, les enfants se chahutent. Je fais des sourires à chacun d’eux. J’arrive chez moi, il est environ 19 h, n’ayant pas envie de cuisiner, j’appelle le fast-food le plus proche de chez moi pour qu’il me livre le plus vite possible. J’ai tellement faim.

Dès que le livreur est là, je cours en bas des escaliers afin de récupérer ma commande. Je la déguste devant un épisode de « The Walking Dead » dans mon salon.

Une fois douchée, mise en pyjama. je m’allonge dans mon lit, respire un bon coup et commence à réfléchir. Je repense à la potion de tout à l’heure. Je panique, en me disant que je ne sais plus où je l’ai mise. En fouillant dans tous mes vêtements, je finis par la trouver dans la poche de mon jean, que j’ai mis au sol. Je me rallonge et la contemple durant 10 bonnes minutes. Toutes mes questions surgissent, me faisant monter une angoisse. Ma mère a raison, je suis si seule. J’ai bientôt 26 ans et j’ai l’impression de ne pas connaître le bonheur. Après mûre réflexion, je prends la décision de boire quelques gouttes de ce flacon tout en voulant une vie remplie de joie et de bonheur, « Je souhaiterais une vie remplie d’amour, avec l’hommeque j’ai rencontré hier dans le métro, il serait mon mari, je serais toujours psychologue, car c’est ce que je sais faire de mieux, écouter les problèmes des autres. » Même si je ne sais pas si cette vie va réellement me rendre heureuse, cela vaut le coup d’essayer, ma vie actuelle, ne vaut pas le coup, ni amour, ni joie, ni plaisir, je n’ai rien de tout cela. Je me dis également que si je change de vie peut-être que mon papa serait en vie, ou alors peut être que je pourrais l’empêcher de prendre la voiture ce soir-là. Je ferme les yeux.

Nouvelle vie :

J’ai cette fameuse impression que rien n’a changé, je suis sûre que rien n’a fonctionné, que je me suis juste fait des idées comme d’habitude. Mon téléphone sonna.

— Allô, qui est-ce ?

— Allô, chérie, c’était uniquement pour te dire que j’allais rentrer tard ce soir, j’ai beaucoup de travail, mais je vais faire de mon mieux pour rentrer à l’heure du repas.

Je ne sus quoi répondre, un blanc s’installe.

— Chérie ?

— Hum, oui désolé, d’accord il n’y a pas de soucis.

Je lui répondis d’une voix tremblante et assez sèche.

— À ce soir, bisous !

— À ce soir.

Alors ce vœu a-t-il réellement fonctionné ? Ai-je donc une nouvelle vie qui m’attend ?

Et cet homme est-il mon mari ?

Toutes ces questions se bousculent dans ma tête, sans y avoir de réponses.

Chapitre 2

Il est déjà tard, je regarde l’heure pour ne pas rentrer trop tard, mais le dernier patient ne peut s’empêcher de me proposer d’aller boire un verre. J’ai dû refuser, dans mon ancienne vie, j’aurais peut-être accepté, car je n’aurais pas eu d’hommes dans ma vie, mais il s’avère qu’à l’heure actuelle j’ai bel et bien un mari.

Je prends mes affaires et contemple une dernière fois pour cette soirée, cette magnifique vue sur les montagnes.

Il fait froid, les arbres se bousculent de gauche à droite, les nuages forment différentes formes que j’aime admirer. J’avais l’habitude de m’asseoir durant des heures avec mon père dans le parc en face de chez moi afin de regarder et de se moquer des formes des nuages. C’est mon petit côté rêveur qui refait surface.

Une fois rentré, je m’assois lentement sur le bord de mon lit, la tête dans les mains, cela me permet de me sentir plus légère, dans ma famille c’est une sorte de protection. On se sent plus forte, plus courageuse et en sécurité, ce qui est rare de nos jours.

Je me rends compte que des photos sont posées là juste devant moi, de ce bel inconnu, qui prétend être mon mari. Mais comment vais-je faire ? Vais-je devoir tomber amoureuse d’un étranger ? Et si je n’y arrive pas ? Vais-je tout perdre ?

Mes questions vont me rendre totalement folle.

Je prends une tasse de thé vert, celle-ci réduit la nervosité et le stress.

Je prends l’album photo, rangé sur l’étagère, de l’entrée.

Je vois de nombreux portraits qui me semblent l’un autant que l’autre méconnaissables. Aucun de ces voyages, de ces moments, de ces soirées ne me refait surface. Je n’ai pas la moindre idée de qui est cet homme et quels sont les moments vécus avec lui. J’aime l’idée de changer de vie, de rencontrer de nouvelles personnes, mais tout cela me mène à tellement de questions…

Ai-je fait le bon choix ? Vais-je assumer ce choix ? Je n’en suis plus aussi sûre. Mais je suis la seule et unique responsable de ce fiasco.

Je regarde l’horloge accrochée au-dessus de ma tête, elle m’indique 19 h 30. Je suis prise de panique, il va bientôt rentrer, je n’ai rien préparé, même pas un bon repas. Que vais-je je cuisiner ? En général je vais chercher des tapas en bas de ma rue, cela me permet de ne pas mijoter un plat. C’était simple et efficace. Que demandais-je de plus ?

Je prends ce que je trouvais dans le frigo, c’est à dire pas grand-chose, une tomate, deux poivrons et une courgette. Je fais une salade de légumes, et un bol de pâte. J’entends un bruit de clé, devant la porte. C’est lui, j’en suis certaine. Ses pas résonnent dans ma tête, ce qui m’angoisse.

Je vois un homme élégant, il porte des chaussures noires, de travail, je suppose, un long costume blanc et noir avec une cravate noué autour de son cou. Ses cheveux sont parfaits, coiffés en arrière avec du gel, mais cela le rend si beau. Il tenait une mallette, elle était marron, ce qui faisait ressortir ses jolis yeux. Son sourire me laissait penser qu’il était heureux avec moi. Il est si chic. Moi à côté, on pourrait dire que je suis mal habillé. Je suis vêtue d’un jean bleu marine, d’un tee-shirt blanc simple sans motif, ainsi que d’une paire de pantoufles que j’avais achetée sur le marché il y a un an déjà. Je ne suis pas maquillée, j’ai de nombreux cernes qui sont dessinés en dessous de mes paupières. Je parais fatiguée, je pense, du moins de ce que j’ai pu voir dans le miroir il y a quelques heures. J’avais toujours voulu avoir un tel homme dans ma vie, qui serait là pour me protéger, pour m’aider, me soutenir dans les bons moments comme dans les mauvais. Je l’avais, cet homme était à moi, à moi seule.

— Coucou chérie, comment s’est passée ta journée ? me demanda-t-il.

Je suis prise de panique, aucun mot ne sort de ma bouche.

Je me raidis sur moi-même. Mais il le fallait, il fallait lui répondre et faire semblant de rien. C’est si dur, même s’il était si beau, je ne le connais point. Imaginez-vous à ma place. Que faire ? Et s’il me parle de souvenirs ou autres moments passés tous les deux, que vais-je répondre ? Je n’en serais point capable.

Je prends une longue et forte respiration, ce qui m’amène à répondre :

— Très bien, j’ai eu de nombreux patients comme d’habitude et toi ta journée ?

Il s’avance vers moi, ma respiration se coupe, allait-il m’embrasser ? Me serrer dans ses bras ? Ou même autre chose ?

— Parfaite depuis que t’es là, tu m’as tellement manqué.

Il pose un doux et tendre baiser sur mes lèvres. Je ne lui rends pas le baiser, je ne bouge plus, je suis tétanisée.

Il me serre fort dans ses bras comme si on ne s’était pas vu depuis des jours, mais c’était peut-être le cas, je n’avais rien qui prouvait qu’il n’était pas en voyage d’affaires. Je ne connais même pas son travail.

Après cela, on mange ma salade où il fait une grimace en la goûtant, je laisse pour la première fois un sourire s’échapper de mes lèvres.

On se couche sur le lit peu de temps après, où il me raconte en détail ce qu’il allait faire demain, sa vie paraît tellement intéressante enfin notre vie. Je m’endors avec des papillons dans le ventre, avec le sourire et surtout je m’endors dans ses bras. Je sens sa chaleur sur moi, ses lèvres posées sur mon épaule et ses bras autour de ma taille. Cela me paraît tellement impossible, irréaliste. Mais c’est pourtant la simple vérité. Cet homme est dans mon lit, avec moi, à moi.

Le lendemain matin, je me réveille grâce à la lumière du jour, mon mari n’est plus là, il a dû aller travailler enfin, je suppose, je me rends compte que je ne connais même pas son prénom.

Je prends une bonne douche, ce qui me réchauffe et me déstresse. Aujourd’hui, je commence plus tard, j’ai pris moins de rendez-vous pour me sentir davantage libre. Ma liberté est la chose la plus importante dans ma vie, elle me permet de me sentir vivante, de respirer.

Je prends mon café sur mon balcon comme tous les matins et regarde le courrier qui avait été déposé devant ma porte. Je comprends rapidement que c’est destiné à mon mari, Loucas, moi qui voulais connaître son prénom, c’est fait.

Je prends mes affaires et tente d’appeler ma mère pour savoir où elle en est, elle ne décroche point. Je ne comprends rien, elle répond toujours à mes coups de fil, c’est son meilleur moment de la journée.

Une fois la journée terminée, je rentre chez moi. Il fait pas encore noir, le ciel est bleu, sans nuage, l’air est frais et humide, il a plu dans la journée, j’aime ce temps. Les oiseaux chantent, les fleurs sont fanées, le sol est mouillé.

Tout était normal.

En rentrant, je décide de faire un peu de rangement, je commence par trier les factures, puis les lettres et enfin les photos.

Je tombe sur une petite lettre qui vient de ma mère, je ne me rappelle pas de l’avoir reçue ni de l’avoir lue. Et pourquoi ma maman m’envoie-t-elle une lettre sachant qu’elle vit à seulement 10 minutes de chez moi ?

Tout cela me semble ridicule, le fait est que je l’ouvre par curiosité. Celle-ci contient une fine et petite écriture, c’est bien celle de ma mère. J’ai toujours aimé son écriture, elle me fait penser à une écrivaine, malheureusement à la mort de papa, à mon plus grand désespoir elle a arrêté d’écrire.

« Ma chérie, si tu vois cette lettre c’est que je ne suis plus de ce monde, j’espère que tu ne la verras jamais, mais si c’est le cas il ne faut pas que tu te fasses de soucis. Je voulais tout d’abord te demander pardon, tu n’as pas eu la vie que tu méritais ni celle que j’aurais voulu t’offrir. Tu es la chose la plus importante pour moi et ton père, j’espère que tu le sais. Je sais que je n’ai pas toujours été là pour toi, que je ne t’ai pas toujours écouté ni soutenu dans tes différents projets et j’en suis désolé, je n’ai pas toujours été une très bonne mère. À la mort de ton père, ça a été très difficile, voire impossible, je n’arrivais pas à m’enlever ces images de la tête, ton père allongé sur un lit d’hôpital couvert de sang, respirant à peine. Ces images hantent mon esprit depuis sa mort. Il y a eu de nombreux moments où je ne voyais plus l’intérêt de rester dans ce monde sans lui, mais la seule et unique chose qui me tenait encore en vie, c’était toi, ton sourire, ta joie de vivre et ton amour. J’espère que tu ne m’en veux pas trop de ne pas avoir été à la hauteur. Sache que je t’aimerais toujours et que tu resteras la prunelle de mes yeux jusqu’à la mort.

Ta maman qui t’aime plus que tout. »

Je lâche la lettre, je m’assois contre le mur et respire profondément, comment est-ce possible ?

Je suis passé la voir tous les jours depuis 2 mois, si elle était morte je l’aurais su avant. C’est impossible. Des larmes coulent le long de mes joues, un léger souffle sort de ma bouche.

Je prends un mouchoir où je sèche mes larmes.

Je range la lettre et attends le retour de Loucas pour mieux comprendre. Mais comment vais-je formuler ceci, je ne pouvais quand même pas lui dire, comment ma mère était-elle morte et pourquoi ? Il penserait que je perds la tête.

Loucas rentre, il m’embrasse sur le front puis il se prend un jus de pomme dans le frigo. Il a l’air tendu, je ne sais pas quoi dire ni quoi faire. Son regard est noir, de la haine sort de ses yeux.

— Pourquoi me regardes-tu de cette façon ? me dit-il d’un ton nerveux.

— Je ne te regarde pas, annonçais-je calmement.

Il se lève et me prend le bras.

— Ne t’avise plus jamais de me regarder de telle sorte, sinon tu auras la même sentence que les autres fois.

Mon regard se vide, je ne comprends rien, mais de quoi parle-t-il ? Il me fait peur, terriblement peur. Mon cœur s’accélère, j’enlève mon bras de son poignet.

Il me lance un regard de colère, je prends la fuite.

Une fois dehors, mes larmes coulent une deuxième fois sur mes joues, mais cette fois-ci ce n’était pas de la tristesse, mais de la peur.

Je marche dans les rues durant de longues heures, je me pose dans le parc en face de chez moi, je m’assois sur un banc et laisse mon esprit s’envoler. Mes cheveux volent, se mettant sur mes yeux.

Je finis par me lever et décide de rentrer à la maison malgré tout, avec beaucoup d’appréhension.

Je prends une profonde respiration une fois devant la porte, et j’abaisse la poignée d’un coup franc.

— Tu t’es calmé ? me murmura-t-il.

— Tu n’as pas honte ? dis-je d’un ton énervé et frustré.

Je regrette aussitôt mes paroles et le ton que je venais d’utiliser. Je le vois se lever, sa bière à la main, on aurait dit un ivrogne ne pouvant pas se contrôler.

Il s’approche de plus en plus de moi et me chuchote à l’oreille :

— T’es qu’une bouffonne à mes yeux, alors non je n’ai pas honte et je n’aurais jamais honte de ce que je suis, par contre toi tu devrais arrêter de faire la belle, c’est la dernière fois que je te le répète. Je n’ai pas de temps à perdre avec toi.

Je me dirige directement vers la salle de bain où je ferme la porte à double tour, ce qui me permet de me sentir un minimum en sécurité. La vérité c’est que j’ai réellement peur, je suis dans une impasse. Après tout, c’est moi qui ai voulu une autre vie, est-ce le bon dieu qui décide de me punir ?

Je m’assois délicatement devant la porte où je reste un long moment, les yeux fermés, ma tête dans les genoux.