Une vie pour te pardonner - Clémence Souillard - E-Book

Une vie pour te pardonner E-Book

Clémence Souillard

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Beschreibung

À 15 ans, Camille démarre sa vie de lycéenne avec assurance, bien entourée par ses amis et soutenue par sa famille. Cependant, l’arrivée d’Arthur, 18 ans, bouleverse son quotidien avec ses compliments et son attention. Rapidement, Camille se retrouve prise dans un tourbillon d’événements troublants. Comment parviendra-t-elle à se relever de cette épreuve inattendue ?

À PROPOS DE L'AUTRICE

Psychologue de métier, Clémence Souillard s’inspire de son expérience professionnelle pour enrichir ses écrits de dimensions psychologiques profondes. Son dernier ouvrage, "Une vie pour te pardonner", met en lumière les relations toxiques et les mécanismes d’emprise amoureuse chez les jeunes femmes, offrant ainsi une réflexion saisissante sur ces thématiques complexes.

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Clémence Souillard

Une vie pour te pardonner

Roman

© Lys Bleu Éditions – Clémence Souillard

ISBN : 979-10-422-3190-3

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivante du Code de la propriété intellectuelle.

Le pardon n’est pas au bout du chemin ; il est le chemin.

Françoise Chandernagor

Chapitre 1

6 h, le réveil sonne. Enfin, c’est plutôt ma mère qui entre dans ma chambre pour tirer ma couverture. Comme à mon habitude, je me lève en grommelant, file dans la salle de bain, et après une douche express qui a pour seul but de me réveiller, je descends déjeuner. Je n’en ai pas envie, mais ma mère ne me laissera jamais quitter cette maison tant que quelque chose ne sera pas dans mon estomac. 10 minutes plus tard, me voilà partie en direction du bus. Heureusement que ma mère me dépose avant de se rendre au travail, car bien que l’on soit en octobre, le temps commence sérieusement à se rafraîchir. 6 h 45, le bus arrive, tout le monde se rue dedans pour avoir la meilleure place. J’attends patiemment qu’ils soient tous montés pour m’installer à l’avant, capuche sur la tête, écouteurs aux oreilles et yeux fermés, en priant pour que personne ne vienne s’installer à mes côtés durant ces trois quarts d’heure de trajet.

Lorsque je descends du bus, le jour est levé. Tête basse, je me fraie un chemin parmi les gens pour me rendre jusqu’au lycée. Une fois arrivée, je décroche mon premier sourire de la journée en voyant mes amis adossés contre un mur, à notre endroit habituel. Nous avons à peine le temps de nous raconter nos week-ends respectifs que, déjà, il est temps de prendre le chemin pour nous rendre en maths. Deux étages plus tard, je suis assise contre la fenêtre, à côté de ma meilleure amie, et nous continuons de parler, tandis que le prof nous rend nos copies. Sans surprise, j’écope d’un 3. En même temps, je déteste les maths. Et le système scolaire de manière générale.

Avant d’arriver au lycée, j’étais en troisième, dans le petit collège de mon village. C’est d’ailleurs là que j’ai rencontré ma meilleure amie, avec qui ça a matché instantanément. Mais c’est aussi là que je me suis fait harceler par mes camarades de classe, pendant des mois, lors de ma dernière année. Je garde un souvenir amer de cette époque, raison pour laquelle aujourd’hui je rase les murs au lycée et que je refuse d’être sociable avec mes pairs. Hormis mes amis proches, évidemment.

Le cours de maths terminé, il est temps de filer en EPS. Je déteste cette matière. Heureusement, le prof est plutôt mignon, ce qui aide drôlement à être attentive et à faire des efforts. Et la journée se déroulera, ainsi de suite, comme c’est le cas depuis la rentrée de septembre. En fait, à bien y réfléchir, mon quotidien est plutôt morne et monotone. J’ai mes amis, ma routine, je ne fais pas de vague et je suis une bonne fille à la maison. Barbant. Je ne peux pas dire que je suis malheureuse, mais je ne suis pas heureuse non plus. Je sens qu’il me manque quelque chose, mais je n’arrive pas à déterminer quoi. Enfin si je sais très bien de quoi il s’agit, puisque mes amis me tannent avec ça au moins 3 fois par jour. L’amour. Le truc, c’est que les relations amoureuses, ça ne m’intéresse pas. J’ai beaucoup trop été déçue lorsque j’étais au collège, probablement parce que j’accordais trop d’importance alors qu’il ne s’agissait que d’amourettes d’adolescents ayant les hormones en ébullition.

Une fois la journée terminée, je reprends le bus, direction la maison. Une heure plus tard, je suis au chaud, face à mon goûter. Mes parents ne sont pas encore rentrés, si bien qu’après avoir fait rapidement mes devoirs, j’allume l’ordinateur familial. Ni une ni deux, je me connecte à mon blog, que j’ai créé il y a peu. C’est une sorte de journal intime, en réalité. J’y écris principalement de la poésie, pour libérer mes états d’âme. Je me fiche du nombre de personnes qui me lisent ou des commentaires que l’on me laisse, il s’agit surtout de mon petit plaisir de la journée. Le moment où, sous un pseudonyme, je suis quelqu’un d’autre. Cependant, aujourd’hui, en me connectant, j’ai la surprise de voir un petit point rouge au-dessus de la messagerie. Sans attendre, j’ouvre le message.

PandaCookie 100 : Salut ! Je sais qu’on ne se connaît pas, mais je tenais à te dire que j’aime vraiment ton style. Tes poèmes me font vraiment du bien. J’ai perdu mon père il y a 2 ans et je me retrouve vraiment à travers ce que tu décris. T’abordes la mort, la souffrance d’une manière tellement poétique qu’elles en deviennent belles. En tout cas, sache que je continuerai à te lire avec grand plaisir.

Mon cœur bat à mille à l’heure et un sourire étire mes lèvres. C’est la première fois que je reçois autant de compliments et surtout à propos de ma plume. Savoir que mes textes font du bien à au moins une personne me remplit de joie. Immédiatement, j’appuie sur répondre.

AMotsOuverts : Salut ! Waouh, ton message m’a fait tellement plaisir, tu n’imagines même pas ! C’est la première fois qu’une personne me fait un retour pareil ! Merci beaucoup !

J’hésite un instant avant d’appuyer sur « envoyer », jugeant mon message un tantinet gnangnan.

Et puis zut ! après tout, c’est ce que je pense vraiment ! J’envoie mon message et retourne sur mon mur, me préparant à poster un nouveau poème quand un nouveau message me parvient. En essayant d’y faire abstraction, je me lance sur mon nouvel écrit, ayant pour thème l’amitié, mais le petit point rouge au-dessus de l’enveloppe symbolisant la messagerie suffit à me distraire suffisamment pour que je ne réussisse qu’à écrire deux lignes en dix minutes. Levant les yeux au ciel, je mets mon poème dans les brouillons et fonce ouvrir le message. Mon cœur rate un battement lorsque je vois qu’il s’agit de PandaCookie100. Qu’a-t-il bien pu trouver à me répondre ?

PandaCookie 100 : Je suis heureux d’avoir pu te susciter une telle réaction ;). Dis-moi, tu penses qu’il est possible qu’on apprenne à faire connaissance ? Je suis curieux de connaître la personne qui se cache derrière ces mots.

Je m’attendais à tout, sauf à ça. Il est évident que je ne veux pas qu’on sache qui je suis, raison pour laquelle je suis sous un pseudonyme ridicule. Mais d’un autre côté, sa démarche m’a l’air sincère. Mais il s’agit d’un parfait inconnu alors qui me dit qu’il ne s’agit pas d’un vieux pervers de 40 ans qui essaie de m’attirer dans ses filets ? Pourtant, malgré mes réticences, je n’arrive pas à lui résister très longtemps et finis par lui répondre.

AMotsOuverts : OK. Mais c’est toi qui commences.

Cette fois-ci, je laisse la messagerie ouverte, et j’attends, les yeux rivés sur l’écran. J’observe les trois petits points, signe qu’il est en train de me répondre, apparaître puis disparaître avant de réapparaître, dansant, il me semble, au rythme des battements de mon cœur.

PandaCookie 100 : Je me doutais que tu voudrais que j’inaugure. Bon alors, autant te prévenir tout de suite, c’est un exercice que je déteste… Mais pour toi, je vais faire un effort.

Je m’appelle Arthur, j’ai 18 ans et je suis en première année de fac, en droit pour être exact. Je ne sais pas trop quoi dire d’autre en vérité, alors… À toi.

Bon. Au vu du temps qu’il a mis à répondre, je m’attendais à un peu plus de révélations de sa part, mais je vais me contenter de ça.

AMotsOuverts : Moi, c’est Camille. J’ai 15 ans, et je suis en seconde. Rien de très passionnant à côté de toi.

Bien décidée à publier mon poème avant le retour de mes parents – et voyant mal ce qu’il pourrait me répondre –, je me décide à reprendre mon écrit lorsqu’un nouveau message me parvient.

PandaCookie 100 : J’étais persuadé que tu étais plus âgée au vu de ta manière d’écrire.

C’est intéressant le lycée ? Les cours, les matières ? Ça se passe bien ?

Cet enchaînement de questions me met mal à l’aise. Ça me semble super intrusif, et en même temps j’ai le sentiment qu’il cherche vraiment à s’intéresser à moi. Peut-être que c’est ce que je m’imagine, parce que ça me fait du bien de me sentir considérée. Quoi qu’il en soit, l’once de peur que je peux ressentir au fond de moi ne m’empêche pas de répondre.

AMotsOuverts : Qu’est-ce que tu es curieux ! Blague à part, le lycée, ça se passe comme ça doit se passer, j’imagine. C’est chiant, je n’ai pas forcément d’excellentes notes, car je déteste les matières scientifiques, et je préfère passer mon temps à dessiner ou écrire en cours. Et toi, la fac ? C’est aussi génial que ça en a l’air ?

PandaCookie 100 : Parce qu’en plus de savoir bien écrire tu sais dessiner ?! Y a-t-il quelque chose que tu ne saches pas faire ?

Je te comprends, le lycée ce n’était pas trop mon truc non plus. Je n’étais pas mauvais, mais les matières ne m’intéressaient pas forcément, et je n’aimais pas être réduit à une note qui détermine tes compétences sur l’instant T. Remarque, la fac, c’est pas plus différent, bien qu’on prend quand même en compte tes capacités d’analyse et de réflexion, en tout cas en droit. Bon et je t’avoue que le côté soirée étudiante aide beaucoup à apprécier l’université.

Visiblement, c’est un fêtard… Tout l’inverse de moi. Néanmoins, sa manière de m’écrire me charme tellement que je n’arrive pas à m’empêcher de poursuivre cette conversation.

AMotsOuverts : Et pourquoi le droit alors ?

PandaCookie 100 : Je veux être avocat. J’aime le côté pouvoir que procure ce métier. Et j’ai aussi envie d’aider des gens. Oui, je sais, ça fait très discours de Miss France dit comme ça, mais c’est pourtant la vérité.

AMotsOuverts : Sache que je t’élirais de suite. Et sinon, tu as des frères et sœurs ?

OK, maintenant c’est à moi de me la jouer intrusive. J’ai envoyé ça, sans réfléchir, mais je regrette, car il risque de penser que je m’intéresse à lui.

PandaCookie 100 : J’ai deux frères. Ils sont tous les deux plus jeunes que moi. Mais on ne se ressemble pas beaucoup ; faut dire que mes parents ont tout misé sur le premier. Et toi ?

On peut rajouter vaniteux à la liste. Tout ce que je déteste.

AMotsOuverts : Très modeste, dis donc ! De toute façon, je n’ai aucune preuve de ce que tu attestes, hormis peut-être de ta gentillesse. J’ai une petite sœur, mais c’est compliqué.

Je déteste cette situation. Je me mets à nue, face à un parfait inconnu, juste parce qu’il arrive à me séduire avec de belles paroles. Pitoyable.

PandaCookie 100 : Je te laisse en juger par toi-même.

Une photo suit son message. C’est lui. Allongé dans son lit, un sourire aux lèvres. Brun, yeux foncés, fossette au menton. Il dégage une certaine maturité, malgré un visage aux traits encore enfantins. Mon cœur se met à palpiter et je secoue la tête pour chasser les quelques pensées qui viennent m’envahir. Un second message arrive rapidement, ce qui permet de focaliser mon attention sur autre chose que ses yeux.

PandaCookie 100 : J’espère que ça t’a fait plaisir. Je n’attends rien en retour, sache-le. Je voulais juste te rassurer, histoire de te montrer que je ne suis pas un prédateur en âge d’être ton père.

Pourquoi c’est compliqué avec ta petite sœur ? Tu attises ma curiosité.

Il est tellement prévenant que ça me semble irréel ! Comment lui résister ? Je suis prête à lui déballer toute mon histoire, alors que j’en ai honte sur certains aspects, uniquement parce qu’il dégage quelque chose qui, même par écrit, me met dans tous mes états. Sérieux, je ne le connais même pas ! J’ai l’impression d’être une de ces fan girl qui tombe amoureuse du premier beau mec qui passe.

AMotsOuverts : Ma sœur est dans un IEM. C’est un établissement spécialisé pour les personnes en situation de handicap. Je t’avoue que je n’ai pas franchement envie d’en parler… En tout cas, merci pour la photo. C’est rassurant et… plaisant ;).

J’ai à peine envoyé ma réponse, que le bruit d’un moteur dans l’entrée se fait entendre. Ni une, ni deux, je me déconnecte, éteins l’ordinateur, saute dans le canapé un livre à la main, feignant d’être plongée dans ma lecture depuis un bon moment, lorsque ma mère rentre. Derrière mon livre, je dissimule le sourire niais que je n’arrive pas à lâcher depuis que j’ai reçu sa photo.

Chapitre 2

Le lendemain matin, je n’ai qu’une hâte : que la journée passe à vive allure pour que je puisse à nouveau discuter avec Arthur. Au moment même où je m’installe dans le bus, je me maudis d’avoir déjà utilisé mes 50 Mo d’internet du mois à essayer de tricher lors d’un contrôle. J’aurais au moins pu voir s’il m’avait répondu. En guise de consolation, j’enfonce mes écouteurs dans mes oreilles et lance une playlist qui lie Nirvana et ACDC, deux de mes groupes préférés. Ayant passé la nuit à ruminer et à réfléchir à ce qui était le mieux à faire concernant Arthur, je n’ai que très peu dormi, si bien que lorsque mes paupières se ferment, je ne cherche pas à lutter et laisse ma tête reposée sur la vitre gelée.

En classe, je meurs d’envie de tout raconter à Claire, ma meilleure amie, mais j’ai peur qu’elle me dise que je m’emballe pour un rien. Pourtant, elle peut parler. Avec Valentin, ils filent le parfait amour depuis plus d’un an, et ils sont tellement accros l’un à l’autre qu’ils ont déjà pensé au nombre d’enfants qu’ils auront ainsi qu’au prénom du chien. Écœurant. Du coup, je garde tout pour moi, et je passe plus de temps à rêvasser qu’à écouter le cours de français. Ce qui me vaudra un travail supplémentaire. Mais franchement, ça valait le coup.

7 longues heures plus tard, me voilà qui sors du bus et accélère le pas pour rentrer à la maison. Je sais que ma mère rentre tôt aujourd’hui donc je n’ai pas une minute à perdre. J’ouvre la porte sans ménagement, jette mes chaussures dans un coin, dépose mon sac sur la table, attrape la viennoiserie qui m’attend sur la table de salle et me laisse tomber dans le fauteuil du bureau. Pendant que l’ordinateur s’allume – ce qui me semble durer une éternité –, j’engloutis mon croissant. Je jette des regards frénétiques à la pendule du salon. Je n’ai plus qu’une demi-heure avant que ma mère ne rentre. Lorsque l’ordinateur s’est enfin décidé à s’allumer, je lance une playlist YouTube et me connecte aussitôt sur mon blog.

Deux messages m’attendent et je souris lorsque je vois qu’ils proviennent tous deux du même destinataire.

PandaCookie 100 : Oh… Je suis désolé, je ne voulais pas te mettre mal à l’aise.

PandaCookie 100 : Si tu veux, je vais t’avouer aussi un secret de famille, comme ça on pourra considérer qu’on est quitte. Mon père est décédé d’une crise cardiaque quand j’avais 16 ans. C’est mon petit frère qui l’a retrouvé en rentrant de l’école. Normalement, ça aurait dû être moi. C’était un mardi, et je finissais à 14 h. Mon père m’a demandé de rentrer plus tôt pour l’aider à finir de carreler la salle de bain. Mais j’ai préféré sortir avec mes amies, profiter un peu, avant de rentrer à la maison. La finalité est que si je l’avais écouté, j’aurai peut-être été à ses côtés quand cela s’est passé et j’aurais peut-être pu le sauver.

Enfin, avec des si, on pourrait refaire le passé. C’était tout ça pour te montrer qu’on a tous des casseroles de famille.

En tout cas, je suis content que ma photo te plaise. Si ça te dit, on pourrait parler par Snap. Au moins, tu auras l’opportunité de me voir un peu plus souvent. Si tu le souhaites, évidemment.

Eh bien, sacrées révélations. Je m’attendais à tout sauf à ce qu’il me raconte cela. Je reste un moment à fixer l’écran sans vraiment le voir, ne sachant quoi lui répondre. Il me faut un moment pour me ressaisir et trouver ce que je peux taper.

AMotsOuverts : Je ne m’attendais pas à ce que tu t’ouvres autant à moi, mais en tout cas, merci de l’avoir fait. C’est peut-être un peu bateau ce que je vais te dire, mais tu n’es en aucun cas coupable. Tu voulais juste profiter, comme les jeunes de ton âge, sans te douter un seul instant du drame qui allait arriver. J’ai envie de te dire que, malheureusement, c’est la faute à pas de chance, comme on pourrait dire.

Cam 2603

Quelques secondes après avoir envoyé ce message, une sonnerie retentit. J’attrape mon téléphone et regarde la notification en souriant. « Panda Cookie 100 » est devenu votre ami. Immédiatement, un message arrive.

PandaCookie 100 : J’imagine que 2603 correspond à ton anniversaire.

Cam 2603 : Tu as tout bon. Je sais, je n’ai pas fait très original.

PandaCookie 100 : On en parle de mon pseudo ? J’adore les pandas, j’adore les cookies alors j’ai collé les deux mots. Et comme c’était déjà pris, j’ai dû rajouter un nombre.

Cam 2603 : Je suis une accro aux cookies ! Ça nous fait un point commun . Mais tu ne vois pas d’inconvénient à ce que je te renomme ?

PandaCookie 100 : Argh, je dirai plutôt que c’est une malédiction, car il n’y a aucune chance pour que je partage un cookie un jour, avec qui que ce soit ! Aucun :3

Cam2603 a changé votre nom en Arthur.

Arthur a changé votre nom en Camille :3

Arthur : Je m’attendais à une petite fantaisie à côté de mon nom, je suis presque déçu.

Camille :3 : j’arrivais pas à choisir entre plusieurs emojis alors j’ai décidé de ne rien mettre.

C’est faux, j’avais mis un cœur vert à côté de son nom que j’ai bien vite enlevé lorsque je me suis rendu compte que je m’emballais certainement beaucoup trop.

Arthur : Ah oui, et lesquels ? *curieux*

Sa manière de parler me fait rire. Il arrive tellement à être expressif, même à l’écrit, que j’ai la sensation de lui parler en face à face.

Camille :3 : Un panda, un cookie ou un emoji qui sourit.

Arthur a changé son nom en Arthur 🐼🍪😄.

Arthur 🐼🍪😄 : Et voilà !

Camille :3 : Efficace, dis donc !

Arthur 🐼🍪😄: Tu serais partante pour jouer au jeu des questions ?

Camille :3 : Tu viens de l’inventer n’est-ce pas ?

Arthur 🐼🍪😄 : Ça se pourrait. :P Le but est simple chacun à son tour, on se pose une question à laquelle on est obligé de répondre. On a le droit à un joker chacun. Et si on refuse de répondre, on a un gage.

Camille :3 : Ça me va. Ce n’est pas comme si mon devoir de géographie était plus attrayant de toute façon.

Arthur 🐼🍪😄 : Je ferai bien la voix de la raison en te disant qu’il faut que tu te mettes au travail immédiatement, car je ne veux pas être responsable d’un éventuel échec scolaire, mais la vérité c’est que je n’ai absolument pas envie d’arrêter de te parler. Et étant donné que la géographie ce n’est pas mon truc, ce n’est pas moi qui vais t’inciter à aller colorier une carte.

Camille :3 : Pour la peine, c’est moi qui commence !

Arthur 🐼🍪😄 : C’est l’argument le plus ridicule que j’ai jamais vu, mais étant donné que je suis un gentleman, je t’en prie à toi l’honneur.

Camille :3 : Pourquoi avoir créé un blog ?

Arthur 🐼🍪😄 : Tu ne l’as pas parcouru ?

Camille :3 : Si, mais à part des partages de musiques ou des citations, il n’y avait pas grand-chose.

Arthur 🐼🍪😄 : Et bien tu te trompes ! La musique, c’est mon moyen à moi de m’exprimer. Un peu comme toi avec la poésie. Je ne partage sur mon mur que des musiques qui reflètent réellement mes sentiments. Quant aux citations, comme tu les appelles, il s’agit de paroles de musiques qui m’ont particulièrement marqué. J’aime aussi regarder le profil des autres personnes. On y fait de belles découvertes, je trouve ;).

À mon tour de te poser une question ! Où habites-tu ?

OK, il a définitivement touché mon cœur. Il a la même vision que moi en ce qui concerne la musique et le pouvoir qu’elle a.

Camille :3 : J’habite à Arras. Enfin, une petite ville à côté. Et toi ?

Arthur 🐼🍪😄 : Lille.

Arthur 🐼🍪😄 : Lille-Arras, une petite heure en train :).

Camille :3 : Je dois y voir un message subliminal ?

Arthur 🐼🍪😄 : Peut-être :).

Camille :3 : Gage !

Arthur 🐼🍪😄 : Comment ça ?!

Camille :3 : « Peut-être » j’appelle pas ça une réponse ! Donc t’as le droit à un gage !

Arthur 🐼🍪😄 : Bon pour cette fois je ne vais pas contester, mais fais attention à toi, tu vas réveiller le mauvais joueur :(. Je t’écoute, que veux-tu que je fasse ?

Camille :3 : M’appeler.

J’ai balancé ça comme ça, sans réellement réfléchir. Quelque part, ça me terrorise, moi qui suis une éternelle introvertie, mais au moins, cela pourra me permettre de déterminer s’il s’agit vraiment d’un jeune de 18 ans ou s’il me ment depuis le début. Je suis tirée de ma réflexion par la sonnerie de mon téléphone. Appel audio via snap. Au moins, il ne m’inflige pas une visio, c’est déjà ça.

Tremblante, j’appuie sur le bouton pour décrocher et porte l’appareil à mon oreille.

— Défi relevé !

Le timbre de sa voix me surprend. Elle est tellement grave que je me demande s’il n’est pas fumeur.

— Félicitations, lui dis-je dans un rire. Je ne pensais pas que tu le ferais à vrai dire, mais il faut croire que tu es du genre courageux.
— Je peux te dire quelque chose ?
— Euh oui…
— Tu n’as pas du tout la voix que je m’imaginais.
— Je ne sais pas si je dois prendre ça pour un compliment.
— C’est juste que… comment t’expliquer… Pour moi, tu étais du genre timide, probablement un gros cliché par rapport au fait que tu écris de la poésie d’ailleurs. Et là, quand je t’entends parler, tu as tellement d’assurance dans la voix que c’en est déstabilisant.
— Alors heureusement que tu ne vois pas ma tête, car je suis en train de me décomposer sur place tellement les appels sont anxiogènes pour moi.
— Sérieux ?
— Oui. Tu m’as plutôt bien cerné en réalité. Je suis une grande timide, qui déteste toute interaction sociale, car cela génère une grande source de stress. Alors, estime-toi chanceux que j’ai décroché.
— Et toi, comment tu m’imaginais avant d’entendre ma voix ?
— Je voyais bien une certaine maturité dans ta voix, mais pas à ce point. Tu es fumeur ?
— Oui. C’est dérangeant ?
— Non, enfin… Disons que je n’aime pas trop ça, mais ce n’est pas une raison pour laquelle je raye les gens de ma liste d’amis.
— Alors je fais partie de tes amis ?
— Oula ! doucement, je ne suis pas sûre qu’on en soit déjà là, ricanais-je, gênée.
— Je te taquine. De toute façon, être ami ne me convient pas.

Je m’apprête à lui répondre lorsque, du coin de l’œil, je vois le portail de l’entrée s’ouvrir.

—