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Plongez-vous dans l’histoire extraordinaire d’une dame exceptionnelle, âgée de quatre-vingt-treize ans, qui nous livre une leçon de courage et de persévérance. Née au cœur du Vietnam dans la pauvreté, elle est brutalement privée de ses parents et confiée à des proches indifférents, souffrant de leur cruauté et de la faim. Survivant aux horreurs de la guerre, elle voit soudain sa vie illuminée par les rayons du soleil, offrant un conte de fées moderne où l’argent, le pouvoir et surtout l’amour se mêlent dans un tourbillon de destin. Malgré ses succès, elle demeure humble, une véritable inspiration. Découvrez le récit captivant de notre Mamy, une histoire qui résonne comme un hymne à la vie.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Jacques Calafat a écouté attentivement le récit de cette grande dame et vous livre désormais cette biographie empreinte de la tendresse qu’il éprouve pour cette chère « Mamy ».
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Jacques Calafat
Une vie, un conte de fées
Roman
© Lys Bleu Éditions – Jacques Calafat
ISBN : 979-10-422-3048-7
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Voici le récit tiré d’une histoire vraie, d’une grande dame ayant eu une vie bien remplie, avec tous les tourments, la misère, la faim, la pauvreté, la barbarie des hommes, la guerre, la peur, l’angoisse et enfin la richesse si bien méritée. Elle connaîtra enfin le bonheur, la joie de vivre, le mariage, entourée de princes, de princesses, de rois, de reines à sa table.
Il a fallu romancer un peu, car à son âge, Liên n’a pas toute sa mémoire. Certains souvenirs sont diffus. J’ai essayé de reconstruire son histoire, mais le maximum de ce récit est basé sur des souvenirs solides, que je lui ai fait répéter pour être sûr.
Même à son âge, je vois dans ses yeux une flamme, une étincelle qui apparaît lorsqu’elle raconte certains de ses souvenirs. Parfois, son regard s’assombrit quand elle raconte la guerre, le début de sa vie où elle a tant souffert, mais cela est effacé dès qu’elle raconte sa vie avec Philippe.
Quand son regard s’illumine, je comprends alors que l’amour est éternel. Ce sentiment inonde son regard, même si Philippe s’en est allé dans l’autre monde, pour elle il est là, bien présent encore dans sa mémoire.
Liên, qui veut dire Lotus, naît au Vietnam à Cholon à côté de Saigon, aujourd’hui Ho Chi Min Ville. Elle arrive dans cette vie en 1927, c’est l’été dans son pays. Ses parents sont si pauvres qu’ils la donnent à adopter, mais son adoption ne durera que très peu de temps.
Liên naît juste avant le lancement de la fondation anticolonialiste du 25 décembre 1927. Créé à Hanoï, le parti s’appelait Parti national du Vietnam. Il avait pour but de chasser les colons, de retrouver l’indépendance du Vietnam et de créer une démocratie pour le peuple vietnamien.
Cette date avait été choisie car les colons fêtaient Noël, mais leur plan fut déjoué à deux heures du matin pour reprendre plus tard. Le mouvement s’agrandira par la suite.
Les grands-parents de Liên viennent la rechercher et s’occupent d’elle dès l’âge de 1 an. Liên n’ira pas à l’école car sa grand-mère ne veut pas.
Pour aller à l’école, il fallait passer un bac sur le fleuve et cela était très dangereux, beaucoup d’enfants se sont noyés en le traversant.
Un peu jalouse, elle faisait semblant d’aller à l’école. Elle suivait les enfants avec ses livres et ses cahiers jusqu’au fleuve. Là, elle s’en retournait chez ses grands-parents, très triste de ne pas pouvoir apprendre comme les autres enfants.
Sa grand-mère lui disait : « je préfère que tu sois ici illettrée que morte noyée en traversant le fleuve, c’est pour cela que je ne veux pas que tu ailles à l’école ! c’est pour te protéger, tu sais le fleuve est très dangereux. »
Liên ne va que très rarement à Saigon, aujourd’hui Ho Chi min Ville. Elle s’y rend avec son grand-père pour aller à la Pagode voir Bouddha. Pour elle, cette ville est très grande, énorme, la circulation y est infernale. Il n’y a pas beaucoup de voitures, mais une masse immense de vélos.
Les tricycles, les Pousse-Pousse sont en très grand nombre et les piétons grouillent comme des fourmis. La vie dans cette ville est impossible si l’on n’y est pas né.
Ce qui choque le plus dans cette ville, c’est la densité de la population. Les rues sont remplies de marchands sur les trottoirs, qui vendent des épices aux couleurs et parfums enivrants. La cuisine vietnamienne est agrémentée d’épices aux saveurs surprenantes. La combinaison comme le sucré salé est courante et la nourriture est surtout très pimentée.
Toutes ces variétés d’épices sont dans des sacs tressés, en toile, comme de très grands cabas. Il y en a de toutes les couleurs et ce mélange harmonieux remplit les regards de joie. On dirait des tableaux vivants.
La vie de Liên se passe sans encombre. Elle est comme toutes les petites filles de son âge, elle donne parfois un coup de main à sa grand-mère et aide du mieux qu’elle le peut. Elle participe aux tâches ménagères, fait un peu de cuisine. Comme il n’y a pas l’eau courante, elle va chercher l’eau dans les grandes jarres stockées dans un cabanon à côté de la maison, elle amène le bois pour le feu. Elle est pleine de bonne volonté et ses grands-parents en sont très fiers et heureux.
Elle apprend la couture, le crochet, le tissage, le tricotage, tout ce qu’une femme doit savoir faire.
Sa grand-mère lui transmet beaucoup de son savoir-faire et Liên en est très heureuse. C’est une petite fille très curieuse qui est avide de connaissances.
La cuisine se fait sur le feu de bois, il n’y a pas d’électricité, ni l’eau courante, il faut aller la chercher chez un marchand qui vient vendre des jarres. On récupère l’eau de pluie que l’on fait bouillir. Il n’y a pas de radio, etc., les meubles sont rudimentaires. Il y a juste l’essentiel pour survivre.
Son grand-père lui apprend un peu le bricolage, afin qu’elle puisse se débrouiller seule au cas où. Il l’emmène dans la campagne, lui montre des plantes médicinales, lui apprend les différents chants des oiseaux, où passe tel ou tel animal. Liên est heureuse avec son grand-père si gentil.
Comme jouets, elle n’a que quelques objets en bois et une poupée en chiffon froissé, mais Liên ne se plaint jamais. Elle vit comme toutes les petites filles de son âge dans son pays.
Son grand-père la prend souvent sur ses genoux, il est très aimant et lui donne beaucoup de courage. Cette famille très pieuse vit avec un autel bouddhiste dans la maison et prie souvent, afin que Bouddha leur vienne en aide dans cette vie si difficile.
De temps en temps, Liên et ses grands-parents partent en ville et vont prier à la Pagode. Ce magnifique édifice est un bâtiment rond, parfois carré, mais bien reconnaissable à son toit formé en escalier et avec les rebords relevés vers le ciel.
À l’intérieur, il y a des objets de culte et beaucoup de décorations, qui rendent l’atmosphère très apaisante, très calme. Bouddha y est présent et on s’adresse à lui pour trouver la sagesse et la paix.
Liên a des petites copines dans son village, mais il n’est pas vraiment permis de traîner dans les ruelles. La vie et l’éducation au Vietnam sont tout à fait différentes de chez nous. On prône surtout l’honneur, la fierté, la discipline et le respect des anciens, qui sont les enseignements fondamentaux que l’on apprend aux enfants.
On lui apprend la noblesse d’esprit et elle respectera ces traditions toute sa vie.
Moi qui la connais aujourd’hui, je peux dire que cette grande Dame, car c’en est une, n’a jamais failli. Elle détient un charisme à toute épreuve. À l’aube de ses 93 printemps, elle est aussi belle à l’intérieur qu’à l’extérieur. Elle a une prestance de reine. Elle ne se plaint jamais et me prodigue des conseils que je respecte scrupuleusement, car ils sont d’une sagesse que je ne soupçonnais pas.
La vie s’écoule paisiblement entre le travail pour le riz qui est l’aliment principal, sans riz, la vie serait impossible, les tâches à la maison, Liên fait tout pour aider du mieux possible, et un peu, très peu, prendre le temps de s’amuser ; il faut bien se vider l’esprit, sinon la vie serait trop difficile.
Le pire est pendant les périodes de mousson, car tout est mouillé. Il est difficile de conserver son lit au sec, alors on plie au mieux la couverture et on la place dans une bassine en émail avec un couvercle, afin que l’humidité ne s’imprègne pas trop. Le plastique n’existant pas, il faut trouver des solutions pour dormir bien au sec.
Jusqu’à ses 9 ans, Liên a connu une vie paisible, aimée par ses grands-parents. Quand le grand-père s’éteint, la grand-mère seule est prise au dépourvu. Elle fait son possible pour Liên qu’elle aime tant, mais elle rejoint son époux. Liên se retrouve seule.
Pour Liên, l’avenir va devenir un enfer et elle n’y est pas préparée. Elle va connaître l’autre côté qui est la douleur, la souffrance, les brimades, les coups, etc.
On la place chez un oncle et une tante très éloignés, qui vont profiter d’elle et la faire travailler plus de 18 heures par jour. Elle n’aura le droit d’avoir qu’un seul petit bol de riz par jour. Liên connaît la faim et la fatigue jusqu’à l’épuisement.
Cet oncle et cette tante ont deux enfants plus âgés que Liên. On pourrait croire qu’ils seront gentils avec elle, mais non, tout le contraire, ils lui font subir toutes les méchancetés possibles.
Ils l’insultent, la traitent de moins que rien. Un jour, le garçon lui dit : « tu ne vaux rien, tu es sale, tu es laide, tu n’auras jamais de mari, tu finiras seule dans ton coin de crasse ! »
Liên ne dit rien, elle n’a pas le choix. Si elle se permettait la moindre réplique, les vieux la taperaient en défendant leurs cochons d’enfants. Ce n’est pas pour rien qu’ils étaient si méchants, tels parents, tels enfants.
La fille, elle, lui faisait des crasses. Elle salissait un endroit exprès et appelait les vieux pour la faire frapper, ou alors elle cassait de la vaisselle et disait en criant que c’était Liên qui l’avait fait.
Voilà ce qu’est devenue la vie de Liên, faite de brimades, de méchancetés gratuites, et de blessures autant corporelles que psychologiques.
Elle est obligée d’aller à la rivière laver le linge avec une brosse, pas de savon et avec l’eau froide elle a des engelures, mais doit continuer à travailler. On ne la soigne pas, c’est marche ou crève. Liên subit ces difficultés et cette douleur permanente sans jamais se plaindre, elle n’en a pas le droit, sinon les sentences tombent. Alors elle se tait et souffre en silence.
Pour dormir un peu, elle se réfugie sous la table (cachée par les battants de la nappe), et fait semblant de nettoyer les pieds de la table, mais elle dort assise en tirant sur le chiffon de droite et de gauche comme un automate. Un jour où elle était assise à nettoyer les cuivres à côté de sa tante, qui était en train d’écosser des légumes, un plat en verre transparent a explosé sur la table. La tante a bien vu que ce n’était pas Liên qui l’avait cassé, mais elle a dit à son mari : « cette espèce d’imbécile a cassé le plat qui allait au feu. »
Liên a essayé de se défendre, mais l’oncle n’écoutait pas. Il ne voulait que la frapper. Il a posé sa ceinture et lui a asséné des coups de ceinture avec une cruauté indescriptible sur les jambes et le dos, avec la méchanceté d’un monstre. Il était insensible à ses cris et pleurs, il frappait, frappait. La tante ne disait rien mais était heureuse de voir cette souffrance. Elle se délectait de ce spectacle en voyant la douleur de Liên.
En réalité, c’était un plat en verre mal dégrossi, donc qui craint les différences de chaleur. Il a explosé seul sans raison, cela s’appelle la maladie du verre.
Liên dormait sur une paillasse tellement bourrée de paille et de foin, qu’ils perçaient le tissu en lin. Cela piquait énormément à travers ce lin mal tissé. C’était comme dormir sur un sac à patates. Il n’y avait même pas de planches en dessous, elle dormait à même la terre, parfois humide. Liên ne disait rien, elle savait que quoi qu’elle dise, elle serait à nouveau battue.
Un jour, la fille a eu une idée de méchanceté. Elle a versé de l’eau sur la paillasse de Liên et quand elle est allée se coucher, son lit était trempé. Elle ne pouvait rien dire et cela les enfants le savaient, alors ils en profitaient au maximum pour lui faire des saletés.
Liên s’est couchée ainsi et a dormi dans ce lit tout trempé. Elle était tellement épuisée qu’elle s’est endormie quand même, mais que pour quelques heures, car on la réveillait avant que le jour se lève pour préparer les petits-déjeuners des enfants. Elle n’y avait pas droit.
Et bien mal lui en aurait pris si elle avait osé prendre un peu de nourriture ! ils l’auraient battue à mort. Alors, le ventre vide et l’estomac noué, elle préparait les petits-déjeuners des autres.
Là, encore à moitié dans les brumes du sommeil, elle était obligée d’allumer le feu, car il n’y avait que le feu de bois pour cuire la nourriture. Il fallait cuire le riz, aliment principal de toute la maison, mais si le bois était un peu humide, le feu ne démarrait pas et gare à elle si le riz n’était pas cuit à temps. Le riz ne devait ni être trop cuit, ni pas assez, et à tout juste 12 ans, comment faire ?
Liên ne disait rien, les enfants se moquaient d’elle avec ses guenilles, mais surtout elle avait faim. Comment laisser une enfant sans manger devant les autres qui s’empiffrent ?
Une fois, Liên avait vu sur un coin de table les livres de la fille de la maison. Elle avait regardé, mais malheureusement elle ne savait ni lire ni écrire, personne ne lui avait appris. Alors, triste, elle referma le livre en rêvant à toutes les histoires que ce livre devait raconter.
Ce qui lui avait bien plu, c’est qu’il y avait des images. Elle ne savait pas à quoi elles faisaient référence, mais ça lui plaisait beaucoup de les regarder. Elles étaient surprenantes pour elle, c’était un monde à part, et cette nuit, elle pourrait un peu rêver à autre chose que cette triste vie de gamine bafouée, battue et ridiculisée. On la traitait comme une esclave, c’était le souffre-douleur de la maison et tous se délectaient à ses dépens.
En déjeunant, comme ils savaient qu’elle avait faim, les enfants faisaient exprès de faire tomber un peu de riz par terre comme à un chien. Dès qu’ils étaient partis à l’école, elle le ramassait, le rinçait et le mangeait pour caler un peu cette faim qui faisait si mal au ventre.
Parfois, Liên pensait aux autres enfants qui avaient des parents aimants. Pourquoi devait-elle subir de telles méchancetés, de telles brimades, et cette peur incessante de devoir faire attention à tout pour éviter les sanctions qu’elle n’avait d’ailleurs pas méritées.
Pour Liên, la vie n’était pas facile. Elle avait souvent des problèmes avec l’oncle et la tante. Quand il fallait se laver, elle allait à la rivière et avait beaucoup de difficultés pour se mettre nue sous le regard des autres. Comme elle approchait de ses 11 ans, elle avait du mal avec la nudité, mais elle n’avait pas le choix, c’était ça ou la ceinture.
Si par malheur elle s’attardait avec des fillettes de son âge à discuter un peu, elle avait droit automatiquement au coup de bâton ou à la ceinture.
Quelquefois, elle était privée de son seul bol de riz en guise de punition. Mais pourquoi ? Qu’avait-elle fait, cette question la taraudait sans cesse, qu’ai-je fait pour mériter tant de méchanceté ?
Parfois, Liên devait préparer les habits des deux enfants de la maison ; la robe de la fille avec son chemisier et un chandail à poser sur les épaules ; pour le garçon, un pantalon et une chemise qui devait être impeccable, bien repassée et les chaussures bien cirées.
La veste du garçon devait être parfaite, car les deux allaient au bal. Il y avait parfois des petits bals dans des villages à côté. Elle pensait qu’elle allait être un peu seule et échapper à ses tortionnaires, mais non ! les vieux ne quittaient pas la maison.
Donc, pour Liên, impossible de profiter d’un peu de quiétude. L’on pourrait croire que cette vie est celle de Cendrillon dans un conte de fées, mais non ! cela était bien réel, et Liên en souffrait beaucoup. Bien sûr, elle ne connaissait pas ce conte, mais à des milliers de kilomètres de la France (10 000 km), ce conte existait, mais ici le prince ne viendrait pas.
Ce conte mis à la mémoire collective en 1697 par Charles Perrault n’aurait dû être qu’une fiction, mais voilà, il se passait la même histoire au Vietnam avec notre pauvre Liên qui ne s’en doutait même pas.
Son seul péché était d’être née dans une famille très pauvre et à une mauvaise époque. Le plus dur, c’est que ses grands-parents étaient partis dans l’autre monde, qu’ils ne pouvaient plus la défendre ni l’aider. Elle était seule, abandonnée à son triste sort. Combien de temps devrais-je souffrir encore ? se demandait-elle. Elle avait du mal à supporter l’absence de ses grands-parents, elle les pleurait en cachette, son grand-père si gentil avec elle, sa grand-mère si douce, si attentionnée, qui s’occupait d’elle malgré les difficultés de la vie au Vietnam à cette époque.