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Risgallah Georges

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Beschreibung

Anton est un recueil de nouvelles qui aborde des situations cocasses se déroulant entre la France et l’Égypte. Né à Alexandrie et résident dans l’hexagone, Risgallah Georges rend hommage à deux patries qui ont fait sa personnalité. Il dépeint, dans un style singulier, des cultures qui, bien qu’éloignées, ont un message fort pour chacun d’entre nous.


À PROPOS DE L'AUTEUR


Risgallah Georges est né en 1960 en Égypte. Titulaire d’une licence ès littérature française obtenue en 1982 à l’Université d’Alexandrie, il se consacre à l’écriture et à la peinture.

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Risgallah Georges

Anton

Nouvelles

© Lys Bleu Éditions – Risgallah Georges

ISBN : 979-10-377-5468-4

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Prologue

« Tu vois, ma mémoire flanche ! Un détail me revient ! Mais je ne me rappelle plus de l’année exacte mon “Amour”. Peut-être en 1981 ou en 1984 ! ».

« C’était à Paris. Je passai dans la rue Barbès Rochechouart après une longue visite à La Basilique du Sacré-Cœur. J’avais le cœur, l’esprit et les sens emballés. Douceur et légèreté m’envahissaient tendrement et me soulevaient vers d’autres horizons loin de cet univers. »

« Bref, j’errai dans cette rue animée, presque orientale. Mes pensées et mes rêves se tournaient, comme toujours, vers Toi. Et qu’est-ce que j’entends ? Une mélodie (du grand compositeur Abdel Wahab “Fi yom wé leila” interprétée par la gracieuse Warda) qui nous accompagna, toi et moi, longtemps, lors de nos ballades et aventures vécues et/ou ressenties ensemble. Mes larmes (et certainement les tiennes si tu es en train de me lire à cet instant) coulèrent à flots. Mon ciel, mon étoile, mes nuits, ô Seigneur ! Faites-moi revivre ces instants, ce passé ! »

C’est ce qu’Antoine écrivit quelques décennies plus tard dans son petit « carnet » pour éterniser ses mémoires.

Commençons par le début !

 

 

 

 

 

Antoine (Anton)

 

 

 

De son balcon, il regardait, contemplait ? Quoi ? Rien !

C’étaient des regards vides, blancs. Il avait besoin de ces moments d’intimité avec lui-même. C’était comme cela, souvent, en rentrant de son travail. Sa concentration lui échappait. Il vivait seul dans un appartement meublé : deux chambres et un salon. Cet appart était au premier étage d’un immeuble neuf et bien entretenu par un « bawab » (concierge) arrivé tout droit de la Nubie.

Antoine ou Anton (comme certains l’appelaient) avait les cheveux noirs, plus noirs que le charbon brut. Ses yeux étaient marron, mais qui changeaient selon les heures, les lumières, les ombres et les angles. Son visage était pâle d’une pâleur enivrante, souligné par quelques cernes, de temps à autre selon son humeur. Ses vingt-trois ans étaient son atout : jeunesse, force, révolte et persévérance. Le ciel venait de lui sourire : quelques semaines après avoir obtenu son diplôme, on l’embaucha dans un collège catholique privé français. Il y enseignait le français, les mathématiques plus le dessin comme activité. Cet établissement était à dix minutes de marche de chez lui. Il se sentait en forme. Les premiers jours, donc en septembre, de l’année scolaire étaient parfaits. Tout était beau et intéressant (pour lui) et une grande volonté d’apprendre (sur le tas) le métier de l’enseignement. Il se régalait. Il donnait, sans réserve, tout son savoir. Sa classe était son univers : la quatrième C avec ses cinquante-six yeux qui le fixaient admirativement, quotidiennement, sauf le vendredi et le dimanche (le vendredi : jour de la prière musulmane. Le dimanche : jour de la prière chrétienne). Quand il parlait de ses élèves, il disait « les oisillons » ou parfois « les petites fleurs aux pétales clos ». C’était un collège pour filles. Une « madrassa » (école, collège ou lycée) de renommée. Pendant ses deux jours de repos ou week-end à l’égyptienne, il corrigeait les devoirs et les contrôles de « ses élèves ». Mais, surtout, il lisait, énormément. De temps à autre, il dessinait et peignait. Il adorait lire, dessiner, peindre et écrire (pour lui, pour son plaisir). Un vrai autodidacte. Quelque part, cela lui était d’une grande utilité pour son travail (presque un entraînement). Il ne se souciait de rien, surtout pas des tâches ménagères car il avait une « Khadama » (domestique) qui venait un jour sur deux lui faire le ménage, quelques courses et des repas.

Salwa

 

Salwa « la bonne » était honnête, respectueuse et discrète. Antoine lui faisait entièrement confiance. Il lui avait confié un double de la clé de son appart pour pouvoir venir en son absence. Elle avait quarante-deux ans mais paraissait plus âgée. Le sort s’est abattu sur elle avec acharnement. Divorce du jour au lendemain. Deux enfants à nourrir. Un logement trop étroit. Depuis l’acte lâche et irresponsable de son ex, elle vivait chez ses parents avec ses deux enfants. Cinq âmes dans un deux-pièces, en tout et pour tout, au sous-sol d’un immeuble délabré. Son travail chez trois familles lui permettait de nourrir sa marmaille et donner quelques « guénéh » (livres égyptiennes) à ses parents. Ces derniers étaient les concierges de l’immeuble. Elle aimait bien son patron. Il la traitait bien et avec respect. À force de le voir, il s’est créé entre eux un lien intime, presque une amitié. Elle se confiait à lui. Lui racontait ses problèmes ; lui parlait de ses enfants, de ses parents, etc. Le hasard fit qu’un jour, alors qu’il prenait sa douche, elle arriva, un peu plus tôt que d’habitude, faire le ménage. Croyant que son « sayed » (maître) n’était pas là, elle ouvrit la porte de la salle de bain.

— Oh, mon bey, excuse-moi !

— Pas grave Salwa !

Elle a vu sa « jeunesse », malgré les quelques secondes rapides. Qu’il est beau ! se dit-elle. Elle sortit discrètement de peur de troubler son rituel et continua son ménage. Lui, se sécha vite et sortit. Dans sa chambre, il traîna (pieds nus) pour mettre son slip et son T-shirt. Elle frappa à la porte.

— Rentre !

— Oh, tu n’es pas encore habillé mon bey ?

— Non Salwa, pas encore.

Il s’approcha d’elle et lui tint la main.

— Sidi, ce n’est pas convenable ; dit-elle, en baissant les yeux et en se laissant faire.

Il la tira vers lui, vers son buste, lui embrassa la joue et ensuite glissa ses lèvres vers les siennes.

— Maître, non, s’il te plaît, j’ai presque l’âge de ta mère.

— Oh Salwa, tu es belle !

Il était épris par cette lassitude qu’il voyait dans ses yeux. Mais, sa peau révélait le contraire : lisse, ferme et agréable à toucher. C’était une femme qui soignait son corps, s’épilait régulièrement avec une pâte à épiler à base de sucre (comme la plupart des Orientales) : la « moustache », les aisselles, l’aine, entre les cuisses. Tout un art ! Elle aimait son corps et se regardait souvent dans la glace.

 

 

 

Les petites passions d’Anton