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Un livre remplit d'histoires, d'histoires de nos vies...
Au fil des jours, on s’aime, on rit, on pleure, les enfants naissent, grandissent, on prend de l’âge mais on continue de rêver. On traverse des étapes, des épreuves, mais on vit ! Des émotions universelles, des moments touchants, souriants, dramatiques parfois, que l’auteure conte d’une plume moderne et sensible. A travers une multitude de portraits, ce livre nous emmène en voyage dans ce quotidien simple et merveilleux, comme un tour de manège... Montez à bord !
Laissez-vous emporter par ces tranches de vie et ces personnages qui nous ressemblent.
EXTRAIT DE
L'appartement bleu
L’appartement se vide de nos rires. L’appartement se ride d’un temps passé, d’un amour dépassé, d’un amour tourné court sur le chemin de nos vies. L’appartement est nu, sans nos habits mêlés pour l’amour donné.
Désormais, l’appartement va redevenir mûrs, fenêtres ; bientôt les photos décrochées sortiront de leur cadre pour faire la place à de nouveaux souvenirs. L’appartement est bleu de froid sans moi. Mais, m’y as-tu jamais fait une place ?
Toi aussi, tu vas le quitter. Tu déménages, tu quittes ton job, tu quittes la ville. Moi, je jetterai ce qui fut mon trousseau dans ta boîte aux lettres. J’ai jamais mis mon nom sur cette boîte ni sur la porte d’entrée. Je fus ton amoureuse de passage. Toi mon amoureux en transit. Je fus ton premier amour. Je ne t’aimais pas de cet amour-là. Notre amour était illusoire…
Pour la dernière fois, on se regarde, dans le vide de cet appartement que tu vas lâcher dans deux jours. On a un fou rire bizarre, pour mettre fin à notre histoire. Le lit est bleu, on est loin l’un de l’autre, chacun d’un côté de la fin des choses.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Auteure-compositrice et poète,
Natacha Karl est passionnée par le haïku, l’écriture et la musique. Elle a enseigné la philosophie puis a été bibliothécaire musicale. Depuis 2010, elle se consacre à l’écriture. Elle a publié
Visages de silence (2008),
Bonjour Mademoiselle (2016),
Les Survivantes (2017). À Tarbes où elle vit, elle se produit lors de soirées slam, et anime un café-poésie : l’Heure Bleue. Elle est publiée dans des revues ou anthologies de poésie (
Gong, Graines de Vent, Le Capital des Mots, Haïku Column, Secrets de femmes etc.). Elle publie aussi des romans jeunesse dont
Musiciennes ! (2017) et
Claire et Myriam (à paraître).
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Au fil des jours
Natacha Karl
Au fil des joursNouvelles
© Lys Bleu Éditions – Natacha KARL
ISBN : 9 782 378 772 840
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Titres déjà parus
- Bonjour Mademoiselle - Edilivre, 2016
- Les survivantes - Edilivre, 2017
- Musiciennes ! - Mon petit éditeur, 2017
- Claire et Myriam - Mon petit éditeur, 2018 (à paraître)
À Laurent et Marie,
Pour tous ces jours passants, de bonheur et de malheur mêlés
Pour tous ces jours d’amour…
Jours des amoureuses
Je suis au tapis ! Et d’ailleurs je m’en fous. J’avais décidé aujourd’hui de le demander en mariage, oui, lui, Marc ! Je sais, je ne suis rien qu’une incorrigible romantique, toutes mes amies se moquent de moi, par exemple de la tonne de DVD de comédies romantiques qui s’entassent dans mon salon ! Je l’avais rencontré au parc, en faisant mon footing, au moment où je venais de me fouler la cheville, et là, exactement comme dans une romcom américaine à Central Park, Marc était apparu pour me rattraper, me conduire à son cabinet pour me faire un bandage et me séduire du même coup, lui le brillant médecin au sourire à la Derek Sheperd. Bref, une rencontre magique et romantique à souhait, même si avec mes cheveux décoiffés, le visage luisant de transpiration, je n’étais pas au top ! Mais bon, faut croire que cela ne l’avait pas découragé car dès le lendemain, il m’appelait et notre histoire avait commencé, à toute allure. Les filles me disaient : « T’emballes pas trop vite, quand même ! » Je me disais qu’elles étaient un peu jalouses de nous… et j’ai foncé tête baissée, jusqu’à mettre au point mon plan : le demander en mariage ! Même si ça ne faisait pas trois mois qu’on était ensemble… J’ai claqué la moitié de ma paye dans cette robe rouge Nina Ricci et remis à neuf pour lui une bague de fiançailles héritée de mon grand-père, belle et intemporelle. Plus une réservation à Deauville. Chabadabada. On y était carrément !
Je planais grave !
Or, il est rentré plus tôt, je n’ai pas eu le temps de lui faire la surprise. Il m’a dit tout de go :
— Fabienne, c’est fini. J’ai bien réfléchi, ça ne sert à rien de faire semblant d’être amoureux, pour cette daube de Saint-Valentin en plus.
Comme je ne répondais toujours rien, j’avais même pas une phrase de mes films pourris à réciter par cœur, il a insisté :
— T’as pas l’air de comprendre ! Je te quitte, je pars Fabienne !
Il a fait ses valises dans la foulée, il avait dû préparer son coup parce qu’il a fait très vite ; d’ailleurs, il n’avait jamais laissé grand-chose dans mon appart ; il m’a rendu les clés que je lui avais offertes comme une conne dans un paquet adorable au bout de notre première semaine ensemble... Je n’ai pas réussi à ouvrir la bouche ; comme un poisson dans son bocal, la bouche ouverte, je suis restée muette. Quoi, j’étais tombée sur un fanatique anti-Saint-Valentins ? Avait-il senti le vent tourner ? Alors c’était rien qu’un putain d’enfoiré affectif qui voulait se choper une nouvelle nana dans les allées du parc ? Et vas-y que je te trouve beau, et vas-y que je te câline, que je t’aime mon beau médecin, et vas-y que je t’admire… Dans ma tête, ça tournait en boucle à cent à l’heure.
Puis, réveillée comme après une douche froide, et c’en était bien une, j’ai enfilé ma sublime robe rouge, glissé à mon majeur la bague de mon grand-père ; j’ai pris quelques affaires de toilette, sauté dans ma modeste Opel Corsa et roulé pied au plancher jusqu’à Deauville, en chantant à tue-tête Chabadabada, en essuyant quelques larmes au passage... J’y croyais à mon histoire, à ce connard de Marc ; mes copines avaient bien essayé de me prévenir ; elles avaient flairé l’embrouille, le plan drague bien bateau. Mais je n’avais rien voulu entendre, j’avais rien vu venir, quelle conne ! Allez, avec ma robe rouge de princesse, j’allais la vivre quand même ma Saint Valentin, même toute seule dans ma suite ! Et hop !
À peine arrivée au Grand Hôtel de Deauville, mon imper simplement jeté sur ma robe de princesse, j’ai décidé d’aller jouer au casino. Que des premières fois aujourd’hui ! Première Saint-Valentin où je me fais larguer, première non-demande en mariage, première fois que je viens à Deauville, première fois que je joue au casino, dans une robe rouge de haute couture qui plus est. Je bois coupe sur coupe, j’en ai plus rien à foutre de rien, je suis au tapis, je ris comme je pleure. Et tant mieux s’il ne m’a pas laissé le temps de faire ma grande demande, il aurait été capable de garder la bague de fiançailles que je voulais lui offrir ce con ! Bon, une autre coupe de champagne !
Au bout d’un certain nombre de coupes, je m’effondre dans mes froufrous de satin, en état de choc ! Un croupier m’a ramassée évanouie ! Et me voilà dans une chambre d’hôpital, en camisole blanche (où est ma robe ?). L’interne qui se penche vers moi est incroyablement beau, Ryan Gosling en VO ; je ne regarde pas les sous-titres, juste le son caressant de sa voix, juste la ligne de son sourire tendre. Je déchiffre l’étiquette de sa blouse : Jean-Luc... Je lui dédie mon premier sourire.
J’entends la musique qui donne dans ma tête : un homme, une femme. C’est lui, c’est moi. Encore un médecin ! Je suis encore tombée dans Grey’s Anatomy ou quoi ? L’idée me traverse l’esprit un quart de seconde. Ensuite, je me suis laissé guider, mon destin m’a prise par la main ; pour une fois, ma gueule de bois a été très discrète ; regarder Jean-Luc m’a vite dessaoulée. J’ai renfilé ma robe rouge, et il n’y a pas à dire : le satin rouge, ça flashe entre les murs blancs d’un hôpital. Au matin, à la fin de la garde de mon bel interne, nous sommes allés prendre un café et nous promener sur la plage. Nos mains se sont frôlées. Chabadabada… Cette fois-ci, on y est !!
On n’a jamais pu oublier la date de notre première rencontre ! Chabadabada...Il a bien fait de me larguer l’autre idiot que je voulais demander en mariage ! Il a vraiment été mon porte-bonheur ; sans lui, je n’aurais jamais rencontré Jean-Luc, l’homme de ma vie. Je me suis installée à Deauville avec lui, et quand on s’est dit oui, je portais une robe de mariée… rouge !
Va-t-elle jouer le jeu ? Je lui ai glissé les règles à l’oreille après l’amour, la dernière fois que nous étions ensemble. Je rentre de voyage et dans le taxi, je pense à elle…
Dans la douce pénombre, je voudrais la surprendre les doigts en l’air, juste avant qu’elle ne les repose sur son triangle brûlant d’un désir inconnu. Elle sera demi-nue les yeux clos dans sa quête ingénue.
Elle ne m’aura pas entendu. Elle ne m’aura pas attendu. De la porte d’entrée, j’écouterai ses gémissements secrets, rêvant de faire lever une marée de grondements dans sa bouche délicieuse. Je rentrerai sans faire de bruit.
Devine-t-elle que je suis là, à la porte de la chambre, chavirée de la regarder dans son doux balancement ?
Elle me fait languir ; maintenant ses mains encerclent ses seins, frémissant sous ses caresses de satin.
J’avale l’eau de ma bouche, le jeu se prolonge. Incertain du moment, je franchis le seuil et glisse vers le lit, elle ne se retourne pas mais sa main attrape la mienne. Elle murmure « enfin » et délivré, je la rejoins. Je suis sûr, enfin, qu’elle m’attendait, qu’elle jouait le jeu dont je lui avais murmuré les règles avant de partir.
Je rampe sur le lit, je la rejoins tout habillé. Je glisse sur elle, à demi dévêtue, nous ne nous déshabillons pas dans une chorégraphie ambiguë. Nous dansons l’un sur l’autre, de plus en plus fort, de plus en plus près, jusqu’à la pointe fine du désir. Elle cède avant moi, jouissant dans mes bras avant même que je n’entre en elle.
Il va juste suffire de passer par la petite échelle. Pas besoin de tirer à la courte paille. Elle se lève de la sieste, la figure imposée de la petite enfance. Tout doucement, elle regarde par les jalousies la lumière de cette journée d’été. Elle prend ses jambes à son cou, tout simplement, elle chausse ses petites sandales jaunes, elle ouvre la porte de sa petite chambre, tout doucement, discrètement. Elle marche dans le long couloir au parquet qui craque, en se faufilant sans donner l’alarme. Elle se lève du sommeil imposé, des figures obligées, elle se lève, de la force profonde, de sa force éprouvée. Elle quitte le sommeil cannibale et les mains indiscrètes, les mains suspectes de ses fausses nuits. Elle se lève, elle se faufile dans son destin choisi, de son festin joyeux sous la marée montante. Une femme, disons-le, une femme dénudée de l’enfance, une femme ouverte, une fenêtre fermée sous la chaleur du temps, une fenêtre jalouse de la vie qui l’emporte. Une
femme qui marche et qui sait le chemin.Elle va oublier cette chambrette lointaine, une sieste refusée, le sommeil fâché, l’éveil des grands yeux scrutant l’obscurité, la forêt enchantée de la marraine soyeuse. Il est une porte, une fenêtre, des vitres, des cerceaux, des échelles, des cordes. Il est là devant, le salut, le levant. Il est là, le temps, de la femme et celui de l’enfant ; il est là le silence, il est là le secret. Le fracas du secret éclaté sur ses pieds, les sabots qui claquent quand elle reprend la route, qu’elle a franchi le seuil.
À tout jamais. Longue, longue route, elle serpente, elle sinue, elle dévoile sa trace. Louise marche du levant au couchant, elle frotte ses pieds à la pierre, elle les recouvre de poussière et elle les baigne dans l’eau claire, du ruisseau dans la clairière... en un lieu qui ressemble à sa chambre d’enfance, comme un nouveau cocon, vert, végétal, bruissant de lumière dans les feuilles, frisson du vent...
Louise ne portera pas plainte, qui la croirait ? Cet homme respectable et respecté. Elle n’était qu’une enfant qui a tout inventé, n’est-ce pas ? Et inventer quoi, d’ailleurs ? Ce n’est pas interdit de faire la sieste avec sa petite fille, son enfant, sa chair… Louise a quitté l’emprise, elle vole vers sa vie, elle oubliera peut-être. Elle a tout inventé, n’est-ce pas ? Elle a rêvé, elle a trop lu Peau d’Âne…
Sa chambre nouvelle est sans contours, sans barrières, sans volets ni jalousies... à tous les vents, une chambre magique, pour une femme sincère, réconciliée de tout son corps, une femme amour, une femme jour, qui ne plie pas, qui ploie et se déplie, une femme coquelicot, ardente, vibrante, innocente et libre.