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Le chemin pris par le personnage principal au départ n’était pas une question de choix. Sa mère lui avait imposé une relation compliquée avec un beau-père qui n’en avait que le titre. La violence dans laquelle l’enfant baignait semblait intarissable. Prisonnier de cette spirale infernale, la moindre lueur d’espoir le replongeait inexorablement dans les ténèbres, laissant des stigmates indélébiles. Malgré ce lourd vécu, il avait gardé sa foi en Dieu jusqu’à ce jour tragique où il commet l’irréparable. Par ce geste, sans se l’avouer, il était conscient d’avoir vendu son âme au diable…
À PROPOS DE L'AUTEUR
Louisière Desplan a consacré quinze années de sa vie au service militaire, une expérience qui l’a conduit à découvrir des horizons divers, notamment en Afrique où il a puisé l’inspiration pour créer plusieurs œuvres, dont "Les petits princes d’Afrique", paru en 2021 aux éditons Le Lys Bleu. Par la suite, il a rejoint le monde de l’Éducation nationale où il s’est engagé à travailler auprès des jeunes, poursuivant ainsi son parcours fascinant.
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Louisière Desplan
Baptisé par le diable
Roman
© Lys Bleu Éditions – Louisière Desplan
ISBN : 979-10-422-2110-2
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Les soirs, quand je vivais encore avec ma mère, je priais le bon Dieu pour que mon demain soit moins dur que la journée passée. Par moment, j’avais l’impression que c’était ma mère, plutôt que Dieu, qui devait entendre mes prières parce qu’à chaque fois le lendemain, je subissais encore plus. À force de subir, sans accepter, je m’étais organisé (dans ma tête) pour vivre cette vie sans repères. Malgré cela, j’ai continué à croire à des jours meilleurs et surtout, je me disais que de toute façon je grandissais et que chaque jour passé, c’était une victoire sur la vie. Mais rien n’avait changé jusqu’à sa mort brutale. Je ne pouvais pas croire qu’à aucun moment elle ne s’était rendu compte qu’elle n’était pas une bonne mère et qu’elle n’avait pas insisté pour me garder auprès d’elle jusqu’à mes 13 ans.Ce n’était pas parce qu’elle m’avait donné la vie qu’elle devait se considérer « maman ». Elle était comme toutes ces femmes qui pensent que pour être intégrées dans la société en tant que femme, il fallait avoir un enfant. C’était une belle connerie… La chose que beaucoup d’entre elles n’ont pas comprise, c’est qu’avec un enfant ou plusieurs, elles pouvaient se déconnecter de ladite société.
« Pendant des années je pensais que ce que j’étais devenu aujourd’hui, c’est-à-dire un meurtrier, n’était pas ma faute, mais bien la faute de ma mère. Et ça me convenait très bien de penser ça, pour justifier mes actes. Avec le temps, mon esprit a changé. Je ne l’inclus plus dans mes meurtres, mais je reste persuadé que je ne suis pas devenu comme ça par hasard, et comme je dépendais d’elle enfant, elle a forcément une part de responsabilité dans ce que je suis. En plus de cela, j’avais lu par le plus grand des hasards dans le rare livre que j’ai lu en tant qu’enfant “On ne naît pas assassin, on le devient” ».
Il est vrai que je n’avais pas demandé à vivre et il était difficile pour moi dans un premier temps de comprendre que je devais payer la note de la mauvaise éducation que j’avais reçue de ma mère. Cette vie à sens unique qu’elle nous avait fait vivre à tous les deux, c’était elle qui l’avait choisie, même si pour elle j’étais en partie concerné. Ce n’était pas à cause de moi qu’elle ne s’en était pas sortie dans la vie comme elle le disait à qui voulait l’entendre, c’était elle l’adulte qui décidait et choisissait, pas moi.
Quand j’étais enfant, je ne comprenais pas trop les insultes de ma mère qui m’étaient destinées, mais adolescent, j’ai fini par comprendre que j’étais un boulet dans sa vie. Je lui cherchais encore des excuses par moment, en me disant qu’elle avait droit à l’erreur dans certaines de ses décisions, mais avec le recul, il y en avait beaucoup qu’elle aurait pu éviter pour améliorer un minimum notre vie. Il se peut aussi que l’absence de mon père depuis mon enfance y soit pour quelque chose dans mon mal-être, mais comment savoir ? Vous vous imaginez, mon Père, cela va faire des années qu’elle n’est plus de ce monde et je n’ai toujours pas fait mon deuil. Je n’arrive pas à chasser de mon esprit cette période de ma vie en sa compagnie et fatalement le souvenir des mauvais traitements que j’ai subis de la part de certains de ses amants qui venaient avec elle.
Je ne peux pas dire que je pense qu’à ça toutes mes journées, mais toutes mes nuits j’en fais des cauchemars. À l’inverse, je ne me rappelle presque pas mon père. J’ai de lui que de vagues petits souvenirs, sans pouvoir me rappeler son visage. Je pense que je devais être jaloux des souvenirs qu’elle pouvait avoir de lui et surtout à mes 12 ans, lorsqu’elle m’avait imposé un homme chez nous. J’étais conscient que cette personne devait lui plaire sur différents points pour qu’il soit là, mais à moi, qui m’avait demandé s’il me plaisait ? Malgré tout, j’étais l’homme de la maison et ce statut me garantissait une place. À cause de cet arrivant dans notre vie, je perdais de plus en plus le peu de repères que j’avais. La vie à trois n’est pas la même que la vie à deux. Elle n’avait pas partagé son temps à parts égales, et je n’avais pratiquement plus rien de son temps, contrairement à lui. Même si je ne savais pas comment un parent devait être avec son enfant, je constatais qu’avec les hommes de passage elle se comportait mieux qu’avec moi. Son manque d’attention et son manque d’intérêt pour moi étaient amplifiés par trois en leur présence. Elle disait souvent qu’elle n’aurait pas dû me garder quand elle avait su qu’elle était enceinte, mais à ce moment-là je ne pouvais pas l’influencer sur la décision de mon existence. Si j’étais là, c’est que quelque part elle l’avait voulu, et malgré ça, j’avais droit à énormément de reproches. À chaque reproche concernant un homme, mon père me manquait encore plus. Après je n’arrêtais pas de penser que s’il était là, je n’aurais pas eu droit à ce traitement. Je ne pouvais pas voir quoi que ce soit à l’âge que j’avais et surtout pas en quoi c’était de ma faute, si ses copains du moment ne m’appréciaient pas. Je ne pense pas qu’elle devait leur parler de moi quand elle faisait leur connaissance, parce qu’ils étaient toujours surpris de me voir, à part le dernier. Ils arrivaient toujours chargés avec des bouteilles d’alcool, mais jamais avec quelque chose à manger. À cause de leur comportement en ma présence, je ne leur montrais aucun signe d’affection… que du mépris quand je le pouvais. De toute façon, quoi que je puisse faire, cela déplaisait toujours à ces messieurs. Pour eux, il était facile de me faire des reproches ou dire à ma mère que je n’étais pas le beau-fils idéal pour vivre avec eux, mais jamais aucun d’eux n’a cherché la raison de ma conduite. Et pourtant, elle devait être consciente que c’était elle qui passait le plus de temps en leur compagnie, pas moi. Je pense plutôt avec le recul, qu’il leur était plus simple de dire ça, que de lui donner une vraie raison pour la quitter. J’ai vite appris le côté néfaste de l’alcool sur l’être humain grâce à eux. Elle aurait dû se poser la question, à savoir que si j’étais comme ces personnes lui disaient, elle y était peut-être pour quelque chose.
Ils étaient toujours les bienvenus, au vu de l’accueil que ma mère leur faisait. Le plus impressionnant, c’est que je ne la voyais jamais dans la rue se faire aborder par l’un d’eux. Encore aujourd’hui je me demande ce qu’elle leur trouvait pour leur avoir donné autant d’importance sur le moment. Une fois que ces hommes revenaient chez nous, c’était comme chez eux et même si certains se retenaient malgré tout, elle leur disait de se mettre à l’aise. En revanche, moi en dehors de la maison, je devais toujours bien me comporter et surtout respecter tout le monde, mais chez nous personne ne me respectait. Par moment, j’avais des doutes sur le fait que je sois réellement son enfant, au vu de la considération qu’elle me portait. Par contre, j’entendais sans cesse que j’étais son enfant et que je lui devais obéissance quand elle était saoule. J’avais fini par penser que je n’étais pas l’enfant qu’elle aurait voulu avoir, mais vu que je contribuais au loyer grâce aux aides qu’elle touchait pour moi, elle n’avait pas le choix que de me garder.
Dans le monde dans lequel elle m’avait plongé, l’amour rimait avec la haine et le bonheur avec la tristesse… mais je ne voyais jamais le bonheur et l’amour. Elle n’avait pas essayé de m’aider ou même me dire ce qu’elle attendait de moi, et pourtant, j’en avais besoin. Je ne pouvais pas croire qu’il ne lui était pas arrivé de penser, qu’elle n’était peut-être pas la mère que j’aurais voulu avoir, au vu de son comportement avec moi. Quand j’étais petit, cette question de savoir si c’était une bonne mère ou pas ne m’avait jamais effleuré l’esprit, mais au fur et à mesure que je grandissais, et en voyant les mamans de mes copains, je commençais à me dire que ma mère était différente. C’était quelque chose de dur à penser et encore plus dur à admettre que de savoir que sa mère était malade sans savoir de quoi. Je sais bien aujourd’hui que nous avons tous des différences par rapport à une personne, mais à ce point… ? Même si je sais qu’il n’existe pas de bonne ou de mauvaise éducation, au vu de ce que j’ai vécu, il était plus que normal que pour une existence dans la société, c’était très insuffisant pour que je puisse m’en sortir par la suite. Avec ce qu’elle m’avait transmis, je ne pouvais pas affronter une vie d’adolescent et encore moins d’adulte dans de bonnes conditions. »
« Depuis que j’ai eu l’âge de mieux comprendre les choses sur la vie, je n’avais pas d’amis en dehors de l’école et même à l’école ce n’étaient que des camarades de classe. J’étais replié sur moi, et avec le temps, je ne savais plus si c’était moi qui n’allais pas vers les autres ou si c’était eux qui me mettaient de côté. Dans mes souvenirs j’ai toujours vécu seul et sans confident. Au lieu d’avoir des amis, j’avais pour seuls compagnons masculins à la maison les amants de ma mère. Je servais de défouloir à tous ces hommes, dépourvus de générosité, qu’elle fréquentait. À la limite, que ma mère ou mon père lèvent la main sur moi quand je faisais une bêtise, car j’étais leur enfant, mais des inconnus, c’était pire que tout. Avant son décès, en la questionnant sur la vie, j’ai cherché à savoir ce qui se passait dans sa tête, pour ne m’avoir pas défendu quand j’en avais le plus besoin, mais ce fut en vain.
Mon quotidien n’était pas facile à cause de cette vie sans protection, mais je gardais l’espoir chaque jour qu’elle se rende compte que son enfant ne devait pas vivre dans de telles conditions et qu’elle me demande pardon, mais il n’en fut rien. Bien au contraire, j’en avais tellement pris, qu’au final je m’étais fait une raison, pour que les mots ou les coups ne me fassent plus mal. Avec de telles pensées au quotidien, je ne pensais plus à ma vie comme un enfant ou un ado. Avec le temps j’avais mis de la distance entre moi et ma propre vie. Je pensais que ça m’aurait aidé à me forger un caractère fort, mais voilà, je n’avais pas de comparatif. Je pense que ce caractère était juste valable pour que je tienne avec ma mère. Je ne m’en rendais pas compte à l’époque, mais dès que je parlais de ma mère à un tiers de la famille ou autre, c’était toujours avec de la haine. Au final, j’étais comme elle était avec moi, jamais un mot gentil la concernant ne sortait de ma bouche. Dans de telles conditions, je ne savais plus si c’était de l’amour ou de la haine que j’avais à son égard, mais dans les deux cas ça avait de l’importance pour moi. Je ne me rappelle pas des moments de fous rires, ni même d’un passage dans une fête foraine avec elle, mais je me rappelle qu’à chaque fois que la date de mon anniversaire approchait, elle était dans tous ses états comme si ce jour était maudit. Je veux bien croire à un moment donné que mon esprit avait peut-être fait un blocage pour que je n’ai que de mauvais souvenirs, mais quand même, j’ai trop de détails pour penser autrement. Avec le recul, je pense que de savoir que le jour de ma naissance était peut-être un jour maudit pour elle, a pu déclencher en moi une telle haine. Il aurait fallu pour le bien de tous les deux que ce jour soit retiré du calendrier.
Il est vrai qu’elle était présente au quotidien vu qu’elle ne travaillait pas, mais au final je pense que son absence aurait été mieux pour ma santé mentale. Elle n’avait même pas eu l’intelligence de faire comme certains parents font : acheter leur manque de présence auprès de leurs enfants… de me couvrir de cadeaux.
Je ne lui reproche pas le manque financier, je ne mourrais pas de faim, même si pour m’acheter quelque chose comme un vélo ce n’était jamais le bon mois. J’avais le souvenir qu’elle s’achetait des habits chaque fois qu’elle sortait au magasin sans jamais les mettre après, alors que moi jusqu’à l’âge de 12 ans, j’avais toujours droit aux mêmes habits. Il n’était pas question de parler de vacances, de centre aéré ou même d’un sport dans un club. Elle savait que j’aimais le foot, mais jamais elle ne m’avait amené voir un match ou même me laisser jouer dans la rue dans le quartier. »
« Les seules discussions me concernant, que j’entendais entre elle et une tierce personne, portaient sur mes bons résultats scolaires, mais jamais elle ne m’avait félicité. Ses amis dans la rue trouvaient que j’étais un garçon exemplaire par mon comportement en public. Ils étaient à la limite de l’envier, et à la maison, elle me donnait l’impression que je gênais. C’était frustrant de savoir que j’étais un modèle pour certains et de ne pas avoir d’amour de sa part. Je pensais que si dans le quartier certains jeunes me respectaient, c’était lié au fait que leurs mères devaient leur parler de moi en bien. »
Notre relation n’a jamais été celle d’une mère et son fils, mais de deux individus évoluant dans une société. Elle aurait dû être mon guide et moi son fil conducteur. Au final, nous étions tous les deux à la recherche d’un passé pour construire un avenir.
Ce qu’était Noël ou une fête, ce à quoi ça pouvait ressembler, je le savais qu’à travers le récit des autres… alors que j’aurais tant voulu en vivre une. Quand je lui en parlais, elle avait toujours la même réponse. Elle disait que je ne mérite pas de fêtes, mais elle ne m’a jamais dit pourquoi.
Vous vous rendez compte, mon Père, tout ce temps passé en sa compagnie et elle n’avait jamais rien fait de distrayant avec moi… ou pire, elle ne m’a jamais pris dans ses bras pour un câlin….
Tout ce qui me concernait était pénible pour elle à réaliser. Les seules fois où j’avais son attention pendant plusieurs heures d’affilée, c’était quand je lui arrachais ses cheveux blancs. Par moment, quand je la voyais ou l’entendais, elle donnait l’impression que tout se passait bien dans sa vie. Elle devait oublier qu’à un certain âge j’étais en mesure de me rendre compte quand quelque chose n’allait pas. À force de me prendre des coups de ses copains, je ne me plaignais plus devant elle par la parole, mais elle devait voir à mon comportement que quelque chose n’allait pas. À la longue, je ne voulais plus laisser paraître mon mal-être en public, car j’avais peur que quelqu’un veuille me venir en aide. La seule aide que je voulais dans l’état où j’étais, c’était celle du Seigneur, mais je ne savais pas comment il allait pouvoir agir sur ma vie de mon vivant.