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Charles Beaumont, propriétaire d’une plantation de coton en Caroline du Sud, arrive en France afin de rencontrer son meilleur ami, Georges Vermer. En effet, il souhaite que ce dernier soit son témoin de mariage. Le soir même, à la taverne, il fait la connaissance de la jolie Anna, et c’est le coup de foudre. Cependant, Charles est fiancé à Catherine Grant, une riche héritière américaine. Pourtant, la veille de son retour aux États-Unis, oubliant tous ses principes, il s’abandonne dans les bras d’Anna et les deux amants vivent une nuit passionnée qu’ils savent éphémère. Quelques mois plus tard, Charles se marie. De l’autre côté de l’Atlantique, sur le port, Anna croise à nouveau le chemin de Georges, l’ami de Charles. Seulement, elle est accompagnée de son fils et ne souhaite pas être remarquée… Parviendra-t-elle à garder longtemps son secret ?
À PROPOS DE L'AUTEURE
Passionnée de littérature depuis toujours, Katia Bertoldi signe son premier ouvrage avec Charles et Anna - Tome I. Par le biais de celui-ci, elle espère communiquer à ses lecteurs le même bonheur éprouvé lors de la rédaction de l’histoire de la famille Beaumont.
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Katia Bertoldi
Charles et Anna
Tome I
Roman
© Lys Bleu Éditions – Katia Bertoldi
ISBN : 979-10-377-6062-3
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Charles était de retour. Il galopait dans la plaine, au loin, la lisière de la forêt, avait des couleurs flamboyantes. C’était le charme de l’automne en Bretagne.
Il était impatient de retrouver son ami Georges Vermer, qu’il n’avait pas revu depuis plusieurs années, et qu’il avait connu lors de ses nombreux voyages en France.
Grand, robuste, yeux noisette, cheveux bruns, il avait un visage aux traits fins, doré par le soleil et les embruns de la mer. Et ce grand séducteur avait beaucoup de succès auprès des femmes.
Sa propriété en Caroline du Sud, une plantation de coton, héritée de ses parents, était en faillite.
Un mariage avec une riche héritière, Catherine Grant, était envisagé afin de sauver la situation.
Accosté depuis la veille, dans le port de Saint-Malo, il était venu vendre sa cargaison de coton.
Après une longue chevauchée, il arriva chez son ami et posa pied à terre pour confier sa monture à un domestique. Georges sortit les bras tendus pour l’accueillir.
Il était aussi très beau garçon. Brun aux yeux noir, un peu moins grand que Charles, mais bien bâti également.
Il le fit entrer dans sa maison. Elle était grande, et bien décorée.
Georges aimait les tableaux d’art, et on voyait par-ci par-là, quelques pièces rares, signe de richesse.
Les tentures ocre, sur lesquelles le soleil reflétait, avaient des lueurs d’or.
Il appela une domestique, une charmante jeune fille qui leur servit le liquide ambré, dans deux splendides verres de cristal.
En souriant, elle tendit son verre à Charles, qui apprécia d’un coup d’œil rapide, la beauté de la soubrette. Elle servit Georges et disparut lestement après lui avoir adressé un ravissant sourire. Pas farouche ! pensa Charles. Il sourit également en se disant que son ami, qui aimait aussi les jolies femmes, ne devait pas s’ennuyer avec elle.
Charles fit tourner le liquide ambré dans son verre, et répondit :
Georges ouvrit grand les yeux. Le célibataire endurci allait convoler ? Il n’en revenait pas.
Georges s’étrangla avec son cognac, et répondit avec enthousiasme.
Ils se mirent à rire tous les deux.
Charles redevint sérieux, son visage changea, ses yeux aussi.
Il disait cela comme s’il n’avait pas le choix, et c’était bien le cas. Il se mariait par obligation.
Celle-ci lança un regard coquin à son maître, confirment bien les soupçons de Charles.
Elle ne sembla pas s’effaroucher. Se trouver en présence de deux séduisants prédateurs ne l’effrayait nullement, et aurait été partante pour une soirée à trois, mais ce n’était pas dans leurs habitudes.
D’accord pour ce soir, répondit Charles.
Ils rirent ensemble et continuèrent leur conversation encore un bon moment, puis Charles prit congé.
Il monta sur son cheval et regarda son ami.
Charles sourit et répondit :
Il lui fit signe de la main, regarda encore une fois, la superbe demeure et repartit au galop.
Charles était un homme pressé. Il n’aimait pas laisser traîner les choses, et avait encore tant à faire sur le port. À cet instant précis, il ne savait pas que quelqu’un allait bouleverser sa vie.
Anna était une jolie fille. Vingt-deux ans, les yeux bleu très clair, avec de longs cheveux auburn.
C’était une fille de pêcheur, qui avait perdu ses parents, depuis plusieurs années.
Son père était parti en mer un jour de mauvais temps, et n’était pas rentré. On avait retrouvé son corps sur la plage, quelques jours après le drame, et sa mère était morte l’année suivante, emportée par la maladie. Elle survivait en travaillant à la taverne, et en lavant du linge.
Elle était souvent agacée par les hommes, qui ne manquaient pas de la prendre par la taille, pour la mettre sur leurs genoux, lorsqu’elle servait à boire, et ça ne manquait jamais un seul soir.
Mais elle savait comment s’en défaire, sans les offusquer, ni vexer la clientèle. Il n’en est pas moins qu’elle restait une jeune fille très sérieuse.
Le soir tombait, il lui fallait prendre son service. Elle alla chercher son amie Marjorie qui commençait en même temps qu’elle, et dit :
Celle-ci se mit à rire, et répondit :
Marjorie était blonde, yeux bleu, la taille fine, une beauté également.
Marjorie éclata de rire. Anna avait deviné que la belle avait encore retrouvé un galant.
Elle avait une nature hors du commun cette fille, et les hommes le savaient bien.
Après avoir arrangé ses cheveux, elle demanda :
l’auras pas encore trouvé. Cherche-toi quelqu’un pour te réchauffer la nuit. Tu verras, c’est très agréable !
Elles se remirent à rire et prirent le chemin de la taverne. Lorsqu’elles arrivèrent, le patron leur fit les gros yeux.
Il avait fait sa grosse voix, mais Marjorie le connaissait bien, et n’avait pas peur de lui.
Il sourit, se déridant un peu, et reprit :
Il n’y avait pas trop de monde à cette heure, ce qui permettait aux jeunes filles de servir et de pouvoir observer à leur aise.
Ils étaient banals, très ordinaires, lorsque la porte s’ouvrit.
Charles et Georges entrèrent.
Anna resta bouche bée, en le voyant. Il faut dire que Charles était très élégant dans son uniforme de capitaine.
Marjorie éclata de rire.
Anna fronça les sourcils, essayant de retrouver son calme, car son cœur battait la chamade.
À ce moment-là, Charles tourna la tête, l’aperçut et reçut un choc. Jamais il n’avait vu une jeune fille aussi belle, aussi fraîche. Une fleur dans la rosée du matin.
Georges l’observait.
Il était toujours aussi ébahi, ce qui amusait Georges.
Anna se décomposa, et regarda Marjorie. Celle-ci haussa les épaules et dit :
Elle prit son courage à deux mains, s’approcha de la table, et fit de son mieux pour garder son sang-froid, et retrouver une apparence convenable. Éviter par la même occasion de regarder Charles qui ne se gênait pas pour détailler, sous toutes les coutures, attendant de croiser ses yeux magnifiques.
Il avait fait exprès de mentionner son prénom, voyant bien le trouble de la jeune fille.
Maintenant, elle savait comment il s’appelait !
La taverne était sombre et lugubre, mais il ne voyait plus qu’elle.
Anna revint avec deux pichets de bière, en posa un devant Georges, puis un devant Charles, et c’est à ce moment, que leurs yeux se rencontrèrent !
Elle reçut un choc en plein cœur, comme si elle venait d’être foudroyée par l’orage. Et Charles pareil ressentit des fourmillements dans tout son corps. Une chose qu’il n’avait jamais connue avec ses nombreuses aventures, mais qui l’avait bouleversé, en plongeant ses yeux noisette, dans les prunelles bleues de la demoiselle.
Georges amusé, assistait à la scène et jugea de rompre le charme.
Elle rougit et se retira discrètement, alors que Charles le fusillait du regard :
Charles retrouva le sourire, et répondit en soupirant :
Et ils burent leur bière en silence.
Mais Charles n’avait d’yeux que pour elle. Il se dit qu’il ferait son possible, pour la rencontrer ailleurs qu’à la taverne, afin de faire sa connaissance, loin de Georges, qui n’avait de cesse de le taquiner.
Oui, Anna était un beau brin de fille, et ce grand séducteur n’avait qu’une envie, c’est de la posséder avant son départ.
Cela faisait plusieurs jours que Charles était occupé, par la vente et la livraison de sa marchandise. Aussi n’avait-il pas remis les pieds à la taverne, depuis le soir où il avait rencontré Anna. Il avait hâte de la revoir, car il ne cessait de penser à elle. Et ce fut par hasard sur le port qu’il croisa son chemin. La jeune fille s’arrêta net, son lourd panier dans les bras. Elle revenait du lavoir, avec une lessive qu’il fallait mettre à sécher.
Anna baissa les yeux et rougit. Voyant son embarras, il continua.
Elle pouffa de rire. Son approche était maladroite. Il s’en rendit compte et se mit à rire également.
Il avait dans ses paroles, une élégance peut coutumière.
Charles s’empara du panier, et ils marchèrent ensemble jusqu’à la cabane du pêcheur, où habitait Anna. Celle-ci n’était pas très loin du port.
Anna lui prit des mains et dit en riant :
Elle avait un magnifique sourire, et les picotements recommencèrent dans son corps.
Elle avait une grâce naturelle, et était vraiment très habile. Il sentait son cœur battre plus vite.
Elle le dévisagea, intriguée.
Courageuse, et généreuse en plus, elle avait toutes les qualités.
Ils entrèrent dans la maison, et Charles put constater la pauvreté des lieux. Il n’y avait pas beaucoup de meubles, mais c’était décoré avec goût. Et touche féminine, un joli bouquet de fleurs ornait la table de bois brut.
Elle prit une bouteille de vin et deux gobelets.
Anna s’approcha et lui tendit son verre de vin, planta ses jolis yeux bleu, plein de malice dans les siens et dit en rougissant :
Il éclata de rire, ce qui fit écarquiller les grands yeux d’Anna.
Il rit encore plus fort, reprit une gorgée de vin et répondit :
Anna redevint sérieuse. À qui avait-elle à faire ? Un séducteur qui la laisserait après l’avoir possédée, ou un homme sur qui elle pourrait compter ?
Il vit son visage changer, et reprit :
Il posa sa main sur la sienne, et une décharge d’électricité le transperça de part en part.
Décidément, elle ne le laissait pas de marbre. Son sang se mit à bouillir dans ses veines.
Il sentit l’adrénaline monter et son sexe durcir, et comprit qu’il était temps de partir avant qu’il ne puisse plus se contrôler.
D’un coup sec, il vida son verre et se leva.
Et sur cela, il sortit de la maison sans rien ajouter, la laissant seule avec son trouble. Car elle aussi avait ressenti des choses lorsqu’il lui avait pris la main. Elle soupira en pensant qu’il était bien étrange d’avoir pris la fuite ainsi, et finit son verre en espérant le rencontrer à nouveau sur le port.
Marjorie était une fois de plus, en retard pour son service. Anna la vit arriver à bout de souffle le visage encore troublé, par ses ébats.
Anna prit un air déconcerté et entra dans la taverne.
Anna sentait la chaleur monter dans son corps, et voulait esquiver les commentaires.
Anna avait l’habitude de ce genre d’attaque, et d’un mouvement souple de hanche, se dégagea.
Comment se faisait-il, qu’elle trouvait tous les hommes laids. Était-ce parce que Charles était d’une beauté hors du commun ? Elle se ressaisit, il ne fallait pas qu’elle pense à lui, surtout pendant le service, elle risquait de renverser les consommations.
Elle rapporta les bières, et le premier essaya encore de l’attraper, mais sans succès, et c’est à ce moment-là, qu’elle l’aperçut.
Charles venait d’entrer, et assister à la scène. L’œil noir qu’il lui envoya ne lui échappa pas, aussi se dit-elle qu’il valait mieux qu’elle s’occupe de lui.
Elle lui sourit et s’approcha de la table où il était assis.
Il planta ses yeux glacials dans les siens, et elle comprit qu’il était fâché.
Il lui saisit la main et lui fit faire volte-face.
Maintenant c’était elle qui était fâchée, et ses yeux avaient changé de couleur. Ils étaient bleu profond, comme l’océan par mauvais temps.
Il lâcha sa main, comprenant sa maladresse, et la laissa partir. Elle revint poser sa bière brutalement sur la table, prit les pièces qu’il tendait, et devant son visage plein de tristesse, craqua.
Un sourire naquit sur ses lèvres, et le soleil revint après la tempête.
Charles soupira, vaincu.
Il ne la quittait pas des yeux. Elle était tellement imprévisible. Elle passait de la colère à la bonne humeur en si peu de temps. C’était une nature exceptionnelle.
Georges entra :
Marjorie tourna les talons pour aller chercher sa bière, puis se ravissant, elle se tourna vers Charles pour dire :
Charles, ébahi par le franc-parler de Marjorie, ne sut quoi répondre, et s’étrangla avec sa bière, ce qui fit rire Georges.
Mais Charles restait intrigué par les origines d’Anna.
Georges posa sa chope de bière et répondit :
Georges rit et répondit :
Charles restait pensif. Anna l’obsédait. Et à cet instant précis, il aurait bien aimé la tenir dans ses bras.
Qu’importe l’endroit où ils se trouvaient. Avec un peu de jalousie dans le cœur, il comprenait pourquoi ce rustre avait essayé de la mettre sur ses genoux. Elle faisait s’enflammer les hommes et réveiller les passions.
Georges le laissa rêver, savourant sa bière, en pensant : Eh bien, mon ami ! Si tu es tombé amoureux d’elle, que vas-tu faire ? Et ton mariage ?
Mais Charles avait les pieds sur terre, et il se dit qu’il prendrait la bonne décision.
Voilà plusieurs jours que Charles n’avait pas revu Anna. Les préparatifs pour son retour en Caroline du Sud étaient terminés, et le départ s’annonçait.
Son ami Georges allait finalement faire le voyage avec lui. Il avait déposé ses affaires, dans une cabine voisine de celle de Charles, pensant aux moments qu’ils passeraient ensemble, à se remémorer leurs aventures.
Il s’affairait sur le port, lorsqu’il aperçut la silhouette gracieuse d’Anna. Elle avait le don de captiver toute son attention, et il s’arrêta net pour la regarder.
Anna baissa la tête, réfléchit et reprit avec insistance :
Anna poussa la curiosité, à demander :
Elle pâlit et son joli sourire disparu.
Charles sembla hésiter.
Le soleil donnait à ses cheveux des reflets de feu, ses yeux brillaient d’espoir, et il ne put refuser cette dernière faveur.
Il pensa que même s’il devait se passer quelque chose entre eux, il ne serait plus là demain, et que ça serait une aventure sans suite. Son mariage avec Catherine était d’une importance vitale, s’il voulait garder la plantation, et le domaine que ses parents avaient eu tant de mal à obtenir.
S’il n’y avait pas eu cette maudite guerre de Sécession, le court du coton ne serait pas tombé de la sorte, et il n’aurait pas été obligé de faire un mariage d’affaires. Certes sa future épouse était jolie, mais il ne l’aimait pas. Du moins, il ne ressentait pas pour elle ce qu’il ressentait pour Anna.
Nous verrons bien, pensa-t-il, peut-être qu’une fois la mer reprise, je l’oublierais.
C’est ce qu’il pensait, mais ça n’allait pas se passer comme ça.
Anna avait fait mijoter un repas très alléchant, pour son invité qui sentait bon dans toute la maison. Elle avait soigné sa coiffure, et sa tenue pour lui.