Chemin de guérison, de réconciliation et de foi - Marie Gabriel - E-Book

Chemin de guérison, de réconciliation et de foi E-Book

Marie Gabriel

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Beschreibung

Ma vie est un voyage extraordinaire de réconciliation, de pardon et de guérison. J’ai dû faire la paix avec mon corps, meurtri par des agressions sexuelles et des maladies, et avec mon âme, tourmentée par des psychotraumatismes et une bipolarité mal soignée. Ce parcours m’a permis de transcender mes souffrances et d’accueillir la lumière intérieure présente en chacun de nous, menant à un bonheur inconditionnel et une joie paisible. Comment partager cette histoire et convaincre les autres que la lumière en eux peut les aider à se relever, peu importe leurs blessures physiques, psychiques ou spirituelles ? Mon objectif est d’unifier et de réunifier, d’éclairer le chemin vers l’harmonie, la paix et le bonheur. Je souhaite aussi être un témoin de l’Amour du Christ Ressuscité, montrant que même dans les temps troublés, l’humain a des ressources inépuisables pour choisir l’union plutôt que la division.

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Marie Gabriel

Chemin de guérison,

de réconciliation et de Foi

© Lys Bleu Éditions – Marie Gabriel

ISBN :979-10-422-4306-7

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Pour la Paix…

Préface

En reposant la dernière page du manuscrit transmis par Marie-Gabriel, je suis doucement projeté dans la grande allégresse de la nuit pascale, lorsqu’à l’évocation du joyeux cri : « Christ est ressuscité ! » toute l’assemblée répond avec ferveur : « en vérité, Il est ressuscité ! »

À travers ce cri offert et partagé, l’Église rappelle au monde que ce qui aura le dernier mot au cœur de toutes les grandes tribulations n’est pas l’ignorance, l’inconscience, la violence, la bêtise, la maladie ou la mort, mais la force invincible de l’Humble Amour !

Le livre que nous offre Marie-Gabriel est porteur d’un tel message, un message plein d’espérance à accueillir sans modération au cœur d’un monde qui, plus que jamais aujourd’hui, a oublié la force inouïe d’une Vie capable d’avaler toutes formes de mort.

Mais avant d’entrer dans la force d’une telle expérience, de la voir se faire chair dans nos vies, il faut oser traverser l’insoutenable, l’inacceptable ; oser descendre dans les profondeurs tourmentées de notre humanité pour assumer et convertir la violence de toutes les blessures subies dans le corps, l’âme et l’esprit ; passer par le creuset de puissantes forces de mort pour les retourner en élans de Vie ; aller jusqu’au bout, consentir à ses limites et à celles des autres pour qu’à l’issue d’un douloureux chemin d’effondrement, de réorientation puis de recréation s’ouvre un jour le passage tant attendu vers une nouvelle terre tissée d’espérance, la « terre promise » : tel est, en hébreu, le sens littéral du mot « pâque » – « passage », littéralement « la sortie du piège ».

Au cours de ce chemin, nous touchons souvent à l’inconcevable, à l’incompréhensible, à la sensation d’une immense solitude aussi, sensation de ne plus pouvoir être accueilli selon les logiques habituelles d’un monde dont nous nous sentons de plus en plus étrangers, oscillant entre espoir et désespoir, avec l’impression de ne plus vraiment se comprendre soi-même… Moments de grande vulnérabilité, de grande pauvreté, d’impuissance devant toutes les situations proposées… Et il faut parfois aller loin, très loin, jusqu’au bout de l’oubli, pour trouver enfin le chemin de la guérison et du salut.

Car Dieu veille ! Depuis toujours, fidèlement, Il nous porte, nous conduit dans le désir têtu d’un mystérieux accomplissement, dans la folle espérance, on ne sait comment, on ne sait quand, on ne sait où, d’un Amour plus fort que tout. Au cœur même de notre plus grande pauvreté, nous découvrons alors la réalité d’une expérience bouleversante : le lieu de la plus extrême vulnérabilité devient le lieu de la révélation d’une vie et d’une joie invincibles, inviolables que rien ne pourra nous ravir ni les limites du monde ni le douloureux labyrinthe qu’il nous a fallu traverser.

C’est cette traversée qu’a vécue Marie-Gabriel… Elle l’a osée parce qu’elle a croisé des regards qui l’ont confortée, des regards dans lesquels elle s’est sentie vue et aimée. Pour pouvoir passer de l’ombre à la lumière et faire de tous les pactes secrets avec le plus ténébreux de soi-même, des lieux de « pâques », de passages vers un plus vaste au-delà empli de Vie-Lumière…

Les vrais regards d’amour sont ceux qui nous espèrent et nous comblent de sainte audace. « Vous aurez à souffrir de par le monde, mais gardez courage ! J’ai vaincu le monde ! » : c’est l’une des grandes Paroles de Jésus, l’Éternel Vivant, dans l’évangile de Jean (16, 33).

À travers les bienveillantes présences humaines, familiales et amicales croisées sur son chemin, c’est Dieu Lui-même qui est venu à la rencontre de Marie-Gabriel. À travers leurs visages aimés, c’est la Présence de Jésus-Christ qui s’est approchée et révélée à elle comme le Grand Ami fidèle… Pour lui révéler la tendresse du Père ; pour lui rappeler combien elle était aimée de toute éternité. Et pour éveiller en elle, le désir d’une Vie éternelle dont Il porte le secret selon les mots inspirés de saint Épiphane de Salamine proclamés chaque samedi saint : « Je te l’ordonne : éveille-toi, ô toi qui dors, je ne t’ai pas créé pour que tu demeures captive du séjour des morts. Relève-toi d’entre les morts : moi, Je suis la vie des morts. Lève-toi, œuvre de mes mains ; lève-toi, ma semblable qui a été créée à mon image. Éveille-toi, sortons d’ici. Car tu es en moi, et moi en toi, nous sommes une seule personne indivisible. »

Répondant à l’appel du Saint-Amour, Marie-Gabriel s’est réveillée, elle s’est levée, elle est sortie du tombeau ; elle est en marche désormais, « beau chef-d’œuvre de l’entêtement d’amour d’un “Dieu de désir” qui n’est pas venu nous rencontrer sur nos chemins de misère pour nous perdre, mais pour briser les cadenas de nos prisons, pour nous sauver, pour nous redonner notre visage de lumière et nos couronnes de rois, prêtres et prophètes et nous inviter au festin de noces. » (L. A. Lassus, O.P.)

Ce livre est le témoignage brûlant de cet éveil, de cette sortie du tombeau, de cette marche pleine d’allant, comme une trouée de lumière dans l’épaisseur opaque du monde…

Monseigneur Martin,

Évêque de l’Église Orthodoxe française

Introduction

Ma vie est extraordinaire… En fait, elle est tellement extraordinaire que je ne sais pas comment commencer mon histoire.

Je pourrais parler de mes difficultés à accepter mon statut de femme, des agressions sexuelles vécues au cours de mon adolescence et comment je suis parvenue à me réconcilier avec ce corps profané pour finalement apprendre à m’aimer tel que je suis.

Je pourrais écrire un livre sur toutes ces maladies psychiatriques et somatiques que j’ai portées jusqu’à ce qu’elles deviennent ma seule identité. Raconter comment le trouble bipolaire diagnostiqué à l’âge de 22 ans m’a précipité dans le monde impitoyable et au combien mortuaire de la psychiatrie, de comment les médecins m’ont emprisonnée, droguée, détruite avant que l’un d’entre eux ne me tende la main afin que je puisse revenir vers les êtres humains et comment j’ai pu finalement être unifiée à nouveau avec qui je suis.

Je pourrais parler de mon attrait pour la mort, de mon désir quasiment irrépressible de mettre fin à mes jours, ne voyant plus d’échappatoire à cette vie, que dis-je, à cette survie imposée à mon esprit tourmenté. Je pourrais écrire comment j’ai pu, après de nombreuses tentatives de suicide, remettre les barrières de l’interdit de la mort en place et me résigner à survivre dans ce monde puis finalement comment le Seigneur, Dieu Trinitaire, dans son Amour infini, m’a mené sur le chemin du pardon et de la réconciliation avec qui je suis, les autres et le Tout autre. Chemin qui a abouti à la guérison spirituelle de tout mon être.

Je pourrais parler de l’Appel à la vie religieuse et comment les catholiques bien-pensants et garants de cette tradition d’Amour et de Lumière m’ont cataloguée et rejetée de façon violente et contraire à toutes formes de compassion. Je pourrais dire comment j’ai pu finalement, en Dieu Trinitaire, comprendre la vraie fraternité en Christ notre Joie.

Je pourrais parler de la façon dont j’ai été envoûtée par un gourou du monde ésotérique et comment j’ai quasiment perdu ma liberté spirituelle avant que la force du grand archange Michel ne me prenne par la main pour me ramener vers des contrées verdoyantes.

Je voudrais enfin vous raconter les étapes une à une qui m’ont conduit sur mon chemin de guérison, de réconciliation et de Foi afin que je puisse vivre et être en harmonie avec moi, les autres et l’Univers, à être heureuse chaque instant de ma vie, unifiée et en Paix, quels que soit les évènements que je traverse…

Ainsi, ma vie est extraordinaire, car elle est un chemin de réconciliation :

Réconciliation avec mon corps physique humilié par des êtres humains sans pitié et meurtrie par les maladies ;

Elle est un chemin de pacification, pacification au cœur de mon âme tourmentée par les psychotraumatismes, par les phases d’exaltation maniaque et de dépression mélancolique imposées par une pathologie bien connue, mais au combien mal soignée qu’est la bipolarité ;

Elle est un chemin de transcendance, transcendance de mon esprit parvenu à quitter les ténèbres pour accueillir la Lumière présente en moi comme en chacun de nous et qui ne demande qu’à se révéler à l’Homme pour qu’il puisse toucher du doigt cet état de grâce : le Bonheur inconditionnel, la Joie paisible qui ne dépend pas des évènements de vie que nous traversons.

Alors ? Comment commencer ce grand voyage qui mène des ombres à la Lumière ? Comment faire pour dire aux êtres humains que la Lumière est là, en eux, présente à chaque instant et qu’elle ne demande qu’à se révéler ? Que dire pour que les humains soient convaincus que, quelles que soient les immondices de matière dans lesquels l’être humain est embourbé, qu’il soit blessé physiquement, psychiquement ou spirituellement, il est possible de se relever, il est possible de se réconcilier avec soi, les autres et le Tout autre ? Comment écrire ma merveilleuse histoire qui ressemble davantage aux contes de fées qu’au journal du 20 h en ces temps troublés où les atrocités de la guerre, les difficultés économiques, la menace climatique, sont présentes quotidiennement et nous empêchent de voir à quel point notre terre est belle, à quel point l’être humain est empli de ressources et peut, à chaque instant, choisir entre la division et l’union ? Comment dire au monde que le bonheur existe, que nous y avons tous droit et que ce n’est pas ce que nous vivons qui le conditionne, mais bien un état d’être ? Comment donner envie à chaque femme et à chaque homme de travailler, car c’est bien par cela que le chemin commence, à travailler pour œuvrer non seulement à sa propre rédemption par la Lumière révélée, mais aussi pour un monde meilleur ?

Si je n’avais que deux mots pour décrire mon objectif tout au long de ces pages, ce serait : unifier, réunifier. J’aimerais, par mon histoire, pouvoir simplement éclairer le chemin de ceux et celles qui se sentent perdus dans les ténèbres et leur partager mon chemin qui a finalement abouti à la pacification des contraires présents en moi, le chemin qui mène vers l’harmonie avec soi, les autres et l’Univers, vers le Bonheur, vers la Paix. Je voudrais juste allumer une lampe afin que celle-ci redonne de l’espoir à ceux et celles qui sont perdus. Juste une petite lumière dans la nuit, voilà ce que je souhaite. Mais surtout je souhaite être un témoin du Christ ressuscité, témoin vivant de son Amour pour chacun d’entre nous.

Cependant, avant de parler de l’Amour et de la paix que je porte aujourd’hui en mon cœur, il va me falloir retourner d’où je viens. Mon histoire aurait pu être une histoire dramatique où l’héroïne finit droguée, suicidée ou enfermée dans un asile psychiatrique. Ce n’est pas le cas et même si la tendance actuelle est à la peur et à la tristesse, que les mauvaises nouvelles sont plus vendeuses que les bonnes, que les gens s’intéressent davantage aux histoires tristes, qui font écho à leurs vies, qu’aux histoires heureuses, je veux ici oser mettre de la joie et de l’espoir pour que les quelques-uns qui souhaitent sortir des miasmes, de l’engluement de matière où ils se trouvent, puissent avoir la certitude que c’est possible ! Je veux donner de l’espoir pour tous les désespérés, je souhaite encore une fois, juste allumer une petite lumière dans les ténèbres. Car oui, c’est possible de se relever, c’est possible de changer sa vie pour véritablement être et non plus seulement paraître, c’est possible de trouver le chemin de la Lumière et de l’Amour, quel que soit de l’endroit d’où on part. Je veux ici dire à tous les pessimistes de nature, à toutes les personnes qui préfèrent se morfondre que de se relever les manches, à tous ceux qui brisent les rêves des enfants de ne pas poursuivre leur lecture, car ils ne trouveront dans ce livre rien qui puissent les intéresser, inutile qu’ils perdent leur temps. Je leur conseille donc de placer cet ouvrage dans une boîte à livres afin que « par hasard », il puisse rencontrer le lecteur à qui il pourra peut-être être utile.

« Pars d’où tu es, sinon tu n’arriveras nulle part » : cette phrase de François de Salles a toujours résonné dans mon esprit, moi qui ai parfois tendance à vouloir sauter les étapes. Ma devise serait plutôt « toujours plus », comme me dit ma nièce Constance, qui résume bien ma volonté à relever les défis qui se présentent à moi. « Ultreia et suseia » comme disent les pèlerins de Compostelle qui est la traduction latine de « Allons plus loin, plus haut ».

Partons donc du commencement de ma vie. Je suis née, assez précipitamment, au cœur de la nuit du 11 juillet 1974 et ma vie a commencé par le plus grand des traumatismes qu’on puisse infliger à un nouveau-né : la séparation avec sa mère. À l’époque, les nouveau-nés étaient davantage considérés comme des êtres inachevés, sans émotion ni autre besoin que celui de manger et dormir. À peine née, les sages-femmes m’ont déposée dans un lit loin de ma mère qui venait d’accoucher et, appelées par d’autres urgences, m’ont laissé ainsi, hurlant à plein poumon dans le froid de ce monde que je découvrais. Ma mère fut probablement autant traumatisée que moi de cette séparation injuste et injustifiée. Dans l’incapacité de se lever de son lit, elle fut contrainte d’entendre mes hurlements de terreur un long moment. Le ton de ma vie est donné, me direz-vous… Blessure d’abandon et d’injustice dès mon premier souffle… Oui, c’est vrai, mais un évènement merveilleux entoure également ma naissance et c’est celui-là que je veux aujourd’hui retenir. Ma mère, m’ayant enfin récupérée contre son sein, m’a raconté avoir ressenti une très grande Joie en me tenant dans ses bras, une sorte d’émerveillement en me voyant avec la certitude que je n’étais pas comme les autres enfants, une plénitude l’a envahie. Elle m’a gardé contre elle pendant des jours, comme un trésor. Un lien indéfectible entre elle et moi s’est donc fait à ce moment-là. La certitude pour ma mère que je suis différente, que j’ai en moi une force qui me permet d’affronter ce que la vie me réserve. Cette conviction n’a jamais quitté ma mère, même dans les années les plus sombres de ma vie et lorsque j’errais dans les méandres de la folie, incapable de trouver la sortie de ce labyrinthe ténébreux, la même discussion s’ouvrait :

— Regarde Maman, regarde où je suis… Comment vais-je faire pour sortir de ces abîmes où tout est noir et triste ?
— Je ne sais pas ma fille… Mais tu vas trouver.
— Mais comment ?
— Je ne sais pas, mais je suis certaine que tu vas trouver.
— Mais regarde ! Je n’ai plus de place sociale, je suis une malade chronique, je suis perdue… perdue…
— Oui… Je sais… Mais tu vas trouver le chemin, je sais que tu vas trouver…

Aujourd’hui, lorsque nous évoquons le passé, elle n’hésite plus à dire que l’Esprit-Saint l’a guidé pour avoir la force de vivre son rôle de mère auprès de moi, et ce, quelles que soient les situations. Mais là, j’anticipe l’histoire…

J’étais une enfant plutôt débrouillarde, indépendante et parmi les premiers mots que j’ai prononcés, mon entourage a retenu « toute seule ». Lorsque mes parents voulaient m’aider à monter sur une chaise, prendre des objets ou faire quoi que ce soit, je disais « non ! Moi, toute seule ». Autant dire que j’ai perdu cette capacité de maîtrise de ce que je voulais faire pendant de très nombreuses années et ma dépendance affective a été probablement la problématique la plus difficile à appréhender pour moi sur le plan psychologique.

La dépendance affective est un poison qui disloque l’âme peu à peu, c’est un filet qui se resserre sur la personne qui finit par vivre exclusivement par et pour le regard de l’autre. La dépendance affective est le terreau des agresseurs en tous genres, des pervers et des êtres humains avides de pouvoir, prêts à tout pour dominer tout ce qui les entoure. Ma vie m’a conduit à devenir addictologue et à donc prendre en charge les sujets consommateurs de toxiques, joueurs pathologiques et autres addictions comportementales, mais il y a une addiction qui gouverne toutes les autres, c’est la dépendance affective. Ce besoin d’être reconnu par les autres, d’être valorisé dans tout ce qu’on fait, d’être aimé tout simplement, car nous sommes incapables de nous suffire à nous même pour cela. Voilà la plus grande dépendance de ce monde : le besoin de l’amour de ses pairs. Il est facile intellectuellement de se dire « ce que les autres pensent de moi ne me concerne pas », mais parvenir à l’intégrer dans son cœur afin de ne plus être affecté émotionnellement à chaque seconde par son entourage est un processus long et difficile. Cela nécessite le passage du mental au cœur, de la pensée à l’Amour. Et lorsque j’écris le mot Amour avec une majuscule, je ne parle évidemment pas de l’amour humain lié à l’affect, mais à l’Amour inconditionnel, c’est l’Amour nommé Agapè par les Grecs. À ma connaissance, il n’existe pas de méthode psychothérapeutique pour passer du mental au cœur puisque, par définition, lorsque je suis dans le cœur, je suis en dehors du mental purement humain. La seule façon, selon moi, de ne plus avoir besoin d’être aimé par les autres, est de ressentir l’Amour du Tout autre, l’Amour du Divin pour soi. Et à un moment, lors d’une véritable guérison spirituelle, de prendre conscience que l’Amour de Dieu se suffit à lui-même. Alors à ce moment-là, il n’est plus utile de rechercher l’amour des autres, car nous portons en nous un Amour plus grand que tout ce qui existe. Ce n’est qu’à ce moment-là que j’ai été capable de m’aimer, car j’ai reçu cette grâce d’être submergée d’Amour par Dieu lui-même. Ainsi, j’ai mis presque 50 ans pour m’aimer comme je suis et je fais partie des plus chanceux, car peu d’entre nous, parmi les dépendants affectifs, atteignent cet objectif. Aujourd’hui, je sais qu’il n’y a qu’un seul remède pour que la dépendance affective disparaisse : le chemin initiatique, car l’Amour de soi provient en fait de l’intégration dans son cœur de l’Amour que Dieu a pour nous.

La voie spirituelle, au sens très large du terme, est un chemin de transcendance, elle permet le passage du mental au cœur. Dans le mental, je place la pensée, les sensations et l’intuition alors que le cœur est un état de plénitude d’Amour, de Connaissance et donc de Paix. Le mental est humain, il contient notre part animale, alors que le cœur est Divin, cet état de grâce se place au-delà de notre condition animale. Beaucoup d’initiés (ceux qui sont sur un chemin initiatique) pensent que la voie du cœur contient la part intuitive et sensitive de l’être humain, mais pour moi, ils se trompent. Pour moi, lorsque j’évoque le mental, j’y place l’intuition/sensation (Mercure, féminin, volatil) et la pensée cartésienne (Soufre, masculin, fixe), deux opposés complémentaires. Le cœur est un état qui nous met en lien avec quelque chose de plus grand que nous. Le chemin du cœur mène au Tout autre, à la Lumière manifestée, à la Source, à Dieu, quel que soit le nom qu’on lui donne. La voie initiatique permet le passage de la fusion à l’union, elle permet d’acquérir la liberté de pouvoir s’unir dans un second temps à quelque chose de plus grand que soi. La guérison de la dépendance affective passe, pour moi, nécessairement par la prise de conscience que quelque chose de plus grand que nous nous aime pour ce que nous sommes et que cet Amour qui nous est donné est non seulement gratuit et inconditionnel, mais aussi en abondance, nous n’avons alors plus besoin de l’amour de nos pairs, car Dieu y pourvoit largement !

Je vais parler dans ce livre de ma guérison spirituelle ou plutôt de mes guérisons spirituelles au pluriel. C’est la guérison spirituelle qui, pour moi, surpasse toutes les autres. Je ne veux pas faire peur à ceux et celles qui n’ont pas encore reçu le don de la Foi, mais je préfère dire dès à présent où mon chemin m’a conduit. Il m’a conduit vers le Divin, vers la Lumière que nous portons tous en nous tout d’abord puis progressivement vers une Lumière plus grande, infinie, oserais-je dire, qui réunit en son sein l’ensemble de l’humanité. Mon chemin de vie m’a conduit vers Dieu et si ce terme dérange, il est possible de le remplacer par les mots Lumière, Amour, Connaissance. Il n’est pas question ici de dogmatisme, il est question de Foi. Il n’est pas question de religion, il est question de spiritualité et même si mon chemin de tradition est chrétien, il peut être transposé à d’autres traditions sachant que toutes les traditions mènent au même endroit finalement.

Vous l’avez compris, j’ai eu la chance extraordinaire de vivre plusieurs vies en une. J’ai reçu cette opportunité de pouvoir faire un chemin de réconciliation avec mon corps (à la suite des agressions sexuelles, des pathologies somatiques qui l’ont meurtri et des maltraitances du corps médical pendant les hospitalisations) ; avec mon psychique (dislocation de mon esprit au cours de l’état de stress post-traumatique et de la bipolarité) et avec mon esprit (rejet de l’Église catholique romaine et soumission à un gourou au cours de mon chemin initiatique). Trois chemins donc qui m’ont tous les trois conduit au même endroit et avec finalement les mêmes étapes quasiment :

— Identifications des problématiques au niveau du mental, compréhension de mes difficultés avec ma tête (Œuvre au noir des alchimistes) ;
— Décisions de résoudre les problèmes et les difficultés avec ma tête, clarifications et agencements de mes pensées pour agir sur mes comportements, unification de tous les aspects de ma personnalité, préparation de mon corps pour accueillir quelque chose de plus grand que moi (Œuvre au blanc des alchimistes) ;
— Puis accueil de la Paix en mon esprit, de la Lumière (Œuvre au rouge des alchimistes) ce dernier registre n’appartient pas au mental, il appartient à la voie du cœur exclusivement.

Il me paraît compliqué de raconter ma vie de façon chronologique, car ces trois guérisons ont été bien sûr intriquées les unes dans les autres. Je vais donc vous raconter trois histoires. Trois qui se réunissent en une. Afin que les lecteurs qui ont besoin de cohérence temporelle ne se perdent pas trop, j’ai placé en fin d’ouvrage un récapitulatif de ma vie en intégrant de façon chronologique ce que j’ai vécu.

Ces trois histoires m’appartiennent toutes les trois, mais cela sera plus simple de les différencier pour bien voir le chemin de guérison que j’ai eu la chance de vivre et qui se poursuit bien sûr. Ce chemin est accessible à tous. Je ne suis pas différente des autres malgré ce que certains pensent et les évènements de vie que j’ai vécue sont ceux d’un grand nombre de personnes, les souffrances que j’ai traversées sont les mêmes que vous et l’aide qui m’a été apportée est donnée à tous les êtres humains, sans restriction. La seule chose qui fait peut-être la différence, c’est le choix. Nous avons le choix d’accepter les mains qui nous sont tendues ou non, nous avons le libre arbitre de croire ou non, nous avons le choix de transmuter nos expériences de vie pour nous élever en conscience ou non. La question de la volonté nous appartient, le reste est donné à tous.

Chapitre 1

De la blessure physique à la guérison du corps

Depuis ma naissance, une question tourne en boucle dans ma tête : pourquoi suis-je une fille ? Aussi loin que je me souvienne, la question de la féminité s’est posée. Peut-être parce que ma grand-mère paternelle, ayant eu trois garçons alors qu’elle désirait une fille a dit à ma mère le jour de la naissance de mon frère aîné :

— J’ai regardé la lune et votre prochain bébé sera une fille !

Ainsi, dès mon apparition dans ce monde, j’ai bénéficié auprès d’elle de faveurs, car j’étais une fille et donc une princesse selon les critères de ma grand-mère. Cela m’a permis d’avoir nombres d’avantages et surtout son amour durant toute mon enfance. C’était une forme de discrimination positive, ce qui a permis la mise en place quasi instantanément de la discrimination négative, l’univers ayant horreur du déséquilibre.

Très jeune, j’ai dit haut et fort vouloir être un garçon et mon comportement l’attestait largement. J’aimais grimper aux arbres, me battre à l’épée et tirer à l’arc, je me voyais tel un chevalier bravant tous les dangers pour défendre la veuve et l’orphelin, prête à tous les sacrifices pour protéger ce qui est bon en ce monde. Mon sens du devoir et de l’honneur s’est ainsi affirmé très jeune. Ma vision des choses était largement manichéenne, j’étais dans la loi du « tout ou rien » en permanence, bien loin de l’image du Ying et du Yang prônée en orient. Si j’étais née aujourd’hui, je serais devenu un transgenre dès mes 8 ans puis j’aurai changé de prénom et de sexe, car pour moi, être une fille était synonyme de faiblesse, de soumission et de peur. Pour moi, la femme était synonyme de boulet, de charge pour l’homme. Et si mon histoire se déroulait aujourd’hui, probablement qu’au lieu d’accepter peu à peu mon identité féminine, d’apprendre à m’aimer tel que je suis, je serais devenue un garçon en pensant régler le problème de l’acceptation de qui je suis. Attention, j’évoque ici ma relation personnelle au statut féminin et ne fais pas le procès des courants transgenres. Je raconte simplement mon histoire qui est unique et personnelle même si ces courants de pensée me laissent parfois perplexe, je le reconnais. Ma mère, le modèle familial féminin, me renvoyait la pire de toutes les images féminines : femme au foyer, dépendante financièrement de mon père et pour moi dépendante tout cours d’ailleurs, véritable parasite à mes yeux, ce qui m’était insupportable. Ma mère est une femme douce, respectueuse de son environnement, aimant par-dessus tout la paix même au point de renoncer parfois à ses opinions ou envies. C’est une personne bienveillante et attentive aux autres. Mes copains et copines de classes de primaires et secondaires trouvaient tous ma mère formidable, ce à quoi je leur répondais :

—  Tu la veux ? Prends là…

Mon ambition féminine se cantonnait à une seule chose : ne jamais devenir comme ma mère. Parfois les évènements de la vie font qu’on se retrouve confronter à nos peurs les plus sombres. Je ne voulais pas être une fille et c’est par cette condition que mon corps fut souillé, profané à maintes reprises, comme si la vie elle-même voulait me donner de bonnes raisons de détester vraiment ce corps qui est simplement tel qu’il doit être pour que je puisse vivre la vie que je dois vivre dans ce monde.

Mon père est d’origine paysanne et j’ai des cousins agriculteurs chez qui nous allions notamment pour l’ouverture de la chasse en automne. Un dimanche, nous nous sommes retrouvés à jouer comme nous en avions l’habitude dans le foin chez l’un d’entre eux. Un cache-cache dans le foin peut se révéler être un véritable guet append pour une jeune fille de 11 ans. Un de mes cousins était de quelques années mon aîné et nous étions ensemble pour cette partie de cache-cache dans le foin. Il m’emmena dans un tunnel de foin très étroit et sombre pour que nous puissions nous cacher. Mon cœur battait fort dans ma poitrine rien que par la pénombre et la peur que le tunnel ne s’écroule sur nous. De cet épisode, je me souviens nettement d’une main sur mon pubis, main qui s’est ensuite déplacée pour venir couvrir ma bouche, d’un objet dur contre mes fesses et de son souffle haletant dans mon oreille qui me disait :

— Attends… attends…

En dehors de cela, tout est flou sauf la sensation de terreur, cette peur qui broie les entrailles, le froid glacial qui s’insinue le long de la colonne vertébrale, qui mutile la voix pour toujours. En écrivant ces lignes, je ne peux empêcher les larmes de couler, car la mémoire du corps est la plus forte de toutes nos mémoires. Elle s’ancre dans chaque cellule et se réveille à la moindre alerte. Je reconnais ne pas avoir compris ce qui se passait et dans les jours qui ont suivi, les images étaient tellement floues que je pensais que tout ceci n’était qu’un rêve. Je n’ai parlé de cet évènement que très tardivement, plus de 10 ans plus tard, comme la majorité des victimes et je me souviens que la seule question de mon père fut :

— Est-il allé jusqu’au bout ?

J’étais bien incapable de répondre. Même encore aujourd’hui, lorsque j’évoque cet épisode de mon enfance, ma parole est mise en doute par des éléments factuels comme son âge, car il n’avait que 14 ou 15 ans. Les adultes trouvent toujours un moyen de rationaliser les atrocités pour éviter d’y être confronté. Ma mémoire des faits demeure aujourd’hui déficiente sur l’ensemble des évènements horribles que j’ai pu vivre, il est donc assez aisé de me faire douter de leurs réalités, mais le seul constat que je fais, c’est qu’au décours de cet évènement, j’ai mis moins de jupes et moins de robes pour finalement cesser d’en porter et que ma haine envers mon statut de femme n’a fait que grandir. Aujourd’hui, tous les spécialistes des traumatismes savent que la dissociation est le seul moyen pour l’âme de ne pas exploser et s’éparpiller en lambeaux. Les corps subtils quittent le corps physique, car la douleur est trop grande, l’âme n’y survivrait pas, cela protège d’une certaine façon de la folie. Mais ce que je constate, c’est que même dans ma famille, lorsque j’évoque encore aujourd’hui cet évènement, certains me disent que j’exagère et que cela n’était qu’un jeu d’enfant.

Peu de temps après, jeune adolescente de 13 ans, j’allais jouer chez ma meilleure amie et là, j’ai fait la rencontre de son père adoptif, une espèce de géant crade et obscène. Pendant plusieurs mois, je suis allée chez elle pour l’aider à s’occuper de ses jeunes frères car sa mère était hospitalisée . Et une lente plongée en enfer a eu lieu pendant cette période. Je me souviens de ses pas dans le couloir qui provoquaient chez moi une mise en branle de tout le système de régulation de stress. Les palpitations tout d’abord puis les sursauts et frissons glacés au moindre bruit puis la peur qui montait jusqu’à ce que je ne puisse plus m’endormir sans crainte. Le siège de la peur, l’antre de l’angoisse qui surgit pour paralyser le corps et l’esprit, c’est le ventre. J’ai senti naître dans ce lieu reculé de mes entrailles ce démon, ce Diviseur, peu à peu, sournoisement. Le ventre est le deuxième cerveau, car nous possédons dans le tube digestif des milliards de neurones connectés au cerveau. Cela provient de l’embryogenèse où les couches cellulaires du système nerveux et de toutes les enveloppes du corps sont collées pendant les premiers jours de la vie. Ainsi les cellules de la peau, du tube digestif et de l’arbre bronchique sont reliées au cerveau. C’est dans le ventre que la peur se loge et se nourrit. Ainsi la « bête » grandit, tapie dans l’ombre…

Ce père de famille nous a initiés au plaisir de la chair, dit-on, en faisant notre instruction sexuelle. Un simple enseignant finalement, rien de bien grave. Peu de temps après cette période, mes règles se sont arrêtées jusqu’à mes 30 ans quasiment. Je vomissais l’idée d’être une femme alors je me suis mise à manger encore et encore, me disant que si mon corps ressemblait à une baleine, si j’étais repoussante physiquement, alors aucun homme ne s’approcherait plus jamais de moi. Plus je mangeais, plus je devenais lourde non seulement dans mon corps, mais aussi dans mon âme. La sensation de poids est quelque chose de très subjectif. Il y a la masse sur la balance et la sensation de poids, ce sont deux choses complètement différentes. Les personnes qui ont des troubles du comportement alimentaires ont un trouble au niveau du ressenti du corps. C’était mon cas. Une des injustices que je supportais le moins lorsque j’étais enfant, c’était justement la question du métabolisme. Certains mangent beaucoup sans prendre un gramme pendant que d’autre se serrent la ceinture et grossissent rien d’en regardant une tablette de chocolat. Pour moi, cela faisait partie des injustices de mon monde d’enfant. Moi je stockais pendant que d’autres brûlaient leurs calories. Le fait de manger me procurait une impression de sécurité, mais dans le même temps cela détruisait peu à peu le lien authentique que j’avais avec mon corps. Les croyances enfantines sont tenaces. Mon corps a pris l’habitude d’appeler de la nourriture pour se sécuriser pendant plus de 30 ans et encore aujourd’hui, il m’arrive de sentir une pulsion alimentaire si je me sens menacée. J’ai essayé, je pense, la quasi-totalité des régimes alimentaires qui existent, sans succès durable. Pour moi, il est évident que la question de la masse et du poids, la question de la forme du corps ne dépend pas que de l’ingestion de nourriture physique. Je suis encore obèse malgré tout le travail que j’ai pu faire. Il y a des carapaces difficiles à enlever lorsque l’adulte a été meurtri dans sa chair d’enfant. Les psychothérapeutes parlent de l’enfant intérieur blessé qu’il faut consoler et sécuriser. Ces blessures d’enfants sont ancrées dans chaque cellule du corps et c’est un très long et douloureux travail que de décristalliser ces émotions de peurs et de colères enfantines.

Vers 17 ans, j’ai néanmoins commencé à regarder les garçons en me disant que c’est cela la vie, je suis une fille et donc un jour ou l’autre, il faudra que je me marie et que j’aie des enfants. J’essayais de me faire une raison, d’oublier tout simplement comme certains le disent parfois et de poursuivre ma vie comme si tout cela n’avait pas existé… Mais le corps n’oublie pas… Il cristallise les émotions, il conserve la mémoire des faits et profondément enfouie, la peur est là, tapie dans l’ombre… Elle n’attend qu’un signe pour resurgir et anéantir l’âme… C’est un état d’hypervigilance qui s’installe et cet état peut durer toute une vie, anéantissant l’espoir de ressentir un jour la Paix intérieure, la Paix de l’âme.