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Pendant au moins deux décennies, des acteurs politiques et médiatiques en France ont fomenté des divisions parmi les citoyens. Ils ont encouragé la polarisation sur la base de la race, du genre, de l’orientation sexuelle, de la richesse et de la religion. Cette fragmentation a également touché la communauté arabo-musulmane française, malgré sa taille considérable. "Chroniques du racisme ordinaire" met en lumière comment cette discrimination a trahi nos principes républicains et manipulé l’opinion publique.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Amar Dib, juge-médiateur international, a dédié plus de trente ans de sa vie aux fonctions institutionnelles en France, en se concentrant sur les problématiques liées aux questions sociales, à l’intégration, à l’immigration et à l’égalité. Il prend la plume pour partager avec nous son expérience et témoigner de son combat contre la marginalité et le racisme.
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Amar Dib
Chroniques du racisme ordinaire
Essai
© Lys Bleu Éditions – Amar Dib
ISBN : 979-10-422-1332-9
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À Sidi Cheikh Mohamed-Laid Lakhdari.
À l’ombre de la haine
,
Éditions Licorne ;
Chroniques d’une jeunesse oubliée
,
Éditions
L’Harmattan ;
Cheikh Mohamed-Laid Lakhdari, un sage parmi les
hommes
,
Éditions Les Impliqués ;
Le Bien-aimé d’Allah
,
Éditions Domino ;
Insoumission,
Éditions Domino ;
Lettre à Camille
,
Éditions Maboza.
C’est parce que j’aime la France et notre République, ce pays qui m’a vu naître, que j’ai entrepris d’écrire ce livre par lequel je voudrais alerter nos concitoyens sur la fracture qui s’opère actuellement au sein de notre peuple. La promesse républicaine ne peut s’exercer et convaincre que si notre démocratie fait vivre l’égalité et la justice. Elle doit traquer les inégalités, les dénoncer, et veiller à ce que chaque Français se sente pleinement respecté, pleinement considéré dans son identité, et non à la merci de traitements différenciés. La République ne peut pas être une enclave réservée aux biens nés, à ceux qui l’accaparent, l’exploitent et en font un régime de division où se développent le sectarisme, la xénophobie et les préjugés. Nous devons rester vigilants et nous mobilisés autour de ces questions, afin que notre pays reste une terre d’accueil, de tolérance, où le pacte républicain doit profiter à tous, quelle que soit l’origine sociale, la couleur de peau ou la religion.
Pour ma part, citoyen engagé très tôt, j’ai pu rejoindre, à force de travail et de combats, les hautes sphères de nos institutions, côtoyer l’élite de notre pays, fréquenter des ministres, et même des présidents de la République. Effectuer des missions officielles, apparaitre dans les cercles restreints du pouvoir, et finalement comprendre qu’il persiste malgré tout, dans l’imaginaire des Français, en général, et des décideurs en particulier, un préjugé tenace à l’égard des personnes issues de l’immigration maghrébine et africaine. Celui-ci consiste à penser que l’immigré reste une personnalité à part, un peu déficiente, un peu acculturée, un peu en décalage avec les mœurs du pays d’accueil, et qu’il faudrait perpétuellement la considérer comme un incapable majeur. Cette perception est évidemment une souffrance pour tous les Français issus de l’immigration comme moi, et, nous ne voulons pas nous résoudre à subir plus longtemps ce traitement contraire aux valeurs de la République et parfois clairement xénophobe. Le destin commun de la France, qui nous incombe à tous, doit nous porter à considérer l’égalité comme un devoir nécessaire à la préservation des fondements de notre belle République.
Aujourd’hui, je jouie d’une reconnaissance effective de nos institutions, promu chevalier dans l’ordre national du mérite, puis chevalier de la légion d’honneur, plusieurs fois nommé et désigné par décret présidentiel ou arrêté ministériel pour siéger dans des conseils d’administration prestigieux, je reste toutefois soucieux de la préexistence de ce plafond de verre qui révèle ce malaise persistant à l’égard des Français issus de l’immigration. Cette réalité douloureuse pour les uns, ne permet pas aux autres d’être en adéquation avec cet idéal d’égalité qui devrait être commun et partagé par tous les républicains. En 2024, et malgré toutes les dispositions prises par les gouvernements successifs, la lutte pour l’égalité et contre les discriminations demeurent un combat d’utilité publique et plus que jamais d’actualité.
« Dans des temps de tromperie généralisée, le seul fait de dire la vérité est un acte révolutionnaire »
Georges Orwell
« Ceux qui vivent sont ceux qui luttent ! Vivre c’est lutter ! »
Victor Hugo
« L’homme est une prison où l’âme reste libre. »
Victor Hugo
Nous nous pensions français, fiers de l’être, investis du devoir d’apporter par notre implication et notre travail une contribution légitime au développement de ce pays. Nous disposions d’une carte d’identité française, d’une nationalité reconnue, d’une langue allégrement maîtrisée, pourtant le doute restait persistant sur notre appartenance à cette nation. Il me faudra attendre longtemps, et surtout la lecture du livre de Patrick Weil, « Qu’est-ce qu’un Français ? », pour comprendre certaines appréhensions et certains questionnements à notre égard, de la part de nombreux Français eux-mêmes incapables de se définir : « Par quel raisonnement une personne qui est française peut-elle le démontrer ? Parce qu’elle est née en France ? Parce qu’elle a un parent ou un ancêtre français ? Mais ce parent, cet ancêtre, comment est-il lui-même devenu français ? Était-il lui-même né en France ? Avait-il aussi un parent, un ancêtre français ? Avait-il épousé une Française ? Ou avait-il été naturalisé ? Qu’est-ce qu’un Français ? » À l’évidence, comme le montre le chercheur Patrick Weil dans ce livre, la définition idéale du Français réel, reste et restera impossible, dans la mesure où les critères pour déterminer ce qu’est « un vrai Français » paraissent cruellement difficiles à définir et très aléatoires.
Pour les Français issus de l’immigration, et sur la question de savoir ce qui ferait de nous de véritable citoyens, nous restions plus qu’embarrassés, nullement du fait d’un sentiment cultivé de non-appartenance à cette nation, mais parce que nous étions imprégnés des nombreux débats dont nous étions les otages et les victimes, durant lesquels se distillaient de fausses informations sur notre capacité d’intégration et notre adhésion aux valeurs de ce pays. Cet ensemble de propos et de postures allègrement médiatisés, et exploités politiquement, visaient à faire naître le trouble et le doute dans l’esprit des Français sur le sens de notre présence durable en France. Trop jeunes et trop naïfs pour comprendre le sens de l’exploitation funeste de ces débats, dès les années 1980, avec notamment l’arrivée au pouvoir de la gauche, nous sommes restés longtemps spectateurs de ces spéculations outrancières sur notre devenir. Ces discussions stériles, teintées souvent de préjugés racistes, confrontaient des opinions diverses, contradictoires, rarement étayées, et souvent ouvertement empreintes de préjugés.
Valéry Giscard d’Estaing, encore Président de la République, s’appuyant sur le Code civil de 1804, avait affirmé : « on est français par le sang ». À quoi la gauche avait rétorqué : « le sang c’est Vichy !… On est français par le sol, c’est un principe républicain ». Absolument faux, avait alors estimé le Conseil constitutionnel en 1993, en déclarant que le droit du sol n’était pas un principe fondamental de la République, et qu’il n’avait été introduit dans le droit français qu’en 1889 pour répondre notamment aux exigences de la constitution. Enfin, d’autres comme le philosophe Alain Finkielkraut renvoyant à Ernest Renan, « c’est-à-dire à une conception élective de la nation française », affirmait « on est français par la volonté, parce qu’on le désire ».
Il est intéressant d’observer qu’à plusieurs périodes de notre histoire récente, des débats intenses, opposés et antinomiques, se sont organisés autour de la question « qu’est-ce qu’un Français ? » Cela prenait même parfois des allures de cacophonie institutionnelle et politique, où les confusions étaient nombreuses, tant personne ne semblait capable d’apporter des réponses claires et précises sur cette question. Plutôt troublant de la part d’une élite politique toujours encline à reprocher aux Français de l’immigration de ne pas « être assez français », « assez intégrés », « assez patriotes » ! Ces débats idéologiquement et politiquement très orientés, toujours d’actualité aujourd’hui, n’ont fait qu’alimenter les haines, les préjugés, et conduire la population française vers le doute et la détestation de tout ce qui ne résonnait pas comme assez français. Qu’il s’agisse de la couleur de peau, de la religion, des patronymes, tous ces signes apparents concouraient à compliquer la vie de chaque citoyen marqué, d’une manière ou d’une autre, par ses origines.
Pourtant, la meilleure manière de lutter contre ces doutes et d’affirmer un désir réel de promouvoir le « vivre ensemble » n’est-elle pas de veiller à une égalité effective et totale pour l’ensemble des citoyens ? Sans préjuger de ce qui doit les définir. On apprécierait seulement leur implication quotidienne dans la protection et le développement de notre société. Comme le prévoient la Constitution et la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen : « Les représentants du peuple français, constitué en assemblée nationale, considérant que l’ignorance, l’oubli ou le mépris des droits de l’homme, sont les seules causes des malheurs publics et de la corruption des gouvernements (…) les hommes naissent et demeurent libre et égaux en droits (....) Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi. »
Il convient de rappeler, ici, aux plus amnésiques de nos politiciens et de nos éditorialistes qu’il ne suffit pas de chanter la Marseillaise, d’aimer le jambon de Bayonne ou le vin de Bourgogne, pour se revendiquer de l’identité française. De mon point de vue, l’appartenance à une nation se fait par le cœur et par l’adhésion à des valeurs, et à un modèle de société dans lequel la liberté, la solidarité et la justice s’appliquent sans sectarisme. Un Français, authentiquement républicain et amoureux des valeurs de la République, ne peut ignorer les citoyens qui subissent la discrimination, l’exclusion et le dénigrement ! Il doit être aux côtés de ceux qui se sentent perpétuellement en marge du développement et du rayonnement du pays dans lequel ils vivent, toujours considérés comme jamais assez laïques, jamais assez de « souche », jamais assez assimilés, et ne connaissant jamais assez le bon tempo du chant de la Marseillaise. Mais jusqu’à quand ?
« La politique est le moyen pour des Hommes sans principes de diriger des Hommes sans mémoire. »
Voltaire
À peine arrivé à l’Élysée en mai 2012, François Hollande s’affaira très vite, avec détermination, et le soutien de l’ensemble des partis de gauche, à faire adopter la loi sur le « mariage pour tous ». Un choix qui annonçait un tournant pour le modèle traditionnel de société dans lequel les Français avaient toujours évolué. On comprit assez vite qu’au-delà de l’engagement politique, la promulgation de cette loi répondait à une exigence, une promesse, devant laquelle le Président Hollande s’interdisait de renoncer. Rien ne lui paraissait plus important, plus essentiel, que d’inviter l’ensemble des Français à souscrire à ce débat national sur la reconnaissance administrative des couples homosexuels. Déjà, en 1999, la gauche avait offert l’union civile à ces mêmes couples en instituant le PACS et en palliant un vide juridique qui ne permettait pas la célébration de leurs unions dans les mairies.
En 2012, cette première concession n’avait, semble-t-il, pas suffit, et les couples homosexuels avaient souhaité rejoindre l’institution du mariage dans sa forme commune à tous. Aussi, pour répondre à cette attente, le gouvernement de l’époque avait présenté ce projet « le mariage pour tous » comme une avancée sociétale majeure, qui devait nous permettre de promouvoir un monde progressiste et ouvert. C’était l’avènement d’une égalité républicaine en adéquation avec l’évolution des mœurs et les attentes de la population. Ainsi, chaque Français, chaque républicain, devait interroger sa conscience et convenir que « l’égalité pour tous » pourrait enfin s’appliquer aux couples homosexuels. Présentée comme telle, cette initiative gouvernementale aurait dû emporter l’adhésion d’une grande partie de la population française. D’autant, qu’à l’occasion des nombreuses manifestations accompagnant ce laborieux débat, on avait pu voir fleurir des centaines de pancartes sur lesquelles s’affichait un slogan engageant, qui rappelait une valeur essentielle de notre République : « l’Égalité pour tous ! »
C’était une manière d’associer à cette démarche, et à ce projet de loi, tous ceux qui pouvaient espérer bénéficier un jour, de ce traitement égalitaire. L’égalité pour les homosexuels s’écrivait « égalité pour tous » et permettait ainsi que toutes les volontés d’égalité s’associent à cette lecture. Il ne s’agissait plus seulement de faire en sorte de promouvoir la célébration du mariage homosexuel, mais de répondre légitimement, par cette évolution, à l’ensemble des inégalités. C’était une stratégie subtile et bien réfléchie que les militants de toutes les gauches s’évertueront à nous vendre avec le même marketing qu’ils nous avaient vendu SOS Racisme dès l’année 1984. Toutefois, et malgré cette stratégie élaborée, de nombreux Français, très attachés au mariage traditionnel « d’un homme et d’une femme », rejoindront la rue afin d’affirmer leur totale opposition à cette évolution légale. Durant cette période, notre pays connaîtra la fracture et la division, et sera durablement marqué par les images de manifestants déterminés, parfois virulents, qui exprimeront leur opposition profonde et totale à ce projet de loi.
François Hollande avait réussi en quelques mois à diviser les Français comme rarement auparavant. La communauté nationale se trouvait gravement fragilisée, et les multiples rassemblements, dans la capitale et à travers la France, traduisaient le malaise d’un peuple soumis à une évolution soudaine et à laquelle il n’avait pas été vraiment préparé. Comme pour d’autres thèmes, l’imaginaire de nos concitoyens venait d’être frappé dans ce qui constituait son socle de références morales, idéologiques et chrétiennes. Comment interpréter, traduire et comprendre ce changement dans l’esprit de millions de Français attachés à ces valeurs et à une identité à laquelle ils associaient les mariages religieux et administratifs ? Le débat n’était plus seulement idéologique et politique, il invitait l’ensemble des Français à faire évoluer le sens qu’il donnait à l’institution du mariage. Les manifestations, comme les échanges sur les plateaux de télévision, indiquaient la crainte des opposants à cette loi de se voir dépossédés de ce qui représentait pour eux un cheminement naturel et normal vers la fondation d’une famille. Pourquoi « dénaturer » le sens traditionnel de l’engagement marital en le soumettant à un changement qui ne nécessitait nullement d’en faire un étendard de justice et d’égalité, encore moins de le présenter comme un besoin impérieux ? Des millions d’opposants s’étaient convaincus, à tort par ailleurs, que cette loi allait bouleverser notre société et remettre en question notre mode de vie, pour simplement servir les souhaits d’une minorité de personnes très investie dans la campagne des présidentielles en faveur de François Hollande.
Rien ne permettait de faire évoluer positivement cette perception négative et l’appréhension profonde de ces Français, particulièrement du fait que tout dans la promotion de cette loi invitait aux questionnements. Pourquoi cet empressement ? Pourquoi l’imposer de cette manière, sans pédagogie véritable, sans débat contradictoire et sans concertation préalable ? Il ne s’agissait pas de sauver notre économie ou notre système de santé ! Aucune menace particulière en lien avec ce mariage ne pesait sur notre pays ! Rien ne justifiait que ce projet devienne une priorité gouvernementale, au point de provoquer cette agitation électoraliste qui s’imposa à tous, comme un évènement nécessaire et indispensable. Si aujourd’hui de nombreux pays ont adopté le principe du « mariage pour tous », à cette époque nous étions nombreux à nous interroger sur l’opportunité et la pertinence d’interpeller les Français de cette manière, en leur soumettant un débat et une consultation à laquelle ils n’étaient pas vraiment préparés. Nous étions tous très partagés sur l’attitude à adopter devant cette proposition d’évolution de nos mœurs. D’autant, que les médias, très généralement, associaient régulièrement à ce débat les questions sur la GPA ou la PMA.
On pouvait aisément imaginer que la précipitation et l’impatience du Président François Hollande à promouvoir ce projet conduisaient à d’autres questions. Difficile de ne pas comprendre que l’idée en apparence généreuse de donner à une composante de la population française la possibilité d’accéder au mariage légal révélait peut-être d’autres enjeux. À l’évidence, en faisant de cette question une priorité au traitement du chômage, à la précarité sociale ou au développement économique, François Hollande affichait clairement sa volonté de ne pas renoncer à cet engagement contracté auprès de certains bailleurs de sa campagne, appelés parfois communément les « visiteurs du soir ». Au fond, à la lumière des années qui suivirent cet avènement, on peut aisément penser qu’il s’agissait moins pour François Hollande de faire de ce combat une quête d’égalité ou de rétablir la justice, que davantage chercher à inscrire dans l’histoire, l’idée que la gauche était la seule capable d’inspirer le progressisme et le changement. Il pensait pouvoir marquer les esprits, comme François Mitterrand l’avait fait avec l’abolition de la peine de mort. Or, dans cette opération François Hollande ne répondait nullement à un désir profond et mûrement réfléchi, mais davantage, semble-t-il, aux attentes et aux aspirations de ceux qui avaient organisé et financé son arrivée au pouvoir.
Par la suite, les militants et les Français favorables à cette idée généreuse de « l’égalité pour tous », qui aurait dû s’appliquer à tous, aux femmes, aux personnes en situation de handicap, aux minorités discriminées, furent pour le moins surpris et déconcerté de découvrir que cette avancée pour l’égalité se limiterait aux seuls couples homosexuels. Finalement, il ne s’agissait pas d’élargir le champ de l’égalité à une majorité de Français, mais d’astreindre simplement son application. Au fil des débats apparaissait le défaut de volonté à faire exister le combat pour une égalité totale, élargie, et efficiente, comme le proclame le triptyque Républicain. La trahison socialiste se révélait encore, au grand jour, sur une thématique aussi sensible et usitée, que la question de l’égalité. Tout avait l’apparence d’une mise en scène destinée à promouvoir une égalité de circonstance, réservée à la seule minorité homosexuels.
Cette pseudo « gauche progressiste » moult fois trahie par sa soif de pouvoir, et prompte aux renoncements, s’était encore une fois engagée pour une égalité de façade, organisée pour ne s’appliquer que dans les limites de ce mariage homosexuel. Comment ne pas être troublé par cette capacité incroyable de la « gauche plurielle » à mobiliser les Français autour de certains idéaux et de quelques slogans percutants pour finalement mieux trahir ? Le pouvoir socialiste en place avait mobilisé ses troupes afin de faire valoir le principe d’une forme de « discrimination positive » à la française. Il fallait que cette mobilisation apparaisse comme salutaire, essentielle, et révèle la capacité de la gauche à transformer favorablement le pays et la société en général. Le Président de la République, et ses complices de l’époque n’avaient pas cessé d’évoquer cette valeur fondamentale de « l’égalité républicaine », qui offrait à chacun la possibilité de se sentir pleinement Français. Comment ne pas adhérer à cette offrande généreuse et à cette manière élaborée de séduire le peuple de France, si sensible au principe d’une égalité généralisée et enfin accessible ?
La manière dont s’était organisé ce débat révélait une forme de tromperie, dans le sens où celui-ci n’intégrait nullement la possibilité d’un traitement égalitaire pour tous, tout en le laissant penser. En poussant ouvertement les Français à descendre dans la rue et à s’opposer, ils laissaient s’installer une contestation frontale qui marquera notre pays pour longtemps. Y avait-il une urgence impérieuse à présenter cette loi ? Notre vivre-ensemble était-il menacé ? Évidemment non ! Le choix de rendre ce projet prioritaire à toutes les autres causes pouvait nous laisser croire que certains soutiens influents de François Hollande lui avaient rappelé avec insistance de bien veiller à tenir ses engagements de campagne. Dès lors, on comprenait mieux ce besoin soudain et impérieux de proclamer qu’une nécessaire « égalité pour tous » devait être promue. Fallait-il encore s’interroger sur ce qui pouvait apparaître encore une fois comme du cynisme, de la manipulation politique ? Oui je le pense !
Soyons clair, le sujet ici n’est pas de remettre en question le mariage pour tous ou de faire valoir une quelconque opposition à celui-ci, mais de regretter que cette évolution de la loi n’est pas conduite ou suscitée d’autres changements au moins aussi importants. Je ne souhaite nullement dans cet écrit prioriser ou hiérarchiser les attentes des Français, en pointant ce qui serait légitime et nécessaire, et ce qui ne le serait pas. Il s’agit plutôt d’interroger notre discernement et de démontrer que la loi sur « le mariage pour tous » ne fut pour la gouvernance socialiste de François Hollande qu’une occasion de promouvoir une égalité de caste, exclusive et limitée.
En veillant, par la promotion du droit à l’égalité réelle, à ce que chaque Français soit mobilisé sur cette question, François Hollande et son gouvernement ont d’une certaine manière trahi notre confiance. Notamment du fait qu’ils n’ont jamais, à la suite de la promulgation de cette loi concernant le mariage pour tous, œuvré pour que cette évolution de l’égalité s’applique à d’autres. Ainsi, la tentation de s’interroger sur les motivations de la gauche et sur sa volonté affichée d’œuvrer réellement pour changer favorablement notre société s’imposait à nous naturellement. Pourquoi François Hollande et ses amis de la gauche plurielle s’étaient-ils aussi allègrement investis dans ce projet de « mariage pour tous » et avaient-ils durant de nombreuses années allègrement oublié tous les autres engagements ? Celui du vote des étrangers (promis depuis 1981), celui de la promesse du renouvellement des élites, celui de la lutte contre les discriminations, contre le racisme, l’islamophobie endémique, la lutte contre la pauvreté, l’application véritable de l’égalité pour tous, la promotion d’une police « à l’image de la population française», etc. Force est de constater que ces questions n’ont jamais véritablement intéressé ou même inspiré la gauche de gouvernement versus François Hollande.