Crimes et violons d’Ingres - Françoise Bachmann - E-Book

Crimes et violons d’Ingres E-Book

Françoise Bachmann

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Beschreibung

Le 26 juillet 2015, à Montauban, une jeune femme découvre une rose rouge et un message insolite sur le pare-brise de sa voiture. En l’espace de quelques semaines, d’autres messages sordides, toujours accompagnés d’une rose, sont distribués. Ils conduisent vers le célèbre peintre Ingres. Pourquoi ? La tension monte, l’inquiétude est palpable. Un chat mort, un homme retrouvé poignardé. À tout moment, le tueur peut frapper à nouveau. Prenez garde. Au neuvième message, tout sera accompli.

À PROPOS DE L'AUTRICE

Captivée par le roman policier, Françoise Bachmann crée son univers en élaborant des énigmes autour de personnages attachants. Avec minutie, elle choisit un lieu, un édifice, un objet, une figure célèbre pour ciseler une histoire où se côtoient le mystère, le raisonnement et les comportements humains. De quoi réunir découverte et divertissement pour stimuler la curiosité du lecteur.

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Françoise Bachmann

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Crimes et violons d’Ingres

Roman

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

© Lys Bleu Éditions – Françoise Bachmann

ISBN : 979-10-422-3642-7

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122- 5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122- 4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335- 2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

 

 

 

 

 

Note de l’auteure

 

 

 

Crimes et violons d’Ingres est une œuvre de fiction. Mais j’ai voulu une description des lieux la plus exacte possible. Le musée Ingres est décrit tel qu’il était en 2015. Après trois ans de travaux, il a rouvert ses portes le 13 décembre 2019 et s’appelle désormais musée Ingres-Bourdelle. Les informations sur le peintre Jean-Auguste-Dominique Ingres sont, pour la plupart, véritables.

La lettre d’un antiquaire de Lille, datant de 1935, existe bel et bien. À ce jour, La dormeuse de Naples reste introuvable, l’autre violon aussi.

Tout le reste est le fruit de mon imagination.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

À Camille,

À Manon,

À Alain

 

 

 

 

Premier message

 

 

 

Dimanche 26 juillet 2015

 

À l’entrée de la ferme du Ramier, on distribuait des guides indiquant l’emplacement des producteurs de la région et les activités proposées tout au long de la journée. La Fête du Goût et des Saveurs attirait toujours beaucoup de monde. Alice passa devant une dizaine de tracteurs. Certains dataient des années 1950, notamment un modèle de la Société française Vierzon. Leurs propriétaires, une bande de joyeux lurons, exhibaient fièrement leur devise sur une grande bannière : « Tout pète, rien ne part ». La jeune femme tenta de se frayer un chemin pour goûter les produits locaux. Elle acheta du miel, quelques melons et quelques pêches, de l’huile d’olive et un morceau de tome.

 

Au bout de l’allée, Alice s’arrêta au stand des herbes aromatiques. Elle était vêtue d’une robe légère couleur indigo et chaussée de sandales dorées. Elle avait chaud et but un peu d’eau. Elle mit son chapeau de paille que lui avait offert un jour sa grand-mère alors qu’elles se promenaient à Caussade, la « cité du chapeau ». Elle regarda sa montre : 11 h 40. Un peu plus loin, des enfants s’extasiaient devant une démonstration de tonte de mouton. Alice assista à l’initiation de la traite des vaches à la main. Les musiciens d’une fanfare, habillés tout de blanc et portant un foulard couleur bordeaux, interprétaient quelques airs populaires. Elle reconnut la mélodie d’une chanson occitane, Se Canto, que chantait quelquefois son père.

 

— Coucou, Alice, quelle journée agréable !

C’était l’une des vendeuses de la boulangerie où elle achetait son pain.

— Bonjour, Charlotte. Oui, j’aime beaucoup. As-tu déjà fait le tour ?

— Non, mais pour le moment, j’ai faim. Ça te dit de déjeuner avec moi ?

— Avec plaisir. Allons-y !

 

Toutes deux dégustèrent de l’aligot délicieux, puis une glace artisanale à la pêche. Après le repas, la chaleur aidant, elles flânèrent en direction du plan d’eau, puis s’installèrent à l’ombre salutaire d’un arbre. Elles furent bercées par les voix des visiteurs et les bruits de la ferme en fête. Vers quinze heures, Charlotte se décida à continuer sa promenade. Alice lui dit au revoir avant de regagner lentement sa voiture garée sur l’immense parking mis en place pour la circonstance. Il y avait de plus en plus de monde dans l’allée principale qui ressemblait à une peinture multicolore mobile. L’espace d’un instant, Alice eut la sensation étrange d’être surveillée, scrutée. Elle regarda à droite, à gauche, puis se retourna nerveusement. Tous ces visages lui étaient inconnus. Personne ne semblait se préoccuper d’elle. Elle écouta le mélange de voix qui l’entouraient et dont le bourdonnement finit par la plonger dans un autre monde. Elle s’assit dans l’herbe et, comme anesthésiée, ne vit plus que des pieds, des dizaines de pieds. Elle se sentit oppressée et essuya ses mains moites à sa robe. Elle ôta son chapeau qu’elle agita en guise d’éventail devant son visage. Puis, fermant les yeux, elle respira lentement pour se calmer. Les pleurs d’un enfant dissipèrent son appréhension.

 

Alice sortit de son sac à main le téléphone portable qui sonnait.

— Allô ?

— Ma chérie, comment vas-tu ? N’oublie pas de venir dîner ce soir. Je prépare une bonne salade composée bien fraîche. Et il y aura de la tarte aux abricots et de la glace.

— Salut, Maman. Tu as bien fait de m’appeler, je n’y pensais plus du tout…

— Très drôle !

— Ma petite Maman, tu sais bien que je n’oublie jamais tes invitations. D’ailleurs je ne vais pas tarder à arriver. Je suis encore à Montauban, à la ferme du Ramier. À tout à l’heure. Bisous.

— Bisous, ma chérie, à tout à l’heure.

— Est-ce que je pourrai dormir à la maison ?

— Bien sûr ! Je te prépare le lit.

— Merci, Maman !

 

Les parents d’Alice habitaient dans le village de Monclar-de-Quercy, situé à une vingtaine de kilomètres de Montauban. Âgée de trente-quatre ans, Alice était l’aînée de trois enfants. De temps à autre, elle passait une nuit dans la maison où elle avait grandi avec sa sœur Laurence et son frère Valentin.

Elle était coiffeuse à L’Accroche-Cœur à Montauban. Le salon étant fermé le lundi, elle avait prévu de passer la journée du lendemain avec son amie d’enfance Sophie qui habitait le hameau de Belmontet, à quelques kilomètres de Monclar. Raison de plus pour passer la nuit chez ses parents.

Au moment où Alice quitta l’allée centrale, elle sentit une main se poser sur son épaule droite. Elle sursauta puis se retourna.

— Salut, Alicette, désolé, je ne voulais pas te faire peur.

— Salut, Jules, c’est malin !

— Ça fait bien cinq minutes que je te suis. Mais tu ne vois rien, ma parole. Comment vas-tu ?

— Très drôle. Tu n’as rien d’autre à faire ? Et arrête de m’appeler Alicette !

— Allez, ne te fâche pas. Pour me faire pardonner, je t’invite à boire un verre.

— C’est gentil, Jules, mais je dois partir. Mes parents m’attendent. Bonne continuation. Salut !

Alice ne tenait pas à passer davantage de temps avec Jules Bonnet, son ex-compagnon. Ses cheveux bruns tout courts et ses grands yeux couleur noisette avaient séduit la jeune femme quand elle l’avait rencontré. Aujourd’hui il portait un jean délavé et un polo blanc à manches courtes qui lui allaient à ravir. Mais plus d’attirance à présent pour celui qui avait partagé un petit bout de vie avec elle. Depuis leur séparation qui datait d’un peu plus de deux ans, Alice l’avait croisé trois ou quatre fois. Malgré les SMS et les appels téléphoniques de Jules pour garder le contact, elle ne tenait pas à lui parler ou à le rencontrer. Le boulanger l’avait compris au bout d’un certain temps, même s’il ne l’avait pas réellement accepté. Aujourd’hui encore, il se rendait régulièrement à Montauban dans l’espoir de la revoir. Il vivait à Nègrepelisse, dans la plaine de l’Aveyron.

 

֍

 

Alice mit un moment à retrouver sa voiture. Elle se trompa d’allée à deux reprises, puis finit par apercevoir sa Peugeot 208 bleue. Elle ouvrit la portière ; au moment de s’asseoir et de poser son sac à main, elle vit sur le pare-brise une rose rouge et une enveloppe blanche maintenues par l’essuie-glace. À la fois surprise et intriguée, elle ressortit de la voiture et, soulevant la branche, se saisit des deux objets avant de prendre place derrière le volant.

La rose était en tissu. Elle la posa sur le siège côté passager. Sur l’enveloppe, une inscription très brève : MESSAGE 1/9. Qui lui adressait cette lettre ? Alice regarda au loin, cherchant une réponse ; elle rassembla ses cheveux blonds qu’elle mit en chignon avec le chouchou qui entourait son poignet droit. Elle avait chaud. C’était sans doute une blague de Jules ; cela expliquait son comportement et ses petites phrases mesquines lancées tout à l’heure.

 

Contrariée, la jeune femme secoua la tête et ouvrit l’enveloppe qui contenait une feuille de papier marquée d’un texte dactylographié :

 

MESSAGE 1/9

 

Tu as tout ordonné avec mesure, nombre et poids. (Sg 11,20)

C’est ici que tout commence. Justice sera faite. Prenez garde. Au neuvième message, tout sera accompli. De gré ou de force. Neuf roses et l’apothéose.

 

Elle ne s’attendait pas à cela. À tel point qu’elle lut le texte plusieurs fois. Elle ne comprenait rien ; ça ne pouvait pas être Jules, même s’il adorait autrefois lui offrir des roses. Mais toujours de vraies roses toutes fraîches. Les mots utilisés ne lui ressemblaient pas. D’ailleurs il n’aimait pas écrire. Elle prit peur à l’idée d’être en danger. Il y avait là des menaces, mais elle ignorait pourquoi elle était visée. Quelle « justice » ? À quel propos ? Neuf messages ? Lesquels ?

Elle resta assise un long moment dans sa voiture. Ses mains tremblaient. Elle regarda la rose, relut les mots dont le sens lui échappait totalement. De tous côtés, des gens allaient et venaient. Tout le monde lui parut suspect. La jeune femme rangea la feuille dans l’enveloppe qu’elle glissa dans son sac à main. Que faire ? Désemparée, elle se décida à quitter le parking, suivit les voitures qui se dirigeaient vers la sortie. L’attente lui parut interminable, mais lui permit de réfléchir. Ni son nom ni son prénom n’étaient mentionnés et rien dans le contenu de la lettre ne la concernait. Était-ce tout simplement une erreur ? Elle avait paniqué pour rien. Mais si le message ne lui était pas destiné, il n’en avait pas moins un côté mystérieux.

 

À qui parler de cette plaisanterie ridicule ? Et pourtant ! Alice, tout en prenant le chemin des Mourets pour rejoindre la D70, se demanda si elle allait montrer le message et la rose à ses parents. Elle n’aimait pas ce genre de situation ; être dans le doute, ne pas savoir prendre une décision rapidement.

Une solution simple et radicale serait de jeter l’enveloppe et la rose. Pourquoi se prendre la tête ? Elle roula durant une ou deux minutes, puis arrêta la voiture sur le côté. Elle sortit l’enveloppe du sac à main, prête à la déchirer avec son contenu et à se débarrasser de cette rose ridicule.

Mais elle changea d’avis. Non ! Quelque chose lui disait de conserver la lettre. Un premier message, se dit-elle, qui en mentionnait neuf. Elle posa la rose dans le coffre du véhicule et l’enveloppe dans la boîte à gants.

Elle reprit la route, traversa La-Salvetat-Belmontet, puis entra dans Monclar. Devant la mairie, des artisans locaux exposaient leurs créations, bijoux, décorations, poteries et peintures. Mais la place des Capitouls restait relativement déserte.

Un chat gris traversa la rue, obligeant Alice à freiner brutalement. Vers dix-sept heures, elle entra dans la cour, chez ses parents qui habitaient l’avenue des Quatre-Chemins. Il n’était pas question de leur parler de la lettre et de la rose. Inutile de les alarmer. Quand elle vit le sourire de sa mère, la jeune femme se sentit mieux.

 

— Bonjour, ma chérie !

— Salut, Maman, tu as l’air en pleine forme. Tu es toute belle dans ta robe fleurie.

— Oh oui, tout va très bien. Et toi ?

— Merci, je vais bien aussi.

 

Simone Jourdain avait cinquante-huit ans, était institutrice et adorait s’occuper de son potager. Alice lui ressemblait : yeux bruns, cheveux blonds et fine silhouette.

Les deux femmes entrèrent dans la maison en forme de L, puis se dirigèrent vers la terrasse ombragée. Il y avait là André, le père d’Alice, un grand gaillard aux cheveux gris et aux yeux bleus perçants. À côté de lui se trouvaient Laurence, la sœur d’Alice qui avait fêté ses trente ans récemment, et Stéphane, son mari.

— Quelle surprise ! Ça fait plaisir de vous voir, dit Alice tout en serrant Laurence dans ses bras.

— Quoi de neuf ? Maman m’a dit que tu lui avais parlé d’un certain Nicolas… Ton fiancé ? Raconte un peu !

 

Alice n’avait pas envie d’en parler maintenant ; c’était une relation récente ; elle en avait touché quelques mots à sa mère. Rien de plus.

— Alors, comment est-il ? Qu’est-ce qu’il fait dans la vie ? insista Laurence.

Alice grimaça.

— Laisse-la tranquille. Tu vois bien qu’elle ne veut pas en parler, lança André.

— Pas drôle ! Bon, ce sera pour la prochaine fois, conclut la sœur, toujours aussi curieuse.

— Allez, ma Lolo, ne prends pas la mouche, répondit Alice en souriant.

Après quelques instants de silence :

— Eh bien, Stéphane et moi avons quelque chose à vous dire, répondit Laurence avec un immense sourire.

 

Simone prit place à côté de son mari ; tous deux pensaient à la même chose et attendaient cette nouvelle avec impatience.

— Je suis enceinte !

— Oui, et ma petite chérie est en pleine forme, ajouta Stéphane.

— Mais c’est superbe ! Tu te rends compte, André, nous allons être mamie et papi. Enfin !

— Oh oui ! Et quand arrive ce bébé ? questionna le futur papi ému.

— C’est prévu pour la fin mars, répondit-elle, les yeux pétillants de bonheur.

 

On fêta la nouvelle autour d’un bon repas : une salade composée, un magret de canard poêlé, un saint-sardos rouge, de la glace et une tarte aux abricots.

Il faisait encore très doux lorsque Laurence et Stéphane repartirent. Ils habitaient à Villebrumier, à une bonne quinzaine de kilomètres de Monclar. Le ciel dégagé offrait la beauté des étoiles. L’absence de pollution lumineuse permettait d’entrevoir les bras de la Voie lactée. Alice et ses parents discutèrent encore un moment avant d’aller se coucher.

— Bonne nuit, Maman ! Bonne nuit, Papa ! À demain.

— Bonne nuit, ma chérie, répondit Simone.

— Fais de beaux rêves, ajouta André tout en bâillant.

 

Alice s’installa dans son ancienne chambre. Dix ans déjà qu’elle avait déménagé. Si les murs, autrefois peints en rose, étaient aujourd’hui couleur jaune pastel, ses deux peluches – un ours blanc et un chat gris – étaient toujours posées sur le fauteuil. Que de bons souvenirs !

La sonnerie du portable indiqua l’arrivée d’un SMS : Espère que tu as passé une bonne soirée ! Le stage m’a vraiment plu. Vivement que je te serre dans mes bras. Je t’aime. Nico.

La jeune femme avait rencontré Nicolas Castel quelques mois auparavant. Il était entré un mardi dans le salon de coiffure. C’était la fin de l’après-midi. Ayant oublié de prendre rendez-vous chez son coiffeur habituel, il avait tenté sa chance à L’Accroche-Cœur. C’est ainsi qu’ils firent connaissance et qu’ils tombèrent rapidement amoureux l’un de l’autre. Nicolas était professeur des écoles et habitait à Albias, non loin du moulin en brique datant du XVIIIe siècle. Alice n’avait pas encore présenté Nico à ses parents. Après son échec sentimental avec Jules, elle ne voulait rien précipiter, même si elle se sentait très heureuse quand ils passaient du temps ensemble. Nico était divorcé et avait une fille de quinze ans, Alexandra. Il était prévu qu’elle fasse la connaissance d’Alice au mois d’août.

En attendant, il était l’heure de dormir. Mais lorsque, dans le noir, elle ferma les yeux, la lettre et la rose lui revinrent en mémoire. Déstabilisantes. L’après-midi défila dans sa tête ; tenter de saisir un détail, une image, quelque chose qui aurait pu l’aider à comprendre. Mais rien sinon de l’énervement.

Elle voulut appeler Nico. Lui raconter. Il trouverait les mots pour la rassurer. Il lui dirait quoi faire, la calmerait. Non ! Il était déjà tard. Elle finirait bien par s’endormir. Les choses sont toujours plus claires après une bonne nuit de sommeil.

 

֍

 

Lundi 27 juillet 2015

 

Il était près de neuf heures. André était parti tôt pour faire une balade à vélo avec un copain. Simone s’occupait du potager. Plus tard, il ferait trop chaud. Alice buvait son café et dégustait des croissants frais. Elle lut Le Petit Journal du Tarn-et-Garonne. L’édition du samedi 25 juillet ne mentionnait aucun fait étrange. Car c’est ce qu’elle cherchait, comme pour se rassurer. Pour ne pas être la seule, ne pas être l’unique cible. Elle lut les pages des actualités, puis celles de Montauban, Terrasses, Castelsarrasin, Moissac, Coteaux du Quercy, Deux-Rives, Lomagne, Lomagne et Garonne, Midi-Quercy, Faits & Gestes, Département. Mais point de rose, point de message énigmatique !

Vers dix heures trente, Alice envoya un message à son amie Sophie : Hello Soph, je pars d’ici vingt minutes. Il faut que je te parle d’une histoire qui me trouble. Bises.

 

Elle devait partager ses interrogations. Sophie était une jeune femme calme qui savait écouter les autres. Sans doute en partie parce qu’elle exerçait le métier de psychologue. Alice se dit qu’elle pourrait peut-être relever des points dans le message, qui l’aideraient à y voir plus clair et à donner une suite à cet évènement étrange : détruire la lettre et la rose, ou les conserver au cas où !

Elle se maquilla, se coiffa et embrassa sa mère avant de prendre la direction de Belmontet.

 

Sophie habitait avec son mari et leurs deux enfants non loin de l’école élémentaire. Le hameau de Belmontet était très agréable, Alice l’appréciait énormément et ne se lassait pas de la vue sur les collines. Il faisait bon vivre au cœur du Quercy Vert.

Avant de sortir de la voiture, elle prit l’enveloppe dans la boîte à gants et la rangea dans son sac à main. Sophie vint à sa rencontre.

— Salut, Alice, je suis contente de te voir. Tu es ravissante dans cette robe.

— Merci, Soph, j’aime beaucoup ce rose vif et le blanc de l’encolure. Où sont les filles ?

— Chez Mamie et Papi depuis hier soir. Elles reviennent demain.

— Dommage. Et Vincent ?

— Mon cher époux travaille ! Viens, tu vas t’installer et tu vas me raconter ce qui te tracasse.

Les deux femmes prirent place dans le jardin, à côté de la piscine.

— Ou préfères-tu d’abord nager un peu ?

— Non, peut-être plus tard, répondit Alice d’un air pensif.

— Tu sembles inquiète. Que se passe-t-il ?

— En tout cas je suis perturbée. Voilà ! Hier j’étais à la Fête du Goût et des Saveurs.

— À la ferme du Ramier…

— Oui. Il y avait beaucoup de monde ; j’y ai rencontré Charlotte qui travaille à la boulangerie où j’achète mon pain. Avant de partir, je tombe aussi sur Jules qui ne loupe jamais une occasion pour me casser les pieds.

— C’est lui qui te pose donc un problème.

— Non, c’est plus compliqué. En reprenant la voiture pour rejoindre mes parents à Monclar, je vois une enveloppe et une rose rouge en tissu sur mon pare-brise.

— Un amoureux transi, un inconnu, le prince charmant !

— Non, pas du tout, répondit Alice sans le moindre sourire.

 

Elle montra l’enveloppe et le message à son amie.

— Qu’est-ce que c’est que ça ? « Tu as tout ordonné avec mesure, nombre et poids » ! Il me semble que c’est un passage de l’Ancien Testament. Vraiment curieux !

— Tu comprends maintenant pourquoi je suis stressée.

— Oui, mais pourquoi t’écrire cela ?

— Je n’en ai pas la moindre idée. Mais regarde, je ne suis mentionnée nulle part. C’est sans doute une erreur ou une mauvaise blague.

— Possible ! As-tu remarqué quelque chose de particulier hier ?

— Non… Ou plutôt si… À un moment donné, j’ai eu l’impression d’être observée. Puis je suis tombée nez à nez avec Jules, qui effectivement me suivait depuis un moment. C’est lui qui me l’a dit en ricanant bêtement.

— Mais rien à voir avec cette lettre.

— Non, ce n’est vraiment pas son style. D’ailleurs il n’aime pas écrire et ces propos ne lui ressemblent en rien.

— Tu as raison. Réfléchissons ! Quelqu’un parle de « justice », d’accomplissement et lance un avertissement. Un premier message ! Car d’autres devraient suivre ! Neuf en tout ! As-tu eu des problèmes avec des personnes de ton entourage, des clients ? Le souvenir d’une vieille querelle ?

— Non, je ne vois pas. Ou alors de petites choses sans importance. Un peu comme tout le monde.

— Tu sais, certaines personnes aiment faire peur ou s’amusent à faire des blagues complètement stupides.

— Oui, je sais. Ce qui m’embête c’est que les mots font froid dans le dos. « De gré ou de force » et « Prenez garde »…

— Oui, en effet. Même si tout ça ne t’est pas destiné et même si c’est une blague, je pense qu’il vaut mieux le signaler.

— Mais à qui ? La police ?

— Oui ! Je te propose de passer cet après-midi au commissariat de Montauban. Au moins il y aura une trace au cas où ce message aurait une suite, comme le prévoit l’expéditeur.

— Neuf messages ! Tu as raison. Je serai débarrassée de ce foutu papier et de cette rose maudite.

— On se calme. Je vais nous préparer à manger. Tu devrais en profiter pour faire quelques brasses. L’eau est bonne, elle te détendra.

— J’y vais !

 

Alice apprécia de nager. Elle se sentait calme et légère. La présence et l’aide de Sophie étaient précieuses. Elle savait qu’elle pouvait compter sur sa meilleure amie.

Après le déjeuner qui finit par une touche de sorbet à la fraise et un bon café, les deux jeunes femmes prirent la route en direction de Montauban.

 

— Ils vont me prendre pour une folle, dit tout à coup Alice.

— La question n’est pas là. Nous ne savons pas ce que ce message veut dire. Et pourquoi l’accompagner d’une rose ? Si nous allons les déposer à la police, je pense qu’ils sauront quoi en faire, répondit Sophie pour rassurer son amie.

— Sans doute…

— Arrête de te tracasser. D’ici quelques jours, tu n’y penseras même plus.

— J’aimerais bien. Affaire classée !

 

֍

 

Les deux amies arrivèrent à hauteur de Saint-Nauphary puis continuèrent sur la D999. Une fois entrées dans Montauban, elles prirent les boulevards : Hubert-Gouze, Montauriol, Blaise-Doumerc, Vincent-Auriol. Avant l’avenue des Mourets, elles s’engagèrent sur le boulevard Alsace-Lorraine. Le commissariat, avec sa façade en brique rose, se trouvait au no 50.

Avant d’y entrer, Alice s’assura d’avoir dans son sac l’enveloppe et la fleur. Sophie la suivit et ôta ses lunettes de soleil en franchissant la porte du commissariat. Alice fit de même. Une jeune femme les reçut à l’accueil. Elles expliquèrent pourquoi elles étaient là.

Un peu plus tard, un homme, grand et musclé, aux yeux gris, sortit d’un bureau. Il portait un jean délavé, un polo bleu ciel et un chèche blanc. Il s’agissait du lieutenant Antoine Meyer. En poste à Montauban depuis début mai, il avait auparavant travaillé à Strasbourg, sous les ordres du commissaire divisionnaire Yves Pelletier qui l’avait notamment chargé de l’enquête portant sur l’affaire Simon Braun : un libraire strasbourgeois retrouvé mort dans la crypte de la cathédrale Notre-Dame. Emma Parys, une jeune historienne, avait fait équipe avec Meyer pour résoudre l’énigme et mettre la main sur l’assassin.

 

— Inspecteur Meyer, ces deux personnes viennent nous voir au sujet d’une enveloppe contenant un message que Madame a trouvé hier sur le pare-brise de son véhicule. Il y avait aussi une rose en tissu que voici. Le texte est plutôt étrange, ajouta Céline Boyer en lui tendant la feuille dépliée et l’enveloppe.

 

Meyer fit entrer les deux femmes dans son bureau et les invita à prendre place. Il lut la mention indiquée sur l’enveloppe puis le fameux message numéro 1.

— Madame Jourdain, votre nom n’est cité nulle part. Ce message ne vous est peut-être pas destiné, mais il suscite toute mon attention. Même si nous sommes régulièrement confrontés à de mauvaises blagues, il faut rester vigilant.

— Oui, Monsieur Meyer, j’ai donc bien fait de venir vous voir… sur les conseils de mon amie Sophie Canero.

— Absolument !

— D’autant plus qu’Alice est vraiment perturbée par cette histoire, ajouta Sophie.

— Je comprends. Madame Jourdain, avez-vous eu dernièrement des problèmes avec quelqu’un ? Au travail ou en privé.

— Non, franchement, je ne vois pas. Je suis coiffeuse et les clients sont vraiment gentils. Je n’ai pas d’ennemi juré qui voudrait me faire peur. Et côté vie privée, je ne sais vraiment pas qui pourrait vouloir me jouer un sale tour.

— Tu as tout de même parlé de Jules. Même si…

— Qui est Jules ?

— Jules Bonnet est mon ex. En fait, je l’ai croisé hier à la Fête du Goût et des Saveurs. D’ailleurs, c’est en quittant la ferme que j’ai trouvé le petit mot sur mon pare-brise.

— Il pourrait donc en être l’auteur.

— Non, ce n’est pas son genre. En plus il ne prendrait pas la peine d’inventer ce genre de salades pour m’impressionner, reprit Alice.

— Bien, Mesdames, ne vous inquiétez pas. Nous allons conserver la lettre et la rose. Vous pouvez bien entendu nous joindre à tout moment. Je vous laisse ma carte avec ma ligne directe et un numéro de portable.

— Merci, inspecteur, c’est rassurant.

— À propos de rose, Madame Jourdain, y aurait-il parmi les clients du salon de coiffure ou parmi vos amis et connaissances un amoureux transi ? Quelqu’un que vous auriez congédié sèchement ?

— Non, je ne vois personne. À moins que…

— Oui, je vous écoute.

— Il y a bien « Monsieur Bernard », comme nous l’appelons au salon. Mes collègues prétendent qu’il est amoureux de moi. Ce n’est pas faux, mais…

— Bernard, mais encore.

— Bernard Delmas. Toujours extrêmement gentil et prévenant ; jamais un mot de travers ou un geste déplacé. Bien au contraire.

— Quelquefois, certaines personnes ont plusieurs visages, dit Antoine Meyer tout en souriant.

Sophie acquiesça.

— C’est possible, mais je ne pense pas que…

— En tout cas, Madame Jourdain, je note son nom. Avez-vous donné toutes vos coordonnées à ma collègue ?

— Oui, absolument.

— Savez-vous où travaille Monsieur Delmas ?

— Il me semble qu’il est conseiller commercial immobilier.

— Très bien. Merci. Je vais vous laisser. Au revoir, Mesdames, dit Meyer en raccompagnant les deux jeunes femmes.

 

Alice et Sophie quittèrent le commissariat vers quinze heures trente.

— Bon, tu me déposes au cabinet de mon petit mari chéri.

— Oui, pas de problème. Veux-tu y aller tout de suite ?

— Je veux bien. J’ai apporté de quoi travailler. Quelques dossiers à revoir avant la reprise.

— Tes vacances sont-elles presque terminées ?

— Je reprends lundi prochain. Mais je n’ai pas à me plaindre. Quatre semaines de repos, c’est merveilleux.

 

 

Alice conduisit Sophie au cabinet d’ostéopathie de Vincent Canero, qui se trouvait à proximité du jardin des Plantes. Puis elle appela Nicolas. Elle avait hâte de le serrer dans ses bras et de lui parler. Elle gara sa voiture impasse Christian-Andersen, entra dans le jardin et alla s’asseoir sur un banc en attendant son ami. Ce dernier ne tarda pas à arriver. Leurs regards et leurs mots reflétaient amour et tendresse. Ils ressemblaient au couple qui résidait dans le jardin, figé dans la sculpture Un soir de Jean Boucher.

Nicolas raconta son stage de peinture, prêt à se lancer dans quelque future composition. Alice sourit tout en écoutant ses mots passionnés. Puis elle lui raconta l’épisode du message et de son passage au commissariat.

Le pragmatisme et la sérénité de Nicolas eurent raison de l’inquiétude de sa compagne. Pour lui, ce n’était qu’une blague de mauvais goût à oublier rapidement. Se prendre la tête pour ces futilités était tout simplement une perte de temps. Alice se sentit de plus en plus rassurée.

 

Ce soir ils resteraient ensemble, rue Fraîche, dans l’appartement d’Alice, et parleraient de leur futur comme le font les gens heureux et paisibles.

 

Le message numéro 1 et la rose rouge étaient posés sur le bureau d’Antoine Meyer. L’inspecteur était resté à son bureau jusque tard dans la soirée. Il avait relu le message. Il n’avait pas aimé cette phrase : « Au neuvième message, tout sera accompli. » Il était persuadé qu’il y aurait bel et bien une suite. Le lien entre le contenu du texte et Alice Jourdain lui échappait totalement. En attendant, il allait enquêter sur l’ex-ami de la jeune femme et sur le fameux Monsieur Bernard. Il regarda par la fenêtre et dénoua son chèche blanc.

 

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Sur les hauteurs de Montauban, quelqu’un rédigeait une lettre. Il fallait suivre le plan prévu, sans impatience. Se délecter de ces moments qui mèneraient à la justice. Il fallait punir, faire peur, resserrer le filet pour atteindre la cible. Huit roses étaient alignées dans un tiroir. Le compte à rebours poursuivait son irréversible engrenage.

 

 

 

 

 

Second message

 

 

 

Mardi 28 juillet 2015

 

Alice ferma discrètement la porte de son appartement. Cinq jours de travail et elle serait en vacances. Nicolas dormait encore. Elle marcha dans la rue Fraîche, tourna à gauche place Nationale, continua sur la rue du Greffe puis entra dans la rue des Carmes. Au salon de coiffure se trouvaient déjà la responsable Mathilde Barbet et Jérémy Ledoux, le collègue d’Alice. Une cliente discutait avec Jérémy des problèmes du monde agricole et des rassemblements qui avaient eu lieu quelques jours auparavant à Montauban, Caussade et Castelsarrasin. Madame Joubert comprenait le malaise des agriculteurs et surtout des éleveurs, mais ne soutenait pas les comportements violents de certains durant les manifestations. En attendant leur premier client, Alice et Mathilde parlèrent des nouveaux produits de coloration et d’une formation sur les dernières tendances. C’était une belle journée. La ville rose vivait au rythme de l’été.

 

Antoine Meyer, ne laissant rien au hasard, avait pris contact avec Bernard Delmas. L’agent immobilier chez Toits en Fêtes attendait le lieutenant de police à son domicile situé dans la commune d’Albias. Le portail était ouvert et Meyer se gara dans la cour. La maison en pierre et aux volets bleus était de plain-pied. L’inspecteur sonna. Une porte s’ouvrit. Delmas, proche de la soixantaine, était de petite taille et corpulent. Ses cheveux coupés en brosse et son visage aux traits marqués lui donnaient un air austère. Il scruta l’homme qui venait le déranger, puis le laissa entrer. Il n’avait pas compris la raison de cette visite. Ses gestes maladroits traduisaient inquiétude et énervement. Bon gré mal gré, il invita l’intrus à prendre place sur la terrasse prolongée par un jardin dont la palette de couleurs aurait pu inspirer Monet. L’heure pourtant n’était pas aux rêveries romantiques. Delmas se serait bien passé de cette visite et seuls ses sentiments pour Alice et les règles de conduite qu’il s’imposait lui permirent d’accepter le rendez-vous avec la police.

 

— Monsieur Delmas, comme je vous l’ai dit au téléphone, Alice Jourdain, votre coiffeuse, a reçu un message étrange qui n’est pas vraiment sympathique puisqu’il évoque une mise en garde et un désir de rendre justice.

— Inspecteur Meyer, je ne vois pas pourquoi on m’interroge à ce sujet. Est-il arrivé quelque chose à Madame Jourdain ?

— Rassurez-vous, elle va bien !

— Tant mieux, répondit doucement Delmas avec un sourire crispé.

— Monsieur Delmas, ne vous en faites pas. Il s’agit là d’une simple visite de routine.

— Mais vous avez sans doute des questions à me poser.

— Oui ! Habitez-vous seul ?

— Oui, je suis veuf depuis un peu plus de cinq ans. Marie était malade depuis plusieurs années et a fini par baisser les bras. Plus de forces, plus d’espoir.

— Désolé, Monsieur Delmas, dit l’inspecteur avec sincérité.

— Depuis son départ, je vis seul ici. Quelques aventures sans lendemain, rien d’important.

— Et que ressentez-vous pour Alice Jourdain ?

 

Delmas leva les yeux vers Antoine Meyer puis regarda au loin, l’air hagard.

— Vous semblez troublé.

— J’ai beaucoup de respect et d’admiration pour Madame Jourdain.

— L’aimez-vous ?

— Qu’allez-vous chercher là ? C’est un sentiment amical, voilà tout !

— Pourtant, au salon de coiffure, on dit que…

— Écoutez, je ne sais pas ce qu’on vous fait croire, mais je ne suis pas amoureux d’Alice Jourdain. Elle pourrait même être ma fille. Tout cela est ridicule.

— Cependant on m’a dit que vous étiez aux petits soins pour votre coiffeuse attitrée.

— Si la politesse et la galanterie font cet effet-là, c’est qu’elles se font peut-être rares.

— Soit !

— Vous n’imaginez pas un instant que je m’amuse à rédiger des messages pour Madame Jourdain ?

— Et si elle vous avait vertement éconduit, ne vous laissant aucune chance.

— C’est proprement ridicule. Elle n’a jamais eu besoin de m’éconduire. J’ai toujours traité cette personne avec respect, je vous le redis.

 

Le téléphone d’Antoine Meyer sonna. Bernard Delmas entendit une voix sans pour autant comprendre le contenu de la conversation. Il se leva et baissa davantage le store pour étendre l’ombre sur la terrasse. Cette histoire lui semblait à ce point grotesque qu’il émit un rire spontané.

Son apparente franchise n’échappa en rien à Meyer. Mais il jugea prudent de ne pas se fier totalement à ses intuitions conduisant à émettre des opinions. Il laissait ouverte la porte du doute lorsque cela s’imposait.

— Monsieur Delmas, qu’avez-vous fait durant la journée du dimanche 26 juillet ?

— Avant-hier ?

— Oui !

— J’étais à Cahors.

— Toute la journée ?

— Je suis parti le matin vers dix heures. J’étais invité par ma sœur, Isabelle et son époux. J’ai déjeuné chez eux. Puis nous avons fait un tour en ville.

— À quelle heure êtes-vous rentré ?

— J’ai quitté Cahors vers dix-sept heures. Ma sœur et mon beau-frère pourront vous confirmer tout ça. Je peux vous donner leur adresse et numéro de téléphone.

— Très bien. Nous allons vérifier. Je vous remercie, Monsieur Delmas, dit Antoine Meyer en se levant.

— Je vous raccompagne, répondit l’agent immobilier.