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D’un monde à l’autre raconte le parcours de Marc Berthier, restaurateur et navigateur, qui revient à Strasbourg après avoir quitté la ville en raison de la controverse suscitée par ses affirmations sur la communication avec l’au-delà. Après une séparation difficile, il reprend les rênes de son restaurant, puis, en quête de réconfort, il se lance dans une croisière en Méditerranée. C’est à bord de ce paquebot que l’extraordinaire se produit, bouleversant ainsi sa perception de la réalité.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Après une bataille contre la maladie,
Claude Portenseigne a trouvé dans l’écriture un moyen d’expression. De son hommage au corps médical dans Le temps d’une vie à son exploration du roman policier avec DGSE contre ETA, son livre "D’un monde à l’autre" révèle sa rébellion innée et son influence de Nietzsche.
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Claude Portenseigne
D’un monde à l’autre
Roman
© Lys Bleu Éditions – Claude Portenseigne
ISBN : 979-10-422-0390-0
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Marc, ce matin, n’a pas le moral.
Il pense à son fils resté à Moréa avec sa maman.
Il pense à Karine, sa femme de vingt ans de moins que lui, qui ne le supportait plus.
Il a quitté le Pacifique et est revenu à Strasbourg s’occuper de son restaurant.
Il a repris sa place de chef, derrière les pianos, sans passion.
Ce matin, il décide de changer d’air.
En lisant son journal, ses yeux sont attirés par une publicité.
Partez en croisière en Méditerranée, sur un bateau de rêve !
Voici comment, une semaine plus tard, il se retrouve à Trieste à l’embarquement du bateau de croisière « Le Bordighera ».
Magnifique navire de 250 mètres, appartenant à une célèbre compagnie de navigation italienne.
On lui a attribué, sur bâbord, une jolie cabine au pont No 6, une cabine avec balcon et vue sur la mer.
Le bateau est luxueux, avec un hall central où atterrissent deux ascenseurs aux cabines vitrées ressemblant à des carrosses.
Au centre, un bar immense en marbre noir ceinturé de cuivre jaune où s’activent une dizaine de barmen.
De nombreux fauteuils et tables basses composent le mobilier, en périphérie, quelques somptueuses boutiques de luxe.
À chaque pont, des bars et des coins-repas qui servent en permanence, viennoiseries et repas complets.
Une tentation permanente que les touristes apprécient beaucoup, au vu de la fréquentation. Il est en effet difficile de s’asseoir à une table libre.
Une galerie marchande où l’on trouve de tout, des magasins d’alcool, de tabacs, une pharmacie, des bazars, des bijouteries et des magasins de souvenirs.
Tout est fait pour oublier les problèmes du quotidien.
D’immenses salles de restaurant sur deux étages, reliés entre elles par un somptueux escalier aux rampes brillantes de cuivre.
Le personnel, en habit, accueille et choie les convives. Il pratique un service à la française, un maître d’hôtel pour cinq tables, un serveur pour trois.
La mise de table est impeccable, quatre jeux de couverts, quatre verres différents, serviette disposée sur l’assiette de façon originale à chaque service.
Les coursives qui mènent aux cabines sont décorées et recouvertes d’une épaisse moquette.
Le bateau appareille, s’éloigne lentement du quai grâce à ses propulseurs latéraux.
Ce départ, notre ami le suit depuis le pont supérieur, au milieu de nombreux croisiéristes.
Après avoir fait le tour du propriétaire, parcouru les coursives, vu le théâtre, le casino et les ponts extérieurs, Marc rejoint sa cabine pour se préparer pour le dîner.
À ce moment, une voix venue d’ailleurs envahit son esprit.
Ce n’est pas Pierre, son frère avec lequel il converse d’habitude, une voie différente, une voie intrigante.
Il faut que tu saches que nous te suivons depuis Rome où tu as fait escale et où nous étions en congrès.
Nous avons embarqué en même temps que toi.
Immédiatement après ces mots, le lourd vase de verre rempli de fleurs et placé sur la table basse est fortement projeté sur la glace située au-dessus de la commode.
Marc est sidéré.
Sur la centaine, certains, une quinzaine, ont préféré s’occuper des machines.
Très complexe, le centre de propulsion.
Personne, hormis le personnel qui y est affecté et les officiers responsables, n’est autorisé à visiter.
Il s’agit du cœur du navire, avec ses immenses générateurs électriques, qui fournissent la puissance aux moteurs du navire.
Une nouvelle technologie, des hélices orientables à l’arrière, entraînées séparément par des moteurs électriques.
Des propulseurs latéraux et avant permettent une rotation du navire, le tout alimenté par une installation électrique complexe.
De nombreux tableaux de contrôle, disposés çà et là, permettent de gérer l’ensemble de la propulsion.
Les « Esprits » vont avoir du travail !
Une vingtaine est partie se poster aux différentes cuisines, d’autres s’occupent des ascenseurs et le reste folâtre dans les coursives, prêts à ficher la pagaille.
Tu vas demander à voir le commissaire de bord lorsque tu seras au bar central, tu lui expliqueras la situation, je serai à tes côtés.
Tu lui demanderas à voir le commandant et, ensemble, nous lui donnerons nos consignes.
Marc longe le couloir, complètement dérouté, il débouche sur le palier des ascenseurs et emprunte une de ces cabines qui font le va-et-vient.
Il s’approche du bar et demande à être reçu par le commissaire de bord.
Plusieurs minutes plus tard, le même employé, suivi d’un petit homme au visage buriné et aux cheveux gris, arrive au bar.
Le petit homme se retourne vers son employé, pouffe de rire et dit :
À ce moment, alors que le bateau ne subit aucun tangage, les bouteilles situées derrière le bar commencent à tomber une à une sur le plancher.
Les employés du bar s’activent à éloigner les promeneurs, et…
Effectivement, dix secondes après, dans un fracas épouvantable, le lustre en cristal, de plus de deux cents kilos, s’écrase sur le plancher.
Le petit homme regarde, ahuri, les débris du grand lustre.
De nombreux croisiéristes attirés par le fracas affluent venant des coursives et découvrent effarés le spectacle.
Pour preuve, dites au commandant que, à partir de maintenant, le bateau ne peut plus communiquer avec la terre. Ils ont brouillé les communications.
Le commissaire de bord saisit son téléphone portable intérieur et appelle le commandant. Il explique la situation.
Non, commandant, ils ont coupé aussi les communications radio.
Bien, Commandant, nous vous attendons au bar principal.
Le bruit ayant attiré de nombreux curieux, le personnel s’empresse de les rassurer, et fait évacuer la zone.
Arrive, quelques instants plus tard, un homme d’une cinquantaine d’années, portant beau dans un uniforme blanc immaculé, le commandant entouré de deux lieutenants.
Le pacha regarde autour de lui, la situation, il est effaré.
Depuis mon plus jeune âge, je suis télépathe, mon frère jumeau est décédé et j’ai continué à échanger avec lui. Des esprits malveillants ont profité de ce don pour nous forcer à faire ce qu’ils veulent. Ils veulent votre bateau et m’ont assuré qu’ils ne s’en prendraient pas aux passagers.
Immédiatement après les derniers mots du commandant, les propulseurs du bateau se mettent à l’arrêt. Le téléphone portable du Pacha se met à vibrer.
En regardant Marc :
Immédiatement, les lumières s’éteignent, les ascenseurs s’arrêtent, tout ce qui marche à l’électricité s’arrête.
Joël, le chef, me demande de vous dire que nous devrions monter sur la passerelle et discuter. Si vous acceptez, il remettra l’électricité en service.
Immédiatement, la lumière revint au grand soulagement des passagers et du personnel.
Arrivé sur la passerelle, le commandant est assailli par des officiers inquiets.
Quant à vous, dit-il à Marc, suivez-moi.
Ils s’enferment dans le bureau du commandant.
Le doux tremblement des machines parvient aux sens du Pacha qui pousse un soupir de soulagement.
Vous savez, je ne crois ni aux fantômes ni aux phénomènes surnaturels, je ne crois pas plus à votre histoire de discussions avec l’au-delà.
Il faut cependant remarquer qu’il se passe sur ce bateau des choses inexplicables.
Alors, que voulez-vous ?
Si ce n’était que moi, j’irais dans ma cabine et je m’offrirais un bon whisky.
Il vous autorise une seule liaison radio avec votre compagnie pour les rassurer, mais attention, aucune alerte, ils veillent.
Ils vous autorisent à faire comme prévu, l’escale de Split, à faire descendre les touristes et vous veillerez à les rembarquer, sinon ils vous réservent une surprise.
Dans deux jours, il vous donnera de nouvelles consignes par ma voix.
Après que Marc eut quitté la passerelle, le commandant appelle un jeune lieutenant.
Arrivé dans sa cabine, Marc s’aperçoit immédiatement que le désordre a été réparé. La femme de chambre a dû être surprise de voir tout ce verre au sol et la glace éclatée. Sur la table trône un nouveau bouquet dans un magnifique vase en verre.
Pendant ta promenade, je réserve avec mes amis quelques petites surprises au Pacha, afin de te dédouaner.
Nous leur expliquerons à ton retour.
Le lendemain, Marc suit l’arrivée du paquebot dans la rade de Split depuis la terrasse de sa cabine. La vue est magnifique, cette baie bleue ainsi que ses collines verdoyantes accueillent le navire. La ville ancienne, située dans la presqu’île, éclabousse le paysage d’une tache de couleur ocre.
Il descend à terre et dédaigne la visite organisée que propose la compagnie. Il se promène dans ces ruelles étroites, monte et descend une multitude d’escaliers, si bien qu’arrivé devant le palais Dioclétien, il est fatigué.
Il choisit une terrasse et déguste une orange pressée qui lui redonne de l’énergie. L’escale ne dure que cinq heures, il décide de visiter le palais et la cathédrale Saint-Domnius. Vers 17 heures, il regagne le bateau et décide de prendre une douche bien gagnée.
Effectivement, vers 19 heures, alors que le navire devait quitter le port, le commandant envoie un marin prier Marc de le suivre sur la passerelle.
« Commandant, voici mes consignes, vous allez descendre la mer Adriatique jusqu’à Corfou, puis vous prendrez le cap 180°. Je vous dirai que faire à ce moment. »
Une douce vibration se fait sentir, le téléphone sonne :
Et la croisière continue. La musique du bar ainsi que le brouhaha des passagers montent lentement jusqu’à la passerelle.
Marc, un peu sonné, descend vers sa cabine pour prendre un peu de repos.
Cependant, sur la passerelle, le commandant réunit ses officiers
Des entités immatérielles auraient pris l’esprit d’un de nos passagers, et à travers lui, nous menacent.
Avez-vous des suggestions ?
Immédiatement, les lumières de la passerelle se mettent à clignoter.
Le commandant :
Ils veillent, nous espionnent, faites attention à ce que vous faites et vous dites. Nous n’avons pas affaire à une situation ordinaire, nous nous battons contre des fantômes.
Dans sa cabine, Marc, allongé sur son lit, réfléchit aux derniers événements.
Il sent que son frère essaie d’entrer en contact avec lui. Il y a comme un frein à la communication, mais le lien du sang est le plus fort. Faiblement, le signal lui parvient.
Puis, le silence.
Marc ne sait comment contacter Joël, il attend, bien décidé à réagir.
Le bateau navigue lentement vers la mer ionienne, les passagers ne se doutent de rien, et profitent joyeusement des piscines, des bars et autres distractions.
Le soleil rougit à l’horizon, à l’instant où le bateau passe par le travers de Corfou.
Il est 20 heures 30, Marc se dirige vers la grande salle à manger. Par table de six, les convives se réunissent, les serveurs s’empressent, c’est le service à la Française, la grande classe.
Les plats se succèdent, les vins également, l’ambiance est détendue. Chaque convive conte une anecdote des croisières précédentes, Marc écoute, l’esprit ailleurs.
Son esprit critique de cuisinier analyse les plats en professionnel.
Le moins que l’on puisse dire est qu’il n’est pas conquis. Il n’en dit rien à ses voisins qui, apparemment, sont éblouis par les nappes blanches, le ballet des serveurs et les vins à profusion.
Il imagine les cuisines gigantesques pour nourrir 1000 personnes par service, des brigades de 50 personnes, des menus préparés avec soin et pesés au gramme près.
Rien à voir avec sa cuisine, fine et régionale.
Joël essaie de lui parler, Marc répond :
Le repas terminé, Marc va fumer une cigarette sur le pont en regardant les étoiles.
Pour accéder à la passerelle, il faut emprunter un ascenseur privé.
Un interphone permet d’en demander l’accès.
Ils sont reçus, enfin, Marc est reçu, car personne ne voit Joël, par un équipage réticent au visage fermé. Le commandant arrive.
Après quelques instants, le téléphone sonne.
Le commandant regarde Marc. C’est OK.
La fuite d’eau s’arrête.
La nuit est calme, soudain, vers 5 heures, un point minuscule illumine le radar à l’azimut 200, distance 10 milles nautiques.
Branle-bas le combat sur la passerelle, le commandant est appelé, Marc est réveillé.
Le navire réduit sa vitesse et se dirige lentement sur l’objectif, le jour se lève, il s’agit d’un bateau de pêche, rempli de passagers qui agitent frénétiquement les bras.
L’accostage se fait en douceur vers huit heures.
De nombreux passagers, le long des bastingages, assistent à l’opération.
Des femmes, des enfants transis, des hommes en short et t-shirt mouillés, disparaissent dans les entrailles du navire.
Le contraste entre le froid du matin et la température des coursives les réconforte.
Les hommes sont séparés des femmes et des enfants. Ils sont tous conduits dans un local réservé au personnel où ils peuvent prendre une douche.
Bientôt, un marin leur apporte des boissons chaudes et des viennoiseries confectionnées à bord.
Dans la journée, trois autres sauvetages sont réalisés, ce qui porte à 156 le nombre de rescapés recueillis.
Là-dessus, Marc s’écroule, terrassé par un malaise.
Marc se réveille dans un lit d’hôpital, un docteur à ses côtés, ne comprenant pas ce qui lui arrive.
Notre malade dort toute la journée, ne se réveille que vers 20 heures. Il quitte l’infirmerie et se dirige vers sa cabine où l’attend une hôtesse confortablement installée dans sa cabine installée dans un fauteuil.