Dictionnaire des proverbes Ekañ - Emmanuel Emérantien Ndjakomo - E-Book

Dictionnaire des proverbes Ekañ E-Book

Emmanuel Emérantien Ndjakomo

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Beschreibung

L’Ekañ doit aller au rendez-vous du donner et du recevoir. Il doit absolument prendre part à ce banquet planétaire, les mains chargées des richesses de son patrimoine. Cependant, il connaît une crise identitaire sans précédent et se doit de sauver « les restes » de cette tradition si riche jadis. Parmi les substrats à préserver avec urgence, il y a la parole créatrice, performative et initiatique. La maîtrise des proverbes devient donc une planche de salut dans un univers où l’on affirme communément « qu’un orateur sans proverbe n’en est pas un ».


À PROPOS DE L'AUTEUR


Emmanuel Emérantien Ndjakomo est prêtre du diocèse d’Ébolowa, au Cameroun. Ancien professeur de philosophie, il est titulaire d’une licence en théologie et de deux masters, en philosophie et en égyptologie. Par le biais de Dictionnaire des proverbes Ekañ, il souhaite véhiculer, à toutes les cultures africaines, l’urgence d’un retour aux sources pour l’édification du village planétaire.

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Emmanuel Emérantien Ndjakomo

Dictionnaire des proverbes Ekañ

Roman

© Lys Bleu Éditions – Emmanuel Emérantien Ndjakomo

ISBN : 979-10-377-4958-1

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

À la plus belle femme de ce monde :

ma charmante mère, Mme veuve Tou’oulou née Nyangono Messanga Crescence, pour toute la tradition

qu’elle m’a inculquée.

À la grande famille Piffaretti.

Je vous suis très reconnaissant.

In memoriam

Rev. Père Giovanni Allievi (Fata Jean) alias Emvolo Bibem, cet Italien devenu Camerounais après 44 ans passés à Bimengue. Il vient de rejoindre la maison de Dieu le Père, le 29-04-2015. Il a beaucoup œuvré pour l’émergence de la culture Ekang (Beti, Bulu, Fang).

Du même auteur

(1) Dictionnaire des proverbes Boulou, Ifrikiya, Yaoundé, 2016 ;

(2) Jeux traditionnels Ekañ, symbolique et richesse d’une culture, Kiyikaat, Québec, 2020.

Avant-propos

Nous avons choisi l’option de procéder à la classification des proverbes par ordre alphabétique. Nous partons des proverbes recueillis auprès des personnes dans nos entretiens avec des hommes et des femmes pétris de la culture Ekang : Crescence Nyangono Messanga (Notre mère), Joseph Pécos Engo’Ozo (Ma’amenyin) et Mme Akame née Jeanne Ndjakomo, 16-12-2020 (dont l’amour de la langue boulou et l’altruisme étaient sans limites), et des expériences que nous avons connues dans les causeries, dans les tenues des palabres, les deuils, les mariages dans les expériences religieuses et même dans les émissions radio. Dans la logique de la traduction, il s’agit d’un exercice ardu. Nous y avons abondamment utilisé le Dictionnaire Boulou-Français Français-Boulou, Serges Yanes et de Moïse Eyinga Essam, Ed P. Monti, Sangmélima, 1987. La traduction est plus utile pour les amoureux de la culture Ekang, car eux-mêmes, connaissent bien ces proverbes et pourrons même, à tort ou à raison, trouver à redire. Nous sommes totalement ouverts à vos remarques qui vont faire en sorte que nous avancions un peu plus dans les profondeurs de notre culture si belle et si oubliée. Nous avons choisi certains proverbes pour développer en contes (car chaque proverbe est en fait une conclusion d’un conte), afin de dégager les implications morales. Ce travail doit permettre à nos frères Ekang (ou Ekañ), d’abord, de faire un retour aux sources de leur propre culture qui se meurt. Ensuite, ce travail de propédeutique culturelle devrait concerner toutes les cultures africaines. Enfin, il doit permettre à l’Afrique d’aller les mains chargées dans le grand boom de la mondialisation, avec un patrimoine culturel prouvé et authentique. La parole est très puissante dans l’univers culturel Ekang, elle accompagne l’homme du berceau à la tombe, elle est gage de bénédiction et de malédiction. La parole a une force tellement performative que, dans cette culture, « dire et faire » renvoient à une même et seule réalité. Les proverbes constituent une figure de style chez les Ekang qui renferme en son sein une panoplie d’autres figures de style : la prosopopée, la litote, la gradation, l’hyperbole, allitération, le Mvet… Le proverbe peut s’appréhender comme une parole ancestrale qui renferme des vérités découlant de l’observation des êtres et des choses expérimentées, intemporelles et générales.

Étant donné qu’aucune culture ne saurait évoluer en vase clos, nous avons cherché, dans les proverbes des autres cultures, pour poser les passerelles logiques avec ceux des Ekang et cet exercice nous a permis d’enrichir davantage non seulement son patrimoine, mais aussi de voir le proverbe comme un patrimoine humain tout court.

Nous avons bien voulu traiter de certains concepts en ligne avec la tradition Ekang. À plusieurs reprises, nous avons fait appel à l’évocation culturelle pour comprendre la façon de vivre et de penser de l’homme dans cette tradition. La mythologie n’était pas en reste pour comprendre sa vision du monde. La musicalité de cette langue la rend très prisée et attire de l’admiration. Cette publication va entraîner d’autres, sur les domaines les plus variés de cette culture pour la sculpter jusqu’aux méandres et permettre aux jeunes générations de pouvoir en tirer profit et aux chercheurs d’avoir une matière abondante. Nous devons tout de même reconnaître que, pour effectuer ce travail, nous avons rencontré d’innombrables difficultés. Nous pouvons signaler un manque criant de documentation et des publications scientifiques, un laxisme sur l’écriture de la langue qui se laisse entrevoir par le fait qu’un même concept soit exprimé par des écritures différentes, une documentation vétuste qui mérite un aggiornamento profond pour se mettre à la page et un désintéressement quasi total de la jeunesse quant à la chose culturelle ou traditionnelle, et pourtant c’est notre cible privilégiée.

Notre joie est soutenue par le fait que la maquette de ce travail a montré le vœu ardent que plusieurs de nos frères aient formulé : l’urgence d’un retour aux sources de cette belle et fascinante tradition qui demeure un champ d’investigation très riche et très passionnant. Nous nous sommes attelés à présenter plusieurs phénomènes culturels susceptibles de vous faire pénétrer dans les entrailles de cette tradition tenace. Cette publication vient pour compléter et enrichir cette du Dictionnaire des Proverbes Boulou et s’étend sur tout le peuple Ekang, pour un retour aux sources, remède efficace pour la crise identitaire sévit depuis les décennies.

Bonne ballade dans l’univers Ekang à nos frères, sœurs et tous ceux qui veulent découvrir ou connaître cette belle culture !

Préface

Au nom de la parémiologie

La sagesse africaine est inscrite dans une infinité de périphrases, d’énoncés métaphoriques ou d’aphorismes que l’on met en valeur, à l’occurrence des grandes joutes oratoires et langagières. Les contes, proverbes, dictons, maximes, apophtegmes, arguties, devinettes… sont autant de supports rhétoriques dont l’usage s’appelle la parémiologie. Elle est la technique des orateurs de talents, des maîtres de la parole. Le langage parémiologique est un métalangage édifiant sur la valeur que l’Africain accorde à la parole, celle proférée ; et alors, la circonlocution cesse d’être un encombrement, une surcharge. La palabre, le débat, la demande en mariage, l’oraison et l’éloge funèbre usent, au point d’en abuser parfois, de cette richesse verbale, au point où en négro-civilisation, on confirme en la réaffirmant effectivement, la magie du verbe. Le dictionnaire des proverbes Ekañ de l’Abbé Emérantien Ndjakomo réconcilie l’Africain avec sa vision du monde, celle où le verbe est l’élément central de toute créativité. Or, il ne s’agit pas de tout verbe, de toute parole, mais de la parole initiatique, si recherchée qu’elle est sacrée. La parémiologie est du ressort de la parole transcendantale, celle dont n’use que le seul initié à l’art de la langue et du langage. En effet, il y a une posture, une gestuelle, une mimique, une scénographie qu’exprime celui qui sait se servir de ces artifices. Une mise en scène classique, et perpétuée de génération en génération, permet de mettre bien en évidence, une ergonomie spatiale, et une proxémique où, avant toute prise de parole, l’on sait qui est qui, quoi, quand et où pour quel effet ? Le proverbe, le dicton, la parabole… remplissent toutes les fonctions de la langue et du langage à opportunité ; Halliday en récence cette fonction instrumentale, axée sur la satisfaction de besoins divers, fonction régulatrice, utilisée pour contrôler autrui, fonction interactive orientée vers les échanges interpersonnels, fonction personnelle, imaginative, heuristique, et informative. Un constat brille par son évidence dans le recueil de l’auteur, somme toute une transcription des trésors du répertoire populaire et commun des Bulu, et par extension du peuple Ekang, selon la réactivation de cette terminologie par le Professeur Biyogo : c’est la mise sur scène des actants animaliers pour préfigurer la société des humains. Dans les contes et formules proverbiales, les animaux sont omniprésents. C’est qu’ils sont, non seulement les ancêtres de l’homme, mais sa finalité transitoire avant son retour au Créateur, Dieu. Selon la cosmologie bantu, l’homme retourne où sont les ancêtres, les saints, au paradis, à l’issue du processus de la transmigration de l’âme. Les âmes repêchées subissent une involution aux fins de leur purification, par étape, décadente successive, qui les mutent soit en animaux, soit en végétaux, soit en entités du monde minéral. Les bêtes qui inondent les proverbes permettent par conséquent de parler de l’anthropomorphisation, et du respect qu’il convient dès lors de réserver à ces êtres-là. Le dictionnaire du Père Ndjakomo est digne d’intérêt à plus d’un titre ; intérêt didactique : il offre à ceux que cela intéresse, locuteurs du bulu, sympathisants et chercheurs, une immense banque de données sur le registre de la parole imagée ; intérêt historique : l’on peut, après recoupement, reconstituer le passé d’un peuple, celui de l’instant ; intérêt philosophique : l’ouvrage permet d’ouvrir de nombreuses fenêtres, si ce ne sont des boulevards, sur la vision du monde du peuple Ekang. Puisse cette initiative, qui connaît bien sûr des prédécesseurs, ne jamais s’arrêter, mais en inspirer d’autres, au moment où le patrimoine immatériel de l’humanité est en pleine construction, et quand on sait qu’aucun peuple au monde ne s’est développé sur la base d’une culture étrangère. Les propres repères de l’Africain se trouvent aussi dans les proverbes : Bobenyoñ be nyumi wo akum, ô mvama’an’akoksikôlô.

Si tes frères te privent de l’héritage, apprends et applique-toi à l’école.

Dr. Bingono Bingono

Introduction

Par Ekang1 nous comprenons les trois sous-ethnies Beti-Bulu-Fang, subdivisées en tribus et en clans. À cet effet, Jean-Marie Essono nous dit :

La parenté linguistique et les études d’anthropologie comparée permettent d’aujourd’hui trilogie Beti-Bulu-Fang établie sur une base à la fois arbitraire, artificielle et impondérable pour ne désigner le groupe que par un seul terme ou une seule entité génétique. Une telle considération ne relève ni d’un souci d’uniformisation à outrance, ni d’une généralisation abusive, ni même à une erreur qui consiste à croire à l’existence d’un monobloc ethnique, mais plutôt comme l’apparition d’un phénomène de fusion progressive sub-ethnique2.

On comprend pourquoi on va préférer préconiser à l’utilisation du terme englobant afin d’éviter tout sectarisme et tout compartimentage tribal. Il a fallu logiquement recourir à un terme supra-ethnique : pahouin.

Pour revenir à la question des Ekañ proprement dite nous ne voulions plus suivre les sentiers battus par Cheikh Anta Diop et les autres. Nous voulions interroger les Ekañ eux-mêmes, c’est-à-dire les adultes mais aussi certains anciens pour qu’ils nous situent par rapport à l’origine de ce peuple.

Nous voulions également mener une réflexion sur leur langue, car la langue, même si nous ne nous rendons pas compte, cache souvent bien des surprises. Les anciens avec lesquels nous avons discuté, nous ont tous répondu invariablement que les fang reviennent d’Akoë. Akoë est un mot qui s’oppose à Ankiè. Il signifie à la fois « le nord » ou « l’amont » tandis que « Ankiè » signifie « le sud » ou « l’aval ». Dans la phrase bot ya osu’koë, la traduction française donnera « les gens du nord ». Tandis que dans celle-ci : bot ya osu’kiè, elle donnera « les gens du sud ».

D’après ces anciens, l’Afrique centrale ne serait donc pas le foyer originel des Ekañ. Ceux-ci viendraient du nord (le nord de l’Afrique). D’après eux toujours, ce n’est qu’au terme d’une grande et longue migration appelée Obane que les Ekañ sont arrivés dans leur foyer géographique actuel : au Cameroun, au Congo, au Gabon, en Guinée Équatoriale et à Sao Tomé. Les documents historiques le soutiennent car ils affirment que la présence Ekañ a été signalée pour la première fois en Afrique centrale, et notamment dans les régions de l’estuaire du Gabon vers le début du 19e siècle. Xavier Cadet dans ses travaux de recherches sur les fang parle exactement de 1819 : L’intérêt de « l’esquisse » de Bowdich réside dans le fait qu’elle révèle dès 1819 l’existence des Fang connue alors sous le nom de « paamouay » (qui se lit pamoué, correspondant à « pamue », l’appellation hispanisante des « Fang » )3. Mais il est plus probable et logique qu’avant que cette présence fang ne soit signalée dès 1819, les Fang se trouvaient déjà dans cette région d’Afrique centrale. Par ailleurs, si nous suivons leurs migrations, il est logique qu’elle se signale déjà dans d’autres régions d’Afrique centrale avant cette date. Enfin, si l’on considère que cette région de l’estuaire se situe presque à l’extrémité du pays fang, ils y sont donc arrivés par le nord, c’est-à-dire par le Cameroun.

Cinquante ans plus tard, du Chaillu étudiera leurs dialectes dans ses Explorations et aventures en Afrique équatoriale, publié en 1861. En 1913, Günther Tessmann devait publier Die Pangwe demeuré depuis longtemps la grande somme de l’ethnologie sur les Fang. Enfin Alexandre Binet a publié aux P.U.F, en 1958 le travail le plus complet jadis sur cette question.4

Selon le Révérend Père Engelbert Mveng, on regroupe les Fang en six ethnies et cent douze tribus totalisant, lors de la publication du livre qui nous sert de référence, 820 000 habitants. Ce nombre a drastiquement augmenté eu égard aux progrès de la science qui ont profondément marqué l’espérance de vie et le boom démographique que connaît le monde d’aujourd’hui. Le groupe Ekañ est constitué des Beti, Bulu, Fang5. En effet, ces populations habitent une zone qui va, sans discontinuité, selon de Rev. Père E. Mveng, de la Sanaga au sud du Gabon. Ils couvrent donc une grande partie du sud-Cameroun, du Gabon, du Moyen-Congo et la Guinée espagnole. On compte parmi les ethnies :

Les Ewondo, 22 tribus ;

Les Bene, 14 tribus ;

Les Bulu, 11 tribus ;

Les Ntumu, 26 tribus ;

Les Mvaé, 13 tribus ;

Les Fang, 26 tribus.

Il faut ajouter à cette énumération les ethnies non moins importantes : les Eton, les Manguissa, les Ossananga qui sont le plus souvent confondus aux Ewondo.

Souvent, pour désigner les Ekang, on emploie le mot Pahouin ou Mpawin. Les Ekang ne se le donnent jamais à eux-mêmes. Aux dires de plusieurs, c’est une corruption de ce mot Ekang.6

Le syntagme Betí – Búlu – Faŋ aurait bien pu faire l’économie de certains de ses constituants, si on avait respecté la culture des peuples qui l’incarnent. Eux-mêmes savent qu’ils sont tous des Betí, des gens qui se reconnaissent par le paradigme ma jô na, (je dis que), et qui parlent des dialectes d’une même langue mère, l’ati7. Malheureusement, pendant les années chaudes de 1990 où le Cameroun, et l’Afrique noire notamment, entre dans la mouvance démocratique avec le vent de la perestroïka8 venu de l’Europe de l’Est, la vieille politique du diviser pour mieux régner est revenue au goût du jour. Les politiciens de l’opposition, afin de trouver des alliés parmi les populations du Centre, du Sud et de l’Est, se sont mis à diviser un même peuple en disant aux Búlu : vous n’êtes pas des Betí ; aux Faŋ : vous n’êtes pas des Betí ; aux Eton : vous n’êtes pas des Betí, les Búlu vous trompent… Et ainsi, la science a été prise en otage par la politique politicienne. Les Bulu ont commencé à douter de leur être Betí, il en fut de même pour tous les autres peuples fils de Nanga. Or, les Búlu, Ewondo, Eton, Bene, Mvele, Faŋ, Ntumu…, pour désigner l’appartenance originelle des choses à la culture du pays, pour en confirmer l’authenticité, accolent à la chose dont on parle, le vocable Betí. On entendra donc dire : ôvon Betí, pour désigner la hache traditionnelle ; mebala Betí : pour médecine traditionnelle ; mvu Betí ; pour chien du pays, sans race, mvié ou viek Betí, la marmite traditionnelle, tum ou fulu Betí, pour dire la culture ancestrale. À cet effet, tout ce que nous dirons des Búlu est valable pour les Ewondo, Faŋ, Ntumu, Mvele, Mbidambané, Fong, Eton, Osananga, Manguisa9.

Le principe de départ est qu’au commencement, tous les peuples des grands groupes dénommés, faute de mieux par Pierre Alexandre les Beti – Bulu – Fañ, avaient pour langue commune l’ati originel, encore parlé aujourd’hui par les Osananga et leurs riverains Manguissa du Pont de l’Enfance. Mais à cause ou grâce aux multiples migrations intervenues dans leurs parcours, et bien qu’ils aient conservé leur fond initial, des dialectes sont apparus, introduisant de légères différences dans la prononciation de certains mots. Là où l’Ewondo, le Fañ, le Ntumu prononcent le r, le Bulu et le Manguissa mettent le t. L’Eton met le p à la place du f tandis que tous les autres parlers l’ignorent. La glottochronologie ou lexicostatistique établit, par le calcul, le temps qu’il faut à une langue x pour se dégrader au fur et à mesure que ceux qui la parlent s’éloignent du foyer de base et rencontrent les influences des autres parlers. On peut ainsi arriver à dater le moment de la séparation par cette méthode.

Mais chez les peuples parlant l’ati, la différence de langue n’était pas un handicap à l’appartenance à un même clan. En effet, les études menées sur ce plan, notamment en 2015, par Abolo Biwole, montrent qu’il existe, chez les peuples de la forêt, des parentés claniques, inter-claniques et trans-ethniques10. Pour de multiples raisons dues à l’histoire des peuples et de leurs nombreux contacts issus des migrations, les clans búlu par exemple ont de nombreux liens de sang avec d’autres tribus et d’autres ethnies. C’est pour cette raison que le mot Ekañ sera utilisé pour désigner tout cet ensemble et ces proverbes se retrouvent dans toutes les langues de ce groupe, indépendamment des quelques variations phonétiques que l’on peut noter çà et là, qui ne constituent que la richesse inestimable de la seule et même culture. Tous les Ekang se comprennent et ces proverbes constituent leur patrimoine ancestral.

Localisation géographique des Ekang

Les Ekañ appartiennent au grand groupe dit « Pahouin », le territoire pahouin couvre environ 180 000 km2 depuis la moyenne-Sanaga soit 4°30’ latitude Nord, jusqu’à l’embouchure de l’Ougoué soit 1°20’ longitude Sud ; d’ouest en est ; il s’étend de l’Atlantique soit 9°30’ de longitude Est, à la moyenne-Sanaga soit 14° longitude11.

Quant à l’ethnie Bulu, elle occupe toute la bande centrale du pays pahouin qui s’étend du nord au sud, selon la répartition administrative, depuis le département de la Haute-Sanaga, y compris une partie du Nyong et Nfoumou, un peu de Haut-Nyong, jusqu’au département du Dja et Lobo, de la Mvila, une partie importante du département de l’Océan et la vallée du Ntem, le Gabon et la Guinée Équatoriale.

Le climat Ekang, en général, est de type équatorial humide, caractérisé par une double alternance des saisons sèches et pluvieuses. L’année est rythmée par les semailles et les moissons. À cause de l’humidité, cette zone est couverte d’une végétation forestière épaisse, avec un sol en voie de latérisation. L’agriculture est surtout de type vivrier. Elle est davantage assurée par les femmes avec comme finalité l’autosuffisance alimentaire. Les excédents peuvent être vendus pour résoudre un petit problème ponctuel ou pour acheter d’autres denrées alimentaires. Cependant, nous ne saurons faire table rase de l’essor de certaines cultures de rentes : le cacao, l’hévéa, le palmier à huile. On y pratique aussi sporadiquement l’aquaculture, l’élevage des poulets, des hérissons, des porcs. Cet élevage est d’abord artisanal, même s’il y a quelques cas isolés destinés à la commercialisation. Cet environnement où le droit d’aînesse est le tendon d’Achille est aussi le siège de plusieurs interdits alimentaires et sociaux. Il y a aussi une grande faune, mais aussi les insectes et parasites vecteurs de maladies graves.

En définitive, plusieurs critères en commun ont milité en faveur de la classification du grand groupe Ekang, nous ne donnons que quelques-uns et les plus saillants.

- Les ekangs ont une racine linguistique apparente et malgré de petites différences de prononciation, ils se comprennent tous.

- Un peuple transcendant issu d’un même ancêtre, qui décline son identité autour de mythes, des traditions et des cultures.

- Ils vouaient, dans les temps reculés, un culte au même Dieu : Zama, Zamba, Zambe, Zameyo…

- Le peuple ekang ne connaissant pas l’écriture a développé une tradition orale fiable perpétuée grâce au mvett (mvet) développant par le fait même sa mémoire.

- La famille est l’unité principale des Bulu, les Fang, les Mvae, les Ntumu, les Fong, les Mabea, les Ngumba…

- Les faits nous présentent une civilisation, une culture et une mythologie communes.

Proverbes Bulu

A

Proverbe : Abaé éne miene.

Traduction : Le miel appartient à celui qui l’a vu en premier (la terre appartient aux premiers occupants).

Proverbe : Aba ése é bili minkoé mié.

Traduction : Chaque corps de garde a ses célibataires (chaque village a son côté rébarbatif).

Proverbe : Abanda d’asôso fé ézuli nlam.

Traduction : La cabane ne quitte jamais la brousse pour le village (à chaque chose sa place).

Proverbe : Abaé e ne ébé e ne te jaé.

Traduction : La belle famille est une fosse qui ne se remplit jamais12. (La dot n’est pas à appréhender comme un achat, les services de la femme sont inestimables, c’est pour cela que de temps à autre, le mari doit faire un geste vis-à-vis de la belle famille pour exprimer sa gratitude. Bien plus, il se doit de soutenir sa belle-famille dans des événements heureux ou malheureux).

Proverbe : Abaé nyia mon, te bu’u mvaé.

Traduction : La gifle d’une maman à son enfant ne brise jamais une côte (l’amour maternel exclut toute méchanceté, si ce n’est une correction. Cette correction se fait avec délicatesse et tendresse en fonction des seuils de l’enfant).

Proverbe : Aba’é vôm a ngonô.

Traduction : Donner un coup (de machette ou de hache) sur la partie voûtée. (Se dit pour reconnaître un raisonnement juste, qui arrive à point nommé, dans une palabre.)

Proverbe : Abamékon a fam be ja’ak, be fialek.

Traduction : L’homme est semblable au poisson-morue qu’on mange en dénigrant. Nous voulons montrer que le sens premier d’abamékon désigne d’abord le savon traditionnel bulu13, et par la suite désigne la morue que l’on conservait à l’aide du sel et dont la senteur faisait penser à ce savon bulu. Ce poisson nécessitait une cuisson particulière pour que le sel ne soit pas dénaturé. Très peu de femmes réussissaient à bien faire cette cuisson, d’autres, par contre, en faisaient une dénigrante (dénaturée par l’excès de sel). On aime un homme plus par profit que par beauté.

Proverbe : Abañ, nyoññ.

Traduction : Loutre, plonge. (Le fait de tourner le dos à celui qui n’aime pas les réprimandes ou les conseils, tu refuses de m’écouter, de suivre mes conseils ; j’arrête, je disparais) : « me kateya lep wo : je n’en peux plus ».

Proverbe : À bé éves môt mba’a melam.

Traduction : Planter un ossement humain dans la colonie de pièges (cheminer avec un imposteur ou un fauteur de trouble ou un traître).

Proverbe : Abé nlem beyeñ be mie jale be wo’o zaé be’e ke mebum minlem ne ngbwelebe ngbwelebe.

Traduction : Le mauvais cœur (le maque de charité) des étrangers pendant que les propriétaires crèvent de faim, eux, ils ont les ventres bien pleins (il nous arrive de ne pas nous soucier de ceux qui nous font du bien. Il faut être reconnaissant ; au lieu de sombrer dans un utilitarisme à outrance).

Proverbe : Abé nlem nyia ngon : avini‘i ébon mon, a voñlô’ô é njé.

Traduction : Le mauvais cœur de la mère d’une fille, elle déteste le concubin de sa fille, mais le sien est aux petits soins.

Proverbe : À bi kôs étele si.

Traduction : Attrape le perroquet à même le sol (réaliser un exploit sans se peiner).

Proverbe : Abibi nyô.

Traduction : La frappe du serpent, même mort, on n’arrête pas vite de le frapper (faire une chose avec entrain et sans repos).

Proverbe : Abim avoñ éte é yiane ya ékela.

Traduction : Cette quantité de graisse est suffisante à la chèvre (se dit pour exprimer le ras-le-bol).

Proverbe : Abé e nga so fé melen, nde e nga kôé afan biyo.

Traduction : Le malvenu de la palmeraie a contaminé les épines à toute la forêt (seul, le mal est contagieux. Les mauvaises habitudes se contaminent plus rapidement que les bonnes).

Proverbe : Abé nlem ôkañ, te tôban minga wo diñ wu ôn’ ayap, ve wu ôn’ étun.

Traduction : Le mauvais cœur du bosquet. On ne croise jamais la femme qu’on aime dans un long bosquet, mais plutôt dans celui qui est court. Quand on vit un quelconque bonheur, le temps passe très vite. Nous n’arrivons pas à vivre le bonheur dans le temps cosmique, mais dans le temps chronologique.

Proverbe : Abé nlem zam etyi’i mo, etyi’i mebo, ve te tyi’i biôm bi ébôn.

Traduction : Le mauvais cœur de la lèpre coupe les mains et les pieds, mais jamais les organes génitaux. (Le mauvais cœur aime attaquer ce qui est visible. On a beau être méchant, il reste tout de même des gens qu’on évite).

Proverbe : À bekôkôn a beyeyem bia’ane ma bongô ba zu le, sikoko, si.

Traduction : Fantômes et sorciers, arrêtez ces enfants qui arrivent : sikoko, sikoko, si.14

Proverbe : Abé nkôt kata, bives atan, minsôn ke été.

Traduction : La laideur du crabe sec, c’est d’avoir les os à l’extérieur et la chair sèche à l’intérieur. (On décrit le comportement des tonneaux vides, qui font des bruits pour rien.)

Proverbe : Abé nyia mintyañ mintyiañ, mon ve nyañ nyañ.

Traduction : Malgré le fait que le sein de la mère soit plein de gale, l’enfant continuera à téter toujours. (L’estime d’un enfant pour sa mère est inégalable. La mère reste pour le jeune enfant une personne à la fois idéale et idéelle. C’est cette propension de l’enfant à voir dans sa mère la plus belle femme du monde qui rend possible le complexe d’Œdipe.)

Proverbe : Abeñ mone beti : tyiñ, tyiñ mongô asu ke asu nnôm.

Traduction : La beauté du « beti » (les occupants de Yaoundé et ses environs sont désignés par ce vocable) : la voix demeure celle d’un enfant, mais le visage est celui d’un vieillard.15

Proverbe : Abeñ évele ôndôdô, atan ne zô’ôñ, été ke éyan.

Traduction : La Beauté d’un piment rouge, brillant à l’extérieur, mais piquant à l’intérieur. (Ne pas se fier aux apparences, tout ce qui brille n’est pas or.)

Proverbe : A bete yôp, ô vane ékôp ô jô’ô na ñwuan, nde nkéan.

Traduction : Quand tu vois un animal sur un arbre, tu revendiques sa peau en disant qu’il est mort, alors qu’il est partant. (Il ne faut jamais vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué.)

Proverbe : Abiaé akpwel, abiaék a wua fé.

Traduction : La délivrance de la vipère, elle met bas en jetant ses petits en brousse (se dit d’une femme qui ne s’occupe pas de ses enfants, mais les confie plutôt à d’autres).16

Proverbe : Abialé a bekal, a ke yômbô nkoé.

Traduction : Il naît avec des sœurs, mais vieillit célibataire. (Celui qui naît avec plusieurs sœurs porte en lui quelques traits de féminité sur le plan comportemental. Quand s’ajoutent les jugements de ses multiples sœurs qui jugent leur belle-sœur par ses défauts, il est donc facile de vieillir célibataire.)

Proverbe : Abi nyo nkuk zañ.

Traduction : Attraper le serpent au milieu (se dit de quelqu’un hors sujet ou qui prend une palabre ou une conversation de cours).

Proverbe : Abialé a metyel a ke yômbô a metyel.

Traduction : Qui naît avec des tâches vieillit avec les mêmes tâches (on a beau chasser le naturel, il revient au galop).

Proverbe : Abim tôé onôn, abim te dumba‘a.

Traduction : Tel oiseau, tel son nid (à chaque oiseau son nid). Mais la signification profonde ici est que : le nid d’un oiseau se construit en fonction des proportions de sa poitrine. En réalité, c’est la poitrine de l’oiseau qui est la partie la plus volumineuse. Le nid se doit donc de respecter son volume pour que l’oiseau y suffise. (la plus belle femme du monde ne peut donner que ce qu’elle a).

Proverbe : Abin mon e dañe di ésa a nto ôyôñ.

Traduction : Si les bourses d’un enfant dépassent celles de son père, on conclut qu’il s’agit d’une hernie (selon la déontologie de la société traditionnelle Ekañ, l’enfant ne saurait, en aucun cas, prétendre être supérieur à son père).

Proverbe : A bo aya na Meseñ Mengelé a wo’ok ,nkulu ke a vuñuk ? Ye nkulu a te ne nkulu Meseñ-Mengelé ?

Traduction : Comment se fait-il que Meseñ Mengelé meure et l’orage commence à faire souffler les ravages ? Est-ce l’orage de Meseñ Mengelé ? (La coïncidence fait soupçonner ; l’occasion fait le larron.)

Proverbe : A bo bo na abôk ésakôé, ékpwé bikon ke ésanjika.

Traduction : Il ne peut avoir la fête à Essakôé et que ce soit à Essanjika qu’on coupe les bananes plantains (Se dit pour signifier une chose faite à contretemps).

Proverbe : Abo bo na awu Etôndô, ébeñse ke Mekamemvom.

Traduction : Il ne peut avoir le deuil t au village Etôndô et l’assistance (les funérailles) au village Mekamemvom (celui qui organise une cérémonie ne doit compter que sur ses propres capacités pour la réussite de celle-ci. Il doit s’arranger à satisfaire ses invités dans son domicile).

Proverbe : A bo a bo’o na ô wumesane ya ayok, ô beta wumesan woñ.

Traduction : Il n’est pas possible d’être en même temps courageux et peureux (contre un plus puissant que soi, on ne dispute pas sans perte ; il faut rester constant).

Proverbe : Abo kindik, abo ndobok.

Traduction : Un pied sur la terre, ferme un pied dans le marécage (ni figue ni raisin ; ni chaud ni froid ; jouer double jeu).

Proverbe : Abôk ya bikul é ne ve ju nyôl.

Traduction : La danse dans un clan étranger demande beaucoup d’effort (qui n’a pas travaillé n’a pas droit au salaire).

Proverbe : À bo e lôé ya nyo e ne éyoñé se ve woñ.

Traduction : Le pied qui a été mordu par un serpent est toujours méfiant (quand on a déjà été victime, la prudence est de mise).

Proverbe : À bo na abôk e se wo ébon, mbañ nkôk o beta étul.

Traduction : L’on ne peut aller dans une fête où on n’a aucune concubine, ayant une longue canne à sucre sur l’épaule. (Il ne faut pas troubler la fête quand tu n’es pas invité. Se dit pour faire allusion à l’ingérence.)

Proverbe : À bo bo’o na, ane ô yen ndo’o ô ben mejap.

Traduction : Ce n’est pas en voyant la mangue sauvage qu’on va abandonner l’arbre adjap (on ne doit pas abandonner les vieilles choses lorsqu’on est face à des choses toutes neuves.)

Proverbe : À bô bo’o na avot é tyele étu, mvak é dañé.

Traduction : Il n’arrive pas que, le filet étant encore sur l’épaule, le renard prenne la fuite.

Proverbe : Àbô bo’o na akom é ku ya ve ngui é ba’a.

Traduction : Il n’arrive pas que l’akom 17(grand arbre) étant tombé, la chauve-souris y reste encore accrochée.

Proverbe : À bôbo’o na jal ô bo’o e nde wo sale ngôé.

Traduction : Ce n’est pas dans le village où tu passes la nuit qu’il faille apprêter la torche traditionnelle.

Proverbe : A bô bo’o na ésôs minlañ, afom ke mebelan.

Traduction : Il ne sert à rien d’être généreux en causeries, mais avare en actes (l’importance dans la vie n’est pas de beaucoup parler, mais de poser les actes concrets).

Proverbe : A bô bo’o na e kos é ki ya nkun é beta kôlô.

Traduction : Il ne faut pas que le poisson qui est déjà dans le petit panier à poissons puisse retomber dans l’eau. (Quelque chose déjà acquise ne doit plus nous échapper.)

Proverbe : A bô bo’o na mfe awu, mfe ke bidim.

Traduction : Il ne convient pas que l’un ayant deuil, un autre ait les mauvais présages (chacun prêche pour sa paroisse).

Proverbe : A bô bo’o na, mfe aja’a ékañ, mfe ke mbon anyu.

Traduction : Nul ne peut manger les noix de palme et l’huile transparaît sur les lèvres d’un autre (à chacun ses responsabilités).

Proverbe : À bô bo’o na, ma te wôé te mimbiaé.

Traduction : Il ne convient pas de dire : j’ai tué (une antilope) sans montrer les sabots (toute victoire se matérialise par les trophées).

Proverbe : À bô bo’o na mvin é bubu di, be lui avevaé.

Traduction : Il ne convient pas de façonner les cure-dents avant que les noix de palme ne soient retirées du feu. (Une façon très appréciée consistait à cuire les noix de palme dans la braise. Cet exercice nécessitait beaucoup d’attention et de finesse. Il est de bon ton de finir la cuisson avant de s’atteler à fabriquer les cure-dents.)

Proverbe : A bô bo’o na, ntut ofe koé, ofe ke minsu’usan.

Traduction : Il n’arrive pas qu’une touffe impénétrable de la forêt dense s’agite, alors que celle où est caché un singe reste calme (il faut être conséquent des actes l’on pose).

Proverbe : À bô bo‘o na, ntut ô solô e wo wo tyi’i mindik.

Traduction : Il ne convient pas que tu coupes encore les lianes dans la touffe qui te cache.18L’on risque couper la liane de la touffe qui sert d’abri.

Proverbe : A bô bo’o na, nté zam mebat, nkôp bingut mebo.

Traduction : Il ne convient pas que le générateur de la lèpre n’ait que des tâches, alors que celui à qui il a contaminé est des jambes amputées.

Proverbe : À bô bo’o na, lañ akoñ, ô lañ fe ntyen.

Traduction : Il ne convient pas de séparer la pointe de la lance de son manche (ne jamais séparer les choses naturellement unies).

Proverbe : À bô bo na ô lôme éseñ aba, ô beta fe ke di.

Traduction : Il n’est pas concevable qu’une femme envoie un plat de nourriture au corps de garde et qu’elle soit encore en train de manger ce même plat (La générosité est désintéressée).

Proverbe : À bô bo’o na, ôsôé ô kelek, mekok me liki’i.

Tradition : Il n’arrive jamais que la rivière coule et que les cailloux restent sans se mouvoir (tout talentueux finit avec ses fanatiques).

Proverbe : A bô bo’o na v’a wui, ve a loñele bofioñ, biyaé bi kôn bi nkôñelane ke wo ve den ?

Traduction : Il n’arrive jamais qu’à peine mort, à peine l’oiseau de mauvais présage l’annonce, et tes lèvres sont déjà changées en lèvres de fantôme aujourd’hui même 19(chaque phénomène naturel doit suivre son cours normal, il ne faut pas être pressé).

Proverbe : À bô bo na, wôé ô li’i tup (mbok), ô viane tôñ mbe’e ékanda.

Traduction : Il ne convient pas que l’abeille épargne celui qui a percé (la ruche) pour poursuivre le porteur du panier du miel (il faut culpabiliser le responsable sur l’acte posé).

Proverbe : À bô bo na, ô wôé va ô ba va.

Traduction : Il n’arrive jamais qu’on tue un gibier et qu’on le dépèce surplace (en toutes choses, la précipitation est mauvaise).

Proverbe : À bô bo’o na zel zel ébo’o, ô nga wua mekoñ.

Traduction : Il ne faut pas jeter les lances dès que tu aperçois la moustache de justesse (car il peut s’agir d’une moustache humaine, il faut prendre le temps de réfléchir avant de poser un acte).

Proverbe : A bô bo na azoñ é wumuk, njep ke a tele.

Traduction : Il ne convient pas que le cueilleur se présente au moment de la floraison des aubergines (à chaque chose, son temps).

Proverbe : À bô bo’o na, ôlôm éseñ ô beta ke dis

Traduction : On ne surveille pas le plat de nourriture qu’on a servi.

Proverbe : A bô bo’o na ô ngenan te kôlô abanda ô nga nya’a mebi.

Traduction : On ne défèque pas dans une cabane avant de l’avoir quittée (ne jamais poser un acte néfaste où on réside).

Proverbe : A bô bo’o na, atata’a abôk a nkuan éduduk.

Traduction : On ne sue pas au début de la danse (en tout début, la douceur est importante).

Proverbe : A bô bo’o na toñ é bete mesete anyu, wo na a mesete loñ toñ.

Traduction : La flûte ne peut-être sur les lèvres du joueur et qu’on lui demande encore à ce dernier de la jouer.

Proverbe : A bô bo’o na ve atatele mboman ngom, ngom ve élat élat.

Traduction : On ne peut pas commencer à jouer au tambour avec toute la vigueur (il y a risque d’essoufflement prématuré).

Proverbe : Abo ba si te luman.

Traduction : Le pied et le sol ne se disputent jamais (le pied a besoin du sol pour marcher, il faut donc éviter les querelles, sinon le pied n’aura plus d’appui).

Proverbe : Abôk é dañe ébataa20 da seselan jôm mo.

Traduction : La danse très régulière ne manque jamais de récompense (la persévérance est toujours récompensée).

Proverbe : Abôk é nga kate kata a abui mebo.

Traduction : La danse a dépassé le crabe à cause de ses multiples pattes.

Proverbe : Abôk ya yemkek, ne jem jeme te mvak.

Traduction : La danse des yemkek21