Double Vie à Paris - France Dupriez - E-Book

Double Vie à Paris E-Book

France Dupriez

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Beschreibung

Quand Anaïs rencontre Alain, elle a déjà deux beaux enfants et une vie bien remplie. Les deux jeunes gens sont amoureux fous, se marient et voient la famille s’agrandir.
À la suite d’une promotion, Alain est amené à voyager pour de courts séjours à Paris.
Guide touristique pour une agence de voyages, Anaïs se retrouve elle aussi pour quelques jours dans la ville lumière.
Alain rencontre Kimberly, Anaïs rencontre Flavio.
Un chassé-croisé amoureux s’installe à tour de rôle dans leurs vies. Comment faire les bons choix ? La vie n’est pas un long fleuve tranquille, surtout lorsqu'un drame vous percute de plein fouet.


À PROPOS DE L'AUTEURE


France Dupriez est une auteure belge née en 1967 dans la province de Hainaut.
Maman de deux enfants, elle a travaillé dans l'Horeca quelques années. Actuellement, elle se consacre pleinement à sa vie de famille et d'auteure.
À partir d'un titre qui lui est venu en tête, "Double Vie à Paris", elle a écrit son tout premier roman.
La photographie est l'une de ses passions. Sa maîtrise de Photoshop l'a aidée à réaliser la couverture de son premier roman "Double Vie à Paris".
Son deuxième roman est en cours d'écriture.








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DOUBLE VIE À PARIS

 

Roman

 

France DUPRIEZ

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Toute reproduction, adaptation et traduction, intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l'auteur ou ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Ces représentations ou reproductions, par quelque procédé que ce soit, constitueraient donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

 

Tous droits réservés.

© Avec l’aide des Éditions Colas-Créations asbl– Liège/Belgique, 2022

www.colascreations.be

ISBN : 978-2-9602585-1-6

Couverture : France Dupriez

Finalisée par © Philippe Sombreval

 

 

 

Je remercie mon mari Éric

pour son aide et ses précieux conseils.

 

 

France DUPRIEZ

Auteure

1 La rencontre

 

 

L’été s’est installé sur le petit village de Treignes dans la province de Namur. Situé dans la commune de Viroinval et intégré au parc naturel de Viroin-Hermeton, c’est un endroit calme et paisible. Sur la place trônent une majestueuse église et une Ferme-Château transformée en musée. C’est le village natal d’Anaïs.

Le soleil inonde sa maison achetée à proximité de celle où elle a grandi, toujours occupée par ses parents. Anaïs est une jeune femme de trente-quatre ans plutôt grande et assez mince. Une longue chevelure brune encadre son visage et sublime ses beaux yeux vert clair. Elle est d’un caractère calme, jovial et sympathique. Elle aime le luxe, la musique, les chats ou encore les voyages. Côté vie privée, elle est séparée de son premier mari avec qui elle a eu deux beaux enfants : Julie, huit ans et Théo, six ans. Elle exerce le métier de guide touristique dans une agence de voyages. Monique et Pierre, ses parents, sont retraités. Anaïs a deux sœurs : Anne, l’aînée, trente-six ans et Adeline de quatre ans sa cadette. 

En ce jour du 23 juillet, c’est l’anniversaire de Monique et une réception surprise est organisée. Une cinquantaine de convives comprenant la famille et les amis de Monique sont attendus pour fêter ses soixante ans. Pour l’occasion, un buffet campagnard est dressé dans la salle des fêtes de la rue de Bruyère. Un bar est installé dans le fond et au centre sont disposées de belles tables recouvertes de nappes blanches. À chaque place, des serviettes assorties sont savamment pliées en guise de décoration. Tous ont répondu présents à l’invitation. 

Il est maintenant 13 heures. Les invités se succèdent les bras chargés de fleurs et de cadeaux. Anne les accueille et leur désigne la table prévue pour y déposer leurs présents. Quelques serveurs circulent parmi les convives : les uns chargés de plateaux sur lesquels sont disposés des coupes de champagne et autres boissons ; les autres proposent différents zakouski, petits fours et appétissantes verrines colorées. La surprise est grande pour Monique. Le secret a été bien gardé. Pierre lui avait fait croire qu’ils mangeraient en tête à tête pour l’occasion. 

Ils s’installent à leur place mais Pierre se relève aussitôt. Quelqu’un lui donne un micro pour prendre la parole afin de lire le discours écrit la veille pour son épouse. Un grand moment d’émotion pour Monique qui, à l’écoute de ces belles paroles, ne peut retenir ses larmes. Pierre est très applaudi. Monique l’embrasse tendrement suivie de leurs trois filles tout aussi émues. Anaïs profite du micro pour annoncer l’ouverture du buffet vers lequel les invités se pressent pour se servir. Cependant, quelques hommes restent au bar, sirotant un grand cru, pour terminer une conversation inachevée. Parmi ceux-ci, Anaïs remarque un beau blond à l’allure sportive. Celui-ci, profitant d’une pause de son temps de parole, porte à ses lèvres son verre de vin rouge en avalant une petite gorgée du breuvage. Leurs regards se croisent. Elle s’avance vers lui et entame la conversation :

— Bonjour, vous êtes ?

— Bonjour, je suis Alain, le fils d’un ami de votre père.

Quelques secondes passent, puis l’homme reprend :

— Belle fête d’anniversaire !

— Merci. Nous voulions organiser une grande fête pour les soixante printemps de maman. Elle a été très surprise et ce n’est pas fini. Mais chut, ce sera pour tout à l’heure, après le gâteau.

— Elle est gâtée ! Moi aussi, j’aime les surprises. Pour peu que l’on m’en fasse. 

Anaïs sourit. Alain la regarde. Il est sous le charme de la finesse de son beau visage, de ses magnifiques yeux vert clair et de sa longue chevelure brune. Il aime aussi ses longues jambes effilées. Les convives savourent les différents mets. Beaucoup, dont Alain surtout, dégustent les vins.

Soudain, les lumières s’éteignent. Deux serveurs entrent en poussant un chariot sur lequel est posé un gâteau fait de meringues, de crème fraîche et de fruits rouges, orné de feux de Bengale et sur lequel est écrit « JOYEUX ANNIVERSAIRE 60 ANS ». Tous entonnent la célèbre chansonnette. Un moment d’émotion de plus pour Monique.

Il est dix-sept heures quand la porte de la salle s’ouvre soudainement. C’est tante Brigitte, la sœur cadette de Monique. Anne se précipite pour l’accueillir. Brigitte et Monique ne se voient quasiment jamais. Elles correspondent via Skype ou, plus rarement, par téléphone. Elles ne s’étaient plus rendues visite depuis plusieurs années. Cependant, en ce jour important, Brigitte a fait le voyage depuis Ottawa au Canada afin de faire une surprise à sa sœur. Lorsque Monique l’aperçoit, elle fond en larmes et accourt pour l’enlacer et l’embrasser. Les accolades durent plusieurs minutes.

La journée touche à sa fin. Les convives quittent peu à peu la salle. Alain, toujours assis au bar à siroter ce vin rouge si doux au palais, lève son verre en direction d’Anaïs pour l’inviter à le rejoindre :

— Veux-tu un verre de vin ?

— Non merci. Tu as passé une belle journée ?

— Oui, merci. Trè… très belle réception. Ttt… tout y était. Les amis, la fff… fête, les suuuur… prises et le vin rouge. Je vais bbb… bientôt y aller moi aussi. Il se fff… fait tard et jjj… j’ai un peu trop bu.

Anaïs est sous le charme. Elle note son numéro de GSM sur un sous-verre et le lui glisse dans une poche de son costume. Lorsqu’il se dirige vers la sortie, Anaïs remarque qu’il titube un peu. Il se retourne une dernière fois et lui dit :

— Au… au re… revoir et enccc… core merci. C’était suppp… super !

Elle le trouve très à son goût. Le voir ainsi ivre la fait rire.

À l’heure où le crépuscule s’installe, les derniers rayons du soleil parant de rouge les quelques nuages bas du ciel de juillet, il ne reste dans la salle que Monique, Pierre, leurs trois filles et Brigitte. La fatigue se fait visiblement sentir pour Monique. Anne lui dit :

— Rentre à la maison avec papa et tante Brigitte, nous, nous allons ranger la salle. Bonne nuit.

 

Quelques jours plus tard, Anaïs reçoit un message d’Alain l’invitant à boire un verre au café de la place du village. Enjouée à l’idée de le revoir, elle lui propose d’honorer son invitation le surlendemain en soirée. 

Dans sa belle voiture décapotable noire, Alain se rend au café Le Montjoie. Anaïs habitant tout près le rejoint à pied. Profitant de la douce chaleur de cette fin de mois, ils s’installent en terrasse. Peu de temps après, la patronne vient prendre leur commande. Il opte pour une bière blonde locale, Anaïs préférant un kir. Elle entame la conversation :

— Comment vas-tu depuis la fête d’anniversaire de ma maman ? Tu es bien rentré ? J’étais un peu inquiète car tu étais ivre, non ?

— Je l’avoue. Ce n’était pas très prudent de ma part de prendre le volant mais je n’ai pas eu de souci. Le lendemain a été un peu plus difficile d’autant que j’ai beaucoup de travail en ce moment. Je suis un peu fatigué mais c’est la vie.

Alain termine sa phrase par un clin d’œil.

— Tu travailles dans quel domaine ? l’interroge Anaïs.

— Je suis délégué commercial dans le secteur des pièces automobiles.

— Ah oui, en effet, tu ne dois pas beaucoup chômer.

Il sourit et reprend :

— Quant à toi ? Parle-moi un peu de toi.

— Moi, je suis guide touristique pour une agence de voyages à Bruxelles. Je me déplace souvent à l’étranger, cela me prend beaucoup de temps. Sans compter que j’ai deux enfants et une maison à entretenir. Mais, comme tu le dis, c’est la vie.

Anaïs et Alain rigolent un peu, puis elle poursuit :

— Ma fille Julie a huit ans et mon fils, Théo, six ans. Ils sont pour l’instant chez leur père, Paul. Ils y vont un weekend sur deux. Je suis divorcée depuis deux ans maintenant. Je peux heureusement encore compter sur mes parents pour me venir en aide. Et toi ?

— Moi, je suis un célibataire endurci de trente-cinq ans. Quelques aventures par-ci, par-là, mais rien de sérieux. Je n’en ai pas le temps ou du moins, je ne le prends pas. Il faudra pourtant que je me pose un jour ou l’autre, lui lance-t-il d’un clin d’œil lequel en dit long sur ses intentions. Je vis avec mon chat, Pixou, un siamois de six ans. J’aime les chats. C’est indépendant et malgré tout fidèle, poursuit-il en souriant.

Ils discutent ainsi pendant près de deux heures, puis ils vident leur dernier verre. Alain paie l’addition. Ils quittent la terrasse et se dirigent vers sa décapotable. Avant d’en ouvrir la portière, il tente un timide baiser sur les lèvres d’Anaïs. Elle est surprise et charmée. Ses yeux vert clair brillent pour ce beau blond aux yeux bleus. Ce premier baiser en appelle un deuxième un peu plus long et plus tendre.

 

Au cours des mois qui suivent, les rendez-vous se  font plus fréquents et les baisers plus longs. Le célibataire endurci est devenu l’homme le plus amoureux de la terre et Anaïs n’envisage plus sa vie sans cet apollon.

2 La noce

 

 

Plus d’un an est passé depuis ce premier rendez-vous ayant bouleversé la vie d’Anaïs. Nous sommes en décembre. La date du mariage d’Anaïs et d’Alain est maintenant fixée à un matin du mois de mai. Les amoureux se diront OUI dans la majestueuse église de Treignes.

Les préparatifs vont bon train. La cérémonie n’aura lieu que dans six mois mais Anaïs est de nature très organisée. Rien ne doit lui échapper pour le grand jour. Elle ne voudrait pas avoir trop de tâches de dernières minutes à gérer. Dans le froid glacial, elle se rend avec sa sœur Anne dans une boutique de robes de mariée. Anaïs lui fait entièrement confiance car elles ont les mêmes goûts vestimentaires. Les deux sœurs sont émerveillées devant les créations en dentelle, en tulle et en satin. Une employée s’avance vers elles :

— Bonjour mesdames, que puis-je faire pour vous ?

— Bonjour. Je me marie au mois de mai et je souhaiterais essayer quelques modèles. J’en ai déjà repéré un dans la vitrine.

— Très bien Madame. Montrez-le-moi.

Anaïs désigne la robe dans l’étalage. La vendeuse va chercher la tenue dans l’arrière-boutique en lui proposant de l’attendre en cabine.

— C’est au fond à droite, lui indique l'employée en pointant l’endroit de son index.

Anaïs y entre et est rapidement rejointe par la vendeuse. Anne attend avec impatience la réouverture du rideau pour découvrir si cette robe met en valeur le physique élancé de sa sœur. Anaïs se dévoile enfin mais Anne fait la grimace. Anaïs comprend tout de suite que ce choix n’est pas le bon.

— Cette robe est beaucoup trop serrante au niveau du bustier. Elle ne te va pas du tout.

La vendeuse acquiesce et enchaîne :

— Essayez plutôt celle-ci, Madame. Je pense qu’elle vous conviendra mieux.

Anaïs retourne dans la cabine et réapparaît quelques minutes plus tard dans un tout autre style. Anne est absolument enchantée et s’exclame :

— Celle-ci est vraiment magnifique ! Elle te va à ravir. Il faut que tu l’achètes.

Anaïs se regarde dans le miroir et se trouvant splendide à son tour approuve le choix de sa sœur. Elle en demande le prix. Celui-ci est un peu cher, mais après quelques instants de réflexion et estimant cette robe parfaite, elle n’hésite plus :

— Je la prends ! s’exclame-t-elle.

Les deux frangines quittent le magasin avec un large sourire de satisfaction.

 

Plusieurs mois s’écoulent. La date du mariage approche. Les cartons d’invitation ont été envoyés. Famille, amis et collègues ont été conviés : pas moins de cent-trente personnes sont attendues pour la cérémonie. La grande salle du Château de Dourbes et le traiteur ont été réservés. En ce 1er mai, Alain se rend chez Anaïs avec quelques brins de muguet fraîchement cueillis. C’est l’une des fleurs préférées de sa future épouse. Touchée par cette délicate attention, elle sourit et embrasse longuement son fiancé, puis l’invite à entrer. Tout en discutant du jour J, elle lui rappelle qu’il serait grand temps de se rendre à la bijouterie pour choisir les alliances. Il acquiesce en précisant préférer l’or à l’argent. Il a d’ailleurs déjà une chaîne et un bracelet en or, dont il ne se sépare jamais. C’est un cadeau de sa grand-mère paternelle qui l’a en grande partie élevé.

 

La matinée du 8 mai est bien remplie. Elle débute par la visite de la bijouterie et se poursuit chez le fleuriste. Anaïs voudrait garnir la salle du mariage de montages d’orchidées blanches. Le fleuriste prend la commande et la livrera en temps voulu. Ils ont pratiquement pensé à tout, mais il y a toujours ces détails, ces finitions vous donnant l’impression que ce ne sera pas prêt à temps. Les enfants ont déjà leur tenue. Une robe rose et blanche brodée de dentelles pour Julie et un costume trois-pièces bleu marine pour Théo.

 

En ce jour tant attendu du 28 mai, le ciel bleu limpide et le soleil radieux n’effacent en rien l’angoisse d’Alain. Celui-ci craint une éventuelle averse pouvant gâcher l’ambiance de ce jour béni, théâtre de leur union.

Avec un certain stress, les futurs époux se préparent pour cette journée s’annonçant splendide. Anaïs débute par la coiffure et le maquillage. Adeline, qui excelle dans ce domaine, l’aide et lui fournit des conseils. Ensuite, la jeune femme revêt sa robe sous les yeux avisés de sa mère et de ses sœurs. En l’embrassant, Adeline lui déclare :

— Tu es magnifique, une vraie princesse !

— Je confirme, ajoute sa mère émue, les yeux emplis de larmes.

Anaïs se regarde une fois de plus dans le grand miroir du couloir. Pour elle aussi, l’émotion est grande. Elle craint d’omettre un détail, une petite chose qu’elle seule verrait.

L’heure tourne, midi sonne au clocher de l’église de Treignes. Les invités attendent sur le parvis. Une première voiture se présente : c’est un coupé cabriolet noir paré de ruban blanc et bleu. Le futur marié en descend. Il est vêtu d’un costume bleu foncé, d’une chemise blanche et d’une cravate bleu ciel. Il s’avance jusqu’à l’autel.

 

Quelques minutes plus tard, la deuxième voiture fait son apparition. C’est une superbe Excalibur Cabriolet blanche ornée de ruban rose et d’une gerbe de fleurs roses et blanches. Pierre, le père d’Anaïs, s’avance et ouvre la portière afin d’aider la future mariée. Elle est radieuse et élégante dans sa robe en dentelle assortie d’une longue traîne blanche brodée de motifs dorés. Il lui donne le bras et la conduit vers l’autel où l’attend le futur marié.

La cérémonie débute sur une chanson de Christina Perri AThousand Years1, jouée à la guitare par un ami d’Alain. Vient le moment tant attendu de la prononciation des vœux. Le prêtre annonce :

— Monsieur Alain Moreaux, voulez-vous prendre pour épouse mademoiselle Anaïs Blondeau, ici présente ?

— Oui, je le veux. 

— Mademoiselle Anaïs Blondeau, voulez-vous prendre pour époux monsieur Alain Moreaux, ici présent ?

— Oui, je le veux.

Un moment de silence règne dans l’église, puis Alain poursuit :

— Moi, Alain, je te reçois Anaïs comme épouse. Je te promets de t'aimer fidèlement dans le bonheur et dans les épreuves tout au long de notre vie.

— Moi, Anaïs, je te reçois Alain comme époux. Je te promets de t’aimer fidèlement dans le bonheur et dans les épreuves tout au long de notre vie.

Théo et Julie s'avancent doucement portant un petit coussin rose sur lequel sont posées les alliances entourées d’un ruban blanc. Alain les détache et saisit la main de sa femme pour y glisser à l’annulaire ce bijou, symbole de leur amour. Monique est submergée par l’émotion de ce moment. Elle ne peut s’empêcher de fondre en larmes. Pierre, par fierté, tente de cacher ce qu’il ressent. Mais l’expression de son visage le trahit. Le prêtre reprend alors la parole :

— Je vous déclare unis par les liens sacrés du mariage. Vous pouvez embrasser la mariée.

À la sortie du bâtiment sacré, la traditionnelle haie d’honneur composée des amis et de la famille jette sur les mariés des poignées de pétales de roses et de petits cœurs en papier.

Il est 16 heures quand les mariés font leur entrée dans la grande salle des fêtes du Château de Dourbes. Beaucoup d’invités y sont déjà installés et d’autres les suivent de près. Dès leur arrivée, trois guitaristes, amis d’Alain, entament un air de flamenco. Le marié adore les entendre jouer. Il aurait aimé avoir ce talent. La salle est décorée de nombreux ballons blancs, mais ce sont surtout les montages d’orchidées blanches qui attirent l’attention. Un buffet est dressé dans le fond à quelques mètres des tables rectangulaires disposées en U, laissant un espace de circulation confortable aux convives pour se servir. Les invités étant tous installés, Alain se saisit d’un micro pour les remercier de leur présence. Il fait un bref discours élogieux à l’égard d’Anaïs, puis invite tout le monde :

— Bon appétit et profitez bien de la fête.

Le buffet est pris d’assaut. Les montages très décoratifs faits de légumes, de charcuteries et autres succulents ingrédients sont bien vite déstructurés.

L’ambiance est festive. Chacun y va de sa blague idiote ou de son anecdote oubliée depuis des lustres concernant le marié ou la mariée. Le brouhaha causé par les cent trente invités est ponctué d’éclats de rire. Le cadre et le beau temps permettent aux enfants de jouer à l’extérieur en toute sécurité. Tout se passe au mieux.

Vers 18 heures, les jeunes mariés s’inquiètent de ne pas voir arriver leur ami François, le DJ. Alain s’éclipse un moment et s’empare de son portable afin de le contacter. Il tombe directement sur sa boîte vocale. Agacé, Alain laisse un message.

L’heure avance et toujours pas de François à l’horizon. Alain est visiblement en colère et en fait part à Anaïs :

— Il m’avait pourtant promis qu’il viendrait animer la soirée. Il ne me prévient même pas d’un contretemps et ne répond pas à mon message.

Anaïs lui caresse la joue.

— Calme-toi, on va trouver une solution.

La pièce montée du dessert va bientôt faire son apparition et il faut montrer bonne figure. Alain prend cependant le temps de demander à ses amis guitaristes s’ils sont en mesure de proposer une animation au cas où le DJ n’arriverait pas.

— Sois tranquille, Alain. Nous nous occupons de ça. Reste auprès de ton épouse et de tes invités.

— Merci beaucoup, les gars. Je vous revaudrai ça.

Un membre du personnel employé par le traiteur assombrit la salle en fermant les rideaux, car le soleil de mai est encore bien présent à cette heure de la journée. La pièce montée fait son entrée sur un chariot poussé par les serveurs. Il s’agit d’un framboisier confectionné par un pâtissier ami de longue date d’Anaïs. Il va sans dire qu’il y a mis tout son cœur. Des feux de Bengale, disposés de chaque côté du gâteau, illuminent la salle. Les époux prennent la pause à côté du montage et le père de la mariée s’affaire à immortaliser l’instant. Il s’ensuit une salve de flashs provenant des smartphones de l’assemblée.

La soirée se poursuit dans une ambiance gitane sur différents airs de flamenco rythmés et très dansants. Les guitaristes talentueux ont pu à merveille compenser l’absence encore inexpliquée du DJ.

Vers 1 heure du matin, les invités ont peu à peu quitté la salle des fêtes, recevant d’Anaïs un souvenir en faïence témoin de leur union. Chacun félicite les mariés pour leur organisation. Les derniers convives s’en vont. Alain reçoit enfin un appel de François. Ce dernier se confond en excuses, il a eu un accident de la route. Il n’est que légèrement blessé mais a quand même été pris en charge par les ambulanciers. Lors du choc, son GSM est tombé. Il a dû attendre sa sortie de l’hôpital pour le récupérer et pouvoir enfin s’expliquer.

 

Au petit matin du 29 mai, le soleil est déjà bien haut dans le ciel quand les amoureux se réveillent bercés par le chant des oiseaux. La lumière du jour éclaire toute la chambre. Anaïs observe tendrement son mari pendant quelques secondes, puis décide de se lever. Elle s’apprête à quitter le lit, elle sent alors la main d’Alain lui agripper le bras la faisant retomber sur le matelas. Il l’enlace, l’embrasse longuement et lui murmure ensuite à l'oreille :

— Est-ce que ma jeune et jolie femme a bien dormi ?

— Oh oui, mais pas assez, dit-elle en s’étirant.

Alain fait glisser ses doigts sur la peau si douce d’Anaïs qui frissonne au contact de ses caresses. La température monte… Très vite, le jeune couple se retrouve enroulé dans les draps. Leurs corps enlacés n’en forment plus qu’un.

Provenant d’une chambre voisine, les pleurs de Julie mettent un terme à leurs ébats. Anaïs se lève illico, enfile son peignoir et se dirige vers la chambre de sa fille. En entrant, elle la trouve assise sur le bord du lit, le visage crispé par la douleur. Elle lui demande :

— Ça va, Julie ? Maman est là. Où as-tu mal ?

— J’ai mal partout, répond la fillette en sanglotant.

Julie souffre d’une maladie orpheline. Anaïs sait que l’issue en sera fatale. La seule chose qu’elle peut faire, c’est lui donner le traitement l’empêchant de souffrir. Anaïs l’enlace délicatement. Elle connaît le risque de la serrer contre elle.

— Calme-toi. Je vais aller chercher tes médicaments et un verre d’eau.

Julie, toujours en pleurs, acquiesce d’un signe de la tête et répond :

— Merci maman.

Anaïs s’empresse d’aller chercher la boîte. Elle lui tend les gélules une par une.

— Bois doucement.

Julie les prend, puis se recouche d’elle-même.

— Essaie de dormir encore un peu, ma puce !

Anaïs sort de la chambre et referme doucement la porte. Elle rejoint Alain. Celui-ci n’a pas vraiment mesuré l’impact qu’une enfant malade aurait dans sa vie de couple.

3 La maladie de Julie

 

 

À la naissance de Julie, Anaïs, alors mariée avec Paul, était folle de joie. Elle donnait le jour à une magnifique fille fine et douce aux yeux brillants, ses petits doigts serrant très fort l’index de sa mère. Le bébé remuait les jambes comme si elle cherchait déjà à entamer des pas de danse. Ses pieds… ah oui, ses pieds ! Julie avait une légère malformation au niveau des gros orteils. Les médecins se montrèrent rassurants sur le sujet : « Nous allons voir comment ça évolue, elle aura peut-être besoin d’une minime opération pour corriger la position des orteils, mais chaque chose en son temps. »

 

Julie était un bébé fragile. Après deux mois de vie, elle pleurait beaucoup et semblait souffrir d’un mal incompréhensible.

Anaïs décida alors, en accord avec son mari, de consulter un médecin dans un autre hôpital namurois. « Il y a quelque chose d’anormal. », pensaient-ils. Elle voulait un autre avis. Un rendez-vous fut fixé au début du mois suivant.

 

Lors de la visite, le pédiatre namurois trouva l’enfant effectivement chétive. Julie était plaintive dès qu’une personne la touchait. Le médecin s’adressa à Anaïs :

— A-t-elle des diarrhées, des vomissements ?

— Ça lui arrive.

Il soupçonna des coliques et recommanda de changer son alimentation. Le bébé était nourri au biberon et le lait utilisé ne lui convenait peut-être pas. Durant l’examen, il s’inquiéta cependant de la mauvaise position des orteils de Julie. Il se dit qu’un suivi orthopédique ne serait pas superflu.

 

Le temps passa et Julie n’allait pas mieux. Anaïs était de plus en plus tracassée. Les professionnels n’avaient rien diagnostiqué de grave, pourtant elle n’y croyait pas. N’y tenant plus, elle se rendit dans un hôpital bruxellois où elle pénétra par les urgences. Devant l’attitude excédée d’Anaïs, la petite Julie fut rapidement prise en charge. Le nouveau pédiatre écouta attentivement la maman quant au parcours qu’elle avait suivi depuis la naissance et l’avait amené à venir le consulter. À la fin de son récit, il lui dit :

— Bien Madame. Nous allons hospitaliser Julie et lui faire passer quelques examens. Nous y verrons plus clair après.

— Merci Docteur.

 

Julie passa quelques jours à l’hôpital où elle enchaînait les examens médicaux : scanners, radiographies, prises de sang… Les sentiments d’Anaïs étaient partagés entre le soulagement d’avoir enfin été écoutée, l’impatience de connaître les résultats et la peur de la pathologie dont souffrait son enfant.

 

Une semaine s’écoula. Anaïs reçut un appel du médecin la conviant avec son époux dans son cabinet. Celui-ci les accueillit avec beaucoup d’empathie mais son regard trahissait un certain malaise. Anaïs comprit d’emblée que ce qu’il allait leur annoncer ne serait pas facile.

— Asseyez-vous, je vous en prie, leur dit-il. Je ne vais pas vous cacher la maladie dont souffre votre fille. C’est plutôt grave et il va vous falloir beaucoup de courage pour l’affronter.

Anaïs fondit en larmes et s’exclama :

— Je le savais ! Je le sentais et personne ne voulait m’écouter !

Anaïs se leva nerveusement de sa chaise et marcha d’un bout à l’autre de la pièce, en bousculant tout sur son passage.

Paul essaya tant bien que mal de la calmer. Le médecin lui dit :

— Laissez-lui du temps pour se remettre, c’est un moment difficile. Je vais attendre avant de continuer.

Après quelques minutes, Anaïs se reprit :

— Excusez-moi, Docteur. Allez-y, je suis prête à vous écouter.