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Les textes des chansons de Georges Brassens associés à des locutions oubliées se mélangent dans ces pages qui sont un voyage à travers les méandres de la langue française. Chaque chanson est une exploration linguistique enrichie par l’ingéniosité et la créativité de cet artiste hors du commun. Ce condensé de la vie et de l’œuvre de Brassens vous est offert comme un patrimoine immortel.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Amoureux des belles chansons,
Jean-Claude Vernet a vécu plusieurs vies et a toujours été impacté par la profondeur des textes des grands noms de la chanson française. "En flânant avec… Georges Brassens" est l’occasion pour lui de partager avec vous les secrets de compréhension d’une certaine époque, entre la nostalgie et la modernité de ses paroles immortelles.
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Seitenzahl: 72
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Jean-Claude Vernet
En flânant avec…
Georges Brassens
Essai
© Lys Bleu Éditions – Jean-Claude Vernet
ISBN : 979-10-422-3050-0
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
À la mémoire
de Pierre Onteniente (1921 - 2013),
dit Gibraltar, secrétaire de Georges Brassens,
qui m’avait naturalisé ami
et ouvert les portes de l’impasse Florimont…
Livre d’occasion : https://www.amazon.fr/Paroles-Georges-Brassens-Jean-Claude-Vernet/dp/2913483275;
https://www.lysbleueditions.com/produit/en-flanant-avec-aristide-bruant/.
Illustration couverture : Lisa.
(© septembre 1999 – Jean-Claude Vernet – ISBN : 2-9514498-0-1)
Portait de l’auteur :
Studio Reg’art – 83 160 LA VALETTE DU VAR.
En 1960, devant l’assemblée de l’UNESCO, Amadou Hampâté Bâ, sage africain, né en 1901 à Bandiagara (Mali) et décédé en 1991 à Abidjan, a proclamé :
En Afrique, quand un vieillard meurt, c’est une bibliothèque qui brûle.
À Saint-Gély-du-Fesc, le 29 octobre 1981, ce sont plusieurs bibliothèques qui se sont consumées…
Les livres, lus, fidèlement mémorisés et annotés par Georges Brassens, meubleraient les rayons de plusieurs dizaines de bibliothèques…
Cela explique la richesse, la très grande variété des mots qu’il a mis en musique.
Il avait l’art en quatre adjectifs de décrire un personnage, une situation, ou de rédiger un réquisitoire sans appel :
Je vivais à l’écart de la place publique
Serein, contemplatif, ténébreux, bucolique…
Les trompettes de la renommée
… Un cheval camarguais,
Bancal, vieux, borgne, fatigué…
Le modeste
Et la charité seule pousse ma main résignée
Vers ce cul rabat-joie, conique, renfrogné…
Misogynie à part
C’est donc tout naturellement qu’il nous entraîne vers des mots rares et des personnages et locutions oubliés…
C’est ainsi qu’en flânant dans ses textes, l’on rencontre chien de commissaire, carousse, catéchisme poissard, déduit, fesse-mathieu, franche repue, gente saucissière, gourgandine, Jehan Cotart, jocrisse, poulpiquet, sycophante, vénus hottentote, etc., etc.
Le hasard d’un ordre alphabétique a placé l’abbesse du Pourras en-tête de cette quête. Elle en vaut la peine cette gourgandine…
Je vous souhaite une bonne lecture…
Jean-Claude Vernet
Bien entendu, c’est sous la plume de Maître François Villon que nous la retrouvons :
Item, donne à Perrot Girart,
Barbier juré de Bourg-la-Reine,
Deux bassins et un coquemar
Puisqu’à gagner met telle peine.
Des ans y a demi-douzaine
Qu’en son hôtel de cochons gras
M’apâtela une semaine ;
Témoin l’abbesse de Pourras.
Cette belle dame du temps jadis était une satanée polissonne !
Huguette du Hamel, maîtresse femme expérimentée, n’est plus vierge lorsqu’elle est élue abbesse du Pourras, nom familier de l’abbaye de Port-Royal, située hors les murs du Paris de l’époque. À la fin de la guerre de Cent Ans, vaille que vaille, Huguette y rassemble un maigre effectif de quelques religieuses, dont la nièce du procureur de l’abbaye, Baude Le Maître.
Celui-ci entretient avec Huguette, des liens très privilégiés et l’accueille avec les moniales à l’abri des remparts parisiens lorsque la campagne autour de Paris devient dangereuse…
Une anecdote révèle qu’un beau jour Baude arrive au Pourras avec un de ses jeunes cousins. Pour chasser les poussières du chemin, un bain est nécessaire. Une jeune moniale s’affaire avec les coquemars d’eau chaude… Un deuxième bassin est affecté au jeune homme. On prie la jeune nonne de l’y rejoindre. Elle refuse. Peu importe, elle est précipitée dans le bouillon. Et, puis l’amour a fait le reste !
Ce genre de performance finit par se savoir et la réputation de l’abbesse est atteinte. Le scandale dure plusieurs années. Huguette finit par lever le camp avec son amant du moment, le trésor et les archives du Pourras…
D’après Jean Favier, François Villon, 1982
Georges Brassens :
Témoin : l’abbesse de Pourras,
Qui fut, qui reste et restera
La plus glorieuse putain
De moine du Quartier latin.
Le moyenâgeux
XIIe siècle : exprime la profusion dans des expressions comme vivre, embrasser à bouche que veux-tu.
Georges Brassens :
C’était une fille sage,
À bouche que veux-tu ?
J’ai croqué dans son corsage
Les fruits défendus…
Je suis un voyou
XVIIesiècle : femme courageuse, belliqueuse.
XVIIIe siècle : femme qui monte à cheval en s’asseyant de côté.
XIXesiècle : tricheuse professionnelle.
Georges Brassens :
Au second rendez-vous, y avait parfois personne,
Elle avait fait faux bond, la petite amazone.
Les amours d’antan
Nom propre d’un personnage légendaire grec.
Zeus revêtit son apparence pour séduire Alcmène qu’il rendit mère du demi-dieu Héraclès.
Au XVIIesiècle, le thème repris par Molière fait mention du dîner d’Amphitryon :
Le véritable Amphitryon
Est l’Amphitryon où l’on dîne.
L’Amphitryon
Au cours de ce même siècle, le mot devient commun avec le sens d’hôte qui offre un dîner.
Georges Brassens :
Ça leur ferait pas peur de s’asseoir à ma table.
Cocu, tant qu’on voudra, mais pas amphitryon.
Le cocu
XVe siècle : bas officier qui était chargé de la surveillance des galériens et des forçats.
Honoré de Balzac donne aussi le sens d’homme grossier.
Agent de police.
Le mot figure rarement en chanson. Nous le retrouvons cependant dans la prière d’une pauvre fille à la Sainte Vierge :
Sauf mon p’tit, dont j’suis guérie,
Vous pensez qu’je ne regretterai rien
D’Saint-Lago, d’la Tour, des médecins,
Des barbots et des argousins.
La Charlotte prie Notre-Dame,
paroles de Jehan Rictus,
musique de Fernand Warms
Georges Brassens :
Il avait un petit cousin
Haut placé chez les argousins.
Corne d’Aurochs
Attendre vainement et longtemps.
Au XVIIe siècle, l’expression était employée ironiquement pour proposer un rendez-vous auquel on n’avait aucune intention de se rendre.
Jacques Prévert :
Depuis des mois, des ans
Des heures et des jours,
La belle
Marion en pleurs
Sous l’orme attend l’amour.
Et l’orme devient mort, la belle attend toujours…
Attendez-moi sous l’orme, lui avait dit le Roi.
Attendez-moi sous l’orme
Georges Brassens :
Vous proférez, Monsieur, des sottises énormes,
Mais jusqu’à la mort, je me battrai pour qu’on
Vous les laissât tenir. Attendez-moi sous l’orme !
Ceux qui ne pensent pas comme nous
Georges Brassens :
Chez Jeanne, la Jeanne,
Son auberge est ouverte aux gens sans feu li lieu,
On pourrait l’appeler auberge du Bon Dieu
S’il n’en existait déjà une.
Jeanne
Ce dernier vers détenait son petit mystère.
1943, Basdorf, le jeune Georges Brassens chante à ses camarades du STO (Service du travail Obligatoire) une chanson de sa composition.
Soixante ans plus tard, c’est avec une vive émotion que René Iskin, camarade de chambrée du STO chante dans un album émouvant :
Ses parents tenaient boutique
De l’auberge du Bon Dieu
Dans un cadre romantique
Quelque part au bord des cieux.
Des étoiles symboliques
D’éclairage tenaient lieu.
Ses parents tenaient boutique
De l’auberge du Bon Dieu
L’auberge du Bon Dieu
Paroles et musique de Georges Brassens
(Basdorf, dimanche 19 septembre 1943)
Hélas, René s’en est allé, en 2005, faire son trou dans les neiges d’antan.
Lieu retiré.
Les opinions sont partagées sur l’origine :
Au sud de Paris, une abbaye de Vauvert était située rue d’Enfer, on écrit aujourd’hui Denfer. Dame ! il y a des catacombes dans le quartier !
Un vert vallon du Gard, où des parpaillots ont détruit un lieu saint voué à la Vierge.
Un érudit situe l’expression chez François Villon :
Viel est : s’il ne se rend aux armes
C’est bien le diable de Vauvert
Georges Brassens :
Qu’ils sortent de Paris, ou de Rome, ou de Sète,
Ou du diable Vauvert, ou bien de Zanzibar,
Ou même de Montcuq, ils s’en flattent, mazette,
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part.
La ballade des gens qui sont nés quelque part
Le gui a la valeur symbolique de plante du Nouvel An. Cette plante évoque les coutumes religieuses des druides de l’ancienne Gaule…
Au Moyen âge, les enfants la prononçaient, le premier jour de l’an, perpétuant la tradition de s’embrasser sous le gui, porte-bonheur et symbole de prospérité et de longue vie…
Georges Brassens :
La cane
De Jeanne
Est morte au gui l’an neuf,
Elle avait fait, la veille,
Merveille !
Un œuf !
La cane de Jeanne
Avoir de la chance.