Entre deux - Tome 2 - Chris Hangel - E-Book

Entre deux - Tome 2 E-Book

Chris Hangel

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Beschreibung

Dans le paisible pays des cigales, Julie, surnommée la Rebelle, défie les préjugés. Après un parcours semé d’embûches, elle parvient à percer les défenses du mystérieux Benjamin, mais à quel prix ? Alors qu’elle s’abandonne dans ses bras, elle ignore les tempêtes à venir. Entre jalousies, trahisons et secrets dévoilés, leur amour résistera-t-il ?

À PROPOS DE L'AUTRICE

L’amour de la lecture colore le quotidien de Chris Hangel. Fascinée par la new romance et le fantastique, elle se plonge dans ces univers avec passion. L’écriture de "Entre deux" est née d’un défi audacieux proposé par deux amies, survenu après le décès de son père.

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Chris Hangel

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Entre deux

Tome II

Entre liens du sang et du cœur

Roman

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

© Lys Bleu Éditions – Chris Hangel

ISBN : 979-10-422-3572-7

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Prologue

 

 

 

Je m’appelle Julie ou bien la Rebelle, surnom donné par mes nouveaux amis ainsi que par l’homme qui a bousculé ma vie. Lorsque je suis arrivée à Aix avec mon frère jumeau Julien et son meilleur ami, je ne m’imaginais pas que ma vie d’antan, si tranquille et si sage allait être chamboulée à ce point. Tout ce à quoi j’aspirais, c’était d’exceller dans mes études afin que mes parents soient fiers de moi, mais aussi qu’Alex finisse par me remarquer pour que nous vivions enfin une grande et belle histoire d’amour. Mais l’univers avait d’autres projets pour moi !

 

J’ai la chance de partager une chambre avec la pétillante Zoé et la bienveillante Samantha. Toutes les trois, nous avons des caractères opposés, mais notre trio fonctionne bien. Il fonctionne si bien que, grâce à la générosité du père de Zoé, nous allons prochainement emménager dans un splendide appartement.

 

J’ai réussi à trouver un job dans un des clubs les plus réputés à Aix. Il est tenu par quatre amis : Sophie, Steve, Mathias et Benjamin. Ce dernier est le responsable du bar, mais également mon supérieur direct. Benjamin est quelqu’un que je qualifierais de… compliqué. Il m’attire autant qu’il m’énerve, mais grâce à lui, j’ai appris à m’affirmer et j’ai découvert qui j’étais vraiment. Mon surnom de rebelle, c’est avant tout à lui que je le dois. Avec lui, j’ai vécu mon premier vrai baiser tout comme ressenti des sensations inédites. Il me trouble plus que de raison. Aujourd’hui, il commence enfin à s’ouvrir à moi, à me faire une place dans son cœur. Avec son passé tumultueux, je sais que rien n’est encore gagné, mais j’espère, du plus profond de mon être, que nous pourrons parcourir un bout de chemin ensemble et avoir une relation, dirons-nous, moins explosive.

En revanche, son arrivée dans ma vie n’a pas du tout plu à mon père. Mais je crois, surtout, qu’il n’a pas apprécié de faire la connaissance de la nouvelle Julie et de voir sa petite fille s’éloigner de lui. Depuis mon départ précipité de la maison, je n’ai plus aucune nouvelle de lui. J’espère que nos tensions vont finir par s’apaiser, car son silence me pèse de plus en plus.

 

Et enfin, il y a Julien, mon frère. On ne peut pas dire que son début d’année se soit bien passé, bien au contraire. Il a perdu pied et a commencé à sombrer dans la drogue, mais il a rapidement pu en sortir grâce au précieux soutien de Sam. À force de se côtoyer, ils ont fini par tomber amoureux l’un de l’autre. Lors d’une conversation, il m’a avoué avoir été jaloux de moi, de mes amis, de la vie que je m’étais construite ainsi que de la relation que j’avais nouée avec Sam et Zoé. Mais aujourd’hui, cette jalousie n’existe plus et je suis heureuse d’avoir enfin retrouvé mon frère.

 

Le philosophe Avicenne disait : « Le temps fait oublier les douleurs, éteint les vengeances, apaise la colère et étouffe la haine ; alors le passé est comme s’il n’avait jamais existé. » Comme j’aurais aimé le croire.

 

 

 

 

 

Jalousies

 

 

 

Le trente et un décembre arrive enfin. Malgré notre fatigue, Zoé et moi sommes excitées à l’idée de vivre notre premier réveillon au club même si c’est pour y travailler. Cependant, il va quand même nous falloir de grandes doses de caféine tout au long de la journée pour tenir. Nous avons rendez-vous à onze heures pour tout mettre en place. Autant vous dire que notre dernière nuit a été très courte ! Comme vous pouvez vous en douter, nous arrivons comme à notre habitude ou plutôt à mon habitude, en retard. Lorsque nous pénétrons dans le club, nous avons l’impression d’être dans une fourmilière tellement tout le monde s’affaire dans tous les sens. Je m’attarde quelques secondes à contempler la décoration et lorsque je me retourne pour parler à Zoé, je m’aperçois qu’elle a déjà disparu. Je suppose qu’elle a pris la direction du restaurant.

 

— Tu comptes rester ici encore longtemps à admirer les autres travailler ? Déjà que tu es arrivée en retard, tu ne penses tout de même pas que tu vas pouvoir te la couler douce ? me demande une voix familière derrière moi.
— Bonjour, Ben, réponds-je avec un grand sourire. Moi aussi, je suis ravie de te voir ! Pour ton info, je n’admirais pas les autres travailler, mais plutôt les fesses de David que je n’avais encore jamais remarquées jusque-là ?
— Quoi ? Tu te fous de moi là ? Qu’est-ce qui te prend de mater David ? éclate-t-il furieux et le visage blême.
— Oh Ben, si tu voyais ta tête ! C’est trop drôle ! Allez, détends-toi, je te faisais marcher, lui dis-je en plaquant un rapide baiser sur ses lèvres tout en lui pinçant les fesses. Les tiennes sont nettement plus belles !
— Et tu te crois drôle ? me demande-t-il en me plaquant contre son corps pour ensuite m’enlacer.
— Oh que oui ! J’ai adoré la tête que tu as faite ! Mais il semblerait que tu n’aies pas apprécié mon humour. Après réflexion, je me dis que je te dois des excuses pour cette blague minable. Il n’y a que toi et toi seul qui m’attires. Il n’y a que toi qui fais battre mon cœur un peu plus fort chaque jour. Je suis désolée si avec mon sale humour matinal, j’ai réveillé de vieilles blessures, lui dis-je en plongeant mes yeux dans les siens pour qu’il puisse voir à quel point je suis sincère.
— Ce n’est rien, la Rebelle. Je devrais pouvoir survivre à cette blague minable. Je m’excuse également d’avoir réagi ainsi. Je pense qu’il va falloir que je travaille sur mon côté impulsif.
— Il faut surtout que tu acceptes enfin ce qui s’est passé avec Cassandra et surtout que je suis très loin d’être comme elle. Tu dois apprendre à me faire confiance, à nous faire confiance.
— Oh là ! Cette conversation devient un peu trop profonde pour moi ! Quoi qu’il en soit, même si j’ai bien conscience que tu n’es pas elle, je pense que j’ai encore besoin de temps pour me dire que je peux avoir confiance.
— Je sais bien. Et tout comme je te l’ai déjà dit, je saurais être patiente, car moi, je crois en nous et surtout, je crois en toi, dis-je en me blottissant contre lui.
— Merci, Jules. Mais pour ta blague de très mauvais goût, tu mérites une punition.
— Une quoi ? demandé-je en me reculant me permettant, ainsi, de voir, à nouveau, ses yeux pétillants de malice.
— Tu m’as très bien entendu. Donc pour ta peine, tu dormiras chez moi cette nuit.
— Quoi ?! Mais non, je ne peux pas ?
— Ah oui ? Et pour quelle raison ?
— Eh bien, parce que… réponds-je tout en réfléchissant à une bonne excuse.
— Tu vois, tu n’en trouves aucune. Donc le sujet est clos. Tu dormiras à l’appart. Maintenant, il est temps d’aller travailler.

 

Avant de me lâcher, nous échangeons un long baiser rempli de tendresse qui suscite des sifflements et des cris de la part de nos amis que je m’empresse d’aller saluer, tandis que j’entends Ben vociférer. Je me dirige ensuite vers le restaurant afin de saluer Mathias et le trouve en pleine crise de rire avec Zoé qui rougit aussitôt dès qu’elle se rend compte de ma présence. Avec une telle réaction de sa part, elle ne va pas me faire croire qu’il ne se passe rien entre eux ! D’autant plus que depuis qu’elle travaille au ici, je n’ai jamais vu Mathias aussi souriant. D’ailleurs, pas plus tard qu’hier, Sophie m’a confié que depuis l’arrivée de Zoé, il est chaque jour un peu plus souriant et que jamais elle ne l’avait encore vu comme ça. Tout comme moi, elle pense qu’il y a quelque chose entre eux. Elle a bien essayé de lui soutirer quelques confessions, mais en vain. Il ne nous reste plus qu’à patienter pour voir de quelle manière leur relation va évoluer et si notre belle Zoé va enfin croire au grand amour et oser ouvrir son cœur à cet homme si gentil et bienveillant. Ma seule crainte est que son côté réservé ne fasse pas le poids face au caractère explosif de mon amie. Mais ne dit-on pas que les contraires s’attirent ? Et puis, je pense que je suis assez mal placée pour avoir des craintes à ce sujet, car il me faut bien admettre que Ben et moi sommes de parfaits opposés. Je crois que c’est aussi une des raisons qui fait que je suis irrésistiblement attirée par cet homme en plus de son côté rustre, autoritaire, mais également brisé. Rien qu’en pensant à lui, je sens mon cœur se gonfler. Je le cherche du regard et le vois debout sur un escabeau en train d’accrocher des ailes d’anges au mur sous les directives de Sophie. Je crois que je ne me lasserai jamais de l’admirer. Il est tout simplement magnifique ! D’ailleurs, je me demande bien ce qu’il peut bien trouver à une fille aussi banale telle que moi. C’est vrai ! Lorsque je repense à cette Cassandra, mais également à toutes ces femmes avec lesquelles il a fini ses soirées, je me dis que je ne tiens pas du tout la comparaison. Que se passera-t-il lorsqu’il ouvrira enfin les yeux ? Lorsqu’il réalisera que je n’ai rien à voir avec toutes ces autres femmes ? Et qu’est-ce qu’une fille comme moi, qui fait ses premiers pas dans la vie d’adulte, peut apporter à un homme tel que lui ? À un homme qui semble savoir ce qu’il veut ? À un homme qui a débuté sa vie professionnelle depuis bien longtemps déjà ? Cette différence entre nous finira-t-elle par lui peser un jour à tel point qu’il se dira que nous n’avons, finalement, aucun avenir ensemble ? Mais qu’est-ce qui me prend tout à coup d’avoir des pensées aussi négatives ? Si Zoé était là et qu’elle entendait mes réflexions, elle me donnerait un bon coup de pied dans les fesses, histoire de me faire revenir à la réalité.

 

— Eh Jules ! s’écrie d’ailleurs cette dernière derrière mon dos.
— Zoé ? dis-je étonnée par cette coïncidence.
— Mathias m’a autorisée à prendre une pause alors, je me suis dit que je pourrais en profiter pour la passer avec toi. Je ne sais pas comment je vais bien pouvoir survivre à cette soirée qui nous attend ? Tu ne peux pas t’imaginer à quel point j’ai déjà les pieds en compote. Je rêve d’un bon massage. Depuis notre arrivée, j’ai l’impression d’avoir marché des kilomètres et des kilomètres ! Jules ? Est-ce que tout va bien ?
— Oui. Pourquoi ?
— Je ne sais pas. Tu as l’air bizarre. Tu ressembles trait pour trait à ces personnes qui sont en train de broyer du noir. Quelque chose ne va pas ? C’est encore à cause de Ben ?
— Non, tout va bien avec Ben et je t’assure que je n’étais pas en train de broyer du noir.
— C’est à cause de ton père, c’est ça ? Tu veux que je l’appelle pour que je lui dise ce que je pense de son comportement ?
— Non, Zoé. Je t’assure, tout va bien. Tout va même très bien, tenté-je de la rassurer en accompagnant mes paroles d’un joli sourire. Bon ! Comment se passe la mise en place du restaurant ?
— Eh bien, je dirais que ça avance aussi vite qu’ici. Mathias n’arrête pas de courir dans tous les sens tellement il veut tout superviser et que tout soit parfait. Je sais que cela ne fait pas si longtemps que ça que je travaille pour lui pour prétendre le connaître, mais depuis mon arrivée ici je ne l’avais encore jamais connu autant stressé, et je vois bien que parfois, il prend sur lui pour ne pas nous crier dessus. Vivement que tout soit mis en place pour qu’on puisse souffler et nous détendre un peu !
— Euh… Quand tu parles de nous ? Tu veux parler de Mathias et toi, ou bien de toi et de moi ?
— De toi et de moi bien entendu ! Pourquoi parlerais-je de Mathias ?
— Je ne sais pas ? C’est peut-être le fait que lorsque je suis venue le saluer, vous aviez l’air de très bien vous entendre ? Ou alors est-ce la manière dont tu as rougi lorsque tu t’es rendu compte de ma présence ? Ou bien encore parce qu’en arrivant, tu t’es littéralement précipitée là-bas ?
— Pff ! me répond-elle en secouant la tête. Tu racontes vraiment n’importe quoi !
— Allez, Zoé ! Ne te fâche pas, s’il te plaît, lui dis-je en la retenant par le bras. Je serais ravie de partager ta pause avec toi.
— OK, répond-elle, mais à la condition que tu ne me parles plus de Mathias.
— Tu as ma parole !

 

Nous nous installons au bar et je nous prépare un gigantesque café noir. Nous discutons de notre futur appartement. Elle est de plus en plus impatiente de s’y installer et je dois admettre que son impatience est communicative. En revanche, je ne sais toujours pas si mon père est au courant et si oui, comment il a réagi. Je lui annonce ensuite qu’elle va devoir rentrer toute seule après le réveillon bien que cela ne me rassure pas du tout et lui en explique la raison. Elle tapote dans ses mains en répétant inlassablement : « oui, oui, oui ». Elle a beau me répéter que cela ne la gêne pas plus que ça de rentrer seule, je vais quand même voir si un des gars ne pourrait pas l’escorter jusqu’à la résidence ou bien peut-être que Ben accepterait de la raccompagner avec moi. S’il devait lui arriver quoi que ce soit, je m’en voudrais toute ma vie. Vers seize heures, tout est enfin prêt pour accueillir les clients. Sophie propose que nous allions tous nous préparer et nous reposer avant de nous retrouver vers dix-huit heures pour manger ensemble. Avant que je ne parte, Ben me rappelle discrètement de ne pas oublier d’apporter mes affaires. Lorsque nous arrivons dans notre chambre, nous nous affalons sur notre lit en gémissant de douleurs tellement nous avons mal aux pieds. Le pire, c’est que la soirée n’a même pas encore débuté. Nous décidons de faire une petite sieste d’une heure avant de nous préparer. À notre réveil, nous tentons de joindre Sam, mais en vain. Déçues de ne pouvoir lui parler, nous lui laissons un message et lui envoyons quelques photos de la déco du club que nous avons prises avant de partir. Pendant que Zoé va prendre sa douche, je prépare mon sac. Je ne sais pas du tout ce que je dois prendre pour la nuit. Si j’opte pour une nuisette, il interprétera peut-être cela comme un signe de ma part, comme un message lui faisant comprendre que je suis prête à m’offrir à lui et ce n’est pas du tout le message que j’ai envie de lui faire passer. Mais si je choisis un pyjama, je ressemblerais plus à une gamine qu’à une femme. Grrr !!! Pourquoi est-ce si compliqué de choisir une tenue pour dormir chez un homme ?

 

— Si tu optais pour la tenue d’Eve, tu te poserais beaucoup moins de questions !
— Ah, ah, ah ! Très drôle, Zoé ! Bon en attendant, je choisis quoi, moi ?
— Tu ne prends rien. En fait, les mecs adorent lorsque leurs nanas empruntent un de leur t-shirt pour dormir. Tu n’auras qu’à dire que tu n’as pas eu le temps de faire ta lessive à cause de l’emploi du temps de malade qu’il t’a imposé cette semaine.
— Et s’il me répond que je n’ai plus qu’à passer la nuit près de lui entièrement nue, je fais quoi moi ?
— Je suis certaine à cent pour cent qu’il te proposera plutôt de prendre une de ses fringues. Crois-moi, les mecs adorent ça ! Sur un tel sujet, tu sais très bien que tu peux me faire confiance, non ?
— Oui, oui, réponds-je, pas très convaincue malgré tout.

 

Avant de quitter notre chambre pour rejoindre notre joyeuse troupe, nous essayons de contacter à nouveau Sam, mais c’est peine perdue. Vivement demain soir pour que nous puissions enfin la revoir. Les échanges sur Skype ou par téléphone ça va bien un temps, mais cela ne remplace en rien la présence lumineuse et bienveillante de notre amie. Les rues sont noires de monde et je ne parle même pas des embouteillages ! À croire que tout le monde s’est donné rendez-vous dans le centre d’Aix pour débuter sa soirée ! Nous arrivons enfin au club en même temps que David, Paul et Manu où nous sommes accueillis par Ben qui s’empare aussitôt de mon sac et nous invite à tous nous diriger vers la salle de restaurant. Mathias, Steve et Sophie sont installés à une table joliment dressée. À notre approche, Mathias se lève afin d’inviter Zoé à prendre place près de lui sous prétexte qu’il a encore deux ou trois explications à lui donner au sujet du menu de ce soir. A-t-il conscience que personne n’est dupe sur ce qui se passe entre eux ? Toujours est-il que j’ai l’impression que plus rien n’existe autour d’eux tellement ils sont plongés dans leur conversation ! C’est comme s’ils s’étaient construits une bulle bien à eux et que plus rien ni personne n’existait autour d’eux. Je vois Sophie les regarder avec tendresse et me faire un clin d’œil complice. Steve propose ensuite que nous levions notre verre pour le travail que nous avons réalisé, mais également pour nous encourager, nous motiver pour cette longue et folle soirée qui nous attend. Nous trinquons en chœur à part bien entendu Zoé et Mathias qui, je pense, n’ont rien entendu du discours tellement ils rient. Nous passons un agréable repas où la bonne humeur et la détente sont au rendez-vous jusqu’à ce que Steve nous demande si nous avons fixé une date pour notre pendaison de crémaillère.

 

— Nous n’en avons pas encore parlé entre nous, mais que diriez-vous de samedi prochain ? À condition bien entendu que Jules et Sam soient d’accord. Tu en penses quoi, Jules ?
— Moi, ça me va. Mais il faut quand même que nous ayons le temps de faire quelques courses dans la semaine. Nous pourrions peut-être organiser une sorte de goûter étant donné qu’on travaille le soir.

 

Tout le monde semble être d’accord avec cette proposition. Tout le monde, à part Ben qui s’est aussitôt renfermé sur lui-même dès que Zoé a parlé de samedi prochain. Je tente de capter son regard pour comprendre ce qui a pu le mettre dans cet état, mais en vain. Il me fuit et reste le regard plongé dans son assiette, les poings complètement fermés sur ses cuisses. Son attitude refroidit tout le monde.

 

— Pour samedi, ce ne sera pas possible pour moi ni même pour Julie d’ailleurs, lâche-t-il enfin après de longues minutes de silence.
— Quoi ? Mais pourquoi ?
— Tout simplement, parce que toi et moi, nous allons nous rendre à ce putain de dîner traditionnel de début d’année organisé par mes parents, explique-t-il à l’assemblée sans toujours me regarder.
— Quoi ?! Tu te fous de moi ?! Et aie au moins le courage de me regarder en face lorsque tu lâches une bombe comme celle-ci ! m’énervé-je en me levant brusquement de ma chaise.
— Et voilà ! C’est reparti ! s’exclame Zoé. C’était trop beau pour que ce calme dure aussi longtemps entre eux.
— S’il te plaît, Zoé, je n’ai pas besoin d’entendre tes commentaires ! Maintenant Ben, j’aimerais savoir d’où te vient cette idée saugrenue que je vais t’accompagner, et là, je cite tes propres mots, à ce putain de dîner traditionnel ? Parce qu’en plus, vendu comme ça, tu ne me donnes surtout pas envie d’y participer ! Et de surcroît, je ne suis pas du tout prête à faire la connaissance de tes parents ! Mince, Ben ! On vient juste de débuter notre relation et toi, tu envisages déjà de me présenter à tes parents ! Mais qu’est-ce qui ne tourne pas rond chez toi ?
— Et alors ? Je ne vois pas où est le problème ? J’ai bien rencontré tes parents, moi, me répond-il toujours assis sur sa chaise, le visage blême.
— Non, mais tu plaisantes là ? Dis-moi que tu es royalement en train de te moquer de moi ? Je te rappelle quand même que c’est toi qui as débarqué chez moi ! Hormis le fait que nous soyons ensemble maintenant, tu veux que je te rappelle les conséquences de ta petite visite surprise dans ma vie ? Et ne va pas déformer mes propos. Je suis très heureuse que tu aies pris cette initiative, car aujourd’hui, je ne serais pas près de toi. Mais je te signale également que depuis, mon père ne m’adresse plus la parole. Est-ce que tu as dit à tes parents que tu viendrais accompagné ?
— Oui.
— Et me poser la question avant de leur dire que tu ne viendrais pas seul ne t’a pas effleuré l’esprit une seule seconde ? J’ai besoin de prendre l’air là et je t’interdis de me suivre. Je suis tellement en colère après toi que je ne sais même pas ce qui me retient de ne pas te lancer à la figure tout ce qui me tombe sous la main ! Et toi aussi, Zoé, pas la peine de me suivre.

 

Je sors d’un pas précipité et énervé du restaurant, traverse la grande salle tout en pestiférant après Ben, enfile rageusement ma veste et sors prendre l’air à l’arrière du club. Mais bon sang ! Qu’est-ce qui a bien pu lui passer par la tête pour penser que j’allais accepter de l’accompagner bien gentiment chez ses parents ? On n’est ensemble que depuis quelques jours seulement et il veut déjà me présenter à eux ?! Et puis d’ailleurs, sous prétexte que nous sommes en couple, il croit peut-être que ça lui donne le droit de prendre des décisions à ma place ? Je suis tellement plongée dans toutes mes réflexions que je n’entends même pas la porte s’ouvrir.

 

— Est-ce qu’on peut parler maintenant, la Rebelle, ou as-tu encore envie de me balancer tout un tas de choses ? Si c’est le cas, je t’ai apporté quelques tomates pour me les lancer.
— Je n’ai pas du tout envie de rire, Ben.
— Ça tombe bien parce que moi non plus. Je veux juste discuter un peu avec toi à condition que tu sois enfin calmée.
— Je ne comprends rien. Je suis perdue. Qu’est-ce qui t’a pris de prendre une telle décision à ma place ?
— J’admets que j’aurais dû t’en parler avant. Crois-moi, j’y ai pensé et j’ai longuement hésité avant de contacter mes parents pour leur dire que je viendrai accompagné. Mais je sais aussi que si je t’en avais parlé et t’avais demandé de venir avec moi, tu m’aurais répondu non.
— Dans ce cas, si tu connaissais déjà ma réponse, pourquoi ne leur as-tu pas dit que tu viendrais ? Qu’est-ce qui t’est passé par la tête ? En plus, il me semblait que les relations avec tes parents étaient plutôt compliquées.
— Et c’est toujours le cas, je te rassure, la Rebelle.
— Non, tu ne me rassures pas du tout et cela ne fait que renforcer mon incompréhension vis-à-vis de ta décision et ainsi que mon refus de t’accompagner.
— Et si on rentrait se mettre au chaud pour poursuivre notre discussion ? me dit-il en me tendant la main dont je me saisis bien volontiers, car je commence sincèrement à être frigorifiée.

 

Il nous guide vers son bureau et me laisse faire. Lorsque nous pénétrons, il pose aussitôt une couverture bien chaude sur mes épaules qui est la bienvenue et je me pelotonne sur son sofa où il me rejoint aussitôt.

 

— Pour commencer, je pense que je te dois quelques excuses.
— Oui, il me semble aussi et je veux également des explications sur les raisons de ton comportement que je ne comprends pas du tout. Mais je ne suis pas sûre que nous ayons le temps pour tout cela, car le club ne va pas tarder à ouvrir ses portes.
— Les autres arriveront bien à se passer de nous pendant quelques instants. Et puis, en ce qui concerne le bar, la folie ne débutera réellement que vers vingt-trois heures. Nous avons donc tout le temps nécessaire pour discuter.
— Très bien. Dans ce cas, je t’écoute, dis-je en me calant bien confortablement dans son sofa.
— Tu as raison sur le fait que j’aurais dû t’en parler avant de dire à mes parents que tu viendrais avec moi. Ce n’était pas du tout correct de ma part et je m’en excuse. Mais ce qui m’a poussé à dire cela à ma mère, c’est parce que lorsque je l’ai eu au téléphone, elle m’a annoncé que Cassandra serait également présente. Il faut que tu saches que ma mère n’a jamais compris ni même accepté notre séparation. Je pense même qu’elle se demande encore ce que son abruti de fils a bien pu faire pour que sa future belle-fille ne soit plus avec moi, me dit-il dans un rire sarcastique.
— Mais pourquoi tu ne lui en as jamais parlé ? Je suis sûre qu’elle aurait compris. Ben, cette femme s’est comportée comme un véritable monstre avec toi et en plus, tout ce qui l’intéressait chez toi, c’était le statut social de tes parents ainsi que ton argent. Si tu lui avais dit tout cela, elle ne caresserait pas l’espoir que vous vous remettiez un jour ensemble.
— Oh la Rebelle ! Tout le monde n’a pas une mère aussi compréhensive que la tienne, crois-moi ! me dit-il en me caressant ma joue de son pouce.
— Donc si je résume, tu veux que je t’accompagne à un dîner auquel tu n’as pas vraiment envie de participer ? À un dîner où ton ex qui ne m’apprécie pas du tout sera présente ? À un dîner où je ferai la connaissance de tes parents ? À un dîner au cours duquel ta mère souhaite te voir te réconcilier avec ton ex tellement elle l’apprécie ?
— C’est sûr que, vu sous cet angle, il n’y a pas grand-chose de positif.
— Et si tu m’en avais parlé auparavant, je ne serais pas aujourd’hui mise devant le fait accompli.
— Je me suis comporté comme un égoïste avec toi, Jules. Je réalise que je n’ai pas le droit de t’imposer tout cela. De plus, tu as raison, la dernière fois que Cassandra est venue dans le club, elle n’avait pas du tout l’air de te porter dans son cœur. J’appellerai ma mère avant, afin de l’informer que tu es souffrante et donc, que tu ne pourras pas venir.
— Et tu crois peut-être que je vais te laisser aller seul là-bas maintenant que je sais que cette sangsue de Cassandra sera également présente ? Tu rêves mon vieux !
— Là, c’est à mon tour d’être perdu. Il y a quelques secondes encore, tu me présentais toutes les raisons qui faisaient que tu ne pouvais pas venir, tu m’en voulais d’avoir pris une décision sans même t’en parler avant et maintenant, tu me dis que tu es d’accord pour m’accompagner ?
— Oui, tu as tout compris. Et en plus, je crois que tu ne me dis pas tout sur les raisons qui font que tu veuilles que je t’accompagne, mais pour ce soir, on va dire que c’est suffisant. En revanche, tu n’as plus jamais intérêt à me faire un coup pareil. S’il y a une décision à prendre qui nous concerne tous les deux, c’est ensemble que nous devons la prendre. Est-ce que j’ai été suffisamment claire sur ce point, Ben l’autoritaire ?
— Tout à fait clair, ma belle Rebelle, me dit-il en éclatant de rire et couvrant mon visage de baisers.

 

Nous retournons ensuite dans le club qui a déjà ouvert ses portes. Avant de prendre mon poste, je décide d’aller voir Zoé afin de m’excuser sur la manière désobligeante dont je lui ai répondu. Je la trouve en train de discuter et de rire avec les autres serveurs. Lorsqu’elle m’aperçoit, je lui fais un discret signe de la main pour lui demander de me rejoindre. Dès que je la vois venir avec un grand sourire aux lèvres, je me sens tout de suite rassurée. Elle s’excuse la première pour sa remarque déplacée et à mon tour, je lui dis à quel point je m’en veux de m’être emportée ainsi après elle. Cela était complètement injuste de ma part, car cette colère n’était pas dirigée contre elle, mais contre Ben et son annonce. Après nous être embrassées, elle me demande si j’ai fini par accepter d’accompagner Ben la semaine prochaine. Lorsque je lui réponds que oui, elle me dit que j’ai pris la bonne décision. Notre conversation est rapidement interrompue par Mathias qui rappelle à Zoé qu’elle est là pour travailler et non pour papoter avec moi. Elle me fait un clin d’œil et court vite le rejoindre. Quant à moi, je regagne le bar, le cœur plus léger où quelques groupes de clients sont déjà installés. Lorsque je prends ma place derrière le comptoir, j’entends une voix me dire : « Il était temps la Rebelle ! » Je ne relève pas cette remarque, mais me tourne vers celui qui m’a dit cela et vois l’homme de ma vie me faire le plus grand des sourires qui me fait fondre littéralement.

 

La soirée au bar démarre en douceur pour nous, mais il semblerait que pour le restaurant, il y en aille tout autrement. Les clients ne cessent d’affluer et certains se présentent même sans n’avoir fait aucune réservation. Ils sont bien entendu refoulés et de ce fait, ils se retournent vers le bar avant d’aller à la conquête d’un nouveau restaurant. Sophie est venue renforcer notre équipe tandis que Steve a rejoint celle de Mathias. Pour l’occasion, Ben a réalisé un cocktail spécial Nouvel An qui remporte un véritable succès. Vers vingt heures, les choses s’accélèrent pour nous. Les clients ont du mal à se frayer un chemin jusqu’au bar pour prendre leurs commandes et la salle est pleine à craquer. Malgré le capharnaüm qui règne autour de nous, j’adore ce rythme de fou que nous vivons. De plus, partout autour de nous, il règne une très bonne ambiance. Certains clients ont joué le jeu puisqu’ils sont venus déguisés dans le thème de notre soirée. Le temps défile à une allure folle. À un moment donné, je crois apercevoir Sam, mais cela doit vraisemblablement être une illusion de mon esprit. Peu de temps après, je suis interpellée par un nouveau client. Lorsque je pose mon regard sur lui, je reste médusée.

 

— Salut Jules ! J’aimerais trois cocktails spécial Nouvel An, s’il te plaît.
— Alex ?! Mais qu’est-ce que tu….
— Je me suis dit que ce serait beaucoup plus drôle de venir fêter le Nouvel An sur Aix plutôt que de rester dans notre petite ville. Et lorsque je vois l’agitation qui règne ici, je me dis que j’ai vraiment bien fait. Et toi, comment vas-tu ? Tu as l’air différente.
— Comment ça différente ? le questionné-je tout à fait étonnée par sa remarque.
— Je ne sais pas. C’est comme si tu avais changé quelque chose, mais je n’arrive pas à définir quoi. En tout cas, quel que soit ce changement, cela te va super bien. Tu es encore plus ravissante qu’avant.
— M… merci, mais je t’assure que je n’ai rien changé du tout.
— Est-ce que tout va bien ici ? Tu as un problème, la rebelle ?
— Non, pas du tout, Ben. Tu te souviens d’Alex ?
— Oui, me répond Ben sèchement. Et alors ? Tu as décidé de le servir ou de continuer à discuter avec lui du bon vieux temps ? Non parce que si c’est le cas, je te rappelle que tu es là pour bosser. Si tu as changé d’avis, rends-moi ton tablier et va t’amuser et discuter comme les clients.
— Eh ! Du calme mon vieux ! On ne faisait que discuter, intervient Alex pour me défendre.
— C’est bien ça le problème ! Et je ne suis pas ton pote. Alors, ne m’appelle pas mon vieux s’il te plaît.
— Oh ! Rassure-toi ! En t’appelant ainsi, je ne faisais pas référence à une quelconque amitié entre nous, mais plutôt à ton âge.
— Je te rappelle que je suis le patron ici. Donc si tu ne veux pas que les gars de la sécurité te sortent d’ici par la peau des fesses, tu ferais mieux de changer de ton avec moi.
— C’est bon les gars ! Je pense que la bataille de testostérones a assez duré comme ça ! Alex, tu restes ici, je vais t’apporter tes cocktails. Quant à toi Ben, tu peux retourner à ton poste.
— Eh Jules ! m’interpelle Alex au moment où je me tourne. Tu ne veux pas savoir pour qui sont les deux autres verres ?
— Fais gaffe à toi, mec, tu es en train d’atteindre mon seuil de tolérance ! Donc tu vas ouvrir bien grand tes oreilles, car je ne te le répéterai pas deux fois. Ton amie Jules est là pour bosser et pas pour tatasser avec son pote ni même pour jouer à tes devinettes. Et estime-toi heureux d’être un de ses amis, car je peux t’assurer qu’il y a bien longtemps que tu serais déjà éjecté de mon club, répond Ben à ma place.
— C’est bon, mon vieux, j’ai compris le message. J’attendrais patiemment sa pause pour lui parler en tête à tête.

Avant que Ben ne s’apprête à répondre à la nouvelle provocation d’Alex, je le tire par la manche pour l’entraîner vers la plonge. Par chance, il se laisse faire, mais non sans pointer un doigt menaçant en direction d’Alex tout en le fusillant du regard.

 

— Mais ça ne va pas ! C’était quoi ça ? À quoi as-tu voulu jouer avec Alex ?
— J’ai juste voulu lui rappeler que tu n’étais pas là pour profiter du réveillon, mais bien pour travailler. Et que par conséquent, ami ou non, tu n’as pas le temps pour des bavardages inutiles.
— Oui, ça j’avais bien compris, Ben le chef. Et sinon ?
— Et sinon quoi ?
— Et sinon, c’est quoi la vraie raison ? Et s’il te plaît, ne me raconte pas un autre bobard, car je te rappelle que nous avons décidé d’être honnêtes l’un envers l’autre. Donc, j’attends.
— Je n’ai pas aimé la manière dont il te regardait. J’avais l’impression qu’il voulait faire de toi son amuse-bouche avec son cocktail.
— N’importe quoi, tu délires !
— Ah oui ? Et toi, tu es complètement aveugle !
— Écoute, Ben. Alex est mon ami et rien de plus. Je le connais depuis mon enfance. Il fait partie de ma famille et ça, il va bien falloir que tu l’acceptes.
— Oui et bien, ami ou pas, famille ou pas, je ne lui fais pas confiance, un point c’est tout.
— Oui, mais à moi, tu peux me faire confiance, lui dis-je en prenant ses mains dans les miennes. Et tu sais à quel point tu comptes pour moi. En tout cas, je l’espère. Donc au cas où tu ne l’aurais pas encore compris, laisse-moi te le répéter. Dans mon cœur, il n’y a de la place que pour un seul homme et cette place, elle n’appartient qu’à toi et toi seul.
— J’ai peut-être confiance en toi, Jules. Mais je t’assure que lui, je ne lui fais pas du tout confiance. Je connais bien ce genre de regard et celui-ci disait très clairement que tu l’intéresses.
— Oh, mais ce n’est pas vrai ! Tu ne vas pas me la jouer au mec jaloux pendant toute la soirée quand même ?!
— Je ne suis pas du tout jaloux.
— Menteur ! Ton nez est en train de s’allonger comme celui de Pinocchio tellement tu n’es pas crédible !
— Bon OK. Je le suis peut-être un peu. Mais crois-moi, vis-à-vis de ce gars, c’est largement justifié.
— J’abandonne ! Si tu veux te méfier de lui, pas de souci. Mais s’il te plaît, arrête de lui faire ce regard qui dit : « Toi mec, si tu touches à ma nana, je vais te refaire le portrait. »
— Tu peux répéter ce que tu viens de dire à l’instant ?
— Quoi ?
— Répète ta phrase s’il te plaît.
— J’ai dit « Toi, mec, si tu touches à ma nana… »
— C’est ça ! « Ma nana » ! J’adore ces deux petits mots et encore plus lorsqu’ils sont dits par ta bouche si attirante, me dit-il en approchant dangereusement ses lèvres des miennes.
— Mais je n’y crois pas ! En plus d’être jaloux, tu es également macho !
— Je te corrige tout de suite, la Rebelle. Je ne suis pas jaloux, mais vigilant. Je ne suis pas macho, mais possessif, murmure-t-il dans le creux de mon oreille.

 

Puis ses lèvres viennent effleurer mon cou me faisant ainsi fermer les yeux et oublier où nous sommes et pour quoi nous sommes là. Tout en m’embrassant, il me fait reculer si bien que je me retrouve plaquée contre le mur. Ses mains se posent sur mes fesses pour me presser contre lui. Ce contact réveille en moi un véritable feu que lui seul a la capacité d’éteindre. Il lève son visage vers moi. Nous nous dévorons du regard tandis que j’entends nos respirations s’accélérer. Je vois son torse se lever à un rythme soutenu et pose mes mains dessus pour les descendre vers le bas de son t-shirt. Après quelques secondes d’hésitation, je glisse mes mains dessous pour aller caresser son dos. À leur contact sur sa peau, je l’entends gémir. Soudain, tout s’accélère. Sa bouche se pose sur la mienne et sans aucun préliminaire, sa langue se fraie un passage pour aller à la rencontre de la mienne. Notre baiser est passionné, endiablé comme si nous avions été en manque l’un de l’autre pendant beaucoup trop longtemps. Me pressant encore plus fort contre lui, je sens son érection, ce qui réveille une vive douleur dans le bas de mon ventre comme s’il réclamait le corps de cet homme en entier, comme s’il voulait plus que ce baiser. Cela déclenche une telle passion en moi que je lui griffe le dos et gémis dans sa bouche. Je l’entends grogner au son de mes gémissements. Nous sommes soudainement ramenés à la réalité par un raclement de gorge derrière nous. Une énorme gêne voire une affreuse honte m’envahit lorsque je prends conscience de l’endroit où nous sommes. Je n’ose ouvrir les yeux de peur d’avoir à affronter le regard de celui ou celle qui se trouve face à moi. Quant à Ben, cette situation semble l’amuser, car je le sens sourire contre mes lèvres.

 

— Euh… Euh… Désolé de vous déranger, mais on arrive à court de bière et il faudrait que quelqu’un aille remplacer les fûts.
— OK, j’y vais tout de suite, répond Ben, pas le moins gêné du tout par la scène que nous venons d’offrir à notre spectateur surprise, dont je reconnais la voix.
— Merci. Bon bah, je vous laisse finir ce que vous étiez en train de faire, mais si vous pouviez être rapides, car les clients ne vont pas attendre indéfiniment leur bière, entends-je Manu nous dire en riant.
— Tu n’as pas intérêt à faire un quelconque commentaire sur ce que tu viens de voir de toute la soirée ni même d’en parler à qui que ce soit.
— Pas de souci, patron. Je serai muet comme une carpe. Et puis de toute façon, je ne vois pas du tout de quoi tu veux parler, car je n’ai rien vu, répond-il en s’éloignant.
— Ça y est, Julie la timide, il est parti. Tu peux ouvrir les yeux, me dit Ben en se tournant vers moi.
— Oh ! Quelle horreur ! Quelle honte ! Comment vais-je pouvoir retourner au bar après ça ?
— Du calme, Jules ! Nous n’avons rien fait de mal et en plus, je sais que je peux lui faire confiance. Il ne dira rien à personne.
— Peut-être qu’il ne dira rien, mais moi, je ne pourrais pas m’empêcher de penser au spectacle que nous lui avons offert dès que je croiserai son regard.
— Jules, nous ne faisions rien de mal. Nous étions juste en train de nous embrasser comme un couple tout à fait normal, essaie-t-il de me rassurer tout en m’embrassant le bout du nez dans un sourire. Allez, il faut que j’aille remplacer ces fûts. Je te proposerais bien de m’accompagner, mais les gens risqueraient d’attendre leur bière encore très longtemps, me dit-il dans un clin d’œil.
— Ah ! Ah ! Très drôle ! Je suis morte de rire ! En attendant, ce n’est pas ton sale humour qui va me donner du courage pour retourner derrière le bar.
— Allez, tu peux faire confiance à Manu. Et puis, si l’envie lui prenait de faire une allusion sur ce qu’il a vu, il sait très bien qu’il passerait un sale quart d’heure. Retourne bosser maintenant, espèce de tire au flanc, et n’oublie pas que tu es ma nana, me répond-il en riant tout en se dirigeant vers la cave.

 

Je l’observe quelques instants traverser la salle et ne peux m’empêcher de voir quelques femmes le mater sur son passage. Mais après tout, je ne peux pas leur en vouloir, car il faut admettre que cet homme est super canon. Je n’arrive toujours pas à croire que nous soyons ensemble. Lorsque je reprends mon poste, je constate que c’est l’effervescence complète et m’en veux d’avoir laissé mes amis tout gérer seuls pendant que je batifolais avec le patron. Quelle bien piètre amie et collègue je fais ! Je regarde tout autour de moi dans l’espoir de voir Alex afin de m’excuser du comportement de Ben et de savoir à qui étaient destinés les deux autres verres, mais en vain. Je me remets rapidement au travail et j’entends Sophie me dire : « Ravie et soulagée de te revoir enfin parmi nous. J’ai eu peur qu’il te soit arrivé quelque chose. » Je n’arrive pas à lui répondre tellement je me sens confuse et je rougis jusqu’aux oreilles ce qui la fait éclater de rire. J’ai l’impression que tout le monde a compris les raisons de ma longue absence. Ben revient à ce moment-là, passe derrière moi et en profite pour me pincer les fesses. Je le fusille du regard, mais il se contente de hausser les épaules dans un sourire taquin.

 

Les heures suivantes passent comme dans un brouillard. Les commandes affluent à répétition. Ils ont dû augmenter le chauffage pour que tous ces gens soient à tel point assoiffés ! Puis, nous entendons toute la salle entamer le traditionnel compte à rebours annonçant la fin imminente de cette année et le début de la suivante. Cinq, quatre, trois, deux, un, zéro. Des cris jaillissent de toute part souhaitant une bonne année en chœur. Des gens se tombent dans les bras, d’autres s’enlacent, d’autres encore s’embrassent tendrement pendant que des serpentins leur tombent sur la tête ainsi qu’une pluie de confettis. J’observe et admire ce spectacle où tout le monde paraît si heureux. Puis, je me retrouve enlacée par deux bras puissants et j’entends cette voix qui me fait tant vibrer me souhaiter une très belle année. Je me retourne, enlace la nuque de mon petit ami et lui dis : « Très bonne année à toi également. J’espère que cette nouvelle année sera synonyme de réussite, de joie et de complicité avec tes amis ». Puis, je l’embrasse et il répond aussitôt à mon baiser. Ce baiser, qui se voulait être léger, devient très vite passionné et il me faut beaucoup de courage pour l’interrompre de peur que cela ne dérape comme tout à l’heure. Il plonge ensuite son regard dans le mien et me dit avec des yeux remplis de sincérité : « Je viens de vivre ma plus belle fin d’année, car j’ai eu la chance d’avoir enfin la plus merveilleuse, la plus adorable des femmes dans mes bras et je sais que cette nouvelle année n’en sera encore que plus magnifique parce que cette délicieuse femme sera à mes côtés pour la partager. » Je suis tellement émue par ses mots que ma vision se trouble et je me blottis dans ses bras. Notre moment de douceur est interrompu par Sophie qui se jette sur nous pour nous souhaiter à son tour une très bonne et belle année et est ensuite rejointe par Manu, Paul et David. Nous nous embrassons, nous rions et buvons même une flûte de champagne apportée par Ben. Puis, Sophie me demande de me retourner, car elle a une belle surprise à me montrer. Je m’exécute aussitôt et reste sans voix lorsque je vois les personnes qui se trouvent de l’autre côté du comptoir en compagnie d’Alex. Du regard, je demande à Ben la permission d’abandonner mon poste pour aller les saluer ; permission qu’il m’accorde dans un sourire. Cependant, au moment où je passe près de lui, je l’entends me marmonner : « s’il s’approche trop près de toi, je lui refais son portrait ». Je l’embrasse rapidement et cours vite rejoindre les trois personnes qui m’attendent. Vous aurez aisément deviné que les deux autres personnes qui accompagnent Alex ne sont autres que Sam et mon frère. Je suis folle de joie de les retrouver et surtout de les voir enfin tous les deux réunis. Ils sont tellement beaux et ils ont l’air d’être si heureux ! Lorsque je les regarde comme ça, je me dis qu’ils vont merveilleusement bien ensemble. Leurs visages irradient de bonheur.

 

— Je n’arrive pas à y croire ! m’exclamé-je en me jetant dans les bras de mon amie. Oh, Sam, je suis tellement contente de te voir ! Si tu savais comme tu m’as manqué ! J’ai l’impression que ça fait une éternité que nous nous sommes quittées !
— J’ai eu la même impression et c’est pour cette raison que j’ai décidé de rentrer plus tôt.
— Mais et tes parents ?
— Oh pour ça, je crois que j’ai les parents les plus formidables, car ils ont rapidement compris que je ne voulais pas passer le Nouvel An avec eux, mais à vos côtés ! Ce sont même eux qui m’ont proposé de vous rejoindre.
— Et on peut dire qu’ils ont eu une excellente idée.
— Et toi, Julien ?
— Lorsque Sam m’a appris qu’elle vous rejoignait pour le Nouvel An, je ne pouvais pas rester plus longtemps à la maison. Maman a accepté à la condition que je prenne des photos du club ainsi que de Zoé, Sam et toi, me répond-il en enlaçant Sam par la taille. Et d’ailleurs, où est Zoé ? Elle ne s’est pas encore fait virer par son patron.
— Eh ! lui dis-je en lui tapant sur le bras. Je t’interdis d’insinuer quoi que ce soit la concernant ! En fait, elle gère super bien et son travail semble sincèrement lui plaire. Bon, j’aimerais bien discuter avec vous plus longtemps, mais j’ai malheureusement encore du travail qui m’attend. J’ai hâte que cette soirée se termine et je rêve d’un long et bon massage des pieds !
— Euh si tu veux, je pourrais te raccompagner en voiture ce soir, me propose Alex. Ça t’évitera déjà une longue et douloureuse marche.
— Euh… C’est très gentil de ta part Alex, mais… mais en fait, j’ai d’autres projets.
— Quel projet ? me demande aussitôt Sam.
— Des projets qui ne vous regardent pas, répond Ben à ma place en venant se poster derrière moi pour m’enlacer.

 

Il salue Julien, embrasse Sam et fusille à nouveau Alex qui soutient son regard. Cet homme est vraiment impossible et je déteste cette façon qu’il a de me prendre dans ses bras devant tout le monde comme s’il voulait marquer son territoire face à Alex. C’est d’une puérilité ! Je tente de lui envoyer un coup de coude dans les côtes discrètement, mais en vain et je le sens même sourire comme s’il avait deviné mon intention ratée tandis que nos trois interlocuteurs nous regardent bouche bée. Je ne sais pas si je dois rire ou me sentir gênée face à leur réaction. Ben s’excuse ensuite auprès d’eux pour retourner au bar. Afin de fuir une conversation gênante, je m’excuse à mon tour et cours vite me réfugier derrière le comptoir. Au moment où je leur tourne le dos et malgré la foule qui nous entoure, j’entends mon frère éclater de rire. Lorsque je retourne à mon poste, j’en profite pour bousculer Ben afin de lui montrer que je n’ai pas du tout apprécié son petit numéro grotesque. Il se contente de me répondre d’un haussement d’épaules dans un sourire narquois. Puis, nous reprenons notre travail.

 

Pendant l’heure qui suit, nous nous croisons, nous nous frôlons. Cette proximité sans pouvoir réellement le toucher, sans pouvoir l’embrasser, devient frustrante et agaçante. Ben, quant à lui, se montre beaucoup moins souriant et je sens qu’il ne faudrait pas grand-chose pour qu’il explose. J’espère qu’Alex n’aura pas l’idée lumineuse de venir le chercher. Je ne sais pas s’il est à fleur de peau pour les mêmes raisons que moi. Ceci étant, tout le monde derrière le bar s’est bien rendu compte de son état d’énervement et fait donc très attention à ne pas l’énerver plus qu’il ne l’est déjà. Même si nous nous efforçons de nous montrer le plus souriant possible face aux clients, on voit bien que la fatigue commence à se faire sentir pour tout le monde. Je crois qu’il ne suffirait pas de grand-chose pour que l’un d’entre nous ne parte en live et n’explose ; surtout Ben. Je vois Sophie qui s’approche de lui et suppose qu’elle lui propose de prendre une pause, mais je le vois secouer énergiquement la tête tout en me fixant. J’espère que cet imbécile ne refuse pas sa pause à cause de la présence d’Alex qui, d’ailleurs, n’a pas quitté mon secteur depuis que j’ai repris mon poste. Je ne sais pas à quoi il joue en restant ainsi près du bar, mais si son objectif est d’énerver Ben, je dois admettre qu’il l’a atteint. Je le vois m’interpeller pour passer une nouvelle commande. Lorsque je me dirige vers lui, je sens le regard pesant de Ben dans mon dos. Je n’ai pas intérêt à m’éterniser à prendre sa commande sinon, je ne donne pas cher de la peau de ce pauvre Alex !

 

— Je t’écoute Alex, lui dis-je avec mon plus beau sourire de barmaid.
— Tu peux me remettre un cocktail s’il te plaît ? Et prends-en un pour toi également.
— Non. C’est très gentil, mais tu vois bien que je travaille.
— Oui, mais tu as droit à une pause tout de même !
— Je ne me vois pas prendre ma pause maintenant alors que nous débordons de monde ! On verra ça, une fois que ce sera un peu plus calme si tu veux.
— OK ! Je tâcherais de te rappeler ces paroles lorsqu’il y aura moins de clients !
— Vu comment le club est rempli, je ne suis pas sûre que cela soit près de se calmer avant très longtemps ! lui réponds-je en éclatant de rire et en m’éloignant pour préparer sa commande.

 

Lorsque je retourne vers lui, je suis stoppée par Ben qui se propose d’apporter la commande d’Alex à ma place. Je l’observe, quelques instants, secoue la tête, lui dépose un léger baiser sur la joue et retourne vers Alex qui n’a pas dû rater une miette de notre scène, car lorsque je m’approche de lui, je le vois sourire. Je dépose son verre devant lui et m’apprête à repartir, mais il me retient par le bras. Ce n’était vraiment pas la chose la plus intelligente à faire, car à peine a-t-il posé sa main sur moi qu’un certain Ben se précipite près de moi pour lui enlever sa main.

 

— Eh ! Du calme, le bodyguard !
— Toi, encore un truc de ce genre et tu dégages d’ici ! C’est la dernière fois que je te mets en garde. Ami ou pas de Jules, je m’en fous complètement. Donc maintenant, tu arrêtes d’empêcher Jules de bosser, tu arrêtes de la mater comme tu viens de le faire pendant une heure et tu vas gentiment rejoindre tes amis.
— Vu que tu te permets de me donner des conseils, je vais t’en donner un à mon tour, mon vieux. Si tu ne veux pas que des clients tels que moi matent ta serveuse, mets-lui une pancarte sur le dos qui indique Interdit de vous rincer l’œil, sinon je vous défonce la gueule. Mais dis-toi bien que ce n’est pas parce qu’apparemment vous êtes ensemble que ça va empêcher les autres types de la regarder, car aucun homme normalement constitué ne la trouverait pas à son goût. Il y a également quelque chose qui m’intrigue. Pourquoi tu flippes autant de me voir la regarder ou bien même de m’approcher d’elle ? Aurais-tu peur de moi ? Aurais-tu peur qu’elle se lasse d’un gars aussi imbuvable et aussi vieux que toi pour aller vers un type comme moi ?

 

Je vois les narines de Ben se dilater de colère et suis encore trop abasourdie par le discours d’Alex pour l’empêcher d’attraper ce dernier par le col de sa chemise et lever son poing vers son visage prêt à le frapper. Alex ne doit son salut que grâce à l’intervention de Manu qui tire péniblement Ben vers l’arrière et à David qui retient son poing. Sophie s’approche alors et ordonne, d’une voix très autoritaire que je ne lui connaissais pas encore, de prendre une pause et d’aller se détendre avant de vouloir casser la figure à tout le monde. Ben la fixe quelques instants, rouge de colère, se retourne sans même un seul regard pour moi et traverse le club d’un pas pressé et énervé. Sophie me fait signe de le suivre et je la vois ensuite se diriger vers Alex. Je traverse à mon tour la salle. En arrivant devant la porte du bureau de Ben, il me faut quelques minutes pour me décider à frapper doucement avant d’entrer. Lorsque je pénètre à l’intérieur, tout est très sombre, mais je peux distinguer un bazar sans nom qui règne au sol. Il a jeté à terre toutes les affaires qui étaient sur son bureau ; même son ordi portable y est passé. Je le vois ensuite assis sur son sofa, le dos courbé, la tête entre ses cuisses. Je m’approche de lui tout doucement, m’accroupis et caresse le dessus de sa tête. Nous restons ainsi pendant plusieurs minutes attendant qu’il se calme et rompe ce silence pesant. Il lève enfin les yeux vers moi et ce que j’y lis me glace le sang.

 

— Qu’est-ce que tu fous là, Jules ? Pourquoi ne vas-tu pas plutôt voir ton superbe ami Alex ? me demande-t-il le visage fermé. Il n’attend que ça que tu te précipites dans ses bras. Alors, vas-y ! De plus, je suis sûr que ton père serait très heureux de te voir avec un type comme lui. Allez, vas-y, cours vite le rejoindre ! ajoute-t-il sur un ton froid et distant.
— T’a-t-on déjà fait remarquer à quel point tu étais fort pour débiter des conneries en peu de temps ? Tu as raison sur un point cependant. Il est clair que mon père serait ravi de me voir avec Alex et cela arrangerait même tous mes problèmes avec lui, mais le problème, c’est que mon cœur, lui, a décidé de s’attacher à un être beaucoup plus rustre que lui, à un homme qui est une vraie tête de mule, car apparemment il n’a rien entendu de tout ce que j’ai pu lui dire en début de soirée. Je ne sais pas en quelle langue je dois te le dire pour que tu comprennes enfin qu’Alex n’est qu’un ami et rien de plus.
— Ose me dire que tu n’as jamais craqué pour lui, car je me souviens bien encore de la façon dont tu le regardais il y a encore quelque temps lorsqu’il débarquait au club avec sa copine.
— J’admets avoir eu un faible pour lui durant un temps, macopineis ça, c’était avant que je ne me fasse embaucher dans un club très à la mode par un patron super sexy, mais quelque peu autoritaire et jaloux et que mon cœur ne fonde complètement pour lui.
— Il a raison, Jules, je suis bien trop vieux pour toi ! Un jour, cette différence d’âge commencera à te peser, car tu auras envie de choses que je ne pourrai pas t’apporter ni même que j’aurai envie de partager avec toi.
— Quoi ? Mais de quoi est-ce que tu parles ?
— Je te parle du fait que tu commences tout juste ta vie d’adulte, que tu commences tout juste à découvrir et à savourer les joies de ta liberté. Arrivera un moment où pendant que toi tu rêveras de sorties avec tes amis, moi j’aspirerai plutôt à des soirées calmes bien au chaud dans mon appartement, à un dîner avec mes amis où nous nous raconterons nos vieux souvenirs. Arrivera un jour où j’aurai très certainement envie de fonder une famille, mais que toi tu auras encore besoin de vivre tes propres expériences avant de vouloir construire une famille et tu auras raison.
— Qu’essaies-tu de me dire ? lui demandé-je les larmes au bord des yeux. Es-tu en train de me présenter tout un tas d’excuses bidon dans le but de vouloir rompre avec moi ? Alors c’est ça ? Réponds-moi, bon sang ! m’écrié-je.
— Je…
— Je quoi, Ben ? Nous avons à peine commencé notre histoire que tu la condamnes déjà sous prétexte que je suis plus jeune que toi, sous prétexte que plus le temps passera et moins nous aurons d’attentes en commun ? C’est bien ça, Ben ?
— Oui, me répond-il toujours aussi froidement en se levant pour s’écarter de moi.
— Ah oui ? Et que sais-tu de mes attentes au juste ? le questionné-je en éclatant en sanglots.

 

Il tente de se rapprocher pour me prendre dans ses bras, mais le stoppe d’un geste de la main.

 

— Je suis perdue avec toi ! Un moment, tu es doux, attentionné, rieur et l’instant d’après, tu es froid, distant, blessant. Un moment, tu es prêt à vivre une histoire avec moi, à combattre tes démons pour moi, pour nous et l’instant d’après, tu baisses les bras sous prétexte qu’une personne de ma connaissance essaie de me draguer. Un moment, tu annonces devant tout le monde que je vais t’accompagner à un dîner organisé par ta famille et l’instant d’après, tu me rejettes. Que veux-tu à la fin ? crié-je à nouveau en larmes.
— C’est toi que je veux, bordel ! crie-t-il à son tour.
— Alors pourquoi essaies-tu de me rejeter ? Pourquoi essaies-tu de me blesser pour que je m’éloigne de toi ? Pourquoi Ben ?
— …
— Réponds-moi ! Je veux comprendre ! Comment peux-tu oser me dire que tu veux de moi après m’avoir exposé tout un tas de raisons, les unes plus débiles que les autres qui feraient que ça ne pourra jamais marcher entre nous ! Et tu ne sortiras pas de ce putain de bureau sans m’avoir donné une vraie explication, une explication qui tienne vraiment la route parce que pour l’instant, tout ce que tu m’as raconté, ce ne sont que des conneries ! lui dis-je rouge de colère à mon tour en me postant devant la porte.
— Je te rappelle que c’est moi le patron et par conséquent, c’est encore moi qui décide. Alors, écarte-toi de cette porte. La pause a assez duré comme ça.
— Non, réponds-je en croisant les bras pour lui montrer que je ne bougerai pas d’un pouce tout pendant que je n’aurai pas eu mon explication.
— Ne joue à ça la rebelle et écarte-toi tout de suite sinon…
— Sinon quoi ? Tu vas aussi m’attraper par le col et m’envoyer ton poing dans la figure comme tu as voulu le faire avec ce pauvre Alex ?
— …
— Alors ?
— Ma patience a des limites, la rebelle !
— Ça tombe très bien, parce que la mienne aussi ! Alors, dis-moi ce qui te pousse à vouloir me rejeter ainsi à la fin ! crié-je à nouveau.
— Parce que…
— Parce que quoi ?
—