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"L’Afrique, sanctuaire de maux et de mots" vous propose une réflexion sur les mots et maux qui influencent la perception des Africains, surtout des jeunes, face aux défis mondiaux. Cet essai déconstruit des croyances et expressions qui, sanctifiées avec le temps, freinent le progrès et l’innovation. C’est un appel à la jeunesse africaine à repenser ses valeurs et à embrasser un avenir plus ouvert et dynamique.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Au fil de sa carrière, qui l’a mené aux quatre coins du monde,
Abdoulaye Lô a continuellement approfondi sa compréhension de l’économie mondiale et exploré les solutions pour sortir le continent africain du sous-développement. "L’Afrique, sanctuaire de maux et de mots" est le fruit de ses années de réflexion et de méditation.
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Abdoulaye Lô
L’Afrique,
sanctuaire de maux et de mots
Essai
© Lys Bleu Éditions – Abdoulaye Lô
ISBN : 979-10-422-4518-4
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À ma mère qui, avec humilité,
m’a beaucoup appris et encouragé par ses non-dits
À ma fille Ndeye Fatou LÔ
pour te féliciter et t’encourage
Je t’adore
– Le jour fatidique, l’exécution de Moustapha Lô, L’Harmattan, Dakar, 2023.
La Civilisation, c’est tout ce qui s’agrège autour de la Religion.
André Malraux, Note sur l’Islam – 1956
L’Orient a tourné ses regards vers Dieu, mais n’a pas vu le monde ;
L’Occident a pénétré le monde matériel et a fui Dieu.
Mohamed Iqbal, Le livre de l’éternité
Ce pamphlet s’adresse à la jeunesse africaine. Il parle de quelques maux et mots sanctifiés dont la résurgence influe et impacte toujours la perception et la réaction des africains, surtout les jeunes, face aux défis du monde.
Ces maux et mots ont pour noms : Esclavage, Colonisation, Balkanisation, Panafricanisme, Néocolonialisme et, maintenant, comme un parfait oxymore : Panafricanisme et Souverainisme.
Sur chacun de ces maux et mots, l’auteur jette un regard nouveau sur leur permanence dans l’Histoire de l’Humanité depuis la nuit des temps et qui ne devraient en aucun être des freins à l’entrée de l’Afrique dans la globalisation.
Ce pamphlet parle aussi de quelques tabous tout aussi sanctuarisés, que sont, entre autres, la Polygamie et la Natalité qui perturbent les nouvelles réalités sociétales et socio-économiques de notre Afrique. Il interroge aussi, la tyrannie de l’invisible, la mystique africaine, le syncrétisme religieux, qui a fini par envahir et transformer nos religions monothéistes en Islamo-animisme et en Christiano-animisme.
Tant de maux et de mots dont la permanence et la fixité dans le conscient collectif des Africains empêchent l’Afrique d’entrer « dans le temps du monde », celui du développement industriel et de la démocratie, seuls objectifs existentiels capables de la sortir de l’ornière.
Alors, jeunesse d’Afrique, souvenez-vous de la célèbre phrase du 35e Président des États-Unis, John Fitzgerald Kennedy, comme si elle vous était adressée, tout au début des années d’indépendance, et qui disait : « Ne demande pas ce que ton pays peut faire pour toi, demande plutôt ce que tu peux faire pour ton pays. »
Alors, jeunesse d’Afrique, ne désespérez point. L’avenir de notre, de votre continent, repose sur votre volonté et votre lucidité.
Le monde traverse une période trouble avec les nouvelles guerres de colonisation (Ukraine-Russie), de libération de peuples et de territoires (Palestine-Israël) ; les problèmes environnementaux qui semblent insolubles tant les intérêts en jeu sont colossaux et inconciliables avec ceux du monde industriel et agricole ; les questions d’éthique, face aux prouesses de l’intelligence artificielle et de la bioéthique, les valeurs anti ou postchrétiennes, qui refondent le contrat social individualiste et libertaire en Occident.
Le monde unipolaire dirigé par l’Occident depuis la chute du mur de Berlin, l’éclatement de l’URSS et la montée inexorable de la puissance économique, financière, technologique et militaire de la Chine, sans parler de la volonté indépendantiste du « Sud global ».
En Afrique, l’on parle de désamour entre l’Afrique francophone et son ancien colonisateur, la France, par la naissance d’un nouveau souverainisme, théorisé, en premier, par des putschistes en treillis à la recherche d’un alibi, d’une légitimité populaire, ciblant les jeunes et soutenus par des opposants trop pressés de goûter au pouvoir.
Un souverainisme tantôt antisystème, tantôt panafricaniste. Deux notions, un tantinet, antinomiques. Un parfait oxymore tant le souverainisme est plus contrarié par des engagements internationaux et sous régionaux, pour ne pas dire, panafricanistes, que les soubresauts de relations bilatérales.
Si souverainisme veut dire autosuffisance agroalimentaire, tout le monde applaudit tout en sachant qu’aucun pays n’est autosuffisant dans tous les domaines, et que, même, sur ceux sur lesquels il l’est, des coûts de production non compétitifs, des équipements de stockage, de transport, de distribution, peuvent faire défaut. Alors, on fait quoi pour réguler tout ce bazar dans un marché mondial ouvert et libéral. On négocie, on s’approvisionne ailleurs, on subventionne, on fait du dumping, que sais-je encore, tout ce qui peut calmer le marché et apaiser les consommateurs à plus ou moins long terme.
Si souverainisme veut dire liberté totale dans chaque décision politique. Soit. Qu’est-ce qu’on fait de ses partenaires, de ceux de son camp politique, de ses amis ou camarades qui vous demandent un retour d’ascenseur sur des sujets délicats tout en promettant un appui ailleurs ? On fait quoi ? Des compromis et, parfois, même, des compromissions pour raisons d’État. C’est ce qu’on appelle aussi la « réalpolitique ».
Si souverainisme veut dire indépendance financière : n’avoir besoin ni de financements, ni d’accompagnement extérieurs, ou de façon très limitée, comment financer dès lors les énormes besoins de développement ? En s’appuyant sur la seule fiscalité locale ?
Le souverainisme, tel qu’il est décliné sommairement, semble aussi être une critique, un désaveu des anciens et plus récents dirigeants africains qui ont gouverné l’Afrique depuis l’indépendance. Je n’y vois qu’une présomption immodérée de compétence et de nationalisme.
Les anciens étaient moins préparés techniquement et disposaient de moins de ressources humaines qualifiées, mais ils ont posé tant bien que mal, les premiers fondements de nos États, avec beaucoup moins de marges de manœuvres, avec des coups d’État à n’en plus finir et l’apprentissage de la démocratie sous un « impérialisme électoral » pour parler comme Fanny Pigeaud et Ndongo Samba Sylla dans leur récent livre « De la Démocratie en Francafrique ».
À moins que ce dénigrement ne soit une tentative de retour en arrière idéologique dans un monde qui n’en a plus, dans un monde où même les anciens pays révolutionnaires communistes et socialistes pratiquent désormais « l’économie socialiste de marché », pour ne pas dire un capitalisme ou libéralisme teinté de dirigisme politique.
Le souverainisme devient ainsi une rengaine plus facile à utiliser à tout bout de discours, qu’à appliquer sans discernement. Pour l’instant, deux slogans sont sur la table : le premier, qui a cours chez les putschistes, consiste en un changement de parrain en remplaçant l’Occident (Europe-USA) par l’Orient (Russie et Chine) ; le second, chez les antisystèmes, imposer, instaurer plutôt, un partenariat gagnant-gagnant. Mais comme un partenariat ne s’impose pas, ce sera plutôt du donnant-donnant.
In fine, nous n’y voyons que des slogans politiques, qui galvanisent les foules, dans un espace géographique bien circonscrit, composé de quelques pays du Sahel en guerre contre le djihadisme islamique et qui se sentent abandonnés par l’Occident dans leurs combats, parce qu’ils ne comprennent pas que l’Occident ne supporte plus des pertes en vies humaines même dans les guerres qu’il déclenche.
Dans le camp des putschistes comme dans celui des antisystèmes, des diatribes sont lancées, çà et là, contre le franc CFA et la gestion des ressources naturelles et minières, qui semblent être leur levier de développement salvateur tant ils contribuent pour plus de 10 % au Produit intérieur brut (PIB) africain. Mais, est-ce suffisant ?
Ne soyons pas dupes. Le « gagnant, gagnant », qu’ils appellent de leurs vœux, ne pourra se vérifier que sur le terrain, pays par pays, contrat par contrat, minerai par minerai, en fonction du cours des marchés internationaux et des conditions géopolitiques du moment.
Sur ce plan aussi, la concurrence des pays et des continents joue à plein. Le Sénégal et la Guinée essaient depuis soixante ans d’exploiter leurs minerais de fer de premier ordre sans y parvenir. La meilleure manière de s’en tirer à bon compte est d’utiliser les mêmes leviers que nos partenaires avec autant de connaissances, de compétences et de confiance, sauvegardant les intérêts et l’attractivité des pays africains, tant les pays développés, consommateurs voraces de leurs mines, détiennent en même temps les technologies, les équipements, les financements et les marchés.
Non. Le souverainisme, tel que décliné en Afrique, par les putschistes en treillis et les néo-antisystèmes et, en Occident, par l’extrême droite européenne ou suprématiste blanc, reflète une attitude de victimisation s’appuyant sur un populisme grégaire et électoraliste en Afrique, nationaliste et ontologiquement raciste en Occident.
À entendre ces derniers, tous les maux de l’Occident viennent, entre autres, de l’immigration, puis de l’islamisme, enfin de l’Union européenne qui dicte ses lois aux États-nations. Quand, en Afrique francophone, ils mettent toute leur verve sur le dos de l’ancien colon, des institutions de Bretton Woods, etc. Autant de thèmes de campagne et de manipulation politique.
Seulement, en Afrique, les souverainistes se déclament panafricanistes de gauche et, en Occident, non-européanistes de droite ou d’extrême droite. En tout état de cause, il fallait décliner les contours et les limites d’un souverainisme, utilisés surtout par des extrêmes à gauche comme à droite.
Le grand dramaturge nigérian, Wolé Soyinka, avait répondu d’une boutade aux pères fondateurs de la Négritude : « Le tigre n’a pas besoin de proclamer sa tigritude, il bondit sur sa proie. » Non, je crains que ce slogan ne finisse par devenir un repoussoir, ne finisse par impacter l’attractivité des pays qui l’utilisent comme d’une idéologie populiste ressuscitée.
Dans d’autres cercles intellectuels, cependant, on interprète tout ce bouillonnement politique et sociétal comme un vent de désoccidentalisation. Mais, que mettent-ils dans ce concept :
Des aspects culturels pour un retour aux valeurs culturelles africaines traditionnelles. Lesquelles ? Opposées à quelles valeurs occidentales, sociétales, politiques, scientifiques et industrielles ?
Inventer, une autre culture de développement endogène, autocentré, une sorte d’écodéveloppement, comme théorisé il y a une quarantaine d’années, dans certaines grandes écoles occidentales, respectant les écosystèmes africains, adossé à de nouveaux paradigmes de développement. Là aussi, lesquels ?
Est-ce à dire qu’il ne faudrait implanter en Afrique que des industries propres, comme semble vouloir l’imposer la Banque mondiale, qui ne financerait plus que des industries écologiquement propres, donc, forcément, plus modernes techniquement et technologiquement et, par conséquent, plus coûteux et moins accessibles à nos faibles économies et environnements scientifiques.