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Dalhya, une jeune femme luttant contre la maladie, découvre un journal mystérieux révélant l’histoire émouvante d’Olivia, une femme aux prises avec les épreuves de la vie et de l’amour. À travers ces pages, Dalhya plonge dans un univers où les destins s’entrelacent, les secrets émergent et l’espoir jaillit des ténèbres. Entre rémission et découvertes, Dalhya et Olivia forgent des liens intemporels, délivrant une puissante leçon sur la force de l’amour et de la résilience.
À PROPOS DE L'AUTRICE
Ladie Lapie, atteinte d’un trouble d’apprentissage, a trouvé refuge dans la littérature dès son enfance, explorant des univers variés. Son amour pour la lecture l’a poussée à créer ses propres histoires. S’inspirant des anecdotes, récits et confessions de ses proches, ainsi que de ses propres expériences et émotions, elle transforme ces influences en récits personnels marqués par le courage et la persévérance.
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Seitenzahl: 190
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Ladie Lapie
L’écho des combats
Roman
© Lys Bleu Éditions – Ladie Lapie
ISBN : 979-10-422-3710-3
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Cette histoire commence en France, quelques mois avant la déclaration de la fin de la Seconde Guerre mondiale, survenue en septembre 1945. À cette époque, la quasi-totalité de l’Europe est encore sous le choc de l’impact immense et dévastateur causé par ce conflit entre les pays.
La population essaie de reprendre ses vies en pleurant ses disparus et en reconstruisant ses foyers. Beaucoup d’enfants naissent à cette époque sans la présence paternelle à leurs côtés, tout comme de nombreuses femmes deviennent veuves trop tôt à cause de la guerre.
Certains enfants orphelins de père sont les descendants des poilus, nom donné aux résistants français qui ont sacrifié leur vie pour leur famille et leur patrie. D’autres naissent dans d’autres circonstances, soit le fruit d’un viol subi par une Française par un nazi, soit le résultat d’une relation amoureuse secrète entre une Française et un Allemand qui, malgré leur pays en guerre, ont su voir la bonté dans l’âme de l’autre.
Malheureusement, beaucoup de ces naissances sont gardées secrètes, de peur des répercussions de la haine de personnes qui auraient été trop aveuglées pour comprendre l’innocence d’un enfant, qui n’a jamais eu son mot à dire sur les circonstances de sa conception ni sur l’origine de ses parents.
D’autres naissances sont considérées comme arrivant trop tôt par rapport à la misère qui règne dans les campagnes françaises, et les enfants sont tout simplement abandonnés à l’hôpital ou à d’autres familles plus aisées financièrement.
Sans doute, parmi toutes ces conséquences citées, l’une d’elles a involontairement condamné l’existence de la petite Olivia tout au long de sa vie.
Parfois, il faut tout simplement accepter que certains événements, auxquels nous ne sommes ni à l’origine ni mêlés, arrivent malgré tout à impacter considérablement notre vie sans que nous puissions y faire quelque chose. Ce fut le cas pour la pauvre Olivia.
Le dimanche 1er juillet 1945, la petite Olivia voit le jour pour la première fois au sein de sa maison, dans la chambre à coucher de sa mère, Marie. Celle-ci est encore affaiblie sur son matelas, les jambes écartées avec deux jeunes femmes en blouse blanche nettoyant et terminant les tâches de fin d’accouchement, essayant de rester sourdes aux cris de douleur de Marie.
L’infirmière qui tient le bébé dans ses bras veut le tendre à sa mère, mais celle-ci refuse de le prendre tout en demandant tout de même comment il va.
Les sage-femmes s’arrêtent quelques instants et tournent la tête en direction de la porte de la chambre où se trouve un petit garçon brun de presque trois ans, qui attend sagement. Elles reportent leur attention vers Marie, qui a également une chevelure brune encore plus marquée que le petit garçon.
Le bruit de raclement de gorge de l’infirmière indique aux deux sage-femmes de reprendre leurs tâches.
L’une des sage-femmes souffle à l’oreille de sa collègue l’éventualité d’appeler la petite Adolpha, en rigolant.
Marie, en entendant les murmures, se sent héritière de leurs cachotteries et leur demande de répéter leurs propos.
Un bruit de toc-toc se fait entendre à la porte de la chambre, puis la petite tête du garçonnet apparaît dans l’entrebâillement, attendant l’autorisation de s’approcher.
L’infirmière commence à se diriger vers le petit pour lui présenter Olivia, mais la voix forte de Marie l’interrompt.
Le petit sursaute de surprise et referme rapidement la porte en s’enfuyant.
Marie regarde l’infirmière avec un regard lui faisant comprendre qu’elle n’a pas à contredire ses décisions et se lève ensuite du lit, bousculant sur son passage les deux sage-femmes qui rassemblent les draps ensanglantés dans un panier.
L’infirmière pose Olivia dans un bassin où l’eau est tiède pour la rincer des résidus restant sur sa peau. La petite, détendue par la chaleur de l’eau, se blottit dans les mains qui la câlinent, et elle ouvre les yeux pour la première fois depuis sa venue au monde, ce qui permet de découvrir de magnifiques petites billes bleues emplies de reconnaissance.
L’infirmière, poursuivant ses soins à Olivia, observe avec une pointe de tristesse la détresse de Marie et le destin incertain qui attend le bébé. Elle comprend que les mots de Marie ne reflètent pas seulement son refus d’accueillir sa fille, mais aussi sa propre douleur et ses luttes intérieures.
Après avoir enveloppé Olivia dans des couvertures chaudes et improvisé un bonnet avec un morceau d’oreiller, l’infirmière la dépose délicatement dans le panier en bois que Marie a préparé pour elle.
L’infirmière regarde partir Marie, portant le petit panier au bout de sa main, sans un regard pour l’être respirant à l’intérieur, avec un pincement au cœur. Pour elle, c’est bel et bien de l’abandon.
Une fois Olivia seule avec les deux sage-femmes dans la pièce, celles-ci la regardent avec un mélange de tristesse et de perplexité devant la scène qu’elles viennent de vivre.
Hôpital, institut curie, université PSL, centre de traitement du cancer à Paris, juillet 2005
L’infirmière examina la jeune fille derrière elle, s’arrêtant sur la maigreur de ses joues et la noirceur de ses yeux, probablement dus à une fatigue persistante liée à ses mois de combat contre le cancer. Cette dernière pensée lui serra le cœur, mais elle reprit son chemin vers la chambre sans laisser transparaître la moindre émotion.
Arrivée à l’intersection d’un couloir, Dalhya, restée délibérément en retrait de quelques pas, accéléra légèrement le pas en remarquant que l’infirmière avait disparu de son champ de vision à l’angle d’un couloir. Dans sa précipitation pour reprendre le contact visuel avec la fameuse blouse blanche qu’elle suivait, Dalhya ne prit pas la précaution de regarder dans l’autre direction et ne put éviter le chariot qui arrivait à toute vitesse vers elle.
Le choc la fit tomber à terre, tout comme le chariot qui se renversa sur le côté, projetant tous les objets qu’il contenait. Une jeune femme non vêtue d’une blouse courut à toutes jambes en criant des excuses, les bras s’affolant au-dessus de sa tête.
Dans la violence de la collision, le contenu du chariot s’était mélangé aux affaires de Dalhya qui étaient sorties de son sac en bandoulière.
L’infirmière, à moitié vexée du refus d’aide et énervée de la maladresse de Rose, lui fit signe de la suivre après avoir réprimandé de nouveau Rose en lui indiquant de nettoyer le plus vite possible son bazar.
Elles marchèrent encore quelques mètres, ce qui fut un vrai supplice pour Dalhya, qui avait eu l’impression d’avoir parcouru entre le parking extérieur où elle était descendue du bus, jusqu’à là, l’équivalent d’un semi-marathon sans compter sa mésaventure qui se rappelait à elle par une douleur qui lui lancinait dans la hanche. L’arrivée à destination de sa chambre fut un soulagement pour elle.
L’infirmière prit congé une seconde après. Dalhya, quant à elle, releva la tête et examina l’intérieur de la pièce où elle résiderait pendant deux semaines selon les dires de son médecin. L’endroit était entièrement blanc, à l’exception d’une porte menant probablement à la salle de bain, peinte d’une teinte bleu pastel. Une petite télévision à écran plat, encore éteinte, était accrochée dans le coin supérieur gauche du mur. En face, une fenêtre rectangulaire était munie de barreaux à l’extérieur. Le sol, recouvert de linoléum gris clair, présentait quelques taches d’usure, probablement des résidus de vomissures des anciens patients, dans un état similaire à celui de Dahlya aujourd’hui.
Une commode blanche à quatre tiroirs était installée en face du lit, qui lui était typiquement celui d’un hôpital. De chaque côté du lit se trouvaient de petits meubles à une porte, servant probablement de chevets. Sur l’un d’eux se trouvait la télécommande, tandis que sur l’autre étaient posées une petite lampe et des brochures sans intérêt sur différentes méthodes de chimiothérapie que Dalhya avait déjà lues depuis longtemps.
La vue de la télécommande la fit sourire, car elle savait pertinemment qu’elle n’en aurait aucune utilité. Ce n’était pas qu’elle n’aimait pas la télévision ou qu’elle ne savait pas s’en servir, mais l’utilisation d’une télévision dans une chambre d’hôpital était une option payante, et ni sa mutuelle ni sa sécurité sociale n’avaient voulu prendre en charge cette option. Elle devait donc se résoudre à renoncer aux divertissements des programmes du petit écran faute de moyens financiers suffisants pour prendre en charge l’option elle-même.
Elle se leva et prit la direction de la salle de bain. L’endroit était plus petit que la chambre, mais le minimum était présent. En face de l’entrée se trouvait une douche partiellement cachée par un vieux rideau blanc calcaire, retenu au plafond par une barre en PVC devenue jaune pisse au fil des années. Sur la gauche de la porte se trouvait un petit lavabo dépourvu de miroir, une décision qui, au fond, lui semblait judicieuse. Elle se dit que personne n’aurait envie de voir les dégâts des traitements mêlés à la fatigue se refléter sur un miroir, surtout lorsqu’on serait dans le même état qu’eux, qu’on le veuille ou non. À droite était installée une petite toilette toute blanche, surmontée d’une réserve de papiers absorbants rangés dans un petit meuble également blanc.
Elle pensa que l’excès de réserve d’absorbants n’était pas là sans raison, qu’elle en aurait sûrement besoin plus qu’elle ne le pensait. Cette pensée lui fit parcourir un frisson dans l’échine de son corps. Elle savait pourquoi elle était là, elle l’avait accepté et elle était prête à combattre cette maladie une bonne fois pour toutes. Mais elle avait également extrêmement peur que son corps ne puisse pas suivre le combat qu’elle comptait mener. Depuis plusieurs mois, son corps avait énormément changé : elle avait perdu une dizaine de kilos en peu de temps, ses cheveux tombaient par poignées à chaque douche qu’elle prenait, et elle ressentait davantage l’impact que pouvaient avoir les chutes, les coups et les bousculades de la vie sur son métabolisme. Elle se demandait si son propre corps aurait la capacité de poursuivre ce combat avec elle, si le mental et le physique tiendraient ensemble jusqu’au bout.
Le bruit d’un toc à la porte extérieure la fit sortir de ses pensées et la fit vite reprendre place assise en tailleur sur le lit, exactement au même endroit que lors de son arrivée dans cette chambre.
Un homme en blouse blanche entra dans la pièce, un sourire aux lèvres. Il était grand, mais son physique était mince pour sa taille. Ses cheveux grisonnants encadraient un visage bienveillant. Il tenait un dossier de couleur marron clair dans sa main, quelques feuilles en dépassaient, remplies d’écritures trop petites pour être lues facilement.
Le docteur regarda sa patiente avec un soupçon de tristesse dans les yeux. Il connaissait Dalhya depuis presque deux ans. Elle était venue dans son service après un malaise survenu au lycée. Après des analyses et des IRM, ils avaient découvert des taches sombres logées dans ses poumons, confirmant un cancer de stade deux, nécessitant des soins urgents. Pendant presque un an, tout se passa bien. Le foyer où résidait Dalhya prenait en charge ses soins, mais le drame survint lorsque Dalhya fêta ses dix-huit ans. Elle devint majeure et responsable d’elle-même, et le foyer la retira de leur couverture d’assurance santé sans ménagement. Le docteur Mimosa ne pouvait se résoudre à laisser Dahlya sans soins. Il utilisa son titre au sein de l’académie de médecine et les services juridiques de l’hôpital pour trouver une solution. Il finit par compléter lui-même le financement des frais que Dalhya ne pouvait pas payer, refusant de laisser une jeune fille mourir par manque de ressources.
Dalhya, bien sûr, n’était pas au courant de cet accord entre l’hôpital et le docteur Mimosa. Ce dernier voulait garder cela secret, sachant qu’elle n’aurait jamais accepté une telle offre. Elle pensait être couverte par une assurance d’État gérée entièrement par les services hospitaliers, prenant en charge ses traitements et son séjour ici.
Dalhya pensait réellement ce qu’elle venait de dire, elle lui faisait entièrement confiance. Elle ne le connaissait que depuis peu de temps, mais il l’avait sauvée non pas une, mais deux fois. Personne n’avait pris soin d’elle comme il l’avait fait. Le foyer où elle avait grandi l’avait lâchement abandonnée, alors qu’ils la connaissaient depuis son plus jeune âge. Elle avait été abandonnée sur les marches du perron du centre pour jeunes qu’on appelait tous « le foyer », et ils l’avaient recueillie. Dalhya n’aurait jamais pensé qu’ils puissent l’abandonner aussi rapidement lorsqu’elle atteindrait l’âge adulte, et surtout dans son état, mais c’était la loi. Elle devait partir pour pouvoir laisser la place à un autre enfant dans le besoin. Du jour au lendemain, elle s’était retrouvée à la rue, avec juste son sac devant elle et les quelques affaires personnelles qui lui appartenaient.
Le docteur Mimosa n’avait pas perdu espoir, et grâce à lui, elle avait pu être hébergée au sein de l’hôpital pour pouvoir suivre ses soins dans le calme. Ce qui n’aurait pas pu être réalisable là où elle dormait depuis quelques nuits après son expulsion du foyer. Elle avait trouvé une place dans une maison abandonnée où une sorte de gang de squatteurs menait sa loi. La chance qu’elle a eue pour être acceptée facilement au sein de leur tribu était qu’ils étaient tous dépourvus ou limités dans leurs capacités de lire et d’écrire. Ainsi, elle avait conclu un accord avec eux : elle passerait quelques nuits à l’abri chez eux contre de l’aide pour remplir leurs divers papiers ou pour leur lire les affiches portant leurs photos avec des mots inquiets de leurs familles. Elle avait séjourné une semaine avec eux, jusqu’à ce que Mimosa la retrouve sans qu’elle sache comment, pour lui annoncer l’excellente nouvelle de sa prise en charge. Le gang lui avait promis de venir la voir pour la soutenir, mais elle n’avait nullement cru à leurs promesses, sachant le danger que serait leur présence dans un lieu bondé de médecins et d’agents de sécurité pour des jeunes avec des avis de recherche aux fesses. Malgré tout, elle avait été reconnaissante pour leur soutien.
Elle sortit les quelques affaires qu’elle avait de son sac pour les disperser sur les deux tables de chevet : son portable à l’écran cassé, qu’elle mit en charge, sa boîte de tampons qu’elle alla mettre dans la salle de bain avec sa trousse de maquillage, et un paquet de gâteaux qu’elle déposa sur le lit. Puis, elle sortit la pile de livres qu’elle avait prise pour s’occuper l’esprit. Avant de partir du foyer, elle avait réussi à chaparder une vingtaine d’ouvrages de la bibliothèque du salon. Elle adorait la lecture et voulait en avoir en toutes circonstances. Aujourd’hui, elle n’avait pris que quatre livres, ne pouvant porter le poids d’une vingtaine de livres sur elle. Les autres étaient restés au squat. Elle avait interdit à quiconque de les abîmer, salir ou vendre, en promettant de revenir les chercher à sa sortie.