L’origine du monde - Silvio Catanoso - E-Book

L’origine du monde E-Book

Silvio Catanoso

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Beschreibung

Une quinzaine de bébés est placée en un lieu clos. Ils y resteront des années. Parmi eux, deux êtres que tout oppose. L’un est lumineux, incarnant la bonté même ; l’autre est sombre, représentation du mal absolu. Pourtant, contre toute attente, une solide amitié va naître entre eux. Devenus adultes, un immense défi attend Gody et Diaby : créer un monde nouveau !


À PROPOS DE L'AUTEUR


Très jeune, Silvio Catanoso s’est constitué un univers littéraire à partir de ses nombreux voyages et des lectures de son enfance. Fasciné par le fantastique, il s’intéresse aux mythes et aux contes du monde entier. Après Le voyageur du temps, L’origine du monde est le second roman qu’il publie.

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Silvio Catanoso

L’origine du monde

Roman

© Lys Bleu Éditions – Silvio Catanoso

ISBN : 979-10-377-9121-4

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Amour et déraison

Les deux dirigeants s’étaient donné rendez-vous au bureau central. L’heure convenue était idéale. Avec les décalages horaires, cela signifiait midi pour l’un et minuit pour l’autre. Oui, vraiment c’était idéal. Une des portes des deux ascenseurs s’ouvrit : le blanc.

Comme à son habitude, celui que ses employés appelaient le Patron en sortit avec son premier collaborateur. Il était toujours en avance. Quelques instants plus tard, la porte de l’ascenseur noir s’ouvrit. Le Président, chaussé de ses lunettes de soleil en sortit avec sa collaboratrice en chef. Les deux hommes ne s’adressèrent pas la parole. Ils se dirigèrent vers l’immense entrée qui donnait sur leur bureau commun. Ils posèrent chacun une main dans un renfoncement de chaque côté de la porte principale : la droite pour le Patron. La gauche pour le Président. La porte s’ouvrit d’elle-même. S’adressant aux deux collaborateurs, le président leur dit :

— Qu’on ne nous dérange sous aucun prétexte.

Les quatre personnes en présence savaient bien que cette précaution était inutile. Ils étaient les seuls à connaître l’existence de cet endroit.

Quand les deux hommes furent entrés, la porte se referma.

Dans le hall, un silence s’installa. Au bout de quelques secondes, les deux collaborateurs tendirent l’oreille. Le calme régnait. Ils se rapprochèrent l’un de l’autre, sans un mot puis, s’enlacèrent.

— Lucie, tu m’as tellement manqué.

— Toi aussi, Gaby.

Ils s’embrassèrent avec passion. Comme à chaque fois qu’ils se retrouvaient et qu’ils échangeaient un baiser, Lucie brûlait de tout son être. Elle sentait une vague de chaleur envahir son corps. Entre deux rencontres, elle se consumait littéralement d’amour.

C’était encore plus spectaculaire pour Gaby. À chaque fois qu’il tenait sa bien-aimée dans ses bras, un halo luminescent entourait son corps. S’il ne la tenait pas si fort il se serait mis à flotter dans l’espace. L’amour lui donnait des ailes.

Après un long moment, Lucie le repoussa tendrement et lui dit :

— Laisse-moi te regarder, tu es resplendissant.

Elle le détailla avec passion. « Il est tellement beau », se dit-elle.

Gaby la dépassait d’une bonne tête. Il avait de longs cheveux blonds bouclés qui lui retombaient sur le dessous de la nuque. Son visage, bien que masculin, était d’une finesse incroyable : un nez droit, des lèvres bien dessinées. Un front haut et lisse. Un menton exempt de poil avec une petite fossette qui rendait Gaby encore plus attirant. Il avait des yeux bleus avec de très grands cils. Son sourire la rendait folle de désir. On lisait sur son visage une empathie sans borne. Ses yeux se posèrent sur ses mains. Elles étaient longues et fines et elle se rappela combien elles étaient douces. Il portait la tenue réglementaire de sa compagnie. Une aube blanc immaculé. C’était une tenue légère et vaporeuse. Il ne portait rien dessous. Rien que d’y penser, une vague de chaleur traversa son corps déjà brûlant.

Pendant qu’elle le regardait, Gaby pensa à leur première rencontre. Tout comme ce jour béni, il la trouvait exceptionnelle, unique. Elle était d’une beauté fabuleuse. Ses longs cheveux noirs comme un geai cascadaient jusqu’au creux de ses reins. Son visage, ses mains, son corps étaient d’un blanc diaphane. Ses lèvres, pulpeuses, étaient rouge vif. Ses grands yeux noirs étaient une merveille. Lorsqu’elle souriait, on découvrait deux rangées de perles d’une blancheur éclatante. Son corps était la perfection même. Bien que menue, ses proportions étaient parfaites. Tout chez elle n’était qu’harmonie. Elle portait, elle aussi la tenue réglementaire de sa société. Toute de noir vêtue. Cependant, avec l’accord de son président, sa taille fine était mise en valeur par une ceinture rouge.

— Qu’elle est belle ! se répéta Gaby.

Il lui prit la main.

— Nous ferions mieux de nous asseoir, ils en ont pour des heures.

— Tu as raison, quand ils sont ensemble, c’est comme si le temps s’arrêtait.

Ils se dirigèrent vers un grand sofa posé entre les deux ascenseurs. Ils s’installèrent confortablement. Lucie prit la parole :

— Tu ne trouves pas ce projet complètement fou ?

— Je suis bien de ton avis, mais, vois-tu, je crois qu’il n’y avait pas d’autre choix. C’était ça ou ils se seraient entretués. Ils sont venus à bout de toutes les épreuves. Ce sont les deux derniers géants. Avec ce projet, la Société et la Compagnie vont se partager le monde.

— C’est vrai, malgré leurs différences, leurs nombreux désaccords, leurs caractères ombrageux et leur égocentrisme, il faut leur reconnaître ceci : ils s’estiment et s’apprécient au-delà de toutes ambitions personnelles.

Gaby semblait rêveur.

— Je me demande bien comment deux êtres aussi dissemblables peuvent s’entendre aussi bien sur l’essentiel. C’est un miracle !

Lucie rit de bon cœur.

— Je t’adore, mon ange.

Gaby se redressa, très fier.

— Archange, j’ai eu une promotion.

Lucie adopta la même posture.

— Diablesse en cheffe.

Ils se mirent à rire à l’unisson puis s’embrassèrent de nouveau.

C’était diablement divin.

Le bureau

Les deux hommes avaient leurs habitudes. Ils n’avaient pas à se parler pour se comprendre parfaitement. Pendant que le Président prenait deux verres, le Patron choisissait un Scotch de 20 ans d’âge. Chacun disposa sur la table basse ses apéritifs préférés : Des chips aux piments rouges pour l’un et des olives vertes pour l’autre. Quelques cacahouètes et des gâteaux salés. Deux glaçons pour le Patron, rien d’autre pour le Président qui le préférait sec. Ils ouvrirent une boîte de cigares et en prirent chacun un. Chacun d’eux le porta près de son oreille et le fit rouler entre ses doigts. Satisfait, le Président ouvrit une boîte d’allumettes, en craqua une et alluma son Havane. Il tendit celle-ci au Patron qui alluma le sien. Assis dans un grand fauteuil capitonné, ils tirèrent presque simultanément une première bouffée. Avec une parfaite simultanéité, ils rejetèrent la fumée dans un soupir de contentement. Avant de prendre la parole, ils se contentèrent de ce moment de silence. Depuis combien de temps n’avaient-ils pas eu un moment à eux ? Ils avaient travaillé dur. Tout en faisant des cercles de fumée, chacun regardait autour de lui. Ce qu’ils appelaient le bureau était en fait une grotte. Une caverne plus exactement. Ils l’avaient simplement aménagée d’une table de travail, de deux fauteuils et d’un bar. Au centre trônait un petit guéridon sur lequel il y avait un téléphone rouge. Une porte blindée et sécurisée en permettait l’unique entrée et sortie. Le Patron prit la parole :

— Tu te souviens, Diaby ?

— Je me souviens parfaitement, Gody.

Ils ne s’appelaient que par leur surnom. Le Patron reprit.

— Que de souvenirs ! Quelle évolution depuis cette époque !

— Pour ça oui ; qui l’aurait dit ?

Une réelle émotion submergea les deux hommes. Tout avait commencé dans cette grotte. En dehors du mobilier et de quelques tapis au sol, elle était restée telle quelle. Haute de plafond, mais avec un sol étonnamment lisse. Ils en connaissaient les moindres coins et recoins et pour cause : Ils y étaient nés.

La remontée dans le temps

Enfin pas tout à fait !

On les y avait déposés immédiatement après leur naissance, avec une quinzaine d’autres bambins. Bien sûr, ils ne s’en souvenaient pas, mais ils l’avaient toujours su. Aucun des petits en présence ne sut jamais qui étaient leurs parents ni qui les avaient emmenés dans ce lieu. De plus, pendant des semaines, ils restèrent aveugles. De toute façon, la grotte était sombre. On les avait déposés, au centre de celle-ci, au fond d’un « nid » constitué d’une sorte de coton filandreux. Ils se serraient entre eux pour avoir encore plus chaud. La plupart du temps, ils dormaient. Quand ils se réveillaient, ils étaient nourris d’un liquide qui semblait tomber du ciel, au goutte-à-goutte. Ainsi, il suffisait aux petits d’ouvrir toute grande la bouche pour se remplir l’estomac. Après cela, tout ce petit monde se remettait à dormir jusqu’à la prochaine distribution.

Très peu de nouveau-nés pleuraient entre deux réveils. Ils se contentaient de se tourner sur eux-mêmes. Les seuls cris qu’on entendait, c’était quand un bébé donnait un coup de pied à son proche voisin. Un temps, qu’il est difficile d’estimer se passa avant que la « couvée », dans son ensemble, puisse y voir. Diaby avait toujours soutenu à Gody qu’il avait été le premier à ouvrir les yeux. Gody n’en croyait pas un mot, mais il ne l’avait jamais contredit. Au début, ils ne voyaient pas bien loin. Non seulement leur vue était limitée, mais en plus, les lieux leur semblaient si grands et tellement sombres. Lorsqu’arrivait le moment de se nourrir, il leur était impossible de savoir qui faisait tomber les gouttes dans leurs bouches affamées. Et puis un jour, sans comprendre évidemment, ils étaient encore si petits, ils virent.

Au-dessus de leurs têtes, au plafond, il y avait des stalactites. Celles-ci, au nombre de quinze, se trouvaient au centre de la caverne. À heures régulières, une lumière frappait de plein fouet les stalactites qui se mettaient à transpirer sous l’effet de la chaleur. Au bout d’un moment, celles-ci gouttaient ; alors les petits ouvraient grand leur bouche et s’alimentaient. Le liquide laiteux qui les sustentait pendant leurs deux « tétées » était très nourrissant. Il était constitué d’éléments nutritifs qui leur permettaient de se développer.