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"La justice des morts" explore trois nouvelles histoires qui remettent en question la signification des relations humaines. Elles réexaminent la façon dont les hommes et les femmes perçoivent la fin de leur vie à travers diverses cultures. Ces récits mettent en lumière le fait que le sentiment de paix intérieure et d’amour apporte du bonheur aussi bien aux vivants qu’aux défunts.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Martial Alexandre Bossis a toujours aimé l’odeur qui se dégage quand on ouvre un livre. Pour lui, l’écriture est une thérapie que lui avait suggérée son épouse afin de partager son vécu. Souffrant de la PSP – Paralysie supranucléaire progressive –, cette activité lui permet ainsi de s’accrocher sans jamais baisser les bras.
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Martial Alexandre Bossis
La justice des morts
Livre II
Roman
© Lys Bleu Éditions – Martial Alexandre Bossis
ISBN : 979-10-422-1854-6
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Toute ressemblance avec des personnages existants ou ayant existé serait purement fortuite et ne pourrait être que le fruit d’une pure coïncidence.
Voici le deuxième volume – si je peux me permettre de dire – de ces histoires consacrées à la mort. Mais je dois avant tout dédier, non pas la 4e histoire, ni la 6e, mais bien la 5e histoire à cet humoriste qui vient de nous quitter le 1er juin dernier. Je veux bien sûr parler de Guillaume Bats, oui tout ça pour avoir nommé le héros de cette sombre histoire Jean Sébastien Bats, et ce bien avant que celui-ci nous quitte pour un monde meilleur, c’est du moins ce que l’on se dit pour se sentir mieux, comme pour soulager notre conscience en quelque sorte.
J’espère que cela ne va pas vous perturber ni vous empêcher d’apprécier ces trois nouvelles histoires, et comme je l’ai déjà dit dans le volume précédent, je vous souhaite une excellente lecture dans les noirceurs de la mort, avec son lot de surprises…
Au jardin de l’avocat, un procès est un arbre fruitier qui s’enracine et ne meurt pas.
Une belle mort anoblit toute une vie.
Proverbe italien
Rome, 7 mai 1999, ce jour-là, la miss météo de la Rai News 24 annonçait quelques pluies éparses sur tout l’ensemble du pays. Cela chagrina quelque peu la très séduisante avocate Francesca Loren. Celle-ci n’avait vraiment aucun lien de parenté avec l’immense actrice Sophia Loren, qui, elle, était née ici à Rome contrairement à Francesca qui venait d’un tout petit village appelé Margherita di Savoia. Ce lieu était tout proche de Barletta dans la région de Pouilles dont la mer Adriatique était pour ainsi dire sa source d’énergie, surtout avec ses 24° l’été. Elle se dit qu’elle y retournera sûrement cet été, soit en juillet, soit en août, cela dépendra bien sûr des disponibilités de son mari Giancarlo Torini, qui travaillait aussi comme avocat, mais comme avocat fiscaliste, puisque lui-même avait choisi le droit international. Tandis que Francesca avait préféré se tourner vers le droit pénal qu’elle avait pratiqué durant sa formation. Juste après avoir étudié tous deux à la LUISS, qui est l’une des premières grandes universités privées de Rome. C’est même dans cette fac de Rome qu’ils s’étaient rencontrés pour la première fois et qu’ils s’étaient aimés, il y a de cela 23 ans déjà.
Parce que ce vendredi 7 mai, Francesca devait se rendre absolument à la grande bibliothèque centrale juridique avant qu’elle ne ferme ses portes, jusqu’au lundi matin. Du coup, celle-ci essaya de se persuader, surtout ne me demandez pas comment, car je ne saurais vous répondre, qu’avec ce temps pluvieux, elle irait beaucoup plus vite, si elle prenait les transports, au lieu de prendre sa voiture. C’était une Fiat Abarth 500 de 1965 de couleur verte que lui avait donnée son père Umberto Loren, le jour de ses 20 ans.
Même si celle-ci était toute petite, elle ne trouverait pas de place dans les transports, même à cette heure-ci et, encore bien moins la veille d’un week-end. Mais comme cette grande bibliothèque se trouvait à la sortie de Castro Pretorio, une station de la ligne B du métro de Rome qui doit son nom à sa proximité avec cette antique caserne de la garde prétorienne, Francesca choisit quand même de s’y rendre en prenant les transports en commun. Il lui fallut marcher de plus en plus vite. En effet, la pluie tant redoutée par celle-ci, qui avait même oublié de prendre son parapluie, qui était resté posé sur la plage arrière de sa voiture, commençait déjà à tomber abondamment. Cet après-midi-là, elle dut courir très vite en évitant bien sûr toutes les flaques d’eau, qui se trouvèrent légèrement trop nombreuses, surtout en cette période très chaude de l’année où habituellement la pluie ne tombait que la nuit, mais juste pour pouvoir rafraîchir les murs, le bitume, et encore. Elles étaient principalement sur le chemin du 15a Viale Giustiniano Imperatore où elle vivait avec son mari dans un luxueux et gigantesque appartement, qu’ils appelaient « il nostro nido d’Amore », qui en français voulait dire « notre nid d’amour ». Ce « bellissimo nido d’Amore » avait également une grande terrasse faite d’oliviers, ainsi que de superbes plantes vertes qui étaient au 7ᵉ étage de cette tour moderne. Ces flaques s’étendaient jusqu’à la toute première station de métro.
Ainsi elle partit en direction de la basilique Saint-Paul-hors-des-murs pour y prendre le métro jusqu’à la 7ᵉ station qu’était Castro Pretorio.
Cette très jolie avocate de 45 printemps était très loin de faire son âge physiquement. Elle se sentait même un peu rouillée tant par toutes ces années de labeurs où elle passa pratiquement une demi-vie à cavaler de tribunal en tribunal, que par celles qu’elle passa également à jongler entre son mariage qui commençait très sérieusement à battre de l’aile et son dévouement total à vouloir défendre des personnes qui n’en valaient probablement pas le coup.
Ce malgré le temps que la miss météo avait annoncé un peu plus tôt à la télévision, elle arriva à la station de métro Basilica San Paolo, avec les cheveux tout trempés ainsi que sa gabardine beige clair. Mais heureusement pour elle, son porte-documents rouge et les deux livres qu’elle devait ramener à la bibliothèque juridique, avait pu être sauvés des eaux, comme Boudu, si j’puis dire.
Elle descendit dans ce qu’elle appelait la « tanga del diavolo », ou la tanière du diable, si vous préférez, car elle disait que seuls les insectes avaient été créés pour y vivre si profondément, alors que nous, nous étions faits pour vivre sur cette terre et non pas sous elle. C’est à l’intérieur de ce long couloir qui menait à la rame de son métro que Francesca aperçut un homme qui marchait six bons mètres devant elle. Il semblait peiné à garder l’équilibre. Elle a aperçu le faisceau argenté de la lame d’un couteau qu’il tenait de la main gauche. Mais quand elle voulut crier, ce fut trop tard, il venait de poignarder une femme. Soudainement, des pleurs et des cris, horrifiés venant d’autres usagers, créèrent une telle panique générale, qu’elle ne put le suivre du regard ! Une femme d’une cinquantaine d’années gisait là, devant elle, allongée dans une mare de sang. Les secours alertés par les badauds accoururent vers celle-ci, mais, malheureusement, ils ne purent que constater son décès.
Francesca qui fit explicitement le signalement de l’individu aux cinq policiers du métro leur laissa sa carte professionnelle puis elle leur expliqua qu’elle devait se rendre à la grande bibliothèque centrale juridique, juste avant que celle-ci ne puisse fermer ses portes. Elle leur dit que le lendemain matin, aux toutes premières lueurs du soleil, elle avait un grand rendez-vous au Tribunal de grande instance de Rome, pour une présentation orale, avec tous les arguments en faveur, d’un accusé. « Oui, c’est une plaidoirie en quelque sorte », lui répondit le plus gradé des cinq policiers. Ces propos la firent sourire, ne serait-ce qu’un court instant. Elle tourna les talons ensuite et elle repartit dans la direction de son train, qu’elle arriva tout de même à prendre. La voilà ainsi assise confortablement dans cette rame de métro tout en se repassant la scène cruelle que cet homme avait commise, là, sous ses yeux. Elle regretta qu’il soit parvenu quand même à se volatiliser, en profitant de tout ce tohu-bohu, qu’il avait créé en commettant cet homicide, totalement gratuit. Cette pensée la rendit nerveuse, parce qu’elle ne pouvait pas rester en place.
En effet, elle scrutait du regard tous les hommes qui montaient et descendaient du wagon à chaque arrêt de celui-ci. Cependant, elle venait enfin d’arriver à sa destination, puisque l’annonce des haut-parleurs du métro venait de confirmer que la station Castro Pretorio était bien la suivante.
Francesca Loren attendit quelques secondes, puis dans un moment de panique, elle sortit en bousculant tous les autres usagers juste avant que les portes de celui-ci ne se referment et c’est une fois dehors qu’elle reprît pour ainsi dire son souffle.
Elle regarda une toute dernière fois derrière elle, surtout pour se rassurer qu’on ne la suivait pas.
Voilà qu’elle arriva enfin devant cette très vieille et très belle bibliothèque toute tranquille, et sans même se presser.
Était-ce sa manière à elle de pouvoir décompresser, ou elle se disait juste oh et puis merde, je verrais bien là-bas, en parlant de la bibliothèque.
Mais une fois devant celle-ci, elle essaya d’y entrer en poussant la lourde porte, avec dans la main gauche les deux livres qu’elle s’était pourtant promis de rapporter dans les 72 heures après le prêt de ceux-ci. En voyant que l’un des trois gardiens de cette très ancienne bibliothèque venait dans sa direction, tout en lui faisant de grands signes qui semblaient vouloir lui dire, que c’était fermé, elle s’exclama : « mais non ! Ce n’est pas possible ! » alors que celui-ci arrivait à sa hauteur.
« Je devais les rendre ce jour », lui dit-elle, en usant de ses charmes bien entendu, et surtout en lui contant toute sa journée qui fut pleine de péripéties.
C’est comme ça que ce très jeune gardien lui ouvrit quand même la porte, pour que celle-ci y dépose ces deux livres qui appartenaient bien à la grande bibliothèque centrale de Rome.
Quand son téléphone Nokia 5210 se mit à vibrer, elle le sortit alors de son sac à main. C’était son mari Giancarlo qui lui laissa un message, dans lequel il lui expliqua qu’il ne rentrerait pas ce soir : Encore un de plus, se dit-elle parce qu’elle en avait pris l’habitude.
Francesca savait bien au fond d’elle que celui-ci entretenait une liaison amoureuse avec l’une de ses clientes depuis trois ans déjà, et même secrètement ! Il s’était toujours bien caché de lui dire, qu’il y avait une autre femme qui partageait sa vie. Elle l’avait d’ailleurs découvert un de ces soirs d’hiver en regardant sur son compte bancaire où elle découvrit plusieurs virements effectués pour le compte d’un hôtel à Viterbo qui était une ville, qui se trouvait à seulement 100 km de Rome.
Francesca l’accepta quand même, parce que lors de leur mariage, un samedi 14 juin 1980, ce bel et brillant avocat Giancarlo Torini, alors âgé de 27 ans, lui avait dit « oui ». Dès lors, il lui avait passé la bague au doigt, et il lui avait juré, tout comme elle, d’ailleurs, fidélité. Elle s’était dit à ce moment-là que ce serait pour la vie, que ce serait son seul et unique amour, comme rêvent les jeunes filles.
Mais, il est évident qu’en réalité, aujourd’hui, elle s’en voulait réellement de lui avoir fait ce vœu stupide. À vrai dire, elle le trouva même absolument absurde puisqu’il signifiait qu’elle devait de le chérir pour le meilleur, mais également pour le pire.
Elle a alors commencé à rire très fort. Mais, ce ne fut qu’un instant très bref, parce qu’elle se mit en tête, que c’en était réellement bien fini pour elle, aujourd’hui. Oh ! Non pas de l’amour, bien entendu, car elle était toujours très désirable pour son âge. Elle pensa ne plus pouvoir reprendre les transports en commun, surtout après ce qui était arrivé malencontreusement à cette pauvre femme dans le couloir de cette station Basilica San Paolo. Elle se décida à rentrer, en utilisant ce qu’elle jugea le moyen de locomotion le plus sûr, et le plus coûteux aussi.
Mais tant pis, se dit-elle. Voilà que trente minutes plus tard, un taxi la déposa devant chez elle. Une fois qu’elle ouvrit la porte d’entrée de ce très luxueux appartement, et après s’être enfermée, elle se déshabilla, seule, mit un jogging, seule, puis elle alla dans son salon, toujours seule. Elle ouvrit le bar et se servit un grand verre de chianti. Eh oui ! Parce que là, et seulement là, où après s’être carrément allongée le plus confortablement dans son sofa, elle se sentit terriblement bien seule, avec son verre de chianti à la main.
Francesca se mit à pleurer toutes les larmes de son corps.
Était-ce dû à sa journée qui fut véritablement éprouvante pour elle, ou alors tout simplement au fait que celle-ci ne se voyait pas vivre toute seule sans Giancarlo, son mari volage ? C’est au petit matin qu’elle avait fini par s’endormir tout habillée, avec son jogging, tenant toujours à la main son verre duquel elle avait ramassé, avec son doigt, les dernières gouttes de ce délicieux chianti.
Elle fut ainsi réveillée par son radio-réveil, qui était posé sur la table de nuit de sa chambre à coucher et dont le son avait été mis au maximum, parce qu’elle n’était pas du tout du matin.
C’est dans un sursaut que cette avocate se leva expressément, en laissant tomber son verre qui se brisa en mille morceaux, pour aller baisser le son de ce maudit radio-réveil qui diffusait « L’Aurora » d’Eros Ramazzotti. Elle regarda alors l’heure, que celui-ci afficha : 7 h 20.
« Ho ! mince », marmonna-t-elle, tout en se dirigeant vers la douche, en laissant la musique, qui diffusait ce jour, une spéciale dédicace de cet immense chanteur.
Juste après, elle enfila un tailleur gris anthracite, elle se dirigea ensuite vers la cuisine, tout en regardant près du sofa, les bris du verre qui jonchait le sol. Elle se dit : « je verrai tout cela en rentrant ce soir » puisque pour l’heure, elle n’en avait vraiment pas le temps. Francesca prit sur le pouce, son double café, ainsi qu’un kiwi jaune, quelques abricots et bien sûr son yaourt au bifidus. Ainsi, elle sortit de son appartement, après avoir pris son porte-documents, en cuir grainé souple de couleur rouge qui contenait toute la défense de ce client qu’elle devait présenter ce matin devant le très charismatique juge Guiseppe Bariosso ! Ce dernier était en fonction depuis maintenant six longues années.
Les compétences juridictionnelles de celui-ci n’avaient plus rien à prouver aujourd’hui, parce qu’il avait enfermé des criminels qui se disaient tous innocents. Francesca savait très bien que ce procès était peine perdue pour son client. Mais c’était son devoir de pouvoir le défendre corps et âme, exactement comme ceux qu’elle défendait avec courage et détermination, professionnellement bien entendu, malgré ses propres convictions qu’ils étaient tous déjà coupables avant même qu’ils soient appelés à comparaître à la barre et de jurer sur la sainte Bible.
Quand elle arriva avec sa petite auto, elle alla se garer dans cet immense parking public, qui se trouvait juste à côté de ce tribunal de grandes instances, puis elle se dirigea vers la porte de sortie.
C’est alors que soudainement, celle-ci sentit bien la présence de deux individus qui la suivaient. Elle fut prise de paniques, alors, elle se mit à courir, mais un bras l’agrippa, puis la projeta au sol.
Alors qu’elle tombait sur le bitume, elle leva les yeux, et là, elle vit dans le regard du plus grand de ces deux agresseurs, que c’en était fini pour elle. Dans un ultime moment de survie, elle se releva instantanément, puis face à lui, elle le griffa au visage très profondément. Elle tenta de prendre la fuite, mais l’autre agresseur sortit alors un révolver de sa poche et il lui tira deux balles dans le dos.
Francesca s’écroula alors au sol, face contre terre. Une mare de sang fit ainsi son apparition sur le sol vert clair, coulant probablement de sous le corps de cette avocate.
Les deux coups de feu résonnèrent tellement fort que l’écho de ces tirs se fit entendre dans tout le parking. Des personnes lambda qui se trouvaient à proximité de leur emplacement remarquèrent, tout au bout du parking, que ceux-ci venaient vraisemblablement rechercher leur voiture.
Les deux individus cagoulés coururent dans leur direction quand tout à coup, à mi-chemin, ces deux-là s’arrêtèrent net, parce qu’un troisième homme les attendait dans une grosse voiture toute noire, genre Land Rover. Ils montèrent à l’arrière sans pouvoir être vus, car ce gros véhicule avait des vitres teintées. Ils sortirent ainsi du parking tous les trois, le plus librement du monde.
Les secours, alertés par le poste de sécurité du parking, arrivèrent peu de temps après, malheureusement un chouya trop tard, parce que l’avocate était dépourvue de tout signe de vie. Finalement, ils ne lui furent d’aucun secours.
C’est pour cela d’ailleurs que Francesca Loren fut ainsi transportée directement à la morgue de l’institut médico-légal de Rome.
Pendant ce temps-là sur place, le parking fut identifié comme étant le lieu d’un homicide et fut fermé au public, jusqu’à nouvel ordre.