Le bal du chat noir et autres récits - Anne-Marie Caria - E-Book

Le bal du chat noir et autres récits E-Book

Anne-Marie Caria

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Beschreibung

"Le bal du chat noir et autres récits" vous transporte dans le nord de la France, puis au cœur d’une petite ville tunisienne, ensuite à Barcelone, après à Prague, sans oublier de vous faire voyager avec des vaches volantes, et même dans un ascenseur ! Amoureuse des chats, les petits félins ne sont pas en reste, ici comme dans tous les précédents ouvrages d’ Anne-Marie Caria.

À PROPOS DE L'AUTRICE

Quand Anne-Marie Caria ne peint pas, elle écrit ; les mots se bousculent dans sa tête et, au volant de sa voiture, prise d’une inspiration soudaine, c’est souvent qu’elle pile sec pour griffonner des notes.

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Anne-Marie Caria

Le bal du chat noir

et autres récits

Nouvelles

© Lys Bleu Éditions – Anne-Marie Caria

ISBN : 979-10-422-3300-6

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122- 5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122- 4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335- 2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

De la même auteure

– Mince sinon rien et autres nouvelles, Edilivre, avril 2016 ;

– Les verbes de Meriem, recueil de poèmes, Edilivre, août 2016 ;

– Picardie Jolie, recueil de poèmes, Edilivre, août 2016 ;

– Les mots de la ruche – Tome 1, recueil de poèmes, Edilivre, septembre 2016 ;

– Les mots de la ruche – Tome 2, recueil de poèmes, Edilivre, septembre 2016 ;

– Sucré-Salé, recueil de poèmes, Edilivre, décembre 2016 ;

– Poèmes de derrière les fagots, recueil de poèmes, Edilivre, juillet 2020 ;

– Treize à la douzaine, recueil de poèmes, Edilivre, décembre 2020 ;

– Si je vous le dis, recueil de mes citations, Edilivre, novembre 2022 ;

– Poésies de novembre, Edilivre, février 2023 ;

– Une garde-robe impériale ou mes vestes sur les sites de rencontres, témoignage, Edilivre, avril 2023 ;

– Propos d’une déjantée, mes citations et courtes anecdotes, Le Lys Bleu Éditions, avril 2023 ;

– Un monde sans hommes, du fantastique et de l’érotisme, roman, Edilivre, juin 2023 ;

– Salvatore Caria mon grand-père et autres nouvelles, Edilivre, juillet 2023.

Toutes les illustrations sont des œuvres de l’auteure, qui est également artiste peintre.

Son site : www.annemarie-caria.odexpo.com

Anne-Marie Caria nous a concocté des récits réels, parfois autobiographiques (mais chut !), et d’autres imaginaires en totalité ou en partie.

Dans ce panachage, elle a glissé quelques contes en principe pour la jeunesse, et pour tous ceux qui ont gardé un cœur d’enfant.

Parions qu’ils seront lus également avec plaisir par les amoureux de la gent féline (Comment peut-on vivre sans chats ? se plaît à toujours dire l’auteure).

Illustration première de couverture : aquarelle signée Anne-Marie Caria.

1

Le bal du chat noir

Nous méritons nos rencontres. Elles sont accordées à notre destinée et ont une signification qu’il appartient à chacun de découvrir.

Antoine de Saint-Exupéry

Claudia et Lionel sont des « seniors », mais très jeunes physiquement et de caractère. Ils ont, à ce jour, dix petits-enfants à eux deux.

Une rencontre, un regard, et voilà qu’ils n’ont pas pu échapper aux flèches de Cupidon. Ils ne peuvent plus se passer l’un de l’autre.

Ils n’ont pas eu besoin de se dire : « Nous allons vivre ensemble » mais l’ont fait de manière toute naturelle et spontanée, comme si cela tombait sous le sens.

Claudia était seule depuis très longtemps. Ce n’était point par choix, au contraire, c’est si doux d’être deux, a-t-elle toujours pensé. Mais elle trouvait des défauts ou incompatibilités rédhibitoires aux rares hommes libres qu’elle était amenée à croiser. Quant à ceux qui ne l’étaient pas, libres, et qui avaient l’outrecuidance de lui tourner autour, elle ne leur a jamais accordé ne serait-ce qu’un regard, ne voulant pas être « celle que l’on cache ».

Lionel, lui, était veuf depuis quelques mois.

Les trois enfants adultes de Claudia, fous de joie, ont d’emblée ouvert leurs bras au nouvel homme dans la vie de leur mère :

« Enfin, Maman, tu n’es plus seule. Depuis le temps que nous espérions te voir heureuse ! Tu as rajeuni de dix ans ! »

Sa plus jeune fille, mère de famille, gouailleuse, répondait auparavant à Claudia quand celle-ci lui demandait quasi journellement de ses nouvelles et lui prodiguait mille recommandations, comme font généralement les parents vis-à-vis de leurs petits derniers :

« Mamaaaan ! Si tu pouvais trouver “un mec”, qu’est-ce que ça serait bien ! »

(Sous-entendu : Tu me lâcherais un peu les baskets !)

Tout le monde lui fait remarquer :

« Tu ris tout le temps, tu respires le bonheur ! Tu es méconnaissable ! »

Les amis de longue date de Lionel, ainsi que le peu de famille qu’il lui reste, accueillent Claudia de façon on ne peut plus chaleureuse.

Adoptée !

Malheureusement, il n’en est pas de même avec ses propres enfants qui ne souhaitent pas la rencontrer de sitôt.

Claudia comprend bien le chagrin causé par la perte de leur maman. Mais est-elle fautive, et de quoi ? De cette horrible maladie à laquelle plusieurs de ses amies n’ont pas échappé ? Elle participe d’ailleurs activement et de diverses façons à Octobre Rose.

Elle ne connaissait pas du tout Lionel, du vivant de sa conjointe.

Claudia rêve de connaître et serrer dans ses bras les enfants et les petits-enfants de son amoureux. De les recevoir et aussi être accueillie chez eux.

Elle ne leur demanderait pas de l’aimer, non, elle n’en espère pas autant… juste de l’accepter…

Les amis et connaissances auprès desquels elle s’épanche ne savent plus quoi lui dire, leurs avis sont partagés.

« Laisse faire le temps… Profite de ces moments passés avec ton compagnon, ne t’occupe de rien d’autre… Sortez, voyagez, la vie n’a pas été tendre avec vous deux, jusque-là… »

Certes, Claudia et Lionel ne s’en privent pas. Mais quand lui se rend chez ses enfants pour un anniversaire ou autre événement familial, Claudia n’est pas invitée et elle le vit de façon douloureuse.

Enfin, tout le monde voit midi à sa porte, mais il en est des cadenassées, blindées, dont les verrous sont durs à ouvrir.

De son côté, par petits paliers comme on marche sur des œufs afin de ne pas risquer de les braquer, Lionel essaie de persuader ses enfants de rencontrer Claudia. Peut-être dans un endroit neutre comme au restaurant, pour commencer ?

À chacun de ses retours, Claudia le presse de questions auxquelles il ne peut répondre, par exemple :

« Pourrais-je t’accompagner la prochaine fois ? » (en même temps, elle éprouve la désagréable impression de mendier)

« Ils ne m’ont rien dit dans ce sens. »

En effet, ceux-ci ne sont pas prêts, même s’ils affirment se réjouir du bonheur de leur père. Mais le seront-ils un jour, et quand ? Claudia a beau se triturer l’esprit, elle ne trouve pas un embryon de réponse.

Lise, ancienne collègue de Claudia, est un peu dans la même situation. Enfin, pas tout à fait : celui dont elle est amoureuse est divorcé, et les enfants de ce dernier nourrissent l’espoir de voir leurs parents réconciliés et à nouveau unis. Lise est donc considérée comme « l’empêcheuse de tourner en rond ».

À un salon du livre, Claudia retrouve Fred, un jeune écrivain de ses amis. Elle lui achète son dernier ouvrage, et il lui remet gracieusement un des magnifiques signets empilés sur un coin de son étal. Ils sont peints à la main et recouverts d’une couche de vernis protecteur. Claudia lui en demande la provenance.

« C’est la compagne de mon père qui les confectionne spécialement pour moi. Tiens, regarde sa signature en bas de chaque marque-page : c’est Coco. Je l’adore ! » ajoute-t-il en souriant jusqu’aux oreilles.

Claudia n’ose l’interroger sur le réel prénom de la bienheureuse (qui lui importe peu, en fait). Elle esquisse un sourire pour ne point montrer son amertume : Cen’est pas à moi que cela arriverait ! se dit-elle. Elle souffle sur sa tasse de café et boit à petites gorgées.

« Houhou ! Tu es dans tes pensées ? » la taquine Fred.

Télépathie ? Comme s’il devinait celles-ci, Fred ajoute : « Ignorer Coco ne faisait pas revenir ma mère ; de surcroît, mon père en aurait été blessé. Aujourd’hui elle et moi sommes devenus des amis et confidents. »

Claudia entreprend quelques « sondages » en interrogeant des veufs ayant rapidement « refait » ou plutôt (terme plus actuel) continué leur vie, à savoir si leur progéniture a aisément sympathisé avec la nouvelle arrivée. Les réponses, quand elles s’avèrent affirmatives, lui sont pénibles, même si elle se réjouit pour les intéressé(e)s.

« Ai-je besoin de le savoir ? Pour me faire encore plus mal ? Ma parole, je deviens maso ! »

Elle se remémore quelques romans lus dans son enfance et adolescence, relatant les mésaventures de jeunes orphelins de mère. Le père partait en voyage, revenait avec une seconde femme, bijouterie ambulante portant étole de vison, qui chamboulait tout en maîtresse incontestable des lieux, à commencer par les portraits de la maman défunte relégués dans un tiroir dans le meilleur des cas, puis exigeait que ses beaux-enfants soient mis en internat sans retour au bercail jusqu’aux grandes vacances. Et gare à eux s’ils ne l’appelaient pas « Maman » ou « Mère ».

Quelles horribles marâtres ! Rien à voir avec elle, d’ailleurs les enfants de Lionel étaient largement adultes et avaient leurs propres pénates.

Il est, et il y eut, fort heureusement, dans la littérature comme dans la vie réelle, des belles-mères dévouées et aimantes.

Seconde partie

Le rêve de Claudia

Le carnaval de Dunkerque approche1. Claudia est une fille du sud et ne connaît que ceux de Nice et de Venise.

Lionel est ch’ti.

Mais pourquoi ne se rendrait-elle pas à celui de Dunkerque, dont elle a vu des reportages, et où les enfants de Lionel seront présents ?

Au grand bal du Chat Noir se bousculent des milliers de personnes. Une chatte ne retrouverait pas ses petits.

D’ailleurs on n’y voit pas de petits « d’humains » : ils se feraient piétiner dans la cohue.

Une marquise perruquée et poudrée, une « mouche » sur sa joue, le visage caché derrière un masque (on ne voit que le sourire de ses yeux), esquisse un pas de danse, virevolte, agite son éventail, et subrepticement, jouant des coudes, s’approche d’une bergère et d’un meunier. Malgré leur maquillage-camouflage, elle les a reconnus, ayant tellement vu et revu des dizaines de photos d’eux !

À quelques pas, un Écossais en kilt et grosse moustache, masqué lui aussi, observe discrètement le trio.