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Pour le commissaire Rio, retrouver une femme disparue pourrait être une affaire banale, excepté le fait que, cette fois-ci, cette dernière avait pris l’apparence d’un fantôme errant dans un petit village du Douro. Confronté à cette enquête singulière, bien différente de tout ce qu’il a connu jusqu’à présent, Rio sollicite l’aide de Julia, une jeune femme ayant des dons surnaturels. Parviendra-t-elle à résoudre ce mystère ? Pour cela, elle devra démêler les fils du passé et du présent et révéler des secrets enfouis dont l’existence était insoupçonnée.
À PROPOS DE L'AUTRICE
Pour écrire,
Deolinda Da Silva s’inspire de son vécu qu’elle module au gré des inclinaisons de sa plume entre fiction et réalité. Par ailleurs, elle est l’auteure de plusieurs livres dont "Je suis là où tu ne m'attends pas" et "L’amour en liste d’attente".
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Deolinda Da Silva
Le bonheur est
au bout du chemin
Roman
© Lys Bleu Éditions – Deolinda Da Silva
ISBN :979-10-422-2774-6
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
N’attends pas après le bonheur.
Fais-en sorte de le provoquer.
Serre-le dans tes bras.
Et ne le laisse plus s’échapper.
Juste encore quelques minutes et je me lève, se promit-elle. Julia venait de se réveiller, mais ses yeux se refermaient automatiquement, elle avait si mal dormi. Et hop, elle se replongea dans un profond sommeil, bercée par la fatigue qui envahissait encore son corps. Une invitation à rêver…
… Julia venait de rentrer dans le commissariat. À l’accueil, la jeune femme était toujours aussi aimable. Après avoir suivi ses indications, elle se dirigea jusqu’au bureau du commissaire, qu’elle retrouva sans problème. Dans son souvenir ressurgissait l’odeur de cigarette froide qui lui donnait envie de vomir. La porte était grande ouverte, mais la pièce était vide. Elle entra et prit place sur la première chaise qu’elle trouva face au petit bureau désordonné. Justement, celle qu’elle avait occupée, il y a de cela quelques mois. Quelqu’un toussa dans le couloir. Des pas lourds et pressés s’approchaient rapidement et le commissaire fit irruption dans la pièce. Perdu dans ses réflexions tout en regardant les documents qu’il tenait à la main, il sursauta en l’apercevant, surpris de sa présence. Ses papiers s’éparpillèrent sur le sol. Tout en rouspétant contre lui-même, il s’agenouilla pour les ramasser.
— Ah, c’est vous. Vous êtes déjà là ? Mais pourquoi ne m’a-t-on pas prévenu ? s’écria-t-il légèrement irrité.
— Je viens juste d’arriver. J’ai pris la liberté de m’asseoir en vous attendant, répondit-elle d’une voix cordiale. Je n’aurais pas dû ? finit-elle par lui demander.
— Si, bien sûr, vous avez bien fait. Excusez-moi, je suis un peu grognon ce matin.
— Il n’y a pas de mal. Je peux vous poser une question ?
— Si je peux y répondre.
— Vous avez arrêté de fumer ?
— Ben oui… comment le savez-vous ? s’étonna-t-il.
— Tout simplement parce que… contrairement à la dernière fois, cela ne sent plus le tabac froid.
— Ah oui dit-il d’une manière pensive… Désolé, quand on fume, on ne se rend pas compte qu’on dérange les autres.
Et il passa derrière son bureau, y posa ses documents et s’assit face à elle.
— Alors que me vaut votre coup de fil, Commissaire ? J’avoue que je suis curieuse ? Il y a du nouveau pour le dossier des parents de mon mari, c’est ça ? Qu’avez-vous découvert que vous ne voulez pas lui dire ?
— En fait, cela n’a rien à voir avec votre mari. Il s’agit plutôt… enfin voilà, j’aurais besoin de vous, ou plutôt la police a besoin de votre aide.
— Ah oui, mais pourquoi ? Je ne vois pas en quoi je peux vous aider ?
— C’est un peu délicat, en effet…
Il toussa nerveusement.
— Je vais droit au but. J’ai cru comprendre lors de notre dernière conversation, dites-moi si je me trompe, que vous avez, comment dirais-je, un don…
Elle l’interrompit.
— Et qu’est-ce qui vous fait penser cela ? lui demanda-t-elle intriguée.
— L’insinuation que vous avez faite sur votre rêve lors de notre dernière conversation… avant la tentative de vol de la galerie… enfin, vous savez de quoi je parle ! dit-il un peu agacé.
— Et ? hésita-t-elle intriguée.
— Vous pourriez, sans doute, nous être très utile pour résoudre une affaire bien peu ordinaire. Je crois que vous êtes vraiment la personne indiquée pour cela.
— J’en doute ! Je ne suis pas du métier, je ne vois pas comment je peux vous aider, rétorqua-t-elle, un peu irritée.
— Je suis presque sûr que vous pourrez nous donner un sacré coup de main… l’interrompit-il. Vous avez un don, oui ou non ?
— Oui, enfin… oui, si on veut marmonna-t-elle.
— Eh bien alors ! Vous pouvez toujours essayer…
Julia resta pensive quelques secondes. Le commissaire Rio l’observait derrière ses lunettes.
— Qu’attendez-vous vraiment de moi ? demanda-t-elle soudain, insistante, curieuse, ne comprenant toujours pas où il voulait en venir.
— Je pense que… votre sensibilité, votre intuition, votre don de prémonition au travers de vos rêves. Vous me suivez ?
— Continuez ! lui dit-elle.
— … Peut-être même aussi des visions ? Mais vous n’avez pas encore vraiment répondu à ma question de tout à l’heure. Je me trompe ?
— Dites-moi ce qu’il en est et je vous dirais si je peux vous aider ou non ?
— Voilà ! Une femme a été portée disparue suite à un accident de la route. Il y avait bien quelques petites traces de sang à côté du véhicule, mais nous n’avons jamais retrouvé ni le corps ni le cadavre. Aucun papier, rien qui puisse nous dire qui elle est, juste une photo. Une enquête a été ouverte, mais le plus étonnant et même mystérieux est que, dernièrement, à quelques kilomètres de là, les habitants d’un petit village se plaignent de voir, chaque nuit, une femme errante qui lui ressemblerait comme deux gouttes d’eau…
— Eh bien, si vous l’avez trouvée, vous n’avez donc plus besoin de moi ! dit-elle satisfaite. Alors, pourquoi cette convocation ? J’y comprends plus rien. Tout est bien qui finit bien, dit-elle en se levant, prenant ses affaires, prête à partir.
— Attendez, je n’ai pas fini. Asseyez-vous…
Par un geste de la main, il la pria de reprendre sa place.
… Non ce n’est pas fini, car le plus étrange dans tout ça, c’est qu’elle apparaît… comment vous dire ça.
— Eh bien, dites-le, tout simplement ! l’encouragea-t-elle un peu agacée, avec la sensation de perdre son temps.
— Allez, je me lance… sous l’apparence d’un fantôme… qui lui ressemblerait étrangement.
Julia écarquilla les yeux. L’histoire semblait incroyable, sortie d’un film.
— Vous comprenez maintenant pourquoi nous avons besoin de quelqu’un comme vous…
— Plutôt étrange votre histoire… mais je ne vois toujours pas en quoi je peux vous aider !
— Je me suis dit que dans un premier temps, en vous montrant sa photo, vous pourriez avoir des indices, au travers de vos rêves, de votre intuition ou qui sait, même de visions… Un scénario un peu similaire à celui de votre mari il y a quelques mois, je crois ? lui suggéra-t-il avec un sourire ironique.
— Mais comment savez-vous tout ça ?
— N’oubliez pas que vous êtes à la police. Nous avons nos informateurs. Et puis, surtout c’est notre métier de chercher… De plus, la presse n’a pas épargné certains détails de votre histoire. Alors Julia ? Vous permettez que je vous appelle Julia ?
— Oui… Oui, appelez-moi Julia et… pour le reste, je ne sais pas, s’écria-t-elle en soupirant, à la fois contrariée, mais très intriguée par sa demande.
Oh non ! Pourquoi moi ? pensa-t-elle à la va-vite. Sa petite voix intérieure résonnait dans sa tête. Elle qui, depuis son mariage, avait retrouvé une vie normale et stable. Elle ne souhaitait aucunement raviver ses rêves, son don de prémonition. Elle n’avait pas besoin de cela ! Surtout pas maintenant que sa vie avec Ivan était tranquille et harmonieuse. Elle se rappelait bien combien il avait été stressant de rechercher son mari d’après les indices de ses rêves… alors un fantôme ? C’était impensable ! Non, je ne sais pas si j’en suis capable ! pensa-t-elle une fraction de seconde.
— Je ne vous demande pas de prendre une décision à la hâte ! Réfléchissez-y ! Parlez-en avec votre mari et appelez-moi !
— Je ne vous promets rien commissaire.
— Réfléchissez Julia, mais pas trop longtemps tout de même. Nous devons agir et vite. Les villageois sont apeurés. Tenez une photo de la disparue. Cela pourra peut-être vous inspirer. Tenez-moi au courant dès que vous aurez pris une décision.
En même temps qu’il lui serra la main, il lui remit une enveloppe, qu’elle glissa dans son sac à main. Déjà levée, elle se retourna, s’écriant :
— Et cette femme a disparu où ? À Lisbonne ?
— Non, près de Porto. Ah ! Vous faites bien de m’en parler, car si vous décidez de nous aider, c’est là-bas que nous vous enverrons quelques jours, là où le fantôme soi-disant erre. Bien entendu, tous les frais seront à notre charge.
Pensive, mille questions surgissaient dans sa tête tout en souriant timidement au commissaire Rio. Il lui tendit, de nouveau, la main qu’elle serra énergiquement, le salua et elle quitta le bureau. La matinée était déjà bien entamée. Elle longea les couloirs jusqu’à la porte d’entrée. Ouf de l’air ! pensa-t-elle s’arrêtant sur le palier pour respirer profondément. Elle se sentait oppressée, angoissée par toute cette histoire. Non ! Elle n’était pas obligée d’accepter ! Elle, qui souhaitait tant préserver une vie tranquille à côté de son mari, tout simplement, sans rêve, sans prémonition, sans aucun don d’ailleurs… Elle devait y réfléchir. Son intuition ne lui ferait pas faux bond, elle la guiderait, comme elle l’avait toujours fait jusqu’à présent.
Sur le trottoir, tout en contournant l’angle de la rue, perdue dans ses réflexions et la décision qu’elle devait prendre, elle s’approchait lentement de sa voiture garée derrière l’édifice. Une porte de service sur la latérale du commissariat s’ouvrit en trombe. Un homme surgit et tomba à ses pieds sur la chaussée, une menotte au poignet gauche, une arme à la main. Tout d’abord, il la regarda stupéfait, puis d’un air détraqué lui sourit, comme s’il venait de voir le Bon Dieu. Julia trembla… de peur. Quelque chose lui disait de s’en aller le plus vite possible. Écoutant son instinct, elle se dépêcha de contourner l’individu, encore à terre. Mais, celui-ci se leva d’un bond, la rattrapa, et l’agrippa tout en lui pointant le revolver vers la tête. Julia était effrayée. Décidément, ce matin, elle aurait mieux fait de rester à la maison. Quelque chose lui disait de ne pas se rendre au commissariat. Elle devrait toujours écouter son sixième sens. La prochaine fois, elle le ferait. Elle se le promit, se le jura même. S’il y avait une prochaine fois ! C’était compromis au regard que lui lançait l’homme aliéné et menaçant. Et dire qu’Ivan ne savait même pas où elle se trouvait à cet instant. Si quelque chose lui arrivait, que ce fou la tue, il ne saurait absolument pas où la chercher et Julia ne lui dirait pas au revoir. Elle était en nage due à la peur ! Pourquoi ne lui avait-elle pas dit au petit déjeuner qu’elle devait se rendre au commissariat ? Quelle idiote ! Cela n’aurait sûrement pas changé le cours des choses, mais, au moins, elle ne s’en voudrait pas. Pour une fois, elle souhaitait l’épargner, attendant de savoir ce que le commissaire Rio avait de si important à lui dire. Elle l’en aurait informé plus tard, ne voulant pas le préoccuper à tort, surtout qu’ils se disaient tout, et elle espérait qu’il en soit toujours ainsi. Un quotidien fondé sur l’amour, la confiance et le dialogue était important, essentiel pour une relation durable. Ne rien lui dire ! Pour une fois, elle avait cru bien faire ! Et maintenant, face à ce voyou, armé, riant bêtement, qu’allait-il lui arriver ? Une petite voix intérieure lui murmurait « Ne montre pas que tu as peur. Ne montre pas que tu as peur… » Elle devait s’armer de courage pour essayer de détourner l’attention de cet abruti qui la menaçait avec insistance. Il ricanait sans cesse, bêtement comme pour la déstabiliser, ce qui l’énerva encore plus. Sur ce, deux agents de police, armés, surgirent et stoppèrent net devant eux, surpris de les voir là, la jeune femme à la merci du détenu. Immédiatement, l’homme menotté resserra Julia contre lui en guise de menace rapprochant son arme de la jeune femme.
— Les revolvers par terre ou je lui tire une balle dans la tête dit-il avec mépris, ricanant toujours comme un cinglé en fixant les deux agents.
Cette agréable journée de printemps, ensoleillée et douce… subitement perturbée par un vent qui se leva et souffla de plus belle. À quelques mètres d’eux, une espèce de petite tornade prenait forme et se déplaçait sur elle-même dans leur direction. Le détenu, serrant toujours Julia contre lui, se débattit relâchant quelques instants son attention de la jeune femme et, comme par magie, ils se retrouvèrent à terre séparés, l’un de l’autre, par quelques mètres. À ce moment-là, un des deux agents désarma le détenu, lui menotta les mains derrière le dos, tandis que l’autre lui dictait ses droits avec un grand sourire. Julia ne comprenait rien à ce qu’il venait de se passer. Comment ce vent soudain s’était levé et l’avait sauvée de ce fou dangereux ? Pourtant, il faisait si beau ! Julia ressentait une légère pression sur la tête. Sans doute avait-elle heurté le mur ou le bitume pendant sa chute. C’était un moindre mal par rapport à ce qu’elle s’était imaginé durant un bref instant. Elle se voyait déjà morte, sans même pouvoir dire au revoir à son mari. « Bien fait pour moi, je ne dois pas avoir de secret avec Ivan… » Elle s’en voulait terriblement. Un agent de police s’approcha d’elle et lui tendit la main pour l’aider à se relever…
Julia se sentit bousculée, comme un arbre que l’on secoue avec force pour faire tomber les derniers fruits mûrs encore au sommet…
Elle ouvrit grand les yeux. Alerté par ses cris, Ivan venait de la réveiller et se trouvait devant elle à genoux, au pied du lit, la regardant tendrement.
— Julia, Julia, ça va ? Chérie ?
Il s’assit tout près de son épouse et lui prit la main.
— Oh ! J’ai fait un horrible cauchemar, dit-elle en se relevant et en se jetant instinctivement dans les bras de son mari. Il resserra son étreinte, quelques instants, pour la rassurer, lui caressant les cheveux.
— Que je suis contente que tu sois là ! Tu ne peux pas imaginer. Je pensais ne plus jamais te revoir…
— Allez, chérie ! Tout va bien. Ce n’était qu’un cauchemar ! Je suis là maintenant ! Tu vas me raconter tout en prenant le petit déjeuner.
Julia venait de s’asseoir sur les marches de la belle demeure familiale et regardait le ciel. Il faisait nuit et les étoiles brillaient, dont une, qui scintillait plus que les autres, et qui semblait lui lancer un message. Perdue dans ses réflexions, elle observait ce phénomène à la fois étrange et merveilleux qui la captivait. Ivan venait de la rejoindre un plateau à la main sur lequel se trouvaient deux petites tasses de café qui fumaient et qui parfumaient l’air d’une sublime odeur. Il s’assit près de sa femme qui contemplait toujours le ciel, comme si elle ne l’avait jamais vu auparavant et elle sursauta.
— Oh chérie, je t’ai fait peur s’exclama-t-il, ce n’est que moi. Je t’ai préparé un doux café plein d’amour et de tendresse, comme tu l’aimes.
Ivan posa le plateau sur une marche et l’embrassa dans le cou. Elle frissonna.
— Tu as froid ? demanda-t-il.
— Non, lui répondit Julia en souriant ses yeux brillant d’amour, tels les astres qui scintillaient au loin.
Il savait combien sa femme aimait observer la nature et tout ce qui l’entourait. La nuit était dotée d’une beauté merveilleuse, d’une certaine magie, qu’elle se plaisait à admirer dès qu’elle le pouvait, et encore plus, en si charmante compagnie. À toit ouvert ! Il paraissait loin ce temps où lui, son mari, n’avait ni toit, ni endroit où aller, aucun confort, sans argent, sans famille, sans amis et où, Julia, vivait dans son petit appartement de Viana do Castelo, en plein cœur de la ville. Depuis, chaque jour, Ivan remerciait Dieu de s’en être sorti et de vivre maintenant, confortablement, auprès de sa femme qu’il adorait. Il avait eu beaucoup de chance de l’avoir rencontrée sur son chemin et bien plus encore, qu’elle soit aussi têtue. Cela l’avait sauvé ! Elle, qui n’a jamais baissé les bras, qui a toujours gardé espoir. Son côté positif, sa seule façon de vivre au quotidien, quels que soient les problèmes rencontrés sur sa route. Mais lui, il avait déjà abandonné sa lutte et n’attendait plus rien de la vie, malgré son jeune âge. Julia n’avait pas désisté tandis qu’il l’avait déjà fait depuis longtemps, se contentant de survivre, jour après jour sans se demander quel serait son futur, si précaire à ses yeux. Il était loin ce temps… Et pourtant, il y pensait si souvent. Maintenant, c’était à son tour d’aider les autres, ceux qui, comme lui, se retrouvaient d’un coup sans rien, à la rue. Quelqu’un devait leur donner une seconde chance ! Chacun a le droit d’avoir une nouvelle opportunité. Et même s’il ne sortait qu’un seul SDF de la rue, à ses yeux, c’était déjà une grande victoire.
Le sentant perdu dans ses souvenirs, Julia souriait avec insistance, tout en grimaçant ce qui attira son attention, alors il la dévisagea. Il avait une femme extraordinaire. Souriant, il lui tendit une des deux tasses lui déposant au passage un baiser rapide sur la joue.
— Encore dans tes souvenirs constata-t-elle.
— Un peu… mais toi, cela n’a pas l’air d’aller aujourd’hui ? Tu es bien pensive, qu’est-ce qui ne va pas ?
— Je me sens bizarre, la tête lourde… Cette sensation de ne vouloir rien faire, de n’avoir plus d’énergie, d’être ailleurs.
— La fatigue peut-être ? Tu te couches trop tard, ma chérie, lui dit-il affectueusement.
— Oui, tu as raison. Je ne dors pas assez, je sais.
— Mais depuis quand, es-tu ainsi ?
— Depuis quelques jours… Mais, le plus étrange… non… non rien.
— Allez, raconte, sinon je me verrais obligé de passer à la torture s’écria-t-il prenant un air méchant, qui ne dura pas et ils finirent par un éclat de rire synchronisé.
Elle posa sa tasse sur les marches à côté d’elle.
— Non, mais ! J’y crois pas ! Du chantage ! Je me vengerais, rétorqua-t-elle en lui donnant des petits coups sur la cuisse. Il lui bloqua les mains, l’approcha de lui et l’embrassa sur le nez pour la taquiner. Elle détestait cela !
— Qui est le maître ici ? Qui est le maître Julia ? dit-il avec un air méchant et un grand éclat de rire.
— Je me rends céda-t-elle et elle l’embrassa à son tour sur le bout du nez.
Une douce façon de se venger. Finalement, il la lâcha en se moquant d’elle. Puis il se tut et la dévisagea avant de continuer, mais, cette fois-ci, d’un air sérieux.
— Alors tu vas me raconter ?
— Ce n’est rien… des trucs débiles. Je ne sais même pas si je dois te le dire…
— Bien sûr que tu dois tout me dire… Nous n’avons pas de secrets l’un pour l’autre ou je me trompe ? la questionna-t-il en lui faisant de gros yeux.
— Non, bien sûr que non…
— J’attends !
— OK, c’est étrange, je sais… mais ces derniers jours, je me sens comme espionnée dans la maison. Une sensation bizarre que je n’arrive pas à expliquer et que je n’ai d’ailleurs jamais ressentie auparavant.
— Comment ça, espionnée ?
— Moi et mon sixième sens… Tu vois ! Toi aussi tu trouves que c’est nul. Allez, ça va passer. Je dois être fatiguée, c’est tout !
— J’insiste ! Je suis ton mari et tu peux tout me dire. Je sais aussi que tu ne t’inquiéterais pas pour rien.
— Oui, je sais, mais, moi-même, je n’ai pas d’explication.
— Tu sais que tu peux compter sur moi. Je suis ton mari… ou tu l’aurais oublié !
— Merci chéri ! C’est bon de t’avoir à mes côtés.
— Je t’aime fort Julia, tu sais.
— Bientôt un an de mariage… déjà… comme le temps passe vite, dit Julia, pensive. Je m’en souviens comme si c’était hier. Toi SDF, moi émigrante, revenue au Portugal dans l’espoir de m’y installer et de trouver du travail. Puis, ces rêves prémonitoires où tu apparaissais sans cesse alors que je ne te connaissais même pas… et, va savoir pourquoi, je suis partie à ta recherche…
— Je t’en ai fait voir de toutes les couleurs, ma pauvre ! Et aujourd’hui, tu vois nous sommes mariés. C’est dingue la vie !
— Oui, c’est vrai ! Quand j’y pense.
— Tu as été mon ange gardien, mais cela tu le sais aussi, à force de te le répéter.
— Ton café était délicieux, merci chéri ! Allez, je vais me secouer un peu et finir de ranger la cuisine, cela m’évitera de réfléchir.
— Je suis là, si tu as besoin ! OK ? Dans ce cas-là, moi aussi, je vais en profiter pour préparer mes affaires pour demain. Je n’en ai pas pour longtemps. On se rejoint dans le salon. Donne-moi quinze minutes et je suis prêt. Si tu veux, on pourrait regarder un Joséphine ange gardien ? Je sais que cela te détend lorsque tu es nerveuse. Mais souviens-toi toujours que ma Joséphine à moi, c’est toi, déclara-t-il en grimpant les marches de l’escalier.
Ils rirent de leurs bêtises en guise d’approbation.
— Tu sais bien que je suis toujours partante pour un Joséphine. C’est mon anxiolytique naturel affirma-t-elle en riant.
Il revint sur ses pas et l’embrassa délicatement, puis monta, de nouveau, en direction du bureau, tandis que Julia se dirigeait vers la cuisine. Quelques minutes plus tard, ils se retrouvèrent dans le séjour et s’assirent, l’un à côté de l’autre, devant le poste de télévision, qu’ils regardaient rarement. Le générique avait un impact positif sur le couple qui souriait déjà bêtement en attendant le début de l’épisode. Ils les avaient déjà tous vus, mais c’était toujours un réel plaisir de regarder une rediffusion pour la énième fois. Julia était heureuse avec lui. Un moment de détente comme elle les aimait et la compagnie de son mari la remplissait de bonheur. Dans l’écho de la nuit, ils sursautèrent, quelque chose de lourd venait de tomber à l’étage. Ivan et Julia se regardèrent, étonnés.
— Les animaux sont dehors ? demanda-t-il.
— Trésor est dans le jardin, mais le chaton, je ne sais pas… peut-être là-haut. À mon avis, il fait des bêtises.
— Je vais aller voir, mets en pause s’il te plaît.
Julia s’exécuta. Ivan ne voulait pas perdre une miette de la série. D’un pas rapide, il monta à l’étage et fit le tour du palier, puis redescendit.
— Le chat dort profondément dans le panier. Par contre, je n’ai pas trouvé d’où venait ce bruit, dit-il. Rien n’est tombé. Plutôt étrange ! s’écria-t-il tout en regardant sa femme d’un air interrogateur.
Puis, à ce moment-là, un grattement à la vitre de la baie vitrée les fit sursauter tous les deux. L’obscurité de l’extérieur ne les rassura pas. Le chien ! dit-il, immédiatement suivi par un aboiement. Ivan ouvrit la grande porte vitrée et Trésor entra.
— Je t’ai déjà dit Trésor de ne pas gratter la porte…
Le chien aboya légèrement, comme pour se faire pardonner et s’assit sur le tapis au pied de la grande cheminé qui surplombait le salon. Deux épisodes de Joséphine tournèrent en boucle. Et voilà, le couple endormi, l’un contre l’autre. Julia se réveilla en sursaut et se dégagea de son mari, qui l’entourait de son bras.
— Chéri ? Chéri ? On va se coucher. Elle regarda sa montre. Il était déjà plus de minuit et ses yeux se refermaient systématiquement. À l’étage, il ne fallut pas les bercer. Sans effort, ils tombèrent dans les bras de Morphée, leurs corps serrés l’un contre l’autre.
Une ombre se baladait tranquillement dans la chambre. Julia s’agita de plus belle dans son sommeil. Des paroles incompréhensibles résonnaient dans le silence de la nuit. Elle parlait sans s’arrêter et finit par se retourner de l’autre côté du lit, profondément endormie, plongée dans son rêve.
… Une brume stagnait au-dehors à travers la vitre. Julia frissonna. Elle avait froid. En plein milieu du grenier, une femme était assise, de dos, sur une grande malle. Julia stoppa net, en la voyant. Qui pouvait-elle être ? Soudain, celle-ci se retourna et la fixa intensément. Son regard lui rappelait quelqu’un. Mais qui ? Elle se frotta énergiquement les yeux comme pour se réveiller. Mais elle était toujours là devant elle et maintenant, elle lui tournait, de nouveau, le dos. Elle portait une grande et belle robe de soirée blanche et transparente, si transparente que Julia apercevait l’autre côté de la pièce. Elle frissonna à cette constatation. Pourquoi était-elle habillée ainsi ? Un fantôme ! Mais que voulait-il ?
C’est à ce moment précis que Julia se réveilla en sursaut, angoissée, le souffle coupé, plongée encore dans ce rêve qui ne voulait absolument rien dire, mais qui, pourtant, la laissait dans un état de mal être incompréhensible. Et pourquoi, cette femme lui disait quelque chose ? « Ah non ! Ça ne va pas recommencer ! » en conclut-elle. Elle détestait les matins qui commençaient ainsi. Ses rêves prémonitoires étaient de retour. Pourvu qu’elle se trompe. Si pour une fois, son intuition pouvait flancher, cela l’arrangerait bien. Mais au fond d’elle-même, elle savait que ce n’était pas le cas.
Plutôt que d’attendre un nouveau rêve, car Julia le savait, cela allait arriver, le lendemain soir, en arrivant du bureau et avant d’entreprendre quoi que ce soit, elle se rendit au grenier. Il y avait bien des malles entreposées au milieu de la grande pièce. Tout en les regardant, elle réfléchissait. Elle s’avança vers la première, prête à l’ouvrir. Le téléphone sonna et perdue dans ses réflexions, elle sursauta. Rien ne l’empêcherait de regarder ce qui se cachait à l’intérieur. Si c’est urgent, la personne rappellera, tenta-t-elle de se convaincre. Aujourd’hui, elle commencerait le tri. Une malle attira son attention. Elle semblait avoir été ouverte. Un petit bout de tissu dépassait, coincé dans le couvercle. Bizarre ! pensa-t-elle. Je ne me rappelle pas y avoir touché. Non ! À moins que ce ne soit Ivan ? Pas possible ! en déduisit-elle, fronçant les sourcils. Elle s’en serait aperçue. Plusieurs mois étaient passés depuis leur mariage et son mari, toujours si occupé, sans arrêt pressé, ne prenait presque même plus de temps pour lui, ni pour elle, ni même pour eux d’ailleurs, tant il s’investissait dans la fondation, alors s’aventurer au grenier, cela paraissait impossible ! Pourquoi viendrait-il fouiller dans les vieux tissus entreposés là depuis des années ? Subitement, un petit bruit se fit entendre derrière la malle et Julia sursauta, poussant un grand cri de surprise. Trésor apparut, courant à toute allure pourchassé par le dernier arrivé de la maison, Mistigri. Un petit chat gris, affamé, abandonné, recueilli par Julia devant la fondation, quelques jours plus tôt. La jeune femme s’arrêta et sourit de les voir si joueurs. Le chaton sautait sur Trésor avec une agilité incroyable, comme s’il bondissait sur un trampoline. Elle prit plaisir à les regarder, quelques instants, les voyant courir comme des fous dans tous les sens, d’un bout à l’autre du grenier. Puis, le félin stoppa net devant la fenêtre et son poil se hérissa d’un coup, comme s’il venait de voir quelque chose d’effrayant. Une souris peut-être ! se dit la jeune femme. Elle n’en avait jamais vu, mais tout était possible. Si c’était le cas, il saurait la chasser de la maison. Julia, amusée, s’empara de son portable dans la poche de son jean, et prit une photo au petit chat, le poil tout hérissé, le trouvant impressionnant. Il la regarda, surpris par le flash et se cambra, sautant devant la lumière de la lampe, qui projeta sa silhouette immense sur le mur. Puis, il lança un cri perçant, tourné, de nouveau, vers le chien dans le but de l’énerver. Celui-ci répondit au quart de tour et le coursa sans attendre, tout en prenant la direction de la cage d’escalier, l’un derrière l’autre, à toute vitesse vers le rez-de-chaussée, poussant sans cesse de petits cris stridents. Le petit dernier, malgré sa taille minuscule, ne se laissait absolument pas intimider par son gros compagnon. Il semblait être le maître de la maison et se faisait respecter du fait de son attitude si confiante et des feulements qu’il lançait, sans arrêt, sur la défensive. Julia rit très amusée et secoua la tête en les voyant disparaître.
Le tri des malles… Elle était vraiment décidée à le faire et, ce soir, elle avait pris un peu de temps à cet effet. Voilà déjà plusieurs semaines que Julia souhaitait mettre un peu d’ordre dans toutes ces caisses stockées au grenier. Elles prenaient beaucoup de place et ne servaient plus à rien, mais, chaque fois qu’elle souhaitait s’y mettre, quelque chose de plus urgent surgissait et la jeune femme finissait toujours par abandonner, reportant ce travail rébarbatif. Néanmoins, pour une raison qu’elle ne comprenait pas, elle n’avait qu’une hâte, celle de pouvoir mettre son nez dans ces vieilleries et qui sait peut-être y trouver un trésor ! Une idée qui l’amusait beaucoup ! L’imagination ne lui manquait pas, elle pourrait même écrire un livre… Un jour, elle le ferait ! Rien qu’à cette idée, elle sourit. Pourquoi pas, après tout… Et ce téléphone qui n’arrêtait pas de sonner, juste au moment où elle avait, pour la énième fois, décidé de faire le tri. Pourtant, voilà bien longtemps que son mari lui avait donné le feu vert pour se débarrasser de tout ce qui était inutile, tout ce qui encombrait le grenier. Il l’avait autorisé à ne garder que ce qui l’intéressait, excepté les quelques tableaux de son père qu’il avait précieusement mis de côté et auxquels il tenait vraiment. Pour tout le reste, Julia avait carte blanche. Certaines toiles, choisies par Ivan, avaient d’ailleurs déjà été suspendues sur les murs de la Fondation, dont une dans le bureau d’Ivan et une autre dans la salle de réunion, ce qui donnait une touche personnelle, un peu de couleurs aux pièces et la sensation pour Ivan d’avoir toujours son père à ses côtés. Après tout, c’était bien grâce à lui qu’il avait réussi à avoir une vie plus que confortable. Les œuvres d’art apportaient un plus au décor et il ne s’en séparerait jamais. Un peu comme, des porte-bonheurs qui le protégeaient et le guidaient au quotidien. Lorsqu’il hésitait sur une décision à prendre, il les regardait et trouvait toujours la réponse à ses questions. Julia se releva en soupirant. De nouveau, elle allait devoir reporter le tri du grenier. Elle en était quasiment sûre ! Elle imaginait ces vieux chiffons en vrac, pour la plupart, déjà abîmés, voire rongés par les mites depuis si longtemps. Elle n’avait aucune idée depuis quand ces malles étaient stockées là, mais, rien qu’à leur design rétro, toutes si ressemblantes, elle savait que cela devait faire un sacré bout de temps, même une autre époque, lui semblait-il. Tout en les regardant, elle baissa un peu la tête venant de réaliser que deux d’entre elles, plus modernes, se trouvaient à l’écart, placées sur le côté, au fond du grenier, ce qui l’intrigua. C’est décidé, je commencerai par celles-ci… plus tard, murmura-t-elle, car le téléphone sonnait, encore et encore… avec insistance. Et puis zut, tant pis pour le tri ! Ce ne sera pas encore pour aujourd’hui. Son visage se rembrunit, contrariée de remettre cette tâche à un autre jour. Elle sortit de la pièce et descendit les marches, deux par deux, se dépêchant. Si l’interlocuteur insistait, cela devait sûrement être important ! Arrivée au rez-de-chaussée, la respiration haletante, elle se saisit de son téléphone fixe posé sur la table de la cuisine et décrocha, curieuse de savoir qui cela pouvait-il bien être.
— Allo ! dit Julia à bout de souffle
— Bonjour ! Julia Duarte ? questionna une voix masculine.
— Elle-même répondit-elle distante, d’un ton curieux.
— Vous ne vous souvenez sans doute pas de moi, je suis le commissaire Rio. Nous nous sommes rencontrés au commissariat de police, il y a quelques mois. J’aurais besoin de vous parler et ce serait assez urgent. Pourriez-vous passer me voir demain, dans la journée, à l’heure qu’il vous conviendra ? Je serais là, je ne bougerai pas du bureau.
— Oui, pas de problème ! Je transmets à mon mari. Ne me dites pas qu’il y a du nouveau pour l’affaire de ses parents ? Je croyais que le dossier était classé ? dit-elle à la fois préoccupée et intriguée.
— Non, enfin ! excusez-moi, mais ce n’est pas à votre mari que je souhaite parler, mais à vous…
— À moi ? Mais… pourquoi ? demanda-t-elle étonnée.
— Désolé, je ne peux rien vous dire par téléphone.
— Vous me laissez curieuse. Et si je passais aujourd’hui ?
— Impossible, je ne suis pas au commissariat.
— OK ! OK ! Bon, alors… à demain… rétorqua-t-elle déçue.
Julia raccrocha. Pensive, elle s’assit sur une chaise près de la table de la cuisine, impatiente de savoir ce qu’il avait de si urgent à lui dire. Le café était encore chaud et embaumait toute la pièce, à laquelle la jeune femme ne pouvait résister. Elle se leva, s’en servit une tasse et se rassit, la tête toujours ailleurs, à regarder sa boisson fumer. Mais que me veut-il ? Soudain, Julia frissonna. Elle ressentait, comme une sensation bizarre, qu’elle n’avait pas éprouvée depuis bien longtemps. La dernière fois qu’elle avait ressenti cela, c’était quand elle avait rêvé de son mari, Ivan et qu’elle était partie à sa recherche écoutant son intuition, guidée par les indices de ses rêves. Est-ce que ça recommence ? Serait-ce un mauvais présage ? Elle frissonna de nouveau. « Oh que je n’aime pas ça ! », conclut-elle, perdue dans ses réflexions. Cela faisait si longtemps qu’elle n’avait pas eu de rêves prémonitoires… qu’elle se croyait libérée de ce don, mais soudain, les derniers rêves défilaient à toute vitesse dans sa tête, la laissant complètement confuse… et pensive.
Cette femme assise sur la malle dans le grenier. Puis, son tout dernier rêve… Le téléphone sonnait, sonnait chaque fois plus, de plus en plus fort, à devoir se boucher les oreilles, pour éviter de l’entendre. Lorsqu’elle arriva enfin à décrocher, personne ne lui parla. Il lui était impossible de se rappeler de quoi que ce soit d’autre et ne savait même pas qui lui avait téléphoné. Juste cette sensation que son rêve avait duré une éternité et qu’elle se sentait étrange… Sans oublier, le rêve du commissariat. Elle frissonna à cette idée. Drôle de coïncidence tout de même ! Serait-ce que c’était le plus pur des hasards ? se questionna-t-elle tout bas. Soudain, elle se sentait bizarre.
Réveillée en sursaut, comme les nuits précédentes, elle resta de longues et interminables heures sans fermer l’œil, jusqu’au petit matin, où finalement le sommeil l’envahit enfin. Mais ce fut de courte durée, car elle se réveilla de nouveau emportée par un nouveau rêve, encore un, ou plutôt un cauchemar. C’en était trop pour la même nuit ! Voilà, bien longtemps qu’elle n’avait pas rêvé autant à la fois. Et celui-ci, l’emmena dans un avion, dont la destination lui était inconnue. Angoissée, elle chercha désespérément du regard quelqu’un qui pourrait lui dire ce qu’elle faisait à cet endroit, mais elle était seule à bord. Pourvu que ce ne soit pas un rêve… prémonitoire ? Surtout pas ! Elle angoissait en avion. Peut-être était-ce parce qu’elle se sentait nerveuse et préoccupée ces jours-ci. La porte de l’appareil s’ouvrit d’un coup sur l’extérieur. L’avion venait d’atterrir sur une petite piste. Julia sortit sur le pas de l’escalier amovible en fer, et du haut des marches, elle fronça les sourcils, surprise par ce qu’elle voyait. Tout ce qui l’entourait était en noir et blanc, telle une vieille photographie. Julia descendit tout doucement… Elle se réveilla en nage. Descendre l’escalier n’était, pour elle, pas un bon présage. Qu’est-ce que cela voulait dire ? Y avait-il un lien avec son rendez-vous au commissariat