Erhalten Sie Zugang zu diesem und mehr als 300000 Büchern ab EUR 5,99 monatlich.
Le mage blanc, Nerlim, transporte ses compagnons de voyage dans une époque oubliée, celle du temps des dragons. Enfant, il avait un bonheur indicible dans l’apprentissage des mystères de la vie auprès de sa mère, la druidesse Soillsichte, et des sages de la communauté des vates. Il y a près de mille ans, les dragons de Shéda régnaient en maître, et les humains cherchaient refuge dans la légendaire cité des mages de Vaticanum, au pied du mont Vaticanus, encore aujourd’hui symbole de pureté et de sagesse. Plongez dans cette saga où les secrets ancestraux se mêlent à la quête de vérité dans un monde où la magie et le destin se croisent.
PROPOS DE L'AUTEUR
Christian Gouast, déjà reconnu pour son conte enchanteur "Ma famille coccinelle", publié en 2021 sous le pseudonyme de Christian Ryan, dévoile à présent le deuxième tome de son œuvre épique "Les mystérieux voyages d’Anan". Un conte fantastique, destiné à un public adulte, qui promet de transporter ses lecteurs dans un monde merveilleux et rempli de mystères.
Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:
Seitenzahl: 171
Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:
Christian Gouast
Les mystérieux voyages d’Anan
Tome II
Le temps des Dragons
Roman
© Lys Bleu Éditions – Christian Gouast
ISBN : 979-10-422-4090-5
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L. 122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L. 122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivante du Code de la propriété intellectuelle.
Il fut un temps où les dragons venaient puiser leur feu au plus profond de mes entrailles…
Aujourd’hui, ils sommeillent sous les cendres de ma colère !
De sa position, Cathaach s’adressa au feu de la tombe d’Orgo, qu’il voyait creuser les limbes en direction des enfers.
*Orgo ! mac Vento agus muinntir Tara an Herald, cluinn guth do phàrantan, tha iad ag ràdh, a ’sireadh fois mo mhac.
*Orgo ! fils de Vento et de Tara du peuple Herald, entends la voix de tes parents, ils disent, cherche le repos mon fils.
Le vent portant les douces paroles des parents d’Orgo soufflait sur les tombes, la lune était peu visible sur la terre des Heralds et encore moins sur les terres du haut de l’Allèves, terre brumeuse par nature (…)
Entendant le spectre du célèbre Mage blanc, Orgo se leva hors de sa tombe, sa hache à la main, il leva sa tête au crâne enfoncé et l’homme en flamme hurlant s’adressa au druide (…)
— Tha do dhiathan a ’freagairt Orgo, gum bithinn a’ creachadh am fearann gu lèir agus an teampaill anns na rìoghachdan aca uile. Bidh a’ chlann agad nan tràillean agam air an talamh agus thèid iad às an rathad a’ lorg dòrainn lasraichean ifrinn.1
Cathaach se retira, il avait en son temps combattu les dragons des enfers avec le même peuple qui aujourd’hui rouvrait les voies infernales… Rejoignant sa famille dans la brume laiteuse, il frappa de son bâton le sol et le corps de Breagha regardant Marbh tomba au pied de son fils parricide.
Première partie :
Dans l’ancienne chapelle sous Vaticano, Nerlim se souvient et raconte :
L’ambiance était au silence et à l’émoi, Anan et ses compagnons restaient sans voix devant lesscènes qu’ils venaient de vivre alors qu’elles s’étaient passées il y a si longtemps.
Dans la petite chapelle, l’œil venait d’arrêter de conter ; la musique, que jouait encore la déesse Tilsit, changea sa mélodie, et les regards se tournèrent en direction d’Anan.
Nerlim s’approcha du jeune homme agenouillé sur un banc face à l’autel ; il priait et des larmes coulaient sur ses joues !
Le mage lui adressa la parole en parlant à haute voix pour que tous sachent :
— Je suis de la lignée de Cathaach.
L’homme prit une grande respiration et continua de parler.
— Mais pas de la même lignée que Breagha. Je suis en réalité le dernier vrai descendant des vâtes. Celui qui a hérité des pouvoirs et des dons de cette lignée des shamans et des druides qui viennent de cette époque et de cette région du haut pays Herald (…)
À cette époque, quand se sont passés ces événements, je n’avais qu’une douzaine d’années. C’est à ce moment-là que ma mère, la druidesse Soillsichte, me raconta l’histoire de ma naissance…
L’histoire se passe il y a maintenant plus de 988 ans de ce fameux calendrier chamanique que les tribus Heralds utilisaient. Si je me souviens bien, nous étions dans la saison claire, celle de Beltaine.
Je n’étais alors qu’un enfant de 11 années d’après le calendrier des anciens.
Je vivais alors seulement en compagnie de cette merveilleuse femme qu’était ma mère.
Depuis le jour où elle m’avait mis au monde, je n’avais vu sur son visage que sourire et contentement quand elle me regardait.
HUMM !
À ce moment, il y eut un instant de silence, puis Nerlim reprit son histoire. Un sourire était dessiné sur son visage en pensant aux instants de sa jeunesse auprès de sa mère…
Sur le pendentif qu’Anan portait, une nouvelle pierre scintillait sur la toile d’araignée. Cette pierre, l’Agate bleue, était synonyme de parole, de paix et d’apaisement.
Tana et Arcan sourirent discrètement…
— À cet âge-là, ma mère m’apprenait les saisons, les fleurs et les plantes.
Le soir, elle me parlait des étoiles dans le ciel et de l’astre lunaire des grands pouvoirs cachés dans le ciel nocturne.
Souvent, nous priions ensemble, nous adressant à Gaïa et l’univers tout entier.
Elle disait que tous les dieux pouvaient nous entendre, parce que j’étais un être pur, plus pur, selon elle, que l’eau claire qui coule de la huitième colline…
Elle disait aussi qu’un seul des dieux ne pouvait pas m’entendre parce que la voix des enfants n’était pas audible par lui… Ce sont les autres dieux qui ont voulu cela, disait-elle, afin que Shéda ne contamine pas les jeunes âmes comme la tienne.
Le monde avait été créé comme cela pour que les enfants servent d’exemples aux adultes, par le biais de leur sincère innocence.
Ainsi les dieux pensaient protéger toute l’humanité.
Je me souviens bien de cette époque. C’était celle où je commençais à laisser mes jeux enfantins, et celle où les questions affluaient dans ma tête mais aussi dans mon sentiment…
Un soir, je lui avais posé ces questions qui me tenaient tant à cœur depuis quelque temps. Pourquoi vivons-nous seuls dans cette maisonnette éloignée, dans les bois de cette colline qu’elle nommait la huitième colline ? Mais surtout, il y avait cette question qui me tarabustait de plus en plus… Qui est mon père ?
Elle n’avait pas été vraiment surprise par la soudaineté de ma question.
Sans doute s’attendait-elle à ce qu’un jour, je la lui pose.
Tout de même, j’ai le souvenir qu’elle m’avait tout d’abord fixé de son beau regard perçant, couleur émeraude. Un regard interrogateur, si j’en crois mon souvenir.
Comme si elle voulait être sûre d’avoir bien entendu la question !
Ce regard particulier avait scruté mon cœur et peut-être que nos cœurs avaient mis à jour leurs sentiments respectifs. J’avais onze ans !
— Autour de Nerlim dans la chapelle, tout était calme, silencieux, paisible.
À l’écoute, chacun reliait son émotion à celle du mage, dans un univers qui se reconstruisait dans cette histoire de l’enfance de Nerlim.
La pierre qu’Anan portait autour à son cou luisait, mais plus que cela, elle scintillait comme si elle écoutait et transmettait, peut-être même donnait-elle en partage dans un autre monde, toutes les émotions recueillies dans la petite chapelle au cœur de Vaticano…
— Puis elle s’était détournée, continuait Nerlim, je me souviens encore qu’il y avait eu un long moment silencieux…
Ces détails me reviennent à l’esprit comme si cela était arrivé hier. J’ai aujourd’hui l’impression, alors que je raconte mon histoire, que c’est elle qui me souffle tout cela…
Mon âme est joyeuse aujourd’hui, elle chante à vrai dire parce que j’entends la voix de Soillsichte, ma mère. Elle est là avec nous !
Mon émotion d’hier est intacte pourtant, il y a maintenant presque mille ans…
À ce moment-là, je n’entendais que mon cœur battre, au point que je crus alors qu’il allait sortir de ma poitrine.
Mon regard qui s’était fixé sur le sien, il observait ses yeux magnifiques attendant un changement d’expression. Je ne pouvais abandonner car j’obéissais à mon cœur et à mon âme qui attendaient cette réponse…
Sa réponse !
Elle s’était levée tranquillement, puis, s’étant dirigée vers l’âtre de la cheminée, elle avait tranquillement ajouté un peu de bois dans le feu…
Ensuite, toujours calmement, elle avait traversé la petite pièce où nous habitions elle et moi et où nous avions nos habitudes.
Ses gestes étaient souples, sans hésitation. Je la revois qui nous avait servi une bolée, d’une infusion que nous partagions souvent le soir avant de nous coucher…
Comme si cela s’était passé hier, répétait Nerlim, retenant un instant de plus le doux souvenir qui lui appartenait par essence, son souvenir d’enfant !
Enfin, elle s’était installée près de moi sur la paillasse où je dormais habituellement et elle avait commencé son récit :
— J’ai connu Cathaach, ton père, alors que nous étions très jeunes, me dit-elle.
Nos parents n’étaient pas de la même région mais comme toutes les familles de vâtes, ils nous ont toujours emmenés lors des réunions druidiques ou chamaniques.
Comme je le fais avec toi depuis ta naissance !
Surtout pour la fête de Samain où, pour cette occasion toute particulière, nous nous retrouvons pour quelques jours hors du temps… Le temps qu’il faut pour passer d’un monde à un autre, et d’une année à une autre année. Cette époque de Samain est le début de la saison sombre, et tu le sais à présent, elle débute à la fin de Beltaine, notre fête de la lumière.
Pour nous, gens issus du peuple Heralds, nous partons du principe que les dieux ont créé le jour à partir de la nuit, à partir des ténèbres (…)
Nos deux familles faisaient partie de lignées sacrées des druides et des chamans parmi les plus puissants et les plus respectés par les gens de nos tribus et de nos clans, tous, faisant partie de ce grand peuple Herald.
Nous utilisons souvent nos pouvoirs pour aider les gens de notre peuple, ou bien pour leur apporter des soins. Depuis toujours, les responsabilités des vâtes sont grandes et difficiles à respecter. Car certains êtres, souvent des seigneurs, cherchent à ce que nous utilisions nos dons pour leurs propres services uniquement ou leurs intérêts malsains souvent même pour des maléfices de magie noire… !
C’est en partie pour cela que nous ne vivons pas toujours au milieu des autres humains. Parce qu’ils ne comprennent pas toujours ces choses occultes et craignent nos pouvoirs. Quelquefois même, ils se liguent avec quelques mauvais seigneurs et nous chassent, quand ils ne cherchent pas à nous exterminer…
Malgré cela, les druides, les chamans et les mages connaissent leur limite et savent tous quel est leur devoir envers leur peuple ; aussi nous nous efforçons de comprendre les peurs de ces gens…
Ce devoir est de les aider à lutter contre le mal, justement pour que celui-ci ne se répande pas sur notre terre, mère Gaïa, dont nous sommes tous issus (…)
Tous les êtres magiques le savent et toi aussi tu le sais, Nerlim, m’avait-elle répété avant de continuer son histoire, notre histoire… !
— Je me souviens d’ailleurs de ces réunions où je pouvais moi aussi fréquenter d’autres enfants.
Ma mère avait continué ainsi :
— On peut dire que c’était le temps des dragons de Shéda !
Quelques années étaient passées sans que nos familles ne puissent se rencontrer à cause des persécutions organisées et perpétrées par les Mages noirs.
Les sept dragons qui régnaient alors sur les sept collines de l’autre côté du Tibre, où tous les temples des anciens dieux avaient été abandonnés depuis bien longtemps.
Ces sept dragons vicieux et sournois répandaient la terreur sur toutes les villes environnantes et sur tous les villages, ainsi que le moindre hameau niché dans les vallons aux alentours des sept collines. Seule notre petite cité de Vaticanum, érigée sur les flancs de la huitième colline, restait encore défendable grâce à sa position éloignée et ses grandes tours armées. Mais aussi et surtout grâce à la foi des vâtes, eux qui ont toujours soutenu les gens plus modestes dans leur savoir…
Les dragons attaquaient souvent mais la huitième colline tenait bon grâce à l’adresse de ces archers équipés d’arcs géants aux traits redoutablement efficaces.
Cela surtout grâce à leurs pointes de flèches taillées dans le diamant brut et autres pierres précieuses fournies par le peuple des nains.
Les nains ont toujours défendu la cité et la montagne sacrée. Eux aussi étaient de redoutables archers !
Le problème était que ces pierres et ces gemmes sont d’une rareté extrême depuis toujours et très difficiles à tailler. De plus, cet art nécessite un savoir-faire particulier et donc des tailleurs sachant travailler ces gemmes exceptionnelles. Seul le peuple de ces gens de petite taille possède ce savoir ancestral et les mines qui vont avec.
Tu connais bien Arcan, m’avait dit Soillsichte, il est de leur peuple. Celui-ci vit dans des montagnes du sud, et aussi sur l’autre versant de la huitième colline, m’avait-elle dit… !
— Bien sûr, Arcan m’était connu puisqu’il faisait partie de l’entourage de ma petite famille. Mon air attentif et silencieux, peut-être mon regard ne la quittant pas des yeux, avait dû la surprendre un peu. J’avais grandi…
— À cette époque, les attaques des dragons étaient trop fréquentes. C’est pour cela que mes parents, la druidesse elfe Nour, ta grand-mère, et le druide guerrier Dorcha, ton grand-père, avaient pris la décision de migrer vers les hautes terres du peuple Herald.
Cela pendant quelque temps, pensant que nous serions plus en sécurité si nous étions encore plus éloignés des terres des sept collines, fief des dragons du Shéda.
Déjà à cette époque, les eaux du Tibre commençaient à être contaminées par le Fathann. Ce fleuve a toujours été alimenté par l’opprobre et le mensonge, toutes les peurs des pauvres gens qui venaient s’y baigner, ou boire ses eaux malsaines.
Cet ignoble fleuve contaminant a de nombreuses sources et descend aux enfers remplir Koir-Muìrìn qui n’est autre que le chaudron maudit du Shéda… !
En ce temps, bien que j’eusse grandi et que mes dons s’affirmassent de jour en jour, je n’avais d’autres options que de suivre mes parents.
Ainsi, nous laissâmes derrière nous notre humble demeure, près du Tibre, au pied de la colline sacrée, pour rejoindre les hauts plateaux des falaises de l’Allèves.
Après ce long voyage, quand nous sommes arrivés sur ces plateaux boiseux, nous avons retrouvé toute une petite communauté qui nous a aidés à nous installer.
J’étais heureuse et je pense que tes grands-parents l’étaient aussi et étaient aussi rassurés de me voir grandir au milieu d’autres enfants, dans le cadre magnifique des plateaux du mont d’Allèves !
C’est comme cela que j’ai revu Cathaach. Il était plus âgé que moi mais nous faisions partie du même groupe. Nous avons alors grandi ensemble pendant plusieurs années avec d’autres enfants, tout en apprenant la médecine des plantes. Puis nous avons découvert certains de nos animaux totems. Nos dons étaient nombreux dans la nature, ils se développaient de jour en jour et nous jouions à les aiguiser…
Nous étions toujours ensemble, toujours à nous lancer des défis, la magie nous servait pour tous nos jeux à chaque instant, même si nos parents n’étaient pas toujours d’accord pour que nous utilisions ces dons de façon aléatoire, sans la présence de nos mentors (…)
Nerlim resta un court instant silencieux, son sourire ornait toujours son visage figé dans le passé, il regardait Anan et la pierre bleue qui brillait sur son collier en forme de toile.
— Je me souviens aujourd’hui, reprit-il, se remémorant les paroles de sa mère, qu’une fois j’avais pris l’apparence de mon totem, la biche, pour me dissimuler dans les bois. Cathaach m’avait cherché partout même chez les bûcherons un peu plus bas.
Ce jour-là, il avait râlé constamment pour ne pas m’avoir trouvé alors que je n’étais pas très loin à l’observer… !
— Elle avait ri à pleine dent et s’était même essuyé les joues de quelques larmes de joie et de bonheur qui avaient mis dans ses yeux une lumière étincelante…
Je regardais, passionné, ma mère qui prenait plaisir à me raconter ses anciens souvenirs de jeunesse ; c’était une femme vraiment amoureuse de la vie et des belles choses de la nature qui nous entourait alors…
— Nerlim était un peu en émoi quand il nous racontait les moments de sa jeune existence et les souvenirs que lui avait racontés sa mère.
Mais, il reprit tout de même l’histoire que lui avait racontée Soillsichte, sa mère, avec le même enthousiasme et le même sourire qui le caractérisaient habituellement.
— Quelques jours plus tard, alors que je cherchais à mon tour Cathaach, près des endroits que nous fréquentions sur l’autre versant de l’Allèves, je suis pratiquement tombée nez à nez avec un énorme grizzly ! Alors que j’essayais d’esquiver la rencontre inopportune, en me repliant pas à pas et à reculons en direction de nos terres et des habitations. L’ours avait relevé son museau comme s’il m’avait sentie, et ensuite, il s’était mis à me poursuivre. J’avais beau courir à toute jambe, l’animal gagnait du terrain et finit par me rejoindre juste au bord de la falaise voisine qui surplombe le village. Là, me voyant coincée, j’appelai mon totem à la rescousse pour fuir plus facilement ; j’espérais qu’il pourrait m’aider mais il était trop tard ! Le grizzly s’était levé sur ses pattes arrière. L’énorme bête avançait sur moi, m’empêchant de prendre le sentier qui descendait sur le versant où la communauté vivait.
C’était vraiment impressionnant ! Même pour une jeune femme druidesse et j’hésitais à utiliser une quelconque magie contre cet animal… !
C’est alors que, soudainement, mon totem s’est rendu compte que le grizzly n’était autre qu’Ursus, le Totem de Cathaach.
Mon cœur, ce jour-là, a failli s’arrêter !
Ma mère riait beaucoup et je me souviens avoir ri aussi avec elle…
— Voilà, mon fils, je pense que nos totems sont tombés amoureux à ce moment-là. La force et la puissance du grizzly ont succombé au regard affolé de la jeune biche…
— Je me souviens encore que cette femme, ma mère, était heureuse quand elle avait évoqué cette période de ses souvenirs de jeunesse. Et moi, j’avais encore découvert une façon de l’aimer plus encore !
***
Toujours dans la chapelle secrète au cœur de Vaticano :
Anan levait la tête vers ses amis et les observait en train d’écouter leur ami Nerlim l’enchanteur (…)
Tous étaient réunis encore une fois dans le cœur de la terre ; certains se posaient secrètement la question de l’âge vécu du sage Nerlim. Pourquoi racontait-il son histoire ? Avait-il été le dernier des mages des temps anciens ?
Anan pensait que certains de ses compagnons avaient dû passer un temps infini dans les murs de la grotte sacrée avant que Conscience ne les éveille.
Sûrement que dans les profondeurs du monde de l’Olympe, dans la chapelle des dieux, le silence de la pierre de sel avait figé leurs souvenirs dans un présent qui leur était propre à chacun (…)
***
Nerlim poursuivait son récit :
— C’est cette formidable femme qui m’a tout donné d’elle, tout enseigné, jusqu’à l’art des armes et du combat. Cet art guerrier qui lui avait été transmis par ses parents et en particulier par mon grand-père, le druide guerrier demi-orc, Dorcha !
Aujourd’hui, je me souviens encore qu’elle sirotait avec une grande sérénité la tisane de camomille et de tilleul qu’elle nous avait préparée.
Elle le faisait par petites lampées, puis reprenait son récit comme si elle avait vécu ces instants-là la veille.
Quand on explique le nom de ma mère, nous dit Nerlim, « Soillsichte », cela signifie quelque chose comme lumière ou illuminé ou encore être éclairé…
Je pense qu’elle devait voir de la lumière chez chacun, c’est-à-dire l’âme, ou la particularité de tout être vivant qu’elle croisait dans sa vie.
C’est, je pense, ce don, cette lumière unique, qu’elle m’a peut-être transmis en même temps que tout son amour…
***
— Malheureusement, avait-elle continué, quelques années après, mes parents ont décidé de rentrer sur les terres de la huitième colline car la rumeur circulait que d’autres dragons avaient été tués par les archers de la cité.
J’étais devenue une jeune adulte et mes parents m’avaient donné la possibilité de rester avec la communauté des plateaux d’Allèves. Mais, à ce moment-là, je n’étais pas encore prête à laisser partir ma seule famille et j’ignorais encore tout de mon état.
J’avais donc une fois de plus suivi mes parents, et nous avions fait le voyage jusqu’à notre ancienne demeure.
Mon père Dorcha était un expert en armes magiques, et Nour, ma mère, était experte en médecine des plantes.
Elle connaissait les mélanges qui pouvaient faire de puissants somnifères ou même de puissants poisons. Quant à ton aïeul, Dorcha, il connaissait la magie des anciennes runes, particulièrement celles héritées des mages des grands orcs, ceux des montagnes du nord. Enfin, Arcan, déjà célèbre parmi les vâtes, connaissait toutes les magies qui concernaient les roches, les pierres et celles des gemmes, car, depuis toujours, ces magies étaient liées aux savoirs des mages nains. Eux qui œuvraient depuis toujours dans le silence et le secret des monts et des montagnes qui recouvrent Gaïa…