Moi, le foeutus roi - Georges Chaboud - E-Book

Moi, le foeutus roi E-Book

Georges Chaboud

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Beschreibung

Un curieux message est retrouvé non loin du corps inanimé d'un infirmier...

Le corps d’un infirmier de dialyse rénale de l’hôpital Foch est découvert dans la centrale d’eau osmosée du service. L’assassin a laissé un message énigmatique devant conduire par déduction vers un autre hôpital, un autre meurtre. L’enquête est confiée au lieutenant Patricia Joule. Enquêtrice compétente au caractère dominant. Elle est assistée de Jean Seldert, consultant biomédical et son compagnon dans le privé. Cet homme jovial est atteint d’hallucinations acoustico-verbales ; une voix lui parle dans sa tête.

Le Lieutenant Patricia se charge de l'enquête avec l'aide de son compagnon Jean, un consultant biomédical qui tient des dialogues dans sa tête. Découvrez un thriller médical détonant aux multiples rebondissements !

EXTRAIT

— Prends à droite ! conseille Jean en regardant le GPS de la voiture.
Le lieutenant obtempère et prend la direction demandée par son copilote.
— C’est gentil de ta part de m’avoir permis de t’accompagner pour rendre visite à la secte de ce neurochirurgien.
— Ce n’est pas une secte chaton, c’est une confrérie. Je me suis renseignée sur eux, ces gens s’occupent beaucoup de pauvres dans de nombreux pays. Ils les soignent, leur apportent conseils et outils pour cultiver leurs terres, bâtir des logis, creuser des puits, etc.
— Ce sont des gens généreux et pourtant l’un d’entre eux est un tueur, se désole Jean.
— Oui ! Et même un tueur fou, sans état d’âme. Ah ! Nous arrivons à destination. Tu me laisses parler et tu évites de t’adresser à Jojo.
Au risque de me répéter, Jojo je n’aime pas trop ! s’agace Georges.
— Le plus difficile ce n’est pas de lui parler, c’est de le faire taire. Mais je ferai selon ton bon plaisir mon ange, confirme Jean.
Fayot !
La petite route correspondant à l’adresse de la propriété est une impasse délimitée par une barrière en bois. Un chemin forestier continu la voie vers l’intérieur de la forêt. Patricia arrête le moteur et nos deux complices sortent du véhicule. Sur la gauche, un portail rouge sombre tenu par deux piliers en brique interdit l’entrée de la propriété. Patricia aperçoit un interphone sur la colonne de droite. Elle s’approche et appuie sur le bouton-poussoir d’appel. Quelques secondes d’attente, puis une voix masculine répond.
— Entrez lieutenant !
L’enquêtrice, étonnée d’être reconnue, regarde aux alentours et remarque une caméra vidéo fixée sur un arbre, à gauche de l’entrée.
— Ils sont plutôt méfiants ! réagit-elle. Bon, on entre.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Né en 1953 dans les Hauts de Seine, Georges Chaboud a fait carrière quarante années durant dans le service Biomédical de l’hôpital FOCH de Suresnes. Spécialiste en matériel médical, Il a assisté à la naissance de nombreuses innovations techniques dans le domaine hospitalier. Aujourd’hui en retraite, il prend plaisir à partager ses connaissances biomédicales à travers des romans policiers. Celui-ci est son deuxième thriller médical.

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Georges Chaboud

Moi, le fœtus roi

Roman

© Lys Bleu Éditions – Georges Chaboud

ISBN : 978-2-85113-775-3

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Mon roman décrit une investigation policière menée par un couple atypique. Patricia est lieutenant de police au caractère dominant et d’un charme envoûtant, Jean est un technicien biomédical jovial et grassouillet.

— Eh ! Avec un léger embonpoint, s’il te plaît.

— Pardon !

Donc, nos amoureux vont enquêter sur une série de meurtres perpétrés dans des hôpitaux de la région parisienne…

— Et moi ! Tu ne me présentes pas ?

— Ah oui ! C’est vrai, j’oubliais.

Georges est la voix intérieure de Jean qui souffre d’hallucinations acoustico-verbales.

— Ce n’est pas tout à fait ça, j’existe !

— Oui bah ! Je ne vais pas tout révéler, cela gâcherait le plaisir.

— Dites donc les pipelettes ! Quand vous aurez fini de papoter, on pourra peut-être commencer notre enquête, non ?

— Quand je vous disais qu’elle avait un sacré caractère. Bon, je me présente :

— Bon ! On la commence cette enquête ?

Ce n’est vraiment pas facile avec ces trois-là ! Bien, à bientôt, j’espère !

Prologue

Angélica regarde le lutrin sur lequel est posé le « Grand Livre des Rois ». Deux mille dix-huit, c’est l’année de l’extraction du futur roi de son protecteur. C’est écrit en dernière page du livre : « En cette troisième année, du quatrième lustre du troisième millénaire sortira des entrailles du protecteur, après quatre décennies et deux années de conception, l’héritier double du trône de Gaïa. » Et puis il y a ce dessin en deuxième page représentant un homme dont la boîte crânienne surdimensionnée laisse apparaître par transparence deux cerveaux. Les frères le cherchent depuis maintenant deux ans, sans succès. Pourtant, la Grande Prêtresse ressent sa présence. Il est là, quelque part en France, dans la région parisienne.

La porte d’entrée de la bibliothèque s’ouvre et un frère entre. Il regarde la Grande Prêtresse Angélica avec admiration et respect. Après s’être incliné, il s’approche d’elle et la renseigne sur l’avancée des recherches du protecteur.

— Tous les enquêteurs sont bredouilles, ils ne savent pas par où commencer.

— Il faut chercher dans les hôpitaux, répond-elle. S’il a été accidenté ou s’il a souffert de maladies graves, peut-être a-t-il subi des examens, des radiographies qui auraient révélé son anomalie ! Cherchez aussi dans les magazines médicaux réservés aux professionnels de santé. Il y a forcément des traces quelque part de sa particularité, depuis quarante-deux ans c’est inévitable !

Ressentant l’irritation de la Grande Prêtresse amplifiée par l’inefficacité des recherches, le frère confus prend rapidement congé en s’inclinant de nouveau.

Angélica referme le grand livre et se dirige vers la fenêtre qui reflète sa silhouette. Cette femme, plus grande que la moyenne, possède un charme déstabilisant indéniable et un charisme qui force le respect. De son visage ovale empreint de bonté et de tristesse mélangées ressort un regard pénétrant aux yeux noisette en amande. Sa bouche aux contours bien dessinés n’a plus laissé apparaître de sourire depuis bien longtemps. Des boucles resserrées donnent du volume à sa chevelure châtain clair mi-longue et accentuent sa féminité. Elle regarde le jardin de la propriété mais ne le voit pas. Elle songe à l’héritier et à sa propre fille, issue d’un viol subi à l’âge de treize ans, qu’elle a dû abandonner dans un orphelinat à Tours. Son enfant a eu quarante-deux ans cette année, l’âge du protecteur.

Chapitre I

Foch

« Tout mortel a le sien, cet ange protecteur, cet invisible ami veille autour de son cœur. »

Alphonse de Lamartine : L’ange, Méditations poétiques (1820)

La pièce est sombre, Jean a beaucoup de mal à déterminer l’endroit où il se trouve. Quelques instants d’adaptation au manque de luminosité et il commence à distinguer les éléments du lieu. C’est une sorte de laboratoire. À gauche, il aperçoit un microscope entouré d’appareils divers, à droite un évier avec, sur la paillasse, un cylindre rempli de liquide légèrement opaque contenant une masse ressemblant à un petit animal glabre. Ses membres sont dépourvus de mains ou de pattes. Jean se rapproche du bocal pour avoir un meilleur aperçu de la créature.

— Quelle horreur ! C’est un fœtus humain, remarque-t-il.

Frappé de stupeur, il reste interdit un instant puis se ressaisit et tourne légèrement le cylindre pour voir le visage de l’être en suspension. Les yeux du fœtus sont fermés. Jean s’approche encore et soudain, les paupières s’ouvrent et l’embryon sourit. Jean, à nouveau surpris, a un mouvement de recul et se met à pousser un cri.

Jean ouvre les yeux et se redresse d’un bond, en sueur. Une odeur de café envahit la chambre. Ce n’était qu’un rêve. Il se tourne instinctivement vers Patricia. Elle n’est plus là. Il sourit. C’est elle qui est responsable de cette fragrance sublime. Il se lève prestement et se saisit d’une robe de chambre en soie rose quelque peu étroite pour sa corpulence. Patricia lui a offert ce saut-de-lit qui auparavant lui appartenait en souvenir d’un rêve prémonitoire, lui a-t-elle raconté, où Jean la réveillait un plateau de petit-déjeuner à la main et vêtu de cette fameuse robe de chambre. L’image de cet homme rondouillard dans cette tenue cintrée rose est restée gravée dans sa mémoire, pas le côté sexy de la scène mais plutôt le comique de la situation. Elle est même parvenue à lui faire promettre de perdre suffisamment de poids pour qu’il réussisse à en nouer correctement la ceinture mais là, ce n’est pas gagné ! Il est vrai que Jean possède comme il le dit lui-même, un « léger » embonpoint. Jean sourit, il n’en revient toujours pas d’avoir rencontré une femme telle que ce lieutenant de police. Elle est intelligente, tenace, compétente, possède un caractère fort et est terriblement attirante. C’est au cours de l’enquête sur des équipements trafiqués au bloc opératoire de l’hôpital où Jean travaille qu’il l’a vue pour la première fois, accompagnée du directeur technique. Elle est entrée, radieuse et déterminée, dans l’atelier biomédical et s’est dirigée directement vers Jean pour le saluer. À ce moment précis, il a ressenti une sensation nouvelle, étrange et puissante, une envie irrésistible de prendre cette femme dans ses bras et de ne plus jamais la lâcher. Lui, le célibataire endurci en était persuadé, cette femme est celle qu’il attendait. La silhouette généreuse, un mètre soixante-dix, Patricia est une femme à la beauté rayonnante. La chevelure auburn épaisse et abondante savamment coiffée en bataille recouvrant son front d’une frange longue jusqu’aux yeux lui donne un air de sauvageonne. Sur un visage ovale, des sourcils bien dessinés et des cils longs et recourbés naturellement entourent ses yeux de braise bruns en amande. Lorsqu’un sourire apparaît sur sa bouche aux lèvres légèrement pulpeuses, son nez, concave et fin, pointe légèrement vers l’avant. Et puis il y a sa voix, un peu grave, quelque peu éraillée et sensuelle à souhait. Elle aurait aisément pu présenter une émission matinale de radio, le réveil de la plupart des hommes en aurait été amélioré.

Le déroulement de l’enquête et les interrogations résultantes ont amené le capitaine Christian Vérilot, chef direct de Patricia, à désigner Jean comme consultant biomédical afin d’aider les policiers dans leurs investigations. C’est au cours de celle-ci que le lieutenant et lui sont tombés dans les bras l’un de l’autre et vivent désormais ensemble. C’est aussi à ce moment-là que Jean lui a avoué être atteint d’une particularité physique spéciale pourtant indécelable visuellement. En effet, l’enquêtrice avait remarqué la fâcheuse habitude de Jean à converser souvent seul et à haute voix. Après avoir insisté pour connaître la vérité sur son état de santé psychique, Jean lui a révélé détenir un frère jumeau inclus dans son abdomen. C’est ce que la faculté de médecine appelle un fœtus in fœtu, un embryon absorbé par Jean lors de leurs développements in utero. Ces fœtus sont généralement incomplets et momifiés et si c’est exceptionnel, ce n’est pas inopérable, mais celui de Jean est particulier. Une IRM pratiquée après l’apparition de fortes douleurs abdominales a mis en évidence l’existence de ce fœtus et précisé qu’il était fixé à la colonne vertébrale de Jean par le crâne au niveau de l’os occipital. L’étude approfondie des clichés a montré la formation de liaisons artérielle, veineuse et nerveuse reliant les systèmes circulatoires et nerveux du fœtus à ceux de Jean. Bien que son psychiatre lui ait diagnostiqué des hallucinations acoustico-verbales, Jean est dorénavant persuadé que son « frère jumeau » capte sa vision ainsi que les sons qu’il entend et qu’il lui parle. Mais, finalement, Jean n’est pas traumatisé par ça, il l’accepte et d’ailleurs, il a donné un prénom à son frère intérieur : Georges.

Jean sort de la chambre et descend rapidement, attiré par son odeur préférée du matin. Patricia est assise dans la cuisine et regarde son bol de café en tournant sa cuillère machinalement. À quoi pense-t-elle ? Jean s’approche doucement, se place derrière elle et l’embrasse tendrement dans le cou.

— Tu es matinale pour un samedi, mon ange ! Tu te sens bien ? demande Jean d’une voix douce.

Patricia relève la tête et hausse les épaules en réaction aux frissons provoqués par le baiser de Jean.

— Oh oui, très bien, chaton ! Je n’arrivais plus à dormir, je réfléchissais à notre couple.

— Tu me fais peur, là !

— Non ne crains rien, je suis bien avec toi, le rassure-t-elle, seulement je me suis rendu compte que je ne savais rien de toi, de ton passé, de ta famille. Tu ne me parles jamais d’eux !

— Nous sommes dans la même situation, mon ange. Tes parents par exemple, tu n’y as jamais fait allusion !

Patricia marque un temps d’arrêt puis lui répond.

— Je suis une enfant de la DDASS ! J’ai été abandonnée bébé dans un orphelinat.

— Ça alors ! J’ai moi aussi été élevé jusqu’à mes dix-huit ans chez une famille d’accueil, lâche Jean étonné. Mes parents ont disparu quand j’avais deux ans, on ne les a jamais retrouvés. Personne n’est venu me réclamer à la crèche et j’ai été placé par la suite chez des gens qui m’ont dit la vérité sur mes parents.

— Et ta famille ? Tes parents avaient bien de la famille non ?

— Non ! C’est bizarre mais aucun d’eux n’avait de famille connue. Et toi, tu n’as pas cherché tes parents ? Avec les moyens de la police, ça doit aider, non ?

— Mes parents d’adoption n’ont jamais mentionné mon passé, j’ai appris la vérité par hasard il y a quelques années. Un courrier qui leur était destiné m’a été adressé par erreur. Dans ce courrier, on leur demandait de préciser la date de mon adoption, mon sexe et mon âge, leurs archives ayant été détruites lors d’un incendie. Je découvris mon nom de naissance Liselle. En effet, ma mère naturelle ayant accouché sous X, elle donna trois prénoms à son enfant, Patricia, Jacqueline et Liselle. C’est le dernier prénom qui tient lieu de nom de naissance dans cette situation. Les parents adoptifs peuvent changer le nom de famille de l’enfant, ce qu’ils ont fait et je me nomme désormais Joule. Lorsque je leur ai demandé des explications pour ce silence sur mes origines, nous nous sommes disputés. Depuis ce jour, nous sommes brouillés, nous n’avons plus de contact. Et toi, si tes parents ont disparu, une enquête a forcément été menée !

— Probablement, mais à moi non plus, personne ne m’a rien dit. Nous pourrions mener une enquête ensemble pour savoir la vérité sur nos naissances ! exulte Jean. Qu’en penses-tu, mon ange ?

Patricia allait répondre quand le téléphone fixe la fit sursauter.

— Oui, j’écoute ! Bonjour Capitaine ! Un homicide à l’hôpital Foch ? Avec lui ? Et pour quelle raison ? D’accord, on arrive !

Patricia repose le téléphone puis regarde Jean.

— Le capitaine Vérilot veut que nous allions ensemble pour un homicide à ton hôpital, au service de dialyse rénale. Je ne sais pas pourquoi il a besoin de toi mais on y va.

— Mis à part le fait que ce soit l’hôpital où je travaille, je crois qu’il aime ma façon de raisonner ! explique Jean.

— Bah, voyons !

— C’est peut-être de moi dont il a besoin ! surenchérit, Georges.

— Tiens, il y avait longtemps que je ne t’avais pas entendu ! s’étonne Jean.

— Georges s’est réveillé ? Il va encore falloir que je fasse le tri entre ce qui m’est adressé et vos dialogues ! s’inquiète Patricia. Allez ! On se prépare et on y va.

*

Patricia et Jean arrivent à la rotonde de l’étage du service de néphrologie.

— C’est à droite, l’aile sud indique Jean, la dialyse est au fond du couloir.

Patricia avance d’un pas assuré et s’arrête net après dix mètres devant une porte ouverte, gardée par un policier en tenue.

— C’est ça l’entrée de la dialyse ? demande Patricia.

— Non ! réagit Jean. C’est le local de la centrale d’eau osmosée.

Patricia entre la première. Le docteur Kiêu Margaritis est déjà à l’œuvre. Médecin légiste de la police judiciaire régulièrement désignée pour travailler avec le commissariat de Suresnes, Kiêu est une grande amie de Patricia. C’est une femme agréable qui a hérité de son père grec sa pétulance méditerranéenne et de sa mère vietnamienne cette douceur et cette méticulosité qui caractérisent la gent féminine du dragon de l’Asie. Kiêu est accroupie à la droite du corps d’un homme allongé sur le dos, les mains croisées sur la poitrine.

— Bonjour, Kiêu !

— Le lieutenant Joule et son acolyte ! Pourquoi les enquêteurs arrivent toujours les derniers ? demande la légiste faussement contrariée.

— Pour ne pas souiller ta scène de crime ma chère, Jean est tellement maladroit ! répond Patricia.

— Merci pour lui, objecte le soi-disant maladroit, je vous signale que c’est la première fois que je suis invité à assister à une exploration de scène de crime. Bon, nous avons quoi ? s’interroge Jean soudainement très sérieux en mettant ses mains dans le dos.

— On se calme ! le stoppe Kiêu. D’abord, vous enfilez tous les deux des combinaisons de protection et des surchaussures.

Patricia et Jean s’exécutent puis commencent à examiner la pièce.

— Les techniciens de la PTS sont prévenus ? demande Patricia.

— Ils devraient arriver, précise Kiêu, on ne touche à rien tant qu’ils n’ont pas pris de photos.

Patricia regarde autour d’elle, puis Jean.

— À quoi sert ce local ? lui demande-t-elle.

— C’est ici qu’on traite l’eau de ville pour la transformer en eau osmosée, c’est-à-dire en eau pure à plus de 99 %. D’abord, via un adoucisseur, on la débarrasse des ions calcium et magnésium, puis grâce à un filtre au charbon actif on supprime le chlore. Enfin, un dernier traitement réalisé par un osmoseur permet d’enlever toutes les impuretés : nitrates, phosphates, sulfates, etc. Cette eau est ensuite acheminée jusqu’au service de dialyse rénale.

— Et n’importe qui peut entrer dans ce local ?

— Normalement, il n’y a rien à y faire, le système est autonome et fonctionne 24 heures sur 24. S’il y a un problème, une alarme est envoyée au service de dialyse rénale et parallèlement au service sécurité qui, la nuit, avertira le technicien biomédical de permanence.

— Cet homme est de ton équipe ? s’inquiète Patricia en montrant le corps à Jean.

— Non ! C’est un infirmier du service, répond Jean, il a dû venir ici suite à une alarme.

— À quelle heure les personnels du service arrivent ?

— Les patients commencent à arriver vers 8 heures et donc le personnel doit être présent à 7 heures pour préparer les machines, explique Jean.

— Mon client a donc été tué après cette heure-là ! remarque la légiste qui a suivi la conversation.

— Donc si je comprends bien, réfléchit tout haut Patricia, s’il a été tué ici, c’est qu’il y a eu une alarme, non ? Et comment l’assassin l’a-t-il su ? C’est lui qui a créé un défaut dans le local. Tu peux m’expliquer comment a-t-il procédé ? demande-t-elle à Jean.

— Le problème est que le défaut a disparu, il faut entrer dans l’historique des alarmes du système de traitement d’eau. Je vais appeler Michel Samose, mon collègue, il peut me donner la réponse de chez lui.

— La centrale est reliée à son ordinateur personnel ? s’étonne le lieutenant.

— Non, mais il peut de chez lui lire les données du PC de son bureau qui est en liaison avec la centrale d’eau osmosée.

Jean prend son portable et appelle Michel qui répond après quelques sonneries.

— Michel ? Salut, c’est Jean ! Excuse-moi de te déranger un samedi matin mais c’est un cas de force majeure. Je t’explique mon souci.

Jean fait la description sommaire des évènements du matin puis raccroche.

— Il me rappelle dans cinq minutes.

Pendant ce temps, les agents spécialisés de la police technique et scientifique Marilyne et Franck, bien connus de Patricia et Jean, sont entrés dans le local et commencent la recherche de traces et d’indices. Ils commencent par prendre des photographies du local, de la position du corps et des traces visibles sur le sol, les murs et armoires techniques. Le docteur Kiêu peut désormais examiner le corps. En retournant le patient, elle remarque une marque derrière le crâne.

— Il a reçu un coup sur la partie basilaire de l’occipital. Ça n’est pas la cause du décès ! précise-t-elle. Il a dû perdre connaissance.

— L’assassin l’a donc assommé, conclut Patricia, il devait attendre derrière la porte que quelqu’un entre.

— Il voulait donc s’en prendre à n’importe qui, au premier qui allait entrer vérifier la cause de l’alarme ! ajoute Georges.

— Tu as raison ! lâche Jean.

— Merci ! se satisfait Patricia.

— Non, pas toi ! Enfin si… Toi aussi, mais…

— Vas-y ! Accouche ! somme l’enquêtrice qui a compris que Jean parlait à sa voix intérieure, Georges.

— Le tueur ne désirait pas occire une personne en particulier, quiconque entrait le premier ferait l’affaire. Il voulait tuer, c’est tout.

— Ça ne va pas nous faciliter la tâche, se désole Patricia.

— D’autant que je ne saurai la cause de sa mort qu’après autopsie ! rajoute la légiste.

En disant cela, Kiêu examine à nouveau les mains et les bras du défunt et remarque la trace d’une piqûre d’aiguille sur le bras droit.

— Regarde, Patricia ! On lui a fait une intraveineuse, il a certainement été empoisonné.

Patricia s’accroupit à côté de Kiêu et vérifie la marque sur le bras.

— Le criminel est quand même imprudent, un collègue de la victime aurait pu entrer dans la pièce, s’étonne l’enquêtrice.

— Et ! Les filles, regardez ce que j’ai trouvé scotché sur le côté de l’armoire, s’exclame Marilyne, c’est un petit mot imprimé de notre assassin.

Patricia prend le papier avec précaution et lit le texte à haute voix.

« Là où la haute couture est vénérée en hommage à son premier créateur, l’eau lave les péchés du monde, quant à l’air, lui… »

— Qu’est-ce que ça peut bien vouloir dire ? se demande-t-elle. L’eau lave les pêchés du monde je comprends, ça représente le lieu où nous sommes mais la haute couture !

— La rue Worth, Jean ! souligne Georges.

— Bon Dieu, mais c’est bien sûr ! lâche Jean.

— Si l’inspecteur Bourrel pouvait nous aiguiller ! quémande Patricia.

— Charles Frederick Worth est considéré comme le premier grand couturier et la rue Worth est l’adresse de l’hôpital, précise Jean.

— Donc, le message nous indique l’adresse, pense tout haut Patricia, le site, là où l’eau ôte les impuretés, mais l’air ? Je ne vois pas.

— Là, encore un message ! claironne Franck en présentant le papier à Patricia.

— Le meurtrier a l’intention de jouer avec la police, j’ai peur que ce ne soit pas terminé ! appréhende le lieutenant.

Elle prend le message en fronçant les sourcils et lit.

« Après les Grandes Eaux, la musique continue. Leur nom connu est une inconnue et ils vous transpercent sans douleur. Gonflez à fond ! »

— Encore une énigme ! Il va de nouveau tuer, mais où ? s’alarme Patricia qui note le message dans son calepin.

— Si c’est un homme ! rectifie Jean.

— Le coup reçu à la tête a été porté par une personne droitière et plus grande que la victime, assure la légiste. Si c’est une femme, elle est beaucoup plus grande que la moyenne. Bon, on peut emporter le corps pour que je l’autopsie. Vous vous en occupez ? demande-t-elle aux techniciens de la PTS.

— Comme d’hab. ! acquiesce Franck.

— Bien, on s’en va ! dit Patricia à l’attention de Jean. Tu m’avertis quand tu as les conclusions de ta nécropsie, Kiêu ?

— Je la fais en urgence, mais n’emploie pas ce mot, ça m’agace.

— Bien Docteur !

— Vous n’attendez pas la réponse de Michel pour l’alarme ? demande Georges.

Jean allait répondre quand son téléphone sonne.

— Oui Michel ! Coupure d’eau ? C’était le défaut le plus simple à simuler. À quelle heure ?… 6 heures 48 ? Merci, Michel, et bon week-end.

— C’est comme ça qu’il a attiré un infirmier, conclut Patricia. Il connaît bien le service, si c’est un homme ! précise-t-elle avant que Jean n’en fasse à nouveau la remarque.

*

De retour chez eux, Jean s’installe sur la banquette de la salle et se met en position de relaxation.

— Tu vas te mettre en autohypnose ? demande Patricia.

— J’ai besoin de me concentrer sur la dernière énigme de notre assassin et me déconnecter du conscient quelques instants me facilite la tâche, mon ange.

Patricia est toujours impressionnée par la faculté que possède Jean à se déconnecter du monde qui l’entoure. Elle en a d’ailleurs profité pour parler à Georges, ou plutôt pour parler à Jean par l’intermédiaire de sa voix intérieure. Il est vrai qu’elle doute quelque peu de la possibilité de dialogue entre Jean et ce fœtus inclus dans son ventre. Elle en a du reste parlé au Docteur Robert Pérot, son psychiatre, qui lui a confirmé que Jean souffrait de ce que la médecine appelle des hallucinations acoustico-verbales. Et pourtant, Jean est si convaincant lorsqu’il s’adresse à sa voix intérieure, cela semble si réel. Et puis il y a ce changement psychique lorsqu’ils sont en contact. Jean prétend que son « frère » possède une mémoire eidétique, photographique. Patricia l’a effectivement vérifié, Jean est capable de réciter une page entière prise au hasard dans un livre après seulement quelques secondes de lecture, ce qu’il était incapable de faire il y a à peine quelques mois. Là encore, son psychiatre est persuadé qu’il a toujours eu cette capacité mnésique exceptionnelle, mais qu’il en a pris conscience quand il a pu relier sa voix intérieure à un être vivant. Cette faculté, il l’attribue à son frère intérieur pour démontrer son existence réelle. Pourtant, Patricia se souvient du jour où, Jean étant dans un coma de type 1 en réanimation à l’hôpital Georges Pompidou suite à une agression, elle a pu parler à Georges qui lui a révélé le nom de l’agresseur.

« Après tout, pense-t-elle, c’est aussi parce qu’il est particulier que je l’aime. »

Elle regarde Jean en poussant un profond soupir de bonheur. Doucement, les yeux de son chaton s’ouvrent. Il la voit et aussitôt lui sourit.

— J’ai la réponse à la deuxième partie de l’énigme ! se réjouit-il. Le texte dit :

« Après les Grandes Eaux, la musique continue. Leur nom connu est une inconnue et ils vous transpercent sans douleur. Gonflez à fond ! »

— Vas-y, continu ! s’impatiente Patricia.

— Leur nom connu est une inconnue et ils vous transpercent sans douleur, X, les rayons X, c’est le service imagerie médicale. Et la fin, « Gonflez à fond ! » C’est ce que les manipulateurs radio demandent aux patients pour une radiographie des poumons. C’est donc dans un service radio en salle dédiée aux radiographies pulmonaires qu’on trouvera le prochain cadavre.

— Sauf si on arrête l’assassin avant ! se persuade Patricia. Je fais surveiller le service d’imagerie de ton hôpital, c’est peut-être là qu’il va agir, réagit-elle en prenant son téléphone.

*

Chapitre II

Mignot

« Les mots peuvent ressembler aux rayons x ; si l’on s’en sert convenablement, ils transpercent n’importe quoi. »

Aldous Huxley : Le meilleur des mondes (1932)

Seul dans son bureau, Jean prépare les commandes de pièces de rechange en prévision des maintenances préventives à venir. En examinant sur son PC la liste des équipements concernés, il ne peut s’empêcher de se remémorer le crime de samedi et ses conclusions au sujet du prochain homicide certainement en préparation. Rien de dramatique n’est arrivé ce dimanche à l’hôpital. Ce ne doit pas être dans le service d’imagerie de Foch que le tueur à décider de mettre à exécution ses noirs desseins.

— Mais où va-t-il commettre son forfait ? s’interroge Jean en pensant tout haut.

— Il faut raisonner d’après le message ! intervient, Georges.

— Tu as raison ! Que dit le message ? « Après les Grandes Eaux, la musique continue. Leur nom connu est une inconnue et ils vous transpercent sans douleur. Gonflez à fond ! »

— La fin nous indique l’endroit dans l’hôpital et donc le début, son nom, sa rue ou sa ville ! ajoute Georges

— Si c’est un hôpital ! Ça peut être une clinique ou un centre de radiologie ! souligne Jean. « Après les Grandes Eaux la musique » pourquoi ça me dit quelque chose ! Et à toi, ça ne te rappelle rien ?

— Les Grandes Eaux Musicales ? Le château de Versailles ! se gaudit le petit frère.

— Versailles ! Je préviens Patricia sur-le-champ.

Sans attendre un instant, Jean prend son téléphone et appelle son lieutenant préféré.

*

Patricia est arrivée assez tôt ce lundi matin pour commencer à préparer le staff qu’elle a décidé d’organiser dès l’arrivée des autres enquêteurs de la police judiciaire. Elle installe un chevalet de conférence avec tableau blanc dans son bureau et recopie le premier message. Elle souligne « haute couture » et « l’eau lave les péchés du monde » puis y annote les références Worth, rue de l’hôpital et osmoseur.

« J’ai l’adresse de l’hôpital et le nom de la pièce où se trouve le cadavre », réfléchit-elle.

Après quelques instants, elle écrit le deuxième message.

« Jean a découvert la pièce où le tueur a l’intention de commettre son crime, c’est la fin du message, donc le début est la rue ou la ville » en déduit-elle. « Après les Grandes Eaux, la musique continue. »

Ses réflexions sont interrompues par la sonnerie de son téléphone.

— Lieutenant Joule !

— Sergent Chaton !

— Tu sais, je suis au boulot, je préférerais que tu évites de m’appeler pendant la journée !

— Et si je te dis où tu trouveras la prochaine victime, j’aurai droit à un câlin supplémentaire en guise d’apéritif ce soir ?

— L’apéro, c’est pour le dimanche ! lâche-t-elle pince-sans-rire.

— Hein !

— Bon, une tisane alors, avant de t’endormir !

— Ah ! J’aime mieux ça. C’est Versailles ! lance-t-il triomphalement.

— Oui bah, on verra !

— Non, la réponse est Versailles mon ange, c’est dans un service de radiologie de cette ville qu’il faut chercher. Le deuxième message fait allusion aux Grandes Eaux Musicales.

Patricia regarde le message sur le chevalet, puis sa montre.

— Il est 7 heures 30, j’appelle le commissariat de Versailles immédiatement, je raccroche chaton, à ce soir.

Patricia cherche sur son PC le numéro de téléphone de ses collègues des Yvelines.

— Ah voilà ! Commissariat.

Elle compose le numéro et attend.

— Commissariat de Versailles j’écoute !

— Lieutenant Patricia Joule de la PJ de Suresnes, pourrais-je parler à votre commissaire ou un lieutenant, c’est urgent.

— Le commissaire n’est pas là à cette heure, je cherche un lieutenant et je vous raccorde !

— Merci, je patiente.

Après quelques longues minutes, une voix grave masculine répond au combiné.

— Capitaine Denis ! Je vous écoute.

— Je suis le lieutenant Joule de Suresnes. Nous avons eu un homicide à l’hôpital Foch samedi dernier, peut-être êtes-vous au courant ?

— J’en ai effectivement entendu parler et alors ?

— Alors je crois que la même chose risque d’arriver dans votre ville. Un message de l’assassin nous laisse à penser que le criminel a choisi un service de radiologie de chez vous pour perpétrer un prochain crime.

— Savez-vous lieutenant que nous avons à Versailles et dans ses environs une bonne dizaine d’hôpitaux ou cliniques ? Vous n’avez rien de plus précis ?

— Dans son message, il nous parle des Grandes Eaux Musicales, ce qui nous a fait penser à votre ville, à moins que ce ne soit un nom de rue !

— Rue de Versailles ! Attendez, je vérifie quelque chose… Oui, l’hôpital André Mignot au Chesnay est dans cette rue, aux 177. Vous êtes sûre de votre coup ?

— L’assassin nous a laissé un message nous indiquant le lieu de son prochain crime sous forme d’énigme. Dans le doute, il ne faut pas hésiter ! insiste-t-elle.

— Je m’y rends avec une équipe, au service radio m’avez-vous dit ?

— Oui ! Dans la salle dédiée aux radiographies pulmonaires. Je peux vous y rejoindre bien que ce ne soit pas mon secteur ? demande Patricia empressée.

— Ça va faire beaucoup de monde, mais bon, si vous avez raison, nous devrons travailler ensemble. OK ! Mais attendez mon appel pour vous éviter de vous déranger pour rien.

— Merci Capitaine !

Patricia raccroche son combiné et cherche sur son ordinateur l’hôpital André Mignot pour bien le visualiser. Sa recherche terminée, elle regarde à nouveau le message sur le tableau blanc.

« J’espère que Jean ne s’est pas trompé dans son raisonnement, dans le cas contraire je vais avoir l’air fin », appréhende-t-elle.

*

Le capitaine Denis éteint son portable et réfléchit à l’appel qu’il vient de recevoir.

« Je ne sais pas à quoi ressemble ce lieutenant, mais sa voix à la fois légèrement rauque et suave me plaît. Même s’il ne s’est rien passé à Mignot, je vais lui demander de venir, on ne sait jamais. »

Devant l’entrée de l’hôpital, une voiture de la police municipale est déjà sur place, les gyrophares en fonctionnement. Un agent attend dans le véhicule. Le capitaine sort de sa voiture et s’approche du policier municipal, sa carte de capitaine de la PJ en main.

— Qu’est-ce que vous faites ici ? demande-t-il sèchement.

— Il y a eu un homicide cette nuit, le corps a été trouvé ce matin ! répond l’agent.

— Où ?

— Au service d’imagerie médicale !

— Une équipe du commissariat est sur le point d’arriver, vous leur indiquez le service ! termine l’enquêteur qui se retourne et se dirige vers l’entrée de l’hôpital.

Devant l’ascenseur, il rencontre un autre agent municipal qui, après avoir vu la carte du capitaine, conduit celui-ci en imagerie. Devant la porte de la salle de radiographie pulmonaire, il décide d’appeler le lieutenant Joule.

— Lieutenant Joule !

— Capitaine Denis de Versailles ! Vous aviez raison lieutenant, rejoignez-moi à l’hôpital Mignot.

— Cela me prendra une bonne demi-heure !

— Prenez votre temps, je vous attends ! répond-il en entrant dans la pièce.

La salle mesure environ quarante mètres carrés. En son centre, sur le mur face à l’entrée, est fixée une colonne mobile en hauteur surmontée d’un bloc cubique. Le capitaine reconnaît le potter mural, système à l’intérieur duquel on place la cassette qui recueille l’image radiographique du patient debout. À droite, suspendu et fixé à deux rails plafonniers, un bras cylindrique maintient un bloc massif avec une ouverture vitrée. C’est dans ce bloc que se trouve le tube radiogène émetteur de rayons X. Près du mur de droite, à côté d’une porte, une baie vitrée sépare le pupitre de commande du générateur de rayons du reste de la pièce. C’est au pied de ce paravent que se trouve le corps de la victime. C’est un homme d’une soixantaine d’années allongé sur le dos, les bras croisés sur sa poitrine ensanglantée. Une femme en blouse blanche se tient debout à côté de lui.

— Ah ! Vous êtes de la police ? demande-t-elle en apercevant le capitaine.

— Capitaine Edmond Denis, de la PJ de Versailles. Et vous êtes ?

— Docteur Isabelle Cartier ! Je suis médecin radiologue.

— C’est vous qui avez trouvé le corps ?

— Non, c’est la technicienne qui venait préparer la salle ce matin. Je n’ai fait que constater le décès de ce pauvre Henri qui était de garde cette nuit comme brancardier.

— Vous n’avez touché à rien, à part la victime, bien sûr ?

— Non !

— Merci Docteur ! J’aurai certainement besoin de votre témoignage. Je vais faire venir la police technique et scientifique ainsi que le légiste, la salle doit être libérée, plus personne ne doit entrer. Vous pouvez transmettre l’information dans votre service ?

— Je m’en charge, Capitaine ! murmure tristement la radiologue en regardant une dernière fois le brancardier allongé.

Le policier prend son portable et appelle la PTS.

*

Patricia décide de prévenir Jean avant de partir pour l’hôpital André Mignot.

— Allô, chaton !

— Je croyais qu’il ne fallait pas te déranger pendant la journée ! ironise Jean.

— Je voulais juste te dire que tu avais raison pour le lieu du prochain meurtre. Sauf que ce n’était pas la ville de Versailles mais la rue de Versailles au Chesnay, mais si je t’ennuie !

— Tu sais bien que non, je te taquine ! Pour être sérieux, le prochain message nous indiquera donc la rue d’un hôpital et le service du méfait.

— Toi aussi tu penses que ce n’est pas terminé !

— Ça paraît évident mon ange, tant qu’on ne saura pas qui est ce type, il continuera.

— Ah parce que maintenant tu es sûr que c’est un homme !

— Oui ! Mais tu en es déjà persuadée non ?

— Je l’ai ressenti au plus profond de moi-même, je suis viscéralement persuadée qu’une femme ne peut pas agir ainsi.

— C’est marrant, vous les femmes vous ressentez toujours des choses étranges à l’intérieur de votre corps. Vous devez avoir des organes supplémentaires dans vos entrailles. Je vais devoir vérifier ça ce soir !

— Tu ne perds jamais le Nord, toi ! Bon, j’ai rendez-vous avec un capitaine de la PJ de Versailles sur le lieu du crime, je ne sais pas à quelle heure je vais rentrer.

— Et il est comment ton capitaine ? s’inquiète Jean.

— Un mètre quatre-vingt-dix, brun aux yeux vert clair, un visage taillé à la serpe, des épaules de déménageur et champion de Muay-thaï pourquoi, tu es jaloux ?

— Ah, d’accord ! Tu me fais marcher, hein ! Allô !… Tu es là ?

— À ce soir, idiot !

Patricia coupe la communication souriante en pensant à la tête que doit faire son chaton.

*

Un policier en tenue devant la porte de la salle de radiologie s’approche de Patricia puis la laisse passer après qu’elle lui a montré sa carte de lieutenant de police. Le légiste est déjà à l’œuvre ainsi que les techniciens de la PTS.

— Vous êtes le lieutenant Joule ?